publié par Paul FIEVRE août 2010
Mon cher Époux,
Vous avez déjà mis quinze jours en un voyage, pour lequel vous ne m’en aviez demandé que huit ; cela me met en une extrême peine ; et notre petit Janos qui vous demande, et qui vous cherche depuis le matin jusques au soir, se désespère de ne voir plus son papa.
Revenez donc vitement, si vous voulez le retrouver en vie ; et cessez par votre absence, de faire mourir mille fois le jour votre fidèle Dorothée.
Quelques médisants disent que vous m’avez donné un soufflet, je ne puis croire cela de votre courtoisie : mais le moyen de faire taire le peuple, si ce n’est que votre Seigneurie lui ferme la bouche de sa main libérale, comme on dit qu’elle a fermé la mienne ?
Mon Maître m’a dit, qu’il faut pour mon honneur que je vous donne des coups de bâton, ou que j’ai de votre sang.
Je ne songe pas à vous en donner, parce que j’y trouve quelque difficulté ; et encore qu’à vous tirer du sang, et vous attirer à la campagne, je trouve aussi quelque chose qui me choque.
Je supplie pourtant votre Seigneurie de se trouver vers le soir à la grande Place, et de pardonner la peine que lui donne son humble serviteur,
Mon cher Époux,
Sachant que Don Félix de Fonseque est votre ami, je vous écris à la hâte qu’on a exécuté ici des faux Monnayeurs, qui l’ont accusé d’être leur complice.
Avertissez-le qu’un Exempt est parti avec ordre de le prendre en quelque lieu qu’il soit, et revenez voir promptement votre fidèle,
DOROTHÉE.