**** *creator_voltaire *book_voltaire_originaux *style_prose *genre_comedy *dist1_voltaire_prose_comedy_originaux *dist2_voltaire_prose_comedy *id_MONSIEURDUCAPVERT *date_1732 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_monsieurducapvert Eh ! Ouvrez, ventrebleu ! Voici une rade bien difficile : il y a une heure que je parcours ce bâtiment sans pouvoir trouver le patron. Où est donc le président et la présidente ? Et où est Fanchon ? Petit mousse, je te ferai donner la cale. Comment ! Qu'on me dise qui vous êtes ! Et n'êtes-vous pas assez grand pour le dire vous-même, jeune muguet ? Qu'on me dise un peu où je suis ! Je crois, ma foi, être dans la boutique d'un parfumeur ; je suis empuanti d'odeur de fleur d'orange. C'est bien de l'honneur pour lui ; voilà un plaisant margajat ! Eh bien ! Monsieur, puisque vous êtes le gendre de... Lui ! Monseigneur ? Je pense que vous êtes fou, mon drôle : j'aimerais autant appeler galion une chaloupe, ou donner le nom d'esturgeon à une sole. Écoutez, gendre du président, j'ai à vous avertir... Non, ventrebleu ! Je ne suis point gentilhomme ; je suis honnête homme, brave homme, bon homme. Par la Sainte-barbe ! si votre chiourme branle, je vous coulerai tous à fond de cale, esclaves. Taisez-vous, ou je vous lâcherai une bordée. C'est donc vous, monsieur le freluquet, qui avez épousé Catau ? Savez-vous que je suis monsieur du Cap-Vert ? Eh bien ! Je vous l'apprends donc. Avez-vous jamais été à Rio-Janeiro ? Ventre de boulets ! C'est une maison de campagne un peu forte, que nous prîmes d'assaut à deux mille lieues d'ici, sous l'autre tropique. C'était en 1711, au mois de septembre. Monsieur le blanc-poudré, je voudrais que vous eussiez été là, vous seriez mort de peur. Il y faisait chaud, mon enfant, je vous en réponds. Connaissez-vous celui qui nous commandait ? Oui, celui qui nous commandait, de par tous les vents ! Et non, cornes de fer, ce n'était ni un duc, ni un de vos marquis ; c'était un drôle qui a pris plus de vaisseaux anglais dans sa vie que vous n'avez trompé de bégueules et écrit de fades billets doux. Ce fut une excellente affaire que cette prise du fort de Saint-Sébastien de Rio-Janeiro : j'en eus vingt mille écus pour ma part. Je ne vous prêterais pas du tabac à fumer, mon petit mignon, entendez-vous, avec vos airs d'importance ? Tout ce que j'ai est pour ma femme : vous avez épousé l'aînée Catau, et je viens exprès pour épouser la cadette Fanchon, et être votre beau-frère. Le président reviendra-t-il bientôt ? Par la sancable ! Oui, votre beau-frère, puisque j'épouse votre belle-soeur. Parbleu ! Que vous signiez ou que vous ne signiez pas, qu'est-ce que cela me fait ? Ce n'est pas vous que j'épouse, et je n'ai que faire de votre signature. Mais est-ce que le président tardera encore longtemps à venir ? Cet homme-là est bien mauvais voilier. Comment ! Est-ce que ce n'est pas ici sa maison ? Eh bien ! Je le verrai ici. Je ne vous empêche pas de l'attendre. De qualité ou non, que m'importe ? Que dites-vous là de la mer, beau garçon ? Cela est très aisé à comprendre : j'arrive de la côte de Zanguebar, et je viens débarquer chez vous, et épouser Fanchon. Eh bien ! Faites donc votre thème en deux façons ; car me voilà revenu. Beau-père, votre raison va à la bouline : parbleu ! Vous perdez la tramontane. Dressez vos lunettes, observez-moi ; je n'ai point changé de pavillon : ne reconnaissez-vous pas mons du Cap-Vert, votre ancien camarade de collège ? Il n'y a que trente-cinq ans que nous nous sommes quittés, et vous ne me remettez pas ! Mais oublier ses amis en si peu de temps ! Tout le monde me paraît bien étourdi du bateau dans cette maison-ci. Je viens de voir un jeune fat, mon beau-frère, qui a perdu la raison ; le beau-père a perdu la mémoire. Bonhomme de président, allons, où est votre fille ? Je lui donne du temps ; je ne compte me marier que dans trois ou quatre heures. J'ai hâte, ma bonne ; j'arrive de loin. Sans doute : je n'irai pas emprunter celui d'un autre. Pas un quart d'heure seulement. Présidente, quelle proposition me faites-vous là ? Comment dites-vous ? Depuis hier ce jeune homme et vous... Je ne comprends rien à toutes les lanternes que vous me dites, vous autres. Moi, saigné et purgé ! J'aimerais mieux être entre les mains des Turcs qu'entre celles des médecins. Parlez pour vous, messieurs du continent : les gens de mer sont des gens propres ; mais vous !. J'aimerais mieux épouser la