Puis que je vous rencontre, il faut faire partie: Allons nous divertir à voir la comedie; Ce passe-temps est propre à charmer les ennuis: À peine il m’en souvient à l’instant que j’y suis. Allons-y, je le veux ; au coin de cette ruë, Une affiche à propos se montre à nostre veuë. AFFICHE. Les Comediens de Mademoiselle. La piece que nous vous donnons Merite vos attentions: Ce sont les amours d’Ignorance, Qu’on confond avec la science, Et de son brave Trapolin Qui l’aime autant que le bon vin. De cette piece on fait estime, Tant pour la force de la rime, Que pour la vigueur des bons mots, Qui ne sont pas faits pour les sots; Mais pour la belle connoissance Et les auditeurs d’importance; Qu’icy les uns dressent leurs pas, Que les autres n’y viennent pas. Ho ! ho ! L’affiche en vers ? cette troupe est jolie: Peut-estre y verrons-nous quelque galand Genie. J’ayme la comedie, elle est mon element. Tous deux nous nous trouvons d’un mesme sentiment : Il faut estre privé de bon sens, de science, Pour ne la suivre pas, allons en diligence. Puis on la fait si bien, et si juste en ce temps, Qu’elle sert de modelle aux plus honnestes gens : On apprend la vertu voyant la comedie, Ceux qui des sots cagots gagnent la maladie Y peuvent repugner, y venir lentement; Mais le sage, et le docte, y vont assidument, J’y veux demain mener mes enfans et ma femme : Ils y profiteront s’ils ont une bonne ame; Car on y void tousjours triompher les vertus : Là le vice sur eux n’a jamais le dessus. Mais les Italiens prennent plus de licence Que ne font les François, et quelqu’un s’en offence. Le Theatre François est bien plus serieux, J’en faits bien plus d’estat, et l’estime bien mieux; Mais on peut sans pecher gouster les inepties Qu’ils meslent gallamment avec leurs faceties; On rencontre des gens qui tondroient sur un œuf Et qui bien souvent ont l’esprit comme un boeuf. Pour moy, je vous le dis, jamais la comedie, N’eust tant d’attraits charmans, et tant de modestie; Le theatre n’a rien que d’honneste et de beau, Chaque jour il produit un prodige nouveau. Les Vestalles pourroient avecque bien-sceance Ouïr la comedie : elle n’est qu’innocence, Produisant les douceurs d’un divertissement, Elle instruit les enfans à vivre sagement. Ma fille est fort coquette, et, comme j’apprehende Qu’une ville assiegée à la fin ne se rende, Je luy veux faire voir avec combien d’ardeur, Une fille bien sage a soin de son honneur. Car le theatre enfin, l’amour des roys, des reynes Est un crayon, parlant des actions humaines. Pour moy, j’eus tousjours soin de garder mon honneur Et je veux que ma fille ait la mesme pudeur. Il le faut avoüer, certainement, Madame : La belle comedie est le charme de l’ame; Allons-y je vous prie.         Allons; je le veux bien. Pour moy je la prefere au plus bel entretien. Ce teston est-il bon ? Cette piastre est legere ! Ils sont sans conscience ou bien ils n’en ont guere : Dés qu’ils ont des testons qui ne sont pas de poids, C’est pour nous, que l’enfer les chaufe de son bois. Pour faire avec ces gens le portier d’importance, Il faudroit dans mes mains tousjours une balance, Si mes maistres n’estoient gens d’honneur et sans fard, Je mettrois pour le moins deux escus à l’escart; Je prendray toutefois sans faire plus de mine De quoy faire tirer la petite chopine, Car de prendre beaucoup il ne m’est pas permis A moins que de me faire un troupeau d’ennemis; Et puis le vol n’est pas un crime pardonnable Et s’ils m’alloient chasser je serois miserable. J’ay bien plus de raison que tous ces grands escrocs Qui viennent leur voler le fruict de leurs beaux mots; J’en veux prendre à témoin les personnes plus sages; Ne leur couste-t’il pas à faire des voyages ? A nos comediens à faire des habits, A blanchir leurs colets, à payer leurs rubis ? Enfin la comedie est une marchandise Que l’on doit acheter et payer sans remise. Allons, je ne veux plus laisser entrer ceans Escrots, passevolants, fillous ny pourveans. Le premier qui viendra la main hors la pochette, Contre luy vaillamment je veux tirer la brette; Mon sang est échauffé, je suis las d’en souffrir: N’en laissons plus passer, c’est à faire mourir. Al Dieu ! je voy passer un qui fait l’idolastre En venant m’aborder quand je suis au theâtre; J’en voy venir un autre: ils viennent m’aborder. Comment feray-je, ils vont beaucoup m’incommoder : Ils s’en vont me parler de soûpir et de flâmes, Faire les patineurs, et les mourantes ames. Isabelle, bon jour, vostre humble serviteur ! Que vostre habit est riche et de belle couleur ! Ah Dieux ! la belle estoffe, et la belle dentelle ! Qui vous en a fait don ?         