**** *creator_voltaire *book_voltaire_samson *style_verse *genre_opera *dist1_voltaire_verse_opera_samson *dist2_voltaire_verse_opera *id_LAVOLUPTE *date_(non *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_lavolupte


Sur les bords fortunés embellis par la Seine
Je règne dès longtemps.
Je préside aux concerts charmants
Que donne Melpomène.
Amours, Plaisirs, Jeux séducteurs,
Que le loisir fit naître au sein de la mollesse,
Répandez vos douces erreurs ;
Versez dans tous les cours
Votre charmante ivresse ;
Régnez, répandez mes faveurs.

Venez, mortels, accourez à mes yeux :
Regardez, imitez les enfants de la gloire :
Ils m'ont tous cédé la victoire.
Mars les rendit cruels, et je les rends heureux.

Ah ! quelle éclatante lumière
Fait pâlir les clartés du beau jour qui nous luit ?
Quelle est cette nymphe sévère
Que la sagesse conduit ?

**** *creator_voltaire *book_voltaire_samson *style_verse *genre_opera *dist1_voltaire_verse_opera_samson *dist2_voltaire_verse_opera *id_BACCHUS *date_(non *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_bacchus


Nous sommes les enfants du maître du tonnerre :
Notre nom jadis redouté
Ne périra point sur la terre ;
Mais parlons avec la liberté :
Parmi tant de lauriers qui ceignent votre tête,
Dites-moi quelle est la conquête
Dont le grand cour d'Alcide était le plus flatté.

Ariane m'ôte à jamais
Le souvenir de mes brillants forfaits ;
Et par mes présents secourables
Je ravis la raison aux mortels misérables,
Pour leur faire oublier tous les maux que j'ai faits.

**** *creator_voltaire *book_voltaire_samson *style_verse *genre_opera *dist1_voltaire_verse_opera_samson *dist2_voltaire_verse_opera *id_HERCULE *date_(non *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_hercule


Ah ! Ne me parlez plus de mes travaux pénibles,
Ni des cieux que j'ai soutenus :
En ces lieux je en connais plus
Que la charmante Iole et les Plaisirs paisibles.
Mais vous, Bacchus, dont la valeur
Fit du sang des humains rougir la terre et l'onde,
Quel plaisir, quel barbare honneur
Trouvez-vous à troubler le monde ?

**** *creator_voltaire *book_voltaire_samson *style_verse *genre_opera *dist1_voltaire_verse_opera_samson *dist2_voltaire_verse_opera *id_LAVERTU *date_(non *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_lavertu


Mère des Plaisirs et des Jeux,
Nécessaire aux mortels, et souvent trop fatale,
Non, je ne suis point ta rivale ;
Je viens m'unir à toi pour mieux régner sur eux.
Sans moi, de tes plaisirs l'erreur est passagère ;
Sans toi, l'on ne m'écoute pas :
Il faut que mon flambeau t'éclaire ;
Mais j'ai besoin de tes appas.
Je veux instruire, et je dois plaire.
Viens de ta main charmante orner la Vérité.
Disparaissez, guerriers consacrés par la fable :
Un Alcide véritable
Va paraître en ce lieu, comme vous enchanté.
Chantons sa gloire et sa faiblesse,
Et voyons ce héros, par l'amour abattu,
Adorer encor la Vertu,
Entre les bras de la Mollesse.

**** *creator_voltaire *book_voltaire_samson *style_verse *genre_opera *dist1_voltaire_verse_opera_samson *dist2_voltaire_verse_opera *id_SAMSON *date_(non *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_samson


Quel spectacle d'horreur !
Quoi ! ces fiers enfants de l'erreur
Ont porté parmi vous ces monstres qu'ils adorent ?
Dieu des combats, regarde en ta fureur
Les indigne rivaux que nos tyrans implorent.
Soutiens mon zèle, inspire-moi ;
Venge ta cause, venge-toi.

Lâches, dérobez votre tête
À mon juste courroux ;
Pleurez vos dieux, craignez pour vous.
Tombez, dieux ennemis ! Soyez réduits en poudre.
Vous ne méritez pas
Que le dieu des combats
Arme le ciel vengeur, et lance ici sa foudre ;
Il suffit de mon bras.
Tombez, dieux ennemis ! Soyez réduits en poudre.

Vos esprits étonnés sont encore incertains ?
Redoutez-vous ces dieux renversés par mes mains ?

