M. DCC. II. avec privilège du Roi
par Mr Duché de l’Académie Royale des Inscriptions
NOTICE SUR DUCHÉ. §
Joseph-François Duché de Vancy naquit à Paris le 29 octobre 1668. Il était fils d’un gentilhomme ordinaire de la chambre du roi. Son père, n’ayant point de fortune à lui laisser, lui fit donner une bonne éducation dont il sut profiter. Ses premiers essais, dans la carrière des lettres, furent consacrés à la poésie lyrique. Il y obtint de grands succès qui lui procurèrent la protection du comte d’Agen. Non seulement ce seigneur le fit son secrétaire, mais il le recommanda à madame de Maintenon, qui le choisit pour fournir des poésies sacrées aux élèves de Saint-Cyr, et le fit nommer gentilhomme ordinaire du roi. Quelque temps après, sur la recommandation de cette illustre protectrice, Pontchartrain donna à Duché la place de secrétaire des galères.
Notre poète, dont la fortune était dès lors assurée, ne pensa plus à travailler que pour remplir les vues de sa bienfaitrice. « Jonathas », son premier ouvrage tragique, fut joué en 1700 à Versailles, et à Saint-Cyr par les pensionnaires de cette maison : cette pièce ne parut à Paris que le 26 février 1714, dix ans après la mort de son auteur.
« Absalon », tragédie fort intéressante, fut représentée à Saint-Cyr en 1702, et valut à l’auteur une pension de mille livres. Ce ne fut que le 7 avril 1712 qu’elle fut jouée à Paris Cette pièce y obtint seize représentations.
« Débora », dernière tragédie de Duché, quoique composée pour Saint-Cvr ainsi que les deux précédentes, parut d’abord à Paris en 1706 et n’y fut que faiblement accueillie.
Il est à remarquer qu’aucune de ces tragédies ne fut représentée à Paris du vivant de leur auteur, qui y mourut en 1704 dans sa trente-septième année.
Sire, §
Voici le second ouvrage que j’ose présenter à votre majesté. Elle a daigné le faire servir plusieurs fois à ses amusements. Elle ne lui a point refusé ses éloges, et la pension dont elle vient de m’honorer, apprend qu’il suffit de souhaiter de lui plaire, pour être comblé de ses bienfaits. Ce désir, SIRE, m’a tenu lieu de mérite auprès de VOTRE MAJESTÉ. Si elle a été touchée de quelques endroits de cette tragédie, je dois ce bonheur aux sentiments de piété et de religion que le caractère d’un Roi selon le cour de Dieu m’a fourni, et qui sont si conformes à ceux que VOTRE MAJESTÉ a fait de tout temps éclater. Elle vient récemment de montrer à toute l’Europe ces sentiments si dignes d’un Monarque Chrétien, et l’Envie même se voit forcée de les admirer. En effet, SIRE, quel exemple de modération et de justice passera plus glorieusement à la postérité, que celui d’un Roi, qui sacrifiant les intérêts à la foi des traités, aime mieux donner à ses ennemis le temps de se préparer à soutenir la rupture injuste qu’ils méditent, que de manquer à sa parole sacrée ; d’un Roi qui met tout en usage pour les rappeler au soin de leur propre gloire, en leur offrant la Paix ; qui n’étend son bras sur eux que quand ils le forcent de s’armer, et qui ne se permet de vaincre, que lorsqu’il est contraint de punir. L’univers entier, SIRE, reconnaîtra dans cette image l’auguste portrait de VOTRE MAJESTÉ. Quels triomphes ne doivent pas être le prix de tant de vertus ! Nous n’en doutons point, SIRE : le ciel qui vous conduit ne cessera point de se déclarer pour vous ; en vain les Nations se sont liguées contre l’oint du Seigneur et contre son fils, en vain elle s’unissent pour affaiblir une puissance qu’elles ne peuvent regarder qu’avec des yeux jaloux : celui qui règne dans les Cieux renversera les projets de ces peuples aveuglés, il sèmera entre-eux l’esprit de discorde, il les punira dans sa colère, et ils ne recueilleront de leur audace, que la honte et le repentir. tel est, SIRE, le succès que VOTRE MAJESTÉ doit attendre, tels sont les désirs et l’espoir de tous vos peuples, et les voux que forme avec ardeur, Sire, de votre majesté, le très humble, très obéissant, et très fidèle serviteur et sujet.
