AN X. - M. DCCC. II.
Par C. PALMÉZEAUX.
DECLARATION §
Je déclare avoir cédé au citoyen Hugelet la pièce ayant pour titre : LA MORT DE MOLIÈRE, Pièce historique en quatre actes et en vers, de ma composition ; laquelle pièce il peut imprimer, vendre et faire vendre en tel nombre d’exemplaires qu’il lui plaira ; me réservant les droits d’Auteur par chaque représentation que l’on pourra donner sur les différents Théâtres de la République.
Paris, ce 30 Pluviôse an 10 de la République française.
CUBIÈRES-PALMÉZEAUX.
Je déclare que je poursuivrai tous contrefacteurs et distributeurs d’éditions contrefaites qui ne porteraient pas le fleuron qui est au frontispice de la présente Pièce, et qui indique les lettres initiales de mon nom.
HUGELET.
AVIS DES EDITEURS. §
CETTE Pièce fut reçue à la Comédie-Française le 31 janvier 1788. L’auteur dit, dans la préface de la première édition, que pour prendre date il la faisait imprimer ; elle parut imprimée en effet dans le courant de la même année. Tous les journalistes d’alors en rendirent compte et en firent plus ou moins l’éloge, plus ou moins la critique. Les auteurs du journal de Paris, qui ont toujours été de bons juges en matière de littérature, en parlèrent de la sorte dans la feuille du 9 août 1788.
« Le succès qu’a obtenu La Maison de Molière, représentée l’année dernière sur le théâtre Français a fait naître, sans doute, l’idée de la pièce que nous annonçons. Une courte analyse mettra le public à portée de juger si Molière mourant doit être mis à côté de La Maison de Molière.
La scène se passe dans la maison de ce grand homme, au moment où sa comédie du Malade imaginaire, sa dernière pièce, jouit du succès le plus brillant ; il en a prêté le manuscrit à son ami Chapelle qui ne l’a point vu représenter et qui lui-même a laissé à Molière une comédie de sa composition intitulée : l’Insouciant. Molière ouvre la scène en se promenant à grands pas, impatienté de ce que Chapelle ne lui rapporte pas le manuscrit dont il a le plus grand besoin. En attendant qu’il arrive, il s’assied auprès d’une table, lit tout bas les premières scènes de l’Insouciant, et voici le jugement qu’il en porte :
(se remettant à lire tout bas).
On sent bien que Molière n’a pas pu dire toutes ces choses et employer le mot de persifflage, qui n’existait pas de son temps ; mais le fond de ce couplet est très judicieux, et on y trouve des vers heureux, tel que celui-ci :
Chapelle arrive en fredonnant un air à boire, il rend à Molière le manuscrit du Malade imaginaire, et lui fait de cette pièce un éloge franc et naïf. Molière, non moins vrai que son ami, lui dit que l’Insouciant est une mauvaise pièce, et Chapelle ne se tenant pas pour battu, désire qu’elle soit lue à la bonne servante Laforêt, comme un ouvrage de son maître : la proposition est acceptée ; mais à peine Molière a lu une vingtaine de vers de l’Insouciant, que Laforêt, qui n’y comprend rien, baille à plusieurs reprises et s’endort même, quoiqu’elle soit debout. Molière s’interrompt pour rire de l’attitude ingénue ; Chapelle en rit de même de tout son cour. On réveille la bonne servante ; et les deux amis étant restés seuls, Molière conseille à Chapelle de choisir des sujets plus heureux, et lui donne, sur l’art de la comédie, de fort bonnes leçons. Chapelle lui dit :
MOLIÈRE.
Toutes les situations de cette pièce sont prises dans La Vie de Molière, que l’auteur a suivie fidèlement ; il suffira d’en donner une idée : on sait que Molière, quelque temps avant sa mort, fut attaqué d’une toux opiniâtre, qui en fut pour ainsi dire l’avant coureur. Il veut, malgré cette toux, jouer ce jour même le rôle d’Argan dans Le Malade imaginaire ; sa femme, sa fille, son ami Chapelle et son camarade Baron, emploient toute leur éloquence pour le dissuader de ce projet ; il répond que son devoir est de jouer, et que d’ailleurs, il y a dans sa troupe une vingtaine de malheureux ouvriers qui manqueraient de pain si la nouveauté n’est point représentée, et il vole au théâtre presque sûr d’y trouver la mort. Il revient dans le troisième acte pâle, défiguré et soutenu par Baron et sa fille ; leur soins lui rendent une partie de ses premières forces ; mais il est obligé de rentrer dans son appartement, et quelque moments après le duc de Montausier vient lui-même pour savoir de ses nouvelles : il est suivi de l’hypocrite Pirlon, avec lequel il a une scène intéressante, que nous regrettons de ne pouvoir pas rapporter. On apporte enfin sur le théâtre le portrait que Mignard a fait de Molière son ami : cette image chérie augmente les inquiétudes de la fille de Molière sur l’état de son père : elle adresse au tableau une apostrophe, interrompue par l’arrivée de Chapelle et de plusieurs acteurs qui viennent, les larmes aux yeux, annoncer que Molière n’est plus. Cet ouvrage a quelques défauts ; mais nous devons avouer que le caractère de Molière est très bien conçu et très bien soutenu ; celui de Chapelle est plus vrai et plus intéressant que dans La Maison de Molière ; il y a d’ailleurs dans l’ouvrage des vers très heureux comme on a pu le voir par ceux que nous avons cités : et la scène de Laforêt, qui dort toute debout, pourrait produire au théâtre un effet très comique. »
Les auteurs du journal de Paris ne se sont point trompés, La Mort de Molière a été représentée à Genève, à Dijon, à Bordeaux, à Lyon, à Marseille, à Reims, à Toulouse, etc. et partout la scène de Laforêt qui dort a produit l’effet le plus comique. Nous ne doutons pas qu’elle n’eût le même succès à Paris, si quelque grand théâtre de cette grande ville voulait s’emparer de cette pièce et la faire représenter avec le soin qu’elle mérite. On nous a dit qu’elle avait été jouée une seule fois sur le théâtre de Molière rue St-Martin1 et que les spectateurs l’avaient vivement applaudie : pourquoi n’aurait-elle pas le même sort au théâtre de la rue de Louvois, sur celui de la République ? Ce qui nous porte à croire qu’elle y serait bien accueillie, c’est la lettre que le célèbre MOLÉ écrivit à l’auteur, et que nous allons transcrire en entier, parce qu’elle honore autant celui qui l’a écrite que celui à qui elle est adressée.
