**** *creator_voltaire *book_voltaire_pandore *style_verse *genre_opera *dist1_voltaire_verse_opera_pandore *dist2_voltaire_verse_opera *id_PROMETHEE *date_1767 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_promethee Prodige de mes mains, charmes que j'ai fait naître, Je vous appelle en vain, vous ne m'entendez pas : Pandore, tu ne peux connaître Ni mon amour ni tes appas. Quoi ! J'ai formé ton coeur, et tu n'es pas sensible ! Tes beaux yeux ne peuvent me voir ! Un impitoyable pouvoir Oppose à tous mes voeux un obstacle invincible : Ta beauté fait mon désespoir. Quoi ! Toute la nature autour de toi respire ! Oiseaux, tendres oiseaux, vous chantez, vous aimez : Et je vois ses appas languir inanimés, La mort les tient sous son empire. Jupiter est jaloux de mon divin ouvrage : Il craint que cet objet n'ait un jour des autels : Il ne peut sans courroux voir la terre embellie : Jupiter à Pandore a refusé la vie ! Il rend mes chagrins éternels. Au séjour de la nuit vos voix ont éclaté : Le jour pâlit, la terre tremble : Le monde est ébranlé, l'Érèbe se rassemble. Je veux servir la terre, et non pas l'opprimer. Hélas ! a cet objet j'ai donné la naissance, Et je demande en vain qu'il s'anime, qu'il pense, Qu'il soit heureux, qu'il sache aimer. Fuyez donc à jamais ce beau jour qui m'éclaire : Vous êtes malfaisants, vous n'êtes point mes dieux. Fuyez, destructeurs odieux De tout le bien que je veux faire : Dieux des malheurs, dieux des forfaits, Ennemis funèbres, Replongez-vous dans les ténèbres : Ennemis funèbres, Laissez le monde en paix. Ah ! Trop cruels amis ! Pourquoi déchaîniez-vous, Du fond de cette nuit obscure, Dans ces champs fortunés, et sous un ciel si doux, Ces ennemis de la nature ? Que l'éternel chaos élève entre eux et nous Une barrière impénétrable ! L'enfer implacable Doit-il animer Ce prodige aimable Que j'ai su former ? Un dieu favorable Le doit enflammer. L'Amour est dans les cieux : c'est là qu'il faut me rendre : L'Amour y règne sur les dieux. Je lancerai ses traits, j'allumerai ses feux : C'est le dieu de mon coeur, et j'en dois tout attendre. Je vole à son trône éternel : Sur les ailes des vents l'Amour m'enlève au ciel. Je le ravis aux dieux, je l'apporte à la terre, Ce feu sacré du tendre Amour, Plus puissant mille fois que celui du tonnerre, Et que les feux du dieu du jour. Que ce feu précieux, l'astre de la nature, Que cette flamme pure Te mette au nombre des vivants. Terre, sois attentive à ces heureux instants : Lève-toi, cher objet, c'est l'Amour qui l'ordonne : A sa voix obéis toujours : Lève-toi, l'Amour te donne La vie, un coeur, et de beaux jours. Vos beaux yeux ont su m'enflammer Lorsqu'ils ne s'ouvraient pas encore : Vous ne pouviez répondre, et j'osais vous aimer. Vous parlez, et je vous adore. Vous n'en sauriez trop dire, et la simple nature Parle sans feinte et sans détour. Que toujours la race future Prononce ainsi le nom d'Amour ! Ciel ! quelle épaisse nuit, quels éclats du tonnerre, Détruisent les premiers instants Des innocents plaisirs que possédait la terre ! Quelle horreur a troublé mes sens ! Tyrans cruels ! Cruels ! ayez pitié de ma douleur extrême. On l'enlève : tyrans jaloux, Dieux, vous m'arrachez mon partage : Il était plus divin que vous : Vous étiez malheureux, vous étiez en courroux Du bonheur qui fut mon ouvrage : Je ne devais qu'à moi ce