PRÉFACE §
Je crois qu’il est inutile de parler ici du sujet de cette tragédie. L’Histoire d’Absalon est connue de tout le monde, on sait l’homicide qu’il commit en la personne de son frère Ammon, les artifices dont il se servit pour rentrer en grâce auprès de David, ce qu’il fit dans sa fuite pour séduire les Israélites, enfin sa révolte, la guerre qu’il déclara à son père, et quel genre de mort fut le fruit et le prix de sa rébellion.
Je ne m’arrêterais donc qu’à répondre aux objections que l’on me pourrait faire sur les libertés que j’ai cru pourvoir me donner en traitant ce sujet.
Telle est celle que je prends d’adoucir le caractère d’Absalon. Toutes ces actions nous le représentent, non seulement comme un jeune prince ambitieux que le désir de régner entraîne, et qui se porte aveuglément à des excès auxquels la violence de sa passion pourrait peut-être donner quelque excuse, si nos passions nous pouvaient excuser ; mais ces mêmes actions nous le font voir comme une homme qui marche dans la voie de l’iniquité avec réflexion, qui connaissant toute l’atrocité de son entreprise, la conduit avec une prudence criminelle, qui joint l’artifice à l’audace, et qui s’étant accoutumé longtemps à regarder le crime sans horreur, s’est enfin acquis la funeste facilité de la commettre sans remords.
Un caractère si odieux, ne pouvait être celui du héros d’une tragédie. J’ai pensé qu’il m’était permis de la déguiser, et de tourner toute l’indignation des spectateurs contre Achitophel ; qui d’ailleurs l’aurait suffisamment méritée. J’ai fait faire à Absalon les mêmes choses que l’Histoire sacrée nous rapporte qu’il fit ; mais je les lui ai fait faire, séduit par ce ministre, et quelquefois même n’ayant aucune part dans les desseins à la réussite desquels il sert. Cela a rendu mon héros tel, à ce que je crois, qu’il doit être ; son ambition le rend assez criminel pour mériter la mort, mais il ne l’est point assez pour ne pas inspirer quelque regret quand on le voit mourir ; ainsi en excitant la pitié, il jette dans le cour cette crainte salutaire qui nous fait appréhender que de pareilles faiblesses, ne nous jettent dans d’aussi grands malheurs. Tel est le but de la tragédie ; elle doit plaire, mais, en même temps, elle doit instruire, et son principal objet est de purger les passions.
l’Écriture sainte m’a fourni presque tous mes autres caractères. Tels sont ceux de David, de Joab, d’Achitophel, et Cisaï ; c’est à mes lecteurs à juger si je les ai rendus bien ou mal.
Pour le personnage de Tharès, on ne le trouvera point dans le Texte sacré ; il est entièrement de mon invention, et il a assez contribué au succès de cet ouvrage, pour me flatter que les jugements du public ne me feront point repentir de l’avoir imaginé. Je ne l’ai pas placé néanmoins sans quelque fondement : l’Histoire Sainte laisse penser qu’Absalon avait une femme dans el temps de sa révolte, et elle marque qu’il avait alors une fille parfaitement belle, nommée Thamar. Cette princesse ne doit point être confondue avec l’autre Thamar qui fut violée par Amnon : rien ne nous apprend qu’elle fut la destinée de cette dernière ; mais nous savons que celle qui fut fille d’Absalon, épousa par le suite Roboam fils de Salomon qui après la mort de son père ne régna que sur les deux tribus de Juda et de Benjamin.
L’endroit où je ma suis le plus écarté de la vérité est celui où je ramène Absalon mourant. Il n’y a personne qui ne sache que Joab le perça de trois dards à l’arbre où il était demeuré suspendu ; que ce fut là que ce Prince mourut, et qu’ensuite il fut jeté dans une fosse très profonde, que les soldats comblèrent de pierres qu’ils élevèrent en forme de tombeau.
