M. DCC. XXXI. Avec approbation et Privilège du Roi.
par M. Dufresny
PRÉFACE DE L’AUTEUR. §
Depuis que l’on joue le Lot supposé, Je me suis attaché à savoir au vrai les discours qu’on en tient dans le monde ; en voici quelques-uns des plus marqués.
Le premier, qui par bonheur est assez général, c’est celui-ci : Cette Comédie m’a plu, m’a réjoui ; C’est ce témoignage qui prouve la réussite de ma pièce ; il met la critique en défaut, il abrège la dissertation.
Par les autre discours qui sont plus variés, j’ai connu le fort et le faible de mon ouvrage, et le caractère de mes juges. Une décision trop favorable me fera reconnaître un ami zélé, s’il dit : La pièce est bonne, mais il y a des défauts. Au contraire, la pièce ne vaut rien, dit un autre, mais il y a d’assez jolies choses.
Je vous entends ; vous faites ensuite l’éloge de quelque saillie brillante, je vous reconnais, vous êtes auteur, monsieur Vadius.
J’aperçois dans les Tuileries un docte censeur ; il est de la clique d’Aristophane, il a l’air ennuyé et dégoûté, car il sort de ma comédie : il me voit, il prend un autre visage, et me dit gracieusement : Je vous félicite, il y a de l’esprit dans tout ce que vous faites. Je vous connais, masque ; vous me vendez cher cet esprit-là, quand vous faites mon éloge à d’autres qu’à moi.
Il y en a qui n’ont ni entêtement, ni fiel ; mais avant que de se déclarer, ils veulent savoir à qui ils ont à faire. Parmi ceux-là, voici la décision régnante : J’ai vu la pièce, il y a du bon et du mauvais. Quelqu’un se déchaîne-t-il contre tout l’ouvrage, celui-ci devient son écho, il blâme tout aussi ; le mauvais anéantit le bon, elle est toute détestable. Vient-il un homme qui en est charmé, le même écho se tourne à bien ; c’est ce que je vous disais, conclut-il, la pièce est excellente !
Ces caméléons de critique ne hasardent pas beaucoup ; mais voici un juge important qui risque encore moins, c’est un censeur muet. Le somme-t-on de détailler son jugement sur le fond du poème, sur l’action, les situations, les caractères ; un sourire dédaigneux condamne tout cela, mais à jeu sûr ; car dès qu’il a haussé les épaules, et qu’il vous a tourné le dos, sa censure est sans réplique.
Je garde pour une autre occasion la critique des Critiqueurs, cela nous mènerait trop loin dans la petite préface d’une petite pièce ; car au fonds, une pièce en trois actes n’est qu’une petite pièce, disent avec mépris quelques auteurs, qui, pour tout éloge d’une pièce en cinq actes, m’en demanderait une en huit.
On m’accusera peut-être d’avoir fait passer en revue ces critiques suspectes, pour insinuer que les autres approuvent ma comédie. Je me défendrais mal de cette accusation, c’est plutôt fait d’avouer que je serais homme à dire moi-même de ma pièce une partie du bien que mes amis en disent. C’est trop de vanité ! S’écriera quelqu’un. J’en conviens ; La vanité sied mal à un auteur, mais elle ne laisse pas de m’être utile dans un siècle où la malignité des censeurs irait jusqu’à convenir avec moi que mon poème ne vaut rien, si j’étais assez modeste pour le dire : à Dieu ne plaise, je n’outrerai point la modestie ; mais aussi je borne ma vanité à l’unique espèce de louange qu’un auteur peut et doit même se donner, qui est de savoir les règles de son art. Il serait ridicule, par exemple, à un architecte, de dire, par modestie, qu’il ne sait pas les règles de l’architecture ; ce serait dire qu’il est un sot, car il doit savoir son métier.
Plus sot encore serait celui qui dirait : J’ai du génie, j’ai du goût, j’ai le don des grâces ; ainsi, mon architecture doit vous plaire. On ne saurait prouver qu’on doit plaire, et se vanter de ce qu’on ne peut prouver, c’est sottise ; mais à l’égard des règles, la dispute étant fondée entre l’architecte et le critique, le sot serait celui des deux qui prouverait mal la régularité ou l’irrégularité de l’édifice.
