Par le Sieur Desfontaines
Chez Toussainct Quinet, au Palais
Sous la montée de la Cour des Aydes
M.DC.XLIV
Édition critique établie par Camille Neumuller Maleval dans le cadre d'un mémoire de master 1 sous la direction de Georges Forestier (2014-2015)
Introduction §
« La fortune est capricieuse, un rien l’irrite, elle ne pardonne pas à qui a eu le malheur de lui déplaire. » Réflexions sur la fortune (1648), Axel Oxenstiern.
C’est ainsi que la fortune s’est comportée envers Desfontaines. Sa popularité s’est en effet effacée avec le passage du temps au profit d’autres auteurs tels Molière, Racine, Corneille, ces étoiles du Siècle d’Or qu’il a lui-même côtoyées.
Les raisons qui nous ont amenée à travailler sur Perside de Desfontaines dépendent aussi des caprices de la fortune. Notre admiration pour la gloire de Soliman le Législateur s’est de fait doublée d’une approche de Desfontaines, nous étant alors inconnu, par analogie avec le nom du célèbre fabuliste Lafontaine. Ainsi les recherches sur Desfontaines et son oeuvre nous ont permis de sortir des terrains battus des programmes traditionnels scolaires afin de redécouvrir le XVIIe siècle et toute la richesse du patrimoine culturel de la France.
Desfontaines Nicolas Mari §
Cette brève évocation de la vie de Desfontaines s’inspire des excellents travaux de recherche de Loraine Pierron (sous la direction du professeur de recherche de Paris IV Sorbonne Forestier Georges) qui cite des informations intéressantes sur la vie dudit dramaturge tirées des actes notariés et de l’ouvrage d’Howe Alan1.
De la vie de Desfontaines en particulier, nous en savons bien peu. Il entre parmi ces nombreuses personnalités qui de leur temps ont joui d’un certain succès et d’une certaine notoriété auprès de leurs contemporains mais que la roue de la Fortune a plongées dans l’oubli. Il demeure toutefois ses œuvres et des indices de son succès et de son parcours dans les archives de la bibliothèque nationale de France.
Né vers 1610, Nicolas Mari fait ses études à Paris et devient avocat au parlement en 1636, date à laquelle il épouse Antoinette de Maudinier et période durant laquelle il commence également sa carrière de dramaturge puisque sa première œuvre est représentée en 1635 : Eurimédon ou l’illustre Pirate. Acteur, il prend, à l’instar de Molière dont il est l’associé à l’Illustre Théâtre, le surnom que la postérité lui retient. Il joue ainsi dans diverses villes de France dont deux gardent principalement la trace de son passage : Paris et Lyon, deux villes par ailleurs en plein épanouissement urbanistique et également deux pôles culturels et commerciaux. Nous pouvons en déduire que les principales décennies de son parcours professionnel ont été marquées par une bonne fortune et une popularité indéniable : le suggèrent les nombreuses commandes (pièces de théâtre) et le public aristocrate aisé auquel il s’adresse (voire les dédicaces de ses œuvres à Mademoiselle de Vertu et le Duc de Guise entre autres). Directeur de l’éphémère troupe « Desfontaines » les deux dernières années de sa vie, il s’éteint à Angers le 4 février 1652.
Avocat, acteur et dramaturge, Nicolas Mari Desfontaines garde ses secrets tout en léguant son œuvre à qui souhaite découvrir les terres vierges du théâtre.
L’œuvre théâtrale §
Perside ou la Suite d’Ibrahim Bassa est une pièce de théâtre faisant écho à l’œuvre de Georges Scudéry Ibrahim ou l’Illustre Bassa qui obtint un grand succés dès la parution de l’édition princeps en 1641 chez Antoine de Sommaville. Desfontaines s’est sans aucun doute saisi de l’occasion que lui offrirent la popularité du roman et la fascination des contemporains envers l’orient pour adapter sur les planches une « suite ». Il s’agit de reprendre un des aspects de l’œuvre-mère, l’exploiter, le modifier si bien que l’intrigue obtenue s’éloigne très souvent de celle du texte source. La « suite » devient par conséquent une œuvre autonome. Nous verrons par la suite dans quelles mesures Desfontaines s’inspire d’autres œuvres et comment le parfum du roman se mêle au souffle vivifiant de l’art théâtral.
Selon le tome IV du Dictionnaire des théâtres de Paris (1756) p. 114, Perside fut représentée et publiée la même année de 1644 (apogée de sa carrière), alors que Lancaster remonte la représentation à 1642 peu après la publication dudit roman. Sa critique est sans ménagement : l’œuvre de Desfontaines détient des scènes non liées entre elles, un manque de logique entre l’action et le titre tels que l’intérêt du spectateur-lecteur s’en touve dispersé. Ajoutées à cela, la présence de scènes et de personnages superflus et la violation de l’unité d’action ne peuvent supléer au défaut de construction de l’intrigue : « […] by constructing his tragedy in such a way that he is obliged to supply a new obstacle, for which no preparation had been made, in the third act. » Après une lecture plus attentive de la pièce, un retour sur l’esthétique théâtrale du XVIIe siècle et la conscience du poids du classicisme dans les mentalités (encore aujourd’hui d’actualité), il est aisé de discerner que l’œuvre de Desfontaines a subi les foudres de la critique à l’aune des critères classiques du théâtre (règle des trois unités, bienséance, vraisemblance…). Si Perside n’entre pas dans ces critères-ci, la pièce présente néanmoins un intérêt et une richesse qui, l’œuvre une fois replacée dans son contexte historique et artistique de création, dévoilent toute sa valeur.
Résumé de la pièce §
Acte I §
La pièce s’ouvre au sérail à Constantinople sur une double victoire : celle de Soliman, l’empereur des Turcs, sur Rhodes et celle d’Eraste, son favori grec d’origine rhodienne, sur Belgrade. Une forte amitié unit les deux hommes si bien que Soliman s’apprête à lui donner sa captive favorite : la princesse Herminie de Belgrade. À la stupéfaction générale, celle-ci se rebelle contre cette décision malgré la vertu et la noblesse du héros de Belgrade (scène 1). Au départ de ce dernier,
Herminie explique à Soliman son incapacité à forcer les sentiments d’Eraste, connu pour ses vertus d’honneur et de fidélité car il aime déjà quelqu’un (scène 2). Au moment de décliner l’identité de l’objet de son amour, Pyrrhus, un Bassa, vient annoncer à Soliman la venue d’Achmat, Bassa de la mer. Herminie se retire (scène 3). Achmat amène alors à l’empereur une captive rhodienne d’une grande beauté : Perside. Soliman tombe immédiatement amoureux de la belle qui rejette ses sentiments et sa couronne (scène 4).
Acte II §
Herminie dévoile à Soliman l’identité de l’amante d’Eraste : il ne s’agit d’autre que Perside. Achmat lui narre alors sa capture et son caractère fidèle et passionné prêt à mourir pour son amant. Soliman se voit confronté à un premier dilemme : obéir à sa passion ou récompenser la vertu de son serviteur et ami ? (scène1). Achmat envoyé quérir les deux amants, Soliman assure à Herminie la victoire de la vertu sur la passion (scène 2). Face à Perside cependant, il renouvelle son offre qu’elle décline avec tout autant de véhémence (scène 3). Eraste, survenu, raconte à Soliman et à sa suite les mésaventures de leurs amours. Finalement Soliman lui accorde la main de Perside (scène 4).
