De Beys.
M.DC.XXXVII.
AVEC PRIVILEGE DU ROY.
Édition critique établie par Florence Fin dans le cadre d'un mémoire de maîtrise sous la direction de Georges Forestier (2002-2003).
Introduction §
Céline, ou les Frères rivaux, tragi-comédie de Charles Beys, auteur aujourd’hui oublié mais reconnu de son temps, fut publiée en 1637 chez Toussainct Quinet. Cette pièce, riche en rebondissements, présente toutes les caractéristiques du genre, ainsi que l’atteste la complexité de l’intrigue.
Deux jeunes inconnus arrivent mystérieusement au royaume de Danemark, un jeune berger et une jeune bergère : Lisanor et Céline. Lisanor sauve avec bravoure le roi de l’attaque d’une laie enragée. Le roi par gratitude, décide d’accueillir Lisanor à la Cour et confie par ailleurs Céline à sa fille Agante. Deux frères, Thersandre et Lisidas, fils du duc de Moscovie, sont venus prêter main forte au royaume de Danemark assailli par un tyran. Jusqu’alors, l’un et l’autre courtisaient les deux princesses, filles du roi, Agante et Caliste ; mais découvrant Céline, ils s’en éprennent l’un et l’autre. Par un jeu de chassé-croisé amoureux, les deux princesses tombent amoureuses quant à elles, de Lisanor… que Céline aime déjà depuis qu’il a participé à la sauver des pirates qui l’avaient enlevée. Lisanor ne veut rien entendre de ces trois femmes qui le poursuivent de leurs assiduités. Céline de même n’est guère sensible aux avances des deux jeunes ducs. Parallèlement dans les fratries, Lisidas et Caliste avouent respectivement leur amour à Thersandre et Agante. Ces derniers, tout en cachant leurs propres sentiments poussent leurs rivaux à se défaire de cette passion déraisonnable envers un (ou une) berger(ère) ! Cet emboîtement de deux relations amoureuses conflictuelles, mettant chacune en jeu trois personnages, semble inextricable ! Mais un double deus ex machina, double reconnaissance, révèle que Céline est en fait la fille du Duc de Moscovie, et que Lisanor n’est autre que le fils disparu du roi du Danemark. S’ensuivent donc trois mariages : Thersandre épouse Agante, Lisidas épouse Caliste et Lisanor épouse Céline.
L’auteur §
La vie §
La vie de Charles Beys, qui fut pourtant reconnu par ses contemporains, reste aujourd’hui un mystère. Mort à Paris le 26 septembre 1659, il semblerait qu’il y soit également né en 1610. Si rien ne permet de confirmer cette information, certains points de sa vie peuvent cependant être clarifiés.
Plusieurs éléments laissent d’abord penser que son nom est dissyllabique. En effet, le chroniqueur Loret dans sa Muze historique, (lettre du 4 octobre 1659, écrite en octosyllabes) ne manquant pas de mentionner la mort de Beys, fait rimer le nom de notre auteur avec pays : « A propos de rimeurs, Beys/ Qu’on estimoit partout pays,/ ». L’un de ses amis, Tristan l’Hermite, écrit par ailleurs dans l’un de ses poèmes en alexandrins : « Beys, tu ne saurais tomber dans ma disgrâce… ». Dans son recueil Délices de 1666, on peut également lire ces décasyllabes : « Cy-gist Beïs, qui sçavoit à merveille/ Faire des vers et vuider la bouteille… ». Un autre point mérite d’être souligné : Beys se voit souvent affublé d’une particule inattendue, or les textes de l’époque n’en font jamais mention ; la méprise semble apparaître en 1904 dans Zeitschrift für französische Sprache und Literatur, par E. Stemplinger, qui cite les Odes d’Horace en vers burlesques par Charles de Beys. Il pourrait être le premier à anoblir ainsi notre poète.
Certains, comme Quérard dans Les Supercheries littéraires dévoilées1, font de Charles Beys un pseudonyme de Timothée de Chillac, mais aucun argument n’est avancé pour soutenir cette thèse. Or il s’avère que Timothée de Chillac était juge des gabelles du tribunal de Beaucaire2, alors que Beys vivait à Paris. D’autre part, la première parution des Œuvres de Chillac date de 1599, imprimées à Lyon par Thibaud Ancelin, imprimeur ordinaire du roi, in-12. Si Beys est effectivement né en 1610, cela peut poser un problème ! Toutefois nous ne sommes pas sûre non plus que le Chillac qui signe ces Œuvres Complètes soit le même que celui qui publie, en 1640, L’Ombre du comte de Gormas et la mort du Cid à Paris, chez C. Besongne (le prénom de l’auteur ne figure pas dans cette édition), texte parfois attribué à Beys qui pourrait ainsi signer par un simple pseudonyme dont on ne perçoit pas l’origine.
Si nous ne savons que peu de choses de la vie de Beys, il apparaît qu’il était l’ami de Scarron, des frères Colletet, de Tristan l’Hermite, Saint Amant, Gilbert, de Prade, le Vasseur, de Scudery, et quelques autres « libertins » qui le comblent de louanges. Leurs vers ont été réunis à la tête des Œuvres poétiques de Beys imprimées en 1651, in 4°, à Paris chez Toussaint Quinet. Scarron n’hésite pas à comparer Beys à Malherbe : « Ouy des Beys, ouy des Malherbes,/ Doivent mettrent leurs vers au jour… », il assure ne pas se lasser de la lecture de ses vers :
Quand à moy, Beys, je te jure,Que mes yeux de lire goulus,De tes vers desjà deux fois lusNe pouvoient quitter la lecture ;Et je ne te sçaurois cacher,(Ce n’est pas pour le reprocher)Qu’au dépens de mes deux prunelles,Ton livre, où l’on voit tant de feu,Qui te couste à faire si peu,Me couste à lire six chandelles ...
Si ses contemporains ne tarissent pas d’éloges, Beys, quant à lui, reconnaît modestement dans un avis au lecteur, que ses vers sont de valeur fort inégale, plusieurs ayant été écrits alors qu’il n’avait que quatorze ans. Il avoue n’écrire que pour le plaisir. Parmi ses petites pièces, on peut lire, dans quelques vers qu’il destine à Chapelle pour le remercier du présent d’une écritoire : « Moy qui n’aime pas trop le travail ni la gloire.[…] ». Loret et Colletet ont bien peint son génie et sa conduite dans les vers qu’ils ont composés à l’occasion de sa mort3. Voici ce que dit le premier dans sa Muze historique du 4 octobre 1659 :
A propos du rimeur, BeysQu’on estimoit partout pays,Non pas pour son instinct bachiqueMais pour son talent poétique,Depuis huit jours est décédé,Dont Apollon a bien grondé,Car il aimoit ce galant hommePlus qu’un Normand n’aime la pomme,D’autant qu’en son art studieux,Il apollonnisoit des mieux ;Ayant écrit plusieurs ouvragesCapables de plaire aux gens sages,Ouvrages beaux et bien sensés,Qu’il a comme en dépôt laissésA Monsieur Muret son intimeQui sçait composer prose et rimesEt qui par un heureux destinEst auteur françois et latin.Ce Beys donc qui faisoit gloireDe bien rimer et de bien boire,Etant après tant de beaux versPrésentement rongé de vers,Je vais, comme à notre Confrère,Un mot d’Epitaphe lui faireBeys qui n’eut jamais vaillant un jacobusCourtisa Bacchus et Phoebus,Et leurs lois voulut toujours suivreBacchus en usa mal, Phoebus en usa bien :Mais en ce divers sort Beys ne perdit rien ;Si l’un l’a fait mourir, l’autre l’a fait revivre.
Dans l’Elégie burlesque de François Colletet intitulée Beys au tombeau, et qu’on lit à la fin de sa Muze coquette, on peut encore lire que Beys :
Fût un poète sans souciQui pratiquait de bonne grâceLe principe du bon Horace:Bois, mange, aujourd’hui sain,Et moque-toi du lendemain.Les Muses furent ses délicesEt ses plus chers exercices.Il sacrifia maints écusDessus les autels de Bacchus.Il se plut tant à ce mystèreQu’il en perdit un luminaire,Perte qui, depuis, bien souvent,Lui fit tomber le nez devant.
On comprend donc que Beys, écrivain reconnu, aimait « la dive bouteille » et qu’il y perdit un œil. Le comte de Puymaigre, dans Un Poète apologiste de Louis XIII, nous dit que, s’il fréquentait les cabarets, il se rendait apparemment assidûment dans une « espèce de restaurant », très populaire auprès des poètes. En effet, ce n’est pas un personnage imaginaire que ce pâtissier Ragueneau qu’Edmond Rostand a mis si comiquement en scène dans son drame Cyrano de Bergerac. La boutique de ce pâtissier-rôtisseur s’ouvrait rue Saint-Honoré, entre le Palais-Royal et la rue de l’Arbre sec. Ce Ragueneau se mêlait d’invoquer Apollon et, flattant sa manie, les poètes les plus affamés trouvaient chez lui un généreux crédit. Beys semble avoir été un de ses meilleurs amis et avoir favorisé ses goûts littéraires, tout en lui prêtant quelquefois sa plume. Il dut être payé d’un bon nombre de gâteaux et de pâtés en composant pour Ragueneau un sonnet adressé, au nom de celui-ci, à Adam Billaut, le menuisier de Nevers. Grâce à d’Assoucy, nous avons quelques renseignements sur Ragueneau : « Il était connu de tout le Parnasse, aimé de tous les poètes, chéri de tous les comédiens. » Qu’est-il devenu ? demande d’Assoucy, et à son sujet il interpelle vivement notre auteur :
C’est à vous, continue-t-il, c’est à vous, Beys, que je le demande, qui lui inspirâtes la folie de faire des vers ; vous, Beys, qui nous avez ravi le plus excellent pâtissier de Paris, pour en faire le plus méchant poète de l’univers. C’est vous, barbare, qui répondrez un jour dans la vallée de Josaphat, non seulement de toute l’encre et de tout le papier qu’il a gâté, mais encore de tous les pâtés que vous lui avez mangés à la gueule du four. Oui, Beys, vous rendrez compte un jour de ce pauvre innocent ; c’était le meilleur homme du monde : il faisait crédit à tout le Parnasse. Pour avoir seulement eu la patience d’écouter une de ses odes pindariques, il me fit crédit plus de trois mois sans me demander jamais un sol4.