fille d'un Cafre, ma bonne femme ; je romprai plutôt le marché. Eh ! Quel intérêt prenez-vous, s'il vous plaît, à ce mariage ? L'équipage de ce bâtiment-ci est composé d'étranges gens, j'ose vous le dire : un fat me refuse la porte, un doucereux me fait des révérences et me donne des conseils sans me connaître ; l'un me parle de ma nativité, l'autre veut qu'on me purge. Je n'ai jamais vu de vaisseau si mal frété que cette maison-ci. Allez, beau-père et belle-mère. Vraiment, je le crois bien que vous ne vous sentez pas de joie en me voyant : pourquoi en sentiriez-vous ? Vous ne me connaissez pas. Vous vous moquez de moi. Qui êtes-vous ? Et que me voulez-vous ? Oui, fort belle. Qui vous en empêche ? Vous avez raison il n'y a qu'un plaisir au-dessus de celui-là. C'est lorsqu'on se débarrasse sur terre des importuns. Assurément. Je veux vous faire lire le récit d'un petit combat assez drôle que je donnai à la vue du cap : je vous assure que je menai mes gens galamment. Pourquoi, dommage ? Peu me chaut d'où elle est sortie. Je ne comprends rien à votre galimatias. Non ferai, par mes sabords : je l'emmène dans huit jours en Amérique. Assurément ; je veux une femme, il me faut une femme, je grille d'avoir une femme... Fanchon est-elle jolie ? Oui, très réellement. Vraiment, je crois bien que vous n'en ferez rien... Mais que me vient conter cet homme-ci ? J'aime les tailles déliées. Elle en parlera moins longtemps. Tant mieux ! Elle me divertira. C'est une preuve qu'elle a le coeur tendre, et qu'elle pourra m'aimer. Ce serait une marque certaine que j'en aurai lignée : mais je ne crois rien de toutes ces fadaises-là. Taisez-vous, babillard. C'est donc vous, Fanchon, qui m'allez appartenir ? Je jette l'ancre dans votre port, m'amie, et je veux, avant qu'il soit quatre jours, que nous partions tous les deux pour Saint-Domingue. Voilà une fille bien apprise. Oui, ma poupe ; oui, mon perroquet ; c'est moi-même. Environ, si mon estime est juste. Assurément, et de tout mon coeur ; je suis tout prêt : parlez, mon enfant. Vous me paraissez timide : qu'est-ce que c'est ? J'arrive pourtant exprès pour cette affaire, et pour me donner à vous avec tous mes agrès : vous m'étiez promise avant que vous fussiez née. Il y a trente ans que votre père m'a promis une fille. Je consommerai tout cela ce soir, vers les dix heures, si vous le trouvez bon, m'amie. Vous vous imaginez donc, la belle, que je vous épouse pour votre plaisir ? Apprenez que c'est pour moi que je me marie, et non pas pour vous. Ai-je donc si longtemps vogué dans le monde pour ne savoir pas ce que c'est que le mariage ? Si l'on ne prenait une femme que pour en être aimé, les notaires de votre pays feraient, ma foi, peu de contrats. M'amie, il me faut une femme, votre père m'en doit une, vous voilà ; préparez-vous à m'épouser. Eh bien ! Merluche, que risque-t-il ? Oui, oui, petite effrontée ; et j'ai ouï dire aussi qu'il y a des filles qui font deux ou trois enfants avant leur mariage ; mais je n'y regarde pas de si près. Nous savons ce que nous savons. Trois ou deux, qu'importe ? Parbleu ! C'est ce jeune muguet frisé. Mais je suis bien bon, moi, de parler ici de balivernes avec des enfants, lorsqu'il faut que j'aille signer les articles avec le beau-père. Adieu, adieu : vous entendrez bientôt parler de moi. Eh bien ! Est-on prêt à démarrer ? Levez-vous ; vous remercierez votre père après. Sainte-barbe ! C'est ma femme ! Quoi ! Tu n'es pas morte il y a vingt ans ? Mais de quoi t'avises-tu de n'être pas morte ? Tes deux enfants ? Ma foi, c'est à toi à en savoir des nouvelles ; il y a vingt ans que je n'ai vu toute cette marmaille-là : Dieu les bénisse ! J'ai été cinq ou six fois aux antipodes depuis ; j'ai mouillé une fois à Bayonne pour en apprendre des nouvelles : je crois que tout cela est crevé. J'en suis fâché au fond, car je suis bonhomme. C'était une fort honnête personne, et qui m'a toujours été d'un grand secours. Et corbleu ! Qu'est-ce que c'est que ça aussi ? Par la sambleu ! Voilà qui serait drôle ! Vous êtes donc aussi de Bayonne, monsieur le fat ? Et comment avez-vous connu Mme Éberne ? Madame Rafle vous a élevé ? Ouais ! Cela serait plaisant ! Cela ne se peut pas. Mais si cela se pouvait, je ne me sentirais pas de joie. Oh ! si votre art les a tués, je les crois donc en vie : sans doute, je retrouverai mes enfants. Oh ! Cela va tout seul, et je n'y regarde pas de si près. Malheureux ! Comment as-tu fait pour