**** *creator_villiers *book_villiers_critiquedutartuffe *style_verse *genre_comedy *dist1_villiers_verse_comedy_critiquedutartuffe *dist2_villiers_verse_comedy *id_CLEON *date_(non *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_cleon Je vous plains. Fille trop obstinée ! Je l'ai pressée en vain touchant cet hyménée, Plus rebelle à mes voeux que la fille d'Orgon, Je n'ai pu la soumettre aux lois de la raison. Cependant envers vous ma parole m'engage, Peut-être que le temps nous la rendra plus sage. Nous nous verrons ce soir ; vous m'en voyez confus ; Mais sans doute mes soins fléchiront ses refus. L'on verra qui de nous doit obéir à l'autre. Ils sont en bonne forme, et signés de notaires. Ton discours est autant dépourvu de raison, Que celui de Cléante envers son frère Orgon. Dans le mauvais dessein que sa haine médite, Il ose déclarer le Tartuffe hypocrite, Sur ce que quand il prie, il brûle de ferveur, Qu'il se prosterne en terre, humiliant son coeur, Qu'il partage les dons qu'on lui fait par aumône, Qu'ennemi du pêcheur, il l'instruit et le prône ; Et quoique les dévots en agissent ainsi, D'abord son jugement condamne celui-ci. Scrutateur de son coeur et de sa conscience, Son caprice dément la plus claire apparence ; Et sans rien alléguer qui prouve sa noirceur, Il veut que sur sa foi l'on le croie imposteur. Ta malice en ce cas n'a rien de moins énorme ; Parce que ces contrats sont en fort bonne forme, Tu veux en m'aveuglant, que sans savoir pourquoi, Je suis persuadé qu'ils sont faux comme toi. Ah ! Quelle impertinente ! La servante d'Orgon n'est pas plus impudente. Je te pourrai donner un soufflet effectif ; Et je saurai si bien ménager la mesure, Que ma main tout à point trouvera ta figure. Si tu m'étourdis encor par ton jargon, Tu verras que je suis bien plus adroit qu'Orgon. Tu ne m'apprendras pas à connaître Lisandre, Il mérite au delà de devenir mon gendre ; Je le crois, il est noble, et j'en dois convenir, Mais l'autre a ma parole et je lui veux tenir. Tes douleurs m'ont touché, je me sens attendrir ; Va, mon dessein n'est pas de te faire souffrir, Et quoi que fasse Orgon, je soutiens impossible Qu'un père en cet état ne se rende flexible. La pitié dans nos coeurs usant de trahison. Aux lois de la nature asservit la raison. Quelque forts intérêts qui séduisent notre âme, Cette même nature en leurs mains nous réclame, Et surprend d'autant plus aisément notre coeur, Qu'elle ne nous combat qu'à force de douceur. À tes soupirs enfin tu me vois exorable, Et puisqu'un tel hymen te rendrait misérable, Que Lisandre est l'objet de tes voeux les plus doux, Crois-moi, dès aujourd'hui tu l'auras pour époux. Que la douleur en toi fasse place à la joie. L'éloge est de Tartuffe ; ô la belle louange ! Je suis un homme, enfin. As-tu de la raison ? Pour imiter Orgon, tu n'en es pas moins folle. À me sauver l'honneur. Manquerai-je à Panulphe, en rompant cette affaire ? C'est un crime si noir que violer sa foi !... Peut-on du mal d'autrui charger sa conscience ? Dans le rang où je suis, ma gloire m'intéresse, Et je crains qu'un tel tour ne fasse trop d'éclat. Ah ! Ne m'allègue plus pour exemple un tel homme, Crois-tu que comme lui j'eusse assez peu de foi, Pour oser préférer un bigot à mon roi ? M'étant donc engagé touchant cet hyménée, Je ne puis retirer ma parole donnée. Va, ne résiste plus, ma fille, à m'obéir ; Acceptant cet époux, tâche à le moins haïr. Tu vois que de tout sort telle est la loi sévère, Puisqu'enfin il y va de l'honneur de ton père. Voudrais-tu me trahir ? Et puisque je le veux, Rends ton âme insensible à l'ardeur de ses feux. À d'autres. Derechef, vous voulez me surprendre ; Pour ouïr vos douleurs, je porte un coeur trop tendre. Aisément la pitié peut encor l'envahir. Hé ! Si le dur Orgon que l'on vit se trahir, N'avait pas de sa fille écouté la souffrance, Il n'aurait pas pêché contre la vraisemblance. Ses pleurs sont superflus. Vous ne m'y tenez plus. Avez-vous pris dessein de ne jamais cesser ? Ah, je sais un moyen pour me débarrasser. Si je romps cet hymen, je veux bien qu'on m'assomme. Ah ! Monsieur, de ce pas je venais de chez vous. Quoi, ce pauvre poète ! Comme il faut qu'on le traite. Hé ! Que direz-vous donc de notre auteur du temps ? Le pauvre homme ! Et l'autre auteur ? Le pauvre homme ! Je