On peut donc supposer que Beys aussi écouta plus d’une fois les odes du pâtissier.
La notoriété de Beys en son temps est encore confirmée par le fait qu’on ait fait appel à lui pour écrire Les Triomphes de Louis le Juste, XIIIe du nom. Un graveur liégeois de beaucoup de mérites, Jean Valdor, qui prenait le titre de chalcographe du roi et recevait sur sa cassette une subvention annuelle de quatre cents écus, composa une série de très belles planches, où sont représentés les principaux événements militaires de Louis XIII. Jean Valdor, n’aurait pas dessiné toutes ces très belles estampes, mais si l’on peut y reconnaître la main de divers artistes, on admire le goût qui a présidé à l’ensemble de ce superbe volume imprimé en 1649. Louis XIV, sous la régence de sa mère, fut si satisfait de ces belles épreuves, qu’il fit écrire à Beys : « Il ne manque qu’un poème héroïque pour exprimer ce qu’elles semblent vouloir dire et pour me satisfaire, et comme vous avez la réputation d’exceller en l’art de la poésie…, je vous fais cette lettre avec l’avis de la reine-régente, Madame ma mère, pour vous exhorter d’entreprendre l’explication de ce que signifie chacune des tables de cet abrégé. » En même temps que le petit Louis XIV s’adressait à Beys en des termes si flatteurs, il lui donnait pour collaborateur « Monsieur de Corneille », jugeant, par ce qu’il avait accoutumé de faire, qu’il suffisait à composer pour chaque gravure énigmatiques (allégoriques) une épigramme, une inscription, une légende se rapportant au sujet traité. D’autres collaborateurs de genres différents eurent encore part à la composition de ce bel ouvrage. Nicolaï, docteur en Sorbonne, traduisit en vers latins les vers français de Beys ; Remi Bary, conseiller du roi et historiographe de Sa Majesté, y joignit un abrégé de la vie de Louis XIII. Henry Estienne, sieur des Fossez, traita amplement des devises attribuées à chaque roi, prince et général, dont les portraits terminent le volume. Beys écrivit une vingtaine de pièces associées aux gravures de Valdor.
On peut noter encore que Molière5, à ses débuts a Paris, reprenait parfois de vieilles pièces françaises, comme L’Hôpital des fous de Beys. Avec cette pièce, Beys a ouvert la voie aux Visionnaires de Desmaretz et aux Fâcheux de Molière. Antoine Adam trouve Beys chez Piat Maucors, « près Sainte-Geneviève, dans la « petite académie autour de 1620 » ». L’enfant prodige se sera vite libéré de ce milieu « jésuite et ultramontain ». Adam signale également6 que le banquier Jean-André Lumagne, seigneur de Villiers (mort en 1637) aurait protégé le jeune Beys.
On sait également qu’il a été embastillé pendant six mois parce qu’on l’a soupçonné, vraisemblablement à tort, du moins Beys s’en défend-il, d’avoir composé La Milliade, ou le gouvernement présent, satire de mille vers dirigée contre Mazarin. Il fut libéré, après avoir démontré son innocence. En prison, il composa quelques poèmes sur ce sujet, pour se justifier ; mais il n’aura pas le temps de les finir avant d’être libéré.
Peut-être est-il intéressant de noter que Beys fut attaché à un grand personnage : le comte Josias de Rantzau, qui appartenait à une illustre famille danoise, venu en France avec le chancelier Oxenstiern. Ce comte plut à Louis XIII qui voulut se l’attacher, le nomma maréchal de camp, lui donna deux régiments et finit par lui remettre le bâton de maréchal, juste récompense de glorieux faits d’armes. Rantzau avait été tellement mutilé dans les batailles qu’il n’avait plus qu’un bras, qu’une jambe, qu’une oreille, qu’un œil, ce qui donna lieu à une sorte d’épitaphe souvent citée de notre poète :
Au tombeau de Monseigneur le maréchal de Rantzau.Du corps du grand Rantzau tu n’as qu’une des parts,L’autre moitié resta dans les plaines de Mars ;Il dispersa partout ses membres et sa gloire.Tout abattu qu’il fût, il demeura vainqueur.Son sang fut en cent lieux le prix de la victoireEt Mars ne lui laissa rien d’entier que le cœur.
Bien qu’on ne connaisse pas la date de leur rencontre et que la pièce ne soit pas dédicacée, on peut émettre l’hypothèse d’un lien avec Céline, ou les Frères rivaux.
Beys fut également parmi les premiers à composer des sortes d’opéras avant la lettre. Le Triomphe de l’amour sur les bergers et les bergères, sa « comédie de chanson », partition de Michel La Guerre, chantée devant le Roi le 22 janvier 1655, jouée le 26 mars 1657, eut un vif succès. Musique et livret seraient « perdus ». Lully donne à son tour un Triomphe de l’Amour en 1681. Détruisit-il le précédent ? Absorba-t-il la partition ? Il pouvait tout, et l’un et l’autre.
Il n’y a apparemment pas de lien entre notre Charles et Denis Beys qui fut un des comédiens de la troupe de Molière à ses débuts.
On le voit, ce n’est donc que par bribes, et de façon fragmentée que s’esquisse une biographie de Charles Beys sur lequel il y aurait encore beaucoup à découvrir.
Les œuvres de Charles Beys §
Beys écrivit trois tragi-comédies : Le Jaloux sans sujet, Paris, Quinet, 1635 mais joué avant 1634 ; L’Hôpital des fous, Paris, Quinet , 1635, joué dans la deuxième moitié de 1634 ; Celine, ou les Frères rivaux, Paris, Quinet, 1637, jouée en 1633 ; rééditée en 1640 sous le titre Les Frères rivaux.
Il aurait de plus collaboré avec Guérin de Bouscal pour la tragi-comédie L’amant libéral Paris, Quinet, 1638.
Les Triomphes de Louis le Juste, 1649.
Œuvres poétiques, Paris, Quinet, 1652.
En 1653, il rebaptise L’Hôpital des fous en Comédie et l’appelle Les Illustres fous, Paris, Olivier de Varenne, 1653.
Les Odes d’Horace en vers Burlesques, P., Quinet, 1653.
Stances sur le départ de Mgr. Le premier ministre président, garde des Sceaux de France. P. 1652.
Le Triomphe de l’Amour sur les bergers et les bergèresop. cit.
A Madame la chancelière Tableau de la belle vue de sa maison d’Espinay. P. 1657.
Pour le mariage de M. de Mauroy et de Mme du Breuil sonnet.
On lui attribue souvent à tort La Milliade déjà citée plus haut, et les œuvres de Chillac.
La pièce §
Analyse de la pièce acte par acte §
Acte I : Céline, présentée à Agante, qui lui vante les joies de la vie à la Cour, raconte comment elle a été enlevée par des pirates lorsqu’elle était petite. Alcire gentilhomme du roi, raconte aux deux frères, Thersandre et Lisidas fils du duc de Moscovie, comment Lisanor a sauvé le roi qui l’a ensuite pris à son service, touché par quelque chose « de grand et de prodigieux » qu’il perçoit chez le jeune homme, grandeur qu’il perçoit aussi chez Céline qu’on lui présente au même moment. Les deux frères sont alors encore décidés à séduire les deux princesses. Céline retrouve dans le palais Lisanor qu’elle a suivi depuis leur départ commun de l’île d’Alsen ; elle essaye de lui exprimer son amour en le mettant en garde contre la vanité de l’ambition, mais lui ne veut rien entendre, étant attaché avant tout à l’affirmation de l’honneur.
Acte II : Thersandre dans un monologue reconnaît son amour pour Céline. Lisidas paraît à son tour et avoue ses sentiments à son frère qui, tout en taisant ses propres sentiments, essaie de le raisonner. Scène parallèle entre les deux sœurs : Caliste avoue à Agante ses sentiments pour Lisanor qui, quoiqu’elle éprouve cette même inclination, tente de lui démontrer l’erreur de cette passion déraisonnable pour un berger.
Acte III : Céline une fois encore vient trouver Lisanor et essaie de nouveau de le convaincre ; mais lui, insensible aux arguments de Céline, n’est intéressé que par la gloire des armes. Il laisse donc Céline seule et triste. Lisidas arrive et la trouve dans cet état d’esprit ; il essaie à son tour de convaincre l’élue de son cœur, mais elle lui oppose toujours les mêmes refus, et lui avance pour arguments les mêmes que ceux que Thersandre avait trouvés : elle est d’une condition trop inférieure pour un homme de son rang. Thersandre arrive à son tour et tente une nouvelle fois de dissuader son frère. Entre alors, seul en scène, Clarin, vieux berger qui raconte comment il a trouvé Lisanor dans un berceau sur la mer, comment il l’a recueilli et depuis élevé. Il explique aussi que depuis cet instant la chance lui souriait, mais qu’elle a tourné depuis que Lisanor est parti, et qu’il le cherche, espérant le faire revenir chez lui.
Acte IV : Agante propose à sa sœur Caliste de s’entremettre auprès de Lisanor pour défendre sa cause ; elle va donc trouver celui-ci, mais en réalité, elle se déclare elle même. Lisanor n’est pas plus touché et lui oppose les arguments de la raison (et de la condition sociale), ce qui éveille la colère d’Agante. Caliste arrive pendant cet entretien et prend l’emportement d’Agante contre Lisanor pour un excès de zèle ; elle décide de tenter une nouvelle fois de convaincre Lisanor en lui déclarant sa flamme dans une lettre. Agante qui doit remettre la lettre de Caliste avec pour mission d’observer les réactions de l’élu, la trouve à son goût pour la servir elle-même, et après l’avoir réécrite, elle la confie à Céline avec la même mission. Or celle-ci découvre également que cette lettre pourrait servir ses propres intérêts et décide de la signer et de la remettre en main propre au jeune homme : complexe mise en abyme d’un stratagème de séduction !
