SCÈNE PREMIÈRE. Valérie, Julie. §
JULIE.
Vous vous cachez, Madame, et vous fuyez mes soins ;
Mes yeux sont-ils ici de profanes témoins ?
Troublent-ils la douceur de votre solitude ?
Parlez : c’est à Julie un supplice trop rude
5 D’adorer Valérie, et de voir chaque jour,
Que fuyant les plaisirs d’une superbe Cour,
Elle vient en ces lieux ensevelir ses charmes,
Payer à ses chagrins un tribut de ses larmes ;
Chagrins d’autant plus vifs, que toujours renfermés...
JULIE.
Hélas ! Quoi, mes respects tant de fois confirmés,
Quoi, Mon attachement et si pur et si tendre,
N’obtiendront point de vous ce que j’ose prétendre ?
VALÉRIE.
Laisse, laisse, Julie ; et ne demande plus
L’aveu de ses chagrins dans mon cœur retenu ;
15 Qu’il les dévore seul.
JULIE.
Qu’il les dévore seul. Quels malheurs les font naître ?
Et pourquoi craignez-vous de les faire paraître ?
Plus j’en cherche la cause, et moins je l’entrevois,
Des destins, votre rang semble braver la Loi.
Fille d’un Empereur que l’Univers révère,
20 Seul objet de l’amour de cet auguste père ;
Digne prix des lauriers que le fier Adrien
Moissonne à pleines mains pour Dioclétien.
Sûre que dès longtemps ce vainqueur vous adore,
Aux douleurs, votre sein peut-il s’ouvrir encore ?
VALÉRIE.
25 Hé, quel est le mortel parfaitement heureux ?
JULIE.
J’entends. Un tendre amour tyrannise vos vœux.
L’absence d’Adrien faisait couler vos larmes ;
Mais ce jour vous promet la fin de vos alarmes :
Rome attend dans ses murs ce Guerrier redouté,
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30 Triomphant du Persan jusqu’alors indompté.
VALÉRIE.
Par son retour ici, cesserai-je de craindre ?
JULIE.
Eh, quel est donc le mal qui vous force à vous plaindre ?
Madame, au nom des Dieux, confiez à ma foi
Les secrètes raisons du trouble où je vous vois.
35 Vous n’appréhendez pas que mon cœur vous trahisse ?
VALÉRIE.
À ta fidélité je rends plus de justice.
Va, tu m’applaudiras de n’avoir point parlé.
Crois que par mon secret, à ces yeux révélé,
Je pourrais te charger de toute ma disgrâce,
40 Et porter dans ton sein le coup qui me menace.
JULIE.
Et voilà ce qu’attend ma jalouse amitié.
Ne m’accablez donc plus d’une fausse pitié.
Je vois ces vains égards comme un indigne outrage.
Enfin de votre sort souffrez-moi le partage.
45 Je vous suis dévouée, et mon sang vous est dû :
Heureuse quand pour vous il sera répandu.
VALÉRIE.
Tu le veux ; c’en est fait, je cède à ta prière.
Puisse le Ciel sur toi répandre sa lumière !
Puisse-t-il, t’animant d’une sainte fureur,
50 T’inspirer le dessein de braver l’Empereur !
Puisse enfin, dans ce jour, mon amitié fidèle,
Pour faire ton bonheur, te rendre criminelle !
JULIE.
De quel saisissement je me sens frissonner !
VALÉRIE.
Écoute ; il n’est pas temps encor de t’étonner.
55 Attends à me montrer ce trouble inévitable,
Que ma bouche ait trahi mon secret redoutable,
Apprends donc, que ce Peuple ennemi de vos Dieux,
Que l’enfer conjuré persécute en tous lieux ;
Ce Peuple dont le nom embrase de colère
60 Le cœur de mon amant, et le cœur de mon père ;
Ce Peuple dont je vois par défi chères mains
Renverser la fortune et trancher les destins ;
Ces Chrétiens, en un mot, accablés de misère...
