LA MÉTEMPSYCOSE
COMÉDIE
M. DCC. XVIII. AVEC PERMISSION ET PRIVILÈGE DU ROI.
DE M. DANCOURT
PERMISSION
Vu et permis. Signé, le VOYER d’ARGENSON.
À PARIS, Chez PIERRE RIBOU, seul libraire de l’Académie Royale de Musique, sur le Quai des Augustins, à la descente du Pont-Neuf, à l’Image Saint Louis.
Représentée pour la première fois, en l’année 17 décembre 1717.
À SON ALTESSE SÉRÉNISSIME MONSEIGNEUR LE PRINCE DE CONTI.
Que vous répondez mal à mes empressements,
Ma Muse ! Que vous êtes lente !
Quelle raison vous rend si négligente
À faire vos remerciements ?
Je n’en puis deviner la cause.
Quoi ! Du succès de la Métempsycose
Que vient d’applaudir tout Paris,
Croyez-vous avoir lieu de n’être pas contente ?
Si de mes envieux la Troupe malfaisante,
Pour en diminuer le prix
Interrompt ce succès, les efforts qu’elle tente
N’empêchent pas que des plus beaux esprits
L’assemblée illustre et savante
N’en fasse hautement l’éloge avec chaleur ;
Que jusqu’ici la divine Thalie
Ne m’avait rien dicté qui m’eût fait tant d’honneur.
Montrez-vous donc, non pas en Muse suppliante,
Qui vient d’une voix chancelante,
Par des respects souvent infructueux,
Du Parterre tumultueux
Calmer l’humeur peu complaisante ;
Mais en Muse reconnaissante,
D’un air content et non présomptueux,
Sans orgueil quelquefois il sied bien d’être fière :
Soutenez, j’y consens, ce noble caractère.
Que tardez-vous ? Qui peut vous arrêter ?
Pour le plus beau de mas Ouvrages
Allez recueillir les suffrages
Que vous m’avez fait mériter :
Puis, de ma part, courez les présenter
Au Prince à qui j’en dois les plus justes hommages ;
De ce jeune Héros sorti du sang des Dieux,
Muse, vous recevrez un accueil gracieux :
Il a daigné me le promettre,
Sa bonté veut bien nous permettre
De parer vos écrits de son nom glorieux,
Qu’ici sans son aveu je n’aurais osé mettre.
D’une longue suite d’Aïeux,
Plus grand encor, plus illustre par eux,
Que par leur sang auguste, et leur haute naissance.
Vous verrez briller dans ses yeux
Une parfaite ressemblance :
Présage flatteur pour la France,
Dont ils furent toujours les Maîtres et l’appui,
Et qui nous donne une heureuse assurance,
Que toutes les vertus se rassemblent en lui.
Vous voudrez employer votre faible éloquence
D’abord à le remercier,
Il vous imposera silence.
Toutes les faveurs qu’il dispense
Il défend de les publier,
Obéissez, faites-vous violence,
Qu’il sache seulement que dans tout l’avenir,
Mes arrière-Neveux dès leur plus tendre enfance,
Par vous instruits à la reconnaissance,
Sauront de ses bontés garder le souvenir :
Ne lui dites rien davantage.
Vous et vos sœurs aimez à babiller,
Et de tant de vertus qu’en lui l’on voit briller ;
L’éclatant et rare assemblage
Offre un beau sujet de parler ;
Cependant, Muse, il faut vous taire
Dans une si vaste carrière,
Si féconde, si propre à dignement louer ;
C’est une gêne étrange, il le faut avouer,
D’être contrainte à n’en rien faire ;
Mais ce serait peut-être une témérité
Condamnable à vous d’oser croire
Pouvoir être utile à la gloire
D’un Nom si grand si respecté,
Dont le Prince lui-même assure la mémoire.
C’est un demi-Dieu, que l’Histoire
Seule a droit de transmettre à la Postérité.
Laissons de lui parler la Vérité,
Muse, reposons-nous sur elle
Du soin de l’immortaliser : é
Gardons de ses bontés un souvenir fidèle,
Et bornons-nous à l’amuser
Par quelque heureuse bagatelle.
DANCOURT.
ACTEURS DU PROLOGUE.
MERCURE.
LA PAIX.
L’AMOUR.
BACCHUS.
THALIE.
SUITE DE L’AMOUR.
SUITE DE BACCHUS.
HABITANTS DE LA VALLÉE DE TEMPÉ.
ACTEURS DE LA COMÉDIE.
JUPITER, Amoureux de Corine.
MERCURE, Confident de Jupiter.
FAUNUS, Confident de Jupiter.
VÉNUS.
CORINE, Amante de Philène.
JUNON, sous la figure de Mérope.
BACCHUS, Confident de Junon.
L’AMOUR, Confident de Junon.
L’INCONSTANCE, Confidente de Junon.
MÉROPE, Tante de Corine.
PHILÈNE, Berger, Amant de Corine.
SUITE DE BACCHUS.
SUITE L’AMOUR.
HABITANTS DE THESSALIE.
La Scène est en Thessalie.