Dans ce Vallon délicieux Que de ses dons simples, mais précieux, La nature paraît avoir, par préférence, Orné même aux dépens de tous les autres lieux, Joignons tout ce que l’art et la magnificence, Ont de plus grand, de plus ingénieux. Deux Princes, deux rivaux, pleins d’une ardeur extrême, Unissent tous leurs soins pour dompter la fierté D’un jeune objet qui, contre Vénus même, Peut disputer de la beauté. Dans ces aimables lieux sa mère l’a conduite. Les Princes à ses yeux font briller tour à tour Tout ce qui peut relever leur mérite, Et faire éclater leur amour. Ils m’ont prise pour leur Déesse, Tous deux également m’ont adressé leurs voeux ; C’est au doux succès de leurs feux, Que la Fortune s’intéresse. Mais quoi que je fasse pour eux, Un seul peut obtenir la main de la Princesse, Et de qui que ce soit des deux Que l’on couronne la tendresse, D’autres bienfaits avec largesse Consoleront le malheureux. Nymphes, Sylvains, et vous, ô Troupe fortunée ! Pour qui le Soleil dans son cours N’a jamais fait que de beaux jours, Tranquilles habitants des rives du Pénée, J’ai besoin de votre secours. Ajoutez aux douceurs charmantes Qu’on goûte en cet heureux séjour, De tendres jeux, et des fêtes galantes, Qui puissent inspirer l’amour. Par votre exemple invitez la Princesse À ne pas résister à des charmes si doux ; Et si son coeur se rend à la tendresse, Si par vos soins elle prend un époux, Je joindrai dans ces lieux le don de la richesse À ce que la nature a déjà fait pour vous. Mais quoi ? Nul ici ne s’empresse De répondre à ce que je veux ? Ne suis-je donc plus la Déesse Par qui les mortels sont heureux ? Pour avoir méprisé tant de voeux qu’on m’adresse, Essuierai-je à mon tour le reproche honteux D’avoir eu l’indigne faiblesse De former d’inutiles voeux ? Neptune, puissant Dieu des ondes, Toi dont le vaste Empire est soumis à mes lois, Sors pour quelques moments de tes grottes profondes, Et sois attentif à ma voix ; Punis ces peuples pleins d’audace, Qui méprisent de m’obéir : Que tes flots écumeux viennent les engloutir, Que de ces beaux vallons les mers prennent la place, Et qu’on ne puisse avoir l’orgueil de s’applaudir, D’avoir impunément mérité ma disgrâce. Ma fille, (car toujours pour toi J’ai conservé des sentiments de père) Comme moi l’on te peint légère, De grâce en tout imite-moi. Je mets un frein aux mers que je tiens sous ma loi, Mets-en, ma fille, à ta colère, Pardonne aux Peuples de tes bords Le peu d’empressement qu’ils marquent de te plaire. Tes promesses et tes trésors Sont des biens dont ils n’ont que faire ; En vain tu crois gagner leurs coeurs Par l’espoir de la récompense, Les richesses et les grandeurs Ne touchent point des coeurs nés pour l’Indépendance ; Il ne cherche point tes faveurs, Et ne craignent point ta puissance. Hé ! Quels mortels pourraient ne la pas redouter ? Ceux qui n’ont rien à craindre, et rien à souhaiter. Les Habitants de ces belles retraites, Qui, par des décrets éternels, Ressentent des douceurs parfaites Dont jouissent les Immortels. Qui, sans soins, sans désirs, dans l’heureuse innocence, Ne font fumer l’encens sur nos Autels, Que par amour et par reconnaissance. Presque au-dessus des demi-Dieux, Il ne faut pas qu’aucun de nous prétende Les gouverner d’un air impérieux, Et c’est en les payant enfin qu’on leur commande. Venez, accourez à la voix De Neptune qui vous appelle : C’est sans vouloir vous imposer de lois, Que la Fortune attend de votre