le devenir, et pour être gendre du président ? Écoute : s'il t'arrive de faire encore le seigneur, c'est-à-dire le fat, je te romprai bras et jambes. Et toi, mons le freluquet, par quel hasard es-tu dans cette maison ? Moi, je renonce à la mer pour le reste de ma vie. Je partage mon bien entre mes enfants, et donne cet étourdi-ci à cette étourdie-là. Je ne suis pas si malheureux : il est vrai que j'ai retrouvé ma femme ; mais puisque le ciel me redonne aussi mes deux enfants, ne pensons plus qu'à nous réjouir. J'ai amené quelques Turcs avec moi, qui vont vous donner un petit ballet en attendant la noce. **** *creator_voltaire *book_voltaire_originaux *style_prose *genre_comedy *dist1_voltaire_prose_comedy_originaux *dist2_voltaire_prose_comedy *id_LACOMTESSE *date_1732 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_lacomtesse Nous descendons, madame. Hélas ! Madame, vous me traitez de veuve ; il est trop vrai que je le suis. Vous m'avez mariée, et je n'ai point de mari : monsieur le comte s'est mis dans la tête qu'il dérogerait s'il m'aimait. J'ai le malheur de respecter des noeuds qu'il néglige, et de l'aimer parce qu'il est mon mari, comme il me méprise parce que je suis sa femme : je vous avoue que j'en suis inconsolable. Demeure un peu, ma soeur Fanchon. Donne-moi pour un moment la préférence. Je n'ai plus de confiance qu'en toi, ma petite soeur. Tu peux m'aider. Non, mais à m'en faire aimer. Le cruel me traite avec tant de mépris !... Il en use avec moi comme si nous étions mariés de cinquante ans. Prends pitié de ma sottise. Aide-moi à gagner le coeur de mon mari. Viens, je te communiquerai mes desseins après souper. J'ai passé une nuit affreuse, ma chère petite soeur. J'ai toujours les dédains de mon mari sur le coeur. Tu te moques de moi, de voir à quel point j'aime mon mari. Je tremble pour toi. Aimer un jeune aventurier qui a même la bonne foi de faire entendre qu'il n'a ni naissance ni fortune ! Ah ! Ah ! Ma soeur ! Ah ! Ma soeur, arrêtez donc. Ma soeur, je ne puis en entendre davantage. Il a de grands défauts, sans doute, je ne les connais que trop ; je les ai remarqués exprès, j'y ai pensé nuit et jour pour me détacher de lui, ma chère enfant ; mais, à force de les avoir toujours présents à l'esprit, enfin je m'y suis presque accoutumée comme aux miens ; et peut-être qu'avec le temps ils me seront également chers. Assurément : quand il n'en coûte que de l'argent pour gagner un coeur, on l'a toujours à bon marché. Quelquefois on est touché des bienfaits. Ma chère enfant, je te charge de tout. Pourrait-on avoir l'honneur de vous dire un mot, monsieur ? Pourrai-je obtenir audience à mon tour ? Peut-on se voir méprisée plus indignement ! Eh bien ! Vous ne voulez donc pas m'écouter ? Mauvaise plaisanterie à part, il faut pourtant que je vous parle. Que de coups de poignard ! Avez-vous résolu, monsieur, de me faire mourir de chagrin ? Hélas ! C'est moi qui ne vous déplais que trop. Il y a six mois que nous sommes mariés, et vous me traitez comme si nous étions brouillés depuis trente ans. Plût à Dieu que vous fussiez jaloux ! Insultez-vous ainsi à mon attachement ? Vous ne me donnez que des marques d'aversion était-ce pour cela que je vous ai épousé ? Vous m'outrez : vous vous repentirez peut-être un jour de m'avoir désespérée. Ciel ! Que ne puis-je aimer quelque autre que vous ! Quelles étranges idées ! vous ne pensez donc pas qu'une femme puisse aimer son mari ? Voilà comme vous êtes ; vous croyez que toutes les femmes sont faites sur le modèle de celles avec qui vous vous ruinez ; vous pensez qu'il n'y en a point d'honnêtes. Voilà donc tous les sentiments que j'obtiendrai de vous ? Je suis bien malheureuse ! Eh bien ! Comment vont nos affaires ? Quoi ! N'aurait-il pas daigné ?... Mais enfin, ma soeur, vous lui avez parlé ? Et pourquoi monsieur le chevalier ? Mais enfin qu'est-ce que ce cruel a répondu ? Oh ciel ! À quel excès... Hélas ! Mais, ma soeur !... Quels articles ? Lui, ma soeur ! Je ne comprends rien à ce que vous me dites. Quoi ! Monsieur le comte, mon mari... Quoi ! Mon père s'obstine à vouloir vous donner pour mari ce grand vilain Monsieur du Cap-Vert ? Que je vous plains, ma soeur ! Mais avez-vous parlé à monsieur le comte ? J'irai me jeter aux pieds de mon père et de ma mère. Mais avez-vous vu monsieur le comte ? Mais dites si vous avez fait quelque chose pour moi. Si je ne puis parvenir à rendre mon mari raisonnable, vous me