En ce jour Notre amour Ne rencontre plus d’obstacle, Quel miracle ! Oui vos feux Et mes voeux D’Hymen vont serrer les noeuds. Léonore, quel bonheur Succède à la douleur Qui nous perçoit le coeur ! Ah ! Grands Dieux, quels charmes ! Après tant d’allarmes, Tout sert notre ardeur. Me rebutant je vous vis Craintive pour Louis ; Vous bannissiez ma flamme De votre âme. Cher Damon, Pouvoit-on Me parler dans ma tristesse, De tendresse ? À soi peut-on songer Lorsqu’un père est en danger ? Votre amour pour notre Roi M’est un doux présage. Ce sentiment est en soi • Même il croît avec l’âge. Tout Français ainsi que moi A le même avantage. Rien n’est plus vrai. Sans-doute qu’en Faveur du rétablissement d’une santé si précieuse, Monsieur Scrupule votre oncle ne suspendra plus notre union. Je l’espère comme vous, mais le voici. Mon Oncle, notre joie éclate. La mienne est pure, et je me flatte Que vous voudrez en ce moment... Différons.         Dieux ! Quelle injustice ! Ma nièce, allons plus doucement, Attendez un temps plus propice. Peut-il s’en présenter de plus avantageux ? Louis nous est rendu. Comblez donc tous nos voeux. Ses jours me font trop chers, je veux m’en assurer. Se livrer au plaisir, c’est bien vous le jurer. En un mot je veux le voir et je parspour Versailles à dessein de m’en convaincre ; c’est à mes yeux que je veux confier la tranquillité de mon coeur. Je ferai diligence. Mais tout doit convaincre son coeur. Il croit rarement au bonheur. Quel retard !         Je m’en plains moi-même ; Mais en attendant son retour, Allons avec un soin extrême Faire illuminer cette cour •; Et tandis que mon oncle donne des preuves de son zéle par sa tendre inquiétude, manifestons le nôtre par les transports de joie que le Public seconde avec tant d’allégresse. Hé ben, Cousin ? Tu dis donc que t’es capabe, toi ? Apparemment que sans doute que je suis capabe. Oui ; mais cependant pourtant il y queuqu’zun qui t’a soufflé ta maîtresse. Oh ! Mais, c’est que.... Quoi ? C’est que ?.... Oui, c’est que ... parce ... que ... Oh ! Va, ca n’fait rien... Tiens, t’es bête. Oh ! Oui, tu t’y connais encore, toi ! C’était bon autrefois... Il y a quelqu’temps, par exemple. V’là qu’est ben arrangé ! Mais s’agit pas de ça. L’Cousin Clément t’a donc fait v’nir Pour à cell’fin de t’réjouir ? Oh ! Sans vanité je m’en vante. Ce soir je veux te m’ner partout. Eh ! Ben, si nous allons ensemble, Ça f’ra que nous n’nous quitt’rons pas. Tu raisonnes comme tu parles. Ah ça, je t’avertis qu’il y aura fièrement de monde. Ah ! Ben, tant mieux ; moi j’aime ben quand je fuis plusieurs. Quoi ! Plusieurs ?     Hé ! Dame oui.         Tais-toi. Je s’rons morgué plus de cent mille. Cent mille ! Combien qu’ça fait ?         Ma foi, C’est environ tout plein la Ville. Tu sais ben qu’la nuit on n’voit goutte. Oui.         Comme en plein jour je verrons. Comme en plein jour ?         Vrament sans doute, À cause qui gn’y a des lamprons. Des lamprons ? Et oui, des lamprons. Oh ! Pardi, va, j’en fuis ben aise, moi... Mais quoiqu’c’est qu’des lamprons ? C’est comme qui dirait des éclaircissements en magniere d’allumations. Oh ! J’entends à ç’t’heure... c’est t’y pas de ces choses-là .... qu’on appelle... comme quand... lorsque... Oh ! Je sais ben ce que j’veux dire.... Tout juste, tu y es. Pargué t’es ben habile. Oh ! J’ai appris à vivre à mes dépens. On le voit ben. C’est ben dommage Qu’on ne t’ait pas choisi Pour un message, Dans ç’quart d’heure-ci, Pour aller vers le Roi, L’y porter not’hommage. J’m’acquitt’rais de ç’t’emploî Encor plus mieux que toi. Quoi plus mieux ! Eh ben voyons donc avec ton plus mieux, comment qu’tu dirais ? Supposons qu’c’est moi qui suis Sa Majesté. Toi ! Oh ! Pardi oui, t’en as encor ben l’air ! Mais je te dis comme par semblant. Gn’y a pas de semblant