M. DCC. LXV. Avec Approbation.
LETTRE DE L’AUTEUR AU SOLITAIRE DU GUÉLAGUET*. §
* Le Guélaguet est une terre près de Blois.
C’est bien assez de donner un ouvrage au public, sans l’ennuyer préliminairement de toute la pompe dédicatoire. Je n’aime point ces écrivains qui cherchent à appuyer d’un nom fastueux leur timide médiocrité. J’ai besoin d’un ami vrai, qui raisonne avec moi, qui féconde mes idées, en y mêlant les siennes, qui agrandisse mon imagination par l’attrait de la confiance et de la liberté ; qui, détaché des petits intérêts littéraires, ignore cet art si commun de flatter pour nuire ; enfin j’ai besoin d’un Sage, qui, dans le silence des campagnes, voyant la Nature telle qu’elle est, toujours simple et sublime, m’apprenne à la séparer de ces vapeurs étrangères qui l’offusquent dans les villes, et n’en laissent apercevoir qu’une image fausse et déshonorée.
Ô mon ami, tous ces avantages, je les ai trouvés dans ta solitude; c’est là que je vais chercher mon guide. Maîtrisé par les plaisirs que la foule poursuit, entouré de liens si imperceptibles, que je ne songe pas même à les briser, inquiété par ces demi-passions d’autant plus durables qu’elles sont plus languissantes, chaque fois que je veux prendre l’essor, je me sens ramener malgré moi à cet esprit léger et vagabond, qui amuse quelquefois les autres, et ne console jamais son frivole possesseur. Voilà pourtant une production plus grave, plus sérieuse que celles dont je me suis occupé depuis longtemps : elle mérite l’examen d’un homme raisonnable.
Quel ouvrage qu’une tragédie ! Je ne sache rien de plus embarrassant à faire, et de si embarrassant quand elle est faite. La présentera-t-on aux Comédiens ? La recevront-ils ? La joueront-ils ? Réussira-t-elle ? Restera-t-elle au théâtre ? Ira-t-elle à la Postérité ? Qu’en diront les journalistes ? Pour aplanir une partie de ces difficultés, j’ai pris la résolution prudente de faire imprimer celle-ci, et de la garantir des illustres naufrages de la représentation. Tu m’objecteras qu’un ouvrage dramatique est toujours froid et inanimé sans le secours de la scène, et la féerie du jeu des acteurs ; qu’une tragédie non représentée ressemble, tout au plus, à une belle femme en bonnet de nuit. J’en conviens ; mais aussi quel jour effrayant que celui du Théâtre !
Tu n’es pas comme moi le témoin de ces exécutions littéraires, de cet ennui majestueux du Public assemblé, de ces silences formidables qui précédent les murmures, de ces applaudissements ironiques que l’amour-propre même de l’Auteur ne saurait bien interpréter, de la joie cruelle de cent petits dramaturges obscurs tout fiers d’avoir influé sur un événement de cette importance ; du ridicule enfin qui poursuit l’infortuné, et le force, du moins pendant quelques jours, d’être modeste, en dépit qu’il en ait. Tu n’as pas éprouvé comme moi ces palpitations d’un coeur paternel que l’on déchire ; ces terreurs croissant de scène en scène, cette éternité d’un drame qui fatigue les spectateurs, les inquiétudes de la veille, les transes du jour et le réveil du lendemain. Je ne connais rien de si sot qu’un auteur tragique qui a fait rire son monde pendant deux heures et demie, avec la prétention de le faire pleurer. L’impression du moins présente un calme séduisant : c’est une mort douce, lente et insensible, une espèce d’opium qui endort et tue voluptueusement celui qui l’a pris, en lui procurant des rêves agréables.
