**** *creator_somaize *book_somaize_precieusesridicules *style_verse *genre_comedy *dist1_somaize_verse_comedy_precieusesridicules *dist2_somaize_verse_comedy *id_la-grange *date_1660 *sexe_masculin *age_jeune *statut_maitre *fonction_fils *role_lagrange He bien ? Parlez, je vous entends⁎. Qu'avez-vous à me dire ? Quoy, Pas trop à dire vray, mais vous ? J'en suis scandalisé, pour moy je le confesse⁎ Un procedé⁎ semblable, & me choque & me blesse, Deux Pecques de Province, ont-elles dites moy ? Jamais plus fierement, tenu leur quant à moy Et deux hommes jamais, en pareille occurrence Ont-ils esté receus avec plus d'arrogance ? Pendant que nous avons demeuré pour les voir A peine elles nous ont prié de nous assoir, Je suis encor surpris, d'une chose pareille, On n'a jamais tant veu, se parler à l'oreille, Tant se frotter les yeux, tant bâiller, tant moucher, Tant s'enquerir de l'heure, & si souvent cracher⁎. Nous ont-elles jamais dit, quatre mots de suitte, Ouy, ou non, ont-ils pas payé nostre visitte, Et quand nous aurions mesme esté de vrais gredins⁎ Nous auroient-elles pû monstrer plus de desdains. Sans doute⁎ elle me touche, & de telle façon Que devant qu'il soit peu, j'en veux tirer raison ; Je connois⁎ ce que c'est, l'air Pretieux sans doute Dans la campagne aussi, vient de prendre sa route, Et de Paris enfin courant, de part en part Nos donzelles en ont, humé leur bonne part ; On connoist aisement, en voyant leur personne Que c'est la vérité que ce que j'en soubçonne, On y voit certain air Cocquet & Pretieux Et qui n'est en un mot, qu'un ambigu des deux : Pour en estre receu, je vois ce qu'il faut estre, Je vois ce qu'à leurs yeux, il faut enfin paroistre, Et si vous me croyez, nous leur devons joüer Un tour, pour leur apprendre à ne se plus loüer⁎, La piece⁎ assurement, paroistra sans seconde Et leur montrera mieux, à connoistre leur monde. J'ay Mascarille, un certain grand Laquais Qui passe au sentiment d'esprits assez mal faits, Pour estre un bel esprit, car au siecle où nous sommes Il est à bon marché, chez la pluspart des hommes. C'est un extravagant, qui par ambition Tasche d'estre par tout crû de condition, Il se picque d'esprit, de vers, de raillerie, Croit fort bien reussir, dans la galenterie Fait le maistre par tout, dedaigne ses Egaux Jusques à les traitter, d'ignorans de Brutaux. Mon dessein n'a jamais esté de vous le taire Il nous faut.... mais sortons, car tout n'iroit pas bien Si Gorgibus, qui vient sçavoit nostre entretien. Vous le sçaurez Monsieur, mieux d'elles, que de nous, Tout ce que nous pouvons à present⁎ vous apprendre C'est, que nous avons trop de graces⁎ à vous rendre, De toutes vos bontez, de toutes vos faveurs Et que nous demeurons vos humbles serviteurs, Ah, ah ! coquins, que faites-vous ceans⁎ ? Trois heures sont desja passées, faineans, Depuis que nous cherchons de tous costez. Ah ! lasche ? C'est bien à vous, Infame, à vouloir faire en ce lieu les yeux doux, Et l'homme d'importance. Ma foy, c'est trop marauts, vous divertir de nous, Et vous n'en rirez plus, je vous jure entre vous. Nos laquais, ces tours sont malhonnestes, De nous les desbaucher de mesme que vous faites. Ils n'auront pas Le bien que nos habits leur donnent des appas⁎ ! Pour vous pouvoir par eux donner dedans la veuë, Si vous aimez leur peau, ce sera toute nuë, Et quand vous les verrez sans vestemens, & gueux, Vous les estimerez ma foy, pour leurs beaux yeux. Viste ? qu'on se despouille, ou bien dans ma furie..... Auroit-on pû prevoir une telle advanture, Et qui plus justement dût jamais s'enporter. Ah ! c'estoit trop faquins, que de nous supplanter Avecque nos habits ? sans raisonnement⁎, Que tous ces habits là, soient ostez promptement. Dedans l'estat qu'ils sont, des à present, mes Dames, Vous pouvez avec eux continuer vos flames⁎ : Icy nous vous laissons en pleine liberté, Et nous vous protestons tous deux en vérité, Que nous n'aurons jamais aucune jalousie. **** *creator_somaize *book_somaize_precieusesridicules *style_verse *genre_comedy *dist1_somaize_verse_comedy_precieusesridicules *dist2_somaize_verse_comedy *id_du-croisy *date_1660 *sexe_masculin *age_jeune *statut_maitre *fonction_fils *role_ducroisy Seigneur, la Grange. Regardez moy sans rire De nostre visite estes vous satisfait ? Pas tout à fait, A vous ouïr parler, de cet accueil farouche Il semble tout de bon, que la chose vous touche. Comment ? He bien ! de ce valet que pretendez vous faire : Ah ! Vous voulez paroistre⁎, Cela vous apprendra certes, à vous connoistre⁎. He ! mes Dames, comment devons nous endurer Que nos laquais, icy se fassent reverer. Que par des laschetez que l'on peut dire extresmes, Ils soient icy de vous, mieux receus que nous-mesmes, Qu'à nos propres despens, par un trait sans esgal Ils vous monstrent leur flame⁎ ; & vous donnent le bal. Qu'est-ce ? qui vit jamais rien de plus effronté ? Vos victoires coquins, seront plus mal-aisées.. Et vous ne pourez plus aller sur nos brisées, Ou vous irez ma foy chercher en d'autres lieux De quoy paroistre beaux, & contenter les yeux De ces rares beautez, & je vous en asseure. Que l'on leur oste, & jusque aux choses mesme Qui sont peu d'importance. **** *creator_somaize *book_somaize_precieusesridicules *style_verse *genre_comedy *dist1_somaize_verse_comedy_precieusesridicules *dist2_somaize_verse_comedy *id_gorgibus *date_1660 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_gorgibus He bien ? Vous avez veu ma niepce avec ma fille Avez vous resolu d'entrer dans ma famille, D'une pareille affaire, encor que dites vous ? Oüais ? Ils sont mal contens, que cela veut-il dire. Faisons venir quelqu'un qui nous en puisse instruire. Je veux m'en enquerir, & sçavoir promptement D'où leur pourroit venir, ce mescontentement : Ces coquines, tousjours me causent mille angoisses Hola ? Où sont donc vos Maistresses ? Qu'on les face venir. Qu'est-ce qu'elles y font ? Et quoy ? Nous avons tous les jours une semblable aubade. Tout cela me desplaist, & c'est trop pommader Qu'on les face descendre, allez & sans tarder. Ces pendardes enfin, faut que je le confesse⁎. Me veulent ruineren pommadant sans cesse. Mais je me facheray si l'on me pousse à bout ; Je ne vois que blancs-d'oeufs, laict virginal par tout, Par tout, dans le logis, je ne vois que paroistre Mille brinborions, que je ne puis connoistre : Elles ont employé, le lard de dix cochons Et je puis assurer que des pieds de moutons Dont icy chaque jour, elles font la despence Dix valets en auroient plus que leur suffisance. Cela n'est par ma foy du tout, ny bien ny beau Et c'est trop despencer, pour graisser son museau Dites ? Qu'ont ces Messieurs, qu'avez vous pû leur faire ? Ils sortent froidement, & me semblent colere Puisque je l'avois dit, que ne les traittiez vous, Comme gens destinez, pour estre vos espoux. Que trouvez vous en eux ? Devoient-ils debutter par le concubinage ? Estoit-ce le moyen de gaigner vôtre cœur ? Ne devriez vous pas estimer leur ardeur⁎, Quoy ? Pouvoient-ils tous deux, parler d'une maniere Qui fust plus obligeante, & deust plus satisfaire, Et ce lien sacré qu'ils pretendent⁎ tous deux Ne marque-t-il pas bien, la vertu de leurs vœux. Quel discours est-ce là ? quelles metamorphoses. Je n'ay que faire icy, ny d'air, ny de chanson Ce discours me desplaist, & paroist sans raison, Et je te dis encor, que c'est estre tres-sage Que de parler ainsi, puis que le mariage, De chacun aujourd'huy, doit estre reveré Et qu'il n'a rien du tout, que de sainct & sacré. Qu'est-ce que celle-là me vient icy conter, A la fin je seray bien-tost las d'escouter. Voicy bien du haut stile : He ! que vient celle-cy Avecque son jargon, de me conter icy. Voila de