zèle, Qu’aujourd’hui vous fassiez pour elle, Ce que pour d’autres Dieux vous fîtes tant de fois. Joignez-vous aux Nymphes des bois. Les Tritons et les Néréides Vont quitter, comme moi, leurs demeures humides, Pour former avec vous des concerts et des jeux, Nobles amusements d’une aimable jeunesse, Qui puissent attirer les regards curieux De l’incomparable Princesse, Que deux Princes rivaux régalent en ces lieux. Au pied de ce coteau qui nous cache la plaine, Cette jeune Cour se promène. On entend une symphonie par échos. Le bruit de vos concerts commence à retentir, Hâtons-nous, commençons la fête. Du spectacle qu’on leur apprête, Les échos vont les avertir ? Sur cet agréable rivage, Où les zéphyrs règnent toujours, En amour, comme en voyage, Sans crainte on s’engage ; On n’a jamais que de beaux jours, On n’y ressent aucun orage, Et l’inconstance des amours N’y fait jamais d’Amant volage. Que la Princesse est jeune et belle ! Nymphes, ne vous irritez pas De ne pas l’emporter sur elle. La mère des Amours, Vénus est immortelle, Et Vénus même a moins d’appas. Dans l’Empire des Amours, Et sur les flots de Neptune, J’ai fait voyage de long cours, Toujours aidé de la Fortune. Qui ne risque rien a grand tort ; Quand on échappe du naufrage, On goûte mieux un heureux sort, Et c’est assez souvent l’orage Qui nous amène dans le port. Dans les jeux et dans les concerts, On ne trouva jamais ma présence importune ; Et je viens du plus haut des airs, Voir cette fête peu commune, Que d’accord avec la Fortune, Ordonne ici le Dieu des mers. Nulle fête sans vous ne saurait être belle, Les plus doux jeux vous sont tous consacrés, Et l’on attend de vous que pour faveur nouvelle, À ceux-ci vous présiderez : Ainsi que moi, Neptune s’intéresse À favoriser les Amants, Qui cherchent à toucher le coeur de la Princesse. Je destine à l’un d’eux les biens les plus charmants. Jusqu’ici la Princesse à mon pouvoir rebelle, En vain voudra dissimuler Les feux dont elle va brûler ; Et mes traits aujourd’hui doivent triompher d’elle. Sûr de cette victoire en ce charmant séjour, J’ai donné rendez-vous au Dieu de l’Hyménée ; Par lui dans cette jeune Cour, Ma suite et la sienne amenée, Termineront cet heureux jour, Et vous verrez l’heureuse destinée Que peut faire l’hymen d’accord avec l’Amour. Quels doux plaisirs Le Dieu des Amours donne, Quand on fait ce qu’il ordonne ! Quels doux plaisirs ; Qu’ici l’Écho ne résonne Que de nos tendres soupirs. Cruel Amour, tyran des coeurs, Que tu te plais à nous séduire, Par l’appas des tendres douceurs, Dont l’espoir flatteur nous attire ! Cruel amour, tyran des coeurs, Que l’on souffre sous ton empire ! Si quand on ressent tes ardeurs, Le devoir défend de le dire. Amour, adoucis les rigueurs Des lois qu’on a su nous prescrire, Et fais sentir à nos Vainqueurs Le même feu qui nous inspire. Cruel Amour, tyran des coeurs, Que tu te plais à nous séduire, Par l’appas des tendres douceurs, Dont l’espoir flatteur nous attire ! Je sais aimer et souffrir sans me plaindre, Et je sais mieux encore être heureux sans parler, Mépris, faveurs, rien ne saurait éteindre La vive ardeur dont je me sens brûler. Dans vos beaux yeux je vois briller Des feux que vous voulez contraindre, Et que vous sentez redoubler. Est-ce amour ou courroux ? Dois-je espérer ou craindre ? Un jeune coeur qui commence d’aimer Tremble assez souvent de le dire ; La bouche n’ose l’exprimer, Dans les regards, heureux qui le peut lire. Venez, Princesse