Qu’elle nouvelle prophétie Vous brouille avec Nostradamus ? Qui de vous, fuit la jalousie ? Vos almanachs sont bien vendus : L’un et l’autre fait des merveilles. Qui sait lequel ment de vous deux ? Votre nom vole jusqu’aux Cieux : Il ne manque au fruit de vos veilles Que d’être d’accord. Vois donc si j’ai tort. Du bas en haut, Il met toute l’année entière? Du bas en haut. Il promet du froid pour du chauds Mais la faute la plus grossière, C’est qu’il a placé le tonnerre Du bas en haut. C’est pour en tirer vengeance Que dans ces lieux par avance Je te fais la confidence Du piège que je lui tends. Oui, je prétends satisfaire Les transports de ma colère ; Pour l’accabler je vais faire Et la pluie et le beau temps. Je ressens au fond du coeur Des douceurs parfaites. On ne peut pour notre honneur, S’arranger mieux que vous faites. Je connais un procureur, Capable dans sa fureur,“ D’assigner les planètes. Tu dois servir mon stratagème : La gloire est commune entre nous. La nouvelle année, elle-même, Doit sentir le poids de nos coups. L’ingrate aussi s’arme contre mon style : Après l’avoir fait bissextile, Elle a changé Et dérangé Mon Méridien. Je fuis Mathématicien ; Mais je n’y comprends rien. Faisons pleuvoir à tasse pleine, Toute la nuit, Afin que demain on la prenne Au saut du lit : Et nous l’enfermerons soudain Dans mon château de Gaillardin. La dernière année en ces lieux, Ce matin m’a donné parole. Elle vient demeurez tous deux ; Car je n’ai plus rien dans mon rôle. Ma chère vous connaissez L’embarras où nous sommes. Les astres mal dispersés, Verront les beaux jours passés Sans pommes, sans pommes, etc. Je sens comme vous nos alarmes. La nouvelle année a des charmes. Mais à mon tour il faut que je cède le pas. Ce qui me rassure et me venge, C’est que dans neuf mois on la change. Cet Oracle est plus sûr que celui de Calcas. Nostradamus seul m’inspire Un jaloux ressentiment. En tous lieux il me déchire Et me prend apparemment Pour un mirmidon, Mirmidaine, Pour un mirmidon dondon. Jalouse de l’avantage Que ma rivale a sur moi, La haine me dicte sa loi. Qu’un astrologue est volage ! Nostradamus inconstant, Comble Follette de beau temps. Déjà le retour de Flore L’embellit et la décore L’hiver est au berniquet : La fleur s’empresse d’éclore Dans son joli jardinet. Bientôt vous les verrez à mains jointes, Implorer en vain notre pitié. Mon compas eût toujours quatre pointes ; Partageons tous €deux par la moitié. Pour servir dans l’occasion. Je vous laisse le porte-crayon. Bientôt vous les verrez à mains jointes, Implorer en vain notre pitié. Par l’espoir mon âme entraînée, Aux soins ne se refuse plus : Vengeons-nous de Nostradamus, Et de toute l’année. Qu’il fasse du beau temps on non, N’approfondissons point le reste. Ziste, zeste, zon, zon zon, Moquons-nous du quand dira-t-on ? Mais la nouvelle année avance Sur les pas des sots compliments, Et ne fait plus la différence Des ennemis et des parents. Évitons de fâcheux témoins, Qui pourraient nuire à tous nos soins. Je saurai la surprendre. Fort bien, Quand on se fait entendre, J’entends toujours bien. Je ne suis plus la même, Depuis que dans ce lieu, Le seul objet que j’aime, Vint pour me dire adieu. Le Soleil m’importune, Quand je ne te vois plus : Reviens avant la Lune, Mon cher Nostradamus. Je n’entends plus sur la branche, Le chant des tendres oiseaux. Il a plu depuis Dimanche ; Pour mon amant quels travaux, S’il faut qu’il paye la planche, Pour passer les grands ruisseaux ! Que l’année a peu de beaux jours ! Quand on espère sans cesse, Que l’année a peu de beaux jours ! Quand on espère toujours. Je ne puis passer les instants, Sans l’objet de ma tendresse, Je ne puis palier les instants. Sans dire de temps en temps, Que l’année a peu de beaux jours, La nuit annonce une éclipse de Soleil. Mais quelle éclipse à la ronde ! Non, rien n’est pareil. Que faut-il que je réponde? J’ai