Qui ? C’est Mademoiselle : Sa generosité m’en a fait un present Et je le faits briller sur la scene à present. Ma cravate est deffaite, et mon beau colier d’ambre... Que je vous tienne icy lieu de valet de chambre : Vostre Cravate...         Hé bien ! je l’accommoderay. Vous allez au theatre où je vous conduiray. Ma sœur veut vous donner un fort beau poinct de Gesne, Et moy des citrons doux, et de la pourcelaine. Et moy des gans d’Espagne.         Et moy de beaux rubans. Et moy de la pomade.         Et moy de beaux pendants. Et moy des espagneuls qui viennent de Boulogne. Et moy ce que j’ay de pris de rare en Cathalogne. Et de grace, Messieurs, ne vous échauffez pas : Pour prendre vos presens, j’ay trop peu de deux bras. Elle a le teint fort beau.         Et la taille gentille. Son oeil me plaist assez.         Estes-vous femme ou fille ? Aymez-moy je, vous prie, et m’appellez« mon coeur », Et je vous nommeray ma mignonne et ma sœur. Vous faites, par ma foy, fort bien la comedie : Quand vous parlez d’amour, que vous estes jolie ! Qu’elle fait bien la fiere, et la cruelle aussi ! Aussi mon mestier est mon unique soucy Et de luy seul je suis ardemment amoureuse. Voulez-vous sans cesser faire la dédaigneuse ? Je m’en vais au theatre avec des sentimens Qui sont trop relevez pour tous vos complimens. Je sens que la fierté s’empare de mon ame : Ce n’est que pour des roys que mon coeur est de flame. Vous allez bien jouër estant de cette humeur, Vostre roolle est-il plain d’amour, ou de rigueur ? Je vis hier jonër une piece nouvelle, Au Theatre François dont la prose est fort belle : C’est le pompeux Cinna, les traits en sont nouveaux. J’ayme Thomas Morus, les vers en sont forts beaux. Plustost que de parler, tenez la bouche close : Cinna c’est fait en vers, Thomas Morus en prose ! Voyez quelle ignorance, et quels discours divers Il met les vers en prose et luy la prose en vers ! Vos discours à l’instant font de grandes merveilles Et vous parlez des vers comme font les corneilles. On me vient de donner un sonnet merveilleux. Combien a-t-il de vers.     Au moins trente.         Encor mieux ! De grace, informez-vous des reigles poëtiques : Les epiques pour vous seroient les dramatiques. Ah ! Lisez les autheurs qui composent des vers, Si vous voulez parler de leurs travaux divers. Vrayment pour escouter de semblables merveilles Il faut que nous ayons d’admirables oreilles ! Une comediene a beaucoup à souffrir : Il luy faut tout entendre, il luy faut tout oüir; Souvent un franc benais luy vient conter sornette Et fera, luy parlant le mignon de couchette; Mais ce qui me consolle en un si grand despit Est que j’entends parler aussi les gens d’esprit, Et que j’ay le bonheur de hanter la noblesse Et d’en avoir souvent une honneste carresse, De m’instruire avec eux d’une bonne action Et d’estre le temoin de leur profusion. Quand je n’aurois au bien attachement ny pente A force de les voir je m’y rendrois sçavante. Puis le theatre a tant de beaux chemins batus, Nous sommes sans cesser avecque les vertus; Si nous n’en avions pas en vivant avec elles, Nous serions en effet doublement criminelles. Enfin les grands Seigneurs, les sages, les sçavans Pour les comediens ont de bons sentimens; Sans cela nous serions, ma foy, beaucoup à plaindre. Il est des esprits forts qui sont encor à craindre Qui s’imaginent tous avecque leur debit, Avoir aupres de nous grand accés, grand credit, Qui diront en voyant une comedienne, Regarde cher amy cette Actrice elle est mienne. L’autre luy respondra faisant fort l’empesché : Elle vaut ma foi, bien la façon d’un peché. Celuy-cy vous faisant cent façons non communes, Vous fera le debit de ses bonnes fortunes, Et pour se faire croire il prendra de grands soins, Mais celuy qui dit plus, en fait tousjours le moins. J’ayme les bons esprits qui prennent de la peine Afin de profiter des leçons de la scene; J’ayme les esprits forts qui sont originaux, Non les imitateurs de ces mondains nouveaux Qui souvent en voyant joüer la comedie, De critiques censeurs n’estant que la