M. DCC. LXXXII.
APPROBATION §
Lu et approuvé ce 9 Décembre 1783. SUARD, Vu l’Approbation, permis d’imprimer et distribuer, ce 9 Décembre 1783. LE NOIR.
ACTEURS. §
- AGIS, Roi de Sparte. M. Méniter.
- LÉONIDAS, beau-père d’Agis, son collègue au trône. M. Rosière.
- AGÉSISTRATE, mère d’Agis. Mme. Gontien
- CHÉLONIS, fille de Léonidas, femme d’Agis. Me. Julien.
- LYSANDER, ancien Ephore, ami d’Agis. M. Trial.
- EMPHASÉS, Ephore ami du tyran. M. Chevalier.
- EPHORÉS.
- SÉNATEURS.
- UN SPARTIATE. M. Philippe.
- UNE JEUNE FILLE. Mlle. Desbrosses.
- UN GARDE. M. Dufresnoi.
- UN DOMESTIQUE.
- TROUPES DU PEUPLE.
- SOLDATS.
SCÈNE PRÈMIERE. §
AGÉSISTRATE, seule.
J’aperçois Lysander, l’ancien précepteur de mon fils : cet homme-là n’est point sans mérite ; d’ailleurs, il fait fort bien les nouvelles.
SCÈNE II. Agésistrate, Lysander. §
AGÉSISTRATE.
LYSANDER.
AGÉSISTRATE.
LYSANDER.
AGÉSISTRATE.
LYSANDER.
N’allez pas les faire asseoir ; ils s’endormiraient encore.
AGÉSISTRATE.
Eh ! Comment les en empêcher, s’ils en ont envie ?
LYSANDER.
Parlez-leur de la Patrie, de la vertu, de la gloire.
AGÉSISTRATE.
1Ils dormiraient debout : quoi qu’il en soit, essayons une petite mercuriale, à la manière, accoutumée.
SCÈNE III. Les précédents, les Sénateurs entrent. §
AGÉSISTRATE.
Ces Messieurs ne disent rien.
LYSANDER.
Ils n’en pensent pas moins.
LYSANDER.
Je l’aperçois.
AGÉSISTRATE.
Voilà ce que c’est que d’en parler !
SCèNE IV. les précédents, Emphasés. §
EMPHASÉS.
AGÉSISTRATE, gaîment.
Il est mort !
EMPHASÉS, à part.
La tête lui tourne : rassurons-la.
Mais, écoutez, Madame, il n’est peut-être que battu, blessé légèrement, et d’ailleurs en très bonne santé.
AGÉSISTRATE, tristement.
SCÈNE V. Emphasés, Lysander, Le Sénat. §
EMPHASÉS, aux Sénateurs.
Pour vous, Messieurs, je vous conseille de prendre votre parti : je sais de très bonne part que Léonidas se prépare à vous remercier.
LES SÉNATEURS, en sortant.
SCÈNE VI. Emphasés, Lysander. §
EMPHASÉS.
À Nous deux maintenant.
LYSANDER.
Que dis-tu ? Quoi, tu trahis l’État ?
EMPHASÉS.
Un peu ; mais qu’importe ?
LYSANDER.
EMPHASÉS.
LYSANDER.
Je ne t’ écoute pas ; laisse-moi, traître, ne compte plus sur mon amitié.
EMPHASÉS.
LYSANDER.
EMPHASÉS.
SCÈNE VII. §
EMPHASÉS, seul.
Il m’émeut avec sa vertu : je sens.... Allons, allons, point de faiblesse ; les petits scrupules dérangent les grands projets. J’entends Agis et les boucliers des soldats. Défait, proscrit, chassé, comment, peut-il rentrer dans Lacédémone ? Le tyran est trop prudent pour le lui permettre. Ah ! J’ai bien peur que ce ne soit point la faute de Léonidas.
SCÈNE VIII. Agis et ses soldats, qui le couvrent de leurs boucliers. §
AGIS.
Allez, mes chers amis ; je suis très reconnaissant de vos services, et je vous réforme.
SCÈNE IX. Agis, Chélonis. §
AGIS.
CHÉLONIS.
AGIS.