verrez expirer de douleur. Il est là-bas qui gronde tout le monde, et qui jure qu'il vous épousera dans un quart d'heure. Mais, monsieur le comte, que fait-il, ma soeur ? Va-t-il venir bientôt ? Ne me reconnaîtra-t-il point ? Le coeur me bat, les larmes me viennent aux yeux... Je tremble. Je crains que, si vous me voyez, votre reconnaissance diminue : je voudrais être sûre de votre amour avant que vous puissiez lire le mien dans mes yeux. Hélas ! Oui ; c'est dont je doute, et c'est ce qui fait mon malheur. Je vous avoue que je n'ai jamais rien désiré que d'être aimée de vous ; et si vous me connaissiez bien, vous avoueriez peut-être que je le mérite, malgré ce que je suis. Je suis la plus malheureuse femme du monde : je suis mariée, et c'est ce qui fait le chagrin de ma vie. J'ai un mari qui n'a jamais daigné me regarder : si je lui parlais, à peine reconnaîtrait-il ma voix. Il n'y a que vous qui puissiez m'en venger : mais il faut que vous me donniez tout votre coeur ; sans cela, je serais encore plus malheureuse qu'auparavant. Je vous assure que c'est lui qui s'attire cette aventure : s'il m'aimait, je vous jure qu'il aurait en moi la femme la plus tendre, la plus soumise, la plus fidèle. Vous êtes mon unique ressource dans le monde. Je me suis flattée que, dans le fond, vous êtes un honnête homme ; qu'après les obligations que vous m'avez, vous vous ferez un devoir de bien vivre avec moi. Attendez encore un instant, vous serez peut-être étonné de ce que je vais vous dire. Je compte souper avec vous ce soir, et ne vous pas quitter sitôt : en vérité, je ne crois pas qu'il y ait en cela aucun mal. Promettez-moi seulement de ne m'en pas moins estimer. Encore un mot, je vous prie. Je vous aime plus pour vous que pour moi : promettez-moi d'être un peu plus rangé dans vos affaires, et d'ajouter le mérite solide d'un homme sage et modeste aux agréments extérieurs que vous avez. Je ne puis être heureuse si vous n'êtes heureux vous-même, et vous ne pourrez jamais l'être sans l'estime des honnêtes gens. Oui, je veux que ce soit elle qui me fasse aimer de vous : c'est elle qui m'a conduite ici, qui règne dans mon coeur, qui m'intéresse pour vous, qui me fait tout sacrifier pour vous ; c'est elle qui vous parle sous des apparences criminelles ; c'est elle qui me persuade que vous m'aimerez. Jurez-moi que vous m'aimerez quand vous m'aurez vue. Eh bien donc j'y consens. Vous allez être bien surpris. C'est déjà beaucoup qu'il m'appelle de ce nom : c'est pour la première fois de sa vie. Voyez si vous êtes honnête homme, et si vous tiendrez vos promesses. Dieu m'en préserve ! J'ai été trop maltraitée sous ce titre. Contentez-vous d'être fils de votre père, gendre de votre beau-père, et mari de votre femme. **** *creator_voltaire *book_voltaire_originaux *style_prose *genre_comedy *dist1_voltaire_prose_comedy_originaux *dist2_voltaire_prose_comedy *id_FANCHON *date_1732 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_fanchon Est-ce vous, Monsieur le Chevalier ? Cette discrétion me plaît : mais parlez-moi franchement, m'aimez-vous ? Je me sens toute disposée à vous plaindre ; mais si vous m'aimiez autant que vous dites, vous vous seriez déjà introduit auprès de mon père et de ma mère, et vous seriez le meilleur ami de la maison, au lieu de faire ici le pied de grue et de sauter les murs d'un jardin. C'est votre affaire ; et, afin que vous puissiez y réussir, je vais vous faire connaître le génie des gens que vous avez à ménager. Cela ne serait pas juste ; je sais trop ce que je dois à mes parents. Premièrement, mon père est un vieux président riche et bonhomme, fou de l'astrologie, où il n'entend rien. Ma mère est la meilleure femme du monde, folle de la médecine, où elle entend tout aussi peu : elle passe sa vie à faire et à tuer des malades. Ma soeur aînée est une grande créature, bien faite, folle de son mari, qui ne l'est point du tout d'elle. Son mari, mon beau-frère, est un soi-disant grand seigneur, fort vain, très fat, et rempli de chimères. Et moi, je deviendrais peut-être encore plus folle que tout cela si vous m'aimiez aussi sincèrement que vous venez de me l'assurer. Mais, il serait bon que vous me parlassiez un peu de la vôtre ; car je ne connais encore de vous que vos lettres. Comment ! Impossible ! Vous n'avez donc ni père ni mère ? Ne peut-on pas savoir au moins de quelle profession vous êtes ? Votre humeur me fait plaisir ; mais je crains bien d'être