**** *creator_somaize *book_somaize_procesprecieuses *style_verse *genre_comedy *dist1_somaize_verse_comedy_procesprecieuses *dist2_somaize_verse_comedy *id_ribercour *date_1660 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_ribercour Les Nobles du Mant par bonté M'ayant dans Paris, deputé Pour empescher dedans la langue, Par une belle & bonne harangue, L'heresie qui va passer, Et qui commence à se glisser Dedans tout le pays du Maine ; Prendront assurément la peine De m'envoyer force presens, Qui seront plus que suffisans Pour me faciliter l'entrée Auprés des directeurs d'Astrée Et qui me donneront moyen De mener mon procez à bien Et d'avoir (puisque je m'en picque) Un Arrest celebre, authentique, Contre ces jazeuses enfin Que je hay plus que le lutin, Et que l'on nomme Pretieuses ; Mais non pas pour estre amoureuses. Ah ! je vois bien que tu seras Curieux, tant que tu vivras, Et que mesme en la sepulture Tu le seras encor, je jure. Ce sont les Mots, que font les Dames, Que l'on imprime aussi, lourdaut. Oüy, oüy sans doute elles y sont ? Va, de cela ne t'incommode, Je t'en veux faire voir bien-tost. Mes affaires sont comme il faut, Et je n'ay fait dans cette Ville Rien qui ne me soit fort utille ; Desja plein d'animosité J'ay ma Requeste presenté A Messieurs, de l'Academie, Que certes je n'oublieray nie, Tu sçais, dont je suis fort contant, Qu'on l'a répondue à l'instant. Tu raisonnes fort justement.         Va, tay toy ; Car quoy que tu me puisses dire, Je ne suis point d'humeur à rire, Et je me ressouviens fort bien Que je n'ay fait encore rien, Quoy que je voye ma Requeste A signifier toute preste, Puisque je ne sçay point du tout Ou pouvoir d'une voir le bout. Que me veux-tu dire de bon ? Tu ne sçais pas ce que tu dis, A Bourbon, va tu t'es mépris Ce ne sont que Comediennes. Dis ! car je suis impatient. Voila justement le moyen Pour ne rencontrer jamais rien ; Puisque toutes les Pretieuses, De se cacher sont curieuses, Qu'elles ne veulent du tout pas Qu'on connoisse rien à leur cas, Et que les plus grandes d'entre-elles Disent qu'elles ne sont point telles. Mais quoy ne vois-je pas venir Mon vieil amy, Monsieur Pancrace, Vrayement il faut que je l'embrasse. Un procez, est ce qui m'ameine Et les plaideurs font trop de peine, Le boire, & le manger chez eux Tantost, faute d'une heure ou deux, Ils n'ont que procez à la bouche, L'on ne sçait point quand on s'y couche Et quand on s'y leve encor moins, Cent chicaneurs font tous leurs soins, Un Clerc, aujourd'huy les visitte, Un Procureur arrive en suitte, Le lendemain un Advocat, Vient dire un nouvel altercat, Apres vient un homme d'affaires, Apporter quelques formulaires, Et tous les jours un tas de gens Affamez, comme des Sergens, Viennent, non pas, avec main morte, Heurter, rudement, à leur porte, Pour dire, quatre meschants mots Qui sont souvent hors de propos. Pour le public, j'ay cette peine Et je suis authentiquement Deputé des Nobles du Mant, Comme de la Province entiere, Qui s'interesse en cette affaire, Afin de plaider en ces lieux Contre le parler pretieux Et ces pestes de Pretieuses, Que je vais rendre mal-heureuses ; J'ay desja par precaution Pour intenter mon action Fait tantost un coup de ma teste Et j'ay presenté ma Requeste A l'Academie, & voicy La teneur que j'en tiens icy. A Messieurs de l'Academie. Humblement Messieurs, vous supplie Le Sieur de Ribercour, du Mant Gentilhomme qui point ne ment, Et deputé de la Noblesse D'où l'on voit des pommes la presse. Disant, que depuis quelque temps Il s'espend d'instans en instans Dans leur païs certain langage, Ou plutost un Baragouinage, Qui leur est à tous inconnu, Ne sçachant pas s'il est venu Par eauë, ou sur quelque aridelle Et que Pretieux l'on appelle : Lequel, comme la nouveauté Plaist avecque facilité, Est receu dans nostre Province, De gens, dont la cervelle est mince, Sujets à prendre en cent façons Mille folles impressions, Et qui je croy Messieurs, sous ombre Que ce langage estoit fort sombre Et qu'il estoit né dans Paris, Et s'est fouré jusqu'à leurs huis, Ont crû, qu'ils seroient fort celebres                     Et que pour sortir des tenebres, C'estoit un cas sur à chacun Pour les distinguer du commun, S'ils s'attachoient tous à le suivre Et s'ils pouvoient le faire vivre. Neantmoins cela fait grand tort A la Province & luy nuit fort ; Tant à cause Messieurs, du trouble Qui de temps en temps se redouble, Et qui met le commerce à bas, Que du grand nombre de Ducats, Dont tous les jours l'on fait despence, Non sans grande condoleance, Pour avoir à chaque momens Avec soy quelques Truchemens. Ce consideré, qu'il vous plaise, Pour que ce desordre on appaise, Faire appeller pardevant vous Pour qu'on luy donne du dessous, Tout ce grand corps des Pretieuses, Pour se voir comme factieuses, Condamner d'abord à laisser, Abjurer, quiter, renoncer, Un si pernitieux langage, Et qui peut causer du carnage, Et que deffences à l'instant, Leur soient par vous faites s'entend De ne s'en plus servir à peine De ne jamais lire Artamene, Ny mesme aucun autre Romant ; Ou pour un plus dur chastiment Que le lit, desdites femelles, Soit des deux costez sans ruelles, Et qu'il soit mesmement placé Sans estre du tout exaucé ; Et vous ferez bonne Justice. Oüy : prestez donc attention La voicy : Qu'assignation Soit donnée, à ces Pretieuses, Qui sont si fort contentieuses ; Fait justement le vingt & trois De May, le plus fleury des mois. Hé bien ? mon cher Pancrace, Croyez-vous que je les terrace Et que j'aye fort advancé ? Je croy que vous ferez fort bien, Pour exterminer ces femelles, De vous joindre avec moy, contre elles Car enfin s'il faut qu'une fois Voulant imiter les François, Qu'en Espagne, & dans l'Italie, Ce diable de nom, se publie Et qu'il vienne à naistre en ces lieux Quelque langage pretieux, Vous n'auriez bien-tost, que je pense, Qu'à rengaigner vostre science. Mais j'oubliois de vous apprendre, Que je ne sçay pas où les prendre, Pour les pouvoir faire assigner. Allons-y donc, dés tout à l'heure. Entrons donc pour l'entretenir. Je vous suis obligé Monsieur, D'une si notable faveur, Et si vous passez d'avanture Par le païs, je vous conjure De venir loger droict chez moy ; Vous y mangerez sur ma foy Des chapons ; mais en abondance Qui seront bons par excellence. Enfin nostre affaire s'avance Au moins si j'en crois l'apparence, Et le bon homme bien & beau A donné dedans le panneau, Nous indiquant une demeure Où l'on trouveroit tout à l'heure Des Pretieuses de renom, Tenant leur conversation ; C'est pourquoy j'ose me promettre Que sans doute on leur pourra mettre Ma Requeste bien-tost en main, Et que devant