là-dedans. T’es mon cousin, par conséquent ça ne se peut pas. Y faut raisonner dans la vie. Hé ben, ça vous démont’rait t’y pas un Académistre ? Mais voyons comme tu dirais, toi ? Moi, je dirais tout de fuite, et sans me faire prier. Tiens, écoute. Sire je viens devant vous... Pardi ! Voyez-donc le gros sorcier, il le verrait ben, peut-être. Mais queu raison qu’tu me fais donc là C’est que je vous prends garde à tout, moi. Mais voyons, dit toujours. Sire je viens devant vous, Au nom de toute la France, Pour vous dir’ qu’j’avons tretous Ben souffert de votre souffrance, Qu’si vous nous voyez ben porté C’est parç’qu’ vous êtes en bonn’ santé, Ah ! Jarni, c’est bon ça. Hé ben, voyons, comment qu’tu dirais, toi ? Moi, je commencerais déjà d’abord par lui ôter mon chapeau. Sans doute. Hé puis je me mettrais dans la tête tout ce que les Français ont dans l’âme. Hé ben ! Hé puis je lui dirais avec franchise : Sire je donnerais ma vie pour conserver la vôtre. Tiens, baise-moi, tu as de l’esprit comme tout le Royaume. Oh ! Dame c’est que dans ce cas-là tout le Royaume fait bien vite de l’esprit avec de l’amour. Si tu raisonnais toujours comme ça, tu serais le coq de not’ famille. Une taloche. Ah ! Ah ! Quoiqu’c’est donc que ça? Par un beau soir m’y promenant, Joli-coeur sous l’bras me tenant, Un p’tit Muguet s’approche. Il voulut faire le gentil, Décampez, j’vous en averti. Il m’dit : vous riez, Man’selle Louison. Moi tout en riant j’vous y applique, zon, Une taloche. Une taloche. Elle est méchante, dà. Tais-toi. Là-d’ssus il m’appelle guenon ; Mon amant à ce beau p’tit nom Met sa pipe dans sa poche. Met sa pipe dans sa poche. J’vas, lui dit-il, vous sabouler ; Mais l’autre au lieu de s’en aller, N’l’apelle-t-y pas vilain estaff ; En r’merciement il reçut, paff, Autre taloche. Autre taloche. Le beau remerciement ! Veux-tu bien te taire ? Joli-coeur ne badinait pas, Même il allait mettre habit bas, Pour en v’nir aux appioches, Pour en v’nir aux approches. L’autre en signe d’accomod’ment Vite gagne au pied promptement ; Et pour prix d’sa bell’ chienn’ d’ardeur, C’est qu’il vous eut diablement peur, Et deux taloches. Et deux taloches. Ça fait un bon arrêté de compte, ça. Courage, Mademoiselle Louison ; serviteur, et votre compagnie. Hé ! C’est Jérôme, autrement dit, Bachot de la Grenouillère. Oui, je nous v’ià avec l’cousin Nicaise. Oui, et il est mon cousin aussi à moi. Cousin issu de germain. Issu de germain ? Issu de Clément, peut-être. Tout de bon, gros gouayeux ? Il viendra avec nous, car il a le visage bon enfant. Je ne veux pas. Allons, allons, remets-toi. Voyez donc son air d’aisance ; Monsieux veut-y m’embrasser ? Pour ça non.         Par complaisance. Laissez-vous donc caresser. Il a ben l’air à la danse, Je veux l’prendre pour danser Allons, Mameselle, dansez avec vos pareilles, s’il vous plaît. Est-ce qu’on dit ça ? Moi, je veux qu’il me donne le bras dans la foule. Je n’aurai pas peur avec lui, car y f’ra peur aux autres. Je l’perdrons dans la presse. Laissez-moi donc là. Javotte, point d’rudesse. Morgué, toi qu’as d’ia politesse D’vrois-tu fair’ comm’ça ? Hé ! Montre qui qu’tes. À propos , c’est vrai ; moi je n’y pensais pas. Hé ben, voyons : qu’est-ce qui veut que je l’embrasse ? Là. Hé, ben ! Voyez. Comme y dit ça ! Madame. J’ai peur. Haut donc ; haut donc. Gai, gai ; Comme il se démene ! Oui, oui, Qu’il est dégourdi ! Gai, gai, comme il se démene ! Oui, oui, Qu’il est dégourdi ! Oh, j’m’en vas vous en donner. Allez. Ma chère mère. La belle aubaine ! Hé ben donc ; hé ben donc, ce pauvre p’tit nez. Le beau gobet. Il se dégèle. Ah, que nous v’là ben rassasiées! C’est que je vous ai bentôt fait ça, moi. Il est ben élevé. Hé ben, qu’est-ce qui en veut encore pendant que j’y suis ? Ça vous f’rait mal. Hem ! Je