grands discours que je ne puis entendre⁎ A tout ce baragouin, qui pourroit rien comprendre, Elles sont folles. Vous Cathos & Magdelon, Apprenez aujourd'huy que je veux tout de bon, Que vous vous prepariez..... O Dieux ! qu'enten-je dire ? estranges⁎ noms, comment ? Et ne sont-ce pas là vos vrais noms de baptesme ? Escoutez toutes deux, il n'est qu'un mot qui serve, Quand je dis une chose, il faut que l'on l'observe, Et je ne pretens pas tomber jamais d'accord, De ces noms, que je vois qui vous plaisent si fort ; Quittez les, car je veux que vous gardiez les vostres : Je ne sçaurois souffrir⁎, que vous en ayez d'autres, Que ceux que vos parains vous ont jadis donnez. Pour ces Messieurs aussi, lesquels vous desdaignez : Je sçay quels sont leurs biens, je connois leurs familles, Et comme je suis las de tant garder deux filles, Je veux qu'absolument vous songiez toutes deux A recevoir bien-tost leur main avec leurs vœux. De deux filles la garde, est une rude charge, Et ne peine que trop un homme de mon aage. Dieux ! qu'enten-je icy conter ? Leur folie est visible, il n'en faut plus douter. Encor un coup, sçachez, que je ne puis comprendre Ces balivernes cy, que je veux sans attendre, Et sans qu'on me responde, estre maistre absolu, Et que l'on fasse enfin, ce que j'ay resolu. C'est pourquoy ces Messieurs, seront dans ma famille, Ou chacune de vous restera tousjours fille, Ou sera par ma foy, mise doresnavant Puis que je l'ay juré, dedans un bon Couvent. Coquines, qu'ay-je oüy ? vous nous venez de mettre Dedans de beaux draps blancs. On m'a sans rien obmetre Dit toute vostre affaire, & ces Messieurs aussy Me l'ont trop fait sçavoir, en s'en allant d'icy. Je sçais qu'elle est sanglante⁎ & marque leur adresse ; Mais vostre impertinence en est le fondement, Ils se sont ressentis du mauvais traittement Que vous leur avez fait, infames, que vous estes, Et leurs flames⁎ ont droit d'estre mal satisfaites : Il faut que cependant malheureux que je suis Je boive cet affront pour croistre mes ennuis⁎. Je m'en vais maintenant tous deux vous contenter Et c'est icy l'argent que je vous veux conter. Et vous qui tous les jours faites tant d'incartades. Qui consommez le temps à faire des pommades. Je ne sçay qui m'empesche & me retient icy Que dedans ma fureur je ne vous frotte⁎ aussi : Par tout nostre maison se verra mesprisée, Nous servirons par tout de fable & de risée, Chacun dira son mot pour nous deshonorer, Voila ce que sur nous vient enfin d'attirer Et vostre impertinence, & vos humeurs hautaines. Allez donc vous cacher, allez grandes vilaines, Et vous des gens oisifs, lasches amusemens⁎ , Vers, Sonnets & Chansons, Sonnetes & Romans, Livres pernicieux, folles & vaines fables Puissiez vous pour jamais aller à tous les diables. FIN. **** *creator_somaize *book_somaize_precieusesridicules *style_verse *genre_comedy *dist1_somaize_verse_comedy_precieusesridicules *dist2_somaize_verse_comedy *id_magdelon *date_1660 *sexe_feminin *age_jeune *statut_maitre *fonction_fille *role_magdelon Ah ! Que dites vous là, quelle estime, mon pere Pourions nous toutes deux, & devrions nous faire, (Quand bien vous nous l'auriez vous mesme commandé) De ces sortes de gens de qui le procedé⁎ Est irregulier⁎. Qu'osez-vous demander Ils n'ont fait leur debut que par le mariage. Mon pere, songez mieux, à tout ce que vous dites, Ces fautes tout de bon, ne sont pas trop petites ; Mais faites vous de grace, instruire une autre fois, Ce que vous avez dit, est du dernier Bourgeois, Je ne vous puis ouïr, & la honte m'accable. Lors que je vous entends faire un discours semblable. J'en suis encore surprise & confuse. Bon Dieu ! Pour vous desabrutir, il vous faudroit un peu Apprendre ce que c'est, que le bel air⁎ des choses. Dieux ! si chacun estoit de vostre humeur⁎ mon pere, Que la fin d'un Roman, seroit facile à faire, Que cela seroit beau, si Cyrus dans l'abord⁎ Sans esprouver du tout, les caprices du sort Avoit Mandane, & si sans hazarder sa vie Aronce, de plein pied, espousoit sa Clélie. Si vous vouliez mon pere un moment nous entendre⁎ ? Et ma cousine & moy, nous pourions vous apprendre. Que jamais un hymen⁎ ne se doit accorder Qu'apres les accidens qui doivent preceder. Il faut que dans l'abord, un amant veritable Afin qu'à sa maistresse il se rende agreable, Exprime adroitement ses plus cruels⁎ tourmens, Il sçache debiter⁎ tous les beaux sentimens, Et que sans se lasser, pour pouvoir la surprendre, Il sçache bien pousser, & le doux & le tendre, Que pour monstrer combien son cœur est enchaisné Il fasse tout cela d'un air passionné, Et s'il pretend enfin, avancer ses affaires, Que la procedure ait les formes ordinaires. Il doit dedans le temple, ou dedans d'autres lieux. Voir l'aymable beauté, qui cause tous les vœux, Ou bien estre conduit, fatallement⁎ chez elle Par un des bons amis, ou parent de la belle. Il sort apres cela, tout chagrin tout resveur, A l'objet de ses vœux, cache un temps son ardeur⁎, Cependant il luy rend de frequentes visites Et puis le plus souvent, apres bien des redites, On voit sur le tapis, mettre une question Qui fait adroitement sçavoir sa passion, Et qui quoy que la belle, en paroisse troublée Exerce les esprits de toute l'assemblée. De declarer son feu⁎, le jour arrive enfin, Ce qui se fait souvent dedans quelque jardin Lors que par un bonheur, que le hazard ameine La compagnie quitte, ou plus loing se promeine, D'abord à cét adveu, succede un prompt couroux Qui banit quelque temps l'amant d'aupres de nous. Il trouve apres moyen, de rassurer nostre ame De nous accoustumer, aux discours de sa flamme⁎, Et de tirer de nous, cet important aveu⁎ Qui nous fait tant de peine, & luy couste si peu. Viennent apres cela toutes les advantures Les jaloux desespoirs, les craintes les murmures, Les plaintes sans sujet, les cris & les rivaux Qui d'un parfait amour, sont les plus cruels maux Quand par une soudaine, & facheuse saillie Ils viennent traverser, une flame⁎ establie. On voit venir encor, les persecutions D'un pere, qui combat de fortes passions, Qui s'obstine à les vaincre. On voit la jalousie ; Qui sur de faux soubçons trouble la fantaisie⁎, On voit enfin les pleurs & les emportemens, Les fureurs d'un Amant, & les enlevemens, Et tout ce qui s'ensuit. Dans les belles manieres, C'est ainsi que chacun doit traitter ses affaires, Ce sont regles enfin, dont il faut confesser⁎ Que quiconque est galand ne peut se dispenser ; Mais peut-on jamais voir recherche plus brutalle, Parler de but en blanc, d'union conjugalle, Venir rendre visite, & des le mesme jour Vouloir passer contract, pour monstrer leur amour Et prendre justement⁎ (sans voir ce qu'il faut faire) Le Roman par la queuë. Encore un coup mon pere, Vous pouriez bien-tost voir, si vous preniez conseil, Qu'il n'est rien plus marchand qu'un procedé⁎ pareil. Pour moy, j'ay mal au cœur, & me sens inquiette De la vision seule, où leur discours me jette. He ! de grace, mon pere, Des ces estranges⁎ noms, taschez de vous deffaire, Et si vous le pouvez, nommez-nous autrement. Vostre stupidité⁎ va jusques à l'extresme Que vous estes vulgaire⁎, avec ces sentiments, Ah ! pour moy, le plus grand de mes estonnemens⁎ Est que vous ayez fait une fille si sage Et si pleine d'esprit. Dedans le beau langage, Oüy-t'on jamais nommer, Magdelon & Cathos ? Et n'advoüerez-vous pas, qu'enfin de noms si sots Pourroient par leur rudesse⁎ affreuse & sans seconde Descrier⁎ le Roman, le plus charmant du monde. Mon pere, nostre nom, sera bien-tost connu, C'est pourquoy vous devez, nous permettre sans peine, Qu'avec les beaux esprits, nous reprenions haleine Et comme dans Paris, nous venons d'arriver, Vous devez, s'il vous plaist, nous