publié par Ernest et Paul FIEVRE janvier 2010
À Don FERNAND DE VARGAS,
à Madrid.
Si j’étais moins sujet aux attaques de la goutte, je vous aurais mené mon fils moi-même pour goûter avec vous la joie que la Noce vous donnera.
C’est un fils qui m’est d’autant plus cher, qu’il est unique.
Je l’ai toujours élevé dans la vue d’en faire votre gendre, et je suis ravi qu’en épousant votre fille, il vous fasse part des grands biens que j’ai commencé d’amasser avec vous.
Je m’acquitte par là de ce que je dois à notre vieille amitié, et meurs d’impatience que vous me donniez des nouvelles du Mariage.
Comme mon fils n’est jamais sorti de Séville, ne vous étonnez point si vous ne le trouvez pas fait à l’usage de la Cour.
Il vous parlera d’une affaire fâcheuse qui est de la dernière importance pour lui.
Je vous prie de l’y servir, en cas que vos soins lui soient nécessaires, et de ne point faire difficulté de lui donner l’argent dont il pourra avoir besoin.
Il vous porte des Lettres de Change pour la remise des vingt mille écus que vous m’avez fait toucher ici.
Donnez-moi au plutôt de vos nouvelles, et me croyez toujours,
Votre meilleur ami, Don ALONSE d’AVALOS,
Je ne me suis point hâté de vous écrire les funestes nouvelles que Sganarelle vous a portées. Je ne doute point que vous n’en n’ayez été fort surpris.
La mort de Don Lope m’a tellement touché, que j’ai peine encore à m’en remettre.
Il n’est rien qu’on n’ait fait pour le sauver.
Les remèdes se sont trouvés sans force, et tout l’Art des Médecins n’a pu empêcher qu’il n’ait été emporté en cinq jours d’une fièvre continue.
Sganarelle vous dira les soins que j’ai pris à lui faire rendre les derniers honneurs.
En arrivant chez moi il y a fait décharger douze caisses bien conditionnées dont vous pouvez disposer.
J’exécuterai ponctuellement vos ordres, et prends part à votre douleur autant que le peut faire
Votre très humble Serviteur GOMEZ.