qu'il soit demain A ces superbes Pretieuses, Nous verrons faire les pleureuses. Ah ! je m'attends bien de sçavoir Jusqu'à la moindre circonstance De cette affaire d'importance ; Car depuis l'un à l'autre bout Roguespine, me dira tout. C'est le plus curieux peut-estre Que le Ciel ait jamais veu naistre Et qui soit, point je ne vous ments, Depuis Paris jusques au Mans. Il doit suivre jusqu'à la porte Le Sergent qui mon exploit porte ; Mais je gagerois tout de bon Qu'il entrera dans la maison, Qu'il aura mesme l'asseurance D'y faire quelque connoissance, Et que de tout ce qu'il verra Auss-tost il s'enquerrera. Mais je le voids paroistre. Eh bien qu'as-tu veu ? qu'as-tu fait ? Dis nous donc es-tu satisfait ? Si je me jette sur ta peau Je te feray bien rendre compte…… Ah ! coquin je t'estropieray. Je veux pour t'apprendre à te taire…… Sans doute, quelqu'un tout à l'heure T'auras pû dire leur demeure. Helas ! Je suis pris comme il faut, Et tousjours le sort m'est contraire Quand je veux faire quelque affaire. Peste….. Quoy maraut…… Tu m'as fait donner dans le piege. Mais…… Et ta joye alors fut bien grande D'estre entré si heureusement ; Mais faits nous le denombrement De ce que dedans cette chambre, Qui sentoit tant le musc et l'ambre, Tu vis de beau, de surprenant. Je trouve qu'en voila beaucoup. Et tant que j'ay peine à le croire. Ce discours a dequoy nous plaire. Mais ce n'est pas là nostre affaire Dis nous ! Si d'un air fier ou non, Elle a veu l'assignation. Elle y montrera sa foiblesse. Allons Monsieur, j'en suis d'accord, Voir ce qu'ordonnera le sort. Messieurs, j'en veux aux Pretieuses, A ces femmes pernicieuses, Qui troublent le repos public, Qui causent dedans le trafic Par des mots, inintelligibles, Des revolutions terribles, Et je deman, de là-dessus Que leur langage ne soit plus Aux mesmes fins de ma Requeste.  Quoy ! personne ne me tient teste. Ah ! Messieurs n'estants point icy Jugez s'il vous plaist. Approchez-vous belle jazeuse, Vrayment pour une Pretieuse, Vous ne vous pressez pas trop fort. Ah ! Sans chercher tant de finesses C'est que vous faisiez voir vos pieces Sans doute, à quelque homme sçavant.         Et bien d'oresnavant Du procez verra-t'on l'issuë ? Dans vostre consultation Faite dessus mon action, Aviez-vous vos pieces en ordre ! Avez-vous ? consulté souvent….. Quoy ! vous monstrer que j'ay bon droit. Bien, bien, nous vous le monstrerons, Puis apres cela nous verrons Lequel des deux perdra sa cause. Messieurs, je vous diray, si j'ose Que j'ay droict de la chicanner, Que vous la devez condamner ; Puisque mes pieces qu'on a veües Ont parû tout à fait congrües, Mon procez fort bien intenté, Et que c'est une verité Que le droict que quoy je me fonde Passe pour le meilleur du monde. C'est ce qui fait qu'enfin je croy Que ma partie en desarroy Considerant toutes ces choses, Plus vrayes que metamorphoses, Sans attendre à l'extremité Se rangera de mon costé ; Puis qu'enfin toutes ses deffences Estant de nulles consequences J'aurois de vous asseurément Un favorable jugement Et celuy que je sollicite Contre cette langue maudite, Ou Messieurs, pour m'expliquer mieux Contre le parler Pretieux, Qui s'y bien-tost, l'on n'y met ordre Va faire un terrible desordre. Pour vous déduire mes raisons Sans vous faire une longue harangue Je dis Messieurs, que nostre langue Se trouve en un piteux estat Depuis le surprenant esclat Qu'a fait celle des Pretieuses. Dans les Citez les plus fameuses, Pour s'entendre presentement Il faut avoir un truchement, Ou le nouveau Dictionnaire, Que ces femmes viennent de faire. Quelle conclusion pour nous, Ah ! Messieurs, à quoy songez-vous ; Les femmes, oüy Messieurs les femmes, Nous couvrent aujourd'huy de blasmes Et viennent de faire en effet Ce que jamais vous n'avez fait Au moins, si ce n'est en idée ; Pour nostre bien par trop gardée, Mais pour leur reputation Par un beau desir de renom, Elles ont un Dictionnaire Tout fraischement mis en lumiere, Auquel chacun court comme au feu, Et nous en promettent dans peu De leur façon encore un autre : Cependant helas ! que le vostre Depuis si long-temps commencé, N'en est pourtant encor qu'au C. Ah ! je vois bien que c'est l'ouvrage De Penelopes, & je gage Que dans ce livre l'Omega, Jamais place ne trouvera. De plus j'ose vous dire encore Que si ce parler que j'abhorre Et que l'on nomme Pretieux, S'en racine dans tous les lieux Où l'on sçait qu'il a pris naissance Vous devez Messieurs, que je pense, Et vous agirez comme il faut, A l'Alpha remettre bien-tost Vostre fameux Dictionnaire Que vous commençastes de faire En l'an deux cent cinquante-deux Et qui devoit selon mes vœux, Et selon nostre juste attente, Dedans l'an mil six cens quarante Estre dans sa perfection. Songez donc Messieus, tout de bon A me faire bonne justice Me donnant un Arrest propice ; Mais j'ay tort de vous y pousser Ne devez-vous pas ? embrasser O Senat mille fois auguste, Un interest si grand, si juste, Et qui par mon heureux destin N'est autre que le vostre enfin. Cependant si ces factieuses, Ces heretiques Pretieuses, Parlent encore ce jargon, La Tour de Babel tout de bon, Dans ce Siecle va renaistre Et dans la France, va paroistre, Mal-heur plus à craindre cent fois Pour les Nobles, pour les Bourgeois, (Mais non pas pour les Eminences) Que les maudites influences Du Capricorne. Neantmoins Si vous n'y mettez tous vos soins, Le desordre s'en va paroistre Que la susdite Tour fist naistre Alors que l'on la batissoit. Cependant helas ! ce n'estoit Que la quantité des langages Qui causa de si grands ravages, Qui fist diviser les mortels, Qui fist piller jusqu'aux Autels, Bref qui parmy toute la Terre, Fist naistre pour jamais la guerre. Je vous addresse donc mes vœux Messieurs, pour que le Pretieux, Afin qu'en cette conjoincture J'empesche pareille adventure, Soit cassé, brisé, mis à mort Dans les lieux de vostre ressort Comme estant fatal au commerce, Que par tout il trouble & renverse, Et qu'expresse inhibition Soit faite par provision A tout le corps des Pretieuses, Des inventrices perilleuses Des mots, qui par leur nouveauté Troublent nostre felicité, De ne s'en plus servir, à peine De ne jamais lireArtamene, Ny mesme aucun autre Roman ; Ou pour un plus dur chastiment Que le lit, desdites femelles, Soit des deux costez sans ruelles Et qu'il soit mesmement placé Sans estre du tout exaucé. Ah ! quelle perturbation Voyez son obstination, Voyez avec quelle asseurance, Avec quel front, quelle insolence, Elle ose jusques dans ces lieux Parler devant vous Pretieux. Juste Dieux qu'enten-je, je pense Qu'icy je ne gaigneray rien Tant cette femme jase bien. Enfin je suis