VALÉRIE.
Ô Dieux ! Ces Chrétiens sont mes amis et mes frères.
VALÉRIE.
Se peut-il... Je ne sais, dans le trouble où je suis,
Ni vaincre mes terreurs, ni calmer mes ennuis.
Tout m’afflige. Je crains, et d’importuns présages
Remplissent mon esprit des plus sombres images.
JULIE.
Les Chrétiens vous sont chers ! Le croirai-je ?
VALÉRIE.
Les Chrétiens vous sont chers ! Le croirai-je ? Mon cœur
70 Gémit de leur tristesse, et sent tout leur malheur.
Je connais leur vrai Dieu, je le sers ; et j’abhorre
Tous ces frivoles Dieux que l’ignorance adore.
JULIE.
Par quel funeste sort, hélas ! Dans quels moments
Avez-vous des Chrétiens sucé les sentiments ?
VALÉRIE.
75 Dans la nuit de l’erreur, par mon père nourrie,
Contre ce Peuple saint j’approuvais sa furie.
Tranquille j’entendais les tourments rigoureux
Destinés par nos lois à ces cœurs malheureux ;
Quand voyant la vertu de ces tristes victimes,
80 Je voulus pénétrer leur culte et leurs maximes.
Sans doute leur Dieu seul, auteur de ce dessein,
Se plut à le verser dans mon profane sein.
Je cherchai quelque temps un Ministre fidèle
Dont l’ardeur secondât mon audace nouvelle.
85 Sur Sébaste à la fin mon choix fut arrête.
VALÉRIE.
Sébaste ! Et par ses soins tout fut exécuté.
JULIE.
Quoi, malgré les faveurs dont son maître l’accable,
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Il connaît, il soutient ce peuple détestable ;
A-t-il si peu d’égard aux lois de l’Empereur ?
VALÉRIE.
90 Ah ! Son cœur tout Chrétien les voit avec horreur.
Je savais ses projets, sa foi m’était connue :
Cependant contre moi son âme prévenue,
Craignant pour ses amis de nouveaux déplaisirs,
Reculait chaque jour l’effet de mes désirs.
95 Enfin il se rendit à la persévérance,
Et confessant tout haut sa secrète croyance :
Venez, dit-il, venez, contenter vos souhaits,
Venez voir des Chrétiens l’innocence et la paix.
Suivez-moi : mais tremblez à l’approche terrible
100 Des mystères profonds de l’Église visible,
Que son Chef, près pour nous à se sacrifier,
Sur la pierre immuable eut soin d’édifier.
Et me guidant alors dans la nuit la plus sombre,
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Il conduisit mes pas, à la faveur de l’ombre,
105 En des lieux inconnus, où fier de son appui,
Tout ce peuple proscrit s’assemblait avec lui.
J’entrai. Ciel ! Quels objets s’offrirent à ma vue !
Tout mon sang s’alluma d’une ardeur imprévue.
Je les vis, ces Chrétiens, remplissant tour à tour
110 Les devoirs inspirés par le céleste amour.
Aucun ne se plaignait de sa propre misère,
Et ne s’intéressait qu’aux malheurs de son frère.
L’un, par de saints discours, préparait à la mort
Un ami dont les maux allaient finir le sort ;
115 Un autre, pour couvrir un vieillard vénérable,
S’exposait aux rigueurs de l’air impitoyable.
Les pères au martyre encourageaient leurs fils,
Prêts à voir leurs trépas sans en être attendris.
Des corps déjà mourants, et couverts de blessures,
120 Se sentaient soulagés par les mains les plus pures.
Des vierges à l’envi, par ces actes pieux,
Prudentes s’assuraient l’héritage des Cieux ;
Et répétant des chants inventés par les Anges ;
De l’Éternel sans cesse entonnaient des louanges.
125 Enfin dans ce séjour, obscur, mais fortuné,
Ce peuple devant Dieu fut longtemps prosterné ;
Et tâchant par ses pleurs d’arrêter son tonnerre,
Le priait d’oublier les crimes de la terre,
D’assurer de mon père et les jours et le rang,
130 Et de lui pardonner en faveur de leur sang.
JULIE.