charmante, Répondez à nos désirs, Et ne méprisez pas les innocents plaisirs Que notre désert vous présente. N’y cherchez point l’éclat des fêtes de la Cour ; On ne parle ici que d’amour, Ce n’est que d’amour qu’on y chante. Vous mentez Nymphe, vous mentez ; Et quelque soin que l’Amour prenne, Ses plaisirs sont ici moins chantés, Que Bacchus et le bon Silène. Il n’est qu’un temps Où les Amants Goûtent un sort digne d’envie. On aime pour quelques moments, On peut boire toute sa vie. Loin d’ici, Faune téméraire, Qui semblez mépriser l’Amour, C’est le chagrin de ne plus savoir plaire, Qui vous fait faire À Bacchus votre cour. Quand d’une Nymphe adorable On a souffert mille refus, On croit se consoler à table Des plaisirs que l’on a perdus. On aime tant qu’on est aimable, Et l’on boit quand on ne l’est plus. Je suis toujours aimable, et si toujours je bois, Et souvent et beaucoup ; mais toi, Si ta morale est véritable, Sans avoir eu jamais le bonheur d’être aimable, Tu seras sans plaisir plus ivrogne que moi. Voici la beauté que j’adore. L’Amour en ma faveur conduit ici ses pas ; La Belle encore Ne sait pas Quel feu me dévore. Rendons hommage à ses appas, Apprenons-lui ce qu’elle ignore. Je vois venir de ce côté Une jeune beauté, Dont sans vanité Je ne serai pas rebuté ; Car elle aime à boire, Elle en fait gloire. Ô la douce félicité ; Quelle victoire, D’en être à tes yeux bien traité ? Sus, sus, voyons, esprit malade, Amoureux fade, Qui de nous deux aura le plutôt surmonté La fierté De ta Nymphe ou de ma Dryade, En attendant je bois rasade À leur santé. Nymphes, vous voyez deux amants, Qui n’ont rien tant à coeur que de vous pouvoir plaire. Oh, s’il vous plaît, dans cette affaire N’expliquez que vos sentiments ; Et pour les miens, laissez-moi dire et faire. Depuis longtemps, charmé de vos divins appas, Je languis nuit et jour, je brûle, je soupire. J’aime à boire, à chanter, à folâtrer, à rire. Vous me plaisez beaucoup ; mais je ne languis pas. Bon, sans perdre temps à nous dire Ce que tous deux vous avez dans le coeur, Prenez le soin de nous instruire De vos talents, de votre humeur. C’est un beau fils, un fidèle Pasteur, Et moi je suis un pétulant Satyre. Il va vous chanter son martyre, Je vous chanterai mon ardeur. Aux beautés les plus cruelles J’adresse toujours mes voeux ; Les coeurs à l’amour rebelles Tôt ou tard sentent ses feux. Pour nous faire aimer des Belles Soyons-en bien amoureux ; Soyons discrets et fidèles Pour être longtemps heureux. Hé bien ! Là, parlez donc, faut-il tant hésiter ? As-tu besoin d’un Interprète ? Quand on trouve ce qu’on souhaite, Doit-on tarder à l’accepter ? Tu l’aimes, je le vois, c’est une affaire faite. Vous pouvez espérer, Pasteur, sans vous flatter Ce silence obstiné découvre sa faiblesse, Et ses regards se déclarent pour vous. La bouche sert à marquer le courroux, Les yeux expliquent la tendresse. Je sers et Bacchus et l’Amour ; Bacchus me fait aimer, l’Amour m’excite à boire. Jeune Nymphe, veux-tu m’en croire ? Sers aussi ces Dieux tour à tour. Nous brûlerons d’une ardeur éternelle, Le vin augmentera nos feux, Il te rendra cent fois plus belle, Et moi cent fois plus amoureux. Hé bien ! Qu’en penses-tu ! N’as-tu rien à dire ? Je te vois là tout je ne sais comment ; C’est bon signe pour moi vraiment. Jeune Nymphe qu’Amour inspire, Est volontiers confuse auprès d’un tendre amant, Qui lui vient amoureusement De faire entendre son martyre. Enfin l’augure que