vous rends-ti les filles gayes, moi ? Oh, diantre, toi, tu sais donner l’boüi. Chantons, chantons, Cent fois répétons Vive ce tendre père. Ah ! Ah ! Des Marchands de chansons : tant mieux, j’allons faire de bonnes emplettes. Dites-donc, Monsieur et Madame Crincrin, approchez, contez-nous ça tous les trois. Allons, allons, mes amis. LOUIS que le Ciel a formé Pour régner et pour plaire , Sera plus que jamais aimé, C’est le cri de la terre. Chantons, chantons, Cent fois répétons , Vive ce tendre Père. Chantons, chantons, Cent fois répétons, Vive ce tendre Père. Si de tout son peuple alarmé La douleur fut sincère, Le plaisir dont il est charmé En est le vrai salaire. Chantons, chantons, etc. Chantons, chantons, Cent fois répétons, Vive ce tendre Père. Si le Ciel exauçait toujours La plus juste prière, Il retrancherait sur nos jours, Pour tripler sa carrière. Chantons, chantons ; Cent fois répétons, Vive ce tendre père. Chantons, chantons, Cent fois répétons Vive ce tendre Père. Ah ! Jarnicoton, c’est genti comme tout, ça. Monsieur, donnez-moi donc un Livre. Oui, pauvre petit, il l’a ben gagné, on l’a moulé comme par exprès pour lui. Hé ! Qu’est-ce que ça vous fait, à toi ? J’vas en prendre un pour nous tretous. Moi j’en veux un pour tretous. J’veux aussi chanter ç’bon cher Maître. À propos j’n’ai pas le sol vaillant. Moi, mon homme a pris mon argent Pour illuminer not’ fenêtre. Mais ce qu’il y a de bon, c’est que v’ià des blouques d’oreilles qui la danseront, toujours. Et moi donc ma croix d’argent : ah ! Si elle revient ! Et moi ma cornette. Monsieur attendez-nous. Eh non, Mesdames votre parole est suffisante. Hé puis votre zèl pour notre Roi est une piéce de crédit. Monsieur, vous êtes ben honnête. Avancer le sien pour un si beau sujets c’est de l’argent sûr. Oh ! Pour ça j’en répondrois ben. Ah ! Tout ç’a s’ra ben-tôt payé, Car au lieu d’venir par le Coche, Moi tout douc’ment j’suis v’nu à pied, J’ai mis la voitur’ dans ma poche. Comment la voiture ? Oui ; vingt-quatre sols que mon oncle Clément m’a donnés pour aller dans le panier de devant à côté du Cocher, comme un enfant de famille que je suis. Mon enfant ! Vingt-quatre sols ! Et vous n’avez pas pris la poste ! Oh ! Non, moi je n’aime pas les chevaux. Vous n’avez donc gueres d’amour propre ? Plus propre que vous, dame... Régale nous donc à présent. Ah ! Pour ça j’m’en pique. Mais si j’li donn’ tout mon argent, J’veux toute sa boutique, J’veux toute sa boutique. Allons, voyons, beau chaland. Tenez, ce font les dragées du coeur, ça. Il a raison, font les confitures des bons sujets. R’mercie, mon fils. Ben obligé, mon enfant. Merci, mon p’tit cochon de lait. Ben obligé, mon poulet d’ivoire. Hé ! Puis, v’là pour moi. Est-ce que tu sais lire ? Moi ? Pardi,va, que de reste, puisque je vous lis queuqu’fois une grande page toute entière sans reprendre mon vent. C’est donc comme moi, quand je bois pinte à la santé d’not’ Roi. Je garde ces trois-là, toujours. Quoi ? Trois ; c’est inutile , puisque c’est la même chose. Ça ne fait rien. Mais c’est trois fois le mêm’ tableau. Moi j’aim’ ça. Faut qu’tu t’satisfasses. Pardi, la Dam’ de not’ Château Aime à se mirer dans trois glaces. Et je mirerai trois fois mon amitié la dedans. Il n’est pardié pas si gnais qu’il le paraît au moins. Qu’est-ce qui dirait que ça pense comme les honnêtes gens ? Oh ! La Province fuit toujours la mode de Paris, et c’est une mode qui ne passera jamais, celle-là. Hé bien ! Allons-je tretous ensemble courir. Ah ! Ah ! Quoi qu’est donc qu’ça, un renforcement de gaité ? Jarni, j’suis ben aise. Et nous donc ? Arrivez, mes enfants. Ah ! Les jolies petites marmottes ? Tíens, vois donc ? Où donc ca ? Pardine , elles vous crèvent les yeux. Qui, ça ? Oui ça, hé ! Qui donc ? Bon ! On m’avait dit que c’était fait