laisser achever De nostre beau Roman, le tissu sans exemple, Et n'en pas tant presser, par un pouvoir trop ample La conclusion. Ma chere que veux-tu ? pour luy j'en suis confuse, Rien ne m'estonne⁎ tant, que de le voir si buse ; Mais je me persuade, & fort mal-aisément Que je puisse estre aussi sa fille assurement, Et je crois qu'il viendra quelque journée heureuse, Qui par quelque adventure, & nouvelle, & fameuse Me developpera⁎, sans doute⁎ avec raison Un pere plus illustre, & d'une autre maison. Quoy ? Qu'est-ce, que voulez-vous ? veut-on parler à moy ? Et vous apprenez sotte, à moins parler vulgaire⁎, Et dites pour vous mieux ennoncer d'ordinaire. Un necessaire est là, qui demande instamment Si vous ne pouriez pas estre presentement En commodité d'estre visibles. A nous Tenir de tels propos, voyez l'impertinente Le moyen de souffrir⁎, toujours cette insolente ; Mais encor quel est-il ? le Maistre à ce laquais. Un Marquis, ah ! ma chere, Oüy, retournez luy dire, & ne demeurez guere Qu'on nous voit à present⁎ ; c'est quelque bel esprit, Que nostre renommée a jusqu'icy conduit. En cette salle basse Il faut le recevoir, nous aurons plus de grace Que dedans nostre chambre ; ajustons nos cheveux Au moins, & soutenons en ce jour bien heureux La reputation que nous avons acquise. Viste, venez nous tendre icy, le conseiller Des graces. Si vous le poursuivez ce n'est pas en ces lieux Que vous devez chasser. Nous n'attendions pas moins, d'un homme tel que vous ; Mais vostre complaisance⁎ est trop grande envers nous. Et vous poussez si loing vostre injuste⁎ loüange Que ma cousine, & moy, pour éviter le change, Nous ne donnerons pas, de nostre serieux Dedans un compliment, qu'on ne peut faire mieux ; Car enfin nous craignons de tomber dans le piege. Voiturez nous icy, viste, petit garçon, Les commoditez de la conversation. Ma chere, ce qu'il dit est tout plain d'enjouëment. Ne craignez rien, nos yeux sont exempts de malice, Leurs desseins innocens, & sans nul artifice⁎ ; Vostre cœur peut dormir en toute seureté Dessus leur prud'hommie⁎, & dessus leur bonté. Qu'en dirions nous helas Tout le monde est d'accord, qu'il est remply d'appas⁎, Que c'est le grand Bureau, de toutes les merveilles, Le centre du bon goust, le charme des oreilles, Le plaisir des esprits, le lieu des agrements, Et le refuge enfin, des plus nobles amants⁎. Il est vray que la chaise Est un retranchement, où l'on est à son aise, Un propice instrument, pour les honnestes gens, Un merveilleux abry, contre le mauvais temps. Helas ! Monsieur, l'on ne nous connoist pas ; Mais peut-estre bien tost qu'on nous poura connoistre, Nous sommes en estat, de nous faire paroistre⁎, Nous avons une amie, & qui nous a promis Qu'elle nous feroit voir, des gens de ses amis, Qui sont dans les recueils des belles Poësies, Ces Messieurs, des Romans, & des pieces choisies. Eh ! mon Dieu, voudriez-vous, vous donner cette peine ; Nous vous aurons, la derniere obligation, Si vous nous procurez leur conversation ; Car enfin vous sçavez, que sans leur connoissance, On n'est point du beau monde, & voila l'importance : D'eux despend dans Paris, la reputation, Ainsi l'on doit chercher leur frequentation ; Une femme par là, peut devenir heureuse, Et mesme s'acquerir, le bruit⁎ de connoisseuse : Et j'en connois beaucoup, qui l'ont acquis par là, Quoy que l'on n'y trouvât rien du tout que cela. Et principalement, ce que je considere, Ce qu'à tout autre bien, aisement je prefere, C'est que par ce moyen des choses l'on s'instruit, Qu'il faut qu'on sçache enfin pour estre bel esprit. Puis l'on sçait chaque jour, les petites nouvelles, Tout ce que les galands, escrivent à leurs belles. Les commerces⁎ de Prose, aussi bien que de Vers, Tout ce que l'on escrit, sur cent sujets divers. On sçait à point nommé, tel a fait une piece Jolie autant qu'on peut, unique en son espece, Tout le monde l'estime à cause du sujet Une telle personne a fait un beau portrait. Sur un tel air nouveau, telle a fait des parolles. L'Anagramme d'un tel est pleine d'hiperbolles. Un tel Autheur Gascon, a fait un Madrigal Sur une jouïssance. Un tel donne le bal. Cet autre a composé, des Sonnets & des Stances Sur des yeux, sur un teint & sur des inconstances. Un tel hier au soir, escrivit un sizain Pour une Damoiselle ; elle par un dixain Le lendemain matin, en envoya responce. On poursuit le Roman, de Clelie & d'Aronce. Tel Poëte fort illustre, a fait un tel dessein. La piece de cet autre, est un public larcin. Un tel fait un Roman, parce que l'on l'en presse. Les ouvrages d'un tel, se mettent sous la presse. C'est là sans contredit, ce que l'on doit sçavoir Pour se faire connoistre, & se faire valoir Dedans les lieux connus ; & j'ose dire encore Que quelque esprit qu'on ait, alors qu'on les ignore Il ne vaut pas un clou. Ah ! furieusement Je suis pour les portraits ; rien n'est de plus charmant, Ny rien de plus galand. J'aime les Madrigaux, Quand ils sont bien tournez, ils sont tout à fait beaux. Ce dessein est illustre, autant qu'il est nouveau, Cet ouvrage, Monsieur, sera du dernier beau, Et si vous l'imprimez, j'en veux un exemplaire. Le plaisir est bien grand d'estre mis sous la presse. Ce sera, Monsieur, avec plaisir, Et vous pouvez parler avecque tout loisir, Dans le juste desir d'oüir tant de merveilles, Nous y sommes desja de toutes nos oreilles. Ouy ce oh, oh, ne peut pas estre mieux ! Sans doute⁎ elles sont telles Et j'aymerois bien mieux, avoir fait ce oh, oh, Que tout un Poëme Epique. Je ne l'ay pas mauvais, & souvent je rafine. Il est vray cette pensée est forte. J'advoüeray que cela, sans qu'icy je vous flatte, Delecte, & plaist, au goust de la plus delicate. Tant le tour est galand, spirituel & beau. Ma chere, assurement. Il est assaisonné De la bonne façon ; mais dans cette musique L'on voit bien qu'on a mis, beaucoup de Cromatique. C'est là sçavoir le fin des choses, le grand fin, Le fin du fin, tout brille, & tout y charme enfin, Je vous promets, car j'ay de l'air & des paroles L'ame entousiasmée. C'est pour ne pas avoir beaucoup d'inquietude, Et nous persuader que la nature aussi Vous a vrayement traitté, Monsieur, jusques icy, Comme une vraye mere, un peu passionnée, Et ce genie⁎ ardent, dont je suis estonnée⁎, Vous fait bien remarquer, pour son enfant gasté. Par un sort incroyable Nous avons demeuré dans un jeusne effroyable De divertissement. Ah ! telles actions Ne sont pas de refus. Non, ne m'en parlez point, Paris, est bien charmant, Tous les jours il s'y passe, & fort evidemment, Cent choses que tousjours en Province on ignore, Quelque spirituelle, & quelque soin encore Que l'on puisse apporter...... Eh ! il pouroit bien estre, & sans que l'on l'ait sceu De cela quelque chose. Furieusement bien C'est Perdrijon tout pur. Ah ! je ne m'en puis taire, Je confesse⁎ qu'ils ont un tout à fait bon air. Je dois bien l'avouër ; car je n'ay que je pense Jamais d'ajustement veu porter l'elegance, Dedans un si haut point. Que vous donnez d'esclat A ce que vous avez. Je n'eus jamais d'odeur plus douce que je sçache, Et je puis confesser⁎, sans doute⁎ avec raison, Qu'ils sentent en effet, & terriblement bon. Je dis avecque verité Que je la trouve aussi de bonne qualité, Je sens qu'elle me plaist, & sens que je l'estime, A cause qu'elle est bonne, & qu'enfin le sublime En est certes, touché délicieusement. Nous sympathisons fort ensemble, je vous jure, Et c'est sans vous mentir, qu'icy je vous assure Que je suis delicate, & furieusement Pour tout ce qui me sert, en mon habillement, Et jusqu'à des chossons, je n'en puis d'ordinaire Souffrir, s'ils ne sont faits, de la bonne ouvriere. Il a dedans l'esprit un tour ; mais sans