M. DC. XXXXX. avec Privilège de sa Majesté.
Par de la CALPRENÈDE.
Privilège du roi. §
Louis par la grâce de Dieu Roi de France et de Navarre, À nos amés et féaux Conseillers les Gens tenant nos Cours de Parlement, Maîtres des Requêtes ordinaires de notre Hôtel, Baillifs, Sénéchaux, Prévôts, leurs Lieutenants, et tous autres de nos Justiciers et Officiers qu’il appartiendra, Salut. Notre bien amé Augustin Courbé, Libraire à Paris, nous a fait remontrer qu’il désirait imprimer, Une Tragicomédie intitulée, Édouard, composée par le Sieur de la Calprenède, s’il avait sur ce nos Lettres nécessaires, lesquelles il nous a très humblement supplié de lui accorder : À ces causes, Nous avons permis et permettons à l’exposant d’imprimer, vendre et débiter en tous lieux de notre obéissance la Tragicomédie, en telles marges, en tels caractères, et autant qu’il voudra, durant l’espace de sept ans entiers et accomplis, à compter du jour qu’elle sera achevée imprimer pour la première fois ; et faisons très expresses défenses à toutes personnes de quelque qualité et condition qu’elles soient, de l’imprimer, faire imprimer, vendre ni distribuer en aucun endroit de ce Royaume, durant ledit temps, sous prétexte d’augmentation, correction, changement de titre, ou autrement, en quelque sorte et manière que ce soit, à peine de quinze cents livres d’amende, payables sans déport par chacun des contrevenants, et applicables un tiers à nous, un tiers à l’Hôtel-Dieu de Paris, et l’autre tiers à l’exposant, de confiscation des exemplaires contrefaits, et de tous dépens, dommages et intérêts ; à condition qu’il en sera mis deux exemplaires en notre Bibliothèque publique, et une en celle de notre très cher et féal le Sieur Séguier, Chancelier de France, avant que l’exposer en vente, à peine de nullité des présentes : du contenu desquelles nous vous mandons que vous fassiez jouir pleinement et paisiblement l’exposant, et ceux qui auront droit d’icelui, sans qu’il lui soit fait aucun trouble ni empêchement. Voulons aussi qu’en mettant au commencement ou à la fin du livre un bref extrait des présentes, elles soient tenues pour dûment signifiées, et que foi y soit ajoutée, et aux copies d’icelles collationnées par l’un de nos amés et féaux Conseillers et Secrétaires, comme à l’original. Mandons aussi au premier notre Huissier ou Sergent sur ce requis, de faire pour l’exécution des présentes tous exploits nécessaires, sans demander autre permission : Car tel est notre plaisir, nonobstant oppositions ou appellations quelconques, et sans préjudice d’icelles, clameur de Haro, Chartre Normande, et autres Lettres à ce contraires. Donné à Paris le vingt-troisième de Février, l’an de grâce mil six cent trente-neuf, et de notre règne le vingt-neuvième. Signé, Par le Roi en son Conseil, Conrart.
Les exemplaires ont été fournis, ainsi qu’il est porté par le Privilège.