Mais venons à l’Ouvrage que je t’envoie. Le titre seul annonce le sujet. De tous les exemples de la fermeté Romaine, il n’en est point de plus frappant que celui de Régulus abandonnant sa femme et sa patrie, repoussant d’un oeil morne les caresses de ses enfants et les prières de ses amis, pour retourner à Carthage y dégager sa parole, et se dévouer aux tourments qui l’attendent. Ces temps d’héroïsme ont presque l’air fabuleux, tant l’espèce humaine a dégénéré, et tant les phénomènes de vertu ont peu de droits sur notre crédulité. Aussi de tous les tableaux qu’on nous offre au théâtre, ceux qui nous rapprochent de ces jours de force et d’énergie, sont-ils ceux qui font le moins d’effet. Brutus, ce chef-d’oeuvre de M. de Voltaire, et l’un des plus beaux drames dont puisse s’enorgueillir l’esprit humain, Brutus n’a arraché qu’un succès d’estime, au lieu de l’ivresse qu’il devait produire. Nos femmes et nos jeunes gens, tout le sexe enfin se familiarise difficilement avec cette grandeur qui lui paraît surnaturelle. C’est dans notre amour-propre même que je trouve les raisons de notre froideur pour ces sortes de sujets. Jamais vous n’intéresserez les hommes, en les humiliant. La peinture de ces actions sublimes, dont nous avons si peu de modèles, et de ces grands efforts efforts auxquels il est si difficile d’atteindre, ne saurait exciter dans le général des spectateurs qu’une admiration vague et pénible qui rarement devient un plaisir.
Il semble alors qu’on les conduise dans un monde étranger, créé par l’imagination, pour être la satyre du nôtre : l’esprit applaudit ; l’âme est souvent froide et muette. (*) La véritable illusion du Théâtre naît du retour sur soi-même, et des rapports que l’on surprend entre soi et les personnages représentés. On aime à retrouver sur la scène ses penchants, ses vices même. L’homme souffre volontiers une lumière qui n’éclaire que lui, et ne le force point à rougir devant les autres. Dès que Rhadamiste paraît, mon âme suit les mouvements de la sienne. Je m’emporte avec lui ; avec lui je verse des larmes. Sa jalousie s’empare de moi ; son repentir m’attendrit ; il m’arrache à moi-même, et me transporte, pour ainsi dire, à ses côtés. Que deviendraient toutes ces émotions, s’il n’était que froidement vertueux ? Les passions, les crimes, les remords, voilà le vrai cortège de la tragédie ; et les faiblesses au théâtre ont bien plus de partisans, que les vertus n’y trouvent d’admirateurs.
Il faudrait pourtant savoir un gré infini aux Auteurs Dramatiques qui auraient le courage et le talent de nous ramener à ce genre si noble, si élevé, et dont les difficultés sont de nouveaux attraits pour le génie qui sait tout aplanir. Il est surtout des moments de sommeil et de langueur, que tous les peuples ont éprouvés, où les ressorts se relâchent, où l’émulation s’éteint, où les lumières des particuliers ne servent qu’à les aveugler sur le bien général, enfin où tous les rayons s’éloignent du foyer commun ; c’est alors qu’il paraît indispensable de réveiller dans les âmes ces idées de grandeur, de générosité, et cet enthousiasme patriotique qui a produit tant de héros et donné de si beaux spectacles à l’Univers. Le Théâtre seul semble fait pour ces fortes leçons ; elles n’acquièrent que là ce degré de chaleur et de vérité qui les rend utiles ; et il n’y a point de traité de Morale qui vaille le dernier acte de Cinna et le sublime dénouement d’Alzire.
On peut mettre au rang des pièces de ce genre Le Siége de Calais, Tragédie de Monsieur du Belloy, que l’on joue depuis quelque temps avec un succès mérité. C’est le triomphe de l’honneur et du patriotisme, c’est une belle et touchante leçon pour les peuples et pour les Rois, une espèce de monument élevé à la gloire de la Nation, qui y retrouve l’image de ses devoirs et l’éloge de ses vertus. Mais la réussite de ce drame ne détruit point ce que j’ai avancé précédemment. Transportez à Rome, à Athènes ou à Corinthe les mêmes passions, les mêmes intérêts, vous verrez bientôt toutes les âmes se refroidir, et succéder le calme de l’admiration aux transports du sentiment. Il y a bien de l’adresse dans le choix d’un sujet qui donne à tout un peuple le droit de s’applaudir lui-même, en applaudissant l’action représentée. Les spectateurs que l’on flatte sont toujours disposés à l’indulgence, et le délire de l’amour-propre satisfait tient lieu des plus vives émotions que puisse produire la tragédie. Cela n’ôte rien au mérite de Monsieur du Belloy, et prouve seulement combien il connaît le caractère de la Nation pour laquelle il écrit : connaissance qui suppléerait presqu’au talent, et qui le double, quand elle s’y joint.