Lettre de MOLÉ à l’auteur. §
« Combien je regrette, monsieur, d’avoir tant tardé à lire La Mort de Molière ! La pièce vient de me faire le plus grand plaisir ; beau style, conduite simple, doux intérêt, cet ouvrage, ou je me trompe, doit faire autant d’honneur à Molière et à la comédie, que de plaisir au public ! Oui, oui, je jouerai Molière, je tâcherai de m’élever jusqu’à ce sublime personnage. Il a un point de difficulté assez rare : c’est une teinte de faible santé sur tout le rôle et à la dernière scène ; la gaieté philosophe d’un homme prêt à mourir jointe au genre de naturel de Molière, tout cela fait grand engagement vis-à-vis de l’auteur et du public. Si je n’ai pas le bonheur de surmonter ces difficultés, j’ai au moins le mérite de les connaître et de les craindre, mais je m’en fie à mon zèle qui m’a quelquefois bien servi, et cette pièce m’en paraît mériter un de sentiment véritable. J’ai l’honneur d’être etc. »
Mardi 12 Août 1788.
La difficulté dont parle Molé dans sa lettre spirituelle a été sentie par tous les acteurs qui ont joué le rôle principal de La Mort de Molière, mais la plupart en ont triomphé ; entre autre monsieur Chazel à Valenciennes et monsieur Féréol à Reims, où il a embelli ce rôle de toutes les grâces d’un talent noble, véhément et délicat.
L’auteur a ajouté à sa pièce un quatrième acte qui pourrait être intitulé l’Apothéose de Molière, et qui fait de l’effet à la représentation lorsque les costumes y sont bien observés, lorsque le Parnasse n’y est point éclairé par quelques mauvais lampions, et que les Muses et Apollon y paraissent avec l’éclat et la majesté qui leur conviennent. La Mort de Molière, cependant, a été et peut être encore représentée sans le quatrième acte, et nous en prévenons messieurs les directeurs de spectacles, afin qu’ils ne se privent pas des trois premiers, supposé qu’ils n’aient pas dans leurs magasins assez d’habits et de décoration pour faire jouer la pièce entière.
P.S. Nous avions à peine achevé d’écrire cet AVIS qu’on nous a appris que La Mort de Molière venait d’être représentée avec beaucoup de succès à Paris sur le théâtre des jeunes Élèves. Nous avons appris que les directeurs de ce petit théâtre, qui ne négligent rien de ce qui peut plaire au Public, y avaient mis beaucoup de soin et de zèle, que tous les acteurs avaient parfaitement joué, et que le citoyen Belleval entre autres avait montré dans le rôle de Molière une intelligence supérieure.
Paris, 9 Ventôse an X.
AU REDACTEUR DU COURRIER DES SPECTACLES. §
CITOYEN RÉDACTEUR,
Vous dites dans votre feuille du 30 Pluviôse dernier que la veille c’est-à-dire le 29 Pluviôse, on a représenté sur le théâtre des jeunes Elèves, rue de Thionville, une pièce en l’honneur de Molière, intitulée : Il n’est plus ! et qu’elle a obtenu un succès brillant et mérité. Vous semblez le lendemain affaiblir cet éloge et même le rétracter en disant que toutes les pièces où l’on fait parler des hommes célèbres sont ordinairement assez froides, et qu’il est difficile qu’elles inspirent beaucoup d’intérêt. Permettez-moi de n’être point de votre avis par respect pour votre avis même. Comment pourrait-il se faire en effet que la pièce en trois actes en vers, intitulée : Il n’est plus, ou La Mort de Molière, fût froide et sans intérêt, puisque de votre aveu elle a obtenu à la première représentation un succès brillant et mérité.
Je conviens avec vous qu’il y a des personnages célèbres qui sont froids au théâtre, tel a paru le bon La Fontaine, lorsqu’on a voulu le représenter au théâtre du Vaudeville ; La Fontaine, vous le savez, était un bonhomme assez indifférent sur toutes les choses de la vie, mais Molière était un passionné pour la vertu, pour la gloire, pour l’humanité, pour ses amis, pour sa femme, etc., et des hommes semblables sont-ils jamais froids au théâtre ? Malesherbes, dans Le Voyageur inconnu, l’Abbé de l’Epée, dans la pièce de ce nom, et surtout Henri IV, dans La Partie de Chasse, n’ont-ils inspiré aucun intérêt ? Ne les voit-on pas tous les jours avec le plus vif plaisir, et ne partage-t-on pas toutes leurs affections et toutes leurs peines ?
Le citoyen Cubières-Palmézeaux a eu un avantage sur les auteurs des pièces que je viens de citer ; Molière était misanthrope et un peu brusque, et cette nuance de caractère ne produit-elle pas le plus grand effet dans Le Bourru bienfaisant, dans l’Amant bourru, et surtout dans Le Misanthrope ? Reste à savoir, me direz-vous, si le citoyen Cubières a bien tiré parti de son sujet ; c’est vous-même qui avez décidé la question, citoyen Rédacteur, en disant que La Mort de Molière avait eu un succès brillant et mérité. De quelle manière, en effet, Molière est-il peint dans cette pièce ? Comme père, comme époux, comme ami, comme poète, comme directeur de troupe, etc. Aucune nuance de son caractère n’y est oubliée, et toutes m’y paraissent fondues avec un art admirable et une chaleur d’expression qui ne pouvait appartenir qu’à Molière lui-même. La plaisanterie n’y est point omise malgré l’intérêt pressent qui y règne. La scène du 3è acte, où Molière, prêt à mourir, ne s’inquiète point de sa propre santé, mais de celle du docteur Mauvillain son ami, et lui demande le premier comment il se porte ; toute cette scène est d’un excellent comique et m’a paru tracée de main de maître.