sais que c'est à tort qu'il a des envieux. Que diable ! S'il pouvait, ne ferait-il pas mieux ? Et quoiqu'il plaise à faux, en est-il moins louable ? Je sais qu'il fait des vers qui le rendent pendable ; Que tous ses incidents chez lui tant rabattus, Sont nés en Italie, et par lui revêtus ; Et dans son cabinet, que sa muse en campagne Vole dans mille auteurs les sottises d'Espagne ; Mais le siècle le souffre, et malgré ma raison, Le pauvre homme ! Pour moi, je signe son pardon. Quittons donc son chapitre et changeons de langage ; Songeons à mettre fin à votre mariage. Ma fille est encor jeune, et l'hymen luy fait peur ; Mais je veux dès ce soir... Sa famille est son bien. Tais-toi. Disposez-vous enfin à recevoir sa foi. Tu veux donc me voir mettre en colère ? Que j'aurai de plaisir d'accomplir cette affaire. Mais tu tousses bien fort, que veut dire ceci ? Ce rhume n'est-il point un rhume de mystère ? Je... Çà, voyons si ma fille est enfin disposée... Mais, quoi ! Ta toux redouble. Ah ! Malade rusée, C'était donc là le mal qui te causait ta toux ? Qn'entens-je ? De quel nom ?... Oui. Quoi ! Vous êtes Tartuffe ? Dont Molière a si mal régalé les esprits ? Il n'a point d'autre nom ? Tartuffe paraissant, Panulphe n'est donc plus ? Vous ne nous dites mot ! Au moins, daignez répondre. Je n'en puis plus douter, Panulphe est un faux nom. Vous croyez donc en moi trouver un autre Orgon ? Et par de faux contrats pour devenir mon gendre. Sous ce nom emprunté vous vouliez me surprendre ? L'homme est, je vous l'avoue, un méchant animal ! Ô ! Ciel, l'étrange abus que dans le mariage ! Qui sait le mieux duper, passe pour le plus sage ! Qui d'une telle fourbe eut redouté l'effet ? Oui, Monsieur, dès ce soir je vous tiendrai promesse. Peut-on mettre en usage un tel tour de souplesse ? Je ne m'étonne plus, si tantôt en fureur, Son âme s'acharnait à blâmer cet auteur. Selon ce que je vois, n'en déplaise à Molière, Pour vous cette peinture est un peu trop grossière ; C'est vous que son exempt, avec juste raison, Devrait pour vos forfaits, resserrer en prison. Adieu, Monsieur Tartuffe, ayez moins d'imprudence ; D'autres gens pourraient bien punir votre insolence. **** *creator_villiers *book_villiers_critiquedutartuffe *style_verse *genre_comedy *dist1_villiers_verse_comedy_critiquedutartuffe *dist2_villiers_verse_comedy *id_LISANDRE *date_(non *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_lisandre Ah ! Madame, est-ce ainsi que vous vous engagez ? Sous les lois de l'hymen ainsi vous vous rangez ? Dès ce soir, m'a-t-on dit, au gré de votre flamme, D'un autre époux que moi l'on vous verra la femme. L'amour au désespoir aussi fait ce qu'il peut Pour rompre en ma faveur cette fatale affaire. Ah ! Vous y consentez, la preuve en est trop claire, Et je n'en puis douter, vous me manquez de foi. Hé bien, Madame, hé bien, dégagez-vous de moi ; Mais craignez les transports de ma vive colère. Non, non ; mais si j'apprends quel est cet inhumain, Je veux avec plaisir le tuer de ma main. Oui, je veux à longs traits savourer la douceur De lui ravir celui qui possède son coeur, Et que partout son sang... Ne raillons point. Oh ! Qu'entends-je, Madame ! Et serait-il possible ? Ah ! Pardonnez, Madame, aux transports de mon feu, Pardonnez aux soupçons... Ah! Tartuffe ! Bonjour ; comment vous portez-vous ? Quoi ! Son nom vous étonne ? Tartuffe est pourtant le seul nom qu'on lui donne. Oui, mais je suis surpris... Le voilà justement ; mais c'est une injustice, Car quoiqu'il soit sans bien, il n'a point de malice. Non. Quoi ! Panulphe ? Ce nom n'est rien qu'une chimère, Et je le sais fort bien, car j'ai connu son père. Je l'ai vu comme Orgon, ce qu'on appelle vu. Ah ! Qu'entends-je à mon tour ? Tartuffe est mon rival ? Pourrais-je profiter ici de son forfait ? Je ne puis en mérite égaler votre fille ; Mais, Monsieur, vous savez mon bien et ma famille Du moins si je n'ai pas tant de riches trésors, Je ne vous trompe point, paré de faux dehors. **** *creator_villiers *book_villiers_critiquedutartuffe *style_verse *genre_comedy *dist1_villiers_verse_comedy_critiquedutartuffe *dist2_villiers_verse_comedy *id_TARTUFFE *date_(non *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_tartuffe Ils ont eu le succès que j'en devais attendre. J'ai déçu le père avec ces faux