Acte III §
De son côté, Herminie apprend d’Alcomire, une dame de Constantinople, qu’Achmat brûle pour elle mais la princesse de Belgrade avoue à cette dernière ses sentiments pour Soliman qu’Alcomire encourage, secrètement éprise du Bassa de la mer (scène 1). Peu après s’avance Achmat qui, trouvant Alcomire seule, lui confie sa résolution de demander, en récompense de ses services, la main d’Herminie au souverain (scène 2). La mort dans l’âme, Alcomire s’incline face à ce tour du sort (scène 3). Entre temps, Herminie assiste, l’esprit tourmenté, aux échanges galants entre Perside et Soliman et à son indifférence lorsque ce dernier la cède au désir d’Achmat (scène 4). Restés seuls, le souverain, sous l’emprise de la passion, invite Perside à l’adultère qu’elle rejette avec autant d’effroi que de dégoût face à ce revirement (scène 5). Resté seul, Soliman pose son ultimatum : l’amour ou la mort (scène 6).
Acte IV §
Devant le rejet et l’orgueil d’Herminie (scène 1), Achmat conçoit un projet machiavélique pour lui ôter tout espoir concernant l’inclination de Soliman : perdre Eraste pour favoriser les amours du souverain et les siennes (scène 2). Perside, quant à elle, renouvelle son serment de fidélité à Eraste (scène 3) qui, sentant sa fin approchée, vient lui dire adieu (scène 4). Restée seule, Perside se détermine à le suivre au tombeau (scène 4). Aveuglé par sa passion, Soliman se laisse persuadé par les mensonges de ses conseillers Achmat, Pyrrus et Haly (scènes 6 et 7) de la traitrise d’Eraste qui, non dupe du stratagème, lui révèle pour toute défense le véritable motif de sa condamnation : Le dépit, le désir et non plus la vertu et la gloire, gouvernent le souverain (scène 7). Après une ultime hésitation, Soliman condamne Eraste à mort (scène 9).
Acte V §
Cependant Alcomire, de dépit et d’orgueil, promet à Pyrrhus son amour s’il assassine Achmat (scène 1), qui jouit de sa victoire (scène 2). Mais Herminie devance son projet en poignardant le Bassa de la mer (scène 3) et laisse volontiers la gloire de cet assassinat à un Pyrrhus bien embarrassé de cet acte imprévu (scène 4). Herminie, de son côté, est déterminée à animer la constance et la résistance de Perside (scène 5) qu’elle voit apparaitre travestie en soldat. A sa scène de douleur, Herminie se décide à la suivre dans sa demeure afin d’y mourir, étant privée de l’amour de Soliman (scène 6). Demandant une audience, Soliman se voit refusé vertement l’accès aux quartiers de Perside, travestie en soldat, qui le provoque au point de susciter sa colère : une flèche, décochée sur son ordre, vient percer le sein de la jeune femme (scènes 7 et 8). Herminie alors s’avance et révèle à Soliman sa méprise et son méfait (scène 9). Au chevet de Perside expirant, Soliman se repend amèrement de ses actes et condamne la perfidie de ses conseillers. Implorant le pardon d’Herminie, la douleur le laisse évanoui alors que la princesse dans un message d’espoir assure le triomphe de la vertu et de la constance (scène 10).
Étude de Perside §
Dans l’Histoire de France, de nombreuses raisons justifient la qualification de Grand Siècle pour le XVIIe siècle.
Période de paix civile après les horreurs des guerres de religion et des épidémies, le Siècle de Louis XIV est également le siècle d’une révolution dans des domaines phares qui modifient définitivement la face de la culture française aux yeux de l’Europe et pour les siècles à venir : la politique royale et l’art.
Ainsi le théâtre voit triompher l’esthétique classique, auquel la postérité a souvent réduit l’art dramatique du XVIIe siècle, dans la seconde moitié dudit siècle. Pourtant la première moitié du Siècle d’Or se révèle une période de transition riche et complexe. En effet l’art théâtral baroque hérité du XVIe siècle, caractérisé principalement par les émotions poussées à leur paroxysme, la violence de jeux de scènes spectaculaires, par l’absence d’unité de lieu, la présence de travestissement, par une mise en scène de la souffrance, de la mort et de la vengeance, se nuance. Le thème de la vengeance passe au second plan de l’Intrigue tandis que celle-ci se concentre davantage sur la complexité psychologique des personnages. S’effectue de fait un déplacement dans la définition du tragique. La tragédie se joue de moins en moins dans le ressort de la vengeance et du sang versé que dans le dilemme intérieur qui déchire les protagonistes. L’analyse émotionnelle et psychologique écarte peu à peu la mise en scène de la mort pour un public aristocrate au goût plus exigeant intellectuellement et plus raffiné. Perside de Desfontaines s’inscrit donc dans ce théâtre postbaroque et préclassique. Le tournant s’observe aussi dans le rôle de l’auteur. De fait, ce dernier s’impose dans l’acquisition de l’autorité de la publication de son texte et dans la mise en scène de son texte. Il est probable que Desfontaines a joui de cette autorité vu la précision des didascalies du premier acte de Perside et considération faite de l’époque où la pièce est créée : l’auteur est au faîte de sa gloire.
De plus l’œuvre de Desfontaines emprunte également à la série des pièces « ottomanes » mettant en scène l’empereur des Turcs : Soliman. Il est intéressant de relever que les relations diplomatiques de la France avec la « Grande Porte » se développent et sont valorisées autant que faire se peut par le pouvoir. Par ailleurs, les récits de voyageurs occidentaux dans l’empire ottoman alimentent l’engouement et la fascination de la Cour pour l’orient et ses secrets. L’ambassade ottomanne de 1619 accentue ce rapprochement d’avec l’Orient et d’avec l’empereur qui inspire crainte et admiration. Ainsi, dans cette atmosphère de bonne entente avec « l’Infidèle », l’image d’un despote cruel et adonné à ses passions cède le pas à celle d’un souverain doué de toutes les vertus requises par son rang mais que ses passions mettent à l’épreuve. Desfontaines en offre un exemple.
La pièce de Desfontaines s’inspire de trois sources principales : La Rhodienne ou la cruauté de Soliman (1621) de Mainfray, elle-même adaptation théâtrale du recueil d’histoires à succès Le Printemps (1572) d’Yver et bien entendu Ibrahim ou l’illustre Bassa (1641) de Scudéry.
De prime abord, Desfontaines semble avoir développé la pièce de Mainfray auquel son œuvre ressemble fortement notamment dans le déroulement de l’intrigue. Des différences lui confèrent toutefois son originalité. Ainsi Desfontaines relègue au second plan l’attachement d’Eraste pour sa patrie au profit de sa loyauté et de son amour pour son suzerain. De plus Eraste apparait comme un héros conscient du danger que représente la passion de Soliman pour son épouse et n’hésite pas à le défier, sachant son sort scellé. L’ajout du personnage d’Herminie vient contrebalancer la figure de Perside en traçant le portrait d’une princesse humble que la tragédie épargne.