couvert de gloire, Car j'ay remporté la victoire. Cher amy, Je te conseille de laisser là ton procez, & de revenir dans nostre Province, car j'ay appris depuis que tu en es party que c'est un tour que l'on t'a joüé, & que ceux de ce païs qui t'ont envoyé s'entendent avec trois ou quatre personnes de Paris, qui doivent contrefaire les Juges, & les Pretieuses, pour se divertir de toy, je te donne cét advis ; & suis, Ton Serviteur, fontenay. Quoy l'on m'a joüé de la sorte Cher amy, le couroux m'emporte, Par la mort, je m'en vengeray. Mais celuy qui cecy m'avance N'est-il point de l'intelligence. Cependant à des gens d'honneur Cét affront doit tenir à cœur ; Mais je sçauray je vous le jure, Tirer raison de cette injure, Et vais……. **** *creator_somaize *book_somaize_procesprecieuses *style_verse *genre_comedy *dist1_somaize_verse_comedy_procesprecieuses *dist2_somaize_verse_comedy *id_roguespine *date_1660 *sexe_masculin *age_sans-age *statut_serviteur *fonction_valet *role_roguespine Parbieu c'est bien avoir mon maistre, De plaider la demanjaison, Qu'en poste quitter sa maison Pour venir à Paris, se rendre Avecque dessein d'entreprendre Contre des femmes un procez, (Dont j'augure mal du succez) Et cela dites-vous à cause Que leur bouche, n'est jamais clause, Et qu'elles parlent que je croy Le langage des des…… ma foy Ce mot n'est plus dans ma mémoire, Il n'est plus dessus mon grimoire, Et ce nom, ce diable, de nom, Qu'on dit avoir tant de renom, A retenir fait tant de peine, Que je l'ay laissé dans le Maine ; Mais sans doute qu'il nous viendra Quand vos chappons, l'on envoyera ; Car l'on doit dans cette occurence Vous en envoyer pour la pence De Monsieur, vostre Procureur ; Puis qu'enfin il faut qu'un plaideur, S'il craint de son procez la perte, Ait sans cesse la bourse ouverte. Ah ! voila justement ce mot Qui si long-temps a fait le sot, Et qui pour moy, chose nouvelle, M'a fort embroüillé la cervelle ; Mais puisque je le tiens enfin Monsieur, sans attendre à demain, Malgré toute la procedure Apprenez-moy, je vous conjure Pour quelle importante raison L'on les appelle de ce nom, Et pourquoy ? par toute la terre On aime à leur faire la guerre ? Mon Dieu ! qui ne le seroit pas L'on l'est bien pour un moindre cas : Depuis six ans, le monde en cause, Je n'entends rien dire autre chose, Ce mot en Province a grand cours, De luy les Dames, tous les jours En disent toutes des plus belles, Et dés-lors que quelqu'unes d'elles S'en vont faire un tour à Paris, Aussi-tost, aux plus favoris, De mesme qu'aux plus favorites Dedans des lettres bien escrites Elles protestent que Paris, Charme tous les plus grands ennuis, Que l'on y rit des Pretieuses, Qu'elles n'y sont pas fort heureuses, Que l'on en a pour cent raisons Imprimé de toutes façons ; Enfin dans Paris, dans le Maine ; Dans Lion, dans Turin, dans Genne, Et dans seize mille autres lieux Pretieuses & Pretieux Font l'entretien de maintes-belles, Des Suivantes, des Demoiselles, Et le vieux, le jeune, & le sot, Veut là-dessus dire son mot. Ne seroit-ce point quelque fable, La chose me paroist croyable, J'ay souvent le goust rafiné ; Et je crois avoir deviné ; Car l'on n'imprime point des femmes. Hé bien, quoyque je sois rustaut, Dites ? comment sont-elles faites ? Sont-ce des femmes ? fort parfaites, Qui n'ont rien des autres en tout ? Sont-elles point à vostre goust ? Portent-elles, des hauts de chausses ? Sont-ce pieces bonnes, ou fauces ? Quoy Monsieur, vous ne parlez pas, Vous font-elles, de l'embaras ? Sont-elles, point hermaphrodites ? Ont-elles, des justeaucorps ! dites ? Ont-elles, le visage beau ? Ont-elles, un vilain muzeau ? Sont-elles, tant soy peu camuses ? Chantent-elles, comme les muses ? Ont-elles, le nez aquilain ? Ont-elles, l'esprit fort malin ? Sont-ce des beautez, sans secondes ? Sont-elles, brunes, grandes, blondes, Petites, jeunes, vieilles, ou Hideuses, comme un lougarou ? Ne sont-ce point quelques sorcieres ? Sont-elles, douces, ou bien fierres, Ont-elles, des maris ou non ? N'auroient-elles, point de surnom ? Des galands, en endurent-elles ? Ne feroient-elles, point les belles ? Sont-elles, riches à foison ? Sont-elles, de pauvre maison ? En un mot, dites-moy ? sans fraude, Monsieur, sont-elles à la mode ? Elles ont dont des souliers ronds ; Car d'en porter c'est la grande mode. Mais si faisant les Damoiselles, Un Procureur, venoit pour elles Monsieur, je ne les verrois point ; C'est pourquoy, je crois sur ce point Qu'il vaudroit bien mieux, ce me semble, Leur donner à toutes ensemble Un personnel adjournement. Vous vous croyez donc bien habille, Et s'il en venoit plus de mille, Et que dans ce beau jugement Il fallut personnellement Agir avec toutes, je jure, Que dans une telle adventure Je vous trouverois pas ma foy Fort embarassé. Il faut qu'un secret, je vous die, Pour qu'à cela l'on remedie ; Prenez-les au petit Bourbon, L'on les dit au païs, plaisantes Et mesme assez divertissantes Ah ! je viens sans beaucoup de peines De trouver un expedient. Il faut les faire avecque pompe Monsieur, crier à son de trompe. J'en veux voir quelqu'une pourtant, Et j'ay des moyens tant & tant, Qu'en quelque endroit que ce puisse estre Je vous en feray voir, mon maistre ; Par exemple, j'en tiens un bon. J'ay oüy dire avecque raison Que quand l'on a dans cette ville, Perdu quelque chienne gentille, L'on fait afficher des billets De tous les costez au Palais, Et qui promettent recompense A ceux, qui plains de vigilance La rapporteront. Vous pourrez Faire de mesme, & vous verrez Sans doute que quelque suivante, Avide de la paragoüante Ne pourra sa langue tenir. Je croy que mon maistre aujourd'huy A rencontré plus fou que luy. Ils perdent l'esprit, ou je meure, Mais je pense qu'avec lent soin Ils auroient encor grand besoin, Pour que leurs action esclatte De la lenterne de Socrate, Afin de chercher à leur tout Une Pretieuse, en plein jour Comme il faisoit jadis un homme ; Pour moy je croy que l'on m'assomme, Disant, que tout en est farcy ; Puisque je n'ay pü jusqu'icy Par mon addresse, non commune Jamais en descouvrir aucune, Moy qui depuis trois jours entiers Faits residence en ces quartiers. Les Lecteurs, qui sont curieux Sçauront que le Sieur Theocrite, Dedans cette maison habite Et montre à parler Pretieux. Ah ! puisque je sçay la demeure Il me prend envie : ou je meure, De venir sans en dire mot De peur de passer pour un sot, Pour un capagnart, pour un rustre, Apprendre cette langue illustre, Qui met le monde en grand credit. Aussi bien en Province, on dit Que dans Paris, toutes les femmes, Et mesme les plus grandes Dames, Reçoivent jusques aux laquais Quand ils sont bien