bonheur précieux. J'ai fait plus que Jupiter même, Je me suis fait aimer. J'animais ces beaux yeux : Ils m'ont dit en s'ouvrant : Vous m'aimez, je vous aime. Elle vivait par moi, je vivais dans son coeur, Dieux jaloux, respectez nos chaînes. Ô Jupiter ! Ô fureurs inhumaines ! Éternel persécuteur, De l'infortune créateur; Tu sentiras toutes mes peines. Je braverai ton pouvoir : Ta foudre épouvantable Sera moins redoutable Que mon amour au désespoir. Terre, contre le ciel apprends à te défendre. Trompettes et tambours, organes des combats, Pour la première fois vos sons se font entendre : Éclatez, guidez nos pas. Le ciel sera le prix de votre heureux courage. Amis, je ne prétends que Pandore et sa foi. Laissez-moi ce juste partage : Marchez, Titans, et suivez-moi. Le tonnerre en éclats répond à nos trompettes. Jupiter quitte ses retraites : La foudre a donné le signal : Commençons ce combat fatal. Être inaltérable, Souverain des temps, Dicte à nos tyrans Ton ordre irrévocable. La victoire est à moi, si vous m'aimez encore. L'Amour et le Destin parlent en ma faveur. Les Titans sont tombés : plaignez leur sort affreux. Je dois soulager leur chaîne. Apprenons à la race humaine À secourir les malheureux. Que faites-vous ? Hélas ! Daignez me croire. Je crains tout d'un rival : et ces soins curieux Sont des pièges nouveaux que vous tendent les dieux. Songez à ma prière, Songez à l'intérêt de la nature entière, Et du moins attendez mon retour en ces lieux. Vous me le promettez ? C'en est assez, je pars, et je suis rassuré. Nymphes des bois, redoublez votre zèle : Chantez cet univers détruit et réparé. Que tout s'embellisse à son gré, Puisque tout est formé pour elle. Ô surprise ! ô douleur profonde ! Fatale absence ! horribles changements ! Quels astres malfaisants Ont flétri la face du monde ? Je ne vois point Pandore : elle ne répond pas Aux accents de ma voix plaintive. Pandore ! mais, hélas ! de l'infernale rive Les monstres déchaînés volent dans ces climats. Quoi ! La mort en ces lieux s'est donc fait un passage ! Quoi ! La terre a perdu son éternel printemps, Et ses malheureux habitants Sont tombés en partage A la fureur des dieux, de l'enfer, et du temps ! Ces nymphes de leurs pleurs arrosent ce rivage. Pandore ! Cher objet, ma vie et mon image, Chef-d'oeuvre de mes mains, idole de mon coeur, Répondez à ma douleur. Je la vois, de ses sens elle a perdu l'usage. Moi, la punir ! Quoi ! Malgré ma prière, et malgré vos serments, Vous avez donc ouvert cette boîte odieuse ? **** *creator_voltaire *book_voltaire_pandore *style_verse *genre_opera *dist1_voltaire_verse_opera_pandore *dist2_voltaire_verse_opera *id_PANDORE *date_1767 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_pandore Où suis-je ?et qu'est-ce que je vois ? Je n'ai jamais été : quel pouvoir m'a fait naître ? J'ai passé du néant à l'être. Quels objets ravissants semblent nés avec moi Ces sons harmonieux enchantent mes oreilles : Mes yeux sont éblouis de l'amas des merveilles Que l'auteur de mes jours prodigue sur mes pas. Ah ! D'où vient qu'il ne paraît pas ? De moment en moment je pense et je m'éclaire. Terre qui me portez, vous n'êtes point ma mère : Un dieu sans doute est mon auteur : Je le sens, il me parle, il respire en mon coeur. Ciel ! Est-ce moi que j'envisage ? Le cristal de cette onde est le miroir des cieux : La nature s'y