Le traitre de la tragédie Achmat (alias Brusor chez Mainfray) ne meurt pas sur l’ordre de l’empereur mais de la main vengeresse d’Herminie. Enfin Desfontaines présente un Soliman plus tourmenté par sa conscience, son amour pour Eraste et le souci de sa gloire. Il est racheté in extremis à la fin de la pièce.
Il est aussi intéressant d’y discerner les bribes des sources romanesques. En effet, de Scudéry, Desfontaines reprend la profonde amitié entre Soliman et Eraste, qui fait de ce dernier un autre Soliman à l’instar d’Ibrahim. S’y retrouvent le souffle épique des combats et le détail de l’étendard jeté au milieu de l’armée ennemie afin de ranimer l’ardeur des troupes. Le dilemme intérieur de l’empereur et ses divers états d’âme unit la pièce au roman.
D’Yver se retrouvent dans l’œuvre de Desfontaine les noms des héros, l’épanchement des amants lors de leurs retrouvailles, la coquetterie de Perside une fois mariée, la déclaration de Soliman lors du triomphe de sa passion, la mort de Perside vêtue de l’armet de son époux et enfin les remords de l’empereur.
Néanmoins demeure le titre. Se mettrions-nous d’accord avec Lancaster soulignant le défaut de logique entre l’intrigue et la manière de la baptiser ? Si Perside désigne l’héroïne éponyme, La Suite d’Ibrahim Bassa pourrait orienter l’interprétation du lecteur-spectateur en rapprochant davantage la tragédie d’Ibrahim et celle d’Eraste. Nous nous risquons cependant à y voir une certaine propagande pour attirer le public, le roman ayant eu du succès… Ibrahim, Eraste, Soliman, Perside… Il est temps de déceler les mécanismes de la tragédie qui mène les personnages de la pièce.
L’œuvre de Desfontaines se réclame de la tragédie. Nous pouvons en effet y constater de nombreux éléments tragiques : la mort des amants innocents, l’assassinat d’un traitre qui éveille autant mépris qu’apitoiement face à l’aveuglement de son dépit et de sa vanité. Dés le début de la pièce est présente la mort : mort sur le champ de bataille, volonté de mourir de Perside, le personnage éponyme : « Si plutost qu’un palais il m’offroit un tombeau » au dernier vers de l’acte I. Par ailleurs les deux thèmes au centre de toute tragédie à savoir l’amour, la mort et le malheur sont évoqués respectivement 71, 41 et 26 fois au détriment du bonheur (11 fois) comme le prouve aussi l’unique occurrence de l’adjectif « bienheureux » : « O favorable trait ? ô bien heureux effort », V, v. 1626. Précisons cependant que l’emploi dudit adjectif désigne le bonheur de Perside de recevoir la mort d’une flèche. Ajouté à ceci, presque tous les personnages souhaitent mourir si leur bonheur ou leur amour ne correspondent à leur souhait : Perside, Eraste, Soliman, Herminie, Alcomire… Nous pouvons souligner également le dilemme intérieur, source de souffrances, qui déchire l’âme de Soliman qui cède à la passion et (dans une moindre mesure) Achmat (IV, 2). L’impuissance des personnages face au cours des événements ou face à leurs souffrances s’expriment clairement dans tous les monologues. La tension s’exprime tout au long de la pièce par l’occurrence des termes tels : flamme, ardeur, fureur, effet, effort, cruel, enflammer…L’atmosphère de la pièce relève bien du tragique. Il est toutefois intéressant d’y déceler déjà un certain schéma classique que nous retrouverons chez les grands auteurs (Racine) de cette esthétique : le montage de la pièce en cinq actes avec en son centre le troisième acte en tant que déclencheur de la « machine infernale » tragique. En effet, « l’amour ou la mort » constitue l’ultimatum lancé par Soliman au dernier vers du troisième acte. À partir du troisième acte par ailleurs, le nombre de scènes croît contrairement aux deux précédents : la situation et les relations entre personnages gardent leur équilibre… équilibre traduit par le même nombre de scènes. La chute morale de Soliman entraine ainsi toute la tragédie qui se développe à l’instar du nombre de scènes et de l’occurrence du terme « mort ». Enfin une chaîne amoureuse présente l’interdépendance des personnages liés entre eux par la souffrance du dépit (exception faite des deux principaux amants) : Alcomire soupire après Achmat qui désire Herminie qui est éprise de Soliman qui ressent de la passion pour Perside, heureuse avec Eraste. Par conséquent l’insatisfaction et la frustration du désir de la plupart d’entre eux se trouvent au cœur de la tension tragique enclenchée dès l’acte III. Ce schéma n’est pas sans rappeler celui d’Andromaque (1667) de Racine. Le portrait des personnages va donner d’autres éclaircissements sur les ressorts de cette tragédie dont les protagonistes en sont et les victimes et les acteurs !
Avant de préciser les caractères de chacun, il est opportun de revenir sur l’identité des personnages principaux. De prime abord tout un chacun s’accorde pour reconnaitre un personnage principal dans une pièce de théâtre à son nombre d’apparitions et à son degré d’implication dans l’Intrigue. A partir de ce critère, se détachent du reste des personnages les deux amoureux Soliman et Herminie avec respectivement 19 et 16 apparitions alors que les deux amants Perside et Eraste apparaissent respectivement 11 et 4 fois derrière Achmat (13 fois) et Pyrrhus (12 fois). Cependant au niveau des dialogues, le nom d’Eraste apparait 67 fois, celui de Perside 53 fois bien devant Soliman (33 occurrences) et Herminie (15 occurrences). Ainsi le titre et l’enjeu de la tragédie désignent certes Eraste et Perside mais Soliman et Herminie s’avèrent être les personnages principaux qui évoluent dans la tragédie de Desfontaines.
Perside est la pomme d’Eris, celle qui provoque le déséquilibre dans les rapports entre les personnages : son arrivée est anticipée par un bouleversement dans l’alexandrin découpé par les répliques de différents personnages (I, 3). Passionnée, elle pousse la fidélité et le sens de l’honneur jusqu’à la mort. Elle et Eraste forment un couple d’amoureux directement issus des romans pastoraux. Eraste, quant à lui, apparait tel un chevalier imprégné des vertus d’honneur, de loyauté et de fidélité tout en pouvant adopter un comportement libertin pour regagner le cœur de Perside (II, 4). Doué de clairvoyance, il n’hésite pas à défier le pouvoir de Soliman que la passion a rendu tyrannique. Ce dernier est par ailleurs le personnage le plus tragique de la pièce. Tel Salomon, sa sagesse, sa mansuétude et sa générosité inspirent le respect jusque chez ses ennemis. Pourtant sa passion pour la Rhodienne entraine en son âme la guerre de la vertu contre ses désirs, dilemme douloureux qui voit finalement le triomphe de son « épitumia ». Soliman, conscient de sa chute morale, n’est délivré que par la mort de Perside qui lui ouvre les yeux sur l’entourage corrompu que constitue la Cour. Ses remords rachètent sa vertu comme le souligne Herminie. La princesse de Belgrade est le pendant de Perside à qui elle ressemble néanmoins dans la constance de son amour pour Soliman. De soumission apparente, elle fait preuve de courage, d’intelligence, et d’un esprit d’indépendance. Son caractère mesuré ne l’empêche cependant pas à tuer le traitre Achmat, faisant de cet assassinat un acte de courage de la part d’une femme mais indigne de l’aura d’une princesse. Achmat, quant à lui, incarne le traitre, conscient cependant du motif de son acte et de sa vilénie. Ajouté à cela, il représente l’âme damnée de Soliman qui pousse l’éthos du souverain à s’identifier à son pathos. Exploitant la faiblesse de l’empereur, Achmat est le fil conducteur de la machine infernale qui broit les deux amants… et lui aussi. Alcomire et Pyrrhus, eux, sont présents pour justifier l’assassinat du traitre. Enfin Ormane, la suivante de Perside, semble renvoyer à l’impuissance du spectateur face au déroulement de la tragédie et face à la douleur de la princesse rhodienne.