esgal. Et qui ? Cette visite est prompte. Et le connoissez vous ? Viste, faites entrer. Nous commançons ma bonne, enfin d'estre connuës, Du beau monde chez nous, nous allons estre veuës, Puis qu'il prend le chemin de nous y visiter. Nous sçavons qui nous sommes, Monsieur, & c'est pousser pour nos esprits peu fins Vostre civilité, jusqu'aux derniers confins De la galanterie. Petit garçon, Quoy vous faut-il tousjours, faire vostre leçon, Ne voyez-vous pas bien surcroist de compagnie, Et qu'il faut un fauteuil ? Ils me plaisent aussi ; mais il faut pour me prendre, Assaisonner d'Esprit, la bravoure & le cœur. Ouy je sens quelque chose. Un tel coup vous appreste Aussi force lauriers. Ah ! c'est trop folastrer⁎, Sans y voir on vous croit, & vos faits admirables. Nous ne sçaurions sortir d'aujourd'huy Pour cela, c'est sans peine Que nous y consentons ; mais faut qu'on nous ameine Surcroist de Compagnie. Allez viste, Almanzor, là bas dire aux laquais De Monsieur, qu'à present⁎ icy l'on nous ameine Des violons ; & vous prenez aussi la peine  De nous faire venir ces Dames, & Messieurs D'icy pres, pour peupler avecque tous les leurs De nostre bal si prompt la triste solitude. Dieux que tout ce qu'il dit, est fort & naturel Qu'on voit bien qu'il n'a rien, qui soit materiel Et qu'il tourne à miracle une douceur ma chere. Mais du grand, Du bien tourné, du fin, mesme du plus galand. Messieurs, voycy nos amies qui viennent. Mon Dieu, vous nous devez mes cheres pardonner, Ces Messieurs ayant eu dessein de nous donner Chez nous l'ame des pieds, nous vous avons choisies Pour pouvoir mieux respondre à telles fantaisies, Et pour remplir aussi les vuides incongrus, Qui sont dans nostre bal. Dieux ! qu'il a bonne grace, Et la taille elegante. Que vien-je donc de voir ? Non, Ou vous vous plaisez fort à sentir le baton. Pour vostre honneur pourtant cela ne va pas bien. Quoy ? tous deux ? qui l'eust crû ? mesme en nostre presence Endurer un affront, & de cette importance. Quoy ? dans nostre logis vostre audace redouble. Et qui vous y fait donc ? venir mettre le trouble. Vos laquais ? Quelle haute insolence ? ô Ciel ! J'en suis toute saisie ! Mon pere on nous a fait cette sanglante⁎ piece⁎. Ne nous dites plus rien, je vous donne assurance Que de ce procedé⁎ nous tirerons vengence, Que contre nous aucun ne les peut secourir, Ou qu'en la peine enfin, l'on nous verra perir. Et vous marauts, encor vous avez l'assurance De rester dans ces lieux, apres vostre insolence. **** *creator_somaize *book_somaize_precieusesridicules *style_verse *genre_comedy *dist1_somaize_verse_comedy_precieusesridicules *dist2_somaize_verse_comedy *id_cathos *date_1660 *sexe_feminin *age_jeune *statut_maitre *fonction_fille *role_cathos Des filles raisonnables Ne peuvent accepter des personnes semblables. Mon oncle, quel moyen de s'en accommoder ? Ah ! mon oncle en effet, je vous diray si j'ose Qu'elle vient de donner dans le vray de la chose ; Et quel moyen aussi de recevoir des gens, Qu'à faire leur devoir, on voit si negligens, Qui n'ont de dire un mot, pas mesme l'industrie⁎, Et qui sont incongrus dans la galanterie, Pour moy sans croire icy, follement m'engager Contre qui le voudra, j'oseray bien gager⁎ Que leur esprit jamais ne fut né pour apprendre Ce que c'est que l'amour, & la carte de tendre, Qu'ils ont le jugement tout à fait de travers, Et que billets galands, petits soins, jolis vers, Billets doux, sont pour eux des terres inconnuës. Je puis vous dire encor, sans en demeurer là, Que tout leur procedé⁎ marque assez bien cela, Et qu'on ne trouve point dans toute leur personne Ce je ne sçay quel charme, & qui des l'abord donne Par un air attirant, & de condition De quantité de gens, fort bonne opinion. Vit on jamais encor, chose plus merveilleuse Oser venir tous deux en visite amoureuse Avecque des chappeaux de plumes desarmez, Ne paroistre tous deux nullement enflamez⁎, Avoir avec cela, la jambe toute unie, La teste de cheveux, tout à fait dégarnie, Toute irreguliere⁎, & des habits enfin, Qui ressemblent à ceux de quelque vray gredin⁎, Et souffrent de rubans une extréme indigence. Ah ! mon Dieu, quels Amans⁎, j'en rougis quand j'y pense, Quelle frugalité d'ajustement, bon Dieu Est-ce ainsi que l'on doit venir offrir ses vœux, Que d'indigence en tout, & quelle secheresse De conversation, ah ! tout cela me blesse, Tousjours on y languit, on n'y tient point Helas ! J'ay remarqué deplus encor, que leurs rabats Par l'excez surprenant d'une avarice honteuse, N'ont jamais esté faits, par la bonne faiseuse ; Qu'il s'en faut demy pied (je le dis sans erreur) Que leurs chausses enfin, n'ayent assez de largeur. Mon oncle, il est tres-vray, que ces sortes de noms Ont un je ne sçay quoy de bas dedans leurs sons, Qui n'a rien d'attirant, qui n'a rien qui ne blesse, Et pour peu qu'une oreille, ait de delicatesse, On voit qu'elle patit, tres-furieusement Entendant prononcer ces mots là seulement. D'Aminte le beau nom, celui de Polixene, Que ma cousine & moy nous avons pris sans peine, Ont des attraits en eux, dont vous devez d'abord⁎ Sans aucun contredit estre avec moy d'accord. Ce que je vous puis dire icy, mon oncle helas ! C'est que le mariage est pour moy sans appas⁎, Que je trouve que c'est une chose choquante, Et qu'enfin le penser, seulement m'epouvante D'estre couchée aupres d'un homme vrayement nû. Quelle stupidité⁎, que vois-je ah ! Dieu ma chere ! Que ton pere a la forme avant dans la matiere Qu'il a l'intelligence espaisse, qu'il est dur, Et qu'il fait dans son ame, estrangement⁎ obscur. Je le croirois bien oüy ; car enfin sans médire J'y vois grande apparence⁎, & je ne sçay qu'en dire Pour moy quand je me vois aussi.... Assurement ma chere. La visite me plaist, bien que j'en sois surprise. Apportez le miroir Pecore, & gardez bien en vous y faisant voir D'en obscurcir la glace, & de luy faire outrage En luy communiquant de trop pres vostre image. Pour le voir à nos yeux Il a falu Monsieur, qu'il vint sous vostre auspice. Mais ma chere, il faudroit faire apporter un siege. Que craignez-vous de nous ? que rien ne vous estonne⁎. Il efface Amilcar, tant il y a d'agrement. Mais de grace Monsieur rendez vous exorable. Aux yeux de ce fauteuil, dont le soing équitable Lui fait ouvrir les bras, contentez son dessein Depuis pres d'un quart-d'heure, il vous ouvre son sein, Souffrez qu'il vous embrasse. On ne dispute⁎ point de cette verité. Et de certains encor, connus & renommez, Que comme gens sçavans (elle nous a nommez,) Qui decident aussi, de ces sortes de choses, Et qui sçavent l'Histoire, & les Metamorphoses. Je trouve qu'en effet, Sans cela l'on ne peut avoir l'esprit bien fait : Je l'avouëray pour moy, c'est là tout mon scrupule Je croy qu'on encherit dessus le ridicule De se picquer d'esprit, & de ne sçavoir pas Jus-qu'au moindre quatrain ; pour moy j'en fais amas, Et si l'on me venoit, demander quelque chose Que je n'aurois pas veu, soit de vers, soit de Prose J'en aurois de la honte. Une Enigme a pour moy, terriblement d'appas⁎. L'impromptu justement⁎, est la pierre de touche De l'esprit, il nous plaist, il nous charme, il nous touche. Ah ! mon Dieu, que ces vers ont des attraits puissans, Par leur délicatesse, ils enchantent les sens ; Ces vers là sont poussez sans nulle flatterie Jusques au dernier point de la galanterie. Il en est esloigné, tout autant qu'on peut l'estre Et vous avez bien l'art, de vous faire paroistre⁎. Il est miraculeux Et ce sont là Monsieur, de ces choses si belles Qu'on ne les peut payer. Dieux ? qu'ils sont bien ensemble. A quoy bon ne pas dire, Que vous avez appris la Musique, Ah ! sans rire Vous ne faites pas bien. Mes sens, en sont surpris ; Car comment