contrats. La fille ne l'est pas. Cet hymen la chagrine, et la rend presque folle, Mais son père d'abord m'a donné sa parole ; Il en est si content, qu'en me disant adieu, Il m'a prié tout bas de descendre en ce lieu, Attendant qu'elle soit par lui persuadée... Quoi, pour avoir souffert l'aigreur d'une censure Qui déclare la guerre à toute la nature, Suis-je moins honnête homme, enfin ? Et mon honneur Est-il à la merci d'un calomniateur? Parce qu'un faible effort d'une imaginative A soumis à l'erreur la vérité captive, Que le caprice a su, s'immolant la raison, Confondre la justice avec la trahison, Que des vers rallongés ont été des oracles, Que des oui et des non ont fait crier miracles, Faut-il que ma vertu rencontre son tombeau Dans l'abîme profond du vide d'un cerveaux? Et dépend-elle enfin d'une grossière idée, D'un auteur dont on voit la malice bridée, Et qui par sa cabale, à force de complots, Va gueuser des succès chez la race des sots ? Et si je suis l'objet des crayons du mensonge, Dois-je répondre, enfin, des chimères d'un songe ? Un ouvrage si bas ne me peut attaquer, Ma vie a trop d'éclat pour pouvoir s'offusquer ; Et je ne puis tenir ma conduite offensée, Par les traits languissants d'une veine forcée. Ceux qui me connaîtront, en dépit de ses soins, Seront de ma vertu tout autant de témoins... Quoi ! Peux-tu condamner l'effort d'un misérable Qui tâche à s'affranchir d'un destin déplorable ? Si je suis scélérat, fourbe, malicieux, Mes finesses du moins ne blessent point les yeux ; Mon coeur par mon maintien ne se fait point connaître, Je ne suis point grossier comme on me le fait être, Et lorsque cet auteur voudra peindre les gens, Qu'il mette en ses couleurs un peu plus de bon sens. Du dessein qu'il a pris, l'on voit qu'il se retire, Mon nom seul est l'objet de la froide satire ; Un portrait si confus me ressemble trop mal, Ces traits sont sans rapport à leur original ; Et si dans ces défauts qui choquent la nature, L'on me veut soutenir que ce soit ma peinture, Je pourrai soutenir à mon tour, que l'auteur, Et non celui qu'il peint, lui-même est l'imposteur. Toutefois Licidas doit faire une satire Qui me fera raison de ce qu'il a pu dire. Ah ! Cesse un tel discours, Cléon vient. Comment ? Qu'entends-je ? Juste ciel ! Éclaterai-je ici ? N'éclaterai-je pas ? Quoi ! Tu me trahirais ? Et tu serais capable ?... Pourquoi suis-je en un lieu qu'il faut que je révère, Et qui contraint mon coeur d'étouffer sa colère ! Non, de mes mouvements je ne puis être maître, Et ne puis plus souffrir l'insolence d'un traître. Penses-tu me tromper comme l'on fait Orgon ? Cette ruse grossière... Un bâton... un bâton ! Après ton impudence, Ne te montre jamais, fripon, en ma présence. Coquin ! Pendard ! Infâme ! Ah ! Traître... ingrat... fripon ! Que n'ai-je sur la place assommé ce vaurien ! Je sens que contre lui la fureur me transporte ; Pour l'aller étrangler, permettez que je sorte, J'étais chez Licidas. Comment le traitez-vous ? Ses ouvrages limés surprennent les plus fins, Et jamais on ne voit avorter ses desseins. Guidé par la raison, d'une adresse subtile, Il sait enfin mêler l'agréable à l'utile. Qu'il ravale la scène an gré des ignorants ; Son esprit est si haut branché dans ce qu'il pense, Qu'il ne descend jamais jusqu'à la vraisemblance. L'exemple en est claire en Orgon. Ce Tartuffe à tel point aveuglant sa raison, Que sans examiner si c'est lui qui l'abuse, Il lui donne ses biens dans le temps qu'on l'accuse, Et par un sot dépit, viole en même temps, Le sang, l'amour, l'honneur et la loi des parents. Quoi ! Ne devait-il pas, dans cette conjoncture, Avant que d'arracher son coeur à la nature, Approfondir du moins, le voyant accusé, Si ce crime en effet n'était que supposé ? Licidas ne prend point de pareille licence ; L'on voit dans ses sujets briller la vraisemblance ; Et surtout son esprit, dans tous ses dénouements, Démêle avec tant d'art ses divers incidents, Qu'ayant mis en suspens par d'adroits artifices, Qui le doit emporter des vertus, ou des vices, Au gré de l'auditeur, les vices abattus, Réchauffent le triomphe et l'éclat des vertus. Pour l'autre, il met tout en usage ; C'est pour lui de l'hébreu, que finit un ouvrage ; Dans son invention son esprit transporté, L'injustice à ses yeux passe pour l'équité. Ainsi souvent