copie, Veulent gloser sur tout, reprendre les acteurs En jugeant comme fait l’aveugle des couleurs. Mais que leur jugement soit leger il n’importe, Pourveu que leur argent soit de poids à la porte. Nous aymons toutes fois les doctes spectateurs, Car leur sage audience anime les acteurs. Je vais avec plaisir jouër en cette ville Plaine d’honnestes gens, et tout à fait civille. On dit aussi qu’amour triomphe dans les yeux Des beautez que l’on void en ces aymables lieux, Que les dames y sont agreables et belles Et qu’elles sont aussi toutes spirituelles. Allons les divertir par nos accens mignards Et recevoir l’honneur d’attirer leurs regards. Voicy deux grands filoux de fort mauvais augure : Tiens mon mousqueton prest, mettons-nous en posture ! Ouvre !     Il faut de l’argent !         Ah ventre ! Par la mort !     Tu me refuse en vain !         Tu fais un vain effort ! Comment tu faits le brave, et la rude moustache ? Je fais ce que je suis, quand je veux je me fâche. Je m’en vay te percer sy j’entre en action, On m’a desja percé, j’ay veu l’occasion, Les canons, les fusils, et le fer et la flame Ne me font point de peur, je me ris de ta lame. Par la teste, jarny, redoute mon courroux. S’il ne tient qu’à jurer, ah ! la vache est à nous ! Il me faut de l’argent, quoy que vous puissiez faire. Je n’en ay point, amy, redoute ma colere ! Allez n’en ayant point, fanfaron sans pareil, Dormir le dos en terre, et le ventre au soleil. Allez prendre la mouche, et chanter la guimbarde, Sous le fais d’un mousquet, ou d’une halebarde. Ah c’est trop endurer, Portier tu periras. Je vay parler à vous, messieurs les fiers à bras; Et d’estoc, et de taille, et de quarté et de tierce Pour le dernier sommeil il faut que je te berse. Ils ne se battroient pas, s’ils n’estoient dix contre un, Mais je me bat d’un air qui n’est pas du commun; Ils s’en vont revenir peut-estre avec main forte. On s’en va commencer, rentrons, fermons la porte. FIN. LES AMOURS DE TRAPOLIN. COMEDIE; Et bien mon cher, mon beau, mon tout, mon agreable, L’essence des amans, coquet le plus aimable, Idole de mon cœur, si je languis pour vous Vous languissez pour moy : tout est égal en nous. Nos jeunes cœurs blessez, et des fers et des flâmes Qu’un amour mutuel a fait naistre en nos ames N’en peuvent ma foy plus et je voy bien qu’il faut Que l’hymen à l’amour livre un petit assaut; Rien n’est égal à moy sur la terre et sur l’onde Et mes beaux yeux mourans, font mourir tout le monde. Beauté, beaux yeux, mon cœur, belle bouche, beau teint. Aujourd’huy j’en ay peu, mais j’en auray demain Si je n’ay pas le teint, j’auray la marjolaine. Que vous estes railleuse, adorable inhumaine. Que vous estes cruel, de me perser le cœur ! Ah ! Que vous me grillez, œil mon petit vainqueur ! Petit fripon, voleur, et filoux de mon ame. Ignorance, mon cœur, beau sujet de ma flâme, Pour te suivre tousjours, je veux m’éfeminer, Lire peu, manger bien, ne jamais raisonner. Voila le vray moyen d’estre aymé de sa belle Et de me voir pour toy, plus douce que cruelle; Je suis pour un Amant un fort joly tandron. L’amour quand il est las se met sur mon giron, Et ce petit fripon d’un ardeur sans égale, Voudroit prendre mon cœur, et ma fleur virginale; Mais ma pudeur combat avecque mes desirs; Je pasme, je succombe, et pousse des soûpirs, Mais ma virginité demeure toujours pure; Dieu me veüille sauver d’une cheute future; Ah ! Si j’avois esté du temps du beau Paris, Venus asseurement n’aurait pas eu le pris : Les deesses auroient bien-tost baissé la veuë, Si comme elles j’avois montré ma beauté nuë. Et le sort ne rend pas mon visage serin, D’un peu d’eau seulement je me nourry le teint. La nature qui fit cét aimable visage, De ces traits délicats seule à tout l’avantage. Mais adieu, je m’en vais, maman me foüeteroit Si je demeurois plus avec toy, mon coquet. Adieu, lampe d’amour.         Adieu falot de flâme. Je soûpire     Je meurs     Je succombe.         