vestus, bien fais, Et qu'enfin ils ont l'avantage De sçavoir un peu ce langage. Mais où va cette fille-là ? Elle va de ce costé là, Ouy, ses pas font assez connoistre Qu'elle va tout droit chez ce Maistre ; Pour nous desennuier un peu Arrestons-là, dedans ce lieu Madame, ou bien Mademoiselle ; Car il faut que vous soyez telle, Vous ne sçauriez que faire là ; Car…… Qu'est-ce que celle-là veut dire ? Je ne sçay pas si j'en dois rire, Car n'entendant point ce jargon Elle peut m'appeler fripon ; Songez mieux à ce que vous faites Impertinente, que vous estes Je suis valet, de probité Et de Monsieur le Deputé, Et si vous me chantez injures, Sçachez, que ce sont impostures. Ah ! vous raillez en verité, Chacun le doit desja connoistre ; Car qui ne sçait pas que mon Maistre, Est icy deputé du Mant, Afin d'obtenir promptement Contre ces langues venimmeuses, Que l'on appelle Pretieuses, Un Arrest, qui casse tout net Le langage qu'elles ont fait. Peste de la commission, J'en avois ma foy, bien affaire, La scelle m'en tient au derriere, Et les sauts que tous les chevaux, Qui n'estoient certes, bons ny beaux, M'ont (sans qu'il fut fort necessaire), En courant la poste, fait faire, Dans un superlatif degré Le ventre m'ont plus escuré, Que n'auroient, je le dis sans feintes, Jamais pû faire quatre peintes De ce vin bien & mal faisant, Qu'on nomme Emetique à present. Mais nos gens sortent satisfaits, Et je donnerois ma parole Qu'ils viennent d'atraper le drole. Ce que j'ay veu, que vous importe Une maison, où sur la porte L'on avoit mis un escriteau. Oh, oh ! vous avez l'ame prompte ? Nouferay Monsieur, nouferay, Vous ne sçauriez jamais pis faire. Pourquoy diable tant s'emporter. Oüida, cela pourroit bien estre, Aprenez donc Monsieur, mon Maistre, Que je parlois avec raison ; Puisque dedans cette maison L'on ne voit plus de Pretieuses, Et que ces races, & ces gueuses, Par un endiablé de hazard Logent maintenant autre-part. Il n'est point de gens de mestier Qui la sçachent dans ce quartier, D'autant que par un trait habille Avant terme elles ont fait gile. Mais je pense que l'on m'a dit, Oüy c'estoit un homme d'esprit, Et ses discours sont fort croyables Que du Marais, aux Incurables Elles n'avoient rien fait qu'un saut. Cessez de tant pester, Et de plus vous inquietter, Ce que je dis, n'est que pour rire Et je m'en vais tout vous redire,         Cessez vos clameurs, Puis qu'enfin les vieux serviteurs Ont tousjours quelque privilege. Mais escoutez à loisir, Puisque selon vostre desir J'ay reüssi dans vostre affaire. Avecque Monsieur le Sergent Homme, tout à fait diligent, Quand je vous quitté, nous allasmes Tout droit au Marais, & trouvasmes La ruë assez facilement Dans laquelle est le logement Des babillardes Pretieuses, Qui sans doute ne sont pas gueuses. Un venerable Savetier, Qui loge en ce noble quartier, D'une façon toute civille Nous indiqua leur domicille, Quoy qu'enfin, par un heureux cas, Nous n'en fussions qu'à quatre pas. A la porte, là nous heurtasmes Et le heurtoir que nous trouvasmes Estoit de linge emmailloté. La chose est rare en verité, Et de mesme qu'en ma memoire, Merite une place en l'histoire, Elle est faite avecque raison, Car c'est une precaution Dont bien souvent elles se servent Et qu'entre-elles, elles observent, Pour que, leur conversation N'ait jamais d'interruption. Il vint à la susdite porte, Une calle, ou lacquais, n'importe Qui nous ouvrist civilement. Nous sans un long raisonnement A l'instant mesme nous entrasmes Et puis après nous le priasmes, Que sa maistresse, pût sçavoir Que nous desirions fort la voir. Droit à la porte de sa chambre, Où l'on sentoit le musc & l'ambre Le susdit lacquais nous mena, Puis apres il s'en retourna Nous querir certaine suivante, Que je trouvay fort obligeante, Laquelle, je ne sçay pourquoy, Commune, il nomma devant moy ; Cette fille, je la crois telle, Vestuë, en jeune Damoiselle, Apres deux mille questions Sans les interrogations, Alloit avec grande vitesse Dans la chambre de sa maistresse, Afin de la faire venir Pour pouvoir nous entretenir : Lors que de cette Pretieuse, L'impatience merveilleuse Fut cause qu'on nous fist entrer. Nostre Sergent sans differer Voyant cette femme sçavante D'abord, vostre exploit lui presente. Pendant le temps qu'elle le leust, Et qui certes un long-temps fut, Sans y trembler en aucun membre, Je consideray fort la chambre Dans laquelle à loisir je vis Des Pretieuses de Paris, Une longue & nombreuse bande. Vous l'allez sçavoir, maintenant. Car je commence & sans encombre. Cette chambre estoit assez sombre, Le grand jour, n'y pouvant entrer A cause qu'elles font tirer Pour l'empescher de trop paroistre Des rideaux, devant la fenestre Sçachant, que la grande clarté Efface un peu de la beauté. J'y remarqué de plus, en suitte Quoy que la chambre, fut petite, Que depuis la porte on voyoit Un paravant qui s'estendoit Jusqu'au prés de la cheminée. Pour respondre à ma destinée, Qui m'avoit fait heureusement Entrer dans cét appartement ; De ladite chambre le reste Sincerement je le proteste, Je n'examiné nullement Pour ne pas perdre le moment Que j'avois de lorgner ces belles, Dedans l'une de leurs ruelles. Seize environ elles estoient, De plus toutes elles avoient Au moins, ne s'en falloit-il guere, Assis sur leurs manteaux par terre Paroissans fort humiliez, Un homme, chacun à leurs pieds, Sans ceux qui tres-fort à leur aise Estoient assis dans une chaise, Et faisoient peu les courtisans. Elles avoient tant de rubans, Que je dis, sans dire sornettes, Que comme Mulets de sonnettes Elles estoient, & croyez my, Toutes chargées, par ma foy. La pluspart encore d'entre-elles Soit deslaides, ou soit des belles, Tenoient avec un air badin, Chacune une canne à la main, La faisant brandiller sans cesse, Et sans mentir je vous confesse Que je n'osois ouvrir le bec Et que j'allois mourir illec, Tant de peur j'avois l'ame esmeuë, Si je n'eus point jetté la veuë Dessus le Sergent, qui d'abord Parût me r'asseurer bien fort. Mais sans vous parler davantage Du Sergent, ny de mon courage, De peur de paroistre poltron, Reprenons la description. Beaucoup sans attendre aux Dimanches, Avoient mis des coiffures blanches Qui toutes en pointe estoient. Beaucoup d'autres, encore avoient Des coiffures, à la païsanne, Et non pas à la courtisanne ; Si depuis un temps à la Cour La mode n'a joüé son tour. Celles qui restoient….ah ! sans rire, Je ne sçay si je le puis dire, Avoient tout au tour du museau De toille jaune, un grand morceau Si gras, que sans estre Prophete, On l'eust pris pour une ommelette. Si je ne me trompe voila Comme ces Pretieuses-là, Qui ma foy, sont assez