chez lui la vertu cède au vice, Mais, las ! C'est par erreur, plutôt que par malice. Tartuffe ici nous en fait foi, En fidèle sujet, il va trouver son roi Et l'instruit d'un secret qui le tire de peine ; Mais parce qu'il commence à nuire sur la scène, Pour l'en faire sortir, cet auteur sans raison Fait commander au roi qu'on le mène en prison ; Et contre son devoir, quoi qu'Orgon ait su faire, Et sachant ce secret, quoi qu'il ait su en taire, Qu'il ait blessé par là l'auguste Majesté, Il triomphe, bien loin d'en être inquiété. Qu'importe à cet auteur d'élever l'injustice, Pourvu qu'heureusement son poème finisse. Qu'une telle action est bien digne de toi ; Mais que ne connais-tu le coeur d'un si grand roi ? Tu saurais que ce coeur illustre autant qu'auguste, N'a jamais démenti le beau titre de juste, Que le noble transport de ses beaux monuments Ne confond point ses dons avec ses châtiments ; Que jamais la pitié ne séduit sa justice, Et qu'il ne punit point les hommes par caprice. Que par un tel discours vous ravissez mon coeur ! Je porte sur moi d'un jus fort salutaire. Que je suis confus ! Ô malheur imprévu ! **** *creator_villiers *book_villiers_critiquedutartuffe *style_verse *genre_comedy *dist1_villiers_verse_comedy_critiquedutartuffe *dist2_villiers_verse_comedy *id_LIDIANE *date_(non *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_lidiane Mon père, si jamais votre coeur fut sensible, Si jamais à l'amour on le vit accessible ; S'il vous reste pour moi la moindre affection, Soyez deux fois mon père en cette occasion; En étouffant en vous cette funeste envie, Ce sera me donner une seconde vie ; Car si votre pitié ne fait aucun effort, Le parti que je prends en ce cas, c'est la mort. Oui, j'aime mieux mourir, malgré ma destinée, Que d'accomplir jamais un si triste hyménée, Que de quitter pour prendre un homme que je hais, Lisandre à qui sont dus tous les voeux que je fais. Que la nature en vous réveille sa tendresse, Ne m'abandonnez point aux coups de ma tristesse, Formez en ma faveur de plus justes désirs, Et soyez exorable enfin à mes soupirs. Ah ! Quels remerciements, s'il faut qu'on vous en croie ! Que je ressens de joie en secret dans mon coeur ! Sitôt votre bonté se serait dissipée ? Et par un faux brillant j'aurais été trompée ? Quoi, secouant en vous le joug de l'amitié, L'intérêt triomphant s'immole la pitié Et livrant la nature à votre humeur avare, Peut vous rendre à la fois et parjure et barbare ! Dans votre cruauté, par quelle injuste loi, Pour sauver votre honneur, me manquez-vous de foi ? Car enfin, si pour lui cet honneur s'intéresse, D'achever cet hymen selon votre promesse, M'ayant promis à moi de le rompre aujourd'hui, Ne me devez-vous pas, mon père, autant qu'à lui ? Si l'honneur entre nous tient votre âme en balance, Que la nature emporte au moins la préférence. Mon père, hé ! Si ce nom qui jadis vous fut cher, À des traits assez doux encor pour vous toucher... Hé, de grâce, écoutez... Par tous vos mouvements de tendresse et d'ardeur. Par l'objet le plus cher que vous ayez au monde. Est-il rien sous le ciel d'égal à mon malheur ? Je prendrais un époux pour qui j'ai de l'horreur. Es-tu folle ? Crois-tu que quelqu'un ?... Que j'ai d'impatience à savoir ce secret ! Ne me fais point languir... et dis-moi sans mystère... Volontiers, j'y consens pour guérir ma douleur. Déjà, sans le savoir, un tel secret m'étonne. Dussé-je de mon sort éprouver la rigueur, Je ne sortirai point des règles de l'honneur. Je ne puis t'entendre. Non. Je ne veux pas, enfin, qu'on me le dise. Sachant un tel secret, quoiqu'il choquât l'honneur, Je pourrais m'en servir au gré de ma fureur. Ton erreur est extrême. Dis-moi donc quel il est ? Quand j'aurai su l'apprendre... Ah ! Qu'oses-tu, méchante, ici me proposer ? Hé quoi, non seulement tu veux, dans ta malice, Me faire consentir que mon honneur périsse ; Mais encor sans pudeur tu veux que de mes mains Je travaille à sa perte, et souille ses destins, Et loin d'en rejeter la coupable prière, Que moi-même je prie et j'ouvre la carrière, Et livrant ma vertu pour victime à mes sens, Que mon coeur se réduise à séduire les gens ? Peut-on voir une femme à ce point effrontée ? Un tel raisonnement est digne qu'on l'admire ; Oses-tu bien noircir l'innocence d'Elmire ? Sachant qu'elle