Marché conclu entre Arlequin, maître de musique, et Gilles, vivant de son bien. Si le bergamasque Arlequin S’éloignait de cette demeure, Depuis midi, lundi matin, Jusques à mardi, pareille heure, Il paierait à Gilles , comptant, Cinquante écus de bon argent, S’il ne sort pas, Gilles paiera Ladite somme toute entière. Ledit Gilles tout ce temps-là Pourvoira son dit adversaire De tout ce qu’il désirera. Passé devant... et coetera.... Pour copie conforme à l’original. GRAPIN , Notaire. Le jour est levé depuis longtemps, mon amour aussi, mon appétit commence... Songeons à mon déjeuner, à mon amour... Halte ! Reclus depuis hier midi, pour jusqu’à aujourd’hui midi, j’ai pourtant fait un joli trait d’esprit, de commencer par afficher là mon marché. Si je ne l’avais sous les yeux, je suis sûr que je reporterais moi-même cette tourtière, de mon souper d’hier au soir.j chez le voisin Cassandre, notre restaurateur, et je perdrais mes cinquante écus... C’est qu’il n’y a pas moyen de revenir là-dessus, ce n’est pas comme un contrat de mariage... Passé par-devant... C’est gentil, un marché comme ça. Nous fîmes ce marché plaisant Par devant notaire ; Pourtant quand je dis par devant, C’était par derrière... Sans doute, il était là, devant nous, à son bureau... Ainsi, selon que l’on s’y prend, Certain contrat, le plus souvent, Se trouve en-arrière, Passé par devant. Il est venu drôlement, ce marché-là... Je parlais des avantages de la solitude, parce que j’étais loin de ma bien-aimée... Là-dessus il me propose, article premier, de parier cinquante écus que je ne passerai seulement pas vingt-quatre heures sans sortir de la maison... Parier cinquante écus, et vingt-quatre heures de plaisir avec, contre cinquante écus tout seuls !... C’est beaucoup ; mais il ne se présente pas tous les jours une occasion de faire fortune légitimement, quoique l’on voie tous les jours des enrichis... D’ailleurs, il me manque cinquante écus pour avoir la somme que Monsieur Cassandre exige de celui qui se présentera pour être son gendre... Voilà un motif pour accepter le pari... J’accepte !... Mais Gilles, pour le proposer, a-t-il une raison ?... Instruit, par hasard, de mon attachement pour la demoiselle de Monsieur Cassandre, croit-il qu’il me soit impossible de passer ainsi, vingt-quatre heures ?... Ah ! Détrompez-vous, mon ami Gilles... Par le plus tendre sentiment, L’aine secrètement troublée, L’on se trouve seul bien souvent Dans la plus nombreuse assemblée. Mais hélas ! Privé de la voir, Seul, mais rêvant à son amie, Entre le désir et l’espoir, On est toujours en compagnie. Vingt-quatre heures séparé de tout ce qu’on aime, c’est pourtant passer en un jour bien des mauvais quarts-d’heure. Mais, patience... Le mur est commun aux deux jardins... Ma bonne amie, pour arroser ses fleurs, vient souvent tirer de l’eau à ce puits, qui est commun aussi... Nous pouvons établir nos communications par-dessus le mur ; ensuite par cette petite porte : elle est condamnée ; mais le coeur, l’esprit, la voix, l’amour, tout cela passe par de si petits trous !... Oh ! Nous causerons... Gilles... Voisin Gilles, voisin... Eh bien ! Quel air sinistre ! Pas un petit bon jour ? Est-ce que vous êtes muet, aujourd’hui ?... Voilà d’abord la musique, en pot-pourri, que vous m’avez demandé, pour la sérénade que vous prétendez donner à cette nouvelle maîtresse, dont vous me cachez le nom... Mais c’est égal, tout se découvre... Ensuite, voici la tourtière, que vous allez reporter tout de suite à mademoiselle Cassandre... Attendez donc. Commandez-moi un grand pâté de macaroni, pour avant midi... Bien grand... Entendez-vous ? Je ne veux pas sortir à jeun... Et puis, rappeliez-lui tout ce que j’ai demandé pour mon goûter de ce soir... Feuillantines, tartelettes, Puits d’amours et massepins, Croquignoles, gimbelettes, Pêts de nones , biscotins, Choux, croquets, tartes bien faites, Du plaisir, jamais d’oublis ; Qu’elle y joigne, si bon lui semble, Petits pâtés chauds fournis, Garnis ; D’anis; Pour le prix, Bien pétris, Bien