jolies Estoient par la teste basties. Or voyons tout presentement Comme estoit leur habillement. Les unes, sans que je vous mente, Avoient une tres-longue fente A leurs habits, cela s'entend, Et qui se rejoignoit pourtant Par des galands, que devant elles, Avoient fait attacher ces belles. Je puis dire que ces habits Estoient faits de fort beaux tabis, Et d'autres estoffes tres rares : Ces habits sont nommez Cimarres, D'autres avoient des Justeau-corps Et d'autres avoient par le corps, Des robbes tout au tour plissées, Parce qu'elles sont plus aisées. Ceux qui s'y fort humiliez Estoient abaissez à leurs pieds Et montroient un cœur plein de flambes, N'avoient point presque tous de jambes, Du moins, ne les voyoit-on pas Tant le rond, & grand embaras De leurs canons à tous estages A leurs jambes faisoit d'ombrages. Leur estomach asseurément, Et leurs espaules mesmement Estoient j'en ose jurer certes, De grands cheveux toutes couvertes Et pour avoir plus de beauté Leur visage estoit moucheté. Ils avoient selon leurs coustumes Des chapeaux, tous chargez de plumes, Et des rabats tout à fait beaux Qui jusqu') l'espine du dos Descendoient à tous par derriere ; Et j'appris de la chambriere, Qui dans la chambre, en ce moment Se trouva fortuitement, Qu'ils estoient, non Anabaptistes, Mais bien des galands Alcovistes Ou bien pour vous l'expliquer mieux, Des galands, nommez Pretieux. Je fus encor instruit d'icelle, Je la croy pourtant Damoiselle ; Mais cela vous importe peu, Pourquoy ceux qui dedans ce lieu Comme j'ay dit, tres à leur aise Estoient chacun dans une chaise, Avoient tous les yeux fort battus, De plus estoient de noir vestus, Avoient la mine rechignée, Avoient la teste mal peignée, Avoient de si petits rabats, Qu'on ne les voyoit presque pas, Et dont la toille telle quelle, N'avoit point du tout de dentelle. Autheurs, elle les appella Et me dit, que comme cela D'une serieuse manière Ils s'habilloient tous d'ordinaire, Pour pouvoir avec equité Mieux soustenir la gravité, La beauté, le credit, le lustre, De leur profession Illustre. Je sçeus d'elle encore de plus En discours, non pas ambigus, Que quand pour chercher un bon terme Ils estudioient de pied ferme Et que leurs testes ils grattoient Leurs cheveux souvent se mestoient, Et c'est pour cela que les Poëtes, Qui bien souvent font les Prophetes, Et que sans droit vous dedaignez, Paroissent souvent mal peignez. Voila le recit tres-fidelle De tout ce que m'aprit la belle. Mais attendez, si ma memoire Pouvoit un peu me revenir, Je pourrois vous entretenir Encor de quelque circonstance Qu'elle m'a dit & que je pense Avoir oubliée, ah ! vraimy Je m'en resouviens à demy. Ouy c'est sans tarder davantage Qu'elle divisa par estage Tous les autheurs, illec presens, Si mornes & si suffisans. Les uns font en Vers Heroïques Des Poëmes qu'on appelle Epicques Et de ces Livres si charmants Que nous appellons des Romans. Les autres, sans estre des Comtes, Se mettent de faire des Contes Pour rire, je l'entends ainsi, Et d'y bien reüssir aussi. Un seul d'entre-eux ay-je oüy dire, Se picque d'y bien faire rire, Et je croy que c'est un Abbé, Dont le nom commence par B. Les derniers font des Comedies, Des Madrigaux, des Elegies Des Chansons, Sonnets, & Portraits Dessus de differends sujets. J'en aurois appris d'avanage ; Mais le Sergent, dequoy j'enrage, Sortist dans ce mesme moment Et je le suivis promptement. Dés aussi-tost qu'elle l'a veuë, Elle l'a prise & puis l'a leuë, Et dit fort serieusement Qu'elle s'y rendroit promptement. Dieux ! qu'ils ont le jugement mince ; J'ay sçeu dedans nostre Province La moitié de ce que je dis ; Que je les ay bien estourdis : Mais allons ouïr leurs harangues, Allons voir remuer leurs langues ; Car j'en jurerois bien ma foy, Ce doit estre un plaisir de Roy. Peste il a retenu sans peine Tout ce qu'un Advocat du Maine, Luy dit, avant que de partir. Elle fait fort bien des harangues.         La peste, Elle en a bien dit à la fois, Quoy qu'elle ait oublié l'Anglois. Elle n'a rien dit du Boureau. Escoute un peu jeune soubrette. Ma foy, plaidons nous deux, Car je me trouve assez joyeux Et mesme en estat de te faire Pour ne point traisner nostre affaire Desja communication De……         Va c'est que je jouë, Mais pourtant si nous nous plaidions Si tous deux nous nous chamaillions Il vaudroit ma foy mieux je pense Pour obvier à la despence Grossoyer ensemble à loisir Nos pieces, peste quel plaisir. Et moy, par ma foy, j'en riré.         En poste vistement Regaigner le païs du Mant, Car je croy qu'on vous y prepare Une entrée tout à fait rare, Et qui doit respondre au succez D'un si favorable Procez. FIN. **** *creator_somaize *book_somaize_procesprecieuses *style_verse *genre_comedy *dist1_somaize_verse_comedy_procesprecieuses *dist2_somaize_verse_comedy *id_theocrite *date_1660 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_theocrite Vos civilitez sont plus grandes Que n'ont pas esté vos demandes, Et dedans cette occasion Il n'est point d'obligation, Qui pour des gens d'un tel merite, Ne soit de nature petite. Enfin nostre homme est attrappé, Et c'est un deputé duppé ; Mais il auroit tort de ses plaindre, Bien d'autre sans les y contraindre Du depuis que pour l'attraper, Ou pour mieux dire le dupper, J'ay mis sur ma porte une affiche, Sans pretendre leur faire niche, Me sont venus trouver ceans, Et par des discours obligeans M'ont conjuré de leur apprendre, Ce qu'encor j'ay peine d'entendre, Sçavoir à parler Pretieux. Mais quoy vous trompez-vous mes yeux ? Non certes, & c'est l'Escoliere Qui me vient trouver d'ordinaire ; Voyons donc de quelle façon Elle a retenu sa leçon. Bonjour, entrons dans cette salle. Qui sont donc les perturbateurs ! Des Ruelles persecuteurs Au beau stile, si fort contraires Et de la raison adversaires, Dont le sens emberliquoqué Vous a dans l'esprit inculqué, Par une injuste jalousie, Cette bizarre fantaisie. Est-ce ainsi que mes documents, Mes leçons, mes enseignements, Sont en des terres infertilles Où mes peines sont inutilles Ou de tout ce qu'on peut planter Rien ne peut jamais profiter. Ah ! c'est donc en vain terre ingratte, Que l'on vous besche, & qu'on vous gratte, Puisque mes soins n'ont pour tout prix Qu'un regret d'en avoir trop pris. Quoy donc s'esnoncer de la sorte, Ah ! cela m'estonne & m'emporte. Ce que je dis, est asseuré, Car enfin l'on me l'a juré Et sur ce qu'on m'a dit, je gage Qu'on cassera vostre langage, Examinez cette oraison, Elle peche en la diction, L'on n'y voit que de la rudesse Les mots en sont pleins de foiblesse. Et…… Certes la langue Pretieuse Est une chose merveileuse ; Car enfin l'on parle