ne feint d'exposer son honneur, Qu'afin de mieux confondre uu traître, un imposteur. Je ne puis m'en défendre, et mon père le veut. Croyez-vous que mon coeur pour vous soit insensible ? Vous ne méritez pas qu'on vous fasse un aveu... Ce silence profond suffit pour le confondre. **** *creator_villiers *book_villiers_critiquedutartuffe *style_verse *genre_comedy *dist1_villiers_verse_comedy_critiquedutartuffe *dist2_villiers_verse_comedy *id_LISE *date_(non *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_lise Lidiane, Monsieur, là-haut se désespère, Elle vous reniera volontiers pour son père, Dans le pressant transport de ses vives douleurs, Si vous ne tarissez le torrent de ses pleurs. Vit-on jamais un coeur plus cruel que le vôtre ! Orgon sur un tel point n'est pas plus dur que vous. Pourquoi contre son gré lui donner cet époux ? Faut-il que des contrats faits par quelques faussaires... Hé par cette raison ils sont dignes de foi ? Vous savez peu le monde ! Hé, Monsieur, croyez-moi, Les hommes à l'argent se donnant pour esclaves, Il est de faux contrats comme il est de faux braves. Les faux braves partout sont les plus effrontés, Ainsi les faux contrats sont les mieux ajustés. Ne vous aveuglez point d'un bien imaginaire, Je vous dis qu'ils sont faux et par devant notaire. Supposez qu'ils soient bons, faut-il que la richesse D'un père envers sa fille étouffe la tendresse ? Vous, qui dans la nature êtes si délicat, Malgré l'âge viril, êtes-vous assez fat ? Pour donner votre fille... Faut-il qu'à l'intérêt votre coeur soit captif ? Mais... Lisandre n'est-il pas d'assez bonne famille, Pour oser librement prétendre à votre fille ? Il est vrai, je l'avoue, il n'a pas tant de bien ; Mais quoi, ne comptez-vous sa noblesse pour rien ? N'imitez point Orgon ; ayez, voyant sa peine, Pour votre fille en pleurs de la faiblesse humaine. Vous voyez à présent si mon conseil est bon. Quand un père obstiné n'entre point en raison, Que pour l'humaniser la maxime est très sûre, Qu'il faut tâcher en lui d'émouvoir la nature, C'était le seul moyen d'apaiser son courroux, Car la nature en soi n'a rien que de fort doux. Tartuffe est moins chéri d'Orgon qui le révère, Que je sens attendrir mon coeur pour votre père ; Il est tout naturel, et loin d'être inhumain, C'est un homme... qui... ha... un homme... un homme enfin. Non plus que lui, je crois, vous n'êtes pas un ange ? J'en ai dans ce discours, du moins autant qu'Orgon ; Et ce n'est qu'après lui que mon esprit s'envole.. . À quoi donc pensez-vous ? Le grand malheur ! Orgon manque bien à Valère. Je me charge de tout, et prends le mal sur moi. Ayez moins de scrupule et plus de confiance... Demandez à Tartuffe... Orgon dit qu'il fera, Touchant un tel hymen, ce que le ciel voudra ; Et puis sans dégager sa foi d'avec Valère, Il s'engage à Tartuffe et veut presser l'affaire. Agissez-en de même ; et si c'est un péché, Le ciel, et non pas vous, en doit être taché, Puisque c'est lui qui veut qu'on manque à sa promesse. Orgon n'était-il pas jadis homme d'État ? Et cependant craint-il que quoi qu'on le renomme ?... Justement comme Orgon, c'est vouloir l'impossible, Voulant qu'à contre-coeur sa fille soit sensible, Et quoiqu'il n'en soit rien, qu'elle avoue hautement Que Tartuffe lui plaît et qu'il est son amant. N'est-ce pas faire voir plus d'un grain de folie ? Car peut-on de deux coeurs dompter l'antipathie ? Quoique l'obéissance ait des charmes puissants, Se peut-on affranchir du commerce des sens ? Et la haine et l'amour se montent-ils à vices, Pour les faire et défaire au gré de ses caprices ? Non, non, et votre honneur dut-il se gendarmer, La haine fait haïr, et l'amour fait aimer. Quoi, ces beaux yeux en pleurs...? Que j'aurais de plaisir de lui dire une injure ! Vous êtes si bon père, écoutez la nature. Par les fantômes d'or qui charment votre coeur. Par votre grande bourse en richesses féconde. Voilà, je vous l'avoue, un abominable homme ? Non, non, consolez-vous, vous serez mariée, Et si vous ne serez jamais Panulphiée. Je sais certain secret qui vous peut secourir, Mais ce lieu m'est suspect pour vous le découvrir. Je vais tout visiter... Dans la peur qui m'accable, Il ne me reste plus qu'à chercher sous la table. Que sait-on Si je n'y pourrais point rencontrer quelqu'Orgon ? Si Tartuffe