MONSEIGNEUR, §
Je vous offre mon Édouard, que vous recevrez s’il vous plaît, et pour le mérite de ce Prince, et pour le zèle de celui qui vous le présente. Je n’aurais jamais eu le courage de vous dédier un Ouvrage si mauvais, et le dernier de cette nature que je prétends mettre au jour, si dans la crainte de vous ennuyer je ne me fusse souvenu de cette bonté avec laquelle vous excusâtes ces folies de ma jeunesse, et les autorisâtes d’exemples qui peuvent rendre cette occupation glorieuse aux plus illustres Personnes de la terre. Mais parce que vous condamnâtes mon dégoût pour les Muses, et la résolution que j’ai prise de les quitter pour jamais, je vous dirai avec quelque espèce de honte que je n’ai point assez de générosité pour accompagner ces malheureuses jusqu’au bout, que la même Rome qui idolâtrait la prospérité de Sejan lui tournant le dos une heure après, convertit à des visages vils et honteux les superbes Statues qu’elle lui avait élevées, et que j’ai assez fréquenté la Cour pour y contracter un peu de cette humeur lâche, qui nous fait abandonner dans la disgrâce ceux que nous adorions dans la bonne fortune. Cette déclaration serait assez honteuse, et vous haïriez sans doute cette bassesse, si je vous disais, Monseigneur, pour me justifier un peu mieux, que ce que les personnes du commun appellent (fortune) ne le fut jamais pour moi, et que bien que je ne me sois jamais vu en état de faire le généreux, et de mépriser une chose dont le Ciel ne m’a été que médiocrement libéral, je ne les ai pourtant jamais employées à un office indigne d’elles, et n’ai rien fait jusqu’ici qui puisse faire croire que j’aie prétendu quelque avancement par leur assistance. Que le Siècle ait de l’ingratitude ou de l’avarice pour elles, il ne m’importe, mais son mépris m’a été aussi insupportable qu’il me paraît injuste. J’ai remarqué avec un de mes amis, qu’il est désavantageux et fatal à un Gentilhomme, d’avoir quelqu’une de leurs grâces particulières, et que si une personne de cette condition sait ou chanter, ou jouer du Luth, ou faire des Vers, quoique ces occupations ne le détournent point des plus sérieuses, et qu’il s’emploie avec honneur à toutes celles de sa profession, on oublie tout ce qu’il a de bon, pour dire, c’est un joueur de Luth, c’est un Musicien, c’est un Poète. Le déplaisir que j’en ai m’a fait un peu trop étendre sur leur disgrâce, mais, Monseigneur, c’est pour vous demander justice du tort qu’on fait à vos Filles, vous êtes leur Père et leur Protecteur, et vous êtes aussi leur Frère, puisque vous êtes né d’un Père qui était véritablement le leur. Ô que ses cendres leur sont encore chères, et qu’elles employèrent bien tout ce qu’elles avaient de plus lugubre, à déplorer une perte sanglante et fatale à tout ce que la France avait d’honnêtes gens. Ce grand Prince qui eût toutes les qualités d’Alexandre, excepté les mauvaises, eut les mêmes sentiments que lui pour les bonnes choses, et témoigna le même respect pour Ronsard, et les autres personnes de mérite, que le premier pour Aristote et pour la mémoire d’Homère. Dans les embarras d’un Règne qui demandait pour le moins un homme entier, il trouvait assez de tranquillité pour honorer de sa présence les assemblées des Savants ; même pour élever les Sciences à un suprême degré d’honneur, il ne dédaigna point d’occuper ses mains si dignement occupées au maniement d’un Sceptre et d’une Épée, à ces divertissements que nos brutaux font vanité de mépriser. Nous en conservons les restes comme des titres glorieux à tous ceux qui l’ont imitée, et des arguments très puissants pour confondre les maximes de ceux qui affectent l’ignorance. Ce grand Homme fut l’honneur de son Siècle, mais, hélas ! il n’y parut que comme un éclair, et la mort impitoyable, l’enlevant à ces pauvres Orphelines, les laissait inconsolables, si celui qui succéda à sa Couronne n’eût aussi succédé aux bonnes volontés qu’il avait pour elles, et si son Devancier ne leur laissé pour gages de ses affections, un Fils qui a si dignement hérité de