Salut et estime. QUINEY.
Lettre au citoyen Mercier, membre de l’Institut national. §
Mon cher concitoyen,
Vous avez traduit ou plutôt imité la pièce de Charles Goldoni, intitulée : Il Moliere, qui fut représentée pour la première fois à Turin en 1751. Votre imitation fut représentée par les comédiens français en 1784, et le fut avec beaucoup de succès sous le titre de La Maison de Molière ; elle en aurait beaucoup davantage si les comédiens, sans vous consulter, n’avaient point transposé,2 corrigé, et abrégé plusieurs scènes de votre comédie, s’ils n’avaient pas cru, selon leur noble usage, avoir plus de génie que l’auteur. Quoiqu’il en soit, dès que Molière m’eut apparu lui-même sur une scène où, jusqu’à ce moment, j’avais admiré ses chefs-d’ouvre, dès que j’eus entendu parler celui qui fait si bien parler les divers personnages éclos de son imagination féconde, je pris les pinceaux, à mon tour, et sans dire comme le Corrège « Et moi aussi, je suis peintre » j’essayai néanmoins d’ajouter quelques traits à une image que j’adore.
Il fallait, pour y réussir, trouver dans la vie de Molière une époque qui fût favorable à mon dessein. Monsieur Goldoni avait déjà pris la plus intéressante : celle où l’auteur du Tartuffe, pressé entre deux puissances également redoutables, l’autorité de son roi et la haine des hypocrites, triompha de la seconde en lui opposant la première ; et il ne me restait plus qu’à glaner dans un champ où la moisson était déjà faite. Que dis-je ? il me restait à lire La Vie de Molière par Grimarest et les mémoires du temps ; je me remets à lire les mémoires du temps, et Grimarest qui, méprisé par quelques auteurs, a pourtant été la source où ont puisé ces auteurs mêmes, qui, ami et contemporain de Baron paraît avoir écrit sous sa dictée, et après avoir relu, je n’ai pas de peine à me convaincre que l’événement qui causa la mort de Molière est celui de sa vie qui lui fait le plus d’honneur.
Vous connaissez cet événement, et il est inutile que je le raconte. Mais, que ne puis-je graver dans tous les cours les belles paroles que répondit Molière à sa femme et à Baron, lorsqu’ils le conjurèrent, les larmes aux yeux, de ne pas jouer dans son Malade imaginaire et de prendre du repos pour se remettre de ses fatigues ! Les voici telles que Grimarest les rapporte : « Comment voulez-vous que je fasse, leur dit-il, il y a cinquante pauvres ouvriers qui n’ont que leur journée pour vivre, que feront-ils, si l’on ne joue pas ? Je me reprocherais d’avoir négligé de leur donner du pain un seul jour, le pouvant faire absolument. »
Qu’on songe à la circonstance où il les prononça, ces paroles admirables, et l’on conviendra qu’elles le rendent digne de tous les hommages. Que ne suis-je né avec son talent ou avec le vôtre, pour les consacrer dans une pièce aussi admirable que les siennes, et que ne puis-je du moins les faire écrire en lettre d’or sur la porte de tous les cabinets où les administrateurs des états travaillent en silence pour le bonheur des peuples ? J’ai été forcé de les altérer et par conséquent de les affaiblir dans ma pièce ; mais une comédie n’est point un récit historique, ni une vie à la manière de Plutarque et l’auteur dramatique est souvent obligé de plier les vérités pour donner à l’ouvrage plus de vraisemblance.
Ces belles paroles, cependant, achevèrent de mettre le feu dans mon imagination déjà prête à s’enflammer. Je travaillai, nuit et jour, pour ne point la laisser éteindre, et quand ma pièce fut achevée, je courus la lire à des connaisseurs dont le jugement n’est point suspect. Quelques-uns me dirent que j’avais un peu trop altéré les faits historiques et que ma comédie avait l’air d’un roman dialogué. Il ne me sera pas difficile de leur répondre : on sait, pour ne parler d’abord que de l’intrigue de ma comédie, on sait, dis-je, que Molière lut, un jour, sous son propre nom, une pièce de son camarade Brécourt à sa servante Laforêt, et que cette fille, guidée par un instinct qui ne la trompait jamais, dit que cette pièce était trop mauvaise, pour avoir été composée par son maître. J’ai appliqué cette anecdote à Chapelle, ami de Molière, parce que Chapelle m’a paru un personnage plus intéressant à mettre au théâtre que Brécourt, et de pareils changements doivent être permis, puisque, sans rien changer au fond, ils rendent les formes plus vraisemblables. Chapelle, d’ailleurs, si l’on excepte son voyage qu’il a composé avec Bachaumont, n’a guère fait que des vers assez médiocres, et s’il faut en croire3 l’estimable commentateur de Molière, celui-ci étant pressé par Louis XIV pour la comédie des Fâcheux, pria Chapelle de l’aider, et Chapelle y consentant lui apporta, quelques jours après, une scène détestable.
Vous savez que Baron fut l’élève de Molière, que Molière eut une fille de la fille de la Béjart, et n’ai-je pas pu supposer que Baron en était devenu amoureux, et que Molière voulut les unir, sans rien avancer d’impossible ou d’extraordinaire ? On connaît le trait de bienfaisance de Molière envers le comédien Mondorge. Voltaire l’a cité dans la Vie qu’il a faite de Molière, et qu’il destinait à une édition des ouvres de ce grand homme. Je n’ai fait que rapprocher ce trait de l’époque de la mort de Molière, à laquelle il fut antérieur, et si je blesse la chronologie, je ne crois pas offenser la raison.