Ah ! je pasme ! Se quitter quand on s’aime, quelle cruauté ! Je soûpire à tout coup, et de tous les costez. J’ay des filles chez moy, doctes, spirituelles; La matiere, et l’esprit sont excellens en elles, Leurs esprits et leurs corps sont forts beaux et sont bons, Mais leurs rentes n’ont pas l’éclat de leurs tetons, Et l’on est dans un temps où l’on ne considere L’esprit ny la beauté, l’or seul a droit de plaire. Un teint semé d’appas, un astre merveilleux, D’un lourdaut bien renté ne charme point les yeux Si l’on dit, regardez les admirables filles, On vous répond à qui vendez-vous vos coquilles ? Bref il faut estre belle au coffre comme au corps, Tant il est d’ignorans et de vilains butors. Un certain Trapolin a de grandes richesses : Si mes filles pouvoient attirer ses carresses Je serois bien-heureux, je serois au repos. Je ne puis toutefois luy dire de grands mots Car je n’ay point appris la basse complaisance, De peur de déroger et soüiller ma science. Docteurs, musiciens, poëtes; à mon lever, Je suis riche et coquet, le sort veut m’élever. Je ne m’estonne point de ce que la fortune A chargé de ses biens ta figure commune; Pour les pouvoir porter, il falloit un cheval : L’homme est pour ce sujet un trop foible animal. Les Peintres, les Docteurs, avec tous les poëtes Sont dessus ce sujet aussi fols que vous estes : La fortune est aveugle à leur gré, mais ma foy, Je tiens qu’elle voit clair, puis qu’elle vient à moy. Éh bien, mettez le pied hors du commun vulgaire, Dévelopez-un peu l’esprit de la matiere; Un riche, un grand Seigneur de grandeurs revestu, N’est que de l’or impur, s’il n’a point de vertu, Qu’un soleil offusqué par un espais nuage Et qu’un oyseau huppé qui n’a point de ramage. Avecque vos tresors achetez de l‘esprit ! De l’esprit, en quel lieu ? qui m’en fera debit ? Les Muses, Apollon, un docte Philosophe, Des autheurs en un mot, des gens de mon étoffe. Pour vous rendre agreable à la Cour, au public J’en veux faire passer douze par l’alambicq Pour en tirer l’esprit, et puis par fantaisie J’en prendray les matins comme de l’eau de vie. Le beau fils de Latonne à luy-mesme épuré Les esprits merveilleux au sublime degré : Ce sont individus tout remplis de science Qui ne sont point impurs, et qui ne sont qu’essence. Qu’essence ? il en est donc chez nostre parfumeur : Je n’ay qu’à demander de l’essence d’autheur; S’il en est, j’en auray, de la plus excellente. Que j’ay peine à souffrir ta langue impertinente ! Le centre de l’esprit est au sacré ruisseau : Vas-y voir ignorant !         Qui moy ? boire de l’eau ? Je ne bois que du vin ! quand j’ay beu je fais rage, Si je parle d’amour, j’enfle mieux mon langage. Quand j’ay beu, si je vay au pays feminin, D’un an en un seul jour je fais tout le chemin; Je pousse la douceur aupres d’une mignarde Et soumets à mes loix l’amour la plus agarde; Je ne m’amuse point à passer par les lieux Où passent tant d’amans pour gagner de beaux yeux : Je monstre à ma Philis ma flâme toute nuë Et vais au rendez-vous, dés la première veuë. Des sottises du temps la multiplicité Cause beaucoup de peine et d’importunité; J’ayme bien qu’un amant tost aupres d’une amante, Monstre si sa pensée est ou bonne ou méchante. Estre un an ou deux à faire le badin, Parler sans raisonner, geler, brûler soudain, Dépenser en cadeaux, en bals, en serenades, En essence, en rubans, en gands, en limonades, En oranges, en citrons, en pommettes d’apis, En confiture, en chien, en musque, en ambre gris, En collets, en dantelles, en bijoux, en guenuche, En beau pendans d’oreilles, en panache d’autruche, Ce n’est pas le moyen de se mettre en credit, Si l’on ne fait jamais de dépense en esprit. Je sçay comme un amant remporte la victoire, Et comme un Galant rend sa flâme meritoire : Apres certains objets on se met assez bien, Dès l’instant que l’on fait dépense en bon chrestien; D’autres aiment le fast et la galanterie, Et d’autres le solide et la cajolerie. Enfin, pour faire un nombre entre les vrais galands, Il faut avoir du cœur, de l’esprit, et du sens. Les femmes ne sont pas difficiles à prendre : Un coquet comme moy met tost leurs cœurs en cendre, Les femmes à mon gré...         Les femmes...taisez-vous Parlez avec respect de ces objets si doux ! Un galand de trois jours, un marjolet d’une heure Dira  je suis aimé d’une dame, je meure. Et la belle souvent ne pense pas à luy. L’autre dira tousjours : je suis exempt d’ennuy; J’ay deux beaux rendez-vous sur le soir à la lune : Mais laquelle verray-je, ou la blonde ou la brune ? L’imaginaire Amant ne trouve en verité Pour maistresse la nuict rien que sa vanité. Les femmes...         