ACTE II.
SCENE PREMIERE.
Quoy ! Vous estes Romain et du sang des Monarques ?
Oüy Seigneur !
Vos [vertus*](#vertu) en sont de bonnes [marques*](#marque),
Quand votre bouche a teu d’où vous estes sorty,
Vos belles actions nous en ont adverty,
Tant d’exploits signalez, la prise de Ravene,
Les rebelles soubs-mis, Odoacre à la chaine,
Et ce que tous les jours vostre bras entreprend
M’ont bien persuadé que vous estiez né grand :
Mais pourquoy si long-temps cacher votre naissance ?
Seigneur je n’en avois aucune connoissance,
Ce fut seulement hier qu’un de vos vieux soldats,
Mortellement blessé dans nos derniers combats,
Me dit que ma maison estoit dans l’Italie,
Que j’avois pour parens, et Lépide, et Julie,
Que ma mere estoit veufve, et qu’il mouroit contant
M’ayant peu [descouvrir*](#descouvrir) ce secret important.
Mais vous ayant nommé ceux qui vous ont faict naistre,
Qu’est-ce qu’il adjousta pour vous faire cognoistre ?
Il ne me dit plus rien, la mort trancha ses jours
Sur le point qu’il vouloit poursuivre son discours.
Ce [deffaut*](#defaut) pourroit nuire à quelque ame commune,
Sans [vertu*](#vertu), sans amis, sans valeur, sans [fortune*](#fortune2),
Qui voudroit s’enrichir des biens de sa maison,
Mais tousjours Sinderic aura trop de raison.
Il n’est point de famille en toute l’Italie,
Qui ne doive envier le bon-heur de Julie,
Si parmy ses ayeulx plusieurs Roys sont contez,
Ils eurent la couronne, et vous la meritez ;
Pourtant si l’[interest*](#interet) ou de raisons secretes,
L’[obligent*](#obliger) à [choquer*](#choquer) le [dessein*](#dessein) que vous faictes,
Je luy feray sçavoir qu’elle s’en prend à moy.
C’est trop pour un subject.
C’est trop peu pour un Roy.
Mais je croy que Julie a trop bonne conduitte,
Pour ne pas approuver vostre juste poursuite,
Le merite et le sang ont beaucoup de pouvoir,
Donc sans perdre du temps allez-vous en la voir,
Employez vos [efforts*](#effort) pour vous faire cognoistre,
Vous devez ce respect à qui vous a fait naistre,
Quelque rang qu’aujourd’huy vous teniez dans l’estat :
J’en sçauray le [succez*](#succes) au sortir du Senat.
SCENE II.
Mais, Emile, est-il vray qu’on croit dans l’Italie,
Que Lepide n’eust point des enfans de Julie ?
Il est bien [assuré*](#assure), n’en doutez nullement.
Estouffe tes [desseins*](#dessein) dans leur commencement,
Mal-heureux Sinderic, il vaut mieux pour ta [gloire*](#gloire) ;
Mais quoy puis-je [souffrir*](#souffrir1) qu’on trouve dans l’histoire,
Que Sinderic vescut sans parens, et sans nom ?
Ah ! c’est trop negliger l’honneur de ma maison !
Poursuivons jusqu’au bout notre recognoissance.
Je croy que nous avons le droit et la puissance,
Que c’est en ce suject ce qu’on peut desirer,
Et que de leur secours je doy tout esperer.
Mais si contre mes vœux on vient à [recognoistre*](#reconnoistre2)
Qu’on m’a mal informé des [auteurs*](#auteur) de mon estre,
Je perdray mon honneur en voulant le chercher,
Et je [decouvriray*](#descouvrir) ce que je veux cacher.
Dures extremitez où mon ame est reduite,
Je ne puis approuver ny blasmer ma poursuite,
Je me laisse emporter à deux divers [desseins*](#dessein),
Et le choix que je fais est celuy que je crains ;
Je la veux voir pourtant cette illustre Romaine,
Mais pour n’attirer pas, et ma honte, et sa hayne,
Quand je l’entretiendray de mes adversitez,
Ce sera seulement soubs des noms empruntez.
SCENE III.