nourris, Faits au riz, Ou farcis. Point roussis Ni rassis, Et bien cuits, Tous petits, Mais gentils !... À croquer tous ensemble. Allez vous retiendrez bien... Il ne répond que de la tête... Malhonnête !... Ne fermez donc pas si fort ; je n’ai pas envie de sortir... Ma bonne amie va recevoir de mes nouvelles. Je suis loin de me fier à Gilles ; et comme il est assez méchant pour cacher la cause de mon absence, j’envoye par lui, sans qu’il s’en doute, dans le fond de la tourtière, une seconde copie de mon traité, et mes excuses. Mais si j’avais l’esprit de profiter de l’esprit que j’ai eu pour sa sérénade, je pourrais, afin de prévenir ma bonne amie que je suis là, fredonner un de ces petits airs, sans paroles, qui disent quelque chose ; ce qui vaudrait bien tant de paroles, sans musique, qui ne disent rien... Elle sait tous les airs, elle me comprendra. Voyons l’air, Je t’aime tant. L’on sonne : ah ! c’est Gilles qui entre... Allons, patience !... Pendant qu’elle va lire, me voilà encore réduit à nourrir mon amour d’illusion... Heureusement, je puis, en attendant, souhaiter à son portrait le petit bon jour du matin... Un portrait, pour un aman.t, c’est presque la moitié d’une personne ! Il est charmant ; celui-ci : je l’ai escamoté avec tant d’adresse ; à la silhouette, contre le mur de la cuisine, à la lueur du four ; pendant qu’elle tirait les petits pâtés de mon souper... Comme elle s’appelle Blanche, j’ai eu l’attention délicate de mettre le noir en-dehors ; comment aurai-jè pu la peindre en noir ?... Elle a partout de la blancheur, Partout je la cois blanche ; Tout en elle est blanc, et son coeur Répond au nom de Blanche. Pourtant souvent vive couleur, Sur son teint se repose, Même encore alors sa blancheur Le dispute à là rose. L’un voudrait la surnommer Lys ; Pour Rose un autre penche ; Moi, qui suis de tous les avis ; J’en ai fait Rose-Blanche. Un fond noir... Cela fait bien ressortir une figure... Aussi, comme mon visage fera un joli effet à côté du sien !... C’est comme une mouche que tu te mettras sur la joue, sur les yeux, partout, pour faire valoir !... Oh, ma bonne amie, c’est étonnant tout ce que je ferai valoir une fois que j’aurai le bonheur d’être en pied dans tes bonnes grâces ; aussi je ne saurais vraiment trop me féliciter d’avoir une maîtresse semblable à vous. Tout le monde en parle. J’en parle, à tout le monde, et je trouve encore que ce n’est pas en parler assez, puisque j’en parle même quand je suis tout seul... Oui, ma chère maîtresse, tu es toujours le sujet de mes conversations avec moi-même, et ces conversations-là sont celles qui me plaisent le plus ; car il y a toujours là... ou là... enfin de la tête aux pieds, c’est toujours dans le coeur ; car, tenez, bonne amie, quand on aime bien, oh oui, je sens que le coeur est vraiment partout. Je le crois au bout de mes doigts Lorsqu’à tes doux attraits je touche ; Dans mes yeux, lorsque je te vois, Quand je t’embrasse sur ma bouche, Dans mes gestes pour t’exprimer, Tendre prière, heureux délire, Dans tout mon être pour t’aimer, Dans mon esprit pour te le dire. Pourtant au même endroit, dit-on, Porter le coeur est chose rare. Un lâche ne l’a qu’au talon, Et dans sa cassette un avare : Pour l’ivrogne il est dans le vin, Et dans les sens pour une bête ; Bien peu d’amis l’ont sur la main, Beaucoup d’amants l’ont dans la tête. Chut... Gilles est de retour... L’on-tire de l’eau : si c’était... Appellerai-je ? Non... C’est peut-être le père... Comment savoir... Approchons-nous tout doucement, Guettons dans l’eau l’heureux moment ; Je ne vois rien... Chut... Un instant ! Comme l’eau s’agite et se trouble ! J’y vois, je crois ; mais j’y vois double : L’eau pourtant s’aplanit, L’image revient... Elle fuit, En vain mon oeil partout la suit. Ah ! Fort bien, Je la tiens, Hélas rien !... L’eau n’est plus de niveau, Les traits se mêlent ; quel dommage, De ne pouvoir tirer l’image En tirant aussi de l’eau. Mais dans ma tête ce me semble, Je puis, par un léger travail, Si je n’ai tous les