--- identifier: bideaudemontigny_semiramis creator: Bideau de montigny Jean Charles François. date: (non title: Sémiramis. , tragédie. --- SÉMIRAMIS TRAGÉDIE en CINQ ACTES M. DCC. XLIX À AMSTERDAM, Chez PIERRE MORTIER, Libraire. # NOMS DES ACTEURS. – SÉMIRAMIS, tragédie de M. de Voltaire. – L'EXPOSITION. – LE DÉNOUMENT, sous le nom d'Oroès. – L'INTÉRÊT, sous le nom de Ninias. – LA PITIÉ, sous le nom d'Azéma. – LA CABALE, sous le nom d'Assur. – LES REMORDS, sous le nom des confidents. – L'ACTION. – LE NOEUD. – LE RÉCIT. – LA FICTION. – LE STYLE. – LA TERREUR. – LA LANGUEUR. – LA DÉCORATION. – L'OMBRE DU GRAND CORNEILLE. – PLUSIEURS BEAUTÉS. – TROUPES DE DÉFAUTS.La Scène est sur le théâtre de la Comédie Française. # ACTE I. ## SCÈNE PREMIÈRE. L'Exposition, Le Dénouement. LE DÉNOUMENT. Oui c'est le Dénoument, oui c'est moi je vous jure, C'est moi qui du Grand-Prêtre emprunte la figure. L’EXPOSITION. [1] C'est vous-même, Seigneur ! Quel important besoin Vous a fait devancer l'intrigue de si loin ? Ne dois-je pas ici paraître la première ? LE DÉNOUMENT. [2] Heureux le Dénoument qui seyant la lumière [3] Libre du personnage où je suis attaché, Reste à l'endroit où l'auteur l'a caché! Cessez donc d'insulter un pauvre misérable Que la faute d'autrui seule a rendu coupable ; Au reste, je sais trop le rang que vous avez Madame, je me tais, parlez si vous pouvez, L’EXPOSITION. L'avouerai-je, Seigneur ? J'ai perdu la parole ; Mais vous, si vous vouliez jouer ici mon rôle ?... LE DÉNOUMENT. Madame y pensez-vous ? Moi qui suis si discret, Qui sais avec tant d'art ménager un secret, Vous voulez que je sois ici votre interprète ? [4] Mais attendez ... oui... L’EXPOSITION.     Quoi ? LE DÉNOUMENT.         La royale cassette Que pour bonnes raisons j'ai fait venir ici, En ce pressant besoin peut vous servir aussi. Aux yeux du spectateur nous n'avons qu'à la mettre. Voici le Diadème, et l'Epée , et la Lettre ! Voilà, sans vous donner la peine de causer, Ce qu'en terme de l'art on appelle EXPOSER. L’EXPOSITION. L'expédient est bon, et s'il ne peut suffire, J'ai deux Actes encore où l'on n'a rien à dire. Pour expliquer le fait j'introduirai des gens. ; Adieu, je vous sais gré de vos soins obligeants. ## SCÈNE II. LE DÉNOUMENT, SEULE. Elle s'en va contente, et je me moque d'elle. Faut-il donc à parler instruire une femelle ? Voilà comme un sujet souvent mal déclaré [5] Rampe au mépris des lois, et languit ignoré. # ACTE II. ## SCÈNE PREMIÈRE. Sémiramis, Un Remord. SÉMIRAMIS. [6] Viens, suis-moi, les remords, qu'on croit si méprisables Sont la seule vertu qui reste à des coupables. LE REMORD. Non, mais à dire vrai, tout scélérat prudent Ne doit jamais avoir que nous pour confident. N'étant, non plus qu'Assur, là-dessus fur vos gardes, Le secret sera su du moindre de vos gardes ; C'est un de vos défauts. SÉMIRAMIS.         Pourquoi le rappeler ? Te plairas-tu toujours à me faire trembler ? [7] Mes défauts, je le sais, ont comblé la mesure J'ai confondu l'amour, l'inceste et la nature, Choqué la vraisemblance, et sur un vain tombeau Jetté les fondements du succès le plus beau ! [8] Misérable ! Et je vis, et je soutiens la vue De ce sacré Public dont le bon goût me tue ! Pourra-t-il retenir ce qu'il pense de moi ! [9] Il se tairait en vain ! LE REMORD.         