aussi malade que vous je ne vous en dirais pas tant si nous étions de plain-pied ; mais je me sens un peu hardie, de loin... Eh ! Mon Dieu ! Voici ma grande soeur qui entre dans ma chambre, et mon père et ma mère dans le jardin. Adieu ; je jugerai de votre amour si vous vous tirez de ce mauvais pas en habile homme. Je vole, ma mère. Ah ! Ma mère, si nous en aurons soin ! Il sera entre nous deux, et ce sera moi qui le servirai. La chose est un peu différente : pour moi, si j'étais à la place de ma soeur aînée, je sais bien ce que je ferais. Ce qu'elle est assez sotte pour ne pas faire. Eh bien ! Mon père ? Un mari, mon père ! Ah ! Mon père, un corsaire ? Cela me paraît très aisé, mon père : vous verrez que je serai mariée incessamment, et que je n'épouserai pas votre marin. Sans avoir étudié, je l'ai deviné tout d'un coup. Je crois que le pays d'où vous êtes sera le pays de mon mari. Je me trompe bien fort, ou les étoiles auront un pied de nez dans cette affaire, et je ne m'embarquerai pas avec Monsieur du Cap-Vert. Il faut que j'aille servir notre malade, ma chère comtesse : le ciel le veut comme cela. Pour un moment, passe. Hélas ! Que puis-je pour vous, moi qui suis si fort embarrassée pour moi-même ? À quoi ? À vous venger de votre glorieux et impertinent mari ? Oh ! De tout mon coeur. Il n'en vaut pas la peine, puisqu'il ne vous aime pas. Mais voilà malheureusement la raison pour quoi vous êtes si fort attachée à lui : s'il était à vos pieds, vous seriez peut-être indifférente. C'est un air aisé : il prétend que ce sont les manières du grand monde. Le fat ! Ah ! Que vous êtes bonne, ma soeur, d'être honnête femme ! Oui, mais à condition que vous prendrez part à ma folie. Pourvu que vous me prêtiez quelque secours pour m'empêcher d'être l'esclave du corsaire qu'on me destine. Et moi, je vous communiquerai mes petites idées... Voilà comme les soeurs devraient toujours vivre. Allons donc, ne pleurez plus, pour que je puisse rire. Je n'ai pas plus dormi que vous. Et moi, les agréments du chevalier dans l'imagination. Vous ne songez guère combien le chevalier me tourne la tête. Et moi, je vous plains. Larmoyer pour un mari qui n'est peut-être pas si grand seigneur qu'il le dit ! Qui a plus de dettes que de bien, plus d'impertinence que d'esprit, plus d'orgueil que de magnificence, plus... Qui vous dédaigne, qui prodigue avec des filles d'opéra ce que vous lui avez apporté en mariage, un débauché, un fat... Un petit freluquet idolâtre de sa figure, et qui est plus longtemps que nous à sa toilette, qui copie tous les ridicules de la cour sans en prendre une seule bonne qualité, qui fait l'important, qui... Il ne tient pourtant qu'à vous : cela ne finira pas sitôt. Ah ! Ma soeur, s'il vous faisait l'honneur de vous traiter comme sa femme, et si vous connaissiez sa personne aussi bien que vous connaissez ses vices, peut-être en peu de temps seriez-vous tranquille sur son compte. Enfin vous voilà donc résolue d'employer à sa conversion tout ce que vous tenez de la libéralité de mon père ? Oui, mais un coeur ne s'achète point : il se donne, et ne peut se vendre. Vous me donnez un emploi singulier entre un mari et sa femme. Le métier que je m'en vais faire est un peu hardi : il faudra que je prenne les apparences de la friponnerie pour faire une action de vertu. Allons, il n'y a rien qu'on ne fasse pour sa soeur. Retirez-vous ; allez faire votre cour à sa toilette : je prendrai mon temps pour lui parler. Souvenez-vous de moi dans l'occasion, je vous en prie, et empêchez qu'on ne m'envoie sur mer. Mon petit page, allez un peu voir là-dedans si j'y suis. L'envie de vous rendre un petit service. Je voudrais vous la changer un peu. Ne me dites point de douceurs : ce n'est pas pour moi que je viens ici. Soyez discret, au moins. N'allez jamais en parler à votre femme. À Monsieur le président, ni à madame la présidente. À mon mari, quand j'en aurai un. Eh bien ! Je suis chargée de la part d'une jeune femme extrêmement jolie... Plus noble que vous ne pensez : les intentions justifient tout ; et quand vous saurez de quoi il est question, vous aurez meilleure opinion de moi, et vous verrez que tout ceci est en tout bien et en tout honneur. Qui a de la confiance en moi, m'a priée de vous dire... Que vous êtes le plus... Le plus ridicule de tous les hommes. Écoutez jusqu'au bout : vous allez être bien surpris. Elle vous trouve donc, comme j'avais l'honneur de vous le dire, extrêmement