promis à tout le monde, Un beau Soleil, un beau Soleil. C’est trop longtemps épargner ma rivale : N’écoutons plus que mes transports jaloux. Qu’au moins la vengeance égale Le mépris qu’on fait de nous. Mais, je n’étale Que du courroux. Depuis plus de deux mois, J’en veux sans cesse À la traîtresse, Et je la laisse Jouir de mes droits. Quel est mon forfait ? Et qu’ai-je fait ? Qui vous outrage ? Que puis-je sitôt ? Je ne suis encore qu’en maillot. •C’est assez pour armer mon courage. On manque à tout âge. De Nostradamus N’espère plus Voir l’avantage. Il me pousse à bout : Mais je vais lui river son cloud O Ciel ! Prends sa défense, Tu connais sa science : Donne pour les combats, Le fil à son compas. N’avez-vous pas eu votre tour Avec plus d’avantage ? Un Prince vient de voir le jour. Quel plus heureux partage. Si lorsqu’on reçoit cet honneur, Chacun nous porte envie : Je souhaite de tout mon coeur, Causer la jalousie. Perfide, il te sied bien de me braver ici. On est sûr de sa grâce, en s’excusant ainsi, Si je me plains de toi, c’est dans tes trahisons ; Que ne m’as-tu toujours donné de ces raisons ? Mais il n’est point dans ton logis, Jusqu’à votre servante Alix, Qui ne se mêle de médire Sur l’almanach de l’an passé. Si mon coeur paraît courroucé, Je crois que cela doit suffire. Malgré l’orgueil de vos mathématiques, Nostradamus est bien au-dessus d’eux : Leur plus haut volv c’est l’appui des boutiques ; Le lien s’élève jusqu’aux Cieux. Me répondre avec cette audace ! Je dois m’en venger dès ce jour. On n’a pour moi que de la glace ; Je veux que tu gèlz à ton tour. Venez servir ma vengeance, Victimes de l’indigence, Que l’année offre au destin, Saisissez-la, Conduisez-la, Enfermez-la, Dans la cave à Gaillardin. Nous obéissons, Car la misère nous assomme, Nous obéissons, Et sommes pis que des démons. Nous ne vendons pas La valeur d’un coup de rogome, Nous ne vendons pas La moitié de nos almanachs. Et en, et en, et Enfin il est temps Que nous nous vengions, Car la misère nous assomme, Que nous nous vengions Nous sommes pis que des démons. Au secours ! Au secours ! À l’aide ! L’on m’emporte. Enlevez-la toujours : Et fermez bien la porte. Sans fenêtre ni grille, Elle ne pourra pas Retrouver la béquille Du père Barnabas. De mon étoile, J’ai lieu d’être content. Tout se dévoile À mon art pénétrant. Qu’on apprenne en ces lieux Quel bon vent jusqu’aux Cieux, M’a conduit à la voile. Éblouissons les yeux De mon étoile. Cependant quand j’y pense, Mon cour ne craint pas moins Que pendant mon absence On ait trahi mes foins. L’Année est bien folâtre Dans ses premiers désirs : On en est idolâtre Jusqu’aux derniers soupirs. Quel est ce bruit confus ? Mon cher de la Pierre. C’est pour Nostradamus, Que je mets pied à terre. D’où diable viens-tu ? Depuis qu’on t’a vu, Une année est passée. J’avais affaire aux Éléments : Et pour vouloir avec le temps, Faire entendre raison aux vents, J’ai la tête cassée. (bis) Le temps que tu fus chez Borée Fit du tort à ta chicorée. Mais j’ai le remède à tes maux. A ton honneur, le mein se borne. J’ai monté sur mes grands chevaux Pour comabttre le Capricorne. Par quelque nouvel outrage, Veut-on me pousser à bout ? Ne faisons point de tapage Et je te réponds du tout. Il faut déloger sans tambour ni trompette. Viens, et te jette Sur ma mazette. Courrons au plutôt Tirer du cachot, Notre innocente Follette. Que viens-tu m’apprendre là ? Ah ? Malheureuse planète ! Puis-je encore après cela, Fixer vers toi ma lunette. Ahi ! ahi ! ahi ! Ahi ! ahi ! ahi ! Follette, Follette, ahi ! ahi ! ahi ! Rassure-toi, je ferai ton affaire : Des ennemis, je saurai disposer. Leur ton sévère Va s’apaiser. Contre un bourgeois, ils pourraient s’opposer, Un Gentilhomme est un autre adversaire. Dans mon malheur, J’aurai trouvé main forte, Un Procureur Demeure à cette porte : Mais je n’ose ma foi... Pourquoi ? Pourquoi ? Je n’ai