Eh, n'ayez point d'effroi. SÉMIRAMIS. [10] Je connais la valeur des belles Tragédies, Seigneur, je ne suis point de ces pièces hardies Qui goûtant au Théâtre une tranquille paix , Ont su se faire un nom qui ne périt jamais. Mourons ; que de mes maux la chûte me délivre ; [11] Est-ce un si grand malheur que de cesser de vivre. LE REMORD. Je ne suis point, Madame, ici pour vous flatter. Mais je serais honteux de vous trop tourmenter ; Croyez-moi, n'allez point dans la nuit infernale. INTRIGUEZ-VOUS ; voyez, courtisez la cabale La voici justement, qui sous les traits d'ASSUR Porte l'air tapageur, l'oeil fier, et le coeur dur. ## SCÈNE II. Semiramis, Un Remord, La Cabale. SÉMIRAMIS. Ah, dissipez ASSUR, mes mortelles allarmes Et pour me protéger daignez prendre les armes. Le peu d'éclat que j'ai vous a rendu jaloux ; Je vous hais, je vous crains, mais j'ai besoin de vous. De mille affreux remords je fuis persécutée, Et par des revenants sans cesse épouvantée : Vous trembleriez vous-même, et tous les esprits forts... LA CABALE. [12] La terreur des vivants peut-il craindre les morts ? Au reste, attendez tout de ma toute-puissance Pourvu que vous ayez un peu de complaisance. Il faut par certains noeuds sceller notre union. SÉMIRAMIS. Ce que vous dites-là mérite attention. Vous savez que tantôt tout mon conseil s'assemble ; Nous pourrons la-dessus délibérer ensemble, Adieu, je vais revoir dans mon Théâtre Anglais S'il est vrai que mon plan soit tout-à-fait mauvais. ## SCÈNE III. LA CABALE, SEULE. [13] Comme si loin de nous le maître de la terrre N'eut placé le bon goût qu'au fond de l'Angleterre. # ACTE III. ## SCÈNE I. Semiramis, L'Exposition, Le Dénouement, L'Action, Le Noeud, L'Intérêt, Le Récit, Le Fiction, Le Style, La Terreur, La Langueur, La Pitié, La Décoration, Les Remords, L'Ombre du Grand Corneille, Plusieurs Beautés, Troupe de défauts. SÉMIRAMIS. Allons, prenons scéance. Etes-vous tous ici ? L'ACTION ? L’EXPOSITION.     La voilà. SÉMIRAMIS.     Bon ! Le NOEUD ? LE NOEUD.         Me voici ! SÉMIRAMIS. L'INTÉRÊT ? L’EXPOSITION.     Il arrive. SÉMIRAMIS.         Il se fait bien attendre ; L’INTÉRÊT, ENTRE SOUS LE NOM DE NINIAS. [14] J'aurais dû, j'en conviens, un peu plus tôt me rendre. LA LANGUEUR. Moi je suis à venir exacte au dernier point. SÉMIRAMIS. Je ne vois point L'INTRIGUE, UN REMORD.         On dit qu'il n'en est point. SÉMIRAMIS, À LA TERREUR. Et vous, que faites vous ? LA TERREUR.         TERREUR pour mouvoir l'âme. SÉMIRAMIS. Et vous, belle Azema ? LA PITIÉ.         Je fais PITIÉ, Madame. SÉMIRAMIS. Et DÉCORATIONS. L’EXPOSITION.         Elle est sur la hauteur. Qui tâche d'amuser de loin le spectateur. SÉMIRAMIS. Que chacun s'il se peut garde son CARACTÈRE Allons je vais parler; que l'on songe à se taire. Je vous ai fait venir ici de tous côtés Pour vous faire en deux mots savoir mes volontés. Vous connaissez, amis, mes maux et ma faiblesse, Et savez, comme on dit, par où le bât me blesse. Il m'est donc important de choisir un appui Qui puisse me sauver et la chute et l'ennui, Qui détermine enfin ma crise violente, Et soutienne longtemps ma beauté chancelante. Je choisis ; ... n'allez point répliquer point d'humeur, Oui je me donne... LE NOEUD.     