Grimarest est mon garant pour la haine que Baron inspirait à la Molière. On sait ce qu’il raconte à ce sujet ; il dit, en parlant de celle-ci, Qu’elle ne fut pas plutôt mademoiselle de Molière, qu’elle crut être au rang d’une duchesse ; pourra-t-on, d’après cela, blâmer la hauteur et l’orgueil que j’ai donnés à la Molière ? Quant aux autres personnages que j’introduis dans ma comédie, on sait que le docteur Mauvillain fut toujours l’ami de Molière, et Montausier son admirateur, j’ai donc pu amener dans sa maison Montausier et le docteur Mauvillain. L’hypocrite Pirlon y vient sans doute pour apprendre sur la mort de Molière quelques détails dont sa haine et son esprit de vengeance puissent tirer quelque avantage. Ce personnage, d’ailleurs, m’a paru si dramatique et si plaisant dans votre Maison de Molière, que vous m’avez donné l’exemple de l’employer, et je ne pense pas qu’on fasse mal de suivre de bons exemples.
Que n’ai-je pu aussi vous imiter dans mon dénouement ! Quelques personnes eussent désiré que je fisse expirer Molière sur le théâtre ; mais outre que cette fin aurait altéré la vérité, puisqu’il mourut dans son lit et dans sa maison, n’aurait-on pas le droit, si j’avais suivi leurs conseils, de comparer ma pièce au monstre d’Horace ; et ne trouverait-on pas ridicule et tout à fait hors des règles et de l’usage un ouvrage dramatique qui, commençant d’une manière assez comique, eût fini si tragiquement ? Ma pièce a déjà assez de défauts, et je n’ai pas voulu qu’on pût lui reprocher une disparate aussi choquante.
Mais c’est trop entretenir mes lecteurs d’une bagatelle qui ne mérite ni les honneurs ni les frais d’une dissertation. Parlons de La Maison de Molière, qui m’a, comme je l’ai dit, donné l’idée de ma comédie, et qui, à tous égards, lui est si supérieure. Quelques dames de l’extrêmement bonne compagnie m’ont assuré que cette pièce les avait ennuyées à périr ; que c’était un ouvrage qui n’avait pas le sens commun, et qu’elles donneraient leurs loges à leurs femmes chaque fois qu’on la jouerait. Quelques messieurs d’un très bon ton ont été de l’avis de ces dames ; et moi, j’ai toujours été et je serai toujours de l’avis du public qui, dans les trois premiers actes, a vivement partagé les alarmes que cause à un grand homme la défense de mettre au théâtre son chef-d’œuvre ; de ce public qui s’est plu à voir ce grand homme dans son domestique, et pour ainsi dire en déshabillé ; qui a tressailli, qui a pleuré de joie avec ce grand homme lorsque La Thorillière vient lui annoncer que Louis XIV a levé les obstacles qui suspendaient la représentation de l’Imposteur. Quel spectacle est plus touchant et plus noble, en effet, que de voir le génie aux prises avec ce qu’il y a de plus redoutable sur la terre ; un despote qui veut être obéi et l’envie qui le persécute ? Croit-on que l’intrigue de nos jolies petites comédies, telles que La Feinte par amour, Amour pour amour, La Surprise de l’amour, et tant d’autres soient d’une plus grande importance ? Croit-on que la Coquette corrigée, la Coquette fixée et toutes les coquettes du monde doivent plus exciter l’admiration et remuer plus fortement le cour que le tableau vrai et naturel d’un caractère vertueux ? Que le sort d’un sublime drame, fait pour éclairer et corriger les humains, n’intéresse pas davantage que le mariage d’un fat avec une petite maîtresse, le récit d’une anecdote de ruelle ou le dénouement d’un imbroglio tissu par des valets ?
Je vais plus loin : une vieille tradition nous a appris que Boileau interrogé par Louis XIV, qui voulait savoir quel était le plus grand homme de son siècle, répondit sans hésiter : Molière. Et moi, j’ai osé me dire souvent que Molière était encore le personnage le plus théâtral qu’on ait jamais transporté sur la scène française ; et je ne doute point qu’on ne réussisse chaque fois qu’on l’y peindra avec vérité. Les vertus de Molière sont connues depuis longtemps. Il était bon père, époux sensible, ami généreux, citoyen bienfaisant : sa vie a été pure comme le serait celle d’une de ces créatures privilégiées qui descendrait du ciel pour commencer et achever sur la terre les courtes et déplorables révolutions de la vie humaine. C’est beaucoup pour plaire, sans doute, mais peut être ce n’est pas tout. Il résulte de tout ce qu’on a écrit sur ce grand homme et de ce qu’il a écrit lui-même, que ses passions étaient extrêmes. On sait que celle de l’amour a fait le tourment de sa vie ; et n’est-ce pas celle de la gloire qui, poussée au dernier degré, a soutenu son courage au milieu de toutes les contrariétés que ses ennemis lui ont fait éprouver ? Grimarest et la tradition nous apprennent que sa franchise tenait de la brusquerie, qu’il était né avec un tempérament bilieux, quoique mélancolique, que son humeur allait souvent jusqu’à la colère ; ce n’est pas sans raison qu’on a cru que le Misanthrope était Molière lui-même, et qu’il s’était peint dans le sublime rôle d’Alceste.
Qu’on lise ses chefs-d’ouvre avec attention, et l’on verra que cette humeur qui le dominait, il l’a donnée à presque tous ses personnages. Ce Misanthrope que je viens de citer est en colère depuis le premier vers de son rôle jusqu’au dernier ; il rudoie, il gronde, il brusque tout le monde.