toutes ces rares Vertus qui ont rendu sa vie si illustre. C’est celui-là, Monseigneur, de qui je parle si tard, et de qui je parlerai peu, ne doutant point que vous ne souffriez plus volontiers les louanges de votre Père, que celles que toute la Terre vous donne avec beaucoup de justice, aussi avez-vous maintenant trop de solidité pour vous repaître de si peu de chose, et une âme trop chargée de gloire pour en attendre quelque accroissement d’une personne trop passionnée pour être crue, et trop peu considérable pour ajouter quelque chose à l’approbation générale. Je me contenterai de dire, après beaucoup de personnes, que vous êtes un abrégé du Grand François, du Grand Charles, et du grand Henry son successeur, de ces trois merveilleux Princes, honneur de l’illustre sang de Valois, et Pères des Armes et des Lettres. Tous les exemples de Valeur, de Prudence et d’amour pour les bonnes choses, qui se remarquent dans ces trois belles Vies, éclatent avec excellence dans la vôtre, et vous n’avez point de sujet de vous plaindre de ces Princes, puisqu’ils vous ont laissé pour partage de la Maison dont vous êtes sorti des qualités plus recommandables que leur Couronne. C’est par là, mieux que par toutes les autres marques de Grandeur, que votre naissance se découvre, et que vous conservez l’ancien éclat de ce beau sang qui a donné tant d’admirables Rois à notre France, la connaissance de tant d’avantages qui enorgueilliraient sans doute les plus détachés philosophes ne peut rien sur une vertu consommée, et ne vous empêche point de vous abaisser tous les jours à l’estime et à l’entretien de ceux en qui vous en découvrez quelque rayon. Ces puissants charmes qu’elle a pour vous, m’ont fait croire que vous ne la dédaigneriez point en la personne même de nos ennemis, et que bien que celle de mon Édouard ait paru à notre désavantage, vous ne haïriez point en lui ce que tout le monde adore en vous. Il fut comme vous grand Capitaine, libéral, vaillant, amoureux, galant et généreux jusqu’au bout, et il usa avec tant de modération des avantages que sa vertu et la fortune lui donnèrent sur nous, que les plus zélés des Français se peuvent détacher sans blâme de leurs intérêts pour rendre à sa mémoire ce qu’on lui doit. Il revient aujourd’hui, Monseigneur, mais il revient humilié où il vint autrefois en armes, et paraît en suppliant où il parût en conquérant. Enfin, Monseigneur, il vient renouveler à vos pieds l’hommage qu’il rendit au Roi de votre sang et de votre nom, mais ce qui l’obligea pour lors à des ressentiments qui nous furent si funestes, l’obligerait aujourd’hui à des remerciements qui me rendraient très glorieux et très satisfait de mes peines, les recevant d’une personne de sa condition. Mais, Monseigneur, c’est trop vous ennuyer ; pardonnez ce long discours à la vanité que je prends de parler longtemps à un Prince et de votre naissance, et de votre mérite. Depuis que j’ai l’honneur d’être connu de vous, j’ai conçu une si forte passion pour votre service, que ne me sentant ni assez heureux, ni assez honnête homme pour vous la témoigner autrement, il faut de nécessité que je vous l’exprime dans ma lettre, en attendant que le Ciel, par une grâce extraordinaire, et que je n’ose espérer de lui, me donne les moyens de faire paraître à tout le monde quelle gloire je prétends tirer de la qualité de,
Monseigneur,
Votre très humble, très obéissant, et très fidèle serviteur,
LA CALPRENÉDE.
LES ACTEURS §
- ÉDOUARD.
- ÉLIPS, Comtesse de Salisbury..
- LE COMTE de Varnic, père d’Élips.
- ISABELLE, Reine d’Angleterre, mère d’Édouard.
- MORTIMER, Seigneur Anglais, favori d’Isabelle.
- LE COMTE de Clocestre.
- LE DUC de Nolfoc.
- LE COMTE de Betfort.
- LE CAPITAINE des Gardes.
- Une DAMOISELLE d’Isabelle.
ACTE I §
SCÈNE PREMIÈRE. Édouard, Élips dans sa Chambre. §
ÉDOUARD.
ÉLIPS.
ÉDOUARD.
ÉLIPS.
ÉDOUARD.
ÉLIPS.
ÉDOUARD.
ÉLIPS.
SCÈNE II. §
ÉDOUARD, seul.
SCÈNE III. Le Comte de Varvic, Édouard. §
LE COMTE DE WARWICK.
ÉDOUARD.
LE COMTE DE WARWICK.
ÉDOUARD.
LE COMTE DE WARWICK.
ÉDOUARD.