Ce que je dis là de l’architecture se peut appliquer aux ouvrages du théâtre ; ils ont cela de commun avec les grands édifices, que le plus parfait ne laisse pas d’avoir quantité de défauts ; ainsi, la critique a toujours beau jeu contre un poème comique, qui a des difficultés infinies, et dont la plupart sont insurmontables ; c’est ce que je ferai voir dans un traité de la comédie que j’espère donner bientôt au public.
ACTEURS. §
- LE BARON, seigneur du château.
- LA VEUVE, voisine du baron.
- ARGAN, voisin du baron.
- GIRARD, receveur du village.
- LUCAS, fermier du baron.
- LISETTE, fille du fermier.
ACTE I §
SCÈNE I. Girard, La Veuve. §
GIRARD tient deux lettres, et lit le dessus d’une des deux.
LA VEUVE.
GIRARD, lit la lettre.
De Paris. Mon cher cousin, avant que d’avoir distribué les listes que j’imprime pour la grande loterie, je vous envoie deux listes fausses et faites exprès, où j’ai mis en gros caractères : le gros lot pour Lucas, cent mille francs, avec la devise et le numéro ; c’est ce que vous m’avez demandé pour plaisanter dans votre village, en faisant croire à votre émule, le fermier Lucas, qu’il a le gros lot de cent mille francs.
LA VEUVE.
GIRARD.
LA VEUVE.
GIRARD.
LA VEUVE.
GIRARD.
LA VEUVE.
GIRARD.
LA VEUVE.
GIRARD.
LA VEUVE.
GIRARD.
LA VEUVE.
GIRARD.
GIRARD.
LA VEUVE.
GIRARD.
LA VEUVE.
SCÈNE II. La Veuve, Lucas. §
LUCAS.
LA VEUVE.
LUCAS.
LUCAS.
LA VEUVE.
LUCAS.
LA VEUVE.
LA VEUVE.
LUCAS.
LA VEUVE.
SCÈNE III. La Veuve, Lucas, Lisette. §
LUCAS.
LISETTE.
LUCAS.
LA VEUVE.
LISETTE.
LA VEUVE.
LUCAS.
LA VEUVE.
LISETTE.
LA VEUVE.
LISETTE.
LA VEUVE.
LISETTE.
LA VEUVE.
LISETTE.
LA VEUVE.
SCÈNE IV. Lucas, Lisette. §
LUCAS.
LISETTE.
LUCAS.
LISETTE.
LUCAS.
LISETTE.
LUCAS.
LISETTE.
LUCAS.
LISETTE.
LUCAS.
LISETTE.
LUCAS.
LISETTE.
LUCAS.
LISETTE.
LUCAS.
LISETTE.
LISETTE.
LISETTE.
LISETTE.
LUCAS, s’écriant.
18 19LISETTE.
LUCAS.
LISETTE.
LUCAS.
LISETTE.
LUCAS.
LISETTE.
LUCAS.
LISETTE.
SCÈNE V. Lucas, Lisette, Le Baron. §
LUCAS à Lisette.
LE BARON, à part.
20LISETTE, bas à son père.
LUCAS.
LISETTE.
LUCAS.
LISETTE.
LUCAS.
SCÈNE VI. Lisette, Le Baron. §
LE BARON.
LISETTE, tire son mouchoir.
LE BARON.
LISETTE.
LE BARON.
LISETTE, regardant tendrement le baron.
LE BARON.
LISETTE.
LE BARON.
LISETTE.
LE BARON.
LISETTE commençant à pleurer.
LE BARON.
LISETTE.
LE BARON.
LISETTE, suspendant ses pleurs.
LE BARON.
LISETTE.
LE BARON.
LISETTE.
LE BARON.
LISETTE.
LE BARON.
LISETTE.
LE BARON.
LISETTE, pleurant et l’arrêtant par le bras.
LE BARON.
LISETTE.
SCÈNE VII. §
LISETTE.
SCÈNE VIII. Lisette, Argan. §
ARGAN.
LISETTE.
ARGAN.
LISETTE.
ARGAN.
LISETTE.
ARGAN.
SCÈNE IX. Argan, Lisette, La Veuve, qui écoute. §
ARGAN.