Le pas que Monsieur du Belloy vient de faire nous indique une route que Monsieur de Voltaire semble avoir entrevue dans Zaïre, le Duc de Foix, et Tancrède, mais qu’il a trop tôt abandonnée. Le moyen, je crois, de rajeunir la tragédie, c’est de la rendre Nationale. Nos Théâtres ont assez retenti des noms Grecs et Romains ; les derniers surtout doivent plus au pinceau de Corneille, qu’au burin même de l’Histoire. Pourquoi chercher si loin des vertus à immortaliser ? Ne serions-nous que les peintres des belles actions que les autres exécutaient ? Quelle foule de traits héroïques nous présentent les fastes de l’ancienne Chevalerie ! Époque brillante et chère, où l’honneur avait toute son énergie, où se concentrait dans les âmes la chaleur qui de nos jours s’est réfugiée dans les esprits, où les plaisirs s’ennoblissaient par un appareil guerrier, où la galanterie même était une source de courage, où les François enfin formaient un peuple de héros et d’amants qui servaient avec la même ardeur et leur pays et leurs maîtresses. C’est dans ce champ que nos auteurs tragiques doivent moissonner; le théâtre anglais, tout monstrueux et incorrect qu’il est, est plus intéressant que le nôtre. C’est une galerie de tableaux où la Nation se reconnaît toujours ; elle s’y admire dans ce qu’elle a d’éclatant, elle y rougit de ses faiblesses; l’illusion est plus réelle, le plaisir plus vif, et l’utilité plus étendue. Quand verrai-je notre scène consacrée à perpétuer la gloire du nom Français ? Quel motif d’émulation ! L’habitude d’applaudir aux vertus de nos aïeux nous inspirerait sans doute le désir généreux de fournir pour nos descendants matière à de pareils spectacles.
D’après ces réflexions, on entrevoit assez ce que je pense du sujet que j’ai choisi : son grand défaut est la monotonie du nom romain. D’ailleurs il réunit l’intérêt le plus vif à toute la majesté républicaine. En effet, mon ami, quel personnage plus théâtral que Régulus, entouré des liens les plus chers à l’humanité, qu’il brise en pleurant, et qu’il n’abandonne qu’avec cet effort douloureux qui augmente le prix du triomphe ! Je ne lui ai point donné, comme dans l’histoire, cette inflexibilité stoïque qui ne s’attendrit jamais, et, si l’on peut dire, cette atrocité de vertu qui dénature l’homme, qu’elle agrandit en apparence. Quelque impérieux que soit l’honneur, il ne doit point, sans doute, étouffer ces sentiments primitifs et consolateurs que le ciel nous imprime, et qu’il veut qu’on respecte. L’insensibilité ne fit jamais de héros : c’est par les combats et les déchirements de l’âme, que l’héroïsme s’épure et devient une vertu. Comment veut-on que je m’intéresse à un homme dont le coeur est mort, et dont les belles actions n’ont d’autre foyer qu’une imagination ardente, et le fanatisme d’une gloire mal entendue ? La constance de Régulus est étonnante, sans doute, mais ce sont ses larmes qui la rendent sublime. Que m’importerait son sacrifice, s’il n’en sentait point le prix et l’amertume ?
Pradon a fait une Tragédie de Régulus; elle est même restée au Théâtre pendant quelque temps ; on la joue encore en Province. Je ne peux attribuer ce succès passager qu’à la force du sujet qui a ébloui sur la faiblesse de l’exécution. Il y a quelque esprit dans la conduite ; mais d’ailleurs nul développement, nulle noblesse, nul pathétique. On nous y peint Régulus froidement amoureux, ayant toujours sa maîtresse à ses côtés ; Régulus amoureux ! Une femme dans le camp de Régulus ! Ce sont là de ces absurdités qu’on n’imagine pas, et qui prouvent bien l’indulgence des spectateurs de ce temps-là. Pour le style, tu sais comme Pradon écrit ; et la postérité ne s’avisera point sans doute de lever le sceau de réprobation que Boileau a imprimé sur cet insipide écrivain.