est si fat que de se faire entendre, Je ne suis pas d'humeur à me laisser surprendre. Ce lieu, tout grand qu'il est, ne peut être indiscret. Il faut auparavant bannir toute humeur fière. Ne point trop écouter les lois de la pudeur. Et même il ne faut pas que votre honneur raisonne. Mais... Ayez plus de franchise. Quoi... Ma foi, vous l'entendrez. Je vais ici tout haut me le dire à moi-même. Avant que d'imiter la servante d'Orgon, Que votre honneur au moins se rende à la raison. C'est qu'il faudrait vous faire enlever par Lisandre, Et fort adroitement il le faut disposer... Oui, la femme d'Orgon n'est pas moins emportée ! Ne la voyons-nous pas, oubliant sa pudeur, En faveur de Tartuffe expliquer sou ardeur ? Et courant au devant, bien loin d'être sévère, Ne lui fait-elle pas ce qu'il lui devrait faire ? Prévenant ses désirs par mille et mille aveux, Pour le faire descendre à l'endroit chatouilleux, Ne conduit-elle pas, d'un infâme artifice, Son honneur imbécile au bord du précipice ? Et ne juge-t-on pas, en la voyant agir, Qu'elle passerait bien plus outre sans rougir ? Mais Tartuffe voit-il dans le fond de son âme ? Pour dire les transports d'une trompeuse flamme, Il est bien moins aisé de dompter sa pudeur, Que pour marquer l'excès d'une sincère ardeur. Quand un coeur en effet sent de vives souffrances, La passion le rend aveugle aux conséquences ; Mais alors que l'on feint, le devoir révolté Fait voir un tel discours de venin infecté, Et la honte au dehors faisant sa résidence, Nait de ce que l'on dit, et non de ce qu'on pense. Peut-on voir un brutal plus semblable à Valère ? Peut-ou mieux comme lui, dans un tel contre-temps, Expliquer ce qu'on dit selon son mauvais sens ? Ainsi votre vengeance à ce point est cruelle, Que de faire tomber votre fureur sur elle ? Vous tuerez donc un homme avec moins de colère, Que Tartuffe une puce en faisant sa prière ? Halte là ! Mon beau-frère, Le fils d'Orgon n'est point d'humeur si sanguinaire ; Tartuffe le trahit et le fait sans raison, Par son père irrité chasser de sa maison ; Et loin de concevoir des cruautés pareilles, Il lui veut seulement couper les deux oreilles, Et vous ?... Il est vrai que j'ai tort, Votre rival respire et n'est pas encor mort. Êtes-vous insensé ? De lui faire querelle, Quand son amour pour vous se montre si fidèle, Et son coeur obstiné, pour vous garder sa foi, Des désirs paternels combat la dure loi. Trêve à ce badinage, Et songeons à parer ce pressant mariage. J'entends quelqu'un qui vient, l'on peut vous arrêter, Montez dans votre chambre, afin d'y consulter ; Je m'en vais renvoyer d'ici qui ce puisse être, Et vous irai trouver. Va le chercher ailleurs. Non, il n'est point ici. Que vient-il redoubler encor notre souci ? Ne te l'ai-je pas dit cent fois en confidence, Que l'affaire, en un mot, n'ira pas comme on pense ? Que quoi que Lidiane ait pour lui des attraits, Ton maître doit s'attendre à ne l'avoir jamais. Tu m'écaches les doigts... Le plaisant amoureux ! Faire du mal aux gens, pour témoigner ses feux. En un pareil dessein, C'est mal suivre Tartuffe, il n'y met qu'une main. Ne te hasarde point à me faire caresse, Car je te ferais voir une vertu diablesse ; Je défends mon honneur de griffes et de dents, Et je sais pour un mot dévisager les gens ; Car lorsqu'avec douceur on veut se montrer sage, Plus avant qu'on ne veut, fort souvent on s'engage. Je comprends ton dessein : Tu voudrais bien par là me patiner le sein. Bien. Tant mieux, je ne veux point te les laisser toucher ; Tu peux les voir de loin, et sans en approcher. Ne t'émancipe pas, car ma main est légère. J'aurais trop peur de te voir pâmer d'aise. Non, je ne le veux pas. Hé ! Quand nous serions seuls, est-ce un moindre péché ? Tant pis pour toi. Aussi dure qu'Orgon, ta trépasserais là, Que je m'en soucierais autant que de cela. Et lui tous ses parents, et si son âme est telle. Quoi donc ? Mais encor ? En seras-tu plus gras ? Non. Non. Que je suis lasse ! Je crierais au voleur. Non. En vérité, j'en jure. Lorsque l'on voit un sein que l'on n'ose toucher, L'on n'a pas grande peine à le faire cacher. Ah ! Tartuffe maudit ! Dont la mine empruntée... Je te verrais tout nu, sans en être tentée. Il n'est pas besoin, non. Quoi ! Tu serais sujet à la tentation ? Un valet tel que toi, de l'amour se