À qui ? L’INTÉRÊT.     Je tremble... SÉMIRAMIS.         À l'imprimeur. Tous les Acteurs marquent leur surprise. LA PITIÉ. Hélas ! LA TERREUR.     Ciel ! UN COUP DE TONNERE.     Patatras ! SÉMIRAMIS.         Qu'entends-je ? Ce tapage De quelque part qu'il vienne est un mauvais présage. UN REMORD. Il vous vient du parterre. LA FICTION.         Oh non ! Moi je vous dis Que le parterre est vide , il vient du paradis. L’OMBRE DE CORNEILLE SORTANT DU TOMBEAU. À des traits si hardis mon Ombre se réveille. SÉMIRAMIS. Dieux quelle est ma frayeur ! C'est l'ombre de Corneille, Pourrai-je en cet état paraître devant lui ? Je t'invoque. Ô mon père! Ô mon unique appui. L’OMBRE. Oses-tu me nommer ? Et par quelle insolence Me joindre ici celui qui ta donné naissance ? SÉMIRAMIS. Ciel ! L’OMBRE. [15]         Qu'il soit, sans former un lien si fatal Le second de son siècle et non pas mon rival. Oui je veux bien encore attendu la disette Qu'on le regarde un jour comme premier poète ; [16] Mais avant que dans lui j'adopte un héritier [17] Dans ma tombe, à ma cendre il faut sacrifier. SÉMIRAMIS. [18] Est-ce moi qu'il demande ? Ah s'il faut que je tombe, Accorde moi l'honneur d'être auprès de ta tombe ! Il est donc des défauts, ll est donc des excès Que les maîtres de l'art ne pardonnent jamais ! L’OMBRE. [19] Si tu ne tombes pas, pour apaiser ma cendre Avec le temps du moins je te ferai descendre. SÉMIRAMIS. [20] Seigneur je me soumets. On peut sans s'avilir Écouter vos arrêts, les craindre et s'y tenir. # ACTE IV. ## SCÈNE I. L'Intérêt, La Pitié. LA PITIÉ. [21] Non je ne prétends pas dans ma douleur profonde Rechercher un ingrat qui meprise le monde. L’INTÉRÊT. Moi vous haïr. Ô ciel ! Non ma chère moitié, L'Intérêt n'aimera jamais que la Pitié. LA PITIÉ. Non tu n'es qu'un perfide, un volage, un parjure [22] Qu'on ne voit qu'à travers une lumière obscure, Et qui jamais ici ne passe... qu'en passant. L’INTÉRÊT. Quand on ne me voit pas, c'est que je suis absent. LA PITIÉ. La pointe est admirable et digne de ta mère. L’INTÉRÊT. Ma mère est, et sera ce que l'a fait son père, Mais que veut le Grand-Prêtre ? LA PITIÉ.         Ah ! C'est le Dénoument. LE DÉNOUMENT. Je voudrais en secret vous parler un moment. La Pitié se retire. ## SCÈNE II. L'Intérêt, Le Dénoument. LE DÉNOUMENT. Je viens vous apporter... L’INTÉRÊT.         J'entends, c'est une Lettre. LE DÉNOUMENT. C'est un paquet qu'on m'a chargé de vous remettre. L’INTÉRÊT. De quelle part ? LE DÉNOUMENT.         L'adresse est bien à Ninias. [23] Prenez donc, rendez grace, et ne répliquez pas. ## SCÈNE III. L’INTÉRÊT, SEUL. Ouvrons vite et voyons quel est tout ce mystère : Oh oh : voici de quoi bien réjouir ma mère. Il parcourt plusieurs papiers et lit les titres. Lettre sur Sémiramis, Critique de Sémiramis, seconde Critique, troisième Lettre, Apologie, Contre-Critique, etc. Ceci sent la cabale ! Hélas Sémiramis, A donc plus de Censeurs en ces lieux, que d'Amis ! Apercevant Sémiramis. Ah ! Cachons... ## SCÈNE IV. Sémiramis, L'Intérêt. SÉMIRAMIS.         