donc Monsieur, cela se peut-il faire ? Ah ! Dieux, cela m'emporte ; Que je trouve cet air pressent, passionné, Est-ce qu'on n'en meurt point ? Cet air assurement est tout remply d'appas⁎. Et moy sans hiperboles Je n'ay jamais rien veu, de cette force-là En vérité, Monsieur, à rien du tout. C'est assez il suffit, Personne à tout cela, n'a jamais contredit ; Mais, Monsieur, puis qu'enfin nous en sommes instruittes Nous ferons seurement, tout ce que vous nous dites, Et nous nous rescrirons, aussi comme il faudra Sur tout ce que d'esprit, & de beau l'on dira Et quels Comediens la representeront ? Il est une maniere en effet, qui fait mesme Sentir à ses Autheurs, tous les attraits d'un poësme, Et les choses souvent, ne valent du tout rien, S'ils ne sont dans leur jour, & ne se disent bien. Tout à fait. Je n'ay point respiré, depuis que je suis née, D'odeur, qui me parût mieux conditionnée. On peut bien dire d'elles Qu'elles sont en effet, effroyablement belles. Qu'est-ce donc ? qu'avez vous ? qui vous trouble, Monsieur. Il ne dit rien du tout qu'avec une maniere Tout à fait agreable, & qui n'est point vulgaire⁎ Vous avez bien, Monsieur, plus de peur que de mal, Et vostre cœur craintif, crie avant qu'on l'escorche. Ah ! Dieux, cette journée Doit estre comme grande, ensemble & fortunée, Marquée dedans nostre almanach. J'ay pour les gens d'espée, un tres-furieux tendre, La cicatrice est grande. Ah ! Monsieur, sans cela Nous vous connoissons bien. He ! bien nous le voulons. Il est vray qu'il est seul, je croy qui puisse faire Une telle despence, en esprit & sçavoir. Eh ! je vous en conjure, avec toute l'ardeur⁎ Et la devotion, ensemble de mon cœur Que nous ayons au moins quelque chose, qu'on sçache Que l'on ait fait pour nous. Monsieur, sans cela je vous croy C'est trop estre à la fin Sur ses pieds. Allons, mes cheres, prenez place. Et la mine je croy De dancer proprement. Vous laisser devant nous battre de cette sorte. Quelle confusion. **** *creator_somaize *book_somaize_precieusesridicules *style_verse *genre_comedy *dist1_somaize_verse_comedy_precieusesridicules *dist2_somaize_verse_comedy *id_lucile *date_1660 *sexe_feminin *age_jeune *statut_maitre *fonction_fille *role_lucile Ah ! ne nous tenez plus De semblables discours. Nous sommes obligées A vostre souvenir, & serions affligées Si vous ne vouliez pas tousjours agir ainsi. **** *creator_somaize *book_somaize_precieusesridicules *style_verse *genre_comedy *dist1_somaize_verse_comedy_precieusesridicules *dist2_somaize_verse_comedy *id_marotte *date_1660 *sexe_feminin *age_sans-age *statut_serviteur *fonction_servante *role_marotte Plaist-il Monsieur ? Je pense qu'elles sont Dedans leur Cabinet. Pour les levres Monsieur, De la pommade Madame, Un laquais, que voila, souhaitte qu'on luy dise Si vous estes ceans⁎, afin qu'il en instruise Son maistre, qui l'envoye icy, pour le sçavoir, Parce, dit-il, qu'il veut bien-tost vous venir voir. Ah ! Dame ! Je n'entens point ma foy, tout ce Latin, Madame, Et l'on ne m'a jamais, enseigné comme à vous La filofie, dedans le grand Cyre. Il me l'a nommé, le.....le Marquis de de......ouais, Marquis de Mascarille. Que ce mot vient mal pour m'embrouïller ; Ma foy, je ne sçay point si c'est là quelque beste, Il faut parler Chrestien pour mettre dans ma teste Ce que vous voulez dire. Mes maistresses Monsieur, vont venir tout à l'heure⁎. Elles viennent Monsieur, On demande à vous voir. C'est le Vicomte, De Jodelet, qui veut...... C'est luy, Monsieur, vray m'y. **** *creator_somaize *book_somaize_precieusesridicules *style_verse *genre_comedy *dist1_somaize_verse_comedy_precieusesridicules *dist2_somaize_verse_comedy *id_almanzor *date_1660 *sexe_masculin *age_sans-age *statut_serviteur *fonction_valet *role_almanzor Oüy, Monsieur. **** *creator_somaize *book_somaize_precieusesridicules *style_verse *genre_comedy *dist1_somaize_verse_comedy_precieusesridicules *dist2_somaize_verse_comedy *id_mascarille *date_1660 *sexe_masculin *age_sans-age *statut_serviteur *fonction_valet *role_mascarille Là, là porteurs, hola, là, là, là, là, hola, Je crois que ces marauts, me veulent briser là A force de heurter, les pavez, la muraille⁎. Je le crois bien aussi, Voudriez-vous faquins ? que pour vous j'exposasse Ou mes plumes à l'air, ou bien que je laissasse Perdre leur embonpoint ; & n'ai-je pas raison ? De les en garantir, durant cette saison Pluvieuse, incommode, ou bien que j'imprimasse Mes souliers en la bouë. Ah ! de vous je me lasse, Ostez moy vostre chaise. Hem ? Que me dis-tu ? Quelle insolence ? Demander de l'argent, à ceux de ma naissance. Ah ! je vous apprendray coquins, à vous connoistre⁎, Vous osez vous marauts ? joüer à vostre Maistre. Quoy ? On ne peut dire mieux, Il est tres-raisonnable. Tu parles comme il faut, voyla comme on m'oblige Mais l'autre est un coquin qui ne sçait ce qu'il dit. Là tiens, es tu content ? Doucement, tiens, voyla pour le soufflet ; On obtient tout de moy, je suis comme un poulet, Et lors que l'on s'y prend, de la bonne manière Je me laisse fleschir, à la moindre priere. Allez viste sortez, & venez me chercher Tantost, pour aller au Louvre au petit coucher. Je ne suis pas pressé, je vous jure ou je meure : Je suis dedans ce lieu, posté commodement Et je puis à loisir, les attendre aisement. Mes Dames mon audace Poura vous estonner ; mais cette aymable grace Que l'on admire en vous, vous cause ce malheur : La reputation qui parle, à vostre honneur M'a forcé ce jourd'huy, de vous rendre visite Et pour moy je poursuis en tous lieux le merite. Ah ! je m'inscris en faux contre cette injustice. Le renom parle juste, en contant vos vertus Par là, les plus galands, seront bien-tost battus, Vous allez faire pic, repic, & capot mesme, Tout ce que dans Paris, l'on cherit & l'on aime. Mais auray-je du moins, sureté de personne ? J'ay tout à redouter, tout me doit faire peur ; Je crains premierement, quelque vol de mon cœur, Ou quelque assassinat, de ma pauvre franchise⁎ Je vois icy des yeux, dont mon ame est surprise Ils ont mine sur tout, d'estre mauvais garçons De faire insulte aux gens, & les oster d'arçons, Ravir les libertez, faire qu'on les adore Et mesme de traitter, un cœur de Turc à More. Comment diable ! d'abord que⁎ l'on s'approche d'eux Ils se mettent en garde, ah ! qu'ils sont dangereux ; Ma foy je m'en defie, & vais prendre la fuitte Ou je veux caution de leur bonne conduitte. Eh bien dites mes Dames, Que vous semble Paris ? car c'est aux belles ames D'en porter jugement. Je tiens qu'hors de Paris, pour les hommes illustres, Il n'est point de salut, les campagnards sont rustres. Ce qu'il a de fascheux, c'est qu'il y fait crotté ; Mais nous avons la chaise. Vous recevez beaucoup, & de belles visites ? Car tous les beaux esprits, cherchent les grands merites ; Mais encor qui sont ceux qu'attirent vos appas⁎, Dites ? Je feray vostre affaire, ils me visitent tous Et je puis aisement, les amener chez vous J'en ay tous les matins, une demy-douzaine. On n'estime point ceux Qui n'ont pas des premiers, tous les vers amoureux Et mesme ce qu'on fait, d'une plus longue haleine ; Mais fiez vous sur moy, n'en soyez point en peine. J'assembleray chez vous, nombre de beaux esprits. Vos mains de leurs travaux, leur donneront le prix, Et je veux qu'à Paris, pas un vers ne se fasse Que dans vostre memoire, il n'occuppe une place Avant qu'aucun l'ait veu. Tel que vous me voyez Je m'en excrime un peu, je veux que vous sçachiez Que vous verrez courir, dans les belles ruelles Plus de deux cens chansons, presque toutes nouvelles, Des Sonnets tout autant, sur de divers sujets, Bien mille Madrigaux, pour differens objets, Et mesme sans compter plus