Le Dieu dont la main favorable
A conduit ce bras belliqueux
Ne craint point de ces rois la grandeur périssable.
Faibles tribus, demandez son appui ;
Il vous armera du tonnerre ;
Vous serez redoutés du reste de la terre,
Si vous ne redoutez que lui.

Vous m'avez, c'est assez ; tous vos maux vont finir.
Dieu m'a prêté sa force, sa puissance :
Le fer est inutile au bras qu'il veut choisir ;
En domptant les lions, j'appris à vous servir.
Leur dépouille sanglante est le noble présage
Des coups dont je ferai périr
Les tyrans qui sont leur image.
Peuple, éveille-toi, romps tes fers,
Remonte à ta grandeur première,
Comme un jour Dieu du haut des airs
Rappellera les morts à la lumière
Du sein de la poussière,
Et ranimera l'univers.
Peuple, éveille-toi, romps tes fers,
La liberté t'appelle ;
Tu naquis pour elle ;
Reprends tes concerts.
Peuple, éveille-toi, romps tes fers !
L'hiver détruit les fleurs et la verdure ;
Mais du flambeau des jours la féconde clarté
Ranime ta nature,
Et lui rend sa beauté ;
L'affreux esclavage
Flétrit le courage :
Mais la liberté
Relève sa grandeur, et nourrit sa fierté.
Liberté ! Liberté !

Roi, prêtres ennemis, que mon Dieu fait trembler,
Voyez ce signe heureux de la paix bienfaisante,
Dans cette main sanglante
Qui vous peut immoler.

Je ne suis qu'un mortel ; mais le Dieu de la terre,
Qui commande aux rois,
Qui souffle à son choix
Et la mort et la guerre,
Qui vous tient sous ses lois,
Qui lance le tonnerre,
Vous parle par ma voix.

Vos soldats mourant sous mes coups,
La crainte où je vous vois, mes exploits, mon courage.
Au nom de ma patrie, au nom de l'Eternel,
Respectez désormais les enfants d'Israël,
Et finissez leur esclavage.

Vous allez l'éprouver ; voyez si sa nature
Reconnaît ses commandements.
Marbres, obéissez ; que l'onde la plus pure
Sorte de ces rochers, et retombe en torrents.

Eh bien ! Vous avez vu quelle était sa puissance,
Connaissez quelle est sa vengeance.
Descendez, feux des cieux, ravagez ces climats :
Que la foudre tombe en éclats ;
De ces fertiles champs détruisez l'espérance.
Brûlez, moissons ; séchez, guérets ;
Embrasez-vous, vastes forêts.
Connaissez quelle est sa vengeance.

C'est à la sienne à commander.
Il nous avait punis, il m'arme de sa foudre ;
A tes dieux infernaux va porter ton effroi ;
Pour la dernière fois peut-être tu contemples
Et ton trône et leur temple :
Tremble pour eux et pour toi !

Vous que le ciel console après des maux si grands,
Peuples, osez paraître aux palais des tyrans :
Sonnez, trompette, organe de la gloire ;
Sonnez, annoncez ma victoire.

Le Dieu des combats m'a conduit
Au milieu du carnage ;
Devant lui tout tremble et tout fuit.
Le tonnerre, l'affreux orage,
Dans tous les champs font moins de ravage
Que son nom seul n'en a produit
Chez le Philistin plein de rage.
Tous ceux qui voulaient arrêter
Ce fier torrent dans son passage
N'ont fait que l'irriter :
Ils sont tombés ; la mort est leur partage.
Ces sons harmonieux, ces murmures des eaux,
Semblent amollir mon courage.
Asile de la paix, lieux charmants, doux ombrage,
Vous m'invitez au repos.

Où suis-je ? en quels climats me vois-je transporté ?
Quels doux concerts se font entendre !
Quels ravissants objets viennent de me surprendre !
Est-ce ici le séjour de la félicité ?

Quel est cet Adonis dont votre voix aimable
Fait retentir ce beau séjour ?

Parlez, vous m'allez enchanter :
Les vents viennent de s'arrêter ;
Ces forêts, ces oiseaux, et toute la nature,
Se taisent pour vous écouter.

Que ses traits ont d'appas ! que sa voix m'intéresse !
Que je suis étonné de sentir la tendresse !
De quel poison charmant je me sens pénétré !