de ceux Qui sçavent parler Pretieux, D'une si nouvelle manière….. Ce divertissement est drolle, Et je jouë assez bien mon roolle. Ils sont pris pour duppes ma foy. Mais que desirez-vous de moy ! Il n'est rien pour vous qu'on ne fasse. Mais Monsieur, parlez s'il vous plaist ! Que l'on voit de fous, où je meure, Il n'importe pour leur argent, Paroissans à tous obligeant ; Mais dans une pareille affaire, Il faut que le Dictionnaire Que l'on a fait tout à propos, Me fournisse beaucoup de mots, MADRIGAL. L'autre jour, un Mary, tenant divers discours A sa femme, luy dit, au Cours. Je vois que vous cherchez à faire des conquestes, Elle luy respondit sans y songer du tout, Ah ! ne paroissez plus si surpris que vous estes ; Puis qu'enfin d'un mary les baisers sont sans goust. Luy contre elle, d'abord se mettant en colere Comme a de coustume un jaloux, Luy dit, sans hesiter d'un visage severe, Le Cours ne sera plus pour vous. Dieux ! que ces vers ont de foiblesse, Qu'on y voit mesme de rudesse, Que les derniers sont peu pointus, Vous ne les reconnoistrez plus. Alors qu'en langue Pretieuse Par une version heureuse, Je les aurez mis, Non certes, je serois un sot Si j'avois ozé le promettre, Puisque je ne les y puis mettre : A cinq ou six mots prés, pourtant Ils seront faits dans un instant. Mais la Pretieuse langue, Sans vous faire une longue harangue, Et pour vous parler en amy, N'est encor faite qu'à demy. Il n'est pas mauvais, mais l'Autheur, En fait imprimer un meilleur. On y verra des Pretieuses, Toutes les guerres perilleuses, Ensemble les descriptions De leurs plus grandes actions ; L'on y verra leur poëtique, L'on y verra leur politique, Leur Cosmographie y sera, Et de plus l'on y trouvera Un grand narré, de leurs histoires, Leurs conquestes, & leurs victoires, Leurs origines, leurs progrés, Et par un discours fait exprés L'on verra leur Cronologie, Et tout ce que l'Astrologie, Pendant leur regne predit. De plus encore l'on m'a dit, Que les Villes les plus fameuses Du Royaume, des Pretieuses, Avec leurs coustumes et mœurs, Leurs actions, & leurs humeurs, Y seront amplement descrites ; Et que celle dont les merites Esclattent jusques sur le front. Leurs Esloges y trouveront. Outre cela leurs Poësies, Un traitté de leurs heresies, Et leur Geographie aussi, S'y rencontreront, dieu mercy ; Avecque leur Philosophie, De leurs mots l'ethimologie, Et cent histoires, que je croy Qui plairont fort en bonne foy. Mais ce qu'il faut que chacun prise, C'est qu'on y verra la devise De celles qui par leur esprit Sont dans le Monde en grand credit ? De plus, & c'est sans railleries, L'on y verra leurs Armoiries, Et ceux qui sçavent le Blazon, S'y divertiront tout de bon, Et pourront voir de cette sorte Ce que chacune d'elles porte. Ce livre sera d'importance Et les Pretieuses de France, Aussi-tost qu'elles le liront Sans doute s'y reconnoistront. Tellement, que l'on peut bien dire Que quand la clef on en aura Beaucoup, on s'y divertira. Aux gens curieux il doit plaire Mais retournons à nostre affaire Et voyons nostre Madrigal. Ça prenez donc cette escritoire, J'ay quelques Vers en ma memoire, Qu'en parlant à vous, j'ay trouvez Je crains de les perdre, escrivez. Attendez, que rien ne vous presse, Il faut un tiltre à cette piece. Mettez ce tiltre spetieux. Madrigal en vers Pretieux. C'est fait, continuez d'escrire, N'aguerre un mary, dans l'empire…… Oüais, je me suis embarassé, Que ce vers là, soit effacé. Un mar…….non je resve sans doute, Rien que le premier vers ne couste, Et dés que je l'auray trouvé Nous aurons bien-tost achevé. Je le tiens sans doute, ou je meure, Escrivez donc & tout à l'heure. L'autre jour un mary, causoit Avec sa femme, & luy disoit Dedans l'empire des œillades. Que ces parolles sont mignardes ? Certes de semblables discours Expriment tout à fait le Cours. Dans ce lieu soit belle ou camarde, Chacun de son costé regarde. Et l'on voit chacun, accorder Qu'on n'y va que pour regarder. Il est donc, quoy qu'on puisse dire, Bien dit des œillades l'empire. Je vois que vous cherchez à faire assauts d'appas, Elle sans songer dit, ne t'en estonne pas, Car les baisers permis son fades. Luy d'abord, tout comme un Argus… Mes discours seroient superflus Pour pouvoir icy vous d'escrire Ce que ce mot d'Argus, veut dire ; Puisqu'il est desja sçeu de tous Qu'Argus, signifie un Jaloux, Et sans aucune incertitude Luy dit, vous n'y reviendrez plus Et contre elle d'abord poussa le dernier rude. Ces Vers sont faits avec estude. Je puis aisément le prouver, Puisqu'on ne peut jamais trouver De façon de parler plus claire, Pour dire se mettre en colere. Mais c'est fait, lisez. Que ces Vers ont de plenitude.             Je voy Ce que par là vous voulez dire, Et je m'en vais vous en instruire. C'est qu'on y voit dessus la fin Par un tour delicat & fin, Sans qu'elle y paroisse forcée, Une maniere de pensée. Certes je ne puis m'en deffendre Tant vous m'en priez de grand cœur. Bon Dieu ! sans le Dictionnaire Qu'on a fait & que l'on doit faire, J'estois ma foy pris comme un sot ? Car je ne sçeus jamais un mot De cette langue que j'enseigne, Mais il ne faut plus que je craigne, Puis qu'avecque quatre grand mots L'on duppe souvent bien des sots ; Mais allons sçavoir si nos drolles Ont joüé comme moy leurs roolles, Et si Monsieur, le deputé A force Ducats apporté. **** *creator_somaize *book_somaize_procesprecieuses *style_verse *genre_comedy *dist1_somaize_verse_comedy_procesprecieuses *dist2_somaize_verse_comedy *id_pancrace *date_1660 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_pancrace Cher amy, que je suis joyeux De vous rencontrer en ces lieux : Il faut pourtant que je vous fasse Des plaintes, quand je vous embrasse Et que je demande pourquoy Vous n'estes pas venu chez moy, En arrivant en cette ville, Establir vostre domicile Sçachant avec combien d'ardeur Je suis vostre humble serviteur ; Et quel procez donc vous ameine ? La responce est-elle propice ? Tout à fait ; car enfin je sçay Que ces Messieurs, à forte teste En respondant vostre requeste, Avecque tant d'agilité Ont fait un coup en verité, Qui par sa grande vigilance Doit estre à tous en evidence ; Puis qu'un mot souvent leur suffit Pour embarasser leur esprit Plus de dix, ou douze semaines ; Mais je vous veux donner mes peines, Et solliciter avec vous : Aussi bien je suis en couroux Contre toutes ces orgueilleuses, Pour dire plus ces Precieuses, Que j'allois perdre, Dieu le sçay, Si vous n'aviez pas commencé ; Vous sçavez bien que dix années, Favorisé des destinées, J'ay suivant ma profession, Enseigné dedans la maison, Avec honneur, & dans la ville, D'une manière fort