Taisez-vous ! cent bourus, dans leurs ames, Fourbez sans y penser par quelqu’unes des femmes, Vomissent leurs venins contre le general; La femme d’elle-mesme est un bel animal : Un animal aime la source de l’espece Où la nature verse et donne avec largesse : Elle verse en son corps ce qu’elle a d’excellent Et dedans son esprit ce qu’elle a de brillant. Les femmes.....         Taisez-vous, s’il est vray que des femmes Ayant des actions diaboliques et infames, La femme n’en est point coupable aucunement : L’action de la femme a peché seulement. Je diray, prouveray, par raison admirable Que l ‘homme est tousjours homme, et n’est ny saint ny diable. La femme a tousjours droict de regner sur le cœur, Et la femme est tousjours le trône de l’honneur. S’il se treuve une femme et méchante et coupable, La femme pour cela n’en est point responsable. Enfin les femmes sont de foibles animaux, Fort sujettes à broncher, mais nul n’est sans defaux; Et Je vay hardiment sous l’estendart des femmes     Combatre et vaincre ceux qui sont contre les dames. Les femmes....         Taisez-vous mille fois, taisez-vous ! Les femmes l’ont toujours emporté dessus nous. Les femmes....         Taisez-vous, ne parlons plus des femmes, Ou si nous en parlons, mettons les dans nos ames, Et supplions qu’amour sans peine et sans ennuy, Nous en vueille donner quelque belle aujourd’huy. Les femmes....         A genoux quand tu parle des femmes ! Les dames...         Tremble donc quand tu parles des Dames. Leurs beautez....         Meur d’amour parlant de leurs beautez ! Leurs beaux yeux...         Du respect, pour les divinitez ! Leur esprit...         Malheureux, tu vas ouvrir ta tombe ! Laisse là leur esprit, que le tien y succombe. Leur amour.         Leur amour et leur fidelité Va jusques à l’excez, ainsi que leur beauté. Cette genereuse Artémise, Par son amour et sa franchise, A si bien fait pour son mary Que le nom n’en a point pery; Une des merveilles du monde Vient de son amour sans seconde. Panthée à suivy noblement Son mary dans le monument. Evadne dans un duel extréme Et tant d’autres firent de mesme. Laodamie en un tombeau Rejoignit le sien de nouveau, Leur amour est incomparable, Leur regret est inviolable; Quand elles aiment une fois, Leur amitié leur fait des loix, Dont la force et la violence Leur fait conserver leur confiance. L’amour....         L’amour, l’amour perd un sot comme toy ! Des femmes sans cesser nous recevrons la loy : Alexandre, Cesar, Sanson, Antoine, d’elles, Furent-ils pas ferus, et charmez de leurs belles ? Les doctes n’ont-ils pas ressenty tour à tour Par leur charmans attraits le pouvoir de l’amour ? Un honneste homme enfin, seroit-il honneste homme S’il n’avoit pas aimé ? mais pour te monstrer comme... Helas ! ne contes plus, veux-tu parler tousjours ? Veux-tu parler un an ? tréve à tant de discours ! Ne parlez plus Docteur, quittez cette coustume ! Je me sens en humeur de te dire un volume, Mais J’ayme mieux aller retrouver mes autheur. De parler aux pourceaux, c’est exposer des fleurs. Ah ! le Docteur m’entend, il me donne silence; Je m’en vais à mon tour montrer mon eloquence. Mais vous m’écouterez, au moins, mon cher Docteur ! Il se taist et m’entend, faisons donc l’orateur. La femme est très-fâcheuse, elle n’a que malice; Certain jaloux m’a dit, en demandant justice Que la femme à l’amour plus leger que le vent : Escoutez bien Docteur, et que le plus souvent, Les jaloux eussent-ils l’exactitude entière, Sieur Basle et Sieur Cadot viennent rompre en visiere. Un homme est fort constant, la femme ne l’est pas; Et je vous prouveray.... mais il n’écoute pas ! Docteur, Docteur ! il est méchant comme un guenuche. Que veux-tu, veau doré, franc badin, esprit cruche ? Peut-on passer une heure en conversation, Mais il faut pour cela vostre permission, Avec vos beautez, avec vos belles filles ? Mes filles ne sont pas pour ouïr des vetilles; Et cent petits mortels qui s’en disent amans N’arriveront jamais jusqu’a leur firmamens. Pour vous, de vostre esprit j’excuse les foiblesses Parce que vous avez de tres-grandes richesses; Mes filles ont esprit pour elles et pour vous Et vous avez du bien et pour vous et pour nous. J’ay deux filles enfin dont l’une est Poësie, Elle chante tousjours, l’autre est Philosophie, Elle est fort serieuse, et d’un temperament Froid, dont l’abord fait endurer un Amant; Ses secrets ne sont point connus, quoy que l’on fasse, Elle est