Le Régulus de Métastase a des beautés, et j’avoue qu’il m’a été fort utile. C’est dommage qu’il ait lié à l’action principale une double intrigue amoureuse qui détruit l’intérêt, en le divisant. Le développement de l’âme de Régulus ne suffisait-il point, pour fournir trois actes, sans y joindre ces petits ressorts qui fatiguent le spectateur, et l’arrachent à son plaisir ? Dans une Tragédie, comme dans un tableau, tout doit tendre à faire valoir la figure dominante. Nous sommes dans un siècle où la hardiesse des Innovateurs voudrait s’élever au-dessus de toutes les règles de l’art. J’oserais soutenir pourtant qu’il n’y a point, sans elles, de véritable illusion : l’esprit, affranchi de ce joug, produirait des monstres, et il est certain que sa force résulte souvent des chaînes qu’on lui donne. Métastase, en général, ne paraît point assez convaincu de ce principe : ses tragédies ne forment jamais un tout satisfaisant : il entasse situations sur situations, coups de théâtre sur coups de théâtre, sans s’occuper des moyens qui les amènent ; il ignore cet art si nécessaire de nouer sourdement les fils de son intrigue, de la déployer avec vraisemblance, de faire jaillir les effets du choc des passions et du jeu des caractères ; d’économiser, de graduer l’intérêt, et de le conduire à sa perfection par des passages imperceptibles. Voilà par quelle magie, Racine a trouvé la matière de cinq actes dans l’aride sujet de Bérénice, qui, entre les mains de tout autre, n’eût été qu’une élégie froide et insupportable. L’imagination ne suffit pas à un auteur dramatique : il lui faut un coeur brûlant et fécond qui donne la vie aux tableaux que l’esprit imagine. D’ailleurs, Métastase n’a presque rien inventé ; il a dépouillé notre scène pour enrichir la sienne. C’est, selon moi, une des causes de sa froideur. On affectionne bien plus ses propres idées que celles dont on est redevable aux autres : l’orgueil d’être créateur, affermit la main du Peintre, et il colorie avec chaleur ce qu’il a produit avec enthousiasme.
Ce qu’on peut dire pour la justification de cet auteur célèbre, c’est qu’il a été obligé de se plier au goût de la Cour pour laquelle il écrivait ; dépendance malheureuse qui a sans doute arrêté l’essor de son génie. La forme des opéras ne sympathise point du tout avec les grands effets de la tragédie. Les drames en Italie ne sont que des canevas informes que le poète abandonne au musicien. Une belle scène n’est pas plutôt commencée, que le spectateur soupire après l’impitoyable ariette qui doit la terminer.
De là cette foule de tableaux sur lesquels on n’a point le temps de s’arrêter ; de là, ces sensations vagues et imparfaites qui laissent l’âme oisive, tandis que l’oreille seule est occupée. Le style de Métastase est pur, élégant, plein d’images. Son imagination n’est point stérile ; elle n’est que paresseuse, ou plutôt asservie aux moeurs de sa Nation; et pour être un grand homme, peut-être ne lui a-t-il manqué que des spectateurs.
Il existe encore quatre actes d’un Régulus, par Monsieur Guimond de la Touche, auteur de la belle Tragédie d’Iphigénie en Tauride. Quelle perte pour le Théâtre, que celle de ce jeune poète enlevé trop tôt à la gloire et à l’amitié, qui lui promettaient d’embellir sa carrière ! Je désire sincèrement que nous ne soyons pas pour toujours privés de son Régulus. Ce serait pour moi un plaisir bien pur d’en admirer les beautés, et d’avouer la supériorité de son ouvrage sur le mien : trop heureux de pouvoir jeter quelques fleurs sur sa tombe, et de rendre cet hommage hélas trop infructueux, à des talents que j’aimais, et que mon coeur regrette !