Ô ciel, ô troubles inconnus !
J'étais ce cour sauvage, et je ne le suis plus.
Je suis changé ; j'éprouve une flamme naissante.
Ah ! s'il était une Vénus,
Si des Amours cette reine charmante
Aux mortels en effet pouvait se présenter,
Je vous prendrais pour elle, et croirais la flatter.

Je vous suis, je le dois ; j'accepte vos présents.
Ah !... Quel charme puissant m'arrête !
Ah ! Différez du moins, différez quelque temps
Ces honneurs brillant qu'on m'apprête.

Je m'arrache à ces lieux... Allons, je suis vos pas.
Prêtresse de Vénus, vous, sa brillante image,
Je ne quitte point vos appas
Pour le trône des rois, pour ce grand esclavage ;
Je les quitte pour les combats.

Fiez-vous à vos yeux de mon impatience.
Est-il un plus grand bien que celui de vous voir ?
Les Hébreux n'ont que moi pour unique espérance,
Et vous êtes mon seul espoir.

J'ai sauvé les Hébreux par l'effort de mon bras,
Et vous sauvez par vos appas
Votre peuple et votre roi même :
C'est pour vous mériter que j'accorde la paix.
Le roi m'offre son diadème,
Et je ne veux que vous pour prix de mes bienfaits.

L'hymen doit nous unir par des nouds éternels.
Que tardez-vous encore ?
Venez, qu'un pur amour vous amène aux autels
Du dieu des combats que j'adore.

Non, son culte est impie, et ma loi le condamne ;
Non, je ne puis entrer dans ce temple profane.

Je n'y résiste plus : le charme qui m'obsède
Tyrannise mon cour, enivre tous mes sens :
Possédez à jamais ce cour qui vous possède,
Et gouvernez tous mes moments.
Venez : vous vous troublez....

D'où vient que votre cour soupire ?

Ah ! devant vous, c'est à moi de trembler.
Parlez, que voulez-vous ?

Prononcez ; tout sera possible
À ce cour amoureux.

Que me demandez-vous ? C'est un secret terrible
Entre le ciel et moi.

Mon cour est trop sensible ;
Mais ne m'imposez point cette funeste loi.

N'abusez point de ma faiblesse.

Que dites-vous ?...

Ah ! cessez d'écouter cette funeste envie.

Eh bien ! vous le voulez ; l'amour me justifie :
Mes cheveux, à mon Dieu consacrés dès longtemps,
De ses bontés pour moi sont les sacrés garants :
Il voulut attacher ma force et mon courage
À de si faibles ornements :
Ils sont à lui ; ma gloire est son ouvrage.

Qu'ai-je dit ? Malheureux !
Ma raison revient ; je frissonne
De l'abîme où j'entraîne avec moi les Hébreux.

J'ai trahi de mon Dieu le secret formidable.
Amour ! Fatale volupté !
C'est toi qui m'a précipité
Dans un piège effroyable ;
Et je sens que Dieu m'a quitté.

Quoi ! De mes ennemis je suis environné !
Tombez, tyrans...

Tombez, tyrans...

Ah ! Quelle mortelle langueur !
Ma main ne peut porter cette fatale épée,
Ah, Dieu ! ma valeur est trompée ;
Dieu retire son bras vainqueur.

Non, lâches ! non, ce bras n'est pas vaincu par vous ;
C'est dieu qui me livre à vos coups.

Profonds abîmes de la terre,
Enfer, ouvre-toi !
Frappez, tonnerre,
Écrasez-moi !
Mon bras a refusé de servir mon courage ;
Je suis vaincu, je suis dans l'esclavage ;
Je ne la verrai plus, flambeau sacré des cieux ;
Lumière, tu fuis de mes yeux.
Lumière, brillante image
D'un Dieu ton auteur,
Premier ouvrage
Du créateur ;
Douce lumière,
Nature entière,
Des voiles de la nuit, l'impénétrable horreur
Te cache a ma triste paupière.
Profonds abîmes, etc.

Peuple saint, malheureuse race,
Mon bras relevait ta grandeur ;
Ma faiblesse a fait ta disgrâce.
Quoi ! Dalila me fuit ! Chers amis pardonnez
A de si honteuses alarmes.

Quoi, j'éprouve un malheur nouveau !
Ce que j'adore est au tombeau !
Profonds abîmes de la terre,
Enfer, ouvre-toi !
Frappez, tonnerre,
Écrasez-moi !