de cent Elegies Faites, sur des desdains ; sans les Apologies, Enigmes, & Portraits. Ils sont bien difficiles, Et veulent des esprits profonds, sçavans, habiles. Vous en verrez de moy, qui ne desplaisent pas. Par là l'esprit s'exerce, & j'en ay tracé quatre Encore ce matin, qu'afin de vous esbattre Vous pourez deviner. Ah ! c'est là mon talent, & je donne mes peines A mettre en Madrigaux les annalles Romaines. Je sçay trop mon devoir, pour n'y pas satisfaire, Et je vous en promets au moins à chacune un, Qui seront reliez mieux que ceux du commun, Pour ma condition, c'est un bas exercice Je le fais seulement pour rendre un bon office Au libraire importun, qui m'en vient accabler Et ce matin encor, m'en est venu parler. Sans doute⁎ il est bien doux, que nostre nom paroisse Et les noms imprimez, ont une autre vertu ; Mais à propos, il faut vous dire un impromptu Que je fis avant-hier, chez certaine Duchesse Que je fus visiter, il est plein de tendresse, Tous les plus fiers esprits, s'en verroient combatus Car je suis diablement fort sur les impromptus Escoutez ; Oh, oh, je n'y prenois pas garde, Tandis que sans songer à mal, je vous regarde. Vostre œil en tapinois, me dérobe mon cœur, Au voleur, au voleur, au voleur, au voleur. Je ne fais rien du tout, qui n'ait l'air cavalier⁎. Je n'ay rien de Pedant encor moins d'Escolier. Avez vous remarqué ? dans ce commancement Oh, oh, ce n'est pas là parler vulgairement⁎ ; Oh, oh, en s'estonnant, un homme qui s'avise, Tout d'un coup, oh, oh, oh, voyez vous la surprise ? Oh, oh ; Cela ne semble rien. En effet il est beau, Vous avez le goust bon tu dieu, vous estes fine Je m'en aperçois bien. Mais n'admirez vous pas : Je n'y prenois pas garde. On ne voit rien de bas Dedans cette façon, je n'y prenois pas garde, Elle est fort naturelle, & de plus fort mignarde, Tandis que sans songer à mal qu'innocemment Comme un pauvre mouton, tandis que bonnement Je vous regarde, moy c'est justement⁎ à dire Que je vous considere, & que je vous admire Ou bien que je m'amuse⁎, à contempler vos yeux. Votre œil en tapinois ; peut-on s'esnoncer mieux Tapinois ? de ce mot encor que vous en semble ? N'est-il pas bien choisi ? Tapinois, en cachette, il semble qu'un bon chat Ait pris une souris, ou bien quelque gros rat : Tapinois Me derobe mon cœur, me l'oste me l'emporte, Au voleur, au voleur, au voleur, au voleur, N'est-ce pas peindre au vif, la perte de son coeur, Et ne diriez-vous pas ? qu'on crie à pleine teste Apres quelque voleur, arreste, arreste, arreste, Comme en le poursuivant, tout saisy de frayeur, Au voleur, au voleur, au voleur, au voleur. L'air que j'ay fait dessus, me semble assez nouveau, Faut que je vous le die. Quoy moy, j'aurois appris La Musique, Ah ! jamais. Les gens de qualité⁎, n'ont rien qui soit vulgaire⁎, Sans avoir rien appris, ils sçavent tousjours tout. Voyons si vostre goust En trouvera l'air bon, escoutez, je commence. Hem, hem, la, la, la, la. J'ay fort peu d'eslocance, Oüais, la brutalité, de la saison qu'il fait      Est furieusement contraire, à mon projet, Elle a gasté ma voix ; mais certes il n'importe, C'est à la cavalliere⁎. Oh, oh, je n'y prenois pas..... Dites-moy donc un peu si vous ne trouvez pas La pensée assez bien dans le chant exprimée ? Au voleur. Et comme une personne animée, Qui pleine de transport⁎, se mettant en chaleur⁎ Bien fort crie, au, au, au, au, au, au, au voleur, Et tout d'un coup apres tout comme une personne Essouflée, au voleur. Quoy cela vous estonne⁎ ? Ah ! tout ce que je fais me vient comme cela Fort naturellement, & sans aucune estude. A quoy donc passez vous le temps ? Je m'offre à vous mener Le jour qu'il vous plaira, mes Dames, destiner, Voir quelque Comedie, on en doit joüer une, Dont je connois l'Autheur, & qui n'est pas commune, Que je seray bien aise, au moins que nous puissions S'il se peut voir ensemble. Aussi je vous demande Lors que nous serons là, que toute vostre bande Admire, approuve tout, applaudisse bien fort, Pour qu'on trouve tout beau, fasse tout son effort. Je veux vous engager, comme on m'y sollicite, De faire que la piece ait grande reüssite Car pour m'en conjurer⁎, je vous jure ma foy, Que l'Autheur ce matin, m'est venu voir chez moy, Qu'à toute heure, en tous lieux il m'en prie et m'en presse, Et fait que mes amis me le disent sans cesse. C'est la coustume icy, qu'à des gens comme nous, Pour tous les vers qu'ils font, les Poëtes viennent tous Implorer nos bontez, & des pieces nouvelles Faire lecture, afin que nous les trouvions belles, Et qu'ils puissent aussi, par là nous engager A leur donner grand bruit⁎. Je vous laisse à juger Si d'une piece enfin, quoy que nous puissions dire, Le parterre jamais, ose nous contredire. Pour moy j'y suis exact⁎, & des que quelque Autheur M'est venu conjurer⁎ d'estre son Protecteur, Je crie avant qu'on ait allumé les chandelles, Que ses vers sont pompeux, sa piece des plus belles. Je ne vous diray pas du tout si je devine, Mais je me trompe fort, ou vous avez la mine, De quelque Comedie, avoir fait le tissu. Eh ! bien si bon vous semble Ma foy, nous la verrons, quand vous voudrez ensemble ; Mais puis qu'il est ainsi, je veux sans differer, Un secret important icy vous declarer. Entre nous, j'en ay faite une, je vous l'avouë, Que je veux dedans peu, faire en sorte qu'on jouë. Ah ! la belle demande, & ma foy ce seront Les grands Comediens ; ils en sont seuls capables, Leur recit a tousjours, des graces admirables Dans leurs bouches les vers, sont beaucoup apparants⁎ ; Pour les autres on sçait, qu'ils sont des ignorants ; Tous leurs gestes n'ont rien qui ne soit du vulgaire⁎, Et comme on parle enfin, recitent d'ordinaire ; Les vers ne ronflent point, qu'articule leur voix, Ils ne s'arrestent point, du tout, aux beaux endroits, Et quel moyen a t'on ? de les pouvoir connoistre, Si le Comedien, ne les fait pas paroistre⁎ S'il n'y fait une pose, & n'advertit par là A quels endroits, il faut faire le brouhaha. Ma petite oye est elle à l'habit congruante ? Le ruban est d'une main sçavante, N'est-il pas bien choisy ? Ne me direz vous rien Aussi de mes canons ? ont ils l'heur⁎ de vous plaire Dites, que vous en semble ? Par ma foy je me plais, à vous ouïr parler. Je trouve que leur air, n'a rien que d'admirable, Et je puis me vanter, qu'il n'est rien de semblable, Qu'avec raison, j'en suis tout à fait satisfait, Puis qu'ils ont un quartier, plus que tous ceux qu'on fait. Mais de vostre odorat Que la reflexion dessus ces gands s'attache. Et celle-là ? Vous ne me dites rien de mes plumes, comment Les trouvez-vous, enfin ? Vous vous y connoissez, je le vois ; mais encor Sçavez-vous que le brin me couste un Louis d'or ? Pour moy sans me vanter, il faut que je vous die, Que depuis bien long-temps, j'ay pris cette manie De donner par ma foy, trop generallement Sur tout ce que l'on voit, de rare & de charmant. Mes Dames, ahy, ahy, ahy, de grace doucement, Ce n'est pas Dieu me damne, en user prudammant, De vostre procedé⁎, j'aurois lieu de me plaindre, Cela n'est pas honneste, & vous me faites craindre...... Toutes deux à la fois, s'attaquer à mon cœur, Me prendre à droit, à gauche, ah certes la partie, N'est pas du tout esgale, & je veux garantie, Ou puis que vous allez, contre le droit des gens, Je vais crier au meurtre, & sortir de ceans⁎. J'ay sujet toutefois, de faire ce reproche : Comment diable, je sens que quoy que vous disiez Il est depuis la teste escorché jusqu'aux pieds. Quoy ! le Vicomte de...... C'est mon meilleur amy. Certes cette adventure⁎ Me charme, & me ravit ; car ma foy je vous jure Que depuis fort long temps, nous ne nous sommes veüs. Ah ! Vicomte, Que tous mes sens esmeus Marquent bien le