Je sais le respect que l’on doit aux Livres sacrés. Les moindres faits qui y sont contenus ne peuvent être altérés sans crime. Saint-Paul et les pères de l’Église, après lui, ont tous regardé ces faits comme des figures mystérieuses, et des événements prophétiques qui annonçaient ce qui devait arriver à Jésus-Christ et à son Église. Aussi avais-je résolu de ne m’écarter en aucune façon de l’Histoire. On aurait appris le mort D’absalon par un simple récit, et j’avais résisté à la tentation de mettre sur le théâtre une scène qui ne me paraissait pas devoir être le moins pathétique de ma pièce. Cependant, je consultai mes doutes à des personnes qui par leur piété, leur capacité, et le rang qu’elles tiennent dans l’Église, pouvaient non seulement m’autoriser dans cet ouvrage ; mais qui seraient en droit de le faire dans un ouvrage qui traiterait des matières de foi. J’eus le plaisir de voir mes scrupules levées, et l’on ne trouvera point de raisons qui dussent m’empêcher de traiter ma dernière scène, comme on verra que je l’ai traitée à la fin.
Voilà les objections principales que l’on me pourrait faire. On y en pourrait ajouter beaucoup d’autres, auxquelles je ne puis répondre d’avance, ne pouvant les prévoir. Il y a peu d’ouvrages qui ne fournissent de justes matières à la critique ; le plus parfait est ordinairement celui dans lequel il se trouve le moins de fautes ; et de quelques applaudissements que j’ai été honoré, je ne suis point encore assez vain pour croire, que le mien puisse être mis au nombre des moins défectueux.
PERSONNAGES. §
- DAVID, roi d’Israël.
- MAACHA, femme de David.
- ABSALON, fils de David.
- THARÈS, femme d’Absalon.
- THAMAR, fille d’Absalon.
- JOAB, général des armées de David.
- ACHITOPHEL, ministre de David.
- CISAÏ ou CHUSAÏ, ministre de David.
- ZAMRI, confident d’Achitophel.
- UN ISRAÉLITE.
- GARDES.
ACTE I §
SCÈNE I. Absalon, Achitophel. §
ACHITOPHEL.
ABSALON.
ACHITOPHEL.
ABSALON.
ACHITOPHEL.
ACHITOPHEL
ABSALON.
SCÈNE II. David, Absalon, Achitophel, Joab, Gardes. §
DAVID.
ABSALON.
DAVID.
ABSALON.
JOAB.
DAVID.
JOAB.
ACHITOPHEL.
DAVID.
SCÈNE III. Absalon, Achitophel. §
ACHITOPHEL.
ABSALON.
ACHITOPHEL.
ABSALON.
ACHITOPHEL.
ABSALON.
ACHITOPHEL.
SCÈNE IV. Absalon, Aachitophel, Zamri. §
ABSALON.
ZAMRI.
ABSALON.
ACHITOPHEL
ABSALON.
SCÈNE V. Achitophel, Zamri. §
ACHITOPHEL.
ZAMRI.
ACHITOPHEL.
ZAMRI.
ACHITOPHEL.
ZAMRI.
ACHITOPHEL.
ACTE II §
SCÈNE I. Absalon, Tharès, Thamar. §
THARÈS.
ABSALON.
THAMAR.
ABSALON.
THARÈS.
ABSALON.
THARÈS.
ABSALON.
THARÈS.
ABSALON.
THARÈS.
ABSALON.
THARÈS.
ABSALON.
THARÈS.
ABSALON, à part.
THARÉS.
ABSALON.
THARÈS.
ABSALON.
THARÈS, à part.
SCÈNE II. Absalon,Tharès. §
ABSALON.
THARÈS.
ABSALON.
THARÈS.
ABSALON.
THARÈS.
ABSALON.
THARÈS.
ABSALON.
THARÈS.
ABSALON.
THARÈS.
SCÈNE III. La Reine, Absalon, Tharès. §
LA REINE.
THARÈS.
SCÈNE IV. David, La Reine, Tharès, Absalon, Cisaï. §
DAVID.
ABSALON.
DAVID.
THARÈS.
ABSALON, à part.
CISAÏ, à David.
DAVID.
THARÈS.
ABSALON, à part.
DAVID, à Tharès.
THARÈS.
DAVID.
THARÈS.
DAVID.
THARÈS.
SCÈNE V. §
ABSALON, seul.
ACTE III §
SCÈNE I. Achitophel, Zamri. §
ACHITOPHEL
ZAMRI.
ACHITOPHEL.
ABSALON.
ZAMRI.
ACHITOPHEL.
SCÈNE II. Absalon, Achitophel. §
ACHITOPHEL.
