SCÈNE II. Idoménée, Sophronyme. §
IDOMÉNÉE.
Sophronyme, est-ce toi ?
SOPHRONYME.
Sophronyme, est-ce toi ? Que vois-je ? Idoménée !
5 Ah seigneur ! De quel bruit ont retenti ces lieux !
IDOMÉNÉE.
Eh quoi ! Tant de malheurs n’ont point lassé les dieux !
Depuis six mois entiers, une fureur commune
Agite tour à tour Jupiter et Neptune.
La foudre est l’astre seul qui nous luit dans les airs :
10 Neptune va bientôt nous couvrir de ses mers.
C’en est fait ! Tout périt ; la Crète désolée
Semble rentrer au sein de la terre ébranlée.
Chaque jour, entouré des plus tristes objets,
La mort jusqu’en mes bras moissonne mes sujets.
15 Jupiter, sur moi seul épuise ta vengeance !
N’afflige plus des lieux si chers à ton enfance !
Mes peuples malheureux n’espèrent plus qu’en toi :
Si j’ai pu t’offenser, ne tonne que sur moi.
Pour les seuls innocents allumes-tu la foudre ?
20 Sur son trône embrasé réduis le prince en poudre,
Épargne les sujets : pourquoi les frapper tous ?
Qui d’eux, ou de leur roi, mérite ton courroux ?
SOPHRONYME.
Quoi ! Toujours de nos maux vous croirez-vous coupable ?
N’armez point contre vous une main redoutable.
25 Le ciel, depuis longtemps déclaré contre nous,
Semble, dans sa fureur, ne ménager que vous.
Dans les maux redoublés dont la rigueur nous presse,
Votre seule pitié, seigneur, nous intéresse.
IDOMÉNÉE.
Les dieux voudraient en vain ne ménager que moi :
30 Eh ! Frapper tout son peuple, est-ce épargner un roi ?
Hélas ! Pour me remplir de douleurs et de craintes,
Pour accabler mon coeur des plus rudes atteintes,
Il suffirait des cris de tant d’infortunés,
Aux maux les plus cruels chaque jour condamnés :
35 Et c’est moi cependant, c’est leur roi sacrilège
Qui répand dans ces lieux l’horreur qui les assiège !
Je ne gémirais point sur leur destin affreux,
Si le ciel était juste autant que rigoureux.
Mais ce n’est pas le ciel, c’est moi qui les foudroie :
40 Juge de quels remords je dois être la proie.
Quels regrets, quand je vois mes peuples malheureux
Craindre pour moi les maux que j’attire sur eux ;
Prier que pour eux seuls le ciel inexorable
Porte loin de leur roi le coup qui les accable !
SOPHRONYME.
45 Quoi ! Seigneur, vous seriez l’auteur de tant de maux !
Et de vous seul la Crète attendrait son repos !
Quoi ! Des dieux irrités ce peuple la victime...
IDOMÉNÉE.
L’est moins de leur courroux, qu’il ne l’est de mon crime.
Cet aveu te surprend. à peine croirais-tu,
50 Sophronyme, à quel point j’ai manqué de vertu :
Mais telle est désormais ma triste destinée...
SOPHRONYME.
Quel crime a donc commis le sage Idoménée ?
1
Fils de Deucalion, petit-fils de Minos,
Vos vertus ont passé celles de ces héros :
55 Nous trouvions tout en vous, un roi, les dieux, un père,
Seigneur, par quel malheur, à vous-même contraire,
Avez-vous pu trahir des noms si glorieux ?
Qui fit donc succomber votre vertu ?
SOPHRONYME.
Les dieux. Quel forfait peut sur vous attirer leur colère ?
IDOMÉNÉE.
60 On n’est pas innocent lorsqu’on peut leur déplaire :
Les dieux sur mes pareils font gloire de leurs coups ;
D’illustres malheureux honorent leur courroux.