Conclusion §
La lecture et l’analyse de Perside de Desfontaines a mis au jour sa beauté et sa subtilité. Empruntant le sujet à des romans, développant une pièce théâtrale, s’inscrivant dans le théâtre à sujets ottomans et celui du baroque tardif, Desfontaines crée ainsi une œuvre originale dont la construction tragique dessine doucement celle des tragédies classiques postérieures. Unique pièce ottomane de son opus, Perside ou la suite d’Ibrahim Bassa offre un autre regard sur le talent de cet auteur dont les œuvres à présent constituent la principale carte d’identité.
Note sur la présente édition §
Il n’existe à ce jour qu’une seule édition effectuée en 1644 par Toussaint Quinet, dont en voici la description :
Volume in-4° de [VII]-102 pages
[I]PERSIDE OV LA SUITTE D’IBRAHIM BASSA/TRAGEDIE / image et sceau royal/ A PARIS, / Chez TOVSSAINCT QVINET, au Palais, ʃous / la montée de la Cour des Aydes / tiret /
M. DC. X L I V . / Auec Priuilege du Roy.[II]gravure[III-V]Epitre dédicatoire au Duc de Guise[VI] Les Personnages
1-101 : Texte de la pièce
[102]Extraict du Priuilege du Roy.
Cependant sont disponibles à la Bibliothèque nationale de France huit exemplaires dont les références sont précisées ci-dessous :
Le texte numérisé est accessible sous la côte NUMM-71738
Le texte est également visible en microfilm au magasin de Tolbiac rez-de-jardin sous les côtes MICROFILM M -2032 et MICROFILM M-8860 et en livre sous la côte RES-Y-268
Il est aussi possible de consulter l’œuvre au magasin de Richelieu-Art du spectacle en microfilm R189832 et en livre 8-RF-5994.
Enfin au magasin de l’Arsenal l’œuvre est visible en livre sous deux exemplaires 4-BL-3491 (1) et GD-43451
À la Bibliothèque Sainte Geneviève se trouve un exemplaire incomplet au Magasin Fonds ancien sous la côte DELTA 152202(2) FA (P.4) mais dont l’auteur se présente sous le nom de Suard Jean-Baptiste-Antoine.
Enfin il n’est pas inintéressant de noter la mention de l’œuvre dans le second volume du catalogue de La Bibliothèque dramatique de Monsieur Soleinne rédigé par le bibliophile P.L. Jacob.
Pour une lecture plus aisée, des modifications ont été apportées au texte original de la Bibliothèque Nationale de France, accessible via le site Gallica. Il est à préciser avant tout que le vers manquant (p.53) dont la rime devait s’accorder avec celle du vers 912, a été décompté de la versification.
Les majuscules considérées comme superflues pour le sens ou inconvenues à la fin d’un mot ont été supprimées.
Les voyelles nasales ont été rétablies dans leur orthographe usuelle.
Les u/v et i /j, les homonymes a/à et ou/où ont été distingués.
Les ʃ ont été remplacés en s, les β en ss ainsi que la ligature & déliée en et.
Les suffixes en -ez désignant la terminaison -és ont ainsi été modifiés.
L’orthographe du personnage de Pyrrus, variant entre le i et le y tout au long de la pièce, a été unifiée, en référence au contexte classique et son rapport à la culture antique. Nous faisons ici un clin d’œil au héros grec Pyrrhus, fils d’Achille.
À signaler écrit [page 19] dans la liste des personnages « Solimam » au lieu de « Soliman ».
L’édition de la Bibliothèque nationale de France inverse les chiffres de la page 87 ainsi corrigée.
La ponctuation a été en son ensemble respectée hormis les tirets restitués lors de l’inversion entre le sujet et le verbe.
Correction ou/où §
v.360 ou tu perdras/ v.732 l’objet où mon amour/ v.748 d’où/ v.893 jusqu’où/ v.996 ou sois plus/ v.998 ou l’amour ou la mort/ v.1106 où je ne comprends/ v.1234 le trosne où je te vois/ v.1367 où me reduisez vous…/ v.1462 ou me fasse perir / v.1543-v.1544 c’est où
Correction « sen est » en « c’en est » §
v.1388/v.1413/v.1659
Correction de « ce » en « se » §
v.1384
Correction « vo° » en « vous » §
v.223/v.317/v.1176/v.1534
Correction « no° » en « nous » §
v.337
Correction « et » en « est » §
v.14
Correction « c’est » en « cet » §
v.714
Correction a/à §
Dédicace au Duc de Guise : à apprise/ v.13 par ta valeur a tes loix/ v.14 moins digne a mes yeux/ v.48 sans doute à fait/v.58 à beaucoup d’auantage/ v.133 à l’honneur de/v.138 a des qualitez/v.195 a ta loy/ v.292 Rhodes a ʃuccombé/ v.330 m’en à dit/v.398 à senty/ v.512 à passé/ v.699 Achmat à/ v.790 qu’a la fin/ v.1038 à trahy/ v.1078 a l’amour/ v.1390 à rejetté/ v.1453 à mangé
Liste des voyelles nasales avant correction §
v.10-v.826-v.924-v.1391 mô/ v.146 reβês/ v.223 dôcq-sâs/ v.301 tourmêts/ v.307 rêdront/ v.335 Quâd-rêdent/ v.364 charmât/ v.370 n’attendât/ v.419 quâd-pêʃe-dôt/ v.521 râg/ v.563 sôt-rêdent/ v.574 rêdre/ v.689 recônoit/ v.696 m’appellât/ v.734-v.986 grâd/ v.909 eʃperâce/ v.915 tô-ordonnâce/ v.999 traittât/ v.1175 môtrez/ v.1192 biê/ v.1373 nô-miês/ v.1392 m’ayât/ v.1632 fôt-meʃcônoiʃtre
Correction de « ce » en « se » §
v.1389
Correction « la » en « là » §
v.973 Si c’eʃt-la/ v.1434 Ce ʃont la
Liste des coquilles de l’imprimeur avant correction §