Acte V : Lisanor ne sait plus que faire pour échapper à ces femmes qui le harcèlent, pense-t-il, et à l’amour qui le pourchasse. Alors qu’il s’en plaint, Céline le retrouve et lui tend la lettre de Caliste réécrite de la main d’Agante et qu’elle a signée elle même, attendant une réponse. Survient Thersandre trouvant Lisanor et Céline ensemble. Il le prend pour un rival ; alors que Lisanor s’en défend, il voit la lettre et, offensé pour Céline, provoque Lisanor en duel. Lisidas arrive et voyant son frère aux prises avec Lisanor veut le défendre. C’est alors que Céline s’interposant explique le sujet de la querelle ; Lisidas comprend alors le double jeu de son frère. Thersandre, tout comme Lisanor, se dit prêt à laisser les faveurs de la belle à Lisidas. Les deux sœurs arrivent à ce moment et les supercheries des unes et des autres au sujet de la lettre sont découvertes. S’ensuit une querelle féminine interrompue par l’arrivée du roi. Le roi doit apprendre aux deux jeunes ducs que leur père veut les marier comme il l’annonce dans une lettre. Or l’ambassadeur qui apporte cette lettre de Moscovie est reconnu par Céline comme son propre père. Celui-ci explique alors comment Céline fut enlevée par des pirates lorsqu’elle était petite ; mais il avoue également qu’elle n’était autre que la fille du duc de Moscovie qu’on lui avait confiée enfant et qu’il a prétendue morte à la place de sa propre fille lors du décès de celle-ci. Une fleur tatouée sur le bras de Céline vient confirmer ses dires et Céline est alors reconnue par ses frères, ses anciens amants. Après cet heureux moment, le berger Clarin, arrêté par le prévôt, comparaît devant le roi. On a trouvé sur lui une chaîne appartenant au souverain ; il explique à son tour comment il a trouvé un enfant dans un berceau qui voguait sur la mer et l’a depuis élevé. Le roi reconnaît en cette histoire, et à cette description, son fils disparu. Et c’est alors grâce à cette chaîne et au témoignage de Clarin, la reconnaissance de Lisanor, qui est en fait le fils du roi. Le roi propose alors la main d’Agante à Thersandre et celle de Caliste à Lisidas ; tous acceptent. Thersandre propose à son tour la main de Céline à Lisanor qui, devenu prince, accepte à son tour. On prépare donc les festivités pour un triple mariage dans la joie et le respect des dieux.
Sources §
Comme le note H. C. Lancaster7, il n’y a pas de doute sur l’analogie d’inspiration de cette pièce avec les romans « romanesques ». Elle semble particulièrement proche de l’épisode de Rosiléon de L’Astrée, où un prince perdu dans l’enfance devient le favori du roi, après l’avoir sauvé des griffes d’un lion. Les seules différences résident en ce que le lion est devenu une laie et que Beys situe l’action, géographiquement, au Danemark. De plus, Rosiléon est aimé de la fille du roi et de sa belle-fille, tout comme Lisanor est aimé des deux filles du roi ; et il est reconnu par une fleur tatouée comme l’est Céline. La substitution d’enfants est un motif familier, qui peut provenir de l’histoire de Cyrus. Les Bergeries de Racan reprenaient le thème ancestral de l’enfant perdu dans un berceau sur les flots et recueilli et élevé par un berger. Pour ce qui est du jeu de lettres, le procédé a déjà été utilisé dans L’Hypocondriaque de Rotrou, La Mélite de Corneille, ou encore dans Le Capitan Matamore de Mareschal.
Conditions de représentation §
Date, décors §
La présence de la pièce dans Le Mémoire de Mahelot, Laurent et autres décorateurs de l’Hôtel de Bourgogne, publié par H. C. Lancaster chez Champion en 1920, nous indique que la pièce a dû être jouée entre l’hiver 1633 et février 1634 à l’Hôtel de Bourgogne. Mahelot indique, pour cette pièce qu’il appelle La Celine de Monsieur Bais :
Au milieu il faut un beau palais. A costé du palai, un beau cabinet, et dedans de beaux tableaux, de beaux chandeliers garny et un siège aussy. De l’autre costé du theatre, un bois de haute futaye, bien espaix. Une entré de ce costé là. Plus, des bourguinottez, des houlettes, des dards, des rudelles et des trompettes.
Selon H. C. Lancaster Michel Laurent en 1673 ajoute en commentaire au verso du folio 59 : « C’est probablement Céline, ou les frères rivaux de Charles Beys, impr. 37. Acte I, Agante dans son cabinet ; III, 1, 2, bois, Lisanor quitte la scène sans rencontrer Lisidas, qui entre au commencement de III, 2 ; V, 4, on est près de se battre ; il y a des bergers dans la pièce ; V, 6, on se sert de trompettes, probablement à l’arrivée de l’ambassadeur du duc de Moscovie. On omet, IV, 3, V, 6, lettres, V, 7, chaîne. »
Réception §
On ne dispose d’aucun élément sur la façon dont le public accueillit la pièce. Beys se moque dans une autre pièce, Les Illustres fous (IV, 4), des excès romanesques dont sa tragi-comédie était emplie :
Sur mer quelques CorsairesL’avoient-ils autrefois enlevée à vos yeux ?Le Roman sans cela, n’est pas prodigieux…Apres que dans la cour elle aura bien souffert,Il faut la transporter en quelque lieu desert,Et l’y faire nourrir dans la troupe des fées ;Un chevalier errant tout chargé de trophées,A son premier aspect aura le cœur en feu…Et vous pourrez apres y lascher un centaure.
Dans notre pièce elle-même, Beys fait dire à Lisidas au vers 110 : « Voit-on dans les Romans des choses plus étranges » et à Thersandre aux vers 341, 342 : « Si vous estes jamais de ces pauvres amans/ Vous ferez augmenter le nombre des Romans ».
Les frères Parfaict au XVIIIe siècle dans l’Histoire du théâtre français parlent en ces termes de notre pièce :
Ce poème est totalement mauvais ; je dis le plan, la conduite, la versification, et les personnages, qui tiennent des discours pitoyables. Au reste Beys auroit pu l’intituler aussi bien les sœurs rivales, puisque les deux princesses ressentent aussi pour Lisanor les mêmes sentiments que les Princes pour Celine, et qu’elles ont un aussi grand soin que les deux frères, de se les cacher l’une à l’autre.
La tragi-comédie §
On retrouve dans Céline, ou les Frères rivaux un certain nombre de traits caractéristiques de la tragi-comédie.
Il est vrai que la tragi-comédie a suscité et suscite toujours des débats. On ne s’accorde pas toujours sur une définition de ce genre littéraire ou même sur le fait qu’il s’agisse d’un genre littéraire. Nous pouvons tout de même dégager dans notre pièce un certain nombre de traits qui semblent caractéristiques de la tragi-comédie :
Tout d’abord les personnages : la tragi-comédie met en scène des personnages « illustres » qui peuvent côtoyer, à l’occasion, des personnages d’extraction plus modeste. Ainsi dans l’œuvre de Beys, les personnages les plus importants sont des nobles ; si Céline et Lisanor se croient l’un et l’autre berger et bergère, ils sont en fait respectivement fille de duc et prince. La pièce met également en scène deux princesses, deux jeunes ducs, le roi, et un berger Clarin, qui est finalement le seul véritable berger de la pièce.
La tragi-comédie est une fiction totale, sans aucune référence à un quelconque fait historique. Beys situe l’action précisément au royaume du Danemark, évoque des divinités latines et un temple (vers 331) mais nous n’avons aucune indication précise sur l’époque. L’intrigue est uniquement centrée sur des histoires de cœur qui rencontrent des obstacles de différentes natures et conduisent, comme c’est le cas traditionnellement, à de multiples mariages.
Comme le note Hélène Baby8, un autre trait caractérise la tragi-comédie : un ton « léger ». En effet ce ton, s’il n’est pas franchement comique – à savoir, burlesque ou du registre de la farce – contraste avec le ton sérieux, emphatique ou dramatique de la tragédie ou encore avec le ton que l’on rencontre dans la tragi-comédie elle même, quand elle décrit les affres du sentiment amoureux. Ainsi le ton de la tragi-comédie peut être ironique, sarcastique, traduire une certaine dérision ou auto-dérision. Dans notre pièce, par exemple à l’acte IV scène 2, Lisanor dans un monologue réagit aux diverses déclarations des jeunes filles : « Justes Dieux que d’ennuis m’arrivent à la fois », ce ton léger détonne par rapport à la traditionnelle emphase qui développe le sentiment amoureux, Hélène Baby remarque qu’ici Lisanor fait peu de cas de cette grande histoire qu’est l’amour. L’auteur lui-même fait parfois preuve d’auto-dérision, faisant dire à Lisanor au vers 110 : « Voit-on dans les Romans des choses plus estranges », puis à Thersandre aux vers 341-342 : « Si vous estes jamais de ces pauvres amans/ Vous ferez augmenter le nombre des Romans ». Or Beys s’est clairement inspiré de romans, en particulier de l’Astrée pour le sujet de sa pièce ; il fait ici, semble-t-il, au spectateur, un clin d’œil. Un autre exemple pourrait être le ton qu’utilise Agante lorsqu’elle vante à Céline les avantages de la vie à la cour, avec une assurance et une pédagogie qui peuvent paraître enjouées (Acte I, Sc. 1). A la scène suivante (Acte I, Sc. 3) Céline qui tente à son tour de raisonner Lisanor dans un véritable plaidoyer réutilise un peu le même ton qu’Agante prenait avec elle dans la scène précédente. Ces transferts de tonalité d’un personnage à l’autre contribuent à susciter chez le spectateur un intérêt amusé.