Entre le ciel et moi sois juge, Sophronyme :
Il prépara du moins s’il ne fit pas mon crime.
65 Par vingt rois dès longtemps vainement rassemblés
Les troyens à la fin se virent accablés ;
De leurs bords désolés tout pressait la retraite :
Ainsi, loin de nos grecs, je voguai vers la Crète.
Le prince Mérion, prompt à m’y devancer,
70 Sur mon trône peut-être aurait pu se placer,
Si mon fils n’eût dompté l’orgueil de ce rebelle.
À Samos, par tes soins, j’en reçus la nouvelle.
Je peindrais mal ici les transports de mon coeur
Lorsque j’appris d’un traître Idamante vainqueur :
75 La gloire de mon fils me causa plus de joie
Que ne firent jamais les dépouilles de Troie.
Après dix ans d’absence, empressé de revoir
Cet appui de mon trône, et mon unique espoir,
À regagner la Crète aussitôt je m’apprête,
80 Ignorant le péril qui menaçait ma tête.
Sans que je te rappelle un honteux souvenir,
Ni que de nos affronts je t’aille entretenir,
Tu sais de quels forfaits ma race s’est noircie.
Comme Pasiphaé, Phèdre au crime endurcie
85 Ne signale que trop et Minos et Vénus.
Tous nos malheurs enfin te sont assez connus.
Né de ce sang fatal à la déesse en proie,
J’avais encor sur moi la querelle de Troie :
Juge de la vengeance, à ce titre odieux.
90 Ce fut peu de sa haine, elle arma tous les dieux.
La Crète paraissait, tout flattait mon envie ;
Je distinguais déjà le port de Cydonie :
Mais le ciel ne m’offrait ces objets ravissants
Que pour rendre toujours mes désirs plus pressants.
95 Une effroyable nuit sur les eaux répandue
Déroba tout à coup ces objets à ma vue ;
La mort seule y parut... le vaste sein des mers
Nous entrouvrit trois fois la route des enfers.
Par des vents opposés les vagues ramassées,
100 De l’abîme profond jusques au ciel poussées,
Dans les airs embrasés agitaient mes vaisseaux,
Aussi près d’y périr qu’à fondre sous les eaux.
D’un déluge de feux l’onde comme allumée
Semblait rouler sur nous une mer enflammée ;
105 Et Neptune en courroux à tant de malheureux
N’offrait pour tout salut que des rochers affreux.
Que te dirai-je enfin ? Dans ce péril extrême,
Je tremblai, Sophronyme, et tremblai pour moi-même.
Pour apaiser les dieux je priai... je promis...
110 Non, je ne promis rien : dieux cruels, j’en frémis...
Neptune, l’instrument d’une indigne faiblesse,
S’empara de mon coeur, et dicta la promesse :
S’il n’en eût inspiré le barbare dessein,
Non, je n’aurais jamais promis de sang humain.
115 " sauve des malheureux si voisins du naufrage,
Dieu puissant, m’écriai-je, et rends-nous au rivage :
Le premier des sujets rencontrés par son roi
À Neptune immolé satisfera pour moi... "
Mon sacrilège voeu rendit le calme à l’onde :
120 Mais rien ne put le rendre à ma douleur profonde ;
Et, l’effroi succédant à mes premiers transports,
Je me sentis glacer en revoyant ces bords.
Je les trouvai déserts, tout avait fui l’orage :
Un seul homme alarmé parcourait le rivage ;
125 Il semblait de ses pleurs mouiller quelques débris :
J’en approche en tremblant... hélas ! C’était mon fils.
À ce récit fatal tu devines le reste.
Je demeurai sans force à cet objet funeste ;
Et mon malheureux fils eut le temps de voler
130 Dans les bras du cruel qui devait l’immoler.
SOPHRONYME.
Ai-je bien entendu ? Quelle horrible promesse !
Ah père infortuné !
IDOMÉNÉE.