ridicule, vain comme un paon, dupe comme une buse, fat comme Narcisse ; mais, au travers de ces défauts, elle croit voir en vous des agréments. Vous l'indignez, et vous lui plaisez ; elle se flatte que si vous l'aimiez, elle ferait de vous un honnête homme. Elle dit que vous ne manquez pas d'esprit, et elle espère de vous donner du jugement. La seule chose où elle en manque, c'est en vous aimant ; mais c'est son unique faiblesse : elle est folle de vous, comme vous l'êtes de vous-même. Elle sait que vous êtes endetté par-dessus les oreilles ; elle a voulu vous donner des preuves de sa tendresse qui vous enseignassent à avoir des procédés généreux ; elle a vendu toutes ses nippes, elle en a tiré vingt mille francs en billets et en or, qui déchirent mes poches depuis une heure. Tenez, les voilà ; ne me demandez pas son nom ; promettez-moi seulement un rendez-vous pour elle ce soir, dans votre chambre, et corrigez-vous pour mériter ses bontés. Elle est belle comme le jour ; et vous êtes un misérable, indigne que la petite Fanchon se mêle de vos affaires. Adieu ; tâchez de mériter mon estime et mes bontés. Quoi ! Monsieur le chevalier, c'est donc là ce fameux Monsieur du Cap-Vert, cet homme illustre, la terreur des mers et la mienne ? C'est donc vous, monsieur, dont mon père m'a entretenue si souvent ? Il y a cinquante ans que vous êtes son intime ami ? Voudriez-vous faire à sa fille un petit plaisir ? C'est, monsieur, de ne me point épouser. Mais entre nous, monsieur du Cap-Vert, vous figurez-vous qu'à mon âge, et faite comme je suis, il soit si plaisant pour moi de vous épouser, d'être empaquetée dans votre bord comme votre pacotille, et d'aller vous servir d'esclave aux antipodes ? Savez-vous bien ce que risque un mari de soixante-cinq ans quand il épouse une fille de quinze ? N'avez-vous jamais ouï-dire qu'il y a eu autrefois des cocus dans le monde ? Trois enfants avant mon mariage ! Trois enfants avant mon mariage, imposteur ! Et qui vous dit ces belles nouvelles-là ? Quoi ! C'est vous qui... Je mourrais plutôt mille fois. Et quoi, chevalier ? Et que diraient le président et la présidente ? J'en suis un peu tentée ; mais, chevalier, pensez-vous que mon père veuille absolument me sacrifier à ce vilain homme ? Ah ! Que je suis malheureuse ! Je ne me sens pas le courage de faire d'emblée un coup si hardi : je vois qu'il faut que vous m'y accoutumiez par degrés. Je ne vous aime que trop : vous m'attendrissez, vous m'allez faire pleurer, vous me déchirez le coeur ; allez-vous-en. Hélas ! Tout de travers. Bon ! Il veut seulement avoir une femme pour la faire mourir de chagrin. Je vous en réponds, et de la bonne manière : monsieur le chevalier y était présent. Parce qu'heureusement il s'est trouvé là. Lui, ma soeur ? Il m'a répondu que j'étais une merluche, une impertinente, une morveuse. Il m'a dit que j'avais en deux ou trois enfants, mais qu'il ne s'en mettait pas en peine. Que cela ne l'empêcherait de rien. Qu'il allait trouver mon père et ma mère. Qu'il signerait les articles ce soir. Et qu'il m'épouserait cette nuit. En dût-il être cocu ! Ah ! Le coeur me fend. Monsieur le chevalier et moi, nous sommes inconsolables. Eh non ! Ce n'est pas de votre mari dont je parle ; c'est du bourreau qui veut être le mien. Au nom de Dieu ; ma soeur, engagez mon père à différer ce mariage. Monsieur le chevalier vous en prie avec moi. Ma soeur, ne m'abandonnez pas. Voyez-vous, ma soeur, si l'on me force à épouser cet homme-là, je suis fille à mettre le feu aux poudres, et à sauter en l'air avec son maudit vaisseau, lui, l'équipage, et moi. Ne manquez pas de représenter à ma mère la cruauté qu'il y aurait à me laisser manger par ce cancre de corsaire. C'est-à-dire, notre beau-frère, que vous avez perdu l'argent que je vous avais donné tantôt. Vous ne pourrez la voir que ce soir, sur le tard : mais je viens vous consoler. Je ne suis point intéressée, et ne vais point sur le marché des autres. Réservez toutes vos bontés pour elle ; elle les mérite mieux que moi : c'est le visage du monde le plus aimable, la taille la plus belle, des airs charmants... Un ton de voix tendre et touchant, un esprit juste, fin, doux, le coeur le plus noble : hélas ! Vous vous en apercevrez assez. Si vous vouliez être honnête homme au lieu d'être petit-maître, vous conduire en homme sage au lieu de vous ruiner en grand seigneur, elle vous adorera toute sa vie. Soyez sûr qu'elle ne vivra que pour