consomme ? Ce vers est de Tartuffe, et c'est piller l'auteur. Il aurait pris ce vers ? Mais il en a changé le sens en sa manière. J'avais l'esprit ailleurs, et tu m'excuses bien ; Mais changeons de propos, et parlons de ton maître. Dis-moi, dans son humeur quel homme ce peut être. Mais encore, quels tours ? Dis ? Si tu ne voulais pas que je susse ces tours, Il ne me fallait point entamer ce discours. Va, n'appréhende rien, tu me connais discrète. C'est m'offenser par où je suis le plus sensible. Tu crois que je serais...? Tu ne me connais pas... Savoir tout sans rien dire, Est une qualité que moi-même j'admire. Tu ne veux pas plus loin pousser la confidence ? Se défier de moi, c'est choquer ma prudence. Ah ! Tu te tais ? Et moi, je ne me tairai pas. Loin d'imiter d'Orgon la trop discrète femme, Qui du Tartuffe ingrat lui veut cacher la flamme, D'abord que devant moi ton maître paraîtra, Je lui conterai tout... Non, il le saura... Mais il vient à propos, point de miséricorde. C'est un plaisir pour moi de semer la discorde. Quoi, Monsieur, souffrez-vous qu'un traître, un imposteur Fasse tous ses efforts pour vous perdre d'honneur ? Vous vous faites servir d'un zélé domestique ; Il fait de votre humeur un beau panégyrique ! Si l'on en croit ses obligeants discours, Vous êtes bien honnête, et faites de bons tours. Hé quoi ! De tels discours vous émeuvent si peu ? Je pense être croyable après un tel aveu. Quelle malice, ô ciel ! Ce crime est sans pardon. Oser ainsi noircir un maître, sans raison ! Je ne suis pas d'une humeur si traistresse Et conserve autrement l'honneur de ma maîtresse. Comme il a fait, peut-on manquer de foi ? Bien des gens ont fait mal devant moi, Et si loin d'en parler, j'ai fort bien su m'en taire, Et cacher dans mon sein tout ce que j'ai vu faire. Après un tel forfait, Vous le traitez en fils, et non pas en valet. Orgon de son Tartuffe armant les impostures, N'outrage pas Damis avec d'autres injures. C'est un coquin, Monsieur, il le mérite bien. Qui vous retient ici ?... Mais Cléon vient à nous. Comment faire, après tout ? Notre affaire va mal. Qu'il attende à sortir au bruit de mon signal. Je vais par mes discours amuser votre père ; Qu'il tâche cependant à sortir par derrière. Quoi ! Donner votre fille À cet homme inconnu, sans savoir sa famille ? L'avarice. Vous rêvez... Je guérirai bientôt, n'entrez point en souci. Ce mal m'est ordinaire, et je connais fort bien, Monsieur, que votre jus ici ne fera rien. L'avez-vous vu jadis ? **** *creator_villiers *book_villiers_critiquedutartuffe *style_verse *genre_comedy *dist1_villiers_verse_comedy_critiquedutartuffe *dist2_villiers_verse_comedy *id_LAURENS *date_(non *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_laurens Hé bien, qu'avez-vous fait ? Vos efforts sont-ils vains ? Ou les griffons doész de vos faux parchemins Auraient-ils fait l'effet que vous pouviez prétendre ? Quoi ? Et la fille est d'accord ?... Bien des difficultés confondent mon idée. Songez-vous que Lisandre est homme de grand bruit ? Quand malgré l'amitié dont le noeud nous unit, Vous lui voulez ravir l'objet de sa tendresse, N'appréhendez-vous point sa fureur vengeresse ? Et d'ailleurs si Cléon par hasard peut savoir Que Tartuffe est le nom que vous devez avoir, Et que Panulphe ici riche en gros caractère, N'est qu'un nom supposé que la fourbe a su faire ; Lequel, à votre avis, choisira-t-il des deux, Ou Panulphe faux riche, ou Tartuffe vrai gueux ? Sous le nom de Tartuffe il n'a qu'à vous connaître, Pour bien savoir quel homme en vrai vous pouvez être ; Votre nom si connu, trahissant ce forfait, Saura tout démentir ce que vous aurez fait ; Et prendra-t-il alors pour gendre, sans scrupule, Un homme que Molière a rendu ridicule, Dont le sort maltraité se vit aux yeux de tous L'objet de la risée et du plaisir des fous ? On sait que chez Cléon, par une longue étude, À railler cet ouvrage on prend telle habitude, Que dans son entretien, chacun à qui mieux mieux Nous en fait pétiller les défauts à nos yeux. Je ne puis plus tenir, quand je vois qu'à son vice, Aveugle de soi-même, on ne fait point justice. Après vos faussetés, et tout ce que j'ai vu, Osez-vous devant moi vous targuer de vertu? Cependant vous voyez que malgré vos mépris, Ce poème imparfait fait courre tout Paris. N'est-ce rien