traits ensemble, Avoir sa figure en détail... Sur ce flot-là, bouche mignonne ; Sur celui-là, joli menton ; Puis sous le cou de la personne Serait-ce un flot que je vois rond ? Non, ce n’est pas un flot !... Mais en rassemblant, tous ces traits séparés... L’on dirait... Je crois... Oui... C’est elle... Appelons... St, st, st ; elle me reconnaît... Elle tourne la tête... Le père serait-il dans le jardin ?... Ne nous déconcertons pas... Du moins si l’on ne peut causer, Prenons autre langage ; Faisons descendre un doux baiser Là-bas à son image, Rassemblons nos doigt de niveau, Envoyons-les vers le tableau. Fort bien. L’on croirait voir dans l’eau Que ma main à sa lèvre touche. L’eau déjà m’en vient à la bouche, L’eau déjà m’en vient à la bouche. Eh bien, qu’est-ce qu’elle suspend à son peloton de fil ?... Bravo... Et vite la boîte aux lettres au-devant de la dépêche. Du haut en-bas, Ainsi tout sot devrait descendre, Du haut en-bas ; Son poids tout seul l’entraîne en bas, Sans peine, en voulant bien s’entendre, Que de sots l’on ferait descendre, Du haut en bas Encore un peu, balançons ; lâchez donc... lâchez le fil... Bien... Lâchez le fil... Eh quoi, adieu déjà ! Il n’y a plus que moi là-bas ; je n’ai rien à me dire. Amenons la correspondance. Du bas en haut, Voilà sa lettre qui remonte, Du bas en haut ; Le bonheur vient mieux que d’en haut, Quand d’amour l’assistance est prompte ; Ainsi gloire ; esprit, tout remonte Du bas en haut. Arrivez mon petit poulet aquatique... Qu’entends-je ? Ce coquin de Gilles qui prélude. Ah ! Je suis Lindor !... Ah ! Chouchoux, faire-moi ton époux ? Si l’on a l’esprit de répondre, nous saurons à qui s’adresse... Quoi la vielle de ma bonne amie... Je la vois à sa fenêtre ; est-ce qu’elle prend la déclaration pour elle ? Ah !... Attendez-moi sous l’orme... Jolie réponse pour celui qui n’a pas fait la question. Tiens, chantons l’hymen, chantons. Voilà bien là Gilles ; mais est-ce que je n’aurai pas ma part de ce dialogue ? Entendre causer de la sorte, Fait désirer d’en faire autant ; Puis dans un concert il importe De changer d’accompagnement. Mêlons nous-en, près de femme charmante, Lorsqu’ensemble l’on fait l’amour, Ou bien tour-à-tour Il faut qu’on chante Chacun à son tour. Vite ma flûte. L’air : Daigne écouter l’amant fidèle et tendre. Elle répond : Je vous comprendrai toujours bien.... Bon, puisqu’elle me comprendra, tâchons de savoir enfin si elle m’aime... Essayons l’air : Si le coeur vous en disait. C’est pour un garçon honnête, une jolie question à faire à une demoiselle qui a des sentiments. Ciel, pour vous je vais me décider !... En chanteur, vite l’air : Vous m’acceptez pour époux. Tiens, l’autre au grenier qui recommence Chantons l’hymen... Il est temps. Qu’y a-t-il de nouveau ? Il faut ici de la prudence. Eh ! Le papa Cassandre à sa fenêtre avec sa basse ; il aura entendu Gilles... Cachons-nous. Allez-vous-en, gens de la noce, Allez-vous-en chacun chez vous. Comme il appuie là-dessus !... Ah ! Ils se sont tous retirés. Il n’y a que moi qui ne peut pas me retirer. Aussi allons ma lettre. Elle a donc mis tout le peloton. Ah ! « Mon cher Arlequin, en réponse à l’honneur de la vôtre qui m’est venue dans la tourtière. Oh, dans la tourtière !... Qui m’est venue dans la tourtière... Je ne puis que je vous approuver ; mais je vous préviens que Gilles, qui est amoureux de moi... » Comment ! comment !... « Ne vous a fait faire ce pari que pour vous éloigner, afin de pouvoir me parler de son amour, ainsi qu’à mon père. Vous connaissez mon père. Si vous ne venez plaider votre cause je crains bien... Abandonnez tout, » etc. Le coquin ! Et m’avoir encore fait faire la sérénade !... Adieu le marché, les cinquante écus : adieu tout le monde... Ciel ! Enfermé... à double tour ! Voyez la malice ; oh ! J’échapperai !... Ce chemin-là n’est pas trop sûr ; Mais n’importe, vaille que vaille ; Pour mettre Gille au pied du mur , Gagnons le haut de la muraille. J’entends, je crois, le papa Cassandre sous Le berceau ; il fait comme moi ; il