Madame, est-il donc vray que le destin m’envoye,
Apres tant de tourmens une si grande joye ?
Est-il vray que Julie ayt eu pitié de moy ?
Et qu’elle veuille enfin recompenser ma [foy*](#foy) ?
Vous m’aymez ! Ah bon-heur à qui tout autre cede !
Est-il vray qu’aujourd’huy Maxime vous possede ?
Est-il vray qu’il en doute ? et qu’il ne cognoist pas
Que son manque de [foy*](#foy) me donne le trepas ?
Quoy n’est-ce pas assez vous [découvrir*](#descouvrir) mon ame,
Que de pousser pour vous tant de [souspirs*](#soupir), de [flame*](#flamme) ?
Vous diray-je que j’ayme !
Ah ! dittes le cent fois !
Ah ! parole charmante ! Ah [favorable*](#favorable) voix,
Qui remplissez mon [cœur*](#coeur1) de joye et de merveille,
Ne vous lassez jamais de frapper mon oreille !
Vous m’aymez !
Je vous ayme !
Ah ! quel comble d’honneur !
D’où naissent mes plaisirs !
D’où naist tout mon bon-heur.
Regnez, Theodoric, et sur nous, et sur Rome,
Possedez tout l’honneur que peut avoir un homme,
Faictes vous [adorer*](#adorer) sur les plus saincts Autels
Que la religion consacre aux immortels,
Je ne changeroy point vostre pouvoir supreme,
Avec ces quatre mots, Maxime je vous ayme.
Quelqu’un entre !
SCENE IV.
Le Roy desire de vous voir.
Faut-il donc vous quitter ! tyrannique devoir,
Oses-tu de l’amour attaquer la puissance ?
Mais il faut se resoudre à ce moment d’absence,
Enfin le Roy le veut, Adieu.
Dans cet instant
Je sens que de son bien mon [cœur*](#coeur1) n’est pas content,
Ses souhaits luy font peur, ce qui luy plaist le trouble,
Je le veux asseurer, mais sa crainte redouble,
J’ayme pourtant Maxime autant que je le puis :
Helas ! ce n’est pas luy qui cause mes [ennuis*](#ennuy).
Quoy Madame, estre triste au point que l’Hymenée
Doit selon vos souhaits vous rendre fortunée !
Quoy ne sçavez-vous pas que peut-estre aujourd’huy
Il vous donne Maxime en vous donnant à luy ?
D’où peut donc proceder cette morne tristesse ?
D’un peu de prevoyance, et d’un peu de [foiblesse*](#faiblesse),
Voyant que mon bon-heur est sans difficulté
J’ay presque du regret de l’avoir souhaité.
Ce discours me surprend.
Croy moy, chere Livie,
Je crains avec raison un changement de vie.
Pourquoy le craignez vous ?
Quand tu sçauras pourquoy
Tu seras obligée à le craindre avec moy ;
Jamais un tel discours n’est sorty de ma bouche,
Mais la part que tu prens à tout ce qui me touche,
M’[oblige*](#obliger) à [découvrir*](#descouvrir) ce que j’ay tant caché,
C’est, ma chere Livie, un innocent peché.
Tu sçais bien que Lepide estoit insupportable,
Et comme aupres de luy je vivois [miserable*](#miserable),
Comme il estoit jaloux jusques au dernier point,
Or aprens aujourd’huy ce que tu ne sçais point.
Deux ans et davantage, il me tint hors de Rome,
En des lieux d’où jamais n’approchoit aucun homme,
Là je conçus un fils, fils trop infortuné,
Qu’un père [desavoüe*](#desavouer) avant que d’estre né ;
Oüy, Livie, à l’instant qu’il en sçeut la nouvelle,
Cet injuste mary me traicte d’infidelle,
Et me faict enfermer dans une forte tour
Où je ne vois que l’air, et les bois d’alentour :
Personne ne me voit de toute la famille,
Il me faict seulement servir par une fille,
Que l’espoir ou la crainte engagent fortement,
A cacher ma grossesse, et mon accouchement.
Je me delivre enfin de ce fils [miserable*](#miserable)
Qu’un injuste soubçon avoit rendu coupable,
Qui ne me fut donné que pour m’estre ravy,
Je le perdis helas ! d’[abord*](#abord) que je le vy.