Nous retrouvons également dans cette pièce ce que l’on pourrait considérer comme des topoi de la tragi-comédie romanesque.
L’enlèvement à la naissance des deux personnages principaux Céline et Lisanor, considérés comme morts ou disparus par leurs proches, recueillis et élevés par des bergers : c’est là un véritable classique des tragi-comédies romanesques. On remarque qu’ici, les deux disparitions ont un certain nombre de points communs ; elles ont toutes deux lieu lors d’un orage, décidées par le sort qui réunit déjà ces deux êtres dans leur infortune. Céline par deux fois, échappe à ceux qui prenaient soin d’elle : ses parents qui l’avaient confiée à Chrisante la croient morte, car celui-ci, opérant la première usurpation d’identité à la suite du décès de sa propre fille, tuée par l’orage, fait passer Céline pour sa fille, miraculeusement épargnée. Puis elle échappe à Chrisante, vers l’âge de cinq ans, alors qu’il allait faire pour elle un sacrifice à une déesse. Elle est enlevée par des pirates, autre topos de la tragi-comédie romanesque. Délivrée, elle est enfin recueillie et élevée par des bergers, et elle se croit donc bergère. Lisanor, quant à lui est également enlevé à sa famille lors d’un sacrifice au dieu Mars ; la cause en est également l’orage qui emporte au large le berceau dans lequel il se trouvait. Dans les tragi-comédies romanesques, de nombreux berceaux disparaissent ainsi. Lui aussi est recueilli et élevé par un berger Clarin et se croit donc berger. Lisanor et Céline sont donc les jouets des mêmes coups du sort mais semblent malgré tout, l’un et l’autre protégés des dieux car ils sortent indemnes de toutes ces péripéties.
Le déguisement, le changement d’identité, est un autre classique du genre et figure souvent au nombre des aventures des héros romanesques. Ici, pour nos deux personnages, il s’agit de déguisements inconscients : tous deux ignorent qui ils sont réellement et se croient respectivement vraiment berger et bergère. C’est le sort qui change leur identité, faisant de personnes de noble naissance de simples bergers. Nous savons dès le début de la pièce par les allusions à la majesté de Céline, qui raconte qu’elle ignore sa naissance, et à la valeur de Lisanor qui est « inconnu de naissance » que le mystère plane autour d’eux. Ce mystère est vite évincé par la double rivalité amoureuse (les deux sœurs et Céline amoureuses de Lisanor et les deux frères amoureux de Céline). C’est peut-être ce qui pousse Beys à introduire ensuite, dans l’acte III, un personnage, Clarin, qui semble sortir de nulle part et repartir aussi soudainement qu’il est arrivé. Introduction un peu maladroite, qui ne paraît être là que pour donner quelques éléments de la vie de Lisanor et faire ressurgir, par ce monologue où Clarin raconte dans quelles circonstances il a trouvé et recueilli Lisanor, le mystère de l’identité de celui-ci9. Mais le mystère de l’identité, le déguisement, ne sont pas ici véritablement des moteurs d’action, un obstacle au but des personnages. La condition sociale des « héros » n’est pas ce qui empêche la réciprocité des sentiments ou encore les mariages. En effet, si c’est un argument qu’avancent tour à tour Thersandre à Lisidas ou Agante à Caliste, pour les ramener à la raison et les éliminer en tant que rivaux, les évincer ; ou encore que Céline oppose aux deux frères et que Lisanor oppose à Agante, ce n’est pas le véritable obstacle. Caliste fait fi de ce détail : aux vers 521-522 : « Sa bassesse ne peut desgager ma raison,/ Ses vertus ont trop bien estably ma prison. » ; au vers 533, Agante feint de poser la condition sociale comme un problème, pour raisonner sa sœur : « Songez à vous ma sœur, et voyez ce qu’il est. », Caliste lui répond alors que « L’aymé nous est égal aussi-tost qu’il nous plaist, ». Aucune instance supérieure, telle que le roi, ne vient s’opposer aux unions sous ce prétexte.
L’identité réelle de Céline et Lisanor explique leurs qualités respectives et le fait que les princesses et les ducs puissent tomber amoureux de simples bergers ; les règles de la bienséance et de la vraisemblance sont ainsi respectées. Leur véritable naissance était en effet perceptible aux yeux des autres. Le roi pressentait en eux « quelque chose de grand et de prodigieux », Chrisante parle (vers 1265 1266) de « […] cette majesté qu’ils ont dès leur naissance,/ [qui] Se fait bien adorer sans sceptre et sans puissance ». Cette idée de la voix du sang qui dispose les personnages à de grandes choses, qui permet une reconnaissance intuitive des « grands » entre eux, est également un grand thème du théâtre de l’époque. Toutefois, si cette identité, cette condition sociale, n’est pas en elle même directement un obstacle pour la plupart des personnages, elle en est un sans doute, implicitement, pour Lisanor. En effet, ce n’est que lorsqu’il apprend qu’il est prince, qu’il regarde enfin Céline. Le véritable obstacle venait de lui, de son caractère propre, de sa quête de gloire. Son seul but était de conquérir l’honneur, il était comme obnubilé par cela, ce qui le rendait hermétique à tout autre chose. Or, cette quête de gloire elle-même, venait de sa réelle identité, de sa qualité de prince. Le fait d’être reconnu prince est pour lui comme une libération. Il n’a plus à prouver ses qualités et peut enfin s’ouvrir à l’amour.
L’ignorance de l’identité induit un autre trait caractéristique du genre : la reconnaissance. Elle a lieu traditionnellement à la fin de la pièce, provoquée par l’arrivée d’un personnage qui vient révéler des faits restés jusqu’alors secrets. Ce témoignage est en général confirmé, par une marque spécifique sur le corps ou par un objet. Dans notre pièce, la reconnaissance est double, l’auteur à donc recours à tous ces procédés. Deux personnages, Chrisante et Clarin, apparaissent dans l’acte V, pour révéler les véritables identités de Céline et de Lisanor. Pour Céline, c’est une fleur sur son bras qui vient confirmer les dires de Chrisante. Quand à Lisanor c’est la possession d’une chaîne qui finit par convaincre le roi qu’il s’agit de son fils.
Le changement d’identité permet encore l’évocation d’un autre thème récurrent chez les auteurs de tragi-comédies : l’inceste. Si ici l’inceste n’est pas vraiment un thème comme le démontre Georges Forestier10, puisqu’il n’est pas moteur d’action, et que le risque d’inceste est rétrospectif, il est néanmoins présent. Il est directement dû au déguisement inconscient des personnages. Thersandre et Lisidas tombent amoureux de Céline qui est en fait leur sœur et Agante et Caliste tombent amoureuses de celui qui s’avèrera être leur frère. Ce risque rétrospectif d’inceste développe le côté romanesque de la pièce, l’intensité dramatique du dernier acte.
La multiplication des reconnaissances, des coups du sort, des mariages, les nombreuses péripéties des personnages victimes de la fortune sont le propre de l’inventio romanesque de la tragi-comédie, qui se caractérise également par sa dispositio irrégulière.
Les traits plus particuliers de notre pièce §
Si notre pièce, comme nous l’avons vu, met en scène plusieurs topoi de la tragi-comédie, elle présente toutefois quelques traits plus particuliers qui en font plus qu’une pièce qui serait un cliché du genre et même au contraire une pièce originale.
Il est en effet très rare dans la tragi-comédie que toute violence soit exclue, or c’est le cas dans Céline, ou les frères rivaux. Ainsi souvent abondent, duels, ordres d’exil, combats sanglants, mise en prison, ce n’est pas le cas dans notre pièce. Si les hommes sont prêts à se battre et dégainent leurs épées dans les scènes 3 et 4 de l’acte V, le combat n’a finalement pas lieu. Le sang n’est jamais versé, personne n’est jeté en prison. Clarin qui rentre en scène dans le dernier acte, arrêté par des gardes et emmené par le prévôt, va se justifier devant le roi. Ce semblant de procès ne sera que l’occasion de la reconnaissance de Lisanor et Clarin ne sera pas jeté en prison. Les prouesses remarquables accomplies par Lisanor, ou encore les aventures de Céline, sont rapportées lors de nombreux récits. On peut donc avoir l’impression qu’il n’y a pas d’action à proprement parler dans la pièce, en dehors de celle qui est occasionnée par la lettre. Cette absence de violence est peut-être directement liée à cela : Beys privilégie les récits et l’action repose uniquement sur une menace, celle des rivaux. Or les rivaux eux-mêmes sont plutôt passifs. Cette passivité, Beys la compense par la multiplication des rivaux. Ainsi trois jeunes filles soupirent pour le même jeune homme et deux frères sont séduits par la même jeune fille qui elle, en aime un troisième. Trois personnages sont donc rivaux les uns en faces des autres. Cette disposition d’où l’action est apparemment exclue permet à Beys de centrer l’intérêt sur les mouvements internes des personnages. Le public, lors de longs monologues, sera essentiellement spectateur des différents états d’âme des personnages, des mouvements de la passion. Beys semble ainsi maintenir la tension et le plaisir des spectateurs en privilégiant les actions de l’âme des personnages.
Tout ceci s’explique probablement par l’origine pastorale du sujet : où l’on disserte plus volontiers sur l’amour que l’on ne se bat. Ainsi Thersandre, aux vers 383 à 398, se livre à des réflexions philosophiques sur l’amour.