plaisir, que j'ay de ta rencontre. Baise moy donc encor, Vicomte, baise moy, Je t'en conjure⁎. Mes Dames, s'il vous plaist, de ma part d'accepter Ce Gentilhomme cy ; sans que je le cajolle, Il est assurement, digne (sur ma parolle) D'estre connû de vous. Ne vous estonnez pas, s'il est si desconfit, Il ne fait que sortir, d'un mal qui l'a boufit, Comme vous le voyez, c'est pourquoi son visage Est si maigre, & si pasle. Mais dites cependant, sçavez vous bien mes Dames ? Qu'on place le Vicomte, au rang des belles ames, Qu'il est de ces vaillans, à qui le fer sied bien, C'est un brave à trois poils. Ah ! ma foy, ma science, auprés vous doit se taire, Il est vray que tous deux, nous nous sommes souvent Veüs dans l'occasion. Oüy ; mais Vicomte, escoute, Pas tant de chaud qu'icy, hay, hay, hay. C'est vray ; mais Vicomte, icy trop l'on m'exalte. Vous estiez toutefois, dans l'employ devant moy, Et je me souviens bien à present sur ma foy, Que je n'avois encor qu'une charge assez basse, Que vous estiez desja dans une belle passe, Et que vous commandiez les deux mille chevaux. Ce ne sont qu'injustices : C'est pourquoy, je veux pendre aussi l'espée au croc, Et ne plus m'exposer du tout à pas un choc. Te souvient-il Vicomte, avec quelle vigueur Nous prismes, toutefois suivis de la fortune Dessus nos ennemis, dis, cette demy-lune, Estant devant Arras ? Il a parbieu raison. Apportez donc aussi Vostre main, & tatez justement celuy-cy Là, là le trouvez vous ? là derrierre la teste. Je receus ce coup-là Ma derniere campagne. Moy je vais vous monstrer Une effroyable playe Ce sont à dire vray, des marques honorables Qui font voir ce qu'on est. Dis Vicomte, as-tu là Ton carosse ? Nous menerions ces Dames, Prendre hors des portes l'air, pour delecter leurs ames, Et puis leur donnerions, par apres un cadeau, Le temps nous y convie, il est tout à fait beau Faut remettre A quelques jours d'icy la partie, & promettre Aussi que vous viendrez. Ayons donc pour danser icy les violons. Hola, ho Poitevin, Bourguignon, Provençal, Champagne, Langevin, La Verdure, Lorrain, Basque, la Violette, La Ramée, Picart, Cascaret, la Valette, Au Diable les laquais, pour moy je ne crois pas, Que je ne rompe à tous les jambes, & les bras, Non je ne trouve point, de Gentilhomme en France Plus mal servy que moy, de ces races je pence ; Car ces canailles là, ne m'entendent jamais. Ces yeux n'auroient-ils point destruit ta quietude. Vicomte, qu'en dis-tu ? Moy, par ma foy je dis Qu'icy nos libertez, sont à demy sujettes, Qu'à peine elles pouront sortir les brayes nettes, Au moins pour moy, je sens qu'en mon cœur je reçois Une estrange⁎ secousse, & mesme aussi je crois Qu'il n'est plus retenu, que par fort peu de chose ; Mais quand je le perdrois j'en cherirois la cause. Mesdames, toutefois pour vous mieux faire voir Que je ne vous ments point, je pretends ou je meure Vous faire un impromptu, là dessus tout à l'heure⁎. Que diable est donc cela ? je fais tousjours sans peine, Fort bien le premier vers ; mais je suis à la gehenne Pour poursuivre. Ma foy cecy presse trop fort : A loisir, je feray pour vous sans nul effort En vers un impromptu, qui sans doute⁎ je gage Ne vous desplaira pas. Vicomte, depuis quand as-tu veu la Comtesse ? Ah Dieu ! j'en suis confus, Quoy l'aller voir si peu ? mais faut que je te conte Que le Duc ce matin m'est venu voir Vicomte, Et m'a voulu mener courir avecque luy Le Cerf à la campagne. Quoy donc ? Nous sommes obligez aux peines qu'elles prennent. Ce n'est qu'un bal pressé que nous faisons icy ; Mais quelqu'un de ces jours nous avons bien envie De vous en donner un, au peril de la vie, Dans les formes : Mais quoy les violons enfin, Sont-ils là ? La la la la la la. Ma franchise⁎ avec moy, Aussi bien que mes pieds va dancer la courante. Violons en cadence, ah ! cadence pesante. O ! qu'ils sont ignorans ? ma foy l'on ne peut pas Bien dancer avec eux, quel estrange⁎ fracas, L'on ne sçait ce qu'on fait. Le Diable vous emporte, Quoy donc, ne sçauriez vous jouër d'une autre sorte, Et de mesure la, la la la la la la. La ferme, ô violons de village. Et dance, Vicomte. Ahy, ahy, ahy, je n'ay point ouy Monsieur, que je sçache Que les coups en seroient. Une gageure⁎. Mon Dieu, facilement je sçay que je m'enporte, Et je n'ay pas voulu faire semblant de rien. N'importe, toutefois achevons, ce n'est rien. Depuis long-temps desja nous nous connoissons bien : Vous sçavez qu'entre amis, quoy qu'on fasse & qu'on ose, On ne se picque pas pour si petite chose. Adieu, le Marquisat, adieu la Vicomté. Ta fureur est extresme, O sort ! He.... Quand je vois ce revers, pour moy, je meurs de honte, Demandez si vous plaist à Monsieur le Vicomte. Marquis ! comme moy se voir ainsi traitté, Certes, un tel affront ne peut estre gousté. Ah ! par cette froideur injuste & sans seconde Je ne connois que trop ce que c'est que le monde, A la moindre disgrace, on vous mesprise tous, Qui vous aymoit le plus, s'ose railler de vous. Puis donc qu'il est ainsi, souffrons cette injustice, D'un sort commun à tous, endurons le caprice, Allons cher camarade, allons nous-en ailleurs, La fortune pour nous aura plus de douceurs, La vertu sans grandeurs n'est point icy connuë Et l'on l'en fait sortir, quand elle est toute nuë. **** *creator_somaize *book_somaize_precieusesridicules *style_verse *genre_comedy *dist1_somaize_verse_comedy_precieusesridicules *dist2_somaize_verse_comedy *id_jodelet *date_1660 *sexe_masculin *age_sans-age *statut_serviteur *fonction_valet *role_jodelet Ah ! Marquis, Et la joye que j'ay, mon visage la monstre. Il t'en faut de plus doux ma foy. Il est juste, & de droit De vous venir chez vous, rendre ce qu'on vous doit ; Car enfin, vos attraits exigent sur les hommes Leurs droits seigneuriaux. C'est sans ceremonie. Et c'est tout l'adventage, Et les fruicts qu'on reçoit des veilles de la Cour, Des travaux de la guerre, & des soins⁎ de l'amour. Vous ne m'en devez rien, Marquis, & nous sçavons ce que vous sçavez faire. Quelques fois trop avant Et mesme en des endroits, où l'on avoit sans doute⁎ Bien du chaud à souffrir. Nous avons Fait nostre connoissance à l'armée, & vivons Depuis en amitié⁎. Le jour que nous nous vismes Pour la premiere fois, ma foy tous deux nous fismes Ce pacte d'estre amis. Il commandoit alors Un fort beau regiment de cavaliers tres-fors, Sur, si je m'en souviens, les galeres de Malthe. La guerre est belle ; mais on a trop de travaux, Et la Cour aujourd'huy pour des gens de services Nous recompense mal. Que veux tu dire toy ? Avec ta demy-lune, & tu resves, je croy Penses-y, c'estoit bien, toute une lune entierre J'y crûs mon Cimetiere, Il m'en souvient ma foy, car j'y fus fort blessé D'un grand coup de grenade, à la jambe, & je sçay Que j'en porte la marque encore ; mais de grace Tastez vous sentirez le coup, voila la place. Ah ! tatez donc voila Encore un autre coup, je l'eus à Graveline Et depuis j'ay souffert d'une fievre maligne De fort aspres douleurs. Pourquoy ? C'est fort bien advisé. Mais toy-mesme Marquis, Qu'en pourois-tu penser ? Peste cela me fasche J'aurois envie aussi d'en faire tout autant ; Mais faut que vous sçachiez & teniez pour constant Que je suis aujourd'huy, s'il faut que je m'explique, Beaucoup incommodé de la veine Poëtique Pour luy trop avoir fait de seignées ma foy, Ces jours passez. Il a pour son partage A mon sens, de l'esprit en demon. Elle auroit bien raison d'accuser ma paresse ; Car il s'est escoulé trois semaines & plus Depuis que je l'ay veuë. Et tu l'as esconduy ? Oh ! hola ? Messieurs, ne pressez pas si fort vostre cadence ? Je ne fais que sortir de maladie. Ahy, ahy. Je ne suis plus rien, adieu la braverie. D'un semblable