**** *creator_vade *book_vade_veuveindecise *style_verse *genre_opera comique *dist1_vade_verse_opera comique_veuveindecise *dist2_vade_verse_opera comique *id_ALISON *date_1759 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_alison D'un triste veuvage Je voudrais sortir : On peut, à mon âge, Recevoir l'hommage Qu'offre le plaisir. Colin en partage Prétend m'obtenir ; Mathurin fait rage, Et veut mettre ombrage À son désir D'un dur esclavage L'Amour dédommage. Qui des deux choisir ? Mais je présage Que le repentir Pourrait venir. Allons à ce sujet consulter ma cousine, et profitons de ses conseils. Pourquoi donc tout ce vacarme ? Mais vraiment cela me fait honneur. Pourquoi donc ? Cela t'est bien aisé à dire ; mais je considère bien des choses. Ce n'est pas un marché d'un jour ; j'ai le bonheur d'être veuve : si j'étais sûre de l'être une seconde fois, je n'y regarderais pas de si près. Te vais faire un heureux. Je vais choisir. Mais ! Mais ! Oh ! Non, ma foi. Oh ! non, ma foi. Oh ! Plus vous me pressez, moins je pourrai me décider. Donnez-moi du moins le temps de réfléchir. Votre caractère Est vif et sincère Votre amour constant Mérite assurément Que l'on vous préfère À tout autre Amant. Ta flamme m'est chère ; Chut ! C'est un mystère : Ton amour constant Mérite assurément, Que l'on te préfère À tout autre amant. Que pour me plaire Chacun persévère : Peut être un bon moment Finira le mystère. Un coeur qui diffère Agit prudemment. Suson, conseille moi. J'aurais bien aimé Mathurin, mais, non ; il me semble que tu as raison : Colin est mieux mon fait. Va je te prends. Suson, ai-je bien fait ? Mathurin va faire le diable. Il est riche et puissant dans le village. Il peut nous nuire, et je crains... Oui, oui, je serais mieux... C'est que... C'est que... Tiens, il faut te le dire, Colin ne m'aura pas. C'est vrai ; mais j'ai eu tort. Mais il n'a rien. Tu as beau dire, je crois pourtant que Mathurin ferait mieux mon affaire. Dis-lui que je veux lui parler. Il est convenable Qu'une femme raisonnable, Quand il s'agit d'un choix, Regarde à deux fois. Colin est aimable, Je m'en aperçois ; Mais Mathurin est agréable Hélas ! Pour chacun ! Mon coeur est sensible. Des deux que n'est-il possible De n'en faire qu'un ? Colin gémira; Mais enfin n'importe: Mathurin l'emporte, Il m'épousera. Oui, cela est vrai. Quoi ? Oui, cela est vrai. Elle est entre nous mutuelle. Ne tarde pas. Volontiers. Oui. Oui. Oui, oui, ne crains rien. Je n'y pense que trop. Je ne sais... mais... Pourquoi non ? Il y va de ma liberté. Qu'est-ce que cela te fait ? Tu peux t'engager, si tu veux. Je suis encore indécise. Mathurin m'aime, il est vrai. Il est riche, j'en conviens ; mais il est si délicat... Un mari comme celui-là ne durerait pas six mois. Mais je te l'ai dit, il n'a pas de bien. Ne pense pas rire, chacun d'eux n'a que la moitié des qualités que je voudrais trouver dans un mari, et c'est ce qui cause mon embarras. En ce cas, choisis toi-même qui tu voudras ; car je ne veux plus ni de l'un ni de l'autre. Pourquoi faut-il doubler le pas ? Mathurin. Bon ! Quel conte ! Plaît-il ? Ô Dieux ! Quelle insolence ! Quelle impudence ! Ah ! Peut-on voir Un trait plus noir. Tous trois d'intelligence Tramer mon désespoir ! Au mois d'avance Il fallait savoir Que votre inconstance Romprait l'alliance Qu'on me faisait prévoir. Taisez-vous. Oui-dà. Non pas, ma mie, Gardez vos noeuds ; Celui qui vous lie Flatte trop vos voeux : Je suis ravie Qu'un tel amoureux Enfin justifie L'excès de vos feux. Mais moi, je veux N'aimer de ma vie; J'en jouirai mieux. Je suis ravie Qu'un tel amoureux Enfin justifie L'excès de vos feux. Toi ? Tu l'aimes donc ? Perfide. Écoute moi donc. Colin ? Viens donc, j'ai quelque chose à te dire. Touche-là, je te donne la préférence. Non, c'est parce que je t'aime. Oui. J'en fais serment. **** *creator_vade *book_vade_veuveindecise *style_verse *genre_opera comique *dist1_vade_verse_opera comique_veuveindecise *dist2_vade_verse_opera comique *id_SUSON *date_1759 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_suson Pourquoi donc tout ce bruit ? Ils ont raison ; pourquoi ne pas se déterminer ? Quoi ? Tu plaisantes, mais il faut une fin. Lequel des deux.... Décide-toi. Quoi ! Toujours balancer ! C'est bien dit. Que ne prends-tu Colin ! Oui, j'approuve ton choix ? À quoi rêves tu ? Eh ! Bien ? Bon ! Autre caprice ! Et tu viens de le lui promettre. Que peux-tu lui reprocher. Il est jeune, il t'aime.... Dans le Mariage À quoi sert le bien ? L'Epoux qui n'a rien Est beaucoup plus sage, Est bien moins volage. L'époux qui n'a rien Jamais ne partage. Un tendre langage, C'est de tout ménage Le plus doux lien. Toujours empressé. Jamais courroucé, Le mari demande ; La femme commande, Et voit les plaisirs Prévenir ses désirs. Quel esprit indécis ! J'y cours de ce pas. Eh ! Bien, cousine, es-tu contente ? Ton choix est donc fait ? Quel effort ! Et c'est sans retour ? Au bout du compte, tu as fort bien fait. Eh ! pourquoi tant attendre, S'il faut passer par là ? Le soin de se défendre Ne sert pas de cela. C'est un meuble nécessaire Que d'avoir un époux. Au hasard pourvoyons-nous, Le choix n'avance guère. Volages et jaloux, Ils se ressemblent tous. Il nous faut au village Un mari jeune et dodu. À cela près, femme sage Prend le premier venu. Cousine, allons de la gaieté, pense à ton hymen. Comment ! Tu ne voudrais pas te dédire, peut-être? Mais, tu deviens donc folle ? Tout comme il vous plaira. Je ne vous conçois plus. Mais enfin, pour qui penches-tu ? C'est donc pourquoi il faut s'en tenir à Colin. Si ces deux-là ne te conviennent pas, cherches en un troisième. Il faut te décider. J'attends que tu aies fait ton choix pour faire le mien, et je m'en ennuie à la fin. Un aveu mérité Pénètre, enchante, Quand il est dicté Par la sincérité. La grâce touchante De l'ingénuité, Toujours augmente La beauté ; Mais la plus charmante Qui suit la pente De l'inégalité, N'est jamais contente; Une flamme inconstante Sans cesse épouvante La volupté. C'est bon ; chacun de son côté s'imagine avoir réussi. Oui, oui, le chose est fort plaisante. Hé bien ! Ils sont perdus. C'est qu'à vous deux ma cousine renonce. Eh ! Bien, tiens, si tu veux..... Ma cousine fait une sottise ; je me garderai bien de l'imiter. Alison, viens donc vite. Mathurin. C'est en honneur. Dame, arrange-toi donc. Tu le veux, puis tu ne le veux plus. Après cela tu le regrettes ; on n'a jamais vu d'esprit comme le tien. La chose n'est pas faite ; si tu veux, je te céderai mes droits. Ne crains rien ; c'est pour l'amener où nous voulons. Eh bien ! Le coeur t'en dit-il ? Moi, je prendrai Colin. **** *creator_vade *book_vade_veuveindecise *style_verse *genre_opera comique *dist1_vade_verse_opera comique_veuveindecise *dist2_vade_verse_opera comique *id_MATHURIN *date_1759 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_mathurin Oui, te dis je ; son penchant pour moi la détermine. N'y prétends pas. De ma richesse Elle fait cas N'y prétends pas. De ma richesse Elle fait cas. Tiens, crois-moi, cesse Ces vains débats ; N'y prétends pas. Mais quel droit as-tu pour y prétendre ? Moi ? J'étais l'ami du défunt ; elle m'aimait aussi dès ce temps-là : ainsi j'ai pour moi l'ancienneté. Arrange-toi comme tu voudras, mais je n'en démordrai pas. Eh ! Mais ! Tu veux donc te faire frotter ? Par moi. Ah ! voyons donc ; C'est tout de bon : Pauvre garçon ! Tais-toi, poltron. Commence donc : C'est tout de bon. Pauvre garçon! Tais toi, poltron, Poltron, poltron. C'est lui qui veut me disputer ton coeur. C'est votre faute aussi. Sans doute il faut une fin. À mon amour Cède en ce jour. Ah ! Je le crois, Ce sera moi ? Quoi ! Oh ! Je le crois, Ce sera moi ? Il n'y a qu'un mot qui serve. Voyons. Quel aveu charmant! Ô Dieux ! Quel tourment ! Ingrate ! Sur un tel caprice je vais réfléchir à mon tour. Suson vient de me dire que vous vouliez me parler. Et est-il vrai encore ce qu'elle m'a dit ? Que vous aviez, enfin, rendu justice à mon amour. Ah ! Si tu savais à quel point ma flamme... Chère Alison, Mon coeur gémissait. Palpitait Dans le doute : Mais le plaisir devient bien plus flatteur Par les peines qu'il coûte. Ah ! Combien ce soir, Je vais en avoir À te posséder toute ! Je t'embrasserai, Te dorloterai ; Je te conterai, Je t'endormirai, Je te bercerai, Te réveillerai, Puis je te dirai, Tout ce qui te flatte : Ton oeil guilleret, Dont le feu me plaît, Autant m'en dira: Tout pour moi sera. Je vais tout disposer pour notre Mariage. Je reviendrai bientôt. Souffre que sur ta main mon amour prenne un gage, Mon rival sera ma foi bien sot. Je te fais compliment. On se rend à tes voeux. Il pense l'épouser. Je ne puis m'empêcher de rire. On la lui garde, Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ce minois là. L'épousera Tiens, tiens, regarde Vois-tu cela ? On t'en ratissera. C'est lui qui l'aura. Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ce bijou-là L'emportera. Tiens, tiens, regarde Vois-tu cela ? On t'en ratissera. Tiens, vois-tu : si Alison ne prononce pas en ma faveur, je perds cent écus. Pourquoi donc ? Ah ! La diablesse ! Pauvre Colin ! Notre tendresse A même sort, Et la tigresse Nous met d'accord. Elle a tort. Morgué, v'là qu'est fini, je n'y pense plus. Si je veux... Oh ! Si tu veux toi-même : je ne demande pas mieux ; accepte ma main. Eh ! Non, non, ce n'est point un conte. Mais qu'est-ce que vous faites donc, vous, à votre tour ? Si tu lui donnes encore le temps de la réflexion, elle pourrait bine se dédire. Jarni ! Prends-là au mot. Ne faisons qu'une seule noce pour nous quatre, et vive le joie. **** *creator_vade *book_vade_veuveindecise *style_verse *genre_opera comique *dist1_vade_verse_opera comique_veuveindecise *dist2_vade_verse_opera comique *id_COLIN *date_1759 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_colin Oh ! Je suis sûr que c'est moi qu'elle va couronner. N'y prétends pas ; Car ma tendresse Vaut tes ducats. N'y prétends pas ; Car ma tendresse Vaut tes ducats. Je veux sans cesse Suivre ses pas; N'y prétends pas. Eh ! Quel droit as-tu, toi, de me la contester ? Oh ! Moi, c'est depuis son veuvage qu'elle m'aime ; ainsi j'ai pour moi la nouveauté. Ni moi non plus. Par qui ? Tu le veux donc ? Oui, tout de bon : Pauvre garçon ! Tais-toi, poltron. Commence donc : Oui, tout de bon. Tais-toi, poltron ; Tais-toi, poltron, Poltron, poltron. C'est lui qui prétend l'emporter sur moi. Sans doute, depuis six mois que vous nous bercez d'espérance. Eh ! Faut-il tant barguigner ? Dites-nous vos sentiments une bonne fois. Que mon ardeur Touche ton coeur. Ce sera moi ; J'aurai sa foi. Décide-toi, Décide-toi. Quoi ! Ce sera moi, J'aurai sa foi. Que de façons ! Parlez. Ah ! Dieux, Quel tourment! Quel retour charmant ! Jarni, pourquoi faut-il que je sois amoureux ? Que voulez-vous qu'elle vous dise ? C'est votre coeur qui doit vous conseiller. Que je suis satisfait ! Oh ! Tatigoi, vous ne vous repentirez pas de la préférence que vous me donnez. Oui, c'est un parti sage : Alison sait choisir ; Car je puis en ménage Remplir tout son désir. Je suis homme à l'épreuve, Un vrai mari de veuve. Demandez au Canton Si je suis bon luron, Si je suis franc garçon ; On ne vous dira pas, non : Car je puis en ménage Remplir tout son désir. Déjà mon coeur nage Dans le plaisir Je suis homme à l'épreuve, Un vrai mari de veuve. Demandez au canton Si je suis bon luron, Si je suis franc garçon ; On ne vous dira pas, non ; Et tous à l'unisson Vous diront : Colin est bon, Bon, bon, bon, bon. Ne craignez rien. Je vais l'observer. Oh ! Je te félicite. Point du tout ; c'est à ton mérite. Il croit l'emporter sur moi. Parbleu ! Je veux m'en divertir. J'y consens. Ah ! La tigresse ! Pauvre Mathurin ! Notre tendresse A même sort, Et la tigresse Nous met d'accord. Très tort. Vous avez raison. Bon ! Mon rival me laisse le champ libre ; quand je serai tout seul, il faudra bien qu'Alison me choisisse. Mais la voici. Épouse ta cousine. Pourquoi donc cela ? Vous êtes si bien ensemble ; et pargué, tenez vous y. Fi donc, encore une fois. Vous avez raison ; aussi bien quand vous le voudriez, je ne le voudrais plus. Non, et je vais de ce pas trouver Claudine. Oh ! Que cela ne vous inquiète pas. À la bonne heure ; mais j'ai pris mon parti. Non. Adieu. Qu'est-ce que c'est ? Je crois bien, parce que je suis tout seul. Est-il bien vrai ? Puis-je compter sur toi ? Tu as raison. Eh bien ! C'est fait ; allons vite chez le notaire.