Rome n’a jamais sçeu cette [estrange*](#etrange) [advanture*](#aventure),
Mais enfin que fit-on ?
Le sang et la nature,
Combattirent long-temps les sentimens jaloux,
Et la brutalité de mon [cruel*](#cruel) espoux,
Il vouloit que mon fils mourut en sa naissance,
Mes [soupirs*](#soupir) et mes pleurs luy firent resistance,
Il combat, je l’emporte à la faveur des Dieux,
Mais d’[abord*](#abord) par son ordre on l’osta de mes yeux.
Ne l’avez-vous point veu depuis ?
Ah ! non, Livie,
Ny mesme en cét endroit tesmoigné mon [envie*](#envie1),
Lepide deffendit qu’on en parlât jamais,
Et la chose se fit au gré de ses souhaits :
Ce [miserable*](#miserable) enfant ignorant sa naissance,
Par un homme incogneu fut porté jusqu’en France.
Mais apres que Lepide eut suby le trépas
Le fites-vous chercher ?
Non, car je n’osay pas.
Deux puissantes raisons en destournoient mon ame,
Le trouvant, l’[avouant*](#advouer), je me rendois infame,
Car mon accouchement avoit esté secret,
Et ne le trouvant pas j’augmentois mon regret,
Par cette histoire [estrange*](#etrange) autant qu’infortunée,
Juge si je doy craindre un second Hymenée,
Et si je puis jamais attendre que du mal,
Si je reprens un joug qui me fut si [fatal*](#fatal1).
SCENE V.
Madame, Sinderic est là bas à la porte,
Qui demande à vous voir.
Attendez que je sorte,
Je doy bien cét honneur au [favory*](#favori) du Roy.
Que je plains son mal-heur ! dieux à ce que je voy,
Ce n’est pas sans raison qu’elle craint sa [fortune*](#fortune1) !
SCENE VI.
Madame chassez-moy si je vous importune,
Je n’ay pas faict [dessein*](#dessein).
Monsieur, sans compliment,
Votre civilité m’oblige infiniment.
Cependant que le Roy contemple dans la ville
Les [funestes*](#funeste) effects de la guerre civille,
Sur ces beaux monumens qui marquoient autresfois,
Et la grandeur de Rome, et l’orgueil de ses Roys ;
Laissant ces [raretez*](#raretes) par le temps consumées,
Je vien pour [admirer*](#admirer) des beautez animées.
Pourquoy rougissez vous quand je veux vous loüer?
Avez-vous faict [dessein*](#dessein) de me [desadvoüer*](#desavouer)?
Puis-je ne pas rougir, et voir que l’on me loüe ?
Finissez ce discours, ou je vous [desadvoüe*](#desavouer).
Quand vous me menacez de me [desadvoüer*](#desavouer),
Vous me representez ce que j’ay veu joüer,
C’est un subject nouveau fort extraordinaire,
Et dont les incidens sont capables de plaire,
Les Acteurs chez le Roy l’ont assez bien joüé.
On le nomme Monsieur ?
Le fils desadvoüé.
Ce nom promet beaucoup.
Vous plaist-il que j’en fasse
Un recit abregé ?
Faites moy cette grace.
Ainsi ceux qui n’ont pas l’esprit assez present,
Pour fournir le suject d’un entretien plaisant,
Contraints par bien-sçeance à dire quelque chose,
Recitent quelques vers, debitent quelque prose,
Veulent se faire croire en nommant leurs [autheurs*](#auteur),
Et pour tuër le temps tuent leurs auditeurs ;
Quelques autres plus fins, mais pourtant plus modestes,
Accommodent au temps l’histoire de leurs gestes,
Et soubs quelque beau nom d’un heros de Romant
[Découvrent*](#descouvrir) leur amour sans [découvrir*](#descouvrir) l’[amant*](#amant).
J’imite les premiers ; mais dans cette [avanture*](#aventure)
L’amour ne paroist point, ce n’est que la nature
Qui tasche par adresse à se faire escouter,
Et qui cache son nom pour se manifester.