revers mes sens sont esbaïs. Demandez si vous plaist à Monsieur le Marquis. **** *creator_somaize *book_somaize_precieusesridicules *style_verse *genre_comedy *dist1_somaize_verse_comedy_precieusesridicules *dist2_somaize_verse_comedy *id_porteur1 *date_1660 *sexe_masculin *age_sans-age *statut_serviteur *fonction_valet *role_porteur1 Dame, c'est que la porte est estroitte d'entraille. Vous avez commandé, que l'on entrast icy, Nous avons obey. Ça viste, payez-nous ? Je dis que je veux De l'argent tout à l'heure⁎. Eh ! bien viste, vous dis-je ! Nany, j'ay du despit⁎ Et ne sçaurois souffrir vostre rodemontade, Vous avez devant moy battu mon camarade, Et si...... **** *creator_somaize *book_somaize_precieusesridicules *style_verse *genre_comedy *dist1_somaize_verse_comedy_precieusesridicules *dist2_somaize_verse_comedy *id_porteur2 *date_1660 *sexe_masculin *age_sans-age *statut_exterieur *fonction_autres *role_porteur2 Et bien donc, payez-nous ? Je vous dis, Monsieur ? Que vous Nous donniez de l'argent. N'avez-vous que cela, Monsieur, à nous donner ? Et vostre qualité⁎, nous fait elle disner⁎ ? **** *creator_somaize *book_somaize_precieusesridicules *style_verse *genre_comedy *dist1_somaize_verse_comedy_precieusesridicules *dist2_somaize_verse_comedy *id_violons *date_1660 *sexe_masculin *age_sans-age *statut_exterieur *fonction_autres *role_violons Donnez nous de l'argent, je n'entends point ce-cy, Lequel donc de vous deux nous doit payer icy ? Nous atendons icy Monsieur, à leur defaut De recevoir enfin de vous, ce qu'il nous faut : Car puisque tout travail merite son salaire Il faut payer celuy que nous venons de faire **** *creator_somaize *book_somaize_precieusesridicules *style_verse *genre_comedy *dist1_somaize_verse_comedy_precieusesridicules *dist2_somaize_verse_comedy *id_isterie *date_1660 *sexe_masculin *age_sans-age *statut_exterieur *fonction_autres *role_isterie Ouy ma chere, je vous le dis encor, je ne veux plus passer pour Pretieuse, & quelques puissantes raisons que vous me puissiez apporter, je hay maintenant ce nom, à l'égal de ce que je l'ay aimé autrefois. C'est (si vous en voulez savoir la cause) que je n'aime pas à servir de divertissement à toute la France, & que j'ay un despit qui n'est pas concevable, quand je voy les Libraires qui font arrester les passans devant leurs boutiques en leur criant Messieurs voila les Pretieuses Ridicules nouvellement mises en vers. Voila le Grand Dictionnaire des Pretieuses, & leur Procez qui n'est imprimé que de cette semaine. Dites-moy ? je vous prie, si ce n'est pas là le moyen d'obscurcir la gloire des Pretieuses ; puisque dés lors qu'une chose devient populaire, elle perd beaucoup de son éclat, & n'est plus ce qu'elle estoit auparavant. J'aimerois mieux qu'il eust parlé de nous de son propre mouvement, que d'avoir esté joüées sur le Theatre du petit Bourbon, il nous auroit peut-estre d'écrites plus avantageusement, au lieu que l'on nous a tellement deffigurées, qu'à present nous ne nous connoissons plus du tout. Cela n'a pas toutefois laissé que de nous faire grand tort, puisque ceux qui ne sçavoient qui nous estions, & qui ne connoissoient que nostre nom, se sont attachez à ce qu'ils ont veu representer, & ont crû que les Pretieuses estoient toutes Ridicules, & pour vous persuader cette verité, je n'ay qu'à vous dire que l'on a imprimé des Pretieuses à qui l'on a donné le tiltre de veritables, qui par l'extravagance de leurs mots m'ont parû encore plus Ridicules que celles que l'on a joüées sur le Theatre du Petit Bourbon, & à qui l'on a donné le nom de Ridicules. Je ne sçay que trop que les veritables Pretieuses sont femmes d'esprit. Tout ce que vous me dites, n'est pas suffisant pour me faire changer de volonté, & j'ay peur qu'apres avoir fait nostre Procez, l'on ne nous fasse mourir. Si nous en croyons le bruit commun, l'on nous promet un second Dictionnaire, qui fera plus de bruit que toutes ces pieces ensemble. Je vous prie que j'en puisse voir, une des premieres. Il faut avoüer que voila bien des choses que l'on fait sur nous. Mais je croy qu'il est l'heure d'aller au Cours si nous y voulons aller aujourd'huy. Allons donc ma chere, sans differer davantage. **** *creator_somaize *book_somaize_precieusesridicules *style_verse *genre_comedy *dist1_somaize_verse_comedy_precieusesridicules *dist2_somaize_verse_comedy *id_amalthee *date_1660 *sexe_masculin *age_sans-age *statut_exterieur *fonction_autres *role_amalthee Certes, il faut que je vous avoüe que ma surprise n'a point de limites, & que quand j'aurois l'esprit du monde le plus penetrant, je ne pourois qu'a peine m'imaginer pourquoy vous mesprisez ce que je vous ay veu aimer avec tant d'ardeur. Ah ! que dites-vous là ma toute bonne, si nous n'avions point d'esprit l'on ne parleroit pas tant de nous. Ne sçavez-vous pas bien, que c'est une necessité, que les choses extraordinaires s'épendent dansle monde, & qu'elles le font avec tant d'impétuosité, que pendant un certain espace de temps, les gens de toutes sortes d'estats en parlent tous ensemble ? ne sçavez-vous pas bien aussi que le peuple tient Conseil d'estat aux coins des rües, & sur le Pont Neuf, qu'il y marie les plus grands du Royaume ? qu'il y ordonne à son gré du bastiment du Louvre ? & qu'il y gouverne, non seulement la France ; mais encore toute l'Europe ? & qu'enfin il est de la derniere impossibilité de l'empescher de parler. Ce n'est pas nous aussi que l'Autheur a voulu d'écrire, ce ne sont que des Campagnardes qui se sont exposées à la raillerie d'un chacun pour nous avoir mal imitées, & vous pouvez bien juger que sans cela, il n'auroit jamais donné le nom de Ridicules à des Pretieuses. Ce que vous dites est veritable ; mais ne croyez pas pour cela que l'Autheur se soit trompé, il sçavoit bien qu'elles estoient tout à fait Ridicules ; mais il ne l'a fait que par un motif caché, & que pour faire piece à certaines personnes qui ne valent pas la peine d'estre nommées, & si vous voulez vous donner le loisir de lire le Procez des Pretieuses, nouvellement mis au jour par le mesme Autheur, vous verrez de quelle maniere il parle des Pretieuses, & comme dans le plaidoyer que fait une d'entre-elles pour deffendre leur party, elle confond tous ceux qui parlent contre l'illustre & nouveau langage des Pretieuses. C'est une chose que l'on ne peut nier ; mais elles ses sont trop tost allarmées quand elles ont veu representer des Pretieuses, qui ne leur ressembloient en rien, & si l'on les a reconnües, & si l'on s'est mocqué d'elles, ce n'est qu'à cause du dépit qu'elles ont monstré de ce que l'on en representoit qui portoient leur nom, ce qui a fait connoistre qu'il y avoit des Pretieuses, dont plu- sieurs doutoient, & ce qui a mesme fait penser à quantité de gens, qu'elles estoient toutes ridicules, ce que vous confirmez aujourd'huy, en publiant hautement que vous ne voulez plus estre Pretieuse. Il est vray que l'on travaille à une piece qui aura pour tiltre, La Pompe funebre d'une Pretieuse ; mais & nostre Procez, & nos Funerailles, ne serviront qu'à augmenter nostre reputation, & à nous faire vivre plus long-temps dans le Temple de memoire. Je sçay ce que vous voulez dire, il y a desja long-temps que l'on y travaille, cet Ouvrage sera tout à fait misterieux, & renfermera plus de choses que l'on ne croit. Je ne manqueray pas de satisfaire vostre curiosité ; mais ce ne sera pas encor si-tost ; puisque l'on ne commence qu'à le mettre sous la presse. Vous ne vous en devez pas estonner, notre sexe en fournit la matiere, & le fonds des femmes est inespuisable. Nous descendrons quand il vous plaira, les Chevaux sont au Carosse. Allons ma toute bonne, je vous suis. FIN.