D'où te vient cet air triste et sauvage ? [24] Les traits du désespoir sont peints sur ton visage. L’INTÉRÊT. Madame ce n'est rien. SÉMIRAMIS.         Non, tu te tais en vain. L’INTÉRÊT. Mais vous dis-je... SÉMIRAMIS.         Je veux.. que tiens-tu dans ta main ? L’INTÉRÊT. Rien... c'est... que lui dirai-je ? SÉMIRAMIS.     Hem ! quoi ? L’INTÉRÊT.         C'est la sentence... D'un pauvre malheureux qu'on mene à la potence. SÉMIRAMIS. Donne. L’INTÉRÊT.     Fi donc ? SÉMIRAMIS.     Tu ments, c'est autre chose. L’INTÉRÊT.         Eh bien ! C'est un paquet pour vous ; mais vous n'en verrez rien. SÉMIRAMIS. [25] Contient-il les raisons d'un refus qui m'assomme ? L’INTÉRÊT. Oui. SÉMIRAMIS.     Donne ! L’INTÉRÊT.     Je ne puis. SÉMIRAMIS.     D'ou le tiens-tu ? L’INTÉRÊT.         D'un homme. SÉMIRAMIS. Si tu ne m'obéis, tiens, je te chasse. L’INTÉRÊT.         Eh quoi. Êtes-vous pour si peu déjà lasse de moi ? [26] Eh bien que ces écrits soient donc le seul supplice, Qui de tous vos excès puissent faire justice. SÉMIRAMIS, APRÈS AVOIR LU. Ah, mon fils, je me meurs... et prête à succomber... Soutiens-moi. L’INTÉRÊT.         Je ne puis... Eh, vous allez tomber ! SÉMIRAMIS. Qu'ai-je vu ? Des Censeurs, la rage déchaînée, [27] Poursuit cette coupable et cette infortunée ! L’INTÉRÊT. Vous coupable ? Ah peut-on s'aveugler à ce point ? Non non? ma Mère, non, je ne les croirai point, Vous avez du brillant ; et ne leur en déplaise. Avec tant de beautés on n'est pas mauvaise. SÉMIRAMIS. À ce noble transport je reconnais mon fils, Viens, suis-moi, nous allons brûler tous ces écrits. # ACTE V. ## SCÈNE PREMIÈRE. Sémiramis, La Pitié. SÉMIRAMIS. Viens ma chère Pitié, je connais ta tendresse, Et je sais à quel point ma douleur t'intéresse. LA PITIÉ. Madame, ce n'est pas pour vous le reprocher, Mais lorsque vers l'abîme on vous a vû pencher, N'ai-je pas, tel qu'Atlas qui soutient un des Pôles, Oui, ne vous ai-je pas porté sur les épaules ? Dans votre plan pourtant qu'aviez-vous fait pour moi ? Rien. SÉMIRAMIS.         Rien : une autre fois nous songerons à toi. LA PITIÉ. Tenez, à vos périls mon coeur encore s'éveille, Je vois que vous lorgnez le tombeau de Corneille, Et que d'entrer dedans il vous prend un désir. SÉMIRAMIS. Ce n'est que par son ordre, il lui faut obéir. LA PITIÉ. Croyez-moi, n'allez pas jouter contre un tel Maître, Vous trouveriez quelqu'un plus fort que vous, peut-être. SÉMIRAMIS. Vous raillez ! LA PITIÉ.         Point du tout : mais sérieusement, J'ai cru voir la Cabale entrer secrètement, Sachant que votre fils, et vous, devez descendre Dans la tombe, elle veut tous deux vous y surprendre. SÉMIRAMIS. On en veut à mon fils, dites-vous ? C'est assez, [28] J'y cours de ce pas même, et vous m enhardissez. ## SCÈNE II. LA PITIÉ, SEULE. Elle y va ; je crains bien que cette conjoncture N'apporte à mon amant quelque triste aventure. [29] N'entends-je pas sa voix parmi ces cris affreux... J'entends tomber quelqu'un, le coup a sonné creux. Ah c'est lui... ## SCÈNE III. L'Intérêt, La Pitié. L’INTÉRÊT.         Triomphez ! Je sors du fond de cale, Où j'ai vu sous mes pieds expirer la Cabale, J'ai traîné tout sanglant son corps auprès d'ici, Elle invoquoit ses Dieux. ## SCÈNE IV. La Cabale, L'Intérêt, La Pitié. LA CABALE.         