comme des lapins, et que ça dormait dix-huit mois de l’année. Non, non, Monsieur, des Marmottes comme nous sont, je vous assure, bien éveillées. Hé ! Ben, mes enfants, savez-vous quelque chose sur l’air que vous jouiez tout à l’heure ? Oui, oui, Madame. Et qui est bien vrai encore. Ah ! Voyons ; écoutons. De LOUIS la brillante santé Ramèn les Ris, les Jeux et la gaité, C’est à qui s’y livrera le mieux, Le vif enjouement se peint dans tous les yeux. C’est sans fadeur que notre coeur l’encense, La vérité seule en fait tous les frais. Chacun le dit comme chacun le pense , Le tendre amour est l’encens du Français. De LOUIS la brillante santé Ramène les Ris, les Jeux et la gaité ; C’est à qui s’y livrera le mieux, Le vif enjouement se peint dans tous les yeux. Jouissons tous D’un bien si doux ; En le partageant il s’augmente, Le chagrin sut nous réunir ; Mais à présent c’est le plaisir : Folâtrons. Soupirons. Il faut voltiger. Il faut s’engager. Prends un amant. Nenni vraiment, Je suis contente, LOUIS vit pour nous. Jouissons tous D’un bien si doux, En le partageant il s’augmente. Le chagrin sut nous réunir ; Mais à présent c’est le plaisir. De Louis la brillante santé Ramené les Ris , les Jeux et la gaité ; C’est à qui s’y livrera le mieux, Le vif enjouement se peint dans tous les yeux. Et sauta Catharina. Elles font à croquer. Ma foi, oui. À les entendre si on ne dirait pas que c’est soi-même qui chante ça. Moi, j’aime ben celle-là, et puis l’autre. En vérité ? Comment donc qu’ça se prend ? Je te le dirai. On n’peut payer ça ç’que-ça vaut ; Mais j’vas donner tout ç’que j’possède. L’argent n’est pas ce qu’il nous faut, Au zèle l’intérêt le cède ; Nous exigeons pour tout paiement Que vous disiez en ce moment Bien tendrement Vraiment, Gaîment, Vive l’auteur De notre ardeur. Vive l’auteur De notre ardeur. Courage mes enfants. Allons nous-en ailleurs nous réjouir, v’là une figure sérieuse qui porterait malheur à notre joie. Non, mon ami. J’espère même au contraire la seconder bientôt. Hé bien, mon oncle ; vous voyez que nous avions raison de nous livrer au plaisir. Oui maintenant je suis tranquille, J’ai vu LOUIS. II m’est facile De vous unir, mes chers enfants. L’hymen de ma joie est la marque : Vivez, aimez aussi longtemps Que nous chérirons ce Monarque. Mille ouvrages que j’ai déja vus à ce sujet annoncent les sentimens de toutes Les Nations pour lui; Qu’on est heureux de faire des vers ! Moi plus j’y rêve et plus je m’y perds ! Mais ce talent ne doit coûter rien, Car il me souvient bien Qu’un auteur en crédit Dit Qu’en chantant un BOURBON Bon, Dans le sacré valon L’on Se passe d’Apollon. En vain Damon me faisant sa cour Dans ses chansons me traçait l’amour ; Mais il en fit une pour LOUIS De bon coeur je l’ouis. Je lui sus par degré Gré ; Sur moi ce trait d’esprit Prit : Il put de son savoir. Voir Quel était le pouvoir. L’objet chéri qu’il me retraçait L’enhardissait et m’attendrissait, D’avoir rendu mon coeur satisfait Son zélé triomphait ; Non pas en écrivain Vain Visait-il au renom ? Non. Le plus simple couplet ; Plaît ; LOUIS le rend complet. Hé ! Ben, Cousin, cornment qu’tu trouves ça, toi ? Moi, j’trouve ça pas mal raisonné ; mais c’est pas ben difficile. En dirais-tu ben autant ? Hé ! Pardine, m’en défies-tu ? Oui. Ah, voyons donc. Moi je n’ai jamais sçu ben chanter ; Mais quand il faut montrer qui l’on est, C’est que je vous tire adroitement Mon épingle du jeu. Je ne dis qu’un seul mot Qui Prouve que je suis au Fait. Nous d’vons chérir le Roi Car Il nous aime tretous. Pargué, v’ià qu’est ben rimé. Qu’ça rime si ça veut, c’est vrai, toujours. Tiens, j’ai d’beaux et d’bons témoins. C’est à merveille, mon ami. Sans doute. Hé ! Ben ; mais ces lamprons, quand donc que j’verrons ça ? Il a raison. Vous n’irez pas loin.