Quelle véhémence et quelle âpreté dans ce début ! Celui du Tartuffe est dans le même genre. La vieille Madame Pernelle ne semble se ranimer que pour se plaindre de toute sa famille, que pour la gourmander, si je puis me servir de ce terme, et donner à chacun son paquet ; comme l’a si bien dit Molière lui-même dans une autre pièce : son courroux va même jusqu’à lâcher des jurements, tels que jour de dieu ! morbleu ! termes toujours déplacés dans la bouche d’une femme, mais placés avec grâce dans cette première scène. Le vieux Gorgibus ne parle pas avec plus de douceur dans les Précieuses ridicules. Le Chrysale des Femmes Savantes se laisse aller au même emportement, et la passion d’Arnolphe, autrement M. de la Souche, est si vive, qu’Orosmane, que le brûlant Orosmane ne me paraît pas plus amoureux de Zaïre que cet Arnolphe ne l’est de la naïve Agnès. On pourrait dire de La Fontaine qu’il avait dans ses fables sa propre simplicité, et de Molière qu’il eut l’impétuosité des principaux personnages de ses comédies. On sait même qu’il poussait cette impétuosité jusqu’à la minutie. Si par hasard on lui dérangeait les moindres choses dans son cabinet, s’il ne les trouvait pas toutes dans l’ordre où il les avait laissées, si on changeait un livre de place, on dit qu’aussitôt il entrait en fureur, qu’elle durait des semaines entières, et que même il cessait de travailler. Je ne doute point que la plupart de ces personnages, toujours hors d’eux-mêmes, n’aient fait le succès de ses belles comédies ; et peut-être ne serait-il pas difficile d’en donner la raison : outre qu’un personnage qui a de l’humeur est presque toujours passionné, et qu’une passion quelconque exhale un feu qui vivifie, qui anime et qui subjugue les plus froids spectateurs. J’ai souvent observé qu’on était porté à rire des gens qui se mettaient en colère ; et si l’on veut en avoir un exemple, qu’on se rappelle la fameuse scène de MM. Piron, Collé et Gallet chez le commissaire Lafosse. Après avoir été conduits chez lui par le Guet, qui les avait trouvés se disputant dans la rue ; le clerc du commissaire les interroge d’abord avec gravité ; ils répondent de même ; mais ils disent des choses si plaisantes, que la gravité du juge se change en fureur, et alors le rire des trois accusés devient inextinguible ; que dis-je ? il gagne toute l’assemblée, et finit par élargir scandaleusement la bouche des alguasils qui les ont arrêtés. Ce ne sont pas toujours des bons mots, ou des réparties vives et heureuses qui excitent la gaieté : les comédies étincelantes de traits d’esprit et de saillies ingénieuses, telles que Le Méchant et quelques autres font sourire, mais elles n’épanouissent point la rate ; mais elles ne font point circuler la joie universellement. La véritable gaieté, ou plutôt la vis comica, résulte de deux passions opposées qui se combattent, et qui toutes deux ont tort. Je m’explique : lorsque deux hommes sensés, ou qui au moins devraient l’être, se fâchent et s’injurient, ils descendent, pour ainsi dire, de la hauteur de leur raison. L’homme alors redevient enfant, et charmés intérieurement de voir qu’il se dégrade et qu’il perd ses plus beaux avantages ; les spectateurs s’en moquent, et la malice humaine les porte à manifester la pitié dérisoire qu’il inspire, et le plaisir secret qu’il fait naître. Il n’y a que la déraison bien prouvée qui excite le rire, et les passions poussées à l’extrême font-elles autre chose que déraisonner ? Molière enfin était un homme passionné. Il a prouvé par ses comédies que ces caractères réussissent toujours au théâtre ; doit-on être surpris qu’il y ait beaucoup réussi lui-même, lorsque M. Goldoni et vous, vous nous avez offert le véritable original de toutes ces différentes copies ?
Cet original aurait produit, peut-être, de bien plus grands effets, si vous aviez choisi une époque plus avancée dans sa vie ; si vous l’eussiez pris, par exemple, un an ou deux après son mariage, si vous eussiez peint cet amour véhément et toujours contrarié que sa femme lui inspira, les querelles qu’il excita, les brouilleries et les raccommodements dont il fut cause. Quelle pièce admirable ne ferait-on pas en effet de Molière jaloux de sa femme, de Molière amoureux ? Une femme de théâtre peut se conserver pure au milieu de la corruption ; mais elle est exposée à toutes les attaques, et qu’elle y succombe ou non, quel effroi ne doit point causer à un mari la foule des adorateurs qui l’environnent ? Et quel parti ne tirerait-on pas du plus passionné, du plus emporté de tous, de Molière toujours placé entre sa jalousie naturelle et une épouse coquette ? Cette jalousie a d’abord frappé mon esprit comme le trait le plus apparent du caractère de Molière, et j’ai voulu en faire usage ; mais j’ai senti en y réfléchissant, qu’une pareille tâche serait au-dessus de mes forces, et je laisse à d’autres le soin de la remplir.
Quoique le domaine de Thalie ne soit point épuisé pour l’homme de génie, malgré toutes les moissons qu’on y a faites, quoique des palmes nouvelles y croissent sans cesse, et y reverdissent pour lui sur des palmes déjà cueillies, on ne peut se dissimuler néanmoins que les principaux caractères ont déjà été traités, et qu’il ne reste plus guère à manier que des caractères secondaires. Pourquoi donc ne suivrait-on pas une carrière déjà ouverte avec succès par quelques littérateurs célèbres ? Pourquoi, au défaut des caractères, ne mettrait-on pas sur la scène française les grands hommes de tous les états, qui, depuis environ douze siècles, ont illustré la nation ? Nos rois vertueux, par exemple, nos vaillants généraux, nos ministres habiles et nos auteurs immortels ? Henri IV nous a déjà charmés par sa noble loyauté, sa simplicité auguste et sa touchante sensibilité. Nos larmes coulent chaque fois que nous le voyons chez le paysan Michaud, essuyer furtivement les siennes, aux éloges qu’on fait du meilleur des princes. Vous nous avez fait adorer la bienfaisance de Montesquieu à Marseille, qu’un certain M. Pilhes vous a si maladroitement pillé dans son Bienfait anonyme, et nous avons ri lorsque vous avez levé le rideau qui couvrait l’intérieur de la maison de Molière. Ne nous reste-t-il pas encore une foule de citoyens et de souverains fameux dont les ombres ne demandent qu’à être évoquées, et que nous pouvons faire mouvoir et agir sur notre théâtre ? Charles V, Louis XII et Louis XIV y seraient-ils déplacés ?