v.20-v.319-v.565-v.1051-v.1094-v.1597 ceʃt/ v.18 gens-darmes/ v.33 Tume/ v.41 d’eʃtin/ v.45 Tu las/ v.89 l’aissez/ v.116 d’eterminez/ v.129 n’aiʃt/ v.144-v.287-v.363-v.580-v.592-v.895-v.937-v.973-v.1206 bon-heur/ v.164 d’estinmaʃoubzmiʃe/ v.165 nignore/ v.179-v.1167 l’ache/ v.184 l’oûant/ v.185 l’ouange/ v.205 n’aiʃʃent/ v.205-v.324 qu’elle/ v.216-v.586 la renduë/ v.248 autres-fois/ v.257 tapoartient/ v.274-v.1301-v.1540 mal-heurs/ v.281-v.437-v.575-v.845-v.1054-v.1408 ma/ v.281-v.424-v.591 long-temps/ v.295-v.1184- v.1699 mal-gré/ v.301 n’y/ v.324 m’eʃpriʃée/v.334-v.964 ta/ v.335 mal-heureuʃes/ v.336-v.726-v.805 quelque-fois/ v.340- v. 1032-v.1336 n’oʃtre/ v.349- v.1505 mal-heureux/ v.358 d’ont/ v.360-v.393- v.838-v.1022-v.1292-v.1356 bien-toʃt/ v.383 Auβi-tôt/ v.387 faifant/v.415-v.611-v.958 envain/ v.431 ladore/ v.457-v.775 chef-doeuure/ v.513 dicy/ v.514-v.631 qu’ant/ v.537 d’ys/ v.538-v.1094 d’y/ v.540 marrache/ v.550 mobliger/ v.575 d’on/ v.602 d’iʃcretion/ v.608 l’euant/ v.626 l’assé/ v. 653 n’oyay/ v.682 mimpoʃent/ v.685 tarreʃte/ v.716 mal-heureuʃe/ v.725 mal-aiʃé/ v.727 t’aiʃt/ v.733 ʃoubz-ris/ v.735 Na point/ v.765-v.950-v.1201 A dieu/ v.797- v.951 m’eʃpris/ v.815 qu’à lors/ v.817-v.818 lors quelle/ v.826 l’a doit/ v.830-v.1165-v.1167-v.1220 ten/ v.833 D’eʃia/ v.843 noze/ v.844-v.857-v.917-v.1049-v.1291-v.1442-v.1498-v.1660 mal-heur/ v.848 bien-ʃeance/ v.862 m’eʃpriʃé/ v.869 l’auriers/ v.874 qui-conque/ v.878 pour quoy/ v.887 d’eʃaduoüer/ v.911 tu les/ v.930 d’eʃormais/ v.970 D’etruits/ v.980 orage/v.1034 ʃoppoʃe/ v.1036 tu lés/ v.1054 for-faict/ v.1065 Puis que/ v.1102 deʃtranges/ v.1103 m’auuais/ v.1110-v.1181-v.1411 à dieu/ v.563 v.1129-v.1707 mal-heurs/ v.1169 qu’auec-que/ v.1179 l’armes/ v.1188 r’asseure/ v.1188 ʃenuole/ v.1193 maβiʃte/ v.1204 tu mes/ v.1267 Laffront/ v.1292 ʃeʃteindre/ v.1337 dasseurer/ v.1430 q’uinfères/ v.1446 poureʃtre/ v.1477 tarigueur/ v. 1487 ten flame/ v.1487 tanime/ v.1510 linstrument/ v.1528 tu nes/ v.1552 m’eʃconnaiʃʃance/ v.1562 ʃappaise/ v.1590 soubzmiβions/ v.1604 Ienrage/ v.1616 teʃpouuente/ v.1617 l’âchement/ v.1626 bien heureux/ v.1636 quelle/ v.1639 ʃeclipser/ v.1652 ce luy /
PERSIDE OU LA SUITTE D’IBRAHIM BASSA
TRAGEDIE §
A MONSEIGNEUR LE DUC DE GUISE et c2 §
Monseigneur,
Voicy la plus genereuse et la plus illustre de toutes les femmes qui se vient jetter aux pieds du plus illustre et du plus genereux de tous les hommes ; Elle sçait que vostre Maison est le Temple de la Vertu, et qu’elle a esté de tout temps l’asile de ceux que la fortune expose aux atteintes du malheur. Cette vérité qu’elle a apprise aux extremités de la Terreur et en des regions où vos Ancestres ont signalé glorieusement et leurs armes et vostre nom, la fait resoudre à venir chercher en France, et dans vostre protection le repos qu’elle n’a pû trouver en son pays. Le sort de la guerre qui fit succomber sa patrie la rendit prisonniere d’un monarque dont elle se fit un esclave ; et maintenant un destin plus favorable la rend volontairement esclave d’un Prince pour qui elle a autant d’inclination et de respect, qu’elle eust pour l’autre d’aversion et de severité. Aussi faut-il advoüer Monseigneur, que quelque grand que fust Soliman, il ne posseda jamais si advantageusement que vous tant d’admirables qualités, qui vous rendent aujourd huy la merveille de nostre siecle, à la honte du passé, et au desespoir de l’advenir. Peut-estre qu’en parlant ainsi de vostre Grandeur, j’offense vostre modestie ; Mais Monseigneur, permettez que je combatte une de vos vertus pour faire esclater toutes les autres, et ne me forcez point d’escouter cette ennemie de ses propres loüanges dans le dessein que j’ay de publier des choses que l’envie mesme ne sçauroit desadvoüer* sans injustice, ny la France oublier sans ingratitude. Toutesfois ce serait vouloir comprendre dans une lettre ce qui meriteroit des volumes entiers ; de si hautes merveilles ne se peuvent exprimer par des termes ordinaires. Aussi veux-je qu’en une si noble matiere l’admiration soit toute mon eloquence, et que l’adveû de mon impuissance soit le crayon de vostre Grandeur, C'est assez que l’on sçâche que vos devanciers ont toujours este les plus fermes colonnes de cette Monarchie, et qu’estans vieillis dans les charges les plus considerables de cette Couronne, ils ont laissés un heritier qui acheve aujourd’huy ce qu’ils ont autrefois si genereusement commencé. De quelque costé qu’on jette les yeux dans vostre illustre famille, on n’y void que des marques celebres, et par tout de glorieux tesmoignages de fidélité, de prudence, de generosité, et de valeur. Vous adjouterez, s’il vous plaist, MONSEIGNEUR, à tant de celebres actions le secours que vous demande cette belle Perside, que je vous presente, quelque aimable qu’elle puisse estre, elle n’est pas sans ennemis, et comme autresfois sa beauté causa la perte de sa vie ; peut-estre que desormais on tâchera de luy ravir la gloire qu’elle espere de sa vertu ; mais si vostre Grandeur entreprend sa deffence, elle redoutera peu les traits de l’envie, et ses ennemis seront foibles si vostre bonté se declare en sa faveur. C'est dequoy elle vous conjure avec tout le zele et toute la passion dont elle peut estre capable, et j’espere que vous luy accorderez cette grace, bien qu’elle vous soit demandée, par la personne du monde qui merite le moins, mais qui desire plus passionnément d’estre toute sa vie,
Monseigneur,
De vostre Grandeur,
Le tres humble tres obeïssant et tres affectionné serviteur,
LES PERSONNAGES, §
- Soliman second Empereur des Turcs.