pas un denier sur moi. J’ai dans ma malle une échelle Pour sortir de l’embarras. Va te mettre en sentinelle : Bientôt je suivrai tes pas. Prends garde qu’on ne t’écoute. Aujourd’hui chez Gaillardin, Je veux t’ouvrir une route, Pour pouvoir goûter son vin. Pour reconnaître amplement, L’amitié qui te lie : Je ne veux pas seulement Te remplir de génie, Mais de ta pro, mais de la pro, Mais de la prophétie. Sans intérêt je prends ces soins. Mais sortons car l’heure s’avance. Pour le machiniste du moins, Ayons un peu de complaisance. Pour mieux nous prêter au sujet, Attendons le coup de sifflet. Qu’un tendre cour, Quand il craint tout pour ce qu’il aime, Qu’un tendre cour, Éprouve un fort plein de rigueur. Mon pouvoir suprême Dispose du soleil même : Mais l’amour extrême Ici me fait trembler de peur. Qu’un tendre, etc. Avec ce gradin y Je monte à la lune : Pour notre dessein, C’est une fortune. Bon, Lafarira dondaine gai Lafarira dondé. Lâche l’échelle et la tiens bien ; Ce soupirail nous est utile. Lâcher t tenir ? Le moyen Me paraît un peu difficile. Fais toujours ce qu’on te dira, Pour voir un peu comment ça f’ra, Toi, qui cause tout mon souci, Es-tu là-bas ? Je suis ici. Follette ? Follette ? Mais ? Qui m’appelle dans la rue ? Méconnais-tu la voix de ton amant ? Ma Follette, as-tu la berlue ? Vois cette échelle, et monte promptement. Je vous obéis de bon cour, Mon joli petit, mon petit joli, Mon joli petit protecteur. Ah ! Pour le coup, je l’échappai belle ! Par votre secours, Je dois mes jours À cette échelle. Ah pour le coup je l’échappai belle ! Une heure plus tard, Les rats me prenaient pour du lard. Viens çà qu’on te mette, Charmante Follette, Viens çà qu’on te mette Plus en sûreté. De ta liberté, Tu nous dois la conquête. Viens çà, etc. Je ne reviens point de la crainte Que me cause ce labyrinthe. Si vous saviez comme il est noir Pour un instant, je vous en prie, Descendez, vous pourrez le voir. Nous nous passerons bien, ma mie, De le savoir. Malgré l’excès de ma tristesse, Je parlais de vous nuit et jour. L’oreille me connaît sans cesse : C’est la preuve de son amour. Oui d’une tendresse extrême, C’est une preuve en effet. Le mot de corne pourrait Renfermer plus d’une emblème : Mais si l’un de nous connaît, C’était Follette à merveille: Mais si l’un de nous connaît, C’était Follette au guichet. J’aime assez qu’on me badine : Il est bon sur ce ton-là, larira. Arrête ! Arrête ! Ah ! Coquine, Bientôt l’on te rejoindra, Tu verras. Sauvons-nous : c’est Aigrefine. M’attrapera qui pourra. Voyons partout avec soin. (bis) Mais ils sont déjà bien loin. (bis) Quelque détour me les cache : Qu’à les trouver on s’attache. Cherchons, cherchons, Camarades, cherchons. Mais ne vous trompez-vous point ? Était-ce bien notre Follette ? Soyez d’accord sur ce point, Qu’on ne peut mieux voir sans lunette. Je n’eus pas besoin de chercher De quoi me les rapprocher. Comme j’ai vu tous les objets, On ne peut les voir de plus près. (bis) Cette joie est des plus parfaites, Mais n’a point de charmes pour moi. Mon cher Gaillardin est-ce toi ? Adieu, paniers vendanges sont faites. J’ai trouvé le nid, Mais tout dégarni. On peut déloger de la sorte, Sans forcer ni fenêtre ni porte. Pour se tirer d’un mauvais pas. On trouve l’esprit qu’on n’a pas. Jeune fille avec des appas, Sait toujours sortir d’embarras, Turelurelure flon, flon, flon, Chacun à son tour et son allure. Ah ! Que n’ai-je aperçu plutôt Cette ouverture ! J’aurais, je vous jure, Bien su prévenir le complot, Qui me fait passer pour un sot. Pour rendre la cave plus sûre, Je n’aurais point pris celle de devant : Et voilà comme, et voilà justement, Comme elle a son élargissement. Dans sa retraite, Je ne m’en prends qu’à vous. Si la Follette Échappe à mon courroux, Vous, qui n’osiez Faire la sentinelle : Mais je prétends sur cette échelle, Que vous me vengiez. Je veux qu’en notre présence, Le