grande, elle est belle, elle a fort bonne grace, Poësie est galante, elle a l’esprit serein, Mais elle est fort quinteuse, et sujette au chagrin; Chez tous les demis dieux elle est fort bien venuë, Son langage est fort grand, mais sa bourse est menuë. Elles ont des amans dont le nombre est petit, Mais vos grands biens, Monsieurs, les vont mettre en credit, À deux portes d’icy loge Dame Ignorance : Tout y va, tout y court avec grande abondance. Pour moy je suis tousjours la mode et son torrent : Et j’ayme des long-temps, et son merite est grand; J’y pourois bien aller avec tous les autres. Elle vous plaira fort, mais daignez voir les nôtres. Soit faict.         Poetica et Philosophica. Qvid vis Papa ego sum paratissima. Idsum tibi Papa, quid de me cupis ? Accedite.         Cupis veut dire Cupidon, Moy Cupidon, j’ay l’œil assez fripon. Il est vray, qu’à peu pres j’ay sa taille et sa mine, J’ay comme luy les yeux, comme luy j’assassine; Et si l’on veut d’amour prendre la nudité, Du mignard et du brun, je veux estre emprunté. Vos yeux vont me servir de chambre et d’antichambre, Vostre beau sein de trône et de doux sachets d’ambre; De la je lanceray la foudre chaque jour, Et l’on m’appellera le beau petit amour. Mon oncle le Parnasse, et ma tente Yperbole, Voyant tant d’escrivains de l’un à l’autre pole, Qui disent avoir faict des enfans avec moy, Veulent que de l’hymen je reçoive la loy, Comme vous, mon Papa, voulant que je m’excrime, Pour mettre un jour au jour un enfant legitime. Enfin je suis outrée avec juste raison : Un galimatias bien souvent prend mon nom, Passe pour mon enfant, et j’en suis en colere, N’ayant rien dissipé des esprits de son pere. Ce galand pour produire est-il à vostre gré. Avec un peu de temps je le Poëtiseray, Ensemble nous ferons un Carme magnifique : Il fera le sonnet, et je feray l’epicque. Moy Poëte ! ah bon Dieu, quel discours de travers ! Avant que de mourir, me voir manger au vers ! Dans mon berceau, maman me donna d’une poudre Qui de mes vers estoit le redoutable foudre : Elle m’en a purgé, pourquoy donc en autheur, En remettray-je en moy l’insuportable humeur ? Et puis selon mon sens, s’il faut que je le dise, Vous avez la façon, madame Poësie, De me donner apres la consommation, Au lieu de vostre foy, de quelque fixion. La corne d’abondance est un de vos ouvrages; Mars avecque Vulcan parlent ce langage. Et puis avec vous à le trancher tout net, Je ne pouray jamais faire qu’un beau sonnet. Et moy Monsieur, qui met les beaux esprits en flâme, Qui tiens dans mes liens et la raison et l’âme, L’ame vient r’allumer ces feux à mon tison Et je sçay dessiller les yeux de la raison. Sans trop de vanité, ma beauté fait renaistre, La confiance, le cœur, et la gloire de l’estre. Que l’amante et la femme ait violé leur foy, L’amant et le mary d’abord viennent à moy : De cent infortunez je soulage les peines; Jugez si pour le mien mes leçons seront vaines. Et si quand par mal-heur je vous ferois cocu, Je ne vous rendrois pas pacifique cornu. Enfin je suis....         Ho, ho, Madame Philosophie, Vous en sçavez beaucoup pour mon petit genie Vous l’avez trop grand, l’esprit, Et moy je l’ay trop petit. Ma sœur Philosophie, à de trop grands secrets; Je suis bien plus connuë , et j’ay bien plus d’atraits : On me penetre mieux, et je suis plus galante. Ouy vous estes de vray connuë et consonnante; Vostre esprit Poësie estoit doux et benin, Vous sçavez assez bien placer le masculin, Et jamais il ne va sans rime feminine; Pour le masle tousjours vous estes fort benigne; La propagation pour vous a des apas : Un masculin tout seul ne vous contente pas, Il vous en faut plusieurs, et si je me marie, Je veux estre tout seul, ma belle Poësie Ayez du feminin autant qu’il vous plaira, Si je suis vostre espoux, nul ne me rimera. Pour moy; je n’ay plaisir de me voir Poësie Que parce qu’il me faut cette rime jolie; On nommeroit mon homme un homme de vertu Et je ne pourois pas trouver la rime en nu; Les masculins seroient bien rares dans le monde, Si je ne rimois pas cette rime feconde. Ah ! que l’on rime en nu, sans moy dans l’univers : Sur ce point je renonce à la regle des vers. Vous avez bien raison, vous estes un brave homme ! Avec moy vous n’avez qu’à faire un axiôme Et d’abord vous serez Philosophe parfaict; Et pour en faire voir promptement un effet Vous