LISETTE.
ARGAN.
LISETTE.
ARGAN.
LISETTE.
ARGAN.
LISETTE.
ARGAN.
LISETTE.
ARGAN.
LISETTE.
ARGAN.
LISETTE, apercevant la veuve.
ARGAN.
SCÈNE X. La Veuve, Argan, interdit. §
LA VEUVE.
ARGAN.
SCÈNE XI. §
LA VEUVE, seule.
ACTE II §
SCÈNE I. La Veuve, Girard. §
GIRARD, tenant à sa main un paquet de lettres pour le baron.
LA VEUVE.
GIRARD.
LA VEUVE.
GIRARD.
LA VEUVE.
GIRARD.
LA VEUVE.
GIRARD.
LA VEUVE.
GIRARD.
LA VEUVE.
GIRARD.
LA VEUVE.
GIRARD.
LA VEUVE.
GIRARD.
LA VEUVE.
GIRARD.
SCÈNE II. La Baron, La Veuve, Girard. §
GIRARD, présentant le paquet de lettres au baron.
SCÈNE III. La Veuve, Le Baron. §
LE BARON ouvrant la lettre.
LA VEUVE.
LE BARON.
LA VEUVE.
LE BARON.
LA VEUVE.
LE BARON.
LA VEUVE.
LE BARON.
LA VEUVE.
LE BARON.
LA VEUVE.
LE BARON.
LA VEUVE.
LE BARON.
LA VEUVE.
LE BARON.
LA VEUVE.
LE BARON.
LA VEUVE.
LE BARON.
LA VEUVE.
LE BARON.
LA VEUVE.
LE BARON.
LA VEUVE.
LE BARON.
LA VEUVE.
LE BARON.
LA VEUVE.
SCÈNE IV. La Veuve, Le Baron, Lisette. §
LE BARON.
LA VEUVE.
LE BARON.
LISETTE, à part.
SCÈNE V. La Veuve, Le Baron, Lisette, Argan. §
ARGAN, à part.
LISETTE, à part.
ARGAN, au baron.
LE BARON.
ARGAN.
LE BARON.
ARGAN.
LE BARON.
ARGAN.
LE BARON.
LISETTE.
LE BARON.
LA VEUVE, à part.
LE BARON.
ARGAN.
LE BARON.
LISETTE.
ARGAN.
LA VEUVE.
LE BARON.
LISETTE.
ARGAN.
LE BARON.
LISETTE.
LA VEUVE.
ARGAN.
LISETTE.
ARGAN.
LA VEUVE, à part.
ARGAN.
LISETTE.
LA VEUVE.
ARGAN.
ARGAN.
LISETTE.
LA VEUVE.
LISETTE.
LE BARON.
ARGAN.
LE BARON.
ARGAN.
LE BARON, à la veuve.
LA VEUVE, bas.
ARGAN, bas.
LA VEUVE, bas.
ARGAN.
LA VEUVE, au Baron, bas.
LE BARON.
LA VEUVE.
SCÈNE VI. Lisette, Argan qui revient par l’autre côté, regardant si la veuve ne le voit plus. §
LISETTE.
ARGAN, à part.
LISETTE.
ARGAN.
LISETTE.
ARGAN.
LISETTE.
ARGAN.
LISETTE.
ARGAN.
LISETTE.
ARGAN.
LISETTE.
ARGAN.
LISETTE.
ARGAN.
LISETTE.
ARGAN.
LISETTE.
SCÈNE VII. Lisette, Le Baron, Lucas. §
LISETTE.
27LUCAS.
LE BARON, à Lisette.
LISETTE.
LE BARON.
LISETTE.
LE BARON.
LISETTE.
LE BARON.
LISETTE.
LE BARON.
LISETTE.
LUCAS, tristement.
LE BARON.
LISETTE.
LE BARON.
LISETTE.
LE BARON.
SCÈNE VIII. Lucas, Lisette. §
LUCAS.
LISETTE.
LUCAS.
LISETTE.
LUCAS.
LISETTE.
LUCAS.
LISETTE.
LUCAS.
LISETTE.
LUCAS.
LISETTE.
LUCAS.
LISETTE.
LUCAS.
LISETTE.
LUCAS.