Cette absence de violence vient peut-être également de l’importance des rôles féminins dans cette pièce. En effet l’héroïne, le personnage principal, est une jeune fille. C’est une femme qui est le « sujet » de l’amour, Céline, l’objet étant Lisanor, ce qui est assez rare dans la tragi-comédie, mais qui évoque encore la pastorale. Traditionnellement ce sont plutôt les hommes qui pourchassent les jeunes filles de leurs assiduités. Ici ce sont Céline et Agante qui, n’hésitant pas à se déclarer à Lisanor, tentant même de le convaincre de les aimer, se montrent les plus entreprenantes. De plus, ce sont les femmes qui sont à l’origine de la seule action, à proprement parler : c’est autour de la lettre de Caliste, réécrite de la main d’Agante, signée par Céline, véritable nœud de la pièce, que le duel est prêt à se déclencher. C’est elle qui révèle aux personnages leur rivalité, leurs supercheries respectives, provoquant ainsi un début de dispute.
Le vers 322 : « Je la fuis pour aymer une autre qui me fuit », formule clé de la pastorale, le goût du « naturel », sont autant d’éléments qui, si les berger et bergère ne s’avéraient pas être des prince et princesse, permettraient peut-être à notre pièce d’être qualifiée de tragi-comédie pastorale.
Un autre trait particulier de la pièce est que Beys, dans le discours que Céline tient à Lisanor (vers 203 à 234), passe insensiblement, à partir d’une dénonciation de l’éternité de la gloire à une dénonciation de « la vie éternelle » : discrètement intégré, il s’agit là d’un vrai discours libertin.
L’Amour en question §
Il est véritablement le thème central de la pièce : il en est le sujet et le moteur. Principale préoccupation des personnages, il revêt plusieurs formes. Il est passion tyrannique, tout puissant, il suscite des discours pathétiques, par exemple celui d’Agante aux vers 451 et suivants, ou encore celui de Céline aux vers 567 et suivants. Discours où règnent la plainte, les exclamations, les questions, la douleur. Il fait soupirer, pleurer, souffrir, il blesse le cœur (v. 486 à 489). Il est comparé à « un fer qui perce le sein » (v. 498). Céline au vers 569, l’appelle « une horrible fureur qui tyrannise [les] sens ». Il ôte toute liberté : « Et que seul il ravit toute liberté. » (v. 775). Caliste pour décrire ce qu’est son amour parle de « cruelles gesnes », ce qui évoque de véritables tortures. Elle compare le fait d’aimer au fait d’être jetée « dans les feux », dans « les chaînes ». La passion fait perdre l’esprit ; Agante le souligne aux vers 524 et suivants :
Ces vertus qu’à vos yeux la passion fait naistre,Montrent bien qu’en aymant on ne sçauroit connaistreVostre raison captive ignore les défaux,
Au vers 480 elle parle de « furies » provoquées par l’amour. Caliste à son tour compare l’amour à « […] des ennuis languissans/ Qui font perdre l’esprit et l’usage des sens ». La toute puissance de cet amour tyrannique est développée par le fait qu’il va jusqu’à déstabiliser l’ordre social. Il fait préférer à Thersandre, qui est sous son emprise, « Une houlette au Sceptre, et des bois à la Cour » (v. 274). Agante, la princesse, éprise d’un berger, se languit au vers 466 : « Que ne suis-je Bergere ou bien que n’és-tu Roy ? ». Véritable tourbillon, son pouvoir tourmente tout le monde : « Tu tourmentes autant les Roys que les Bergers » (v. 1092). Si l’amour peut tout, il pousse Céline à quitter l’île où elle a grandi, lui donne le courage de parler à Lisanor. Il pousse à idéaliser l’être aimé, non seulement pour sa beauté physique mais encore, pour son esprit. Il justifie aux yeux des personnages la ruse et le mensonge (v. 797-798). Il est partout dans la pièce. Moteur d’action, il s’immisce également dans toutes les relations : Amour-passion de Céline, d’Agante et de Caliste pour Lisanor ; Amour-passion également de Thersandre et de Lisidas pour Céline ; mais également amour fraternel entre les deux frères ou entre les deux sœurs. Il préoccupe tous les personnages, qui aiment et cherchent à être aimés en retour. Mais il préoccupe également Lisanor qui, s’il ne l’éprouve pas, en subit les assauts. En quelque sorte, c’est l’amour, la fuite de l’amour et son refus, qui caractérisent Lisanor. L’opposition du personnage à l’amour, s’éclaire par l’opposition « amour- passion, folie » à la raison (v. 859). C’est également à la raison que Thersandre et Agante font appel lorsqu’ils tentent de détourner les sentiments de leurs frère et sœur respectifs.
De plus, l’amour devient presque un personnage à part entière de la pièce. Il est souvent interpellé en tant que tel (v. 251 et sq. ; 471 et sq. ; 797 et sq. ; 1086 et sq.). Il est personnifié, ou plutôt déifié, il impose ses lois aux personnages, qui deviennent ses sujets. C’est en effet au dieu Amour que ces discours s’adressent. Céline, ou les Frères rivaux est en fait la représentation d’une initiation à l’Amour chez de jeunes personnages.
Artifice et nature §
L’opposition Art, Artifice, Précieux / Nature, naturel est perceptible tout au long de la pièce. Dès la première scène, Agante les oppose explicitement, elle fait l’apologie de l’art aux dépens de la nature. Cette confrontation est sensible dans le chiasme « Vos fleurs sont elles pas moins belles qu’en peinture ?/ Et l’Art ne plaist-il pas bien plus que la Nature ? » (vers 33-34). « Peinture » est opposé à « fleurs », « Art » à « Nature », à la rime « Nature » à « Peinture ». La comparaison, « moins belles » et le superlatif « bien plus » en accentuent encore l’effet. Les personnages se définissent par opposition les uns aux autres. Ainsi à l’inverse d’Agante qui représente une jeune fille précieuse de la Cour, Céline incarne une beauté naturelle, comme le suggère Lisidas dans les vers : « Et que cette beauté qui méprise le fard,/ Fait voir que la Nature est au dessus de L’Art ». De même lorsqu’il s’agit de la Cour, Lisidas et Agante utilisent tous deux le mot « feinte ». S’il revêt pour Agante un caractère positif (v. 30) il est au contraire péjoratif pour Lisidas qui définit ainsi la Cour :
En ce lieu les esprits sont trop pleins d’artifices,Leurs plus grandes vertus sont pour moy de grands vices,Je ne voy rien que feinte en tous leurs complimens,
On retrouve encore l’opposition art/nature dans la nostalgie récurrente des personnages de l’âge d’or où les frontières n’existaient ni entre les pays ni entre les hommes, égaux, où l’amour était simple et réciproque. Thersandre, au début de l’acte II, évoque ce Siècle d’or où chacun se devait à la Nature, où il n’y avait ni sujets, ni princes, où « Les amitiés n’étaient ni feintes, ni forcées » (v. 280). Ainsi Céline regrette « le siècle innocent » (v. 570) où « l’amour mutuel enflammait les esprits » ; alors que, pour elle aujourd’hui : « Une horrible fureur tyrannise nos sens ! »
Céline, ou les Frères rivaux est certes une œuvre mineure, mais s’y arrêter, c’est se laisser prendre par son dynamisme enjoué, en reconnaître les finesses et les attraits sensibles qui nourrissent le débat sur les « questions d’amour ».
Les personnages §
Céline §
Elle est le personnage principal de la pièce à laquelle elle donne son nom. Présente dans treize scènes et dans quatre actes sur les cinq, c’est le personnage que l’on voit le plus souvent sur scène, même si ce n’est pas à elle que revient le plus grand nombre de vers11. Elle est la fille du duc de Moscovie, ce qu’elle ignore. Dès les premiers vers de la pièce, elle pose le mystère de ses origines. Malgré ses habits de bergère, le roi du Danemark, Agante puis les deux jeunes ducs sont sensibles à sa beauté. Thersandre par exemple, dit au vers 249 que « Sa beauté [lui] plaist mieux que la grandeur des Rois » ou encore au vers 255, que « ses attraits [sont] incroyables ». Lisidas évoque également sa beauté à de nombreuses reprises, notamment aux vers 366 et suivants. Le roi lui-même voit dans ses yeux (comme dans ceux de Lisanor) v. 104 : « Je ne sçay quoy de grand et de prodigieux » ; au vers 1199, il l’accuse, paternellement, de semer le trouble par ses attraits. Tous s’accordent donc à dire qu’elle est belle, naturelle, mais que de plus elle a de l’esprit : les arguments qu’elle avance à Lisanor pour tenter de le convaincre en témoignent. C’est une jeune fille courageuse et humble, qui n’hésite pas à suivre le jeune homme qu’elle aime, Lisanor, lorsque celui-ci quitte leur pays. Elle pressent chez Lisanor, sans le comprendre, une sorte de nœud, une souffrance, un paradoxe. Si dans un monologue elle confit au vers 596 que « sa voix fait mourir, [et que] ses yeux rendent la vie » ; devant lui et pour le convaincre, elle se montre « raisonnable », avançant des arguments critiques sur l’ambition de Lisanor qui cherche une gloire éternelle. Elle lui rappelle que les hommes sont mortels, qu’ils ont un corps (vers 202 et suivants), que les sens ont une puissance fugitive (v. 228). Aux vers 605 et suivants, elle explique qu’elle croit aux signes providentiels annonçant son union avec Lisanor, et elle tente de le lui démontrer. Céline sait ce qu’elle veut, elle poursuit son but, le même d’un bout à l’autre de la pièce ; elle est la seule à ne pas s’en détourner et fait preuve de persévérance dans son désir d’amener Lisanor, qui reste le seul objet de son amour, à l’aimer en retour. Elle est la seule à garder les mêmes sentiments tout au long de la pièce. Elle est cependant traversée par un moment de doute sur son destin, au vers 1012, et évoque à son tour la raison. Mais ce doute n’est que de courte durée. Céline est une jeune femme décidée, déterminée et entreprenante. Elle est véritablement le personnage le plus attachant de la pièce qui attire toute la sympathie du public.