- Eraste, Favory* de Soliman, amoureux de Perside
- Achmat, Bassa*3 de la mer, amoureux d’Herminie
- Pyrrhus Bassa rival d’Achmat.
- Haly, Bassa confident d’Achmat.
- Perside, Dame rhodienne, amante d’Eraste
- Herminie Fille d’Amurat4, prisonnière de guerre.
- Alcomire, Dame de Constantinople5, rivale d’Herminie.
- Ormane, Suivante de Perside
- Troupe de Jannissaires6 La scène est au serrail7, de dehors à Constantinople.
ACTE I. §
SCENE PREMIERE. §
ERASTE.
SOLIMAN.
ERASTE.
SOLIMAN.
ERASTE.
SOLIMAN.
HERMINIE.
SOLIMAN.
HERMINIE.
SOLIMAN.
SOLIMAN.
ERASTE.
HERMINIE.
SOLIMAN.
SOLIMAN.
HERMINIE.
ERASTE.
HERMINIE.
SOLIMAN.
HERMINIE.
SOLIMAN à Eraste
ERASTE.
SOLIMAN.
HERMINIE.
SCENE SECONDE §
SOLIMAN.
HERMINIE.
SOLIMAN.
HERMINIE.
SOLIMAN.
HERMINIE.
SOLIMAN.
HERMINIE.
SOLIMAN.
HERMINIE.
SOLIMAN.
HERMINIE.
SOLIMAN.
SCENE TROISIESME §
SOLIMAN.
PYRRHUS.
SOLIMAN.
PYRRHUS.
SOLIMAN.
HERMINIE.
SOLIMAN.
HERMINIE.
SCENE QUATRIESME §
SOLIMAN.
ACHMAT.
SOLIMAN.
PERSIDE.
SOLIMAN.
PERSIDE.
SOLIMAN.
FIN DU PREMIER ACTE.
ACTE SECOND §
SCENE PREMIERE §
SOLIMAN.
HERMINIE.
ACHMAT.
HERMINIE.
ACHMAT.
SOLIMAN.
ACHMAT.
SOLIMAN.
ACHMAT.
Au fonds de son palaisHERMINIE.
ACHMAT.
SOLIMAN.
SCENE SECONDE §
SOLIMAN.
HERMINIE.
SOLIMAN.
SCENE TROISIESME §
SOLIMAN.
PERSIDE.
SOLIMAN.
PERSIDE.
HERMINIE.
ACHMAT.
SOLIMAN.
PERSIDE.
PERSIDE.
SOLIMAN.
PERSIDE.
SOLIMAN.
PERSIDE.
SOLIMAN.
PERSIDE.
SOLIMAN.
PERSIDE.
SCENE QUATRIESME §
SOLIMAN.
PERSIDE.
ERASTE.
SOLIMAN.
ERASTE.
PERSIDE.
PERSIDE. à Soliman.
SOLIMAN.
ERASTE.
SOLIMAN.
[p. 34]ERASTE.
SOLIMAN.
ERASTE.
SOLIMAN.
ERASTE.
PERSIDE.
ACHMAT.
ERASTE.
[p. 38]PERSIDE.
SOLIMAN.
ERASTE.
PERSIDE.
FIN DU SECOND ACTE
ACTE TROISIESME §
SCENE PREMIERE §
HERMINIE.
ALCOMIRE.
HERMINIE.
ALCOMIRE.
HERMINIE.
ALCOMIRE.
HERMINIE.
[p. 41]ALCOMIRE.
HERMINIE.
ALCOMIRE.
HERMINIE.
ALCOMIRE.
HERMINIE.
ALCOMIRE.
HERMINIE.
ALCOMIRE.
HERMINIE.
ALCOMIRE.
HERMINIE.
HERMINIE.
ALCOMIRE.
HERMINIE.
SCENE SECONDE §
ALCOMIRE.
ACHMAT.
ALCOMIRE .
ACHMAT.
ALCOMIRE.
ACHMAT.
ALCOMIRE.
ACHMAT.
ALCOMIRE.
ACHMAT.
ALCOMIRE
ACHMAT
ALCOMIRE.
ACHMAT.
ALCOMIRE.
ACHMAT.
ALCOMIRE. à Part
ACHMAT.
SCENE TROISIESME §
[p. 49]ALCOMIRE, seule
SCENE QUATRIESME §
[p. 50]PERSIDE.
SOLIMAN.
PERSIDE.
SOLIMAN.
PERSIDE.
PERSIDE.
SOLIMAN.
HERMINIE. à Part.
SOLIMAN. à Achmat.
[p. 53]ACHMAT.
TonHERMINIE. à part.
SOLIMAN.
ACHMAT.
HERMINIE. bas
SOLIMAN.
ACHMAT,à Soliman.
HERMINIE
SOLIMAN
HERMINIE
SOLIMAN
SCENE CINQUIESME §
[p. 55][SOLIMAN]
PERSIDE.
[p. 56]SOLIMAN.
PERSIDE.
SOLIMAN
PERSIDE.
[p. 57]SOLIMAN.
PERSIDE
SOLIMAN.
SCENE SIXIESME §
[p. 58]SOLIMAN Seul.
O DesespoirFIN DU TROISIESME ACTE
ACTE QUATRIESME §
SCENE PREMIERE §
ACHMAT, sortant de l’appartement d’Herminie.
HERMINIE.
HERMINIE.
ACHMAT.
HERMINIE
ACHMAT
HERMINIE.
ACHMAT.
HERMINIE
ACHMAT
HERMINIE
SCENE SECONDE §
ACHMAT
SCENE TROISIESME §
[p. 63]PERSIDE.
SCENE QUATRIESME §
PERSIDE
ERASTE
PERSIDE
ERASTE
PERSIDE
ERASTE
PERSIDE
ERASTE
PERSIDE
ERASTE
PERSIDE
SCENE CINQUIESME §
PERSIDE seule
SCENE SIXIESME §
ACHMAT
SOLIMAN
PYRRUS
ACHMAT
SCENE SEPTIESME §
SOLIMAN.
HALY.
SOLIMAN.
SOLIMAN.
HALY.
SOLIMAN.
HALY.
SOLIMAN.
HALY.
SOLIMAN.
ACHMAT.
ACHMAT.
SOLIMAN.
ACHMAT.
SOLIMAN.
HALY.
[p. 75] De perdre unSOLIMAN.
HALY
SCENE HUICTIESME §
[p. 76]SOLIMAN.
ERASTE.
SOLIMAN
ERASTE
SOLIMAN.
ERASTE.
SCENE NEUFIESME §
SOLIMAN.
ACHMAT.
SOLIMAN.
HALY.
SOLIMAN.
HALY.
ACHMAT
HALY.
FIN DU QUATRIESME ACTE
ACTE CINQUIESME §
SCENE PREMIERE §
ALCOMIRE.
PYRRHUS.
ALCOMIRE.
PYRRHUS.
ALCOMIRE.
PYRRHUS,
ALCOMIRE
PYRRHUS
SCENE SECONDE §
ACHMAT.
SCENE TROISIESME §
[p. 84]ACHMAT.