peint : plus j'y vois mon image, Plus je dois rendre grâce aux dieux. Quel objet attire mes yeux ! De tout ce que je vois, dans ces aimables lieux, C'est vous, c'est vous, sans doute, à qui je dois la vie. Du feu de vos regards que mon âme est remplie ! Vous semblez encor m'animer. Vous m'aimez ! Cher auteur de mes jours commencés, Vous m'aimez ! Et je vous dois l'être ! La terre m'enchantait : que vous l'embellissez ! Mon coeur vole vers vous, il se rend à son maître : Et je ne puis connaître Si ma bouche en dit trop, ou n'en dit pas assez. Ordre funeste ! Larmes que j'ignorais, vous coulez de mes yeux. Ah ! J'étais dans le ciel en voyant ce que j'aime. À peine j'ai goûté l'aurore de la vie : Mes yeux s'ouvraient au jour, mon coeur à mon amant : Je n'ai respiré qu'un moment. Douce félicité, pourquoi m'es-tu ravie ? On m'avait fait craindre la mort : Je l'ai connue, hélas ! Cette mort menaçante : N'est-ce pas mourir, quand le sort Nous ravit ce qui nous enchante ? Dieux, rendez-moi la terre et mon obscurité, Ce bocage où j'ai vu l'amant qui m'a fait naître : Il m'avait deux fois donné l'être : Je respirais, j'aimais : quelle félicité ! À peine j'ai goûté l'aurore de la vie, etc. Que tout ce que j'entends conspire à m'effrayer ! Je crains, je hais, je fuis cette grandeur suprême. Qu'il est dur d'entendre louer Un autre dieu que ce que j'aime ! Mes yeux sont offensés du jour qui m'environne : Rien ne me plaît, et tout m'étonne. Mes déserts avaient plus d'appas. Disparaissez, ô splendeur infinie ! Mon amant ne vous voit pas. Cessez, inutile harmonie ! Il ne vous entend pas. Le néant d'où je sors à peine Est cent fois préférable à ce présent cruel : Votre immortalité, sans l'objet qui m'enchaîne, N'est rien qu'un supplice immortel. La terre était mon vrai séjour : C'est là que j'ai senti l'amour. Je les ai tous sentis, du moins j'ose le croire : Ils ont égalé mes tourments. Ah ! Vous avez pour vous la grandeur et la gloire : Laissez les plaisirs aux amants. Vous êtes dieu, l'encens doit vous suffire : Vous êtes dieu, comblez mes voeux. Consolez tout ce qui respire : Un dieu doit faire des heureux. Oui, j'aime, oui, doux plaisirs, vous redoublez ma flamme : Mais vous redoublez ma douleur. Dieux charmants, si c'est vous qui faites le bonheur, Allez au maître de mon âme. Quoi ! Vous le puniriez, vous qui causez sa peine ? Vous n'êtes qu'un tyran jaloux et tout-puissant. Aimez-moi d'un amour encor plus violent, Je vous punirai par ma haine. Cruel ! Ayez pitié de mon mortel effroi : Jugez de mon amour, puisque je vous implore. Ô jours de ma naissance ! ô charmes trop funestes ! Désirs naissants, que vous étiez trompeurs ! Quoi ! la beauté, l'amour, et les faveurs célestes, Tous les biens ont fait mes malheurs ! Amour, qui m'as fait naître, apaise tant d'alarmes : N'es-tu pas souverain des dieux ? Viens sécher mes larmes, Enchaîne et désarmes La terre et les cieux. Terre, ciel, ô douleur profonde ! Dieux, Titans, calmez mou effroi. J'ai causé les malheurs du monde : Terre, ciel, tout périt pour moi. Eh quoi ! Vous me quittez, cher amant que j'adore ? Êtes-vous soumis ou vainqueur ? Eh quoi ! Vous me quittez, cher amant que j'adore ? Demeurez un moment. Voyez votre victoire. Ouvrons ce don charmant du souverain des dieux : Ouvrons. Quoi ! Vous pensez... ? Eh bien ! Vous le voulez : il faut vous satisfaire. Je