j’en tire, Est que l’on est très sûrement Contente de mon compliment. D’accord, c’est trop longtemps me taire, Et Bacchus et l’Amour ont des charmes pour moi : Boire, aimer tour à tour, voilà bien mon affaire, J’aime fort volontiers, fort volontiers je bois ; Mais, Satyre, je ne veux faire Ni l’un ni l’autre avecque toi. Tu te trompes, Dryade folle, Si tu crois mon coeur enflammé Au point d’être fort alarmé De désobligeante parole. À ces sottises-là je suis accoutumé. Ma flamme méprisée avec le vin s’envole ; Et quand je ne suis pas aimé, Voilà comme je me console. Quand on méprise un coeur tendre, De le guérir Bacchus prend soin. Ah, quel remède ! Heureux qui le sait prendre, Mais plus heureux qui n’en a pas besoin. Des fêtes qu’ici l’on vous donne, Princesses, les Dieux sont jaloux. Et vous voyez Pan qui vient en personne, Avec respect se présenter à vous : Mais de peur que l’on ne raisonne, Qu’avec les Dieux des Bois vous avez rendez-vous, Deux Déesses, Flore et Pomone, Ont bien voulu se joindre à nous. Tandis que l’une et l’autre à l’envi vous régalent, De ce que leur empire a de plus précieux, Qu’en cette grotte elles étalent Fleurs dont les doux parfums dans ces forêts s’exhalent, Fruits pour le goût délicieux, Souffrez, pour occuper vos oreilles, vos yeux, Que nos faunes et nos Dryades, Animés par les tendres sons Des plus amoureuses chansons, Fassent de légères gambades À l’ombre de ces beaux buissons. Quand un Faune amoureux Trouve une Nymphe au pied d’un hêtre, Pour devenir heureux On croit qu’il n’a qu’à vouloir l’être. Mais quand nos Nymphes une fois Suivent d’Amour les douces lois, Tous nos efforts sont inutiles Pour déranger leur premier choix. Les Nymphes des Villes Sont moins difficiles Que celles des Bois. Dans ces agréables Bocages Tout cède aux charmes de l’Amour ; La nature dans ce séjour Lui rend ses plus parfaits hommages. Les Rossignols sous les feuillages Chantent mille plaisirs nouveaux, Et le doux murmure des eaux Parle d’amour à nos rivages. Ici les Nymphes des Fontaines Brûlent d’amour au fond des flots, Et l’on n’entretient les Échos Que de plaisirs, jamais de peines. Quand dans un coeur L’Amour se glisse, À ce vainqueur Sans résistance il faut qu’on obéisse. Ce petit Dieu Souvent dans l’âme Allume un feu, Dont la raison veut surmonter la flamme. Mais en tous lieux L’Amour égale Hommes et Dieux ; Et sans rougir, l’Aurore aima Céphale. Un fier honneur En vain condamne Le choix d’un coeur. Eudimion fut l’Amant de Diane. Teneri cuori, Che vogate Sui mar dei Amori, Non temete, Sospirate : Il vento dei sospiri Accende gli ardori ; E’ dolce il vento Che conduce al porto. Teneri cuori, Che vogate Sui mar dei Amori, Non temete, Sospirate. Peut-être, Madame ; qu’on ne goûtera pas longtemps la joie du mépris que l’on fait de nous. Je pardonne toutes ces menaces aux chagrins d’un amour qui se croit offensé, et nous n’en goûterons pas avec moins de tranquillité les délices du charmant séjour où nous sommes. Oh, pour cela non, Madame, et l’on ne s’en réjouira que mieux. J’ai remarqué tout aujourd’hui que les fêtes dont ces Princes ont pris soin de vous régaler, n’ont pas trop diverti la Princesse ; son esprit était occupé... Clitidas... Je ne dis rien du coeur, Madame, je ne parle que de l’esprit ; et à présent que par un incident tout à fait heureux, il est, grâces au Ciel devenu plus libre, s’il vous plaisait, Madame, vous pourriez prendre le régal d’un petit Divertissement