cause tout seul. Écoutons le monologue du papa Cassandre. Il s’est aperçu, depuis longtemps, de ma tendresse, et son intention est de me donner... À qui souhaite-t-il 1e bonjour ? À Gilles... Que-dit-il... Oh, le traître. Le brave home que ce père... Fripon de Gilles, tu peux mentir ainsi. Oh, sangodemi ! C’est trop fort... Et Monsieur Cassandre qui le croit... Il le croit... Oh, mon dieu ! C’est clair, il le croit !... Si je ne me montre pas, je suis perdu... Vite un coup de théâtre superbe. Non, papa Cassandre : ne croyez pas ce que... Non, vous dis-je, ne croyez pas... Monsieur Cassandre ?... Où sont-ils, papa Cassandre ? Ils sont rentrés : sautons... Un moment... C’est haut. Si j’allais me casser le cou ; je n’avancerais pas mon mariage. Bah, bah !... Non, c’est trop haut.... Redescendons de peur d’esclandre : Lorsque l’on craint de culbuter, Heureux qui trouve pour descendre Le chemin qu’il prit pour monter. C’est prudent ce que je fais là. Il vaut mieux écrire à la fille ce qui s’est passé, afin qu’elle puisse désabuser le père. L’encre, le papier, la plume. Voyons, je vais me dicter moi-même... « Ma chère bonne amie, je viens d’entendre un dialogue de ton père et de mon rival. Gilles demandait ta main. Ton père lui disait : Je suis bien; fâché ; mais sitôt qu’il aura de l’argent. » « Je veux l’admettre en ma famille. » « Gilles effrontément. » « Ignorez-vous qu’il est parti ? » « Là-dessus, grande surprise de ton père, qui s’écrie de cet air que tu lui connais... » « Comment ? » « Gilles froidement. »         « Avec une autre fille. » « Cassandre en colère... » « Et depuis, quand ? » « Mon rival appuyant. »         « Hier midi ! » « Ton père avec douleur. » « Il oublia donc sa tendresse ? » « Gilles avec un ton sentencieux. » « L’oubli n’est pas rare aujourd’hui. » « Cassandre. C’est une chose qui n’a pas d’exemple. » « Délaisser et fuir sa maîtresse. » « Gilles : avec une feinte indignation. » « Avant que d’être son mari... » « Là-dessus Gilles fait sonner son argent. Ton père l’accepte pour gendre. Je veux paraître ; ils avaient fui... Maintenant il faut gagner du temps... Gilles m’a enfermé ; il faut l’enfermer à son tour... Ah ! Comment l’enfermer ?... Remettez-lui mon pâté de macaroni ; je ne vous demande pas s’il est fait, s’il doit être fait, et je sens d’ici le parmesan... Gilles m’apporte mon pâté ; vous le faites suivre par vos garçons, que vous gagnerez. Ah ! Comment vous les gagnerez ? Promettez que je ne mangerai que la moitié, les trois quarts. Mettez les trois quarts du pâté ; ils l’enfermeront en-dehors, moi par ici ; midi sonnera, et je serai libre... Plus d’objections ; je me suis fait toutes vos réflexions ; je vous ai donné toutes mes réponses : c’est donc comme si nous avions causé. Oui... Agissez donc tout de suite.... » Mon nom en blanc... et puis mon chiffre, deux notes, une blanche, une noire à côté, double accolade en-dessus et en-dessous, quelques soupirs autour : nous laisserons les demi soupirs aux amants du jour... L’adresse... Le pain enchanté !... ET LE CACHET... Encore de la musique, une complainte, "Quel désespoir" ! Blanche à sa mansarde... Comment savoir... Courons vite établir une correspondance télégraphique. Posons-nous là sur l’escalier ; Quoique novice en ce métier, Par signe on peut s’instruire. Les gens d’esprit et les amants Comme les sots,de temps en temps, Ont le talent, En séparant, De parler sans rien dire. Commençons par ce geste-ci Pour lui montrer, ma lettre, Puis par celui-là montrons-lui Qu’il faut la lui remettre ; Elle répond par celui-là, Pour me donner courage ; Moi, pour répondre à tout cela, Montrons-lui que j’enrage. Eh bien, pourquoi découvrir la maison ? Bon, sur une ardoise elle écrit !... Que me propose-t-elle ? Jetez. Bien. Dans ce paquet-ci Peut-être est la nouvelle; Rien... Mais qu’en faire ? Un grand cordon ; Je n’y puis lien comprendre ; Je ne vois point, moi, de raison Dans tout ça pour me pendre ! Que veux-t-elle que je fasse de tous les cordons de ses rideaux ? Oh ! La