Quoiqu’il en soit, je ne suis point surpris que plusieurs auteurs se soient exercés sur ce sujet. Il séduit au premier aspect. Il prête au vrai genre de la tragédie, et surtout à la pompe qu’elle semble exiger aujourd’hui. Cette pompe, je crois, n’est point à rejeter. Les tableaux, même multipliés, conviendront toujours à la tragédie, quand ils feront partie de l’intérêt, quand ils tiendront à l’action même, et ne seront que le résultat des situations bien approfondies. Les Grecs ne négligeaient point cet accessoire ; et Racine, parmi nous, l’a consacré dans son Athalie ; mais il devient ridicule, quand on lui sacrifie la vérité du dialogue, le pathétique des scènes, cette éloquence du coeur, la vie de l’art dramatique. C’est de la sécheresse de l’âme que vient cette manie de tout peindre aux yeux ; et un sentiment bien exprimé vaut mille tableaux accumulés avec prétention.
On se plaint tous les jours de l’inconstance du Public, de son incertitude, de ces juge- mens contradictoires qui ne permettent point de décider le genre qu’il préfère. Tantôt la simplicité le séduit, et les pièces simples vont aux nues : tantôt il veut être étonné ; et il applaudit à la multiplicité des mouvements, à l’étalage lyrique, au pittoresque de la scène : c’est qu’en effet il n’a point encore d’objet fixe sur lequel il puisse reposer ses espérances ; c’est que depuis les chefs-d’oeuvres de Crébillon et de M. de Voltaire, on ne lui présente presque rien qui doive absolument réunir ses suffrages et déterminer son choix ; mais qu’il s’élève un de ces génies privilégiés, un de ces écrivains faits pour subjuguer ou pour éblouir, il verra bientôt ces mêmes spectateurs, adoptant le genre qu’il aura embrassé, lui demander des lois et des plaisirs. C’est un troupeau que les hommes supérieurs gouvernent, et qui ne commande qu’à la médiocrité.
Pour moi j’ai l’avantage de sentir ma faiblesse, et je me vois contraint d’abandonner une carrière où tous mes pas ont été chancelants, et qui devient plus glissante que jamais. Cet Ouvrage même, que je hasarde en tremblant, n’aurait jamais vu le jour, s’il n’eût pas été presque achevé avant mes revers, et ma résolution. Que je plains l’homme de lettres qui ne sait point faire de sacrifices, et qui confie imprudemment son bonheur aux caprices de son esprit, à la lueur d’un talent équivoque et à l’espérance d’une gloire si souvent empoisonnée !
Pardonne, ô mon ami, si j’ai troublé tes paisibles occupations pour m’entretenir avec toi. Je ne sais quel attrait me ramène toujours vers cet asile obscur et solitaire où tu as caché tes talents et tes vertus. C’est là que j’ai vu le véritable Sage, heureux sans admirateurs, faisant le bien sans témoins, et, travaillant en silence au bonheur de la société, réaliser la vie, qui n’est qu’un rêve pour tant d’autres hommes : c’est là que j’ai vu le calme majestueux d’une âme qui ne se craint point et qui ne se fuit jamais. Maître des passions qui l’agitent, tu as conservé les goûts qui la consolent. La nature et ton coeur, voilà les objets de tes réflexions et les sources de tes plaisirs. Ah ! quand je serai fatigué de la vie pénible et tumultueuse où je suis lié, des chaînes que je porte et de celles que je me prépare ; quand toutes les chimères que je poursuis me seront échappées, voudras-tu bien m’ouvrir ta retraite, me recevoir dans ton sein, et rajeunir mon coeur détrompé, en lui communiquant les trésors du tien?
* Les Tragédies de Pierre Corneille sont une exception à ce que je dis. Sa sensibilité est si forte dans tous les genres, qu’il répand de l’intérêt sur tout ce qu’il traite. Il échauffe en raisonnant, et donne de l’âme même à la politique. Quel écrivain que ce Corneille ! Il est au-dessus de l’éloge. C’est un homme sacré pour la Nation, ou du moins il devrait l’être.
PERSONNAGES §
- RÉGULUS.
- MANLIUS, Consul.
- MARCIE, Femme de Régulus.
- BARSINE, Confidente de Marcie.
- LICINIUS, Tribun du Peuple et ami de Régulus.
- ATTILIUS, Fils de Régulus.
- PRISCUS, Romain.