Croit-on que, si l’on y voyait le modeste Catinat attendre deux heures et demie dans l’antichambre d’un commis, et que, si on l’entendait, lorsque le protecteur subalterne, le reconnaissant, lui balbutie des excuses, répondre, sans se fâcher, ces belles paroles : « Ce n’est pas ma personne, que vous avez tort de laisser dans votre antichambre, c’est un officier, quel qu’il soit : ils sont tous également au service du roi, et vous êtes payé pour leur répondre ». Croit-on même que, si on pouvait le surprendre jouant aux quilles avec ses soldats, le jour de sa première victoire, croit-on, dis-je, que la peinture d’un pareil caractère n’enchanterait pas autant que celle d’un marquis imaginaire qui trompe cinq ou six femmes à la fois, et s’applaudit de ses conquêtes ? Croit-on que le mot si connu de Turenne : Et quand même ç’eût été George, fallait-il frapper si fort ? ne ferait pas autant rire que les proverbes de Molière ? Et si on entendait le bon La Fontaine, dépouillé de tout, dire naïvement à son ami qui lui offre un asile : J’y allais. Croit-on que ces mots prononcés par des acteurs intelligents et sensibles, n’exciteraient pas en nous la plus vive admiration, et ne contribueraient pas à nous rendre meilleurs ? Pellisson, sacrifiant son honneur pour sauver l’honneur de son ami, Fénelon instruisant son royal élève ; J.-J. Rousseau confessant noblement ses fautes, ne valent-ils pas les Valères, les Clitandres, les Damis et mille autres personnages éclos de l’imagination des poètes, et qui n’ont jamais eu d’existence réelle que dans quelques cercles, où on les choisit pour leur donner l’expression et la physionomie qui leur manquent ?
Mais, direz-vous peut-être, il faudrait, en mettant ces grands écrivains sur la scène, donner à chacun le style de ses ouvrages : il faudrait leur prêter le langage qu’ils ont parlé dans leurs écrits, et il n’est pas facile d’imiter le faire des Rousseau, des Fénelon, des Pellisson, des La Fontaine, toujours, comme dit si ingénument celui-ci, toujours on serait trahi par quelque bout d’oreille. L’objection est spécieuse, et l’on peut aisément y répondre : les gens de lettres les plus renommés ont parlé aussi simplement que les autres hommes, et ce n’est pas le style de leurs écrits qu’il faudrait imiter, mais celui de leur conversation. Le Roitelet n’est pas obligé d’avoir le vol de l’Aigle ; mais le Roitelet a sa manière de voler, et il ne doit pas vouloir plus qu’il ne peut faire. S’il fait au contraire tout ce qu’il peut, on lui saura gré de ses efforts. Il y a grande apparence que les dieux avaient un langage infiniment plus sublime que les mortels ; et lorsqu’Homère se rend l’interprète de Jupiter, de Junon, de Vénus, etc., il ne les fait point parler en vers plus harmonieux, plus corrects ou plus relevés qu’Agamemnon, Ajax, Hector ou Achille ; que dis-je ? si on introduisait Racine dans une comédie, et qu’on lui prêtât les images pompeuses et les tours ambitieux du récit de Théramène, on ferait siffler un versificateur qui ne doit jamais l’être, et rien ne pourrait faire excuser un si ridicule contre-sens. Que celui donc qui mettra nos grands auteurs sur le théâtre, se contente de les peindre comme ils étaient ; voilà l’important, et qu’il n’emprunte point une palette étrangère. Il arrivera de là que la scène française, rivale du paisible Elysée, nous offrira ce qu’il y eut de plus grand et de plus vertueux sur la terre ; et nous y verrons bientôt errer ces morts immortels dont les traits ne nous sont transmis que dans des gravures insipides ou des bustes inanimés. Que dis-je ? Quand vous avez mis sur la scène Philippe II, Louis XI, etc., vous leur avez prêté votre langage, c’est-à-dire un style fleuri, correct et harmonieux ; on les a promptement reconnus, et les lecteurs ne se sont pas avisés de dire : est-ce bien ainsi que parlait le tyran de la France ? Est-ce bien ainsi que s’exprimait le tyran du Midi ? Continuez donc, mon cher concitoyen, à évoquer sur le théâtre les ombres des hommes qui ont transmis leurs noms à la postérité, soit en bien ou en mal, et que, grâces à vos mâles pinceaux, le théâtre devienne ainsi un supplément à l’histoire. Je vous suivrai de loin, dans cette carrière périlleuse, bien moins pour vous imiter, que pour applaudir à vos triomphes.
CUBIÈRES-PALMÉZEAUX.
PERSONNAGES. §
- MOLIÈRE. Le citoyen Belleval
- LA MOLIÈRE, sa femme. Madamoiselle Fortin.
- ISABELLE, leur fille Madamoiselle Virginie.
- CHAPELLE, ami de Molière. Le citoyen Guénée.
- BARON. La citoyen Grévin. Le citoyen Grévin.
- MONTAUSIER. Le citoyen Ozanne.
- Le Docteur MAUVILAIN ou MAUGUILLAIN. Le citoyen Thourin.
- PIRLON. Le citoyen Édouard.
- LA FORÊT, Servante de Molière. Mademoiselle Mitonneau.
- LESBIN, Valet de Molière. Le citoyen Després.
- UN SEMAINIER.
- UN GARÇON DE THÉÂTRE.
- PLUSIEURS ACTEURS DE LA TROUPE DE MOLIÈRE.
PERSONNAGES DE L’ACTE IV. ACTEURS. §
- MONSIEUR de MONTAUSIER. Ozanne.
- CHAPELLE. Guénée.
- BARON. Grévin.
- MIGNARD, peintre célèbre. Després.
- APOLLON. Rousselle.
- MELPOMÈNE. Mlle Boulogne.
- THALIE. Adèle.
- LES AUTRES MUSES, personnages muets.
ACTE I §
SCÈNE PREMIÈRE. §
MOLIÈRE seul, se promenant avec un air d’impatience.
SCÈNE II. Molière, Lesbin. §
MOLIÈRE.
LESBIN.
MOLIÈRE.
SCÈNE III. §
MOLIÈRE, seul.
SCÈNE IV. Le même, Chapelle, fredonnant un air à boire. §
MOLIÈRE.
CHAPELLE.
MOLIÈRE.
CHAPELLE.
MOLIÈRE.
CHAPELLE.
MOLIÈRE.
CHAPELLE.
MOLIÈRE.
CHAPELLE.
MOLIÈRE.
CHAPELLE.
MOLIÈRE.