Lisanor §
Il est le fils du roi du Danemark, lui-même l’ignore et se croit berger. Alcire dans le portrait qu’il fait de lui, aux vers 85 et suivants, évoque le mystère de sa naissance et souligne sa quête de gloire, d’honneur. Comme tout héros classique, il est jeune, beau et courageux. Il quitte vers vingt ans l’île où il a grandi, pour partir à la conquête de la gloire et de l’honneur. Il se montre valeureux et bon guerrier. Dans un premier temps, lorsqu’il était encore sur l’île d’Alsen, il a aidé à combattre les pirates qui avaient enlevé Céline. Il n’hésite pas à combattre une laie enragée et il la vainc, sauvant ainsi le roi. Il réussit à débarrasser le royaume du tyran qui l’assaillait. Dans la scène 3 de l’acte I, il explique à Céline qu’il n’est intéressé que par la grandeur de la gloire posthume, par l’honneur. L’obstination de Céline ne suscite que sa colère, car il estime qu’en le suivant en ces lieux, elle a méprisé son honneur et que « Ce mespris est un crime odieux » (v. 174). Selon le roi son courage est d’origine royale (v. 1418). Ses glorieux faits d’armes, son courage, sa beauté inspirent l’amour des princesses, bien qu’il ne soit que berger. Mais lui n’a que faire des histoires de cœur. Il est bâti sur le modèle des bergers de pastorale tous dévoués à la chasse et hostiles à l’amour. Fils de roi qui s’ignore, la chasse est remplacée pour lui par la gloire des armes. Il est irrité par toutes ces femmes qui tombent amoureuses de lui (v. 907). L’amour l’ « irrite » (v. 893), il se sent poursuivi par lui « Comment m’eschapperay-je, Amour, de ta poursuite ?/ » (v. 1086) ; il va jusqu’à le désigner comme son ennemi « Vous parlez du plus grand de tous mes ennemis, » (v. 855) ; il le considère comme une prison (v. 903), ne comprend pas que l’on puisse se battre pour lui (v. 1120). Il considère l’amour comme une trahison de la raison (v. 904), or la raison est son emblème (v. 142), son arme (v. 859) ; il dit ne pas vouloir se faire abuser par l’imagination (v. 621). Aux vers 935 et suivants, il se dit même né raisonnable. Au vers 950, il affirme que son cœur est de glace ; Agante le compare à un rocher. Il semble donc comme handicapé, infirme, incapable d’aimer ; ce qui donne une dimension pathétique et émouvante au personnage. Si à certains moments, son opposition à Céline, à l’amour, fait que le spectateur se sente éloigné de lui, il le fait finalement sourire. Lisanor, désintéressé par les richesses (v. 923), paraît être lié au bonheur et à la réussite de Clarin (v. 721-722), comme si une bonne étoile était au dessus de lui. Son obsession de la quête de gloire, elle-même, devait venir de son sang royal. Ce qui explique peut-être qu’une fois reconnu prince, il reconnaisse enfin la victoire de l’amour (v. 1448).
Les deux princesses, Agante et Caliste §
Elles sont les filles du roi du Danemark. Elles représentent donc deux jeunes filles, bien éduquées dans l’atmosphère de la Cour, « précieuses », pleines d’esprit, sachant apprécier les joies et raffinements de la vie et rompues aux mondanités. Elle sont toutes deux prises d’une véritable passion pour Lisanor qui se révélera être leur frère. Agante (qui a le plus grand nombre de vers dans la pièce), semble être l’aînée : c’est à elle que le roi confie Céline, c’est elle qui reçoit les confidences de sa sœur Caliste, qu’elle essaye dans un premier temps de raisonner ; cette position montre une jeune fille peut-être plus mûre. De plus, elle semble plus réfléchie et raisonne malgré son amour ; elle ne perd pas tout son esprit et garde un certain recul, ne serait-ce qu’un recul calculateur, puisqu’elle cache à sa sœur ses propres sentiments et lui fait croire qu’elle va l’aider alors qu’elle ne pense qu’à se servir elle-même. Elles se montrent toutes deux plutôt entreprenantes et tellement emportées par la passion qu’elles n’hésitent pas à défier les règles (sociales, de bienséance etc.) pour conquérir Lisanor. Une fois Lisanor reconnu comme étant leur frère, elles acceptent sans hésitation d’épouser les deux jeunes ducs de Moscovie.
Les deux ducs de Moscovie, Thersandre et Lisidas §
Ils sont frères. Le duc de Moscovie, leur père, les a envoyés prêter main forte au roi du Danemark qui lutte contre un tyran. Tous deux, au début de la pièce, sont séduits par les deux jeunes princesses, mais ils tombent amoureux de Céline dès qu’ils la rencontrent. Ce sont eux les « frères rivaux » du titre. Comme pour les deux princesses, on peut avoir l’impression que Thersandre est l’aîné. Il semble plus raisonnable, quoique lui aussi soit pris d’une véritable passion pour Céline. Comme Agante à l’égard de sa sœur, il tente dans un premier temps de ramener son frère à la raison et lui cache ses propres sentiments. Lorsque Chrisante, l’ambassadeur du duc de Moscovie, arrive, avec une lettre du duc où ce dernier propose au roi une alliance entre les deux royaumes, c’est à lui que le roi s’adresse afin de lui demander son accord pour les futures unions. De même, lorsque Céline est reconnue comme étant leur sœur, c’est lui qui offre sa main à Lisanor. Les deux frères sont donc rivaux dans la poursuite des faveurs de Céline ; mais ils ne sont pas auréolés de gloire comme l’est Lisanor. Le roi refuse qu’ils combattent. Ils s’opposent à Lisanor par leur préciosité : nobles, ils ont le temps de s’attarder à des histoires de cœur. Ils ne se montrent pas très entreprenants avec Céline et si tous deux éprouvent des sentiments identiques à son égard – ce qui les oppose – la rivalité n’est pas effective, dans le sens où elle ne se traduit pas par des actes, des combats…
Le roi du Danemark §
Il n’apparaît qu’à la fin de la pièce, dans le dernier acte. Par sa seule présence, il fait autorité. C’est en quelque sorte lui qui va arbitrer les dénouements ultimes, en demandant des explications à Céline puis à Chrisante. Il est le moteur de la reconnaissance de Céline, comme fille du duc ; c’est encore lui qui, dans la position de juge, permet la reconnaissance de Lisanor en interrogeant Clarin. Il apparaît comme une figure apaisante au milieu des tourments de la passion ; il calme les protagonistes par sa seule arrivée, lors de la dispute qui naît entre les jeunes filles quand leur trahison respective est dévoilée ; puis lors de la reconnaissance de Céline. Il freine également les débordements d’affection que ces retrouvailles suscitent. Il est juste, remercie les dieux, il ne veut pas « faire couler le sang de Moscovie », est sensible au courage et au dévouement de Lisanor. Avant de découvrir que celui-ci est son fils, il pressent chez lui « quelque chose de grand et de prodigieux », ce qui implique l’idée que les « grands » reconnaissent les « grands ». C’est lui qui scelle et célèbre les trois unions finales. Il représente en quelque sorte une espèce d’instance supérieure qui fait retrouver la voie de l’harmonie.
Clarin §
C’est le berger qui a recueilli Lisanor et l’a élevé. Il est simple, brave. C’est lui qui sauve Lisanor des eaux, enfant, mais également lui qui permet sa reconnaissance finale, après en avoir dans un monologue de l’acte III (scène 4) réactiver le mystère des origines12.
Chrisante §
Ambassadeur du duc de Moscovie, il est un peu le pendant de Clarin : il a élevé Céline, et c’est également lui qui permet sa reconnaissance finale.
Alcire §
Son rôle est de présenter Céline et Lisanor aux deux jeunes ducs. C’est lui qui effectue l’exposition de la situation pour les spectateurs en contribuant à auréoler Céline et Lisanor d’un destin mystérieux.
Note sur la présente édition §
Il existe deux éditions de Céline, ou les Frères rivaux, publiées l’une en 1637 et l’autre en 1640.
L’édition de Céline, ou les Frères rivaux sur laquelle nous avons travaillé à été exécutée en 1637 par Toussainct Quinet :
In-4°, 2 ff. non chiffrés, 88 pages.
[I] CELINE, / OU, / LES FRERES / RIVAUX / Tragi-Comedie De Beys. / [fleuron du libraire] / A PARIS, / Chez TOUSSAINCT QUINET, au Palais dans / la petite salle, sous la montee de la Cour des Aydes. / filet / M. DC. XXXVII. / AVEC PRIVILEGE DU ROY.
[II] [verso blanc]
[III] Extraict du Privilege du Roy.
[IV] ACTEURS.
88 pages : le texte de la pièce, précédé d’un rappel du titre en haut de la première page.
Bibliothèque Nationale de France : RES-YF-554. Recueil de 5 pièces éditées chez Toussainct Quinet.
Établissement du texte §
En règle générale nous avons conservé l’orthographe de l’édition originale, à quelques réserves près :
– nous avons modernisé les « » en « s ».
– nous avons modernisé les « » en « ss ».
– nous avons distingué « i » et « u » voyelles de « j » et « v »
consonnes, conformément à l’usage moderne.
– nous avons décomposé les voyelles nasales surmontées d’un
tilde en un groupe voyelle-consonne.
– nous avons corrigé quelques erreurs manifestes (cf. liste de
rectification ci-dessous).
– nous avons respecté la ponctuation d’origine, sauf lorsqu’elle nous paraissait évidemment erronée (cf. liste des rectifications).