que de voir une dame Pernelle, Qui sait l'art de charmer par une bagatelle, Que tout ce qu'on oyait de bas au temps passé, Dans son discours antique est si bien ramassé. Que Laurens, mon portrait, mérite qu'on le prise ! Lui seul à l'auditeur n'a point dit de sottise, Et loin de m'en choquer, je m'en louerai toujours. Mais pour vous, mon cher maître... N'as-tu point vu mon maître ? Je ne m'étonne pas de ton humeur fâcheuse. J'ai rêvé, cette nuit, de mort et d'eau bourbeuse, J'ai bien cru que c'étaient des présages mauvais. Mais pourquoi contre moi lances-tu tous ces traits ? Bien loin de quereller, quand je te vois si belle, Mon âme se transporte, et ma ferveur est telle... C'est que je fais l'amour à la nouvelle mode, Du Tartuffe enflammé j'imite la méthode. Ton étoffe est moelleuse ! Que ton collier est beau ! Non, laisse-le moi voir ; les perles en sont grosses, Et d'une fort belle eau. Mais je les crois fausses. Je ne puis voir de loin et suis court de visière. Ça, faisons un marché. Donne-moi deux soufflets, Et me laisse baiser tes tétons rondelets. L'offre est... À la pâmoison près, permets que je les baise. Que tu fais de façons ! Si ce n'est pour baiser, à quoi bon des tétons ? Qui te retient ?... À tort c'est faire la cruelle ; Nous sommes seuls ici, l'occasion est belle. Le crime n'est pas crime alors qu'il est caché. Le scandale du monde est ce qui fait l'offense, Et ce n'est pas pêcher, que pêcher en silence. Paroles de Tartuffe, auteur dont on fait cas ; S'il n'était véritable, il ne le dirait pas. Si tu ne veux quitter une humeur si farouche, Je meurs. Que ma douleur te touche ! Tu perdrais un amant et sincère et fidèle ? Si je ne craignais point que nous fussions surpris, Ma foi, je te ferais, dans l'ardeur où je suis... Rien. Tu veux que je le dise ? Je te... Tu me ferais lâcher quelque sottise. Laisse-moi les baiser. Oui. De grâce. Tu t'en repentiras. Hé ! Que je les manie, au moins. Puisque tu ne veux pas m'accorder cette grâce, Si je voulais par force attaquer ton honneur, Comment donc ferais-tu ? Hé ! Pourquoi ? Te laissant toute chose en nature. Tu ne veux pas ? Non ? Pour me cacher ton sein prends-moi donc ce mouchoir, Car sans tentation je ne saurais le voir ; Par de pareils objets les âmes sont blessées, Et cela fait venir de coupables pensées. Il le faut éprouver. Ah ! Pour être valet, je n'en suis pas moins homme. Bon, n'est-il pas permis de voler un voleur ? Ce vers étant sorti du cerveau de Corneille, Le voler à mon tour, n'est pas grande merveille. Ce n'est pas d'aujourd'hui, Qu'il se sait enrichir des dépouilles d'autrui. Je sais qu'il a changé, pour suivre sa matière. Le Romain en dévot ; et moi pour mon sujet, N'ai-je pas transformé le dévot en valet ? Qu'as-tu donc contre moi ? Quelle humeur te possède ? À Tartuffe, rotant, Orgon dit : Dieu vous aide ; Moi, j'éternue en forme et tu ne me dis rien ? C'est un homme de bien, fanfaron de vertu, Et si pour s'en targuer, il n'en a jamais eu. Mais, au moins, je te parle en bonne confidence ; Quoiqu'on le croie honnête, il n'est pas ce qu'on pense ; Lui-même de lui-même est enfin aveuglé ! Si l'on savait ses tours... Peste ! J'ai trop parlé. Il n'est pas nécessaire... Je connais ma faute, il est temps de me taire. Oui, mais je crains ta langue. Ah ! que n'es-tu muette. Mais, que dis-je, muette ! Hé ! Quand tu le serais, Tes signes parleraient au défaut de ta voix. Vois-tu, tout est possible. Outre que votre sexe est suspect en ce point, Je sais que le secret chez toi ne vieillit point. Bon, je veux qu'on m'admire, et ne te dire rien, En est tout justement l'infaillible moyen. Le secret à mes yeux fait briller tant d'appas... Hé !... Ah ! Traîtresse maudite, Pour un membre à choisir, j'en voudrais être quitte. Je ne sais que résoudre en un tel embarras. Oui, mon maître, je suis un méchant, un coupable, Un inique valet, dont les intentions Vont à vous accabler de tribulations ; Je suis un scélérat, de qui la calomnie Veut tacher votre nom de honte et d'infamie. Allez, n'en doutez point, croyez en son récit, J'en ai plus dit encor qu'on ne vous en a dit. De vos émotions les transports sont trop sages ; Punissez mes forfaits, retenez-moi mes gages, Et m'otant vos couleurs, traitez-moi rudement. Je n'en murmurerai, mon maître, nullement. Fuyons comme Damis.