L’amour est une rage Ou plûtôt un poison, Qui par son feu volage Nous ôte la raison. Fuyez cet esclavage Fatal à tant d’époux, Restez dans le veuvage, Il n’est rien de si doux. Si je reprends ma femme hélas ! Quels caquets ne fera-t-on pas ? Ôtons cela de notre tête : Car si l’on dit que c’est mal fait, J’ai ma réponse toute prête, C’est que tout le monde le fait. Ce vilain Suisse fait connaître À tous venants, Qu’on ne parle point de son maître Que par argent, Cette inexorable rigueur Sent l’apprentif Agioteur. Pour Colombine ici l’amour m’amène, Loin de ses yeux je souffre extrêmement ; Déesse hélas, pour soulager ma peine Je ne voudrais que la voir un moment. Trop orgueilleux Romains que je déteste, Qui paraissez dans le ravissement, Si ce n’était ma femme, je proteste, Je ne jouerais plus de cet instrument. Dites-moi Monsieur l’intendant, Auriez-vous fait tant le fendant, Si vous n’aviez pas comme un traître Prêté l’argent de votre Maître À grosse usure à vos amis Comme font d’autres dans Paris?