soumets ma raison : je ne veux que vous plaire. Je jure, je promets à mes tendres amours De vous croire toujours. J'en jure par vous-même. On obéit dès que l'on aime. Il est l'auteur de ma naissance, Mon roi, mon amant, mon époux. Il craint tout : son amour est tendre, Et j'aime à complaire à ses voeux. Il m'a fait un coeur tendre, il me charme, il m'adore : Pouvait-il mieux m'embellir ? Vous me faites frémir ! Non, il est mon amant, il doit l'être à jamais. Il est mon roi, mon dieu, pourvu qu'il soit fidèle. C'est pour l'aimer toujours qu'il faut être immortelle : C'est pour le mieux charmer que je veux plus d'attraits. Mais n'abusez-vous point de ma faible innocence ? Auriez-vous tant de cruauté ? Hélas ! Je mourrais de douleur, Si je méritais sa colère, Si je pouvais déplaire Au maître de mon coeur. Ce nom l'emporte, et je vous crois : Ouvrons. Quelle vapeur épaisse, épouvantable, M'a dérobé le jour, et troublé tous mes sens ? Dieu trompeur, ministre implacable ! Ah ! Quels maux affreux je ressens ! Je me vois punie et coupable. Ah ! Je suis indigne de vous : J'ai perdu l'univers, j'ai trahi mon époux. Punissez-moi : nos maux sont mon ouvrage. Frappez. Frappez, arrachez-moi Cette vie odieuse Que vous rendiez heureuse, Ce jour que je vous dois. Un dieu cruel, par ses enchantements, A séduit ma raison faible et trop curieuse. Ô fatale crédulité ! Tous les maux sont sortis de ce don détesté, Tous les maux sont venus de la triste Pandore. Consolateur charmant, dieu digne de mes voeux, Vous qui vivez dans moi, vous, l'âme de mon âme, Punissez Jupiter en redoublant la flamme Dont vous nous embrasez tous deux. Des destins la chaîne redoutable Nous entraîne à d'éternels malheurs : Mais l'Espoir, à jamais secourable, De ses mains viendra sécher nos pleurs. Dans nos maux il sera des délices : Nous aurons de charmantes erreurs : Nous serons au bord des précipices, Mais l'Amour les couvrira de fleurs. **** *creator_voltaire *book_voltaire_pandore *style_verse *genre_opera *dist1_voltaire_verse_opera_pandore *dist2_voltaire_verse_opera *id_JUPITER *date_1767 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_jupiter Je l'ai vu cet objet sur la terre animé : Je l'ai vu, j'ai senti des transports qui m'étonnent : Le ciel est dans ses yeux, les grâces l'environnent : Je sens que l'Amour l'a formé. Non, je ne fus jamais que puissant et terrible : Je commande à l'Olympe, à la terre, aux enfers : Les coeurs sont à l'Amour. Ah ! que le sort m'outrage ! Quand il donna les cieux, quand il donna les mers, Quand il divisa l'univers, L'Amour eut le plus beau partage. L'Amour instruit trop aisément. Que ne peut point Pandore ? Elle est femme, elle est belle. La voilà : jouissons de son étonnement. Retirons-nous pour un moment Sous les arcs lumineux de la voûte éternelle. Cieux, enchantez ses yeux, et parlez à son coeur : Vous déploierez en vain ma gloire et ma splendeur : Vous n'avez rien de si beau qu'elle. Nouveau charme de la nature, Digne d'être éternel, Vous tenez de la terre un corps faible et mortel, Et vous devez cette âme inaltérable et pure Au feu sacré du ciel. C'est pour les dieux que vous venez de naître : Commencez à jouir de la divinité : Goûtez auprès de votre maître L'heureuse immortalité. Quoi ! Méconnaissez-vous le maître du tonnerre ? Dans les palais des dieux regrettez-vous la terre. Non, vous