Ah père infortuné ! Rebelle à ma tendresse,
Je fus près d’obéir : mais Idamante enfin
Mit mon âme au dessus des dieux et du destin ;
135 Je n’envisageai plus le voeu ni la tempête ;
Je baignai de mes pleurs une si chère tête.
Le ciel voulut en vain me rendre furieux ;
La nature à son tour fit taire tous les dieux.
Sophronyme, qui veut peut braver leur puissance ;
140 Mais ne peut pas qui veut éviter leur vengeance.
À peine de la Crète eus-je touché les bords,
Que je la vis remplir de mourants et de morts.
En vain j’adresse au ciel une plainte importune ;
J’ai trouvé tous les dieux du parti de Neptune.
SOPHRONYME.
145 Qu’espérez-vous des dieux en leur manquant de foi ?
IDOMÉNÉE.
Que du moins leur courroux n’accablera que moi ;
Que le ciel, fatigué d’une injuste vengeance,
Plus équitable enfin, punira qui l’offense ;
Que je ne verrai point la colère des dieux
150 S’immoler par mes mains un sang si précieux.
SOPHRONYME.
Seigneur, à ce dessein vous mettez un obstacle :
Pourquoi par Égésippe interroger l’oracle ?
Vos peuples, informés du sort de votre fils,
Voudront de leur salut que son sang soit le prix.
IDOMÉNÉE.
155 Que le ciel, que la Crète à l’envi le demandent,
N’attends point que mes mains à leur gré le répandent.
J’interroge les dieux ! Ce n’est pas sans frayeur :
L’oracle est trop écrit dans le fond de mon coeur.
J’interroge les dieux ! Que veux-tu que je fasse ?
160 Pouvais-je à mes sujets refuser cette grâce ?
Un peuple infortuné m’en presse par ses cris :
J’ai résisté longtemps, à la fin j’y souscris.
Tu vois trop à quel prix il faut le satisfaire.
Ne puis-je être son roi qu’en cessant d’être père ?
165 Mais pourquoi m’alarmer ? Les dieux pourraient parler...
Non, les dieux sur ce point n’ont rien à révéler.
Que le ciel parle ou non sur ce cruel mystère,
Ne puis-je pas forcer Égésippe à se taire ?
SOPHRONYME.
Il se tairait en vain : par le ciel irrité
170 Son silence, seigneur, sera-t-il imité ?
À se taire longtemps pourrez-vous le contraindre ?
Que je prévois de maux ! Que vous êtes à plaindre !
IDOMÉNÉE.
Tu me plains : mais, malgré ta sincère amitié,
Tu n’auras pas toujours cette même pitié,
175 Quand tu sauras les maux dont le destin m’accable,
Et que l’amour a part à mon sort déplorable...
Je vois, à ce nom seul, ta vertu s’alarmer ;
Et la mienne a longtemps craint de t’en informer.
Tu sais que Mérion, à mon retour d’Asie,
180 De son sang criminel paya sa perfidie :
Lorsque je refusais une victime aux dieux,
J’osai bien m’immoler ce prince ambitieux.
Qu’il m’en coûte ! Sa fille, en ces lieux amenée,
Érixène a comblé les maux d’Idoménée.
185 Croirais-tu que mon coeur, nourri dans les hasards,
N’a pu de deux beaux yeux soutenir les regards.
Et que j’adore enfin, trop facile et trop tendre,
Les restes de ce sang que je viens de répandre ?
SOPHRONYME.
Quoi ! Seigneur, vous aimez ! Et parmi tant de maux...
IDOMÉNÉE.
190 Cet amour dans mon coeur s’est formé dès Samos.
Mérion, incertain du succès de ses armes,
Y crut mettre sa fille à l’abri des alarmes.
Je la vis, je l’aimai ; conduite par Arcas,
Je la fis dans ces lieux amener sur mes pas.
195 Il semble qu’une fille à mes regards si chère
Devait me dérober la tête de son père ;
Mais Vénus attentive à se venger de moi,
Fit bientôt dans mon coeur céder l’amant au roi.