Suffit qu’en cét endroit je say ce qu’il faut croire,
Mais je [brusle*](#brusler) desja d’aprendre cette histoire.
Un Senateur Romain par je ne sçay quel sort,
Veut de son fils naissant precipiter la mort,
Mais les tristes regrets d’une dolente mere
Font moderer enfin un [arrest*](#arrest2) si severe,
Ce [miserable*](#miserable) fils est pourtant bien puny,
Il n’est pas plutost né que le voila banny.
O dieux ! qu’ay-je entendu ? Mais sçauray-je le reste ?
Ah! Ce n’est pas encor l’endroit le plus [funeste*](#funeste)!
Je m’interesse presque en son mauvais destin;
Dans le bannissement rencontra-t’il sa fin ?
Son trepas luy plairoit pourveu qu’en sa misere
Il cognut sa maison aux larmes de sa mere ;
Il ne mourut donc point, mais pour chercher la mort
Il s’exposa cent fois à la mercy du sort.
A peine a-t’il quinze ans qu’il demande des armes,
Pour cercher le trepas au milieu des [allarmes*](#alarme),
Qu’on le voit le premier au plus fort des hazards,
Braver insolemment les outrages de Mars :
Mais comme en ces endroits le mespris de la vie,
Empesche bien souvent qu’elle nous soit ravie,
Au lieu de son trépas il y trouve l’honneur,
Et s’il se cognoissoit il a trop de bon-heur,
Le plus grand des mortels estime sa vaillance,
Où fit-il ces progrès?
Au Royaume de France,
Soubs Clovis les premiers, apres soubs Alaric,
Et depuis soubs Zenon, et soubs Theodoric.
Cette histoire est du temps.
Aujourd’huy dans les [fables*](#fable)
On mesle bien souvent des [succez*](#succes) veritables,
Ainsi les passions s’esmouvent beaucoup mieux,
Vous en voyez l’effect, voyant pleurer mes yeux.
Enfin que devint-il ?
Il fut conduit à Rome,
Où quelque bon destin le mena chez un homme,
Qui l’avoit secouru dans son bannissement,
Qui luy dit que son pere estoit au monument,
Que sa mere vivoit.
Ah! Dieu!
Le teint vous change.
Ce dernier [accident*](#accident) me paroist bien [estrange*](#etrange)!
Là s’ouvre le theatre, où le Roy se faict voir,
Ce [chevalier*](#chevalier) luy dit ce qu’il vient de sçavoir,
Le Roy le faict resoudre à parler à sa mere,
Voicy ce qui le [choque*](#choquer), et qui le desespere,
On luy dit que Lepide
Ah! Dieu qu’ay-je entendu!
N’avoit point eu d’enfant loin d’en avoir perdu.
Jugez de son regret apres cette nouvelle,
Il appela cent fois la [fortune*](#fortune1) [cruelle*](#cruel),
Il voulut par sa mort s’exempter de sa loy,
Mais il se conserva pour l’amour de son Roy.
Monsieur, en cét endroit pardonnez ma [foiblesse*](#faiblesse),
Vous faictes ce discours avecques tant d’adresse,
Qu’il faut que par des pleurs j’exprime ma douleur.
Vous allez voir icy sa [gloire*](#gloire), ou son malheur,
Il se resout enfin d’aller trouver sa mere ;
Mais que luy dira-t’il, et qu’est-ce qu’il peut faire ?
Il est dans sa maison, il luy parle, il la voit,
Son sang en s’emouvant luy dit qu’il la cognoist,
Dessoubs le nom d’un autre il dit son [avanture*](#aventure),
Il esmeut la pitié pour toucher la nature,
Son [dessein*](#dessein) reussit, sa mere fond en pleurs,
Il va se [descouvrir*](#descouvrir) ainsi que ses mal-heurs,
Mais la crainte l’arreste ; enfin il s’y dispose,
L’occasion est belle, et son sang veut qu’il ose.
Ah ! ma mere, dit-il, si ce nom m’est permis
[Descouvrez*](#descouvrir) vous les yeux, et voyez vostre fils.
Ah ! mon fils.
Ah ! ma mere.