ABSALON.
ACHITOPHEL.
ABSALON.
ACHITOPHEL.
ABSALON.
ACHITOPHEL.
ABSALON.
ACHITOPHEL.
ABSALON.
SCÈNE III. Absalon, Tharès. §
THARÈS.
ABSALON.
THARÈS.
ABSALON.
THARÈS.
ABSALON.
THARÈS.
ABSALON.
THARÈS.
SCÈNE IV. Tharès, un Israélite. §
L’ISRAÉLITE.
THARÈS.
L’ISRAÉLITE.
THARÈS.
L’ISRAÉLITE.
THARÈS.
SCÈNE V. David, La Reine, Tharès. §
DAVID, à la Reine.
LA REINE.
DAVID.
SCÈNE VI. David, La Reine, Tharès, Joab. §
JOAB.
DAVID.
LA REINE.
JOAB.
DAVID.
THARÈS, à part.
LA REINE.
JOAB.
DAVID.
JOAB.
LA REINE.
THARÈS.
DAVID.
THARÈS.
DAVID, prend la lettre, et lit.
JOAB.
DAVID.
THARÈS.
DAVID.
LA REINE.
DAVID.
SCÈNE VII. David, Joab, Cisaï. §
CISAÏ.
DAVID.
CISAÏ.
JOAB.
DAVID.
CISAÏ.
DAVID.
CISAÏ.
DAVID.
ACTE IV §
SCÈNE I. Absalon, Achitophel, Cisaï. §
CISAÏ, a Absalon.
ABSALON.
ACHITOPHEL.
CISAÏ.
ABSALON.
CISAÏ.
ABSALON.
ACHITOPHEL.
CISAÏ.
ABSALON.
SCÈNE II. Absalon, Thamar, Achitophel, Cisaï. §
ABSALON.
THAMAR.
ABSALON.
THAMAR.
ABSALON.
SCÈNE III. David, Absalon, Achitophel, Cisaï. §
DAVID.
ABSALON.
DAVID.
ABSALON.
DAVID, montrant Achitophel.
ACHITOPHEL.
ABSALON.
SCÈNE IV. David, Absalon. §
DAVID.
ABSALON.
DAVID.
ABSALON.
DAVID.
ABSALON, après avoir lu.
DAVID.
ABSALON.
DAVID.
ABSALON.
DAVID.
ABSALON.
DAVID.
ABSALON.
DAVID.
ABSALON.
DAVID.
ABSALON.
DAVID.
ABSALON.
DAVID.
SCÈNE V. David, Absalon, Cisaï. §
CISAÏ, à David.
ABSALON.
CISAÏ.
DAVID.
CISAÏ.
ABSALON.
DAVID.
ABSALON.
DAVID.
ABSALON.
SCÈNE VI. Abasalon, Achitophel. §
ACHITOPHEL.
ACHITOPHEL.
ABSALON.
ACHITOPHEL.
ABSALON.
SCÈNE VII. Absalon, Achtophel, Cisaï. §
ABSALON.
CISAÏ.
ABSALON.
SCÈNE VIII. §
ACHITOPHEL, seul.
ACTE V §
SCÈNE I. Thamar, Cisaï. §
THAMAR.
CISAÏ.
THAMAR.
CISAÏ.
SCÈNE II. Tharès, Thamar. §
THAMAR, embrassant Tharès.
THARÈS.
THAMAR.
SCÈNE III. La Reine, Tharès, Thamar. §
LA REINE.
THARÈS.
LA REINE.
SCÈNE IV. David, La Reine, Tharès, Thamar. §
LA REINE.
DAVID.
LA REINE.
DAVID.
LA REINE.
DAVID.
THARÈS.
DAVID.
THARÈS.
DAVID.
SCÈNE V. David, La Reine, Tharès, Thamar, Cisaï. §
CISAÏ.
DAVID.
CISAÏ.
DAVID.
THARÈS.
CISAÏ.
DAVID.
CISAÏ.
LA REINE.
THAMAR.
DAVID.
SCÈNE VI. David, La Reine, Absalon mourant, Tharès, Thamar, Cisaï. §
DAVID.
ABSALON.
DAVID.
ABSALON.
DAVID.
ABSALON.
DAVID.
ABSALON.
DAVID.
THARÈS.