CHAPELLE.
MOLIÈRE.
CHAPELLE.
MOLIÈRE.
CHAPELLE.
MOLIÈRE.
CHAPELLE.
MOLIÈRE, appelant.
SCÈNE V. Les Précédents, Laforêt. §
LAFORÊT, tenant à la main un flambeau allumé.
MOLIÈRE.
LAFORÊT.
MOLIÈRE.
LAFORÊT.
MOLIÈRE, lisant.
CHAPELLE? à Molière.
MOLIÈRE.
« ACTE PREMIER.
SCÈNE PREMIÈRE. La Fleur, Rosette.
ROSETTE.
LA FLEUR.
ROSETTE.
LA FLEUR.
ROSETTE.
LA FLEUR.
ROSETTE.
LA FLEUR.
CHAPELLE.
, se réveillant, se frottant les yeux, et laissant tomber le flambeau qu’elle tient.
MOLIÈRE.
LAFORÊT.
MOLIÈRE.
CHAPELLE.
LAFORÊT.
CHAPELLE, à Molière.
LAFORÊT.
CHAPELLE.
LAFORÊT.
MOLIÈRE.
CHAPELLE.
MOLIÈRE.
SCÈNE VI. Molière, Chapelle. §
MOLIÈRE.
CHAPELLE.
MOLIÈRE.
CHAPELLE.
MOLIÈRE.
SCÈNE VII. Les Précédents, un Garçon de théâtre. §
LE GARÇON.
MOLIÈRE, à Chapelle.
LE GARÇON.
MOLIÈRE, lui remettant un manuscrit.
SCÈNE VIII. §
CHAPELLE, seul.
SCÈNE IX. Chapelle, La Molière. §
LA MOLIÈRE, avec humeur.
CHAPELLE.
LA MOLIÈRE.
CHAPELLE.
LA MOLIÈRE.
CHAPELLE.
LA MOLIÈRE.
CHAPELLE.
LA MOLIÈRE, avec un dédain affecté.
CHAPELLE.
SCÈNE X. §
LA MOLIÈRE, seule.
SCÈNE XI. Le même, Isabelle. §
LA MOLIÈRE.
ISABELLE.
LA MOLIÈRE.
ISABELLE.
LA MOLIÈRE, avec humeur.
ISABELLE.
LA MOLIÈRE.
ISABELLE.
LA MOLIÈRE.
ISABELLE.
LA MOLIÈRE.
ISABELLE.
LA MOLIÈRE.
ISABELLE.
LA MOLIÈRE.
ISABELLE.
LA MOLIÈRE.
ISABELLE.
LA MOLIÈRE.
ISABELLE.
LA MOLIÈRE.
ACTE II §
SCÈNE PREMIÈRE. Molière, La Molière, Isabelle. §
MOLIÈRE, dans le costume du malade imaginaire, et avec beaucoup d’émotion.
LA MOLIÈRE.
MOLIÈRE.
LA MOLIÈRE.
MOLIÈRE.
LA MOLIÈRE.
MOLIÈRE.
LA MOLIÈRE.
MOLIÈRE.
LA MOLIÈRE.
MOLIÈRE.
LA MOLIÈRE.
MOLIÈRE.
LA MOLIÈRE.
ISABELLE.
LA MOLIÈRE.
MOLIÈRE.
LA MOLIÈRE.
ISABELLE.
LA MOLIÈRE, à part.
MOLIÈRE.
LA MOLIÈRE.
MOLIÈRE.
LA MOLIÈRE.
MOLIÈRE.
LA MOLIÈRE.
MOLIÈRE.
LA MOLIÈRE.
MOLIÈRE.
LA MOLIÈRE.
SCÈNE II. Molière, Baron, Isabelle. §
MOLIÈRE.
BARON.
MOLIÈRE.
BARON.
MOLIÈRE.
BARON.
MOLIÈRE, avec un transport de sensibilité.
BARON.
MOLIÈRE.
BARON.
MOLIÈRE.
BARON.
MOLIÈRE.
BARON.
MOLIÈRE.
BARON.
MOLIÈRE, lui donnant de l’argent.
ISABELLE, lui donnant aussi de l’argent.
MOLIÈRE.
ISABELLE.
BARON.
MOLIÈRE.
BARON.
MOLIÈRE, le rappelant après qu’il a fait quelques pas.
BARON.
SCÈNE III. Molière Isabelle. §
MOLIÈRE.
ISABELLE.
MOLIÈRE.
ISABELLE.
MOLIÈRE.
SCÈNE IV. Les précédents, Un semainier. §
LE SEMAINIER.
MOLIÈRE.
SCÈNE V. Molière, Isabelle. §
ISABELLE.
MOLIÈRE.
ISABELLE, tombant à ses genoux.
MOLIÈRE.
ISABELLE.
MOLIÈRE.
ISABELLE.
MOLIÈRE.
ISABELLE.
SCÈNE VI. Les précédents, Lesbin. §
LESBIN, une lettre à la main.
MOLIÈRE.
« Vous savez, mon cher Molière, que je travaille depuis longtemps à votre portrait ; l’amitié qui nous unit, et votre grande réputation me faisaient une loi d’y mettre tout le soin dont je suis capable, et cette loi a été ma règle unique : je l’ai achevé, enfin, et si vous voulez m’attendre chez vous aujourd’hui, je vous le ferai porter, afin que vous m’en disiez votre avis. »
ISABELLE.
MOLIÈRE.
SCÈNE VII. Les Précédents, Baron. §
BARON.
MOLIÈRE.
ISABELLE, jouant Angélique dans le Malade Imaginaire.
« Ô ciel ! Quelle infortune ! Quelle atteinte cruelle ! Hélas ! Faut-il que je perde mon père, la seule chose qui me restait au monde, et qu’encore, pour un surcroît de désespoir, je le perde dans un moment où il était irrité contre moi ! Que deviendrai-je, malheureuse ! Et quelle consolation trouver après une si grande perte ? »
« SCÈNE XXI, du Malade Imaginaire. Angélique, Cléante.
BARON, jouant le rôle de Cléante.