Ces sentiments là sont très-beaux, et vous êtes justifiée. J’aperçois ma mère.
SCÈNE X. Les précédents, Agésistrate. §
AGIS.
Eh bien, ma mère ?
AGÉSISTRATE.
Eh bien, mon fils ?
AGIS.
AGÉSISTRATE.
AGIS, fièrement.
AGÉSISTRATE.
Tu ne m’entends donc pas, mon cher Agis ?
AGIS.
Soyez donc d’accord avec vous, ma mère. Vous désiriez impatiemment ma mort, si j’étais battu : je le suis, vous m’engagez à vivre,
AGÉSISTRATE.
Ah ! J’ai tort, j’ai tort ; c’est une petite inconséquence maternelle, dont je rougis. Fais tout ce que tu jugeras à propos, je ne t’en empêcherai pas.
AGIS.
Maintenant je suis refroidi ; d’ailleurs, j’aperçois Léonidas qu’il faut que j’insulte un peu pour humilier sa victoire.
SCENE XI. Léonidas, Emphasés, et les précédents, Troupe de Soldats et de peuple. §
LÉONIDAS.
AGIS.
LÉONIDAS.
LÉONIDAS.
Mais, mon cher enfant, c’en est aussi trop à la fois. Et toi !
CHÉLONIS.
Encore un coup, mon père, ne dites pas de ces folies-là.
5LÉONIDAS.
CHÉLONIS.
Mon père, laissons la bagatelle, et daignez accorder à mon mari...
LÉONIDAS.
Que demande- t-il ?
AGIS.
LÉONIDAS.
L’égalité ! Chimère : et sur qui régnerais-je ?
AGIS, avec emphase.
Sur toi-même.
LÉONIDAS.
Le bel empire !
AGIS.
Décide-toi, Léonidas.... Où suis-je ?
LÉONIDAS.
Ici, je crois.
AGIS, en extase.
Licurgue ressuscite, Sparte renaît triomphante.
LÉONIDAS.
Qu’a-t-il donc ?
AGÉSISTRATE.
C’est une vision ; il est sujet à cela depuis son enfance, ce ne sera pas la dernière.
AGIS.
Eh bien, Léonidas, sommes-nous égaux ?
LÉONIDAS.
Je ne dis pas non, seulement qu’Emphasés approche et que je lui dise deux mots à l’oreille.
Il faut user de ruse pour me défaire de tous ces gens-là ; les Sénateurs me contrarieraient, anéantissons-les.
EMPHASÉS.
Bien obligé, Monseigneur.
LÉONIDAS.
Emphasés, encore un mot.
EMPHASÉS.
Monseigneur !
LÉONIDAS.
EMPHASÉS.
Monseigneur, comptez sur mon exactitude.
CHÉLONIS.
C’est-il fait ?
LÉONIDAS.
J’y suis.
AGIS.
LE CHOEUR.
AGIS.
UN JEUNE SPARTIATE.
LÉONIDAS.
UNE JEUNE FILLE.
LÉONIDAS.
UN LAQUAIS.
LÉONIDAS.
Fort bien, mes amis ! Allez maintenant vous asseoir au banquet qu’Emphasés a fait préparer par mon ordre ; c’est le verre à la main que nous ratifierons nos traités.
TOUS.
SCÈNE XII. §
LÉONIDAS.
Emphasés arrive avec l’air empressé ; je gagerais bien que mon Sénat est fait.
SCÈNE XIII. Léonidas, Emphasés. §
LÉONIDAS.
EMPHASÉS.
LÉONIDAS.
EMPHASÉS.
LÉONIDAS.
Point d’hommes !
EMPHASÉS.
Cela ne m’a pas empêché de faire un Sénat.
LÉONIDAS.
De femmes, peut-être ?
EMPHASÉS.
Précisément.
LÉONIDAS.
Tu te moques.
EMPHASÉS.
Non, Monseigneur, un très joli sénat, oh s’y trompera, soyez-en bien sûr.
LÉONIDAS.
Comment pourront-elles juger, trancher, décider, condamner sans appel ?
EMPHASÉS.
Eh ! Monseigneur, elles ne font que cela toute la journée.
LÉONIDAS.
EMPHASÉS.