Ô Dieu vengeur ! ils ne sont point coupables ;
Tourne sur moi tes coups.

Ô Dieu !... pardonne.

Grand Dieu ! J'ai soutenu cet horrible langage,
Quand il n'offensait qu'un mortel ;
On insulte ton nom, ton culte, ton autel ;
Lève-toi, venge ton outrage.

Tu peux encore armer cette main malheureuse ;
Accorde-moi du moins une mort glorieuse.

Tu m'inspires enfin ; c'est sur toi que je fonde
Mes superbes desseins ;
Tu m'inspires ; ton bras seconde
Mes languissantes mains.

Arrêtez ; je dois vous instruire
Des secrets de mon peuple, et du Dieu que je sers :
Ce moment doit servir d'exemple à l'univers.

Roi, commande que les Hébreux
Sortent de ta présence et de ce temple affreux.

La cour qui t'environne,
Tes prêtres, tes guerriers, sont-ils autour de toi ?

Suis-je auprès de cette colonne
Qui soutient ce séjour si cher aux Philistins ?

Temple odieux ! que tes murs se renversent,
Que tes débris se dispersent
Sur moi, sur ce peuple en fureur !

J'ai réparé ma honte, et j'expire en vainqueur.

**** *creator_voltaire *book_voltaire_samson *style_verse *genre_opera *dist1_voltaire_verse_opera_samson *dist2_voltaire_verse_opera *id_DALILA *date_(non *sexe_feminin *age_mur *statut_maitre *fonction_mere *role_dalila


Ô Vénus ! Déesse charmante,
Ne permets pas que ces beaux jours
Destinés aux amours
Soient profanés par la guerre sanglante.

Dieu des plaisirs, daigne ici nous instruire
Dans l'art charmant de plaire et de séduire ;
Prête à nos yeux tes traits toujours vainqueurs.
Apprends-nous à semer des fleurs
Le piège aimable où tu veux qu'on l'attire.

D'Adonis c'est aujourd'hui la fête ;
Pour ses jeux la jeunesse s'apprête.
Amour, voici le temps heureux
Pour inspirer et pour sentir tes feux.

Il vient plein de colère, et la terreur le suit ;
Retirons-nous sous cet épais feuillage.
Implorons le dieu qui séduit
Le plus ferme courage.

Vénus, inspire-nous, préside à ce beau jour.
Est-ce là ce cruel, ce vainqueur homicide ?
Vénus, il semble né pour embellir ta cour.
Armé, c'est le dieu Mars ; désarmé, c'est l'Amour.
Mon cour, mon faible cour devant lui s'intimide.
Enchaînons de fleurs
Ce guerrier terrible ;
Que ce cour farouche, invincible,
Se rende à tes douceurs.

Du charmant Adonis nous célébrons la fête ;
L'Amour en ordonna les jeux ;
C'est l'Amour qui les apprête :
Puissent-ils mériter un regard de vos yeux !

C'était un héros indomptable,
Qui fut aimé de la mère de l'Amour.
Nous chantons tous les ans cette aimable aventure.

Vénus dans nos climats souvent daigne se rendre ;
C'est dans nos bois qu'on vient apprendre
De son culte charmant tous les secrets divins.
Ce fut près de cette onde, en ces riants jardins,
Que Vénus enchanta le plus beau des humains.
Alors tout fut heureux dans une paix profonde ;
Tour l'univers aima dans le sein du loisir.
Vénus donnait au monde
L'exemple du plaisir.

Sans Vénus, sans l'Amour, qu'aurait-il pu prétendre ?
Dans nos bois, il est adoré.
Quand il fut redoutable, il était ignoré :
Il devint dieu dès qu'il fut tendre.
Depuis cet heureux jour
Ces prés, cette onde, cet ombrage,
Inspirent le plus tendre amour
Au cour le plus sauvage.

Je pourrais de Vénus imiter la tendresse.
Heureux qui peut brûler des feux qu'elle a sentis !
Mais j'eusse aimé peut-être un autre qu'Adonis,
Si j'avais été la déesse.

Oubliez les combats ;
Que la paix vous attire.
Vénus vient vous sourire,
L'Amour vous tend les bras.

Me faudra-t-il longtemps gémir de votre absence ?