bonne idée ! Il est un jeu plein de grâce Où le son d’un instrument. Vous fait deviner la place Que l’on cherche en tâtonnant; Aux flons flons, au turlurette. On conçoit qu’il faut chercher... Mais le lon la landerirette Annonce qu’on y va toucher... C’est un de nos petits jeux de société. Voyons... Je crois qu’elle me devine ; Et sa vielle sous ses doigts, Pour m’instruirez à la sourdine, Saura remplacer sa voix.... Essayons. Aux flons flons, au turlurette, Je vois que je n’y suis pas. Retournons d’où je viens. Ciel ! Son lon la landerirette Me dit de porter là mes pas. Doucement et fort à la fois, autre embarras ! Comment débrouiller l’affaire Dans ce que fille à cet jeu. Voudrait bien vous faire faire ? Peut-on-voir plus que du feu Quand son flon flon turlurette, Dit d’agir d’autre façon, Et que son lan landerirette Vous conseille de tenir bon ? Elle attache la corde... Pourquoi ? Bah quand on s’aime bien on fait, tous deux de même. Quelle surprise ! courage ! Le long de ce conducteur Descend un petit message Que soutient une faveur. Parla route qu’il enfile Doux message file, file. Ainsi, malgré les jaloux, Petit dieu qui file, file Fait filer les billets doux. Et lon la descendez sans bruit Mon petit messager fidèle, Et montrez qu’avec de l’esprit, On sait filer à petit bruit. Je vous tiens... Sous cette ardoise on pourra lire ! Que de finesse, de raison ! Par prudence elle a su m’écrire Sous le couvert de sa maison, (bis.) Renvoyons la lettre par la même route... Un moment... Attachons-y rose naissante, Mon envoi sera plus joli, Mon enveloppe plus piquante, Et le style bien plus fleuri. Et lon la mon petit poulet Qu’amour te cache de son aile ; Car ce fut toujours le secret Qui doubla l’esprit d’un billet. Sur la corde il s’achemine, Et le long du conducteur L’amour guide à la sourdine Et le message et la fleur. Par la route qu’il enfile, > En montant il file, file ; Ainsi malgré les jaloux. Petit dieu qui file, file Fait filer, les billets deux ! Il arrive : lisons... C’est écrit à la pointe. « J’ignore ce qui s’est passé entre Gilles et mon père ; mais je crois que l’on me donne à Gilles, car on vient de mander le notaire... Vous ne pouvez probablement pas sortir y puisque vous ne venez pas... Mais en attendant l’arrivée de Monsieur Grappin, Gilles vous porte le pâté...» Ah ! Il m’apporte, le pâté. « ...qui vous facilitera le moyen de vous échapper ; ouvrez-le avec précaution sitôt que Gilles sera parti... Accourez vite, et je me prononcerai... » L’on vient : c’est Gilles. Vous êtes pressé, moi aussi... Donnez... Bonsoir. Quel parfum ! Ah ! Sur tout autre pâté, D’honneur ce pâté brille ; Comment l’a-t-on apprêté ? Mais ce n’est pas là du macaroni. Eh quoi, c’est donc un pâté D’anguille, (ter.) Une échelle de corde pour escalader !... Bravo. Quel bruit !... C’est Gilles qu’on enferme. Fermez fort. Ah ! Les voilà tous, papa Cassandre... Blanche vous a tout conté ; je ne suis pas parti. Midi sonne... Maître Grapin qui a fait le marché sera témoin que j’ai gagné. Vous consentez beau-père ; je descends... que j’attende une autre échelle : eh bien j’attends. Le repas de noce est pour midi, n’est-ce pas ?... Oui... Pendant que vous apporterez l’échelle je vais préparer le petit vaudeville pour chanter à table... Ma bonne amie, d’abord ton petit couplet. Maintenant le couplet moral. Seul, on s’isole, on se sépare, On compte ses voisins pour rien. Aussi l’ensemble est chose rare ; Surtout en scène, on le sait bien, Ah ! Quels plaisirs seraient les nôtres, Si par tous les talents de l’un, L’esprit et le zèle des autres, Pour bien faire... ne faisaient qu’un. Ah ! Vous voilà, Monsieur Cassandre ; posez l’échelle là : bien ; tenez le pied. Un moment, attendez le petit couplet à la société. Ne croyez pis qu’un solitaire Trouve un trop grand monde importun; 11 n’en coûte pas plus pour faire Des frais pour mille que pour un ; « D’ailleurs vous pouvez , ce me semble, Si, tout seul, j’ai paru plus d’un, Par indulgence tous ensemble, En ma faveur, ne faire qu’un.