feu n’en laisse plus rien. L’un, par ici, l’autre par là, La, la, la, la, la, la, la, la, la, la. Ma commère, quand je danse, Mon cotillon va-t-il bien ? Pour vous prouver combien je prends Intérêt à votre vengeance Des astres les plus malfaisants Je vais emprunter la puissance. Pour les démons, Je t’en réponds, Ainsi que des furies Les voisines des environs, Sont mes bonnes amies. Tu vois, chère Follette, Ces Bergers te chérir, Et courir Au son de la musette ; Faire pour ton plaisir, Coussi, coussa, asterla, Les bons amis que voilà. On peint l’Amour dénué de es charmes, Quand on nous dit qu’il est trop dangereux. Tel qui nous croit épargner bien des larmes, Conduit nos pas vers les soins amoureux. Les yeux charmants d’un objet qu’on adore, Des plus beaux jours présente la clarté : Et l’année est toujours à son aurore, Quand on la passe auprès de la beauté. Le temps se plaît à me trahir : Et le diable s’en mêle. C’est assez qu’on veuille sortir, Ne v’là-t-il pas qu’il grêle ! Il faut, chère Follette, Changer notre logis. Fais porter ta cassette Par ma servante Alix; Va dans l’Observatoire, Goûter la liberté : Ici, je ne puis croire Tes jours en sûreté. J’y consens quoiqu’à regret. • C’en est fait, Je vais faire mon paquet : Oui, cher amant, je te quitte, Mais suis-moi tout au plus vite. Quel fâcheux rival me gêne ! Ne puis-je, grands Dieux ! L’éclipser de ces lieux ? Mais, toi, l’objet de ma peine, Chère année, au moins Profite de mes soins Pour te rendre utile à la terre. Du Soleil je fixe le cours, Malgré les vents et le tonnerre, C’est moi, qui prends le soin de tes jours. Quel fâcheux, etc. Nostradamus t’ordonne De choisir un autre séjour : Tu nous inspire trop d’amour, Pour que l’on t’abandonne. Quel fâcheux, etc. La peur me fait lon, lan, là, La peur me fait mourir. N’entends-je pas Follette, Dans ces lieux revenir ? Dans quel trouble me jette Ce nouveau déplaisir ? La peur me fait, etc. Quel sujet, ma chère, Vous a mis comme vous voilà ? Ma petite mère, Contez-moi çà. Mais à la moutarde, Je vois que vous vous amusez : Plus le secours tarde, Plus vous l’exposez. Dans ce flacon, J’ai de quoi mettre à la raison Les plus obstinés. Avalez-en par le nez : T’nez. Il faut pour plus d’effet, Lui délasser un peu son corset. Mais elle ouvre les yeux. Je n’étais plus, Sans vous, mon cher Nostradamus, Mon cour s’éteignait, Et c’en était tout-à-fait Fait. Je vous croyais loin d’ici ; Et j’allais partir aussi Voilà la ressemblance. Oui, mais sur le grand chemin > On nous enleva fort bien : Voilà la différence. À peine le pas de la porte Était-il loin de nos talons, Qu’on nous arrête et qu’on nous porte, La tête dans nos cotillons. En vain on voudrait à la piste, Pouvoir nous suivre d’un peu près : Et sans un accident plus triste, C’était fait de nous pour jamais. J’étions près de la rivière Et quasi dedans , Quand le cheval en colère, Prit le mort aux dents : Puis frappant contre une butte ; Près du parapet Je vis faire la culbute Au cabriolet. Tombant avec nos ennemis, N’as-tu rien de démis ? (bis) Non par bonheur ils vont sans nous Aux filets de Saint-Cloud. (bis) Chacun voyant le danger, Cherche à s’en exclure : Mais le sort pour vous venger , Les empêcha de nager. la bonne aventure, ô gai ! La bonne aventure. Quel éclat se répand dans ces lieux ? Je crois voir descendre tous les Dieux, J’aperçois par un signe céleste, Le temps lui-même embellir les saisons, Et sa faux bien loin d’être funeste, Va nous servir aux fécondes moissons. Ma foi, le temps est un bon diable, De nous protéger jusques là. Oh ne voit rien de plus affable Parmi les choeurs de l’Opéra. Goûtons des amants heureux, Les flammes nouvelles. L’année est un jour pour eux, Quand ils font fidèles. Oui, je veux pour tes appas Laisser lunette et compas. Je suis vo, vo, vo : je suis lon, lon lon ; Je suis vo, je suis lon ; Je suis volontaire Du Dieu de Cythere.