Tu ments, chien ! Me voici ! L’INTÉRÊT. [30] La victime, grands Dieux, nous est donc échappée, LA CABALE, L’ÉPÉE A LA MAIN. Tu n'échapperas pas toi-même à mon épée. L’INTÉRÊT. Je veux rabattre ici de cet air triomphant, Par ordre de l'Auteur rends-toi comme un enfant. LA CABALE. Je me rends. L’INTÉRÊT.     Tuons-la. LA PITIÉ.     Non. L’INTÉRÊT.     Pourquoi, Pitié ? LA PITIÉ.         C'est que... [31] Il vaut mieux l'envoyer vivante au Fort-l'Évêque. LA CABALE. Je m'y rends, mais aussi, bientôt vous allez voir, Qui de nous deux, Seigneur, doit être au désespoir. ## SCÈNE V. Sémiramis blessée, et soutenue par deux Beautés, L'Intérêt, La Pitié. L’INTÉRÊT. Que vois-je ? LA PITIÉ.     Quel objet ! L’INTÉRÊT.         Ah grands Dieux ; C'est ma mère ! SÉMIRAMIS, DOULOUREUSEMENT. Si j'en meurs, Ah c'est bien la faute de mon père ! L’INTÉRÊT. D'où venez vous, Madame ? Et par quel accident ?... Est-ce vous qu'à mes pieds... SÉMIRAMIS.         Hélas en descendant, Mon fils, j'ai rencontré quelqu'un à la traverse,... Et j'ai fait... une chute, horrible à la renverse. LA PITIÉ. Pieux ! Où donc ? SÉMIRAMIS.         À l'entrée, hélas du monument L’INTÉRÊT. Mais encor quel hasard ? SÉMIRAMIS.     Par centrecoup. L’INTÉRÊT.         Comment ? SÉMIRAMIS. En me heurtant le front.... mais d'une violence... Haye .. . LA PITIÉ.     À quoi ? L’INTÉRÊT.     Contre qui ? SÉMIRAMIS.         Contre la VRAISEMBLANCE. Le coup m'a renvoyé tomber à quatre pas... Et je ne ssais, mon fils, si je n'en mourrai pas, Je suis si MALTRAITÉE et ma douleur est telle... 'Ah ! LA PITIÉ, LUI FROTTANT LA TÊTE.     Là , là ... L’INTÉRÊT.         Ce que c'est que d'aller sans chandelle ! SÉMIRAMIS. Si j'en meurs, ... vous ma bru, vous mon fils, écoutez .... LA PITIÉ. Hélas ! SÉMIRAMIS.         Que je vous dicte ici mes volontés. Je veux qu'un noeud sacré tous les deux vous assemble ; Tâchez d'être confìants et de bien vivre ensemble. Gagnez vous tous les coeurs ; si de votre union Vous donnez au Public quelque production... LA PITIÉ. Ah... SÉMIRAMIS.         Que la Vraisemblance et la Belle nature, En soient, mes chers enfants, la règle et la mesure. Si des fâcheux Censeurs vous craignez le couroux , En ne m'imitant pas ne craignez point leurs coups. Mais j'ai surtout encore une chose à vous dire... L’INTÉRÊT. Il convient d'abréger un peu quand on expire, Madame, trop parler pourrait vous étouffer, Dans votre lit plutôt allez vous réchauffer, Vous en rechapperez. LA PITIÉ.     Plut aux Dieux ! L’INTÉRÊT.         Moi j'espère Au bon tempérament qu'elle tient de son père, À la Pitié. Je compte aussi sur vous, et wur tous les amis , Que malgré ses défauts s'est fait Sémiramis. ------- [1] Vers 3 et 4, voir les mêmes vers au même endroit dans Iphigénie de Racine. Vers 4, "intrigue" remplace "aurore". [2] Voir le vers 10 d'Iphigénie de Racine qui cmmence par "Heureux". [3] Voir le vers 11 d'Iphigénie de Racine : "Libre du joug superbe où je suis attaché". [4] L'Auteur a de temps en temps quitté le ton tragique ; il a cru à l'imitation de M. de Voltaire. pouvoir prendre un style inégal. Bideau de Billardon [5] Voir Sémiramis de