LE COMTE DE WARWICK.
ÉDOUARD.
LE COMTE DE WARWICK.
ÉDOUARD.
LE COMTE DE WARWICK.
ÉDOUARD.
LE COMTE DE WARWICK.
ÉDOUARD.
LE COMTE DE WARWICK.
ÉDOUARD.
LE COMTE DE WARWICK.
ÉDOUARD.
LE COMTE DE WARWICK.
ÉDOUARD.
LE COMTE DE WARWICK.
ÉDOUARD.
SCÈNE IV. §
LE COMTE DE WARWICK, seul.
ACTE II §
SCÈNE PREMIÈRE. Isabelle, Mortimer, Élips. §
ISABELLE.
MORTIMER.
ISABELLE.
MORTIMER.
ISABELLE.
MORTIMER.
ÉLIPS.
ISABELLE.
SCÈNE II. Isabelle, Édouard. §
ISABELLE.
ÉDOUARD.
ISABELLE.
ÉDOUARD.
ISABELLE.
ÉDOUARD.
SCÈNE III. Mortimer, Élips. §
MORTIMER.
ÉLIPS.
MORTIMER.
ÉLIPS.
MORTIMER.
ÉLIPS.
MORTIMER.
ÉLIPS.
MORTIMER.
ÉLIPS.
MORTIMER.
ÉLIPS.
ACTE III §
SCÈNE PREMIÈRE. Isabelle, Édouard, Mortimer. §
ISABELLE.
ÉDOUARD.
MORTIMER.
ÉDOUARD.
MORTIMER.
ISABELLE.
ÉDOUARD.
SCÈNE II. Élips, le Comte de Varvic. §
ÉLIPS, dans sa chambre.
LE COMTE DE WARWICK.
ÉLIPS.
LE COMTE DE WARWICK.
SCÈNE III. Élips, Édouard, accompagnés de Seigneurs Anglais. §
ÉLIPS.
ÉDOUARD.
ÉLIPS.
ÉDOUARD.
ÉLIPS.
ÉLIPS.
ÉDOUARD.
ÉLIPS.
ÉDOUARD.
ÉLIPS.
ÉDOUARD.
ÉLIPS.
ÉDOUARD.
ÉLIPS.
ÉDOUARD.
SCÈNE IV. Édouard, Le Comte de Varvic, Élips. §
ÉDOUARD.
LE COMTE DE WARWICK.
ÉLIPS.
ÉDOUARD.
ACTE IV §
SCÈNE PREMIÈRE. Le Comte de Betfort, Le Comte de Cloestre, Le Duc de Nolfoc, Édouard dans sa chambre, Le Capitaine des Gardes. §
LE DUC DE NORFOLK.
LE COMTE DE GLOUCESTER.
LE COMTE DE BEDFORD.
ÉDOUARD.
LE DUC DE NORFOLK.
ÉDOUARD.
LE CAPITAINE.
ÉDOUARD.
SCÈNE II. §
ÉDOUARD, seul.
SCÈNE III. Édouard, Le Comte de Varvic. §
ÉDOUARD.
LE COMTE DE WARWICK.
ÉDOUARD.
LE COMTE DE WARWICK.
ÉDOUARD.
9ACTE V §
SCÈNE PREMIÈRE. Le Comte de Varvic, Édouard. §
LE COMTE DE WARWICK.
ÉDOUARD.
LE COMTE DE WARWICK.
ÉDOUARD.
SCÈNE II. Édouard, Le Comte de Varvic, Isabelle, Mortimer, Le Duc de Nolfoc, Le Comte de Clocestre. §
ÉDOUARD, parlant au Capitaine des Gardes.
LE COMTE DE WARWICK.
ÉDOUARD.
ISABELLE.
ÉDOUARD.
MORTIMER.
LE DUC DE NORFOLK.
LE COMTE DE GLOUCESTER.
ÉDOUARD.
SCÈNE III. Édouard, Élips. §
ÉDOUARD.
ÉLIPS.
ÉDOUARD.