vous, et que son amour ne sera point incommode ; qu'elle chérira votre personne, votre honneur, votre famille, comme sa personne, son honneur, sa famille propre ; que vous goûterez ensemble un bonheur dont vous n'avez point d'idée... Ni moi non plus. Vous voilà ému de tout ce que je viens de dire ; vous le seriez bien davantage si... Enfin, que diriez-vous si je vous donnais de sa part cinquante mille livres en diamants ? Cela n'est point impossible : les voilà. Écoutez bien : ce n'est pas parce que vous avez du mérite que l'on vous traite ainsi ; mais c'est afin que vous en ayez, si vous pouvez. Ah çà ! Je vous ai parlé assez longtemps de vos affaires ; venons aux miennes : je vous rends, je crois, un assez joli service ; il faut me récompenser. Mon père a chaussé dans sa tête de me faire madame du Cap-Vert : on dresse actuellement le contrat, c'est-à-dire mon arrêt de mort. Jugez de l'état où je suis, puisque j'ai perdu toute ma gaieté : cependant je suis si bonne que j'ai pensé à vos affaires avant que de régler les miennes. Le moment fatal arrive, la tête commence à me tourner ; je ne sais plus que devenir. Je n'en sais rien ; mais que je ne sois pas madame du Cap-Vert. Elle a plus d'envie de vous voir que vous n'en avez de la remercier : elle viendra bientôt, je vous jure. Vous savez que l'on court après son argent ; mais ceux qui l'ont reçu sont d'ordinaire fort tranquilles. Adieu ; je vais chercher une femme qui vous aime : servez-moi seulement contre un homme que je n'aime point. J'ai affaire ici : retirez-vous, vous dis-je ; songez seulement à éloigner Monsieur du Cap-Vert. Croyez-vous que je n'ai pas ici d'autres intérêts à ménager que les vôtres ? Vous m'excédez. Absolument vous ne saurez rien. Oh ! Oh ! Vous voulez être jaloux. Je n'aime ni les curieux ni les jaloux, je vous en avertis : si vous étiez mon mari, je ne vous pardonnerais jamais ; mais je vous le passe, parce que vous n'êtes que mon amant. Dénichez, voici ma soeur. Ma chère soeur, vos affaires et les miennes sont embarrassantes : ce n'est pas une petite entreprise de réformer le coeur de monsieur le comte, et de renvoyer le monstre marin qu'on me veut donner. Mais où avez-vous laissé Monsieur du Cap-Vert ? Il est à sa toilette qui se poudre pour vous recevoir. Tout à l'heure. Non, si vous parlez bas, si vous déguisez le son de votre voix, et s'il n'y a point de lumières. Ne pleurez donc point : Songez-vous bien que je vais peut-être mourir de douleur dans un quart d'heure, moi qui vous parle ? Mais cela ne m'empêche pas de rire en attendant. Ah ! Voici votre fat de mari : emmitouflez-vous bien dans vos coiffes, s'il vous plaît. Monsieur le comte, arrivez, arrivez. Oui, c'est elle-même préparez-vous à lui rendre vos hommages. Ma présence est un peu inutile ici : je vais trouver mon cher Monsieur du Cap-Vert. Adieu ; comportez-vous en honnête homme. Au secours ! Au secours contre des parents et un mari ! Monsieur le comte, rendez-moi service à votre tour. Voici l'heure la plus triste de ma vie. Mon père, encore une fois... Ma chère mère... Mon cher monsieur le comte... Ma chère dame, embrassez-moi. Mon Dieu ! Que je suis aise de vous voir ! **** *creator_voltaire *book_voltaire_originaux *style_prose *genre_comedy *dist1_voltaire_prose_comedy_originaux *dist2_voltaire_prose_comedy *id_MADAMEDUCAPVERT *date_1732 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_madameducapvert C'est donc ici la maison du président Bodin ? Ah ! Mon petit comte, vois-tu, il faut que tu secoures ici une pauvre affligée. Non, mon cher enfant, c'est à moi de me jeter aux tiens. Oui, mon ami, je te fais toutes les avances. Est-il bien vrai que mon petit traître est dans la maison ? Mon traître, mon petit traître, mon petit mari : on dit qu'il est ici. Monsieur du Cap-Vert, monsieur du Cap-Vert. Tu crois qu'oui !... Me voilà la femme de la terre habitable la plus heureuse. J'aurai le plaisir de dévisager ce fripon-là. Il est joli ! Il y a vingt ans qu'il m'a abandonnée, il y a vingt ans que je le cherche : je le trouve ; voilà qui est fait. Où est-il ? Qu'on me le montre ! Qu'on me le montre ! Oui, mon petit fripon ; il y a tantôt cinquante ans. Lui, épouser une fille du président ! Non, mort de ma vie ! Je l'en empêcherai bien. Il y a vingt ans qu'il me joue de ces tours-là, et qu'il va épousant tout le monde. Il me fit mettre dans un couvent après deux ans de mariage, à cause d'un certain régiment de dragons