BelleHERMINIE.
ACHMAT.
HERMINIE.
SCENE QUATRIESME §
PYRRHUS. En entrant se veut retirer
HERMINIE.
PYRRHUS.
HERMINIE.
PYRRHUS.
HERMINIE.
PYRRHUS.
HERMINIE.
PYRRHUS.
HERMINIE.
PYRRHUS.
SCENE CINQUIESME §
[p. 87]HERMINIE.
SCENE SIXIESME §
PERSIDE78
ORMANE.
HERMINIE.
HERMINIE.
PERSIDE.
ORMANE.
HERMINIE.
PERSIDE.
HERMINIE.
ORMANE.
PERSIDE.
HERMINIE.
PERSIDE.
HERMINIE.
PERSIDE.
SCENE SEPTIESME §
[p. 94]SOLIMAN.
SCENE HUICTIESME §
ORMANE. du balcon
ORMANE.
HALY.
PERSIDE. paroissant au balcon, bas.
SOLIMAN.
PERSIDE.
PYRRHUS.
SOLIMAN.
PYRRHUS
PERSIDE.
Calme cetteSOLIMAN.
[p. 97]HALY
PERSIDE
SCENE NEUFIESME §
SOLIMAN. voyant paroistre Herminie.
HERMINIE.
SOLIMAN.
HERMINIE.
SOLIMAN.
SCENE DERNIERE §
PERSIDE. tirant sa fleche du sein.
SOLIMAN.
HERMINIE.
FIN.
Extraict du privilege du Roy. §
Par grace & privilege du Roy, donné à Paris le 16 avril 1644. Signé par le Roy, en ʃon Conseil,DV PILLE Il eʃt permis à TOVSSAINT QVINET Marchand Libraire à Paris, d’imprimer ou faire imprimer, vendre & diʃtribuer vne piece de Theatre intitulée, Perʃide ou la Suitte de l’Hibrahim Baʃʃa, Tragicomedie, durant le temps & eʃpace de cinq ans, à compter du iour qu’il sera achevé d’imprimer. Et defenʃes ʃôt faites à tous Imprimeurs, Libraires & autres de contrefaire ladite piece, n’y en vendre ou expoʃer en vente, à peine de trois mil liures d’amende, de tous ʃes deʃpens, dommages et interets, ainʃi qu’il eʃt plus amplement porté par leʃdites Lettres, qui ʃont en vertu du preʃent Extraict, tenuës pour bien & deuëment ʃignifiée, à ce qu’aucun n’en pretende cauʃe d’ignorance.
Achevé d’imprimer pour la premiere fois le 24 mai 1644
Les exemplaires ont esté fournis
Lexique d’après le corpus des dictionnaires de l’Académie française (XVIIe-XXe siècles) et le dictionnaire de Furetière §
Tableaux d’observations des personnages §
Nombre de répliques par acte et personnage d’après les travaux de Paul Fièvre (site theatre-classique.fr) §
Personnages | ACTE I | ACTE II | ACTE III | ACTE IV | ACTE V | Total |
---|---|---|---|---|---|---|
ERASTE | 6 | 8 | 0 | 9 | 0 | 23 |
SOLIMAN | 27 | 22 | 15 | 18 | 8 | 90 |
HERMINIE | 17 | 6 | 19 | 6 | 20 | 68 |
PIRRUS | 2 | 0 | 0 | 1 | 12 | 15 |
ACHMAT | 1 | 7 | 12 | 15 | 3 | 38 |
PERSIDE | 3 | 15 | 8 | 8 | 12 | 46 |
ALCOMIRE | 0 | 0 | 21 | 0 | 4 | 25 |
HALY | 0 | 0 | 0 | 10 | 3 | 13 |
ORMANE | 0 | 0 | 0 | 0 | 5 | 5 |
Total | 56 | 58 | 75 | 67 | 67 | 323 |
Tableau de présence des personnages §
SCENES | ACTE I | ACTE II | ACTE III | ACTE IV | ACTE V |
1 | SOLIMAN, ERASTE, HERMINIE, Suite | SOLIMAN, HERMINIE, ACHMAT, PYRRHUS | HERMINIE, ALCOMIRE | HERMINIE, ACHMAT | ALCOMIRE, PYRRHUS |
2 | SOLIMAN, HERMINIE, Suite | SOLIMAN, HERMINIE | ALCOMIRE, ACHMAT | ACHMAT | ACHMAT |
3 | SOLIMAN, HERMINIE, Suite | SOLIMAN, HERMINIE, ACHMAT, PERSIDE | ALCOMIRE | PERSIDE | ACHMAT, HERMINIE |
4 | SOLIMAN, PYRRHUS, ACHMAT, PERSIDE, Suite | SOLIMAN, HERMINIE, ACHMAT, PERSIDE, PYRRHUS, ERASTE | SOLIMAN, HERMINIE, ACHMAT, PERSIDE | PERSIDE, ERASTE | HERMINIE, PYRRHUS |
5 | SOLIMAN, PERSIDE | PERSIDE | HERMINIE | ||
6 | SOLIMAN | SOLIMAN, PYRRUS, ACHMAT, HALY | HERMINIE, PERSIDE, ORMANE | ||
7 | SOLIMAN, HALY, ACHMAT | SOLIMAN, HALY, Troupe de Janissaires | |||
8 | SOLIMAN, ERASTE, PYRRHUS, ACHMAT, HALY, Janissaires | SOLIMAN, PYRRHUS, HALY, PERSIDE, ORMANE, Troupe de Janissaires | |||
9 | SOLIMAN, HALY, ACHMAT | HERMINIE, SOLIMAN, HALY, PYRRHUS, Troupe de Janissaires | |||
10 | PERSIDE, SOLIMAN, HERMINIE, PYRRHUS, HALY, Troupe de Janissaires |
Récapitulation du nombre d’apparition des personnages
Soliman : 19
Herminie : 16
Perside : 11
Achmat : 13
Pyrrus : 12
Haly : 8
Eraste : 4
Alcomire : 4
Ormane : 2
De l’histoire aux fictions : extrait de la généalogie des sultans de la maison d’Osman (d’après la biographie de Clot André) §
Osman I (+1326)
׀
Orhan (1326-1362)
׀
Murad I (1362-1389)
׀
Bâyezid I (1389-1402)
׀
( interrègne )
׀
Mehmed I (1413-1421)
׀
Murad II (1421-1444/1446-1451)
׀
Mehmed II (1444-1446//1451-1481)
׀
Bâyezid II (1481-1512)
׀
Selim I (1512-1520)
׀
Suleyman I (1520-1566)
׀
Selim II (1566-1574)
׀
….