LÉONIDAS.
EMPHASÉS.
LÉONIDAS.
EMPHASÉS.
Pourquoi pas !
LÉONIDAS.
Des femmes !
EMPHASÉS.
LÉONIDAS.
À la bonne heure, où sont-elles ?
EMPHASÉS.
Dites donc, où sont-ils ? Feignez de ne pas les reconnaître.
LÉONIDAS.
Fort bien, allons, fais-les entrer, que je les installe chez-moi, cela me fera beaucoup plus commode.
SCÈNE XIV. Les Sénateurs et les précédents. §
LÉONIDAS.
Je suis content de leur silence ; prenons-les par la coquetterie.
L’égalité : ce mot seul m’indigne ; c’est qu’outre les malheurs sans nombre dont il affligerait l’État, il entraînerait nécessairement la décadence de la toilette, cet art enchanteur de corriger la nature ou d’ajouter à ses dons.
LE SÉNAT.
LÉONIDAS.
Plus de toilette, plus d’opulence.
LE SÉNAT.
LÉONIDAS.
Elles me paraissent bien préparées.
SCÈNE X.. Les précédents ; Agis, en costume de Citoyen de Sparte. §
LE SÉNAT.
AGIS.
Mais à propos.
LES SÉNATEURS, avec dignité.
LÉONIDAS.
Le Sénat t’interroge.
AGIS.
Oui dà ! Je suis donc au Sénat! La belle jeunesse ! D’honneur, mon cher tyran, la mascarade est gaie.
LÉONIDAS.
AGIS.
LÉONIDAS.
AGIS.
LÉONIDAS.
Insolent ! Tu sentiras tout-à-l’heure....
AGIS.
Tout tourne autour de moi ; je m’ élance, où suis-je ?
LÉONIDAS.
Encore une vision ; ce tic-là ne laisse pas que d’être désagréable.
AGIS.
LÉONIDAS.
Il est timbré.
AGIS.
LÉONIDAS.
AGIS.
SCÈNE XVI. Les précédents, Un Garde. §
LE GARDE.
LÉONIDAS.
SCÈNE X.II. les Sénateurs, seuls. §
PREMIER SÉNATEUR.
SECOND SÉNATEUR.
TROISIÈME SÉNATEUR.
QUATRIÈME SÉNATEUR.
PREMIER SÉNATEUR.
TOUS.
SCENE XVIII. §
LYSANDER, seul.
À mon dernier récit.
Personne, pas seulement un Sénat ! Narrons toujours Imaginez donc, Monsieur ou Madame.
Le tyran dit qu’il l’a perdue ; prétexte gauche et ridicule ! Ces tyrans n’ont jamais de bonnes raisons. Oh ! Qu’a-t-on fait ?
Mais c’est lui-même, qu’on apporte, je reprendrai ce récit-là.
SCÈNE XIX. Les précédents, Agis, sur un brancard ; Soldats. §
AGIS.
CHÉLONIS.
AGIS.
CHÉLONIS.
AGIS.
CHÉLONIS.
Cher Agis, hélas ! J’y pensais.
AGIS.
Ma bonne amie, vous êtes une femme de précaution je l’ai toujours dit.
SCèNE DERNIÈRE. Les precédents, Ag2sistrate, Les vieux Sénateurs et les Soldats. §
AGÉSISTRATE.
Allons, mes amis.
LE CHOEUR.
AGIS.
Ma mère, modérez cette joie, je n’en mourrai peut-être pas.
AGÉSISTRATE.
Oh que si, mon bon ami, défie-toi moins de la bonté des Dieux.
CHÉLONIS.
Vous êtes cruellement Lacédémonicienne.
AGÉSISTRATE.
CHÉLONIS.
AGÉSISTRATE.
CHÉLONIS.
AGIS.
AGÉSISTRATE.
CHÉLONIS.
AGIS.
AGÉSISTRATE.
AGIS.
CHÉLONIS.
AGIS.
Si bas qu’il faudra, même pas du tout.
CHÉLONIS.
Tenez, ma mère.
AGIS, revenant à lui.
CHÉLONIS.
AGIS.
AGÉSISTRATE.
CHÉLONIS, au Public.