qui vint alors à Bayonne, et qui était extrêmement galant : mais nous avons sauté les murs, nous nous sommes vengé ! Ah ! Que nous nous sommes vengé, mon petit freluquet ! Moi, je ne t'ai rien envoyé que je sache : je viens chercher mon traître. Tu me parais tant soit peu impertinent ; mais puisque tu me rends service de si bon coeur, je te le pardonne. Eh ! Mon petit mari, te voilà, infâme, bigame, polygame ! Je vais te faire pendre, mon cher coeur. Non, mon bijou ; il y a vingt ans que je te guettais. Embrasse-moi, fripon, embrasse-moi : il vaut mieux tard que jamais. Tes règles ne valent pas le diable, ni loi non plus. Mon mari, il est temps d'être sage : tu as assez couru le monde, et moi aussi. Tu seras heureux avec moi ; quitte cette petite morveuse-là. Voilà un assez aimable garçon. Traître ! Si mes deux enfants étaient aussi aimables que cela, je te pardonnerais tout. Où sont-ils, où sont-ils, mes deux enfants ? Traître ! Et Mme Éberne, chez qui tu avais mis un de mes enfants ? Oui, comment ? Répondez. Vous... Vous... Ouf !... Mon coeur me dit... Madame Éberne a été votre mie ? Je commence déjà à pleurer de tendresse. Approchez, approchez, madame Rafle, et reconnaissez, comme vous pourrez, ces deux espèces-là. Assurément, cela va tout seul, n'est-il pas vrai, madame Rafle ? Vous savez comment celui-ci est venu : c'était un petit mystère. Allons, allons, n'en parlons plus. J'ai retrouvé mes trois vagabonds tout cela est à moi. **** *creator_voltaire *book_voltaire_originaux *style_prose *genre_comedy *dist1_voltaire_prose_comedy_originaux *dist2_voltaire_prose_comedy *id_MONSIEURDELETRIER *date_1732 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_monsieurdeletrier Monseigneur, voici votre lingère, votre baigneur, votre parfumeur, votre rôtisseur, votre doreur, votre sellier, votre éperonnier, votre bijoutier, votre usurier, qui attendent dans l'antichambre, et qui demandent tous de l'argent. Monseigneur ? Monseigneur, je les vendis hier pour acheter des boucles d'oreilles à Mlle Manon. Un coquin de marchand de foin les fit saisir hier avec votre berline neuve. Et moi aussi, monseigneur. Cela prouve votre générosité. Au lieu de cent prêteurs vous avez cent créanciers. J'ai l'honneur d'être votre écuyer, et vous n'avez point de chevaux. Vous avez un page qui n'a point de chemises, des laquais sans gages, des terres en décret : ma foi, j'oserais vous conseiller d'accepter quelque bonne somme du beau-père, et de lui faire un petit comte des Apprêts. Mais ne la trouvez-vous pas jolie ? Eh bien donc ! Elle est vertueuse, elle vous aime. Non, monseigneur. Monsieur, monsieur, doucement vous êtes ici chez un seigneur qui a bien voulu épouser la fille aînée du président Bodin. Appelez-le monseigneur, s'il vous plaît. Monsieur, ce n'est pas pour vous manquer de respect... Votre Excellence n'a pas le sou, à ce que je vois. Argent mal acquis ne profite pas, comme vous voyez. Oui, et surtout aux étranges gens, monseigneur. Oui, monseigneur ; Oui, la vieille, c'est la maison du président Bodin ; mais c'est ici chez monsieur le comte. **** *creator_voltaire *book_voltaire_originaux *style_prose *genre_comedy *dist1_voltaire_prose_comedy_originaux *dist2_voltaire_prose_comedy *id_CHAMPAGNE *date_1732 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_champagne Elle est morte ce matin. **** *creator_voltaire *book_voltaire_originaux *style_prose *genre_comedy *dist1_voltaire_prose_comedy_originaux *dist2_voltaire_prose_comedy *id_NUITBLANCHE *date_1732 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_nuitblanche Monsieur ? Je crois que nous y voici. Nous sommes près du jardin du président Bodin : n'est-ce pas cela que vous cherchez ? Qui ? Qui, elle ? Quoi ! Monsieur, la fille du président Bodin vous aurait déjà donné rendez-vous ? Eh ! De grâce, monsieur, où avez-vous déjà fait connaissance avec cette demoiselle dont le coeur est si aisé, et l'accès si difficile ? Ah ! Monsieur, nous sommes perdus ! Voici des gens avec une arquebuse. **** *creator_voltaire *book_voltaire_originaux *style_prose *genre_comedy *dist1_voltaire_prose_comedy_originaux *dist2_voltaire_prose_comedy *id_MADAMERAFLE *date_1732 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_madamerafle Eh ! Mon Dieu oui ! Je les reconnais... Bonjour, mes deux espiègles. Comme cela est devenu grand ! On ne peut pas s'y méprendre : voilà vingt marques indubitables auxquelles je les reconnais.