Ah ! surprise agreable,
Quoy Sinderic est donc cét enfant [miserable*](#miserable),
Que mes pleurs ont sauvé d’un injuste trespas ?
Ma mere, vostre [cœur*](#coeur3) ne vous le dit-il pas ?
Et se pourroit il bien que ceux qui m’ont faict naistre
Dans l’estat où je suis peussent me mecognoistre ?
Mes yeux vous regardant dans tout ce qui se voit,
Ne vous connoissent point, mais mon sang vous connoit.
Ouy, je vous voy, mon fils, par ces yeux invisibles,
Qui ne mentent jamais, et qui sont si sensibles.
Ouy, vous êtes mon fils.
Ah ! ce m’est trop d’honneur,
Je vole chez le Roy, lui dire mon bon-heur,
Pardonnez ce départ à mon impatience.
Vous, ne m’affligez pas par une longue absence,
Revenez à l’instant pour réjouir mes yeux,
Par un [objet*](#objet1) si cher et si délicieux.
Ah ! charmante faveur qui viens de me surprendre !
Ah ! bon-heur infiny t’eussay-je osé prétendre !
Mais d’où vient que mon [cœur*](#coeur1) dans cet [événement*](#evenement),
Sent mêler sa tristesse à son contentement ?
N’ay-je pas vu mon fils, et peut-on voir un homme,
Plus digne de sa race, et de l’honneur de Rome ?
Ouy, mais en l’[avouant*](#advouer) je [hasarde*](#hazarder) en ce jour,
Avecques mon honneur l’[objet*](#objet2) de mon amour.
Puis-je m’imaginer que Rome veuille croire
Ce que Lepide a fait dans cette [étrange*](#etrange) histoire ?
Ou bien qu’en le croyant on ne soubçonne aussi,
Qu’il eust quelque raison de me traicter ainsi ?
Et Maxime sçachant qu’il me creut une infame,
Peut-il apparamment me conserver sa [flame*](#flamme) ?
Nature, vos [efforts*](#effort) m’ont prise en trahison,
Qui peut en cet estat escouter la raison ?
Je voy devant mes yeux un fils couvert de larmes,
Avant que de paraistre il m’arrache les armes :
Le lieu, l’occasion, l’authorité du Roy,
La [gloire*](#gloire) de mon fils, tout s’arme contre moy.
Helas ! que puis-je faire en cette conjoncture ?
J’ay deu, j’ay deu, sans doute escouter la nature,
Je ne m’accuse point, mais je veux à leur tour,
Escouter les conseils et d’honneur, et d’amour,
Que doy-je faire honneur ? Que feray-je Maxime ?
Quoy doy-je corriger mon èrreur par un [crime*](#crime) ?
Et pour vous tesmoigner combien je vous cheris,
Doy-je trahir mon sang ? doy-je perdre mon fils ?
Mais vous trahir honneur ! mais vous perdre Maxime,
Le puis-je concevoir sans faire un plus grand [crime*](#crime) ?
Nature taisez-vous, le conseil en est pris,
Je veux resolument [desadvoüer*](#desavouer) mon fils.
Fin du deuxième Acte.
Extraict du Privilege du Roy
Par grace et Privilege du Roy, donné à Paris le troisieme jour de May mil six cens quarante-un, signé, Par le Roy en son Conseil, LE BRUN, il est permis à ANTOINE DE SOMMAVILLE, Marchand Libraire à Paris, d’imprimer ou faire imprimer, vendre et distribuer une piece de Theatre intitulée, le Fils desadvoüé, Tragi-comedie, et ce durant le temps de cinq ans, à compter du jour que ladite Piece sera achevée d’imprimer, et defenses sont faites à tous Imprimeurs et Libraires, et autres de quelque condition qu’ils soient, d’en imprimer, vendre ou distribuer d’autre impression que de celle qu’aura fait ou fait faire ledit DE SOMMAVILLE ou ses ayant cause, sur peine aux contrevenans de mil livres d’amende, et de tous ses despens, dommages et interests ; ainsi qu’il est plus amplement porté par lesdites Lettres, qui sont en vertu du present extraict tenuës pour deüement signifiées.
Achevé d’imprimer le 17. Octobre 1641.
Les Exemplaires ont esté fournis.