Ah ! Que m’apprenez-vous ?
VALÉRIE.
Ah ! Que m’apprenez-vous ? Le jour venait à peine,
Quand, pour se dérober à sa clarté prochaine,
Par l’ordre de leur Chef, l’un de l’autre écartés,
Je les vis à l’instant partir de tous côtés,
135 Satisfaits, et remplis de la tranquille joie
Que la grâce du Ciel sur les âmes déploie.
Pleine de ces objets, j’arrivai dans ces lieux.
Je n’eus plus ni respect, ni foi pour tous vos Dieux.
Je brûlai de la soif de cette eau salutaire
140 Qui répare la mort de notre premier Père.
À Sébaste aussitôt j’osai la demander ;
Son zèle fraternel me la fit accorder.
La grâce triomphante éclaira la Nature ;
La sainte vérité dévoila l’imposture :
145 Je pleurai mon erreur, je détestai l’encens
Que j’avais fait brûler pour les dieux impuissants.
Aux lois du Dieu vivant pour jamais asservie,
Je lui donnai mon cœur, mes désirs et ma vie.
JULIE.
Je ne le puis celer, un si grand changement
150 Fait céder mes esprits à mon étonnement.
C’est peu d’abandonner nos dieux et votre père :
Je le vois, votre amant commence à vous déplaire.
Vous ne ressentez plus ces tendres mouvements
Qui venaient à vos yeux l’offrir à tous moments,
155 Qui vous faisaient pour lui souhaiter la victoire,
Et gémir des périls que lui coûte sa gloire.
De contraires pensées votre cœur prévenu,
N’aspire...
VALÉRIE.
N’aspire... Que ce cœur, hélas ! C’est peu connu !
De ce culte nouveau la constance et le zèle
160 N’étouffent point en moi la tendresse fidèle
Qu’à ce jeune vainqueur je promis tant de fois :
Il le rend chaque jour plus digne de mon choix ;
Il m’est toujours plus cher ; et toute mon envie
Se borne à lui donner la foi que j’ai suivie,
165 À le faire jouir des plus solides biens,
À l’attacher à moi par de si forts liens,
Que du fort ennemi les disgrâces communes
Ne puissent un instant séparer nos fortunes,
Et que même la mort nous assurant la paix,
170 D’un amour tout divin nous unisse à jamais.
VALÉRIE.
Comment... L’Empereur vient. Que cette confidence
Se perde dans la nuit d’un éternel silence.
SCÈNE II. Diocletien, Valérie, Julie, Marcellin, Sergeste, Gardes. §
DIOCLÉTIEN.
Ma fille, Marcellin arrivé dans ces lieux,
Vient de me confirmer les succès glorieux
175 Qu’avait jusqu’en ces murs porte la Renommée :
Les Persans fugitifs, sans secours, sans armée,
Aux pieds de leur vainqueur oubliant leur fierté,
Ont trouvé leur salut dans sa seule bonté.
Après avoir pour moi reçu leur humble hommage,
180 Il vient chercher ici le prix de son courage.
C’est vous, c’est votre hymen qui doit de ce héros
Remplir l’ambition, et payer les travaux.
Avant que le Soleil précipité dans l’onde,
Fasse briller les feux aux yeux d’un autre monde,
185 Cet illustre Guerrier paraîtra devant vous,
Brûlant d’être honoré du nom de votre époux ;
Ces lauriers immortels qui couronnent sa tête,
Sont stériles pour lui sans une autre conquête ;
Il l’espère, ma fille ; et croit voir en ce jour,
190 Après tant de soupirs, triompher son amour.
VALÉRIE.
Je cède sans contrainte à cet amour sincère.
Mon choix suivit de près les ordres de mon père :
Rien ne peut déformais arrêter ce vainqueur,
S’il ne lui reste plus à vaincre que mon cœur.
