Fleuves, Rivières, Fontaines, Agréables Ruisseaux, Dont les fertiles eaux Arrosent tant de Plaines; Nymphes, et demi-Dieux, soumis à mon pouvoir, De la Seine aujourd’hui nous célébrons la fête : Chantez les plus beaux Airs que vous puissiez savoir, Des joncs, et des roseaux couronnez votre tête; Et qu’à l’envi chacun s’apprête À la bien recevoir. Quelle rivière au monde Goûte au plus grand bonheur ? Sur ses fertiles bords on voit le Laboureur Cultiver les guérets dans une paix profonde. Elle ne connaît de Guerriers Que ceux dont la valeur conserve ses rivages: Ses Palmes, et ses Lauriers La défendent des Orages. Sitôt qu’elle paraîtra Que l’on chante, que l’on danse; Et lors qu’un plaisir finira Qu’un autre recommence. Néréides, Tritons, je la vois qui s’avance, Disputez entre vous à qui la charmera. Venez, Nymphe charmante, Dans ces aimables lieux: Venez remplir l’attente De tous ces Demi-Dieux. Venez oüir chanter les exploits glorieux Qui de toutes les Eaux vous rendent triomphante. Venez, Nymphe charmante, Dans ces aimables lieux: Venez remplir l’attente De tous ces Demi-Dieux. Le Danube, le Nil, le Pactole, et le Gange, Viennent, des bouts de l’Univers, Joindre leur voix aux surprenants concerts Préparez à votre louange. Rivières, Fontaines, Ruisseaux, À l’excès de leur zélé accommodez le vôtre ; Et que mille plaisirs nouveaux Succèdent l’un à l’autre. Que mon sort est heureux ! Je vois en sortant de ma Source Folâtrer sur mes bords les Amours, et les Jeux: Et je trouve au bout de ma course D’autres Plaisirs qui préviennent mes vœux. Que mon sort est heureux ! Tant que dure le jour Le rossignol sur mon rivage Attire à ses accents les Bergers d’alentour: Et touchez de son doux ramage À son exemple ils chantent leur amour Tant que dure le jour. Aimer et chanter sans cesse C’est une grande sagesse: D’une vie agréable on prolonge le cours. S’abandonner à la mélancolie Qui fait passer de si malheureux jours, C’est une grand folie. Jeunes cœurs, sur qui les attraits Ont un pouvoir extrême ; Soyez constants, et discrets : Pour plaire à ce que l’on aime Ce sont les meilleurs secrets. Les Ruisseaux qui font mille tours Pour se joindre aux Fontaines, Fidèles dans leurs amours Trouvent la fin de leurs peines, Sans jamais changer leurs cours. Le temps d’aimer est un temps admirable ; Mais il ne dure pas assez : Les attraits les plus doux sont bientôt effacez ; Et l’on n’est plus aimé quand on n’est plus aimable, Puisque ce temps s’évanouit Lorsque la jeunesse nous quitte, Pendant que l’on en jouit Il est bon qu’on en profite. Ne perdons pas un instant Des plaisirs qu’offre la vie ; Sans amour on ne vit point content, Il faut aimer lorsque l’âge y convie : Rien sous le Ciel n’est plus digne d’envie Qu’un tendre amour dans un cœur bien constant. Ne perdons pas un instant Des plaisirs qu’offre la vie. Tout languirait sans l’Amour C’est l’âme de toute chose ; Tôt ou tard chacun aime à son tour, C’est une loi que le destin impose : Dans nos Jardins le Jasmin, et la Rose, N’aiment-ils pas les charmes d’un beau jour ? Tout languirait sans l’Amour C’est l’âme de toute chose. On ne voit sur nos bords que carnage, et qu’horreur : On ne voit que plaisirs régner sur vos rivages : Vous goûtez de la Paix la tranquille douceur ; Et le Ciel nous expose à mille affreux ravages. Aimable Nymphe, apprenez-nous Par quel bonheur, ou par quels charmes, Vous jouissez d’un sort si doux Pendant que l’Univers éprouve tant d’alarmes. Le Soleil brûle nos champs : Nos eaux sont presque taries: Les Oiseaux nous refusent leurs chants ; Et vos Prairies Sont si fleuries Qu’ils réservent pour vous les airs les plus touchants. Nous ne sentons plus l’haleine Des doux, et des charmants Zéphyrs : Ce n’est qu’auprès de la Seine Où règnent tous les Plaisirs. Le sang humain dont on voit des rivières ; Nos prés jonchés de mourants, et de morts ; N’attirent plus sur nos bords Que des Bêtes carnassières : Et prés de vous les paisibles agneaux Bondissent autour de leurs mères, Pendant que les Bergers au murmure des eaux, Chantent sur leurs Chalumeaux Les beautés de leurs bergères. Aimable Nymphe, apprenez-nous Par quel bonheur, ou par quels charmes Vous jouissez d’un sort si doux Pendant que l’Univers éprouve tant d’alarmes. Un Roi, mais le plus grand dont le Ciel a fait choix Pour la Paix, et pour la Guerre ; Qui n’a point d’égal sur la Terre Quoi que la Terre ait tant de Rois : Un Roi qu’en tant de lieux a suivi la Victoire, Que par toute l’Europe on arbore ses lys, Rend mes tranquilles Eaux éclatantes de Gloire À l’ombre des Lauriers que son Bras a cueillis. Au bonheur des Humains toujours l’âme occupée, On dirait que du Monde il gouverne le sort: Ce qu’en vingt ans ne put faire Pompée Ne lui coûte qu’un faible effort. Il a purgé la mer de ces monstres avides Qui signalaient leur nom par tant de cruautés ; Et ces Tyrans des Campagnes humides Sont venus à genoux implorez ses bontés. Sa valeur, son pouvoir, sa sagesse profondeLe font par tout révère ; Des quatre coins du Monde On le vient admirer : Ses actions sont parvenues Jusqu’aux plus étranges climats ; Et chez des Nations qui ne sont pas connues Il n’est pas moins connu qu’en ses propres États. Depuis que dans le Monde on voit régner la Guerre On n’a point encor vu de pareil conquérant ; Quelque grandeur qu’ait la Terre Son cœur est encor plus grand. L’Europe est charmée, L’Asie alarmée De ses exploits éclatants. Fleuves qui gémissez sous d’injustes Puissances, Consolez-vous, vos souffrances Ne dureront pas longtemps. Fleuves qui gémissez sous d’injustes Puissances, Consolez-vous, vos souffrances Ne dureront pas longtemps. Puisse le Ciel qui l’a fait naître Pour affranchir du joug tant de peuples divers, Le rende de l’Univers Le seul et paisible maître Que nous serions heureux de couler sous les lois Du plus juste des Rois ! Sous son empire On peut chanter et rire; Ce ne sont que plaisirs, que transports, qu’enjouements. Sous son empire Nul ne soupire Que pour des objets charmants. Ah ! Qu’il est doux de reconnaître Un si grand Monarque pour Maître ! Ah ! Qu’il est doux de couler sous ses lois Du plus juste des Rois. Ah ! qu’il est doux de reconnaître Un si grand Monarque pour Maître ! Ah ! qu’il est doux de couler sous ses lois Du plus juste des Rois.