J’immolai Mérion, et ma naissante flamme
200 En vain en sa faveur combattit dans mon âme ;
Vénus, qui me gardait de sinistres amours,
De ce prince odieux me fit trancher les jours.
Que dis-je ? Dans le sang du père d’Érixène
J’espérais étouffer mon amour et ma haine :
205 Je m’abusais, mon coeur, par un triste retour,
Défait de son courroux, n’en eut que plus d’amour.
Si depuis mes malheurs je ne l’ai pas vu naître,
En dois-je moins rougir d’avoir pu le connaître ?
SOPHRONYME.
Menacé chaque jour du sort le plus affreux,
210 Nourrissez-vous, seigneur, un amour dangereux ?
IDOMÉNÉE.
Je ne le nourris point, puisque je le déteste :
C’était des dieux vengeurs le coup le plus funeste.
Que n’a point fait mon coeur pour affaiblir le trait !
SCÈNE III. Idoménée, Idamante, Sophronyme, Polyclète. §
IDOMÉNÉE, bas à Sphronyme.
Je vois mon fils : laissons cet entretien secret.
215 Je t’ai tout découvert, mon amour et mon crime :
Cache bien mon amour, encor mieux ma victime.
À Idamante.
Que cherchez-vous, mon fils, dans cette affreuse nuit ?
IDAMANTE
Longtemps épouvanté par un horrible bruit,
Tremblant pour des malheurs qui redoublent sans cesse,
220 Sans repos, toujours plein du trouble qui vous presse,
Alarmé pour des jours si chers, si précieux,
Je vous cherche... pourquoi détournez-vous les yeux ?
Seigneur, qu’ai-je donc fait ? Vous craignez ma présence !
Quel traitement, après une si longue absence !
IDOMÉNÉE.
225 Non, il n’est pas pour moi de spectacle plus doux,
Mon fils ; je ne sais rien de plus aimé que vous.
Mais je ne puis vous voir que mon coeur ne frémisse ;
Je crains le ciel vengeur, et qu’il ne me ravisse
Un bien...
IDAMANTE
Un bien... Ah ! Puisse-t-il, aux dépens de mes jours,
230 À des maux si cruels donner un prompt secours !
La mort du moins, seigneur, finirait mes alarmes.
Vous ne paraissez plus sans m’arracher des larmes ;
Triste, désespéré, vous cherchez à mourir :
Et vous m’aimez, seigneur ! Est-ce là me chérir ?
235 Le ciel en vain de vous écarte sa colère,
Vous vous faites des maux qu’il ne veut pas vous faire :
Il vous rend à mes pleurs quand je vous crois perdu ;
M’ôterez-vous, seigneur, le bien qu’il m’a rendu ?
IDOMÉNÉE.
Ah mon fils ! Nos malheurs ont lassé ma constance,
240 Et de fléchir les dieux je perds toute espérance,
Trop heureux si le ciel, secondant mes souhaits,
Me rejoignait bientôt à mes tristes sujets !
IDAMANTE
Pour eux, plus que le ciel, vous seriez inflexible,
Si vous leur prépariez un malheur si terrible.
245 Tous les dieux ne sont point contre vous ni contre eux,
Puisqu’il nous reste encore un roi si généreux :
Conservez-le, seigneur, et terminez nos craintes.
Peut-être que le ciel plus sensible à nos plaintes
Va s’expliquer bientôt, et, fléchi désormais...
IDOMÉNÉE.
250 Ah mon fils ! Puisse-t-il ne s’expliquer jamais !
Adieu.
SCÈNE V. Idamante, Érixène, Policlète, Ismène. §
IDAMANTE
En vain... Dans cette nuit, ciel ! Quel dessein l’amène ?
À Érixène.
Madame, quel bonheur ! Eussé-je cru devoir
270 À la fureur des dieux le plaisir de vous voir ?