Corrections §
Nous avons apporté les modifications suivantes au texte :
Page des acteurs, Alcire : d’Annemarck Dannemarck
v. 28 : A-elle A-t-elle
v. 31 : rarerez raretez
v. 110 : Romains Romans
v. 125 : Et les Et des
p. 14 de l’originale : Lisanos Lisanor
v. 285 : Quelles Qu’elle, à a
p. 18 de l’originale : didascalie v. 293 Lisidas paroist
v. 313 et 319 : n’aist naist
v. 394 : charme charmé
v. 398 : gens sens
v. 406 : Et A
v. 467 : causés causez
v. 564 : t’on ton
p. 36 de l’originale : Celine Lisanor
v. 650 : a punis punis
didascalie v. 810 : Lisanor parest Lisanor paraist
v. 752 : nuit nui
v. 753 : destein destin
v. 793 : rival rivale
v. 894 : deffenderay deffendray
v. 1028 : ennu ennuy
entre v. 1033 et 1034 : Agante
v. 1078 : contraite contrainte
v. 1113 : n un
v. 1126 : Se Si
didascalie dans originale v. 1129 v. 1126
v. 1165 : dans didascalie manquait le mot : « estoit »
p. 69 de l’originale entre v. 1178 et 1179 réplique de Caliste répétée en trop
v. 1272 : L’a La
v. 1430 : hureux heureux
Nous avons également rectifié la ponctuation dans les vers
suivants :
[,.] – vers 323, 553, 686, 821, 949, 973, 1121, 1155, 1164, 1205
[,] – vers 286
[.,] – vers 960, 1223
[ ; .] – vers 183, 600
[.] – vers 377, 439
[ ?] – vers 768
[ ? !] – vers 916
[ ? ] – vers 967
Dans notre texte les astérisques renvoient le lecteur au lexique ; les chiffres et lettres entre […] indiquent les pages et cahiers de l’originale. Dans les notes de bas de page les lettres entre (…) indiquent le dictionnaire d’où est tiré la définition du mot qui est traité à cette endroit car il n’y a qu’une occurrence dans le texte ; la correspondance entre les lettres et les dictionnaires est notée dans le lexique.
Comparaisons des différents exemplaires de notre pièce §
Exemplaire de la Bibliothèque de l’Arsenal : 4 BL 3487, même achevé d’imprimer du 13 Février 1637, on y remarque un certain nombre de variantes, essentiellement de ponctuation et d’orthographe, dont voici la liste :
v. 118 : [,.]
p. 14 : Lisanos Lisanor
v. 285 : àa
v. 286 : separeseparé
v. 293 : en didascalie devant, Lisidas paroist
v. 295 : [, !]
v. 296, à l’hémistiche : [,]
v. 296, en fin de vers : [. !]
v. 297, à l’acmé : [,]
v. 305 : [, :]
v. 306, à l’hémistiche : [,]
v. 312 : [ ; !]
v. 319 : fuis fuit
v. 319 : [. ?]
v. 323 : [,.]
v. 364 : [. !]
v. 377 : [.,]
v. 383 : [,.]
v. 394 : charme charmé
v. 398 : gens yeux
v. 399, à l’hémistiche : [,]
v. 402, à l’hémistiche : [,]
v. 403 : [,.]
v. 452 : [ ! ;]
v. 454 : [ ! .]
v. 455 : [ ! ;]
v. 458 : [ ! ,]
v. 465, à l’acmé : [ ! ]
v. 466 : [ ? ;]
v. 471 : [ ? ,]
v. 472, après « pas » : [,]
v. 472 : [, ]
v. 474, à l’hémistiche : [, ]
v. 478 : [. ]
v. 479 : [, ]
v. 487 : [ ! ,]
v. 488 : [ ! ,]
v. 489 : [ ! ,]
v. 490 : [ ! .]
v. 492 : [ ! .]
v. 494 : [ ? ,]
v. 525 : [, ]
v. 527 : [. :]
v.533 : [.,]
v.534 : [, ]
v. 536 : [.,]
v. 538 : [ ? ;]
v. 541 : à a
v. 543, à l’acmé : [ ! :]
v. 544 : [ ? ,]
v. 546, à l’hémistiche : [, ]
v. 549 : à a ; [ ! ]
v 550 : [ ! ,]
v.551 : [.,]
v. 552 : [. ]
v. 1027 : ennu ennuy
v. 1072 : [ ! ]
p. 69 au dessus du v. 1176 les plombs de « à C » ne sont pas alignés.
Exemplaire de la Bibliothèque de l’Arsenal : RF 5496, même achevé d’imprimer, 1637 :
On y remarque les même variantes que dans l’exemplaire 4 BL 3487 sauf pour le vers 118, où la ponctuation est la même que dans notre exemplaire, la p. 14 où Lisanos est corrigé en Lisanor et la p. 69 où les plombs sont à leur place.
Exemplaire de la Bibliothèque de l’Arsenal : GD 40706, même achevé d’imprimer, 1637. Cet exemplaire est identique au nôtre, à l’exception de la page 69 où l’erreur est corrigée : les vers 1181 et 1182 ne sont pas répétés après le vers 1177.
Exemplaire de la Bibliothèque de la Sorbonne : RRA8 = 407, même achevé d’imprimer, 1637.
Extraict du Privilège du Roy : après « exposant » : [ ;,]
p. 14 : Lisanos Lisanor
Exemplaire de la Bibliothèque Mazarine : 10 918 (2).
p. 14 : Lisanos Lisanor
La deuxième édition :
La comparaison des différents exemplaires de l’édition de 1640 révèle qu’il s’agit en réalité d’un nouvel habillage de l’édition de 1637. Les seules différences portent sur le cahier A, le nombre de page est identique et quoique le titre soit Les Frères rivaux, on peut lire en entête : « Celine, ou, » sur toutes les pages paires.
Exemplaire de la Bibliothèque de l’Arsenal : GD 468, de 1640. Le privilège et l’achevé d’imprimer sont absents. On note des variantes sur la page de titre :
LES / FRERES / RIVAUX / TRAGI-COMEDIE / blason / A Paris, / Chez TOUSSAINCT QUINET, au / Palais, dans la petite salle, sous la / montée de la Cour des Aydes / filet / M.DC.XL
Page des acteurs : le motif de la frise varie, la ligne vierge entre Lisanor et Celine est absente.
CELINE, Fille du Duc de Moscovie amoureuse / de Lisanor. CELINE. Fille du Duc de Moscovie / Amoureuse de Lisanor.
L’accolade qui relie Thersandre et Lisidas ainsi que celle reliant Agante et Caliste sont inversées.
LE ROY DE DANNEMARCK LE ROY DE DANNEMARK
CHRISANTE, Ambassadeur du Duc de Moscovie. CHRISANTE, Ambassadeur du Duc de / Moscovie.
CLARIN, Vieux Berger Nourricier de Lisanor. CLARIN, Vieux Berger Nourricier de / Lisanor.
p I : La frise et le titre varient : CELINE, / OU, / LES FRERES / RIVAUX / LES FRERES / RIVAUX /
ACTE PREMIER ACTE I
v. 1 : violent violẽt
v. 2 : apprẽdre ta bõne apprendre ta bonne
Sur tout l’exemplaire on retrouve tout de même en entête : « Celine, ou, ».
v. 9 : [, :]
v. 12 : [, :]
v. 13, à l’acmé : [,.]
p. 3 à 6 l’entête est coupée.
p. 14 Lisanos Lisanor
v. 244 didascalie Il sort mal coupée.
v. 285 au vers 496 les variantes sont identiques à celle de l’exemplaire 4 BL 3487.
Exemplaire de la Bibliothèque Nationale de France : RES-YF-2139, 1640.
Les pages de titre et d’acteurs, cahier [A] sont identiques à celles de l’exemplaire GD-468.
p. 14 : Lisanos reste Lisanos.
v. 285 à 406 : les corrections sont les mêmes que dans l’exemplaire 4 BL 3487.
p. 69 la correction est identique à celle de l’exemplaire GD 40706.
Exemplaire de la Bibliothèque Nationale de France : RES-P-YF-487(2), 1640.
Les pages de titre et d’acteurs, cahier [A] sont les mêmes que dans l’exemplaire GD-468.
v. 213 à 451 : les corrections sont les mêmes que dans l’exemplaire 4 BL 3487.
Exemplaire de la Bibliothèque Nationale de France : RES-YF-235, 1640. Identique à celui de GD 468. Sauf pour variantes de la page 69 qui sont corrigée comme dans l’exemplaire GD 40706.
Exemplaire de la Bibliothèque Nationale de France : RES-YF-295, 1640. Identique à l’exemplaire RES-P-YF-487(2).
Il existe un autre exemplaire de notre pièce datant de 1637 à la Médiathèque Jean Levy de Lille (code et fond 42 556) que nous n’avons pas consulté. Ainsi que deux exemplaires datant de 1640, l’un à la Bibliothèque municipale de Rouen (BM : 0.588), l’autre à la Bibliothèque du British Museum à Londres (BM : 85. a. 33.(4)) que nous n’avons pas consulté non plus.
Il est difficile d’établir une chronologie des différents exemplaires comme le révèle cette vue d’ensemble des différentes versions :
Exemplaires | Cahier A | B | C | D | E | F | G | H | I | K | L |
1637 | |||||||||||
RES-YF-554 | X | X | X | X | X | X | X | X | X | X | X |
4 BL 3487 | Y | Y | Y | Y | X | X | X | Y | Y | X | X |
RF 5496 | Y (sauf v. 118=X) | Y | Y | Y | X | X | X | Y | X | X | X |
GD 40 706 | X | X | X | X | X | X | X | X | O | X | X |
RRA8=40713 | X mais Lisanos=Lisanor | X | X | X | X | X | X | X | X | X | X |
10 918 (2) | X mais Lisanos=Lisanor | X | X | X | X | X | X | X | X | X | X |
1640 | |||||||||||
GD 468 | Z | X | Y | X | X | X | X | X | X | X | X |
RES-YF-2139 | Z mais Lisanos | X | Y | X | X | X | X | X | O | X | X |
RES-P-YF-487 (2) | Z | X | Y | X | X | X | X | X | X | X | X |
RES-YF-235 | Z | X | Y | X | X | X | X | X | O | X | X |
RES-YF-295 | Z | X | Y | X | X | X | X | X | X | X | X |
Légende :
X : notre exemplaire ou identique.