Surnommé « Le Législateur » (kanûnî) pour les Turcs (en référence aux nombreuses réformes entreprises et à Salomon dont « Suleyman » est la version arabe) ou « Le Magnifique » pour les Européens, Soliman nait le 27 avril 1495 à Trébizonde (Trabzon) et meurt le 7 septembre 1566 à Szigetvár. Il porte ainsi l’empire ottoman à un âge d’or que ce dernier ne connaitra plus : les frontières du royaume sont repoussées au plus loin, il combat la corruption du corps gouvernemental notamment avec le code de loi « Kannuname », il développe le commerce et est le premier à contacter avec l’Europe c’est-à-dire avec François Ier une alliance politique et commerciale. Administrateur avisé, grand conquérant, bâtisseur reconnu, mécène sensible aux arts (il écrit des poèmes et s’adonne à l’orfèvrerie), il est profondément religieux mais tolérant envers « les gens du Livre ». La postérité gardera de lui une image en clair-obscur. Si le peuple le considère comme un bon souverain, ses nombreuses victoires militaires ainsi que l’assassinat de son ami et vizir Ibrahim ainsi que celle de son fils Mustapha alimentent dans l’esprit européen la vision du despote soumis à ses passions. Néanmoins il incarne aux yeux des Européens le sublime de cet orient exotique, terre des aventures de la plus grande cruauté comme de la plus grande beauté…cet orient autrefois l’apanage d’un autre empire…
« Il a forcé le Soleil de l’Occident à craindre le Croissant de l’Orient » :
Moi qui suis le Sultan des Sultans, le Souverain des Souverains, le Distributeur des Couronnes aux Monarques du Globe, l’Ombre de Dieu sur la Terre, le Sultan et le Padichah de la mer Blanche, de la mer Noire, de la Roumélie, de l’Anatolie, de la Caramanie, du pays de Roum, de Zulcadir, du Diarbekr, du Kurdistan, de l’Azerbeidjan, de la Perse, de Damas, d’Alep, du Caire, de la Mecque, de Médine, de Jérusalem, de toute l’Arabie, de l’Yémen et de plusieurs autres contrées que mes nobles aïeux et mes illustres ancêtres […] conquirent par la force de leurs armes et que mon Auguste Majesté a également conquises avec mon glaive flamboyant et mon sabre victorieux […] (Lettre de Soliman à François Ier)
Il aurait été insuffisant de parler de Soliman sans évoquer la personnalité d’Ibrahim (nom arabe pour Abraham). Né à Parga (Albanie) en 1493 et exécuté le 15 mars 1536, il est selon certains historiens fils d’un matelot d’origine grecque. Considéré comme un autre Soliman, fidèle ami, beau-frère, conseiller et vizir, il aurait été gagné par l’ambition, d’après Michel Baudier dans Continuation83. Accusé de complot, les contemporains l’auraient également considéré comme la victime de la jalousie de la reine sultane Hürrem et de l’envie des autres membres du gouvernement.
Ces aspects contrastes et de Soliman et d’Ibrahim traversent les siècles jusqu’à aujourd’hui : la série turcque Muhteşem Yüzyıl les exploite dans un esprit assez fidèle à la tradition historique.
œuvres de Desfontaines §
Cette bibliographie a été effectuée d’après le site cesar.org.uk et les travaux de Loraine Pierron.
Oeuvres romanesques §
Les Heureuses Infortunes de Céliante et Marilinde, Veuves-Pucelles, 1638
L’Illustre Amazonthe, 1645
L’Inceste innocent, 1658
Oeuvres théâtrales §
Eurymédon ou l’Illustre Pirate, 1637
Orphise ou la Beauté persécutée, 1638
La vraie suite du Cid, 1638
Hermogène, 1638
Bélisaire, 1641
Les Galantes vertueuses, 1642
Le Martyre de Saint Eustache, 1644
Alcidiane ou les quatre rivaux, 1644
Saint Alexis ou l’Illustre Olympie, 1644
Perside ou la suite d’Ibrahim Bassa, 1644
L’Illustre Comédien ou Le Martyre de Saint-Genest, 1645
Belissante ou l’Infidélité reconnue, 1647
La Véritable Sémiramis, 1647
Oeuvres poétiques §
Sonnet liminaire aux passions égarées, de Richemont-Banchereau, 1632
Panégyrique à Monsieur le Cardinal de Richelieu, 1642
Paraphrase sur le Memento Mori, 1642
Sonnet dédié au Grand Condé, 1645
Le poète chrétien passant du Parnasse au Calvaire, 1648
Desfontaines a également traduit des textes italiens.
Ce compte-rendu, quoique modeste, dénote toutefois la richesse et la diversité de l’Opus de Desfontaines.
Bibliographie §
Outils de la langue française §
Jarrety Michel, Lexique des termes littéraires, Paris, Librairie Générale Française, 2001.Rey Alain, Dictionnaire historique de la langue française, Le Robert, 2012.Robert Paul, Le Nouveau Petit Robert 2009, Paris, Le Robert, 2009.Sancier-Château Anne, Introduction à la langue française du XVIIe siècle, Paris, Nathan, 1993.
Études §
Bély Lucien, Turcs et Turqueries (XVIème-XVIIIème siècles), Paris-Sorbonne, Pups, 2009.Bénichou Paul, Morales du grand siècle, Saint-Amand, Gallimard, 2008.Biet Christian, Le Théâtre français du XVIIème siècle, L’avant-scène théâtre, 2009.Forestier Georges, La Tragédie française, Passions tragiques et règles classiques, Armand Colin, 2010.Forsyth Elliott, La Tragédie française de Jodelle à Corneille (1553-1640), Paris, Honoré Champion Editeur, 1994.Lagarde André et Michard Laurent, XVIIème siècle Les grands auteurs français du programme, Paris, Bordas, 1963.Lancaster Henry Carrington, A History of French Dramatic Literature in the Seventeenth Century, Baltimore, The Johns Hopkins Press, 1929-1942, volume 2.Poumarède Géraud, Pour en finir avec la Croisade / Mythes et réalités de la lutte contre les Turcs aux XVIème et XVIIème siècles, Paris, Quadrige, 2004.
Travaux de recherches §
Chataignier David, Représentation de la tyrannie dans les tragédies à sujet turc du Grand Siècle français, Paris-Sorbonne 2008.Loraine Pierron, édition critique sous la direction de Forestier Georges d’Eurimédon ou l’Illustre Pirate de Desfontaines, Paris-Sorbonne 2005.
Biographie §
Clot André, Soliman le magnifique, Librairie Arthème Fayard, 1983.
Oeuvres du XVIe- XVIIe-XVIIIe siècle §
Calmet Augustin, L’Histoire universelle, sacrée et profane, depuis le commencement du monde jusqu’à nos jours, Volume 15, Strasbourg, Chez Jean Renauld Dousselcker, 1738.De Scudery Georges, Ibrahim ou l’Illustre Bassa, 1642, texte établi et annoté par Arrigoni Antonella, Biblioteca Della Ricerca, 2003, volume 1&2.Moreri Louis, Le Grand Dictionnaire historique, Paris, Chez les Libraires associés, 1759.Mainfray Pierre, La Rhodienne ou la cruauté de Soliman, 1621.Yver Jacques, Le Printemps D’Yver, 1572, Genève, Slatkine Reprints, 1970.
Filmographie §
Mario Tota Vitroslav Mimica, SOLIMANO IL CONQUISTATORE, Film 1961
Meral Okay, Muhteşem Yüzyıl, (Le Siècle magnifique), Série diffusée du 5/01/2011 au 4/01/2012
Secrets d’Histoire présentés par Stéphane Bern, Soliman le magnifique, Émission du 21/08/2012