Il s'éloigne, il me fuit, il emporte mon âme ;
Partout il est vainqueur :
Le feu que j'allumais m'enflamme ;
J'ai voulu l'enchaîner, il enchaîne mon cour.
Ô mère des Plaisirs, le cour de ta prêtresse
Doit être plein de toi, doit toujours s'enflammer !
Ô Vénus ! Ma seule déesse,
La tendresse est ma loi, mon devoir est d'aimer.
Écho, voix errante,
Légère habitante
De ce beau séjour,
Écho, monument de l'amour,
Parle de ma faiblesse au héros qui m'enchante.
Favoris du printemps, de l'amour et des airs,
Oiseaux dont j'entends les concerts,
Chers confidents de ma tendresse extrême,
Doux ramage des oiseaux,
Voix fidèle des échos,
Répétez à jamais : Je l'aime, je l'aime.

Que peut-il me cacher ? il m'aime :
L'indifférent seul est discret ;
Samson me parlera, j'en juge par moi-même :
L'amour n'a point de secret.

Secourez-moi, tendres Amours,
Amenez la paix sur la terre ;
Cessez, trompettes et tambours,
D'annoncer la funeste guerre ;
Brillez, jour glorieux, le plus beau de mes jours.
Hymen, Amour, que ton flambeau l'éclaire ;
Qu'à jamais je puisse plaire,
Puisque je sens que j'aimerai toujours !
Secondez-moi, tendres Amours,
Amenez la paix sur la terre.

Tout vous craint en ces lieux ; on s'empresse à vous plaire.
Vous régnez sur vos ennemis ;
Mais de tous les sujets que vous venez de faire,
Mon cour vous est le plus soumis.

Ah ! formons ces doux nouds au temple de Vénus.

Si vous m'aimez, il ne l'est plus.
Arrêtez, regardez cette aimable demeure.
C'est le temple de l'univers ;
Tous les mortels, à tout âge, à toute heure,
Y viennent demander des fers.
Arrêtez, regardez cette aimable demeure,
C'est le temple de l'univers.

Amour, volupté pure,
Âme de la nature,
Maître des éléments,
L'univers n'est formé, ne s'anime, ne dure
Que par tes regards bienfaisants.
Tendre Vénus, tout l'univers t'implore,
Tout n'est riens sans tes feux !
On craint les autres dieux, c'est Vénus qu'on adore :
Ils règnent sur le monde, et tu règnes sur eux.

Ciel, que vais-je lui dire ?

Je crains de vous déplaire, et je dois vous parler.

Cet amour qui m'engage
Fait ma gloire et mon bonheur ;
Mais il m'en faut un nouveau gage
Qui m'assure de votre cour.

Dites-moi par quel charme heureux,
Par quel pouvoir secret cette force invincible ?...

Ainsi, vous doutez de ma foi ?
Vous doutez, et m'aimez !...

Un cour sans confiance est un cour sans tendresse.

Cruel ! quel injuste refus !
Notre hymen en dépend ; nos nouds seraient rompus.

Parlez, c'est l'amour qui vous prie.

Cessez de m'accabler de refus outrageants.

Ces cheveux, dites-vous ?

Que faites-vous, peuple parjure ?

Arrêtez, cruels ! arrêtez ;
Tournez sur moi vos cruautés.

Ô désespoir ! Ô tourments ! Ô tendresse !
Rois cruels ! Peuples inhumains !
Ô vénus, trompeuse déesse !
Vous abusiez de ma faiblesse.
Vous avez préparé, par mes fatales mains,
L'abîme horrible où je l'entraîne ;
Vous m'avez fait aimer le plus grand des humains
Pour hâter sa mort et la mienne.
Trône, tombez ; brûlez, autels,
Soyez réduits en poudre.
Tyrans affreux, dieux cruels,
Puisse un dieu plus puissant écraser de sa foudre
Vous et vos peuples criminels !

Voix barbares ! Cris odieux !
Allons partager son supplice.

**** *creator_voltaire *book_voltaire_samson *style_verse *genre_opera *dist1_voltaire_verse_opera_samson *dist2_voltaire_verse_opera *id_LEROI *date_(non *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_leroi


Ainsi ce peuple esclave, oubliant son devoir,
Contre son roi lève un front indocile.
Du sein de la poussière il brave mon pouvoir.
Sur quel roseau fragile
A-t-il mis son espoir ?