ÉRIXÈNE
J’espérais, mais en vain, jouir de leur colère ;
J’ai cru que cette nuit allait venger mon père,
Et que le juste ciel, de sa mort irrité,
N’en verrait point le crime avec impunité.
275 D’un courroux légitime inutile espérance !
Avec trop de lenteur le ciel sert ma vengeance :
En vain pour vous punir il remplit tout d’horreurs,
Puisqu’il peut de mes maux épargner les auteurs.
IDAMANTE
J’ignore auprès des dieux ce qui nous rend coupables,
280 J’ignore quel forfait les rend inexorables ;
Mais je sais que le sang qui fait couler vos pleurs
N’a point sur nous, madame, attiré ces malheurs.
Avant qu’un sang si cher eût arrosé la terre,
Le ciel avait déjà fait gronder son tonnerre.
285 Ainsi, pour vous venger, n’attendez rien des dieux,
Si ce n’est de l’amour, qui peut tout par vos yeux.
Que le courroux du ciel de cent villes fameuses
Fasse de longs déserts, des retraites affreuses ;
Que les ombres du Styx habitent ce séjour ;
290 Tout vous vengera moins qu’un téméraire amour.
Seul il a pu remplir vos voeux et votre attente :
Je défis votre père, il vous livre Idamante :
Lorsque vous imploriez les traits d’un dieu vengeur,
Tous les traits de l’amour vous vengeaient dans mon coeur.
ÉRIXÈNE
295 Quoi ! Seigneur, vous m’aimez ?
IDAMANTE
Quoi ! Seigneur, vous m’aimez ? Jamais l’amour, madame,
Dans le coeur des humains n’alluma plus de flamme.
Sans espoir, dans vos fers toujours plus engagé...
ÉRIXÈNE
Ô mon père ! Ton sang va donc être vengé !
IDAMANTE
Si l’amour près de vous peut expier un crime,
300 Je rends grâce à l’amour du choix de la victime :
Heureux même, à ce prix, que vous daigniez souffrir
Les voeux qu’un tendre coeur brûlait de vous offrir !
Je sais trop que vos pleurs condamnent ma tendresse ;
Au sang que vous pleurez, hélas ! Tout m’intéresse.
ÉRIXÈNE
305 Que m’importent, cruel, les vains regrets du coeur,
Après que votre main a servi sa fureur ?
IDAMANTE
J’ai suivi mon devoir, madame ; et sa défaite
Importait à mes soins, importait à la Crète.
La sûreté du prince ordonna ce trépas ;
310 Et, pour comble de maux, j’ignorais vos appas.
Mérion a rendu sa perte légitime :
Sa mort, sans mon amour, ne serait pas un crime.
ÉRIXÈNE
C’est-à-dire, seigneur, qu’il mérita son sort ?
Sans vouloir démêler les causes de sa mort,
315 Si de ces tristes lieux le funeste héritage
Du superbe Minos dut être le partage ;
Si mon père, sorti du sang de tant de rois,
D’Idoménée enfin a dû subir les lois ;
Quel espoir a nourri cet amour qui m’outrage ?
320 Et pourquoi m’en offrir un imprudent hommage ?
Vainqueur de Mérion, fils de son assassin,
La source de mes pleurs s’ouvrit par votre main :
Est-ce pour les tarir que vos feux se déclarent ?
Songez-vous que ces pleurs pour jamais nous séparent ?
325 Sous le poids de vos fers, je n’arrive en ces lieux
Que pour y recevoir les plus tristes adieux.
Mérion expirait ; sa tremblante paupière
À peine lui laissait un reste de lumière ;
Son sang coulait encore, et coulait par vos coups :
330 Barbare ! En cet état me parlait-il pour vous ?
Qu’il m’est doux de vous voir brûler pour Érixène ?
Conservez votre amour, il servira ma haine.
Adieu, seigneur : c’est trop vous permettre un discours
Dont ma seule vengeance a dû souffrir le cours.