n’avez qu’à trouver du vuide en la nature Et qu’à bien raisonner, selon la conjoncture, Des Dames de sur tout connoistre les humeurs, Imiter leur vertus, suivre leurs bonnes moeurs, Discerner les effects du neant et de l’estre. Il me faut penetrer afin de me connoistre, Discourir fortement sur la vie et la mort, Connoistre le destin, la nature et le sort. Parlant du papillon, du fourmy, de l’atome, Il n’apartient qu’à moy de bien exercer l’homme. Philosophie est belle, et je vous en réponds. Ouy, mais Philosophie a pour moy trop de fonds; Un teton ce me semble a beaucoup d’eloquence, La chair a plus d’appas pour moy que la science; Vous avez l’un et l’autre, il est vray, mais ma foy, Vous en sçavez beaucoup, l’une et l’autre pour moy : On m’a toujours fait craindre une femme sçavante, J’aimerois quasi mieux une douce ignorante. Il faut mieux tout risquer pour aimer en bons lieux. Ma bouche parle enfin le langage des dieux, S’augmente des Heros les esclatans trophées; Un Esiode, Homere ont esté mes galans; Dans Athenes jadis j’avois mes courtisans, Mais Paris à présent est bien une autre Athenes, On soûpire apres moy, j’y fait naistre des peines, Mes neuf Muses y vont travailler nuict et jour; On y veut que du tendre et du galant amour, Mais on aime sur tout assez la bagatelle : C’est ce qui fait causer dans la belle ruelle; Et puisque me voila sur le tendre et le doux, Profitez de ce temps, faites-vous mon espoux. Vous allez Poësie admirablement viste, Mais vos pieds en sont cause; alte, ou bien je vous quite. Tant mieux, je ne veux point de froid temperament : Il me faut plus de feux que de raisonnement, Il faut estre pour moy d’une ame vigoureuse, Une humeur enjoüée, une humeur amoureuse, Dormir peu, cheminer du soir jusques au matin, Se nourir d’esperance, et d’un peu de chagrin, Aller en un seul jour du couchant à l’aurore, Dormir chez le Sarmate, et souper chez le More, Et s’ils avoient dîné, vous auriez en tout cas Vostre gloire à manger qui ne manqueroit pas. Pour moy j’aime une humeur pensive et solitaire, Un grand contemplateur et sobre d’ordinaire, Qui quitte le manger pour me faire l’amour Et qui soit dans mes bras et la nuit et le jour. Chere Philosophie, aimable Poësie, Io bazio la mane à vostra Seignorie. L’Amour est mon amy, mais cet effeminé Ne me charme jamais qu’après avoir diné; La table a des apas quand elle est bien garnie. Quelle est cette beauté ?         La ? C’est Galanterie. Ce sera bien mon fait, car je suis fort galant; Approchons et faisons l’agreable en parlant. O Dieu ! qu’elle est aimable, et qu’elle a bonne grace ! Aussi tout est de mise ou la Galante passe; Son teint est plus riant que les fleurs du Printemps; Je la veux espouser, elle charme mes sens. S’il vous faut des rubans belle Galanterie, Je puis seul enrichir vostre robe jolie. Ne vaudrois-je pas bien un pacquet de ruban ? Courrez si vous voulez de la Scene au Liban; Vous ne treuverez point mon pareil sur la terre, Quant aux Dames mon oeil veut declarer la guerre; Par où Trapolin passe on entend que rumeurs, On oüit dire par tout  gare, gare les cœurs. Avec moy vous aurez liberté toute entière : Ouy, chacun avec moy peut vivre à sa maniere. Ah ! cette fille est brave fille, Elle m’a fort bien répondu, Elle est courtoise, elle est gentille, C’est un aimable individu; Elle est souple comme une aiguille, Elle a l’œil doux et bien fendu, Elle fait des vers a la cheville, Elle hait fort le temps perdu, Elle travaille de l’aiguille, En elle rien n’est confondu, Car elle n’est pas cette fille, Son tempérament morfondu, Bref cette fille est brave fille, Car elle m’a bien répondu. Je réponds assez juste, et je suis assez prompte; Qui ne la voudroit pas en auroit de la honte. J’ay du feu, j’ay du fast, et mon sort fortuné Vient d’avoir un esprit bien doux et bien tourné. Il me faut des bijoux, et je suis magnifique, Du plus riche Marchand j’épuise la boutique. J’ayme mieux retrancher ma table et m’ajuster, Et mon mary jamais ne m’y doit contester : Et pourveu que je sois, mon amy dans ma chambre Pleine d’adorateurs dans l’eau d’ange et de l’ambre, Je suis dedans mon Ciel, et les petits mortels, Doivent s’humilier aux pieds de mes autels. Vous estes fort gentille, et je vous treuve aimable; Mais ne me parlez point de retrancher ma table; Car j’aime vos attraits, j’estime