facille, La langue Italienne, avec L'Espagnolle, sans nul eschec, Et pareillement la Françoise ; Cependant je vois qu'on dégoise Aujourd'huy pour me ruïner Un jargon, qu'on doit condamner. Que mes escoliers se dépitent, Qu'il s'en faut peu qu'ils ne me quittent. Et que lors qu'à quelque estranger, Qui me fait souvent enrager, J'ay bien souvent donné mes peines L'espace de quelques semaines ; Mais non pas sans bien me fascher, Afin de luy faire escorcher, Le François, qu'il tasche d'apprendre, Il me vient dire, pis que pendre Et crier d'un ton outrageant Que je luy volle son argent, Et qu'il s'est veu parmy des femmes, Des illustres, des belles ames, Qui parloient un patois, sa foy, Qui ne s'apprenoit point chez moy. Que mesme il avoit fait despence Et qu'il dit estre d'importance, Acheptant des Livres nouveaux, Que tout le monde trouve beaux, Intitulez, les Pretieuses, Pretieuses, pour luy fascheuses, Puis qu'il n'y peut connoistre rien. Ah ! sans y long-temps ruminer, Je trouve la chose facille Tout en est plein dans cette ville Et puis, je sçay bien à peu prés Où quelqu'une loge icy prés. Nous ferons icy nostre affaire Monsieur, & nous n'avons que faire D'aller en d'autre lieux courir : Nous le ferons bien discourir Sy nous pouvons avec addresse Malgré le couroux, qui nous presse Cacher, ce qui nous fait venir. Et moy de mon costé Monsieur, Je vous rends graces de bon cœur. Au moins, je vous puis asseurer Et puis mesmement vous jurer, Que vostre Sergent, ou je meure, Vous expedira tout à l'heure ; Car je connois cét homme-là Et je l'ay choisi pour cela, Et maintenant je vous annonce Que vous aurez bien-tost responce, Et qu'il aura fait son devoir. C'est sans doute bien le connoistre Que de …… Arrestez il va tout conter. Escoutons, sans plus le distraire. C'est tres-bien pour le premier coup. Allons viste, l'heure nous presse. Vous devez estre fort joyeux D'avoir destruit le Pretieux, Et d'avoir pû dessus tant d'ames Sur tant d'opiniastres femmes Remporté le dessus. Peut-estre, mais je vois enfin Que vous n'estes pas le plus fin, Que ce n'est que vous qu'on balotte Et qu'on fait servir de marotte. **** *creator_somaize *book_somaize_procesprecieuses *style_verse *genre_comedy *dist1_somaize_verse_comedy_procesprecieuses *dist2_somaize_verse_comedy *id_ergaste *date_1660 *sexe_masculin *age_sans-age *statut_serviteur *fonction_valet *role_ergaste Je viens vous prier d'une grace. Pour vous dire donc ce que c'est. Je viens icy par ordre expresse D'une incomparable Duchesse, Vous prier que de vostre mieux Vous tourniez en vers Pretieux, Ce Madrigal là tout à l'heure.         Mot à mot, Mais…… Mais l'on vend un Dictionnaire, Qui la doit contenir entierre. Qu'on aura de contentement A lire un Livre si charmant. Bon Dieu ! qu'on aura de quoy rire. Ah ! je crois que chacun sans doute, Ou par ma foy je n'y vois goutte, Pour sa ratte bien dilater Viendra promptement l'achepter. Ma foy nous ne ferons pas mal.         Je le veux. MADRIGAL EN VERS PRETIEUX. L'autre jour un mary causoit Avec sa femme, & luy disoit Dedans l'empire des œillades. Je vois que vous cherchez à faire assauts d'appas. Elle, sans songer dit, ne t'en estonne pas, Car les baisers permis sont fades. Luy d'abord tout comme un Argus, Et sans aucune incertitude Luy dit vous n'y reviendrez plus, Et contre elle aussi-tost poussa le dernier rude. Les derniers ont je ne sçay quoy Qui n'est pas dans les miens. Vous avez raison en effect. Pour moy j'en suis tres-satisfait Et la personne qui m'envoye, N'aura tantost pas peu de joye De vois ses vers selon ses vœux Si bien tournez en Pretieux. Mais Monsieur, s'il vous plaist de prendre. Adieu jusqu'au revoir Monsieur. **** *creator_somaize *book_somaize_procesprecieuses *style_verse *genre_comedy *dist1_somaize_verse_comedy_procesprecieuses *dist2_somaize_verse_comedy *id_patrice *date_1660 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_patrice Ma foy, je ne vous voyois pas, Et j'allois chez vous pour vous dire, De vous apprester à bien rire. Nostre homme, enfin arriva hier, Et m'est desja venu prier De luy répondre sa Requeste, Regardez si vous estes preste, Et si vous avez aujourd'huy Le temps de plaider contre luy ? Croyez-moy, si l'on le surprend Le plaisir en sera plus grand, Et nous le verrons se confondre Sans sçavoir par où nous répondre. Mon Dieu ! qu'il sera tantost sot ; Tous nos gens ont desja le mot, Et je vous donne ma parolle Que chacun joüera bien son roolle, Et que Professeurs, & Sergens Ne paroistrons pas negligens ; Mais marchons je le vois paroistre. Enfin nous voicy tantost Juges. Il viendra, car je luy dis hier Aussi-tost qu'il me vint prier De luy respondre sa requeste ; Que l'Academie estoit preste De luy servir en tout d'appuy, Et que de son corps aujourd'huy Elle en choisiroit trois ou quatre Qui viendroient l'entendre combattre A force de raisonnement Sa partie, & qu'asseurement Il auroit l'honneur, & la gloire D'emporter une ample victoire. Tenons donc nostre gravité.             Les voicy. Cessez donc la vexation, Nous faisant exhibition Chacun à part de vostre cause. Non, l'affaire est trop d'importance, Il faut l'entendre tout du long. Nous examinerons l'affaire. Mais parlez, nous vous escoutons. Avez-vous de quoy repartir ? Oüy le differend des Parties, Leurs differences & reparties Nous ordonnons selon vos vœux Que le langage Pretieux, Par Arrest celebre, authentique Et de plus encor juridique, Soit cassé, brisé, mis à mort Dans les lieux de nostre ressort : Faisons mesme en cette sceance Aux Pretieuses de la France, Tres expresse inhibition, De ne plus parler ce jargon, Ny de s'en plus servir à peine De ne jamais lireArtamene, Ny mesme aucun autre Romant, Ou pour un plus dur chastiment Que le lit, desdites femelles Soit des deux costez sans ruelles, Et qu'il soit mesmement placé Sans estre du tout exaucé. **** *creator_somaize *book_somaize_procesprecieuses *style_verse *genre_comedy *dist1_somaize_verse_comedy_procesprecieuses *dist2_somaize_verse_comedy *id_anaxarite *date_1660 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_anaxarite Mais encore sçavez-vous bien Si nostre homme icy se doit rendre Et s'il ne fera point attendre. C'est desja nostre Deputé. N'interrompez point sa harangue, Et que devant nous vostre langue Se tienne un peu plus en repos. **** *creator_somaize *book_somaize_procesprecieuses *style_verse *genre_comedy *dist1_somaize_verse_comedy_procesprecieuses *dist2_somaize_verse_comedy *id_aristime *date_1660 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_aristime Nous pourrons servir de refuges A ceux qui n'ont besoin de rien. Attendons-le donc à