LISETTE.
LUCAS.
LISETTE.
LUCAS.
LISETTE.
LUCAS.
LISETTE.
LUCAS.
LISETTE.
LUCAS.
LISETTE.
LUCAS.
28LISETTE.
SCÈNE IX. §
LUCAS, seul.
SCÈNE X. Lucas, Girard. §
GIRARD, à part.
LUCAS.
GIRARD.
LUCAS.
GIRARD.
LUCAS.
GIRARD.
LUCAS.
GIRARD.
LUCAS.
LUCAS.
GIRARD, tourne la liste de l’autre côté encore plus mal.
LUCAS, avec un peu de joie.
GIRARD.
LUCAS.
GIRARD, cachant la liste.
LUCAS.
GIRARD.
LUCAS.
GIRARD.
LUCAS.
GIRARD.
LUCAS.
GIRARD.
LUCAS.
LUCAS.
GIRARD.
LUCAS, transporté.
GIRARD, lui donnant la liste.
LUCAS, prenant la liste.
GIRARD.
LUCAS.
GIRARD.
GIRARD.
LUCAS.
GIRARD.
LUCAS.
GIRARD, le déboutonnant.
LUCAS.
GIRARD.
LUCAS.
GIRARD.
LUCAS.
GIRARD.
LUCAS.
GIRARD.
LUCAS.
GIRARD.
LUCAS, d’un ton fâché.
GIRARD.
LUCAS.
GIRARD.
LUCAS.
ACTE III §
SCÈNE I. La Veuve, Argan. §
LA VEUVE.
ARGAN.
LA VEUVE.
ARGAN.
LA VEUVE.
ARGAN.
SCÈNE II. La Veuve, Girard. §
LA VEUVE.
GIRARD.
LA VEUVE.
GIRARD.
LA VEUVE.
GIRARD.
LA VEUVE.
GIRARD.
SCÈNE III. Girard, Lucas marchant à pas grave, Le Baron le chapeau à la main suit Lucas, qui remet son chapeau le premier. §
LE BARON.
LUCAS.
31LE BARON.
GIRARD.
LUCAS.
GIRARD.
LUCAS.
GIRARD.
LE BARON.
LUCAS.
LE BARON.
LUCAS.
LE BARON.
LUCAS.
LE BARON.
LUCAS.
GIRARD.
LE BARON.
LUCAS.
LE BARON.
LUCAS, d’un air important.
LE BARON.
LUCAS.
LE BARON.
LUCAS.
LE BARON.
LUCAS.
LE BARON.
LUCAS.
LE BARON.
GIRARD.
LE BARON.
GIRARD.
LUCAS.
LE BARON.
LUCAS.
LE BARON.
LUCAS.
LE BARON.
LUCAS.
LE BARON.
GIRARD, bas au baron.
LUCAS.
GIRARD.
LE BARON, se lève.
GIRARD.
LUCAS, à part s’étant levé aussi.
36GIRARD, après avoir parlé bas au baron.
SCÈNE IV. Lucas, Le Baron, Girard, Lisette. §
LISETTE.
LUCAS.
LISETTE.
LUCAS.
LISETTE.
SCÈNE V. Lucas, Le Baron, Girard, Lisette, Argan, La Veuve. §
ARGAN.
LISETTE.
ARGAN.
LISETTE.
LUCAS.
LISETTE, bas à Lucas.
LUCAS.
LISETTE, bas à Lucas.
LUCAS.
LA VEUVE.
ARGAN.
LA VEUVE.
LE BARON.
LUCAS.
LISETTE.
LUCAS.
LISETTE.
LUCAS.
LISETTE.
GIRARD.
LUCAS.
LA VEUVE.
GIRARD.
LA VEUVE.
LE BARON.
LISETTE.
LUCAS, cherchant l’endroit où le lot était dans l’autre liste.
LE BARON.
LUCAS.
GIRARD.
LISETTE.
ARGAN.
LA VEUVE.
GIRARD.
ARGAN.
LE BARON.
GIRARD.
LISETTE, à la veuve.
LA VEUVE.
LISETTE, à Girard.
GIRARD.
LUCAS, s’en allant.
GIRARD.
LUCAS.
GIRARD.
LA VEUVE.