n'en connaissez qu'une image infidèle, Dans un monde indigne de lui. Que l'amour tout entier, que sa flamme éternelle, Dont vous sentiez une étincelle, De tous ses traits de feu nous embrase aujourd'hui Je veux vous rendre heureuse, et par vous je veux l'être. Plaisirs, qui suivez votre maître, Ministres plus puissants que tous les autres dieux, Déployez vos attraits, enchantez ses beaux yeux : Plaisirs, vous triomphez dès qu'on peut vous connaître. Ciel ! Ô ciel ! Quoi ! Mes soins ont ce succès fatal ? Quoi ! J'attendris son âme, et c'est pour mon rival ! Je les punirai tous... Seul, je suffis contre eux. Marchons, et que la foudre éclate devant moi. Prends soin de conduire Pandore. Dieux, que mon coeur est désolé ! J'éprouve les horreurs qui menacent le monde. L'univers reposait dans une paix profonde : Une beauté parait, l'univers est troublé. Ô Destin ! Le maître des dieux Est l'esclave de la puissance. Eh bien ! sois obéi : mais que ce jour commence Le divorce éternel de la terre et des cieux. Némésis, sors des sombres lieux. Séduis le coeur, trompe les yeux De la beauté qui m'offense. Pandore, connais ma vengeance Jusque dans mes dons précieux. Que cet instant commence Le divorce éternel de la terre et des cieux. **** *creator_voltaire *book_voltaire_pandore *style_verse *genre_opera *dist1_voltaire_verse_opera_pandore *dist2_voltaire_verse_opera *id_MERCURE *date_1767 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_mercure Un héros téméraire a pris le feu céleste : Pour expier ce vol audacieux, Montez, Pandore, au sein des dieux. Obéissez, montez aux cieux. Venez, montez aux cieux, partez : Jupiter commande : Il faut qu'on se rende À ses volontés. Venez, montez aux cieux, partez. Vents, obéissez-nous, et déployez vos ailes : Vents, conduisez Pandore aux voûtes éternelles. Vous régnez, vous plairez, vous la rendrez sensible, Vous allez éblouir ses yeux à peine ouverts. Que craignez-vous ? Pandore à peine a vu le jour, Et d'elle-même encore à peine a connaissance : Aurait-elle senti l'amour Dès le moment de sa naissance ? Jupiter, arme-toi du foudre : Prends tes feux, va réduire en poudre Tes ennemis audacieux. Prométhée est armé : les Titans furieux Menacent les voûtes des cieux : Ils entassent des monts la masse épouvantable : Déjà leur foule impitoyable Approche de ces lieux. **** *creator_voltaire *book_voltaire_pandore *style_verse *genre_opera *dist1_voltaire_verse_opera_pandore *dist2_voltaire_verse_opera *id_NEMESIS *date_1767 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_nemesis Les ondes du Léthé, les flammes du Tartare Doivent tout ravager. Parlez, qui voulez-vous plonger Dans les profondeurs du Ténare ? Tremble, tremble pour toi-même : Crains notre retour, Crains Pandore et l'Amour. Le moment suprême Vole sur tes pas. Nous allons déchaîner les démons des combats : Nous ouvrirons les portes du trépas. Tremble, tremble pour toi-même. Je vous l'ai déjà dit, Prométhée est jaloux : Il abuse de sa puissance. Il porte à trop d'excès les droits qu'il a sur vous. Devait-il jamais vous défendre De voir ce don charmant que vous tenez des dieux ? Il en exige trop, adorable Pandore : Il n'a point fait pour vous ce que vous méritez. Il put en vous formant vous donner des beautés Dont vous manquez peut-être encore. Vos charmes périront. Cette boîte mystérieuse Immortalise la beauté : Vous serez, en ouvrant ce trésor enchanté, Toujours belle, toujours heureuse : Vous régnerez sur votre époux : Il sera soumis et facile. Craignez un tyran jaloux : Formez un sujet docile. Ah ! C'est trop vous en défendre : Je sers vos tendres amours : Je ne veux que vous apprendre À plaire, à brûler toujours. Ah ! Qui pourrait tromper une jeune beauté ? Tout prendrait votre défense. Au nom de la nature entière, Au nom de votre époux, rendez-vous à ma voix. Fuyons de la terre et des airs. Jupiter est vengé, rentrons dans les enfers. **** *creator_voltaire *book_voltaire_pandore *style_verse *genre_opera *dist1_voltaire_verse_opera_pandore *dist2_voltaire_verse_opera *id_NYMPHES *date_1767 *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_nymphes Quelle douce aurore Se lève sur nous ! Terre, jeune encore, Embellissez-vous. Brillantes fleurs, qui parez nos campagnes : Sommets des superbes montagnes, Qui divisez les airs, et qui portez les cieux : Ô nature naissante, Devenez plus charmante, Plus digne de ses yeux ! Fille du ciel, âme du monde, Passez dans tous les coeurs : L'air, la terre, et l'onde Attendent vos faveurs. Tambours, trompettes, et tonnerre, Dieux et Titans, que faites-vous ? Vous confondez, par vos terribles coups, Les enfers, le ciel et la terre. Voici le siècle d'or, voici le temps de plaire. Doux loisir, ciel pur, heureux jours, Tendres amours, La nature est votre mère. Comme elle durez toujours. La discorde, la triste guerre, Ne viendront plus nous affliger : Le bonheur est né sur la terre. Le malheur était étranger. Les fleurs commencent à paraître : Quelle main pourrait les flétrir ? Les plaisirs s'empressent de naître : Quels tyrans les feraient périr ? Vous voyez l'éloquent Mercure : Il est avec Pandore, il confirme en ces lieux, De la part du maître des dieux, La paix de la nature. Tendre époux, essuyez ses larmes : Faites grâce à tant de beauté : L'excès de sa fragilité Ne saurait égaler ses charmes. **** *creator_voltaire *book_voltaire_pandore *style_verse *genre_opera *dist1_voltaire_verse_opera_pandore *dist2_voltaire_verse_opera *id_TITANS *date_1767 *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_titans Cédez, tyrans de l'univers : Soyez punis de vos fureurs cruelles : Tombez, tyrans. Tombez, descendez dans nos fers. Lançons nos traits. Renversons les dieux. **** *creator_voltaire *book_voltaire_pandore *style_verse *genre_opera *dist1_voltaire_verse_opera_pandore *dist2_voltaire_verse_opera *id_DIEUX *date_1767 *sexe_masculin *age_sans-age *statut_exterieur *fonction_autres *role_dieux Que les astres se réjouissent ! Que tous les dieux applaudissent Au dieu de l'univers ! Devant lui les soleils pâlissent. Les mondes divers, Retentissent D'éternels concerts. Que les astres se réjouissent ! Que tous les dieux applaudissent Au dieu de l'univers ! Devant lui les soleils pâlissent. Mourez, rebelles. Précipitez-vous aux enfers. Frappez, tonnerre. Détruisons la terre. **** *creator_voltaire *book_voltaire_pandore *style_verse *genre_opera *dist1_voltaire_verse_opera_pandore *dist2_voltaire_verse_opera *id_DIEUXENFERS *date_1767 *sexe_masculin *age_sans-age *statut_exterieur *fonction_autres *role_dieuxenfers Nous détestons La lumière éternelle : Nous attendons Dans nos gouffres profonds La race faible et criminelle Qui n'est pas née encore, et que nous haïssons.