loisir, Puisque nous aurons un plaisir Qui certes, n'est pas ordinaire. Mais quelqu'un vient, il nous faut taire. Cessez ce debat entre vous, Il faut du respect devant nous. Pensez bien à ce que vous faites Et songez aux lieux où vous estes. **** *creator_somaize *book_somaize_procesprecieuses *style_verse *genre_comedy *dist1_somaize_verse_comedy_procesprecieuses *dist2_somaize_verse_comedy *id_epicarie *date_1660 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_epicarie Hem, ou courez-vous de ce pas ? Ouy j'ay tousjours le temps de rire ; Mais il ne sçaura que nous dire, Il le faut laisser reposer Si nous voulons l'oüyr jazer ; Car je croy qu'il aura sans doute Tout oublié pendant sa route. C'est signe que je n'ay pas tort. Peut-estre ! Pour le finir je suis venuë, Assez pour sur vous pouvoir mordre ? Vous voulez estre trop sçavant. Mais pour mieux pousser sa partie, Pour la rendre sans repartie Tout du moins je croy qu'il faudroit… Ne l'ayant pas peu voir encore, Vous voulez bien que je l'ignore. Je crains, mais c'est pour autre chose. Messieurs, je m'en vais en deux mots Mettre son esprit en repos, Faites qu'on me donne Audiance. Mais au moins Messieurs, songez donc Que bon droit vous me devez faire. Oüy je suis preste de respondre Et mesmement de le confondre, Et sans parler hors de propos Je m'en vais Messieurs, en deux mots, Afin de deffendre ma cause Donner dans le vray de la chose. Je dis donc, Messieurs, en deux mots Qu'il n'a rien dit de patetique Qu'on ne voit rien de plus inique Rien mesme, qui selon mon sens, Soit plus contre le droit des gens Que de vouloir oster aux femmes, La langue, puis qu'enfin sans ames Elles vivroient asseurément Plutost que sans langue un moment. L'on sçait de science certaine Que c'est là leur vray patrimoine, Que pour en amoindrir les droits L'on n'a point encor fait de loix Dedans Villages, Bourgs, ny Villes, Puis qu'elles seroient inutiles. Cette seule raison pourroit Prouver suffisamment mon droit ; Mais je ne puis encor me taire Et je poursuis. Sa cause entiere S'estend sur les troubles passez Dont il nous croit fort menacez, Par la confusion des langues. Comme si Paris maintenant Craignoit quelque mal surprenant, Parce qu'a present l'on y parle Comme on fait au Maine, & dans Arle, Et qu'on y parle aussi Gascon, Normand, bas-Breton, Bourguignon, Hollandois, & de plus encore, Italien, Grec, Latin, More, Espagnol, Polonois, Flamand, Persan, Turc, Hebreux, Allemand, Picart, Chaldeen ; pour le reste J'en dis & cetera. Je croy Messieurs, par cét exemple Aussi puissant comme il est ample, Avoir prouvé suffisamment Et mesme intelligiblement, Que la quantité de langages Ne sçauroit causer de dommages A Paris, ny dans d'autres lieux : Reste à voir si le Pretieux, Qui maintenant est en usage Est un bon, ou mauvais langage. Or si nous pretendons le voir Il faut auparavant sçavoir, De quels gens il a pris naissance. Il nacquit l'an six cens cinquante, Et de chacun trompa l'attente ; Car j'ay de notables tesmoins Que l'on ne songeoit à rien moins. Des femmes, enfin l'enfanterent Et trente-neuf ans, le porterent ; Mais voyez quelles elles sont, Quel est le renom qu'elles ont. Elles ressemblent aux Abeilles Hormis que c'est par les oreilles Qu'elles ont pendant tout le temps Des dusnotez trente-neuf ans, Succé tous les discours des Poëtes, Des cervelles les plus parfaites, De tous ceux qui par leur espris Sont dans le Monde en grand credit, Des plus galands portes soutanes, Des Courtisans, des Courtisanes, Des gens d'espée, & du bareau. Des Messieurs de l'Academie, De qui la gloire est infinie, Et dont vous estes aujourd'huy Afin de me servir d'appuy ; Jugez donc Messieurs, si ces femmes ; Si ces belles & grandes ames, Apres avoir le suc tiré Et tout le jus bien pressuré De maint illustre personnage Ne pouvoient pas faire un langage Et si loings de les condamner Vous ne devez pas ordonner Que Ribercour, quoy qu'il demande, Quoy que contre nous il pretende, Soit & sans prerogation Deboutté de son action, Comme estant frivole & inepte.         Tout doux Peut-estre aurez vous le dessous, Et cecy me fera justice En despit de Monsieur Patrice, Qui sans trop bien sçavoir pourquoy Vient de prononcer contre moy. **** *creator_somaize *book_somaize_procesprecieuses *style_verse *genre_comedy *dist1_somaize_verse_comedy_procesprecieuses *dist2_somaize_verse_comedy *id_suivante *date_1660 *sexe_feminin *age_sans-age *statut_serviteur *fonction_servante *role_suivante Qu'est-ce ? Moy, pour changer l'action J'insinuërois bien sur ta joüe Un soufflet. **** *creator_somaize *book_somaize_procesprecieuses *style_verse *genre_comedy *dist1_somaize_verse_comedy_procesprecieuses *dist2_somaize_verse_comedy *id_rodogine *date_1660 *sexe_feminin *age_jeune *statut_maitre *fonction_fille *role_rodogine Le beau debut que voila ! Que vous avez l'ame grossiere, La forme avant, dans la matiere ; Ah ! mon cher que vous este dur, Et qu'il fait dans vostre ame obscur. Et quel est donc ce deputé ? Justes Dieux ! que je suis surprise De cette maudite entreprise ; Mais encore, est-ce tout de bon ? J'ay donc en vain vuidé ma bourse, Et mon pauvre argent sans resource Est donc pour tout jamais perdu. Ah ! je voudrois qu'il fut pendu Ce chien, cét enragé, ce traistre, En un mot, ce diable de Maistre, Qui m'a si souvent asseuré, Et qui m'a tant de fois juré, Que ce magnifique langage Auroit le puissant advantage De ne pouvoir mourir jamais. Vous n'este qu'un maistre de balle, Qu'un ipertinent, qu'un jazeur, Qu'un traistre, ny qu'un imposteur, Je ne viendray pas davantage, L'on va casser vostre langage. Ce que je dis est asseuré, Car enfin l'on me l'a juré, Et sur ce qu'on m'a dit, je gage Qu'on cassera vostre langage. J'ay bien un autre soucy, Et si vous me voyez icy, Ce n'est que pour vous faire rendre L'argent, que vous voulustes prendre Alors que je vins en ces lieux Pour apprendre le Pretieux : Car enfin puisque ce langage Doit estre bien-tost hors d'usage, Il est raisonnable qu'enfin Vous me rendiez mon saint-crespin. Ah ! ce n'est pas là nostre affaire, Tout cela n'est ny beau, ny bon, L'argent, fait nostre question ; Mais quoy donc ? vous branlez la teste, Et vous n'avez pas la main preste A m'en avindre promptement. Ah ! je m'en vais presentement, Afin de vous estre contraire Plaider de la belle manière, Et me joindre dans mon couroux A ces Messieurs, qui de chez vous Viennent de sortir tout à l'heure : Car de leur Valet, ou je meure, J'ay sçeu qu'un d'eux n'estoit icy Qu'afin de prendre le soucy, De faire par toute la Terre Une longue, & mortelle guerre A toutes celles, & tous ceux Qu'on prendra parlant Pretieux.