Voltaire, v.92 : "Rampe à la cour des rois, et languit ignoré." [6] Voir Smiramis de Voltaire v. 757, 758 : "Croyez-moi, les remords, à vos yeux méprisables, Sont la seule vertu qui reste à des coupables." [7] Voir, Phèdre de Racine, v. 1269 : "Mes crimes désormais ont comblé la mesure." [8] Voir, Phèdre de Racine, v. 1273, 1274 : "Misérable ! Et je vis ? Et je soutiens la vue" [9] Voir Phèdre de Racine, v. 848, 849 : "Pourra-t-il contenir l'horreur qu'il a pour moi ? Il se tairait en vain. Je sais mes perfidies," [10] Voir Phèdre de Racine v. 851-852 "Il se tairait en vain. Je sais mes perfidies, Oenone, et ne suis point de ces femmes hardies, Qui goûtant dans le crime une tranquille paix Ont su se faire un front qui ne rougit jamais. [11] Voir Phèdre de Racine, v. 858 : "Est-ce un malheur si grand, que de cesser de vivre ?" [12] Voir Atilla de Pierre Corneille, v.884 : "La terreur des mortels et le fléau de Dieu." [13] Voir Semiramis de Voltaire, v. 351-352 : "Comme si, loin de nous, le dieu de l'univers / N'eût mis la vérité qu'au fond de ces déserts ;" [14] Le vers porute "plutôt", nous corrigeons en "plus tôt". [15] Voir Sémiramis de Voltaire, v. 713,174 : Je vous fis, sans former un lien si fatal, / Le second de la terre, et non pas mon égal. [16] Voir Sémiramis de Voltaire, v. 629 : "Si la reine vous cède, et nomme un héritier," [17] Voir Sémiramis de Voltaire, v. 1073 : "Dans ma tombe, à ma cendre il faut sacrifier". [18] Tomber : On dit qu'une pièce de théâtre est tombée pour dire qu'elle n'a pas eu de succès et qu'on ne le jouera plus. [19] Voir Sémiramis, v.1084-1085 : "Arrête, et respecte ma cendre ; / Quand il en sera temps, je t'y ferai descendre." [20] Voir Sémiramis de Voltaire, v.753-754 : "Et je vous apprendrai qu'on peut, sans s'avilir, / S'abaisser sous les dieux, les craindre, et les servir." [21] Voir le v. 481 d'Arminius De Campistron : "Et je vous perds ? Aussi dans ma douleur profonde," et Sémiramis de Voltaire, v. 1117 : "Vous voyez trop, cruelle, à ma douleur profonde" [22] Voir le vers 1090 d'Oedipe de Corneille : "Dont je n'ai pu tirer qu'une lumière obscure." [23] Voir Sémiramis de Voltaire, v.1292 : "Adorez, rendez grâce, et ne murmurez pas". [24] Voir Esther de Racine, vers 1009 : "L'orgueil et le dédain sont peints sur son visage." et le vers 1343 dans Sémiramis de Voltaire : "Les traits du désespoir sont sur votre visage ;" [25] Voir le v. 1367 de Sémiramis de Voltaire : "Contient-il les raisons de tes refus affreux ?" et le vers 368 qui suit. [26] Voir Semiramis de Voltaire, vers 1377 : "Eh bien ! que ce billet soit donc le seul supplice" [27] Voir v. 1382 de Sémiramis de Voltaire : "Punis cette coupable et cette infortunée ;" [28] Voir le vers 236 de Sémiramis de Voltaire : "J'y cours de ce pas même, et vous m'enhardissez :". [29] Voir Sémiramis de Voltaire, v.303 : "Je l'invoque en tremblant : des sons, des cris affreux," [30] Voir Sémiramis de Voltaire, vers 1646 : "Et qu'on rende au trépas ma victime échappée." [31] Fort-l'Évêque : Prison parisienne qui était située rue Saint-Germain l'Auxerrois et fut utilisée entre 1674 et 1780 pour y enfermer entre autres des comédiens d'une façon arbitraire.