Qu’avez-vous donc, belle Angélique, et quel malheur pleurez-vous ?
ANGÉLIQUE.
Hélas ! Je pleure tout ce que, dans la vie, je pouvais perdre de plus cher et de plus précieux : je pleure la mort de mon père.
CLÉANTE.
Ô ciel ! Quel accident ! Quel coup inopiné ! Hélas ! Après la demande que j’avais conjuré votre oncle de.
MOLIÈRE.
Eh quoi ! Vous hésitez ! Vous oubliez sitôt ?... Étudiez, mon cher, vous serez sans défaut.
BARON.
« Faire pour moi, je venais me présenter à lui, et tâcher, par mes respects et mes prières, de disposer son cour à vous accorder à mes voux.
ANGÉLIQUE.
Ah ! Cléante, ne parlons plus de rien : laissons-là toutes les pensées de mariage. Après la perte de mon père, je ne veux plus être du monde ; et j’y renonce pour jamais. Oui, mon père, si j’ai tantôt résisté à vos volontés, je veux suivre du moins une de vos intentions, et réparer par là le chagrin que je m’accuse de vous avoir donné. »
BARON, à part.
MOLIÈRE, toussant.
SCÈNE VIII. Baron, Isabelle. §
BARON.
ISABELLE.
BARON.
ISABELLE.
SCÈNE IX. Les précédents, La Docteur Mauvilain. §
LE DOCTEUR.
ISABELLE.
LE DOCTEUR.
ISABELLE, à Baron.
LE DOCTEUR.
SCÈNE X. Molière, Baron, Isabelle. §
MOLIÈRE.
ISABELLE.
MOLIÈRE.
BARON.
MOLIÈRE.
BARON.
MOLIÈRE.
SCÈNE XI. Les précédents, Chapelle. §
CHAPELLE.
MOLIÈRE.
CHAPELLE.
MOLIÈRE, avec un commencement de colère.
CHAPELLE.
MOLIÈRE, lui tendant les bras dans lesquels il se jette.
SCÈNE XII. §
CHAPELLE, seul.
ACTE III §
SCÈNE PREMIÈRE. §
CHAPELLE, entrant sur la scène avec l’air effrayé et appelant.
SCÈNE II. Chapelle, La Forêt. §
LAFORÊT.
CHAPELLE.
LAFORÊT.
CHAPELLE.
LAFORÊT, très alarmée.
CHAPELLE, la retenant.
LAFORÊT.
CHAPELLE.
SCÈNE III. Les précédents, Baron, Isabelle. §
MOLIÈRE, soutenu par sa fille et Baron qui l’assoient dans le fauteuil.
CHAPELLE.
MOLIÈRE.
LAFORÊT, revenant.
MOLIÈRE.
SCÈNE IV. Les précédents, La Docteur. §
LE DOCTEUR.
MOLIÈRE.
LE DOCTEUR.
MOLIÈRE.
LE DOCTEUR.
MOLIÈRE.
LE DOCTEUR.
MOLIÈRE.
LE DOCTEUR.
MOLIÈRE, souriant.
LE DOCTEUR.
ISABELLE.
MOLIÈRE, à Isabelle.
LE DOCTEUR.
MOLIÈRE, souriant.
LE DOCTEUR.
MOLIÈRE.
LE DOCTEUR, à part.
MOLIÈRE.
LE DOCTEUR.
MOLIÈRE.
SCÈNE V. §
BARON, seul.
SCÈNE VI. Baron, Un domestique. §
LE DOMESTIQUE.
BARON.
SCÈNE VII. Baron, Montausier. §
MONTAUSIER.
BARON.
MONTAUSIER.
BARON.
MONTAUSIER.
BARON.
MONTAUSIER.
BARON.
MONTAUSIER.
SCÈNE VIII. Les précédents, Pirlon. §
PIRLON, d’un air hypocrite et d’un ton mielleux.
BARON.
PIRLON.
BARON.
PIRLON.
MONTAUSIER, bas à Baron.
BARON, à part à Montausier.
MONTAUSIER.
BARON.
MONTAUSIER.
PIRLON.
MONTAUSIER.
PIRLON, s’inclinant.
MONTAUSIER.
PIRLON.
MONTAUSIER.
PIRLON.
MONTAUSIER.
PIRLON.
MONTAUSIER.
PIRLON.
MONTAUSIER.
PIRLON.
MONTAUSIER.
PIRLON.
MONTAUSIER.
SCÈNE IX. Les précédents, Chapelle, Isabelle. §
BARON.
ISABELLE au désespoir, à Chapelle qui la suit.
CHAPELLE.
ISABELLE.
BARON.
ISABELLE.
SCÈNE X. Les précédents, Lesbin. §
LESBIN.
ISABELLE.
LESBIN.
ISABELLE, le considérant.
CHAPELLE.
SCÈNE XI. §
ISABELLE, seule, parlant au portrait.
SCÈNE XII. La Molière, Isabelle. §
LA MOLIÈRE, en pleurs.
ISABELLE, avec un cri déchirant et s’évanouissant dans les bras de sa mère.
SCÈNE XIII. Les précédents, Chapelle, Baron, Plusieurs acteurs de la troupe de Molière. §
CHAPELLE.
SCÈNE XIV. Chapelle et les acteurs. §
CHAPELLE.
ACTE IV ou APOTHÉOSE DE MOLIÈRE. §
SCÈNE PREMIÈRE. Chapelle, Montausier, Baron. §
CHAPELLE.
MONTAUSIER.
BARON.
CHAPELLE.
MONTAUSIER, souriant.
CHAPELLE avec l’inspiration poétique.
BARON.
CHAPELLE.
MONTAUSIER.
CHAPELLE.
BARON.
CHAPELLE.
SCÈNE II. Les précédents, Mignard. §
MIGNARD.
CHAPELLE.
MIGNARD.
CHAPELLE.
MIGNARD.
CHAPELLE.
MIGNARD.
APOLLON.
THALIE, chantant.
APOLLON.
MELPOMÈNE, une couronne à la main.
CHAPELLE.
MONTAUSIER.
CHAPELLE.
BARON.
MONTAUSIER.
MIGNARD.