champêtre que j’ai ordonné moi-même à tout hasard, pour vous dédommager du sérieux et de l’ennui des autres. C’est une fille du pays, qui est un peu ma parente, qui vient d’épouser un jeune Matelot d’auprès de Larisse. Ce sera, je crois, quelque chose de fort beau que ce Divertissement champêtre. Voyons, ma fille. De simples choses amusent quelquefois agréablement ; et le zèle qu’il a de vous plaire, mérite de n’être pas refusé. Ah, qu’on est heureux de servir des Princesses qui reçoivent avec tant de bonté les soins qu’on prend de leur être agréable ! Je vais faire venir tout mon monde, et... La Fortune sur un nuage. J’ai favorisé vos rivaux : Mais de leur intérêt enfin je me sépare, Sostrate ; et sans être bizarre, Je puis prendre parti pour un jeune héros, Pour qui l’Amour lui-même se déclare. Après avoir causé vos maux, Il faut bien que je les répare : Jouissez du sort le plus doux, La Fortune et l’Hymen, et l’Amour sont pour vous. Sostrate, et vous, jeune Princesse, Reconnaissez le Dieu qui vient de vous unir De la plus parfaite tendresse. Servez tous deux d’exemple aux siècles à venir. Le bizarre Dieu d’Hyménée, Qui souvent des heureux amants, Sitôt qu’ils sont époux, changent la destinée, Ne prépare pour vous que les plus doux moments. Pour mériter toujours sa faveur et la mienne, Qui vous promet tant de félicité, Modelez-vous sur la simplicité Des époux qu’en ces lieux Clitidas vous amène. Puisque l’Amour nous a préposés pour modèle Du bonheur que l’Hymen vous doit faire éprouver, Voyez-nous faire, et vous allez trouver Une façon sûre et nouvelle De vivre longtemps mariés, Sans pouvoir en être ennuyés Il n’est point cependant de plaisir dans la vie, Qui tôt ou tard ne fatigue ou n’ennuie ; Mais le moyen de ne s’en pas lasser, C’est de les savoir bien placer, Et d’avoir soin qu’on les diversifie. Les prendre tour à tour, rire, chanter, danser, Toujours en bonne compagnie, Et ne se point embarrasser Si sa femme est de la partie. Époux entre eux doivent laisser Et chacune et chacun vivre à sa fantaisie. Le temps est si doux à passer : La bonne chère vient quand la danse est finie ; On boit longtemps, puis on défie Les chagrins de l’Hymen de venir traverser Une félicité de la sorte établie. On dort sans se faire bercer... Pour moi je n’y sais point d’autre cérémonie. Le lendemain c’est à recommencer. Sans jalousie Nous vivons tous ; Nous tenons pour fous Les Époux Atteints de cette frénésie. En rendez-vous Avec les belles, Sans exiger des faveurs d’elles, On a les plaisirs les plus doux. Et parmi nous Les femmes ne sont fidèles Qu’aux maris chagrins et jaloux. Ne craignez point, jeunes fillettes, Que trop d’amants suivent vos pas ; Leurs feux, leurs soins, leurs chansonnettes, Donnent du lustre ç vos appas. Le mal n’est pas D’être coquettes ; C’est la manière dont vous l’êtes Qui fait souvent trop de fracas. Branle pour finir. À ma mère il faut un gendre, Et chacun lui fait la cour : Elle pourrait s’y méprendre, J’en ai su prendre Un fait au tour. Dépêchons, Hâtons-nous de nous rendre : Qu’il est doux de céder à l’Amour ! L’Hymen est un esclavage Où l’on aime à s’engager. De bon coeur fillette sage Du mariage Court le danger. On craint peu les chagrins du ménage, Et l’on trouve à s’en dédommager. Quand à l’hymen on s’engage Dans la fleur de son printemps, On a souvent l’avantage D’un doux veuvage Dans ses beaux ans. On ne sent les chagrins du ménage Qu’au moment qu’ils durent trop longtemps.