DIOCLÉTIEN.
195 Puisque de son retour l’heureux moment s’avance,
Signalons à la fois mon zèle et ma puissance ;
Et réglant les apprêts d’un hymen glorieux,
Hâtons-nous d’accomplir un vœu fait à nos dieux.
Lorsqu’Adrien partit ; je m’en souviens sans cesse,
200 Il exigea de moi cette sainte promesse :
Nous jurâmes tous deux, aux pieds des Immortels,
D’offrir, au lieu d’encens, du sang sur leurs autels ;
De livrer aux Chrétiens une éternelle guerre,
D’en abolir la race, et d’en purger la Terre.
205 Tel fut ce grand serment ; et d’un commun accord,
Le jour de votre hymen fut marqué par leur mort.
Il nous luit ; et les dieux vont recevoir l’offrande,
Que de nos cœurs fournis leur justice demande.
VALÉRIE.
Eh, pourrez-vous compter parmi vos jours heureux,
210 Ce jour, le dernier jour d’un peuple si nombreux ;
Où Rome confondant la joie et la tristesse,
Mêlant des cris d’horreur à des chants d’allégresse,
Voyant de mon hymen consacrer les liens,
Verra sous le couteau tomber ses citoyens ?
215 Ah, Seigneur ! Reculez ce tragique spectacle.
DIOCLÉTIEN.
Princesse, à ce dessein n’opposez plus d’obstacle.
Pressez, pressez plutôt et mon bras et mon cœur.
Redoublez les transports d’une sainte rigueur.
Irritez, s’il se peut, mes fureurs légitimes.
220 C’est assez immolé de muettes victimes.
Pour attirer sur nous l’œil propice des Dieux,
Le sang des animaux, est trop peu précieux.
Allons, sacrifions une race insensée ;
Que de tout l’Univers elle soit effacée.
225 Courons ; et qu’il ne reste aux siècles à venir,
De ce culte odieux, qu’un honteux souvenir.
Que je le haï, ce Peuple ; et que je porte envie
À la tranquillité qui règne dans leur vie !
Leur constance surtout à remplir leur devoir,
230 Fait rougir mon orgueil de mon peu de pouvoir.
Perdons tout, sans égard ni de sexe, ni d’âge.
C’est à vous, Marcellin, de commencer l’ouvrage.
Cherchez tout ce que Rome enferme de Chrétiens.
Qu’ils gémissent courbés sous le poids des liens.
235 Que leur trépas s’apprête ; et qu’enfin leur supplice
Pour l’hymen d’Adrien serve de sacrifice.
Ne perdez point de temps. Vos soins, et votre foi
Recevront leur salaire et des Dieux, et de moi.
SCÈNE IV. Valérie, Sébaste, Julie. §
VALÉRIE.
Mais, Madame... Ah, Sébaste ! Un sacrilège zèle
Inspire à l’Empereur une fureur mortelle.
265 Les Chrétiens, c’en est fait, vont tomber sous ses coups.
SÉBASTE.
Madame, je le sais, j’en frémis comme vous.
De cet ordre inhumain la nouvelle semée,
Par ses exécuteurs vient d’être confirmée ;
Et j’ai couru d’abord vous chercher en ces lieux.
VALÉRIE.
270 Ah ! Fuyez l’Empereur, cachez-vous à ses yeux.
Mais quoi, ne sauriez-vous désarmer sa colère ?
Vous, que le Ciel chérit, et que sa grâce éclaire,
Vous, qui dans votre Foi dès longtemps confirmé,
Des feux de l’Esprit Saint devez être animé ;
275 Parlez, ne craignez rien, ma Julie est fidèle.
Elle a su nos secrets, et je vous réponds d’elle.
SÉBASTE.
Ah, Madame ! Est-il temps de prendre tous ces soins ?
Sébaste ne craint plus de perfides témoins ;
Et qui court à César déclarer sa croyance,
280 Peut à tout l’Univers en faire confidence.
VALÉRIE.
