**** *creator_voltaire *book_voltaire_barondotrante *style_verse *genre_opera bouffe *dist1_voltaire_verse_opera bouffe_barondotrante *dist2_voltaire_verse_opera bouffe *id_IRENE *date_1784 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_irene Il n'est point à propos, mon cousin, que je chante ; Je n'en ai nulle envie on pleure dans Otrante : Vos conseillers privés prennent tout notre argent ; Vous ne songez à rien, et l'on vous fait accroire Que tout le monde est fort content. Sachez que pour me plaire il vous faudra changer : D'une mollesse indigne il faut vous corriger ; Sans cela point de mariage. Vous avez des vertus, vous avez du courage ; La nonchalance a tout gâté : On ne vous a donné que des leçons stériles : On s'est moqué de vous, et votre oisiveté Rendra vos vertus inutiles. Seigneur, sont des fripons Qui vous avaient donné de méchantes leçons, Et qui vous nourrissaient d'orgueil et de fadaise, Pour mieux pouvoir piller la baronnie à l'aise. Alors, seigneur, alors, à vos vertus rendue, Je reprendrai pour vous la voix que j'ai perdue. Pour jamais je vous chérirai ; De tout mon coeur je chanterai : Amant charmant, aimez toujours Irène : Régnez sur tous les coeurs, et préférez le mien ; Que le temps affermisse un si tendre lien, Que le temps redouble ma chaîne ! Ô ciel quels cris affreux ! Les Turcs Voilà ce qu'ont produit vos conseillers privés. Hélas ma gouvernante et mes filles d'honneur Viennent de tous côtés, et sont toutes tremblantes. Ah pauvres innocentes ! Qu'ont fait ces Turcs maudits ?... Quoi ces Turcs si méchants n'enchaînent point les dames Tant d'honneur entre-t-il dans ces vilaines âmes ? Allez, mon cher cousin, je me flatte, j'espère, Si ce Turc est galant, de vous tirer d'affaire. Peut-être direz-vous, par mes soins relevé, Qu'une femme vaut mieux qu'un conseiller privé. Consolons-nous, ma bonne il faut avec adresse Corriger, si l'on peut, la fortune traîtresse. Vous savez du baron le bizarre destin ? Le corsaire, échauffé par le vin, Dans les transports de joie où son coeur s'abandonne, Sans s'informer du rang ni du nom de personne, A, pour se réjouir, dans la cour du château Assemblé les captifs, et, par un goût nouveau, Fait tirer aux trois dés les emplois qu'il leur donne. Un grave magistrat se trouve cuisinier ; Le baron, pour son lot, est reçu muletier. Ce sont là, nous dit-on, les jeux de la fortune / Cette bizarrerie en Turquie est commune. Je n'en ai point encor ; mais, si je dois en croire Certains regards hardis que, du haut de sa gloire, L'impudent, en passant, a fait tomber sur moi, J'aurai bientôt, je pense, un assez bel emploi. Et j'en ferai, ma bonne, un très-honnête usage. Il a pris sans façon l'appartement du maître : « Je le suis, a-t-il dit, et j'ai seul droit de l'être. Vin, fille, argent comptant, tout est pour le plus fort ; Le vainqueur les mérite, et les vaincus ont tort. » Dans cette belle idée il s'en donne à coeur-joie, Et pour tous les plaisirs son bon goût se déploie, Tandis que mon baron, une étrille à la main, Gémit dans l'écurie, et s'y tourmente en vain. Il fait venir ici les dames les plus belles, Pour leur rendre justice, et pour juger entre elles, Mettre au jour leur mérite, exercer leurs talents Par des pas de ballet, des mines, et des chants. Nous allons lui donner cette petite fête Et si de son mouchoir mes yeux font la conquête, Je pourrai m'en servir pour lui jouer un tour Qui fera triompher ma gloire et mon amour. J'entends déjà d'ici ses fifres, ses timbales ; Voilà nos ennemis, et voici mes rivales. C'est pour servir notre adorable maître, C'est pour l'aimer que le ciel nous fit naître. Mars et l'Amour à l'envi l'ont form : Son bras est craint, son coeur est plus aimé. Des Amours la tendre mère Naquit dans le sein des eaux Pour orner notre corsaire De ses présents les plus beaux. Votre mouchoir fait la plus chère envie De ces beautés de notre baronnie ; Mais nul objet n'a droit de s'en flatter : On peut vous plaire, et non vous mériter. Seigneur, de vos bontés mon âme est pénétrée ; Je n'ai jamais passé de plus belle soirée. Quand je craignais les Turcs, si fiers dans les combats, Mon coeur, mon