vos apas, Mais ils ont moins pour moy de pris qu’un bon repas. Je vous baise les mains, belle galanterie; Je suis incompatible avec vos humeurs. Devenez mon Amant, contez-moy des douceurs. Illustre Trapolin, heros incomparable. Mon beau petit mignon, galand le plus aimable. De vos doctes apas me voila degousté : Par vous mon apetit seroit inquieté; Et puis ma Poesie, il faut demeurer fille, Afin que vos beaux vers demeurent sans cheville. Si j’estois vostre espoux, vos doctes alliez, Verroient tout aussi-tost vos beaux vers chevillez, Et ne voyez-vous pas que les Muses sont filles, Quoy qu’elles ayent esprit, et qu’elles soient gentilles; Si je vous espousois, abordant vos apas, Vostre Pagase et vous me jetteriez à bas. Les Muses de Paris ne sont pas toutes filles, Et leurs vers toutefois se treuvent sans chevilles; Et si lors qu’elles vont voir le sacré vallon, Chacune sçait fort bien trouver son Apollon. Et l’Apollon avec emphase Monte la Muse sur Pegase Ma foy fille qui fait des vers Est sujette à cheoir à l’envers. Ma foy garçon qui n’en fait pas, Est sujet à porter le bas. Aimez nous.     Suivez-nous.         Quittez l’indifférence. Mais serois-je infidelle à ma chere ignorance ? Dés le berceau je suis charmé de sa beauté, Avec elle je dors sans estre inquieté; Mais la voicy qui vient, que je la treuve aimable ! Quoy ? traistre déloyal, perfide, ingrat, coupable, Les sciences t’ont pris lors que je n’y suis pas, Voy, voy, comme Agripa parle de leurs apas, Et de leurs vanitez elles ont eu sa vie; Et pourtant sans cesser il les avoit servie Et vous belle friquette, et vous beaux yeux fripons, Et vous qui nous monstrez ces beaux petits testons, Ces deux globes de laicts, dites-moy, je vous prie, Par eux doit-on apprendre icy l’astrologie ? Petite pingrenon, Trapolin est à moy, Et vous ne l’aurez pas, non da, non par ma foy; Jour de Dieu, je le sçay, vous m’estes ennemie, Mais perdant Trapolin, je veux perdre la vie. Vous l’avez fort long-temps emporté dessus nous, Mais ce siecle est illustre, et nous sera plus doux. Ah ! ma chere Ignorance.         Ah ! douceur sans seconde ! Si tu peux la prenant en purger tout le monde, Je serois opulente, et dans fort peu de temps. ET bien captivez-vous ce Phoenix des amans ? Et le marirons-nous ?     Ouy.         De plaisir j’en dance. Ouy, mais il nous méprise, et choisit l’Ignorance. Il choisit l’Ignorance ! et comment gros vilain, Tu choisis le terrestre, et quitte le divin ? Et toy, laide effrontée, as-tu bien l’insolence, De me nuire sans cesse, effroyable Ignorance ? Mes filles demeurer pour toy qui ne vaut rien ! Seray-je tousjours gueux, auras-tu tout le bien ? Coupe donc l’esprit et ta gauche; Il faut que Socrates t’embroche, Que Platon comme un pré te fauche, Qu’Épicure te mette à bas, Que Bias te coupe les bras, Que Solon t’envoye au trépas; Que Plutarque t’aneantisse, Que Cloton ta trame t’ourdisse, Ou que la parque la finisse, Que Ciceron rive ton bec, Que l’on ne te parle qu’en grec; Que ton humide soit à sec. Et moy Docteur, je te souhaitte Que quelque maligne filette Te vienne noüer l’éguillette; Car je trouve selon mon sens; Sans que tu fasses des enfans, Que la terre a trop d’ignorans. Je te vais faire faire, au lieu d’epitalame, De satyriques vers, et quelque écrit infame. Et moy je vais monter dessus mes grands chevaux Et te mettre vilain, dans le rang des brutaux. Et moy qui sçay punir tous les sots de ta sorte, Aux Bals je te feray tousjours fermer la porte; Les laquais par mon ordre iront te nazarder. Mes cousines allons, c’est icy trop tarder, Et voyons sans regret mépriser la science : Un ignorant ne peut aimer que l’Ignorance. Avec vos beaux discours et voste esprit divin, Allez vous faire faire un autre Trapolin ! Allons, vient m’épouser, et chery ta mignonne, Et sçache qu’en ménage Ignorance est fort bonne : Elle fait le repos et l’honneur des maris, Et science au contraire, embroüille leurs esprits Et leur fait bien souvent leur sotise connoistre, Qu’il vaudroit mieux pour eux ne voir jamais paroistre. Tu seras donc mon faict, puis qu’il faut ignorer. Par moy de mille maux tu te pouras parer; Allons mon gros poupon !         Allons mon Ignorance ! Beuvons, joüons, dansons, et laissons la science ! Allons nous en dormir et manger à foison. Le plus grand ennemy de l’homme est la raison. FIN.