- LICTEURS.
- SUITE de Romains et d’Africains.
ACTE I §
SCÈNE PREMIÈRE. Marcie en habit de deuil, Barsine. §
MARCIE.
BARSINE.
MARCIE.
BARSINE.
MARCIE.
SCÈNE II. Manlius, suivi des Licteurs, Marcie, Barsine. §
MARCIE.
MANLIUS.
MARCIE.
MANLIUS.
MARCIE.
MANLIUS.
MARCIE.
MANLIUS.
MARCIE.
SCÈNE III. Manlius, Marcie, Priscus. §
MANLIUS.
PRISCUS.
MANLIUS.
MARCIE.
SCÈNE IV. Régulus, Licinius. Les mêmes. §
MANLIUS, avec joie.
MARCIE, se retournant.
RÉGULUS.
MARCIE.
RÉGULUS, avec tendresse.
MARCIE.
SCÈNE V. Manlius, Licinius, Régulus, Les Sénateurs, etc. §
RÉGULUS.
LICINIUS.
RÉGULUS.
LICINIUS.
RÉGULUS.
LICINIUS.
RÉGULUS.
LICINIUS.
RÉGULUS.
LICINIUS.
RÉGULUS.
LICINIUS.
RÉGULUS.
MANLIUS.
RÉGULUS.
MANLIUS.
RÉGULUS.
SCÈNE VI. Le Consul, Le Tribun, Les Sénateurs. §
MANLIUS.
SCÈNE VII. §
MANLIUS, seul.
ACTE II §
SCÈNE PREMIÈRE. §
RÉGULUS, seul.
SCÈNE II. Marcie, Régulus. §
MARCIE.
RÉGULUS.
MARCIE.
RÉGULUS.
MARCIE.
RÉGULUS.
MARCIE.
RÉGULUS.
MARCIE.
RÉGULUS.
MARCIE.
RÉGULUS.
MARCIE.
RÉGULUS.
MARCIE.
RÉGULUS.
MARCIE.
RÉGULUS.
MARCIE.
RÉGULUS.
MARCIE.
SCÈNE III. Priscus, les mêmes. §
RÉGULUS.
PRISCUS.
MARCIE avec trouble, et se jetant sur la lettre.
RÉGULUS.
MARCIE.
RÉGULUS.
MARCIE.
RÉGULUS.
MARCIE.
RÉGULUS, avec sang-froid.
MARCIE.
SCÈNE IV. Licinius, les mêmes. §
LICINIUS.
RÉGULUS.
LICINIUS.
RÉGULUS.
MARCIE.
RÉGULUS.
MARCIE.
RÉGULUS.
MARCIE.
RÉGULUS, retenant ses larmes.
MARCIE.
LICINIUS.
RÉGULUS.
MARCIE.
RÉGULUS.
MARCIE.
RÉGULUS.
MARCIE.
ACTE III §
SCÈNE PREMIÈRE. Régulus, Le Peuple. §
RÉGULUS.
SCÈNE II. Manlius, suivi des Licteurs ; Licinius à la tête du Peuple, Régulus. §
LICINIUS.
MANLIUS.
LICINIUS.
MANLIUS.
LICINIUS.
MANLIUS.
LICINIUS.
RÉGULUS.
LICINIUS.
RÉGULUS.
LICINIUS.
RÉGULUS.
LICINIUS.
RÉGULUS.
LICINIUS.
RÉGULUS.
LICINIUS.
RÉGULUS.
LICINIUS.
RÉGULUS, avec transport.
LICINIUS.
RÉGULUS, avec transport.
SCÈNE III ET DERNIÈRE. Régulus, Marcie et son fils, les mêmes. §
MARCIE, courant au-devant de Régulus.
RÉGULUS.
ATTILIUS.
RÉGULUS, à part.
ATTILIUS.
RÉGULUS, d’un ton moins sévère.
MARCIE.
RÉGULUS.
MARCIE, au Peuple.
RÉGULUS.
MANLIUS.
RÉGULUS.
MARCIE, le suivant de l’oeil.
RÉGULUS, s’élançant, et criant du haut de ses vaisseaux.
RÉGULUS.
MARCIE.
RÉGULUS.