L'insolent vit encore ? Allez, qu'on le saisisse ;
Préparez tout pour son supplice :
Courez, soldats ; chargez de fers
Des coupables Hébreux la troupe vagabonde ;
Ils sont les ennemis et le rebut du monde,
Et, détestés partout, détestent l'univers.

J'entends encore les cris de ces peuples mutins :
De leur chef odieux va-t-on punit l'audace ?

Que dites-vous ? un seul homme, un barbare,
Fait fuir mes indignes soldats ?
Quel démon pour lui se déclare ?

Si vous êtes un dieu, je vous dois mon hommage ;
Si vous êtes un homme, osez-vous me braver ?

Eh bien ! Quel est ce dieu ? Quel est le témoignage
Qu'il daigne m'annoncer par vous ?

Moi, qu'au sang philistin je fasse un tel outrage !
Moi, mettre en liberté ces peuples odieux !
Votre dieu serait-il plus puissant que mes dieux ?

N'importe ; quel qu'il soit, je ne puis m'avilir
À recevoir des lois de qui doit le servir.

Suspends, suspends cette rigueur,
Ministre impérieux d'un dieu plein de fureur !
Je commence à reconnaître
Le pouvoir dangereux de ton superbe maître ;
Mes dieux longtemps vainqueurs commencent à céder,
C'est à leur voix à me résoudre.

Dieux de Syrie,
Dieux immortels,
Écoutez, protégez un peuple qui s'écrie
Au pied de vos autels.
Éveillez-vous, punissez la furie
De vos esclaves criminels.
Votre peuple vous prie :
Livrez en nos mains
Le plus fier des humains.

Élevez vos accents vers vos dieux favorables ;
Vengez leurs autels, vengez-nous.

Inventons, s'il se peut, un nouveau châtiment :
Que le trait de la mort, suspendu sur sa tête,
Le menace encore et s'arrête ;
Que Samson dans sa rage entende notre fête ;
Que nos plaisirs soient son tourment.

Eh bien ! Qu'est devenu ce dieu si redoutable,
Qui par tes mains devait nous foudroyer ?
Une femme a vaincu ce fantôme effroyable,
Et son bras languissant ne peut se déployer.
Il l'abandonne, il cède à ma puissance ;
Et tandis qu'en ces lieux j'enchaîne les destins,
Son tonnerre, étouffé dans ses débiles mains,
Se repose dans le silence.

Non, tu dois sentir à longs traits
L'amertume de ton supplice.
Qu'avec toi ton dieu périsse,
Et qu'il soit comme toi méprisé pour jamais.

Vil esclave, qu'oses-tu dire ?
Prêt à mourir dans les tourments,
Peux-tu bien menacer ce formidable empire
A tes derniers moments ?
Qu'on l'immole, il est temps ;
Frappez ; il faut qu'il expire.

Parle, apprends-nous tous tes crimes ;
Livre-nous toutes nos victimes.

Tu seras satisfait.

Ils y sont tous, explique-toi.

Oui, tu la touches des mains.

**** *creator_voltaire *book_voltaire_samson *style_verse *genre_opera *dist1_voltaire_verse_opera_samson *dist2_voltaire_verse_opera *id_LEGRANDPRETRE *date_(non *sexe_masculin *age_mur *statut_maitre *fonction_pere *role_legrandpretre


Esclaves, demeurez,
Demeurez : votre roi par ma voix vous l'ordonne.
D'un pouvoir inconnu lâches adorateurs.
Vous rampez dans nos fers, ainsi que vos ancêtres,
Mutins toujours vaincus, et toujours insolents :
Obéissez, il en est temps,
Connaissez les dieux de vos maîtres.

Rebut des nations, vous déclarez la guerre
Aux dieux, aux pontifes, aux rois ?

Profane, impie, arrête !

Le ciel ne punit point ce sacrilège effort ?
Le ciel se tait, vengeons sa querelle.
Servons le ciel en donnant la mort
À ce peuple rebelle.

Mars terrible,
Mars invincible,
Protège nos climats ;
Prépare
À ce barbare
Les fers et le trépas.

Oui, le roi vous accorde à ce héros terrible ;
Mais vous entendez à quel prix :
Découvrez le secret de sa force invincible,
Qui commande au monde surpris ;
Un tendre hymen, un sort paisible,
Dépendront du secret que vous aurez appris.