tendre coeur ne vous connaissait pas. Non, il n'est point de Turc qui vous soit comparable. Je crois que Mahomet fut beaucoup moins aimable ; Et, pour mettre le comble à des plaisirs si doux, Je compte avoir l'honneur de souper avec vous. Après tant de bontés aurai-je encor l'audace D'implorer de mon Turc une nouvelle grâce ? Seigneur, je suis baronne et mon père autrefois Dans Otrante a donné des lois. Il était connétable, ou comte d'écurie ; C'est une dignité que j'ai toujours chérie : Mon coeur en est encor tellement occupé Que si vous permettez que j'aille avant soupé Commander un quart d'heure où commandait mon père, C'est le plus grand plaisir que vous me puissiez faire. Nella stalla, signor. Au nom du tendre amour je vous en prie encor. Un héros tel que vous, formé pour la tendresse, Pourrait-il durement refuser sa maîtresse ? Oui, oui, je dois tout espérer ; Tout est prêt pour vous délivrer. Oui... oui... je peux tout espérer ; L'amour vous protége et m'inspire. Votre malheur m'a fait pleurer ; Mais en trompant ce Turc que je fais soupirer, Je suis prête à mourir de rire. Non, le destin volage Ne peut rien sur mon coeur. Je vous aimai dans la grandeur ; Je vous aime dans l'esclavage. Rien ne peut nous humilier ; Et quand mon tendre amant devient un muletier, Je l'en aime encor davantage. Et quand mon tendre amant devient un muletier, Je l'en aime encor davantage. J'y cours ; vous m'y verrez : mais que votre tendresse Ne s'effarouche pas si de quelque caresse Je daigne encourager ses désirs effrontés : Ce ne sont point, seigneur, des infidélités. Je ne pense qu'à vous, quand je lui dis que j'aime ; En buvant avec lui, je bois avec vous-même ; En acceptant son coeur je vous donne le mien : Il faut un petit mal souvent pour un grand bien. Ah quel plaisir De boire avec son corsaire ! Chaque coup que je bois augmente mon désir De boire encore, et de lui plaire. Verse, verse, mon bel amant : Ah ! Que tu verses tendrement Tous les feux d'amour dans mon verre ! **** *creator_voltaire *book_voltaire_barondotrante *style_verse *genre_opera bouffe *dist1_voltaire_verse_opera bouffe_barondotrante *dist2_voltaire_verse_opera bouffe *id_ABDALLA *date_1784 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_abdalla Non amazzar, No, no, non amazzar. Basta, basta tout saccagear Ma non amazzar, Incatenar, Bever, violar, Non amazzar. O bravi corsari, Spavento de' mari, Andate a partagir, A bever, a fruir. A' vostri strapazzi Cedo li ragazzi, E.tutti li consiglieri. Tutte le donne son per me Ë'1 mio costume, Tutte le donne son per me. Pillar, pillar, grand Abdalla Alla, ylla, alla! Su, su, Zitelle tenere La mia spada fa tremar. Ma voi, fanciulle care, Mi piacer, mi disarmar Mi sentir più grand' onore Di rendirmi a l'amore, Che rapir tutta la terra Col terrore della guerra. Su, su, Zitelle tenere, etc. Pigliate voi il fazzoletto, L'avete ben guadagnato Che tutte le altre fanciulle Men leggiadre, e meno belle, Aspettino per un' altra volta La mia sobrana volontà. Al mio canto Irena stia E tutte le altre via, via. Bene, bene, sarà per un' altra volta, Un' altra volta. Cara Irena, adesso, Sedete appresso di me. Amor mi punge e mi consume. Più appresso, più appresso. Si, si, cara : ceneremo insieme, tête à tête, l'uno dirimpetto a l'altra ; senza schiavi ; solo con sola ; beveremo del vino greco e canteremo, e ci trastulleremo, dirimpetto l'uno a l'altra : si, si, cara, per dio Maccone. Parli, parli faro tutto Che vorrete, presto, presto. Come ! nella stalla ? La signora è matta. Le stalle sono puzzolente ; bisognerà più d'un fiasco d'acqua nanfa per nettarla. Or su andate a vostro piacere, lo concedo andate, cara, e ritornate. Ogni fanciulla tien là Qualche fantasia, Somigliante alla pazzia. Ma l'ira mia è vana. Basta che la Zitella Sia facile e bclla Tutto si perdona. Ogni fanciulla tien là Qualche fantasia. Si, si, brindisi a te, Amate, bevete, ridete. Si, si, brindisi a te, Questo vino di Champagna A te somiglia, Incanta tutta la terra, Li cristiani, Li musulmani. Begli occhi scintillate Al par del vino spumante. Si, si, brindisi a te, Che veggo ! Che veggo ! Levanti, venite !