Y : version différente 1
O : version différente 2
Z : version différente 3
CELINE,
OU,
LES FRERES RIVAUX. §
Extraict du Privilege du Roy. §
Louis par la grace de Dieu Roy de France et de Navarre, à nos amez et feaux Conseillers les gens tenans nos Cours de Parlement, Maistre des Requestes ordinaires de nostre Hostel, Baillifs, Seneschaux, Prevosts, leurs Lieutenans ; et autres nos justiciers, et Officiers qu’il appartiendra, salut. Nostre bien amé Toussainct Quinet marchand Libraire, nous a fait remonstrer qu’il desiroit imprimer un livre, intitulé, Céline, ou les Freres Rivaux, ce qu’il ne peut faire sans avoir sur ce nos Lettres humblement requerant icelles : A ces causes, desirant favorablement traicter ledit exposant, Nous luy avons permis et permettons par ces presentes de faire imprimer, vendre et debiter lesdits livres en tous les lieux et terres de nostre obeyssance, par tels Imprimeurs, en telles marges et caracteres, et autant de fois qu’il voudra durant le temps et espace de neuf ans entiers et accomplis, à compter du jour qu’il sera achevé d’imprimer. Faisant deffences à tous Imprimeurs, Libraires et autres de quelques condition qu’ils soient d’imprimer, vendre ny distribuer ledit livre sans le consentement de l’exposant, ou de ceux qui auront droit de luy en vertu des presentes, ny mesme d’en prendre le titre ou les contrefaire en telles sortes et maniere que ce soit soubs couleur de fauce marge ou autre déguisement, sur peine aux contrevenans de trois mil livres d’amende, appliquable un tiers à nous, un tiers à l’Hostel-Dieu de Paris, et l’autre tiers à l’exposant ; de confiscation des exemplaires contrefaits, et de tous les despens dommages et interests, ainsi qu’il est plus au long contenu à l’original du present Privilege. Donné à Paris le vingt-septiesme jour de Janvier, l’an de grace mil six cents trente sept. Et de nostre regne le vingt-septiesme. Par le Roy en son Conseil, Demonceaux. Et sellé du grand seau de cire jaune.
Achevé d’imprimer pour la premiere fois le 13. Fevrier 1637.
Les exemplaires ont esté fournis.
ACTEURS14 §
- LISANOR, Fils du Roy de Dannemarck.
- CELINE, Fille du Duc de Moscovie amoureuse de Lisanor.
- THERSANDRE,
- LISIDAS, Fils du Duc de Moscovie.
- AGANTE,
- CALISTE, Filles du Roy de Dannemarck.
- LE ROY DE DANNEMARCK.
- ALCIRE, Gentilhomme chez le Roy de Dannemarck.
- CHRISANTE, Ambassadeur du Duc de Moscovie.
- CLARIN, Vieux Berger Nourricier de Lisanor.
ACTE PREMIER. §
SCENE PREMIERE. §
AGANTE dans son cabinet.
CELINE.
AGANTE.
CELINE.
AGANTE.
CELINE.
[p. 4]AGANTE.
CELINE tout bas.
SCENE DEUXIESME. §
THERSANDRE.
ALCIRE.
LISIDAS.
Ce combat est l’ALCIRE.
THERSANDRE.
ALCIRE.
LISIDAS.
ALCIRE.
THERSANDRE.
ALCIRE.
LISIDAS.
THERSANDRE.
LISIDAS.
THERSANDRE.
LISIDAS.
THERSANDRE.
LISIDAS.
SCENE TROISIESME. §
LISANOR.
CELINE.
CELINE.
LISANOR.
CELINE.
LISANOR.
CELINE.
LISANOR.
CELINE.
LISANOR.
CELINE.
LISANOR.
CELINE.
[p. 15]LISANOR.
CELINE.
Fin du premier Acte.
ACTE II §
SCENE PREMIERE. §
THERSANDRE seul.
LISIDAS.
THERSANDRE.
LISIDAS.
THERSANDRE.
LISIDAS.
THERSANDRE.
LISIDAS.
THERSANDRE tout bas.
LISIDAS.
THERSANDRE.
LISIDAS.
THERSANDRE tout bas.
LISIDAS.
THERSANDRE.
LISIDAS.
[p. 22]THERSANDRE.
LISIDAS.
THERSANDRE tout bas.
LISIDAS.
THERSANDRE.
LISIDAS.
THERSANDRE.
SCENE DEUXIESME. §
AGANTE.
[p. 26]AGANTE.
CALISTE.
AGANTE.
AGANTE.
CALISTE, tout bas.
AGANTE, tout bas.
O Dieux ! il a quelquesCALISTE.
AGANTE.
CALISTE.
AGANTE.
AGANTE.
[p. 30]CALISTE.
AGANTE.
CALISTE.
AGANTE.
AGANTE.
CALISTE.
AGANTE.
CALISTE.
AGANTE.
AGANTE.
Fin du 2ème. Acte.
ACTE III. §
SCENE PREMIERE. §
CELINE, seule.
[p. 33-E]SCENE DEUXIESME. §
LISANOR.
CELINE.
[p. 35]LISANOR.
CELINE.
LISANOR.
[p. 36]CELINE.
SCENE TROISIESME. §
LISIDAS.
CELINE.
LISIDAS.
CELINE.
LISIDAS.
THERSANDRE tout bas.
CELINE, appercevant Thersandre.
LISIDAS.
THERSANDRE.
LISIDAS.
THERSANDRE.
SCENE QUATRIESME. §
CLARIN, seul.
Fin du 3 ème. Acte.
ACTE IV. §
SCENE PREMIERE. §
AGANTE.
CALISTE.
AGANTE.
[p. 44]CALISTE.
AGANTE.
CALISTE.
AGANTE.
CALISTE.
AGANTE.
CALISTE.
AGANTE.
SCENE DEUXIESME. §
LISANOR.
AGANTE.
LISANOR.
AGANTE.
LISANOR.
AGANTE.
LISANOR.
LISANOR.
AGANTE.
LISANOR.
AGANTE.
LISANOR.
AGANTE.
LISANOR.
AGANTE.
LISANOR.
AGANTE.
LISANOR.
AGANTE.
LISANOR.
AGANTE.
LISANOR.
AGANTE.
LISANOR.
AGANTE.
AGANTE.
LISANOR.
AGANTE.
LISANOR.
AGANTE.
SCENE TROISIESME. §
AGANTE.
[p. 55]LISANOR, tout bas.
AGANTE.
LISANOR, sort.
CALISTE.
AGANTE.
CALISTE.
AGANTE.
CALISTE.
AGANTE.
CALISTE.
AGANTE.
AGANTE.
CALISTE.
AGANTE lit la lettre de Caliste.
SCENE QUATRIESME. §
CELINE.
SCENE CINQUIESME. §
AGANTE.
CELINE.
[AGANTE.]
CELINE.
AGANTE.
CELINE.
ACTE V. §
SCENE PREMIERE. §
LISANOR, seul.
[p. 62]SCENE DEUXIESME. §
CELINE.
SCENE TROISIESME. §
THERSANDRE.
LISANOR.
THERSANDRE.
LISANOR.
THERSANDRE.
LISANOR.
THERSANDRE, parlant à Celine.
CELINE.
SCENE QUATRIESME. §
CELINE, voyant venir Lisidas,
LISIDAS.
THERSANDRE.
LISIDAS.
THERSANDRE.
[p. 67]CELINE.
THERSANDRE.
CELINE.
THERSANDRE.
LISANOR.
LISIDAS.
CELINE.
SCENE CINQUIESME. §
CELINE.
AGANTE.
CALISTE.
AGANTE.
CALISTE.
AGANTE, à Celine apres avoir veu. son nom au bas de sa lettre.
CALISTE, à Agante.
AGANTE, à Celine.
CALISTE, à Agante.
AGANTE, à Celine.
CALISTE, à Agante.
CELINE.
CALISTE.
CELINE.
AGANTE.
SCENE SIXIESME. §
LE ROY.
[p. 71]THERSANDRE.
LE ROY.
CHRISANTE.
[p. 72]LE ROY, parlant aux deux Princes.
CELINE, considerant Chrisante.
CHRISANTE.
CELINE.
CHRISANTE.
LE ROY.
CHRISANTE.
CELINE.
CHRISANTE.
LE ROY.
LISANOR.
CHRISANTE.
THERSANDRE.
LISIDAS.
AGANTE.
CALISTE.
CELINE.
THERSANDRE.
[p. 78]LE ROY.
AGANTE.
LE ROY.
SCENE SEPTIESME. §
LE PREVOST.
LE ROY.
CLARIN.
LISANOR, reconnoissant Clarin.
CLARIN.
[p. 80]LE ROY.
CLARIN.
LE ROY.
CLARIN.
LE ROY.
CLARIN.
LE ROY.
LISANOR.
LE ROY.
LISANOR.
AGANTE.
CALISTE.
OLE ROY.
CLARIN.
LISANOR.
AGANTE.
LISANOR.
CALISTE.
CALISTE.
LISANOR.
CELINE.
LE ROY.
THERSANDRE.
LE ROY.
AGANTE.
LE ROY.
LISIDAS.
THERSANDRE à Lisanor.
LISANOR.
CELINE.
LISANOR.
CELINE.
LISANOR.
LE ROY.
FIN.
Lexique §
Dictionnaire de l’Académie française, Paris, Loignard, 1694 : (A)Furetière A., Dictionnaire universel, La Haye et Rotterdam, A. et R. Leers, 1690, 3 vol. [réed.], réimpr., Paris, SNL-Robert, 1978 : (F)Richelet F., Dictionnaire français, Genève, Widerhold, 1680, 2 vol. : (R)Sancier-Château A., Introduction à la langue du XVIIe siècle. I. Vocabulaire, Paris, Nathan, 1993 : (S)Dictionnaire historique de la langue française, Paris, Robert, 1995 : (DHLF)Dubois J., Lagane R., Lerond A., Dictionnaire du français du XVIIe siècle, nouv. éd. Larousse, 1992 : (D)