Ciel ! Vous allez vous-même...
SÉBASTE.
Ciel ! Vous allez vous-même... Oui, je vais lui parler ;
Il ne m’est plus permis de rien dissimuler.
Assez et trop longtemps le besoin de ma vie
M’a forcé de contraindre une si juste envie :
285 Mes amis à la Foi chaque jour appelés,
Me voyant auprès d’eux, se trouvaient consolés.
Ces soldats tous nouveaux dans la Sainte Milice,
En pouvaient de moi seul apprendre l’exercice.
Je leur devais mes soins, mes leçons, mes secours,
290 Et pour leur intérêt je prolongeais mes jours.
Mon pouvoir en ces lieux leur ménageait un temple ;
Mais, Madame, aujourd’hui je leur dois mon exemple.
On les cherche ; et déjà la plupart découverts
En attendant la mort languissent dans les fers.
295 Croiraient-ils ou mon zèle ou ma foi légitime
Si je n’en devenais la première victime ?
Que pourraient-ils penser de ces divines lois,
Que le Ciel si souvent leur dicta par ma voix ?
Voudraient-ils s’immoler pour leur Maître suprême,
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300 Si leur Chef refusait de s’immoler lui-même ?
J’y cours ; et je ne puis sans infidélité
Me dérober au coup qui leur est présenté.
VALÉRIE.
Allez donc ; à vos pas constamment attachée,
Je parlerai ; ma foi ne sera plus cachée.
305 Quel bonheur ! Vos raisons sont les mêmes pour moi.
Marchons.
SÉBASTE.
Marchons. Non, non, le Ciel vous fait une autre loi.
Ce n’est point vers la mort qu’il faut suivre ma trace,
C’est auprès des Chrétiens qu’il faut remplir ma place.
Ils ne mourront pas tous ; et le Maître des Cieux
310 Cachera sous son aile aux bourreaux furieux
Ceux qu’il voudra sauver de leur rage perfide ;
Et ceux qui tomberont sous le fer homicide,
Renaîtront de leur sang, vivront ; et leur tombeau,
D’un nombre encor plus grand deviendra le berceau.
315 Ces enfants par ma mort auront perdu leur père ;
Madame, c’est à vous de leur servir de mère.
Ici votre pouvoir est au-dessus du mien
Soyez le seul appui de tout le Nom Chrétien.
Conservez au Seigneur un peuple qui s’empresse
320 À le glorifier, à le prier sans cesse,
Et qui seul, au milieu de cent peuples divers,
Adore et craint le bras qui soutient l’Univers.
VALÉRIE.
Non, je ne puis, mon cœur renonce à tant de gloire.
Le trépas seul m’assure une entière victoire.
325 C’en est fait ; mes désirs y sont tous attachés.
Pourquoi m’enviez-vous le sort que vous cherchez ?
Pensez-vous qu’à l’aspect du plus cruel supplice,
Ce cœur ferme et brûlant ou tremble ou s’attendrisse ?
Jugez-en mieux.
SÉBASTE.
Jugez-en mieux. Je sais qu’un généreux transport
330 Vous excite à braver la plus affreuse mort :
Mais cette noble ardeur doit être retenue.
Votre heure, croyez-moi, n’est pas encor venue,
Obéissez. Le Ciel s’explique par ma voix.
C’est à lui de régler votre sort à son choix.
335 Honoré d’un emploi dont je me sens indigne,
Je le laisse ; et ma mort en vos mains le résigne.
Vivez. Du Tout-puissant défendez le troupeau.
Pour moi, que désormais tout appelle au tombeau,
J’y vole ; et répondant au Ciel qui m’y convie,
340 Je pleure les instants que j’ajoute à ma vie.
Adieu. Puisse mon sang fortifier la Foi
Des Chrétiens destinés à mourir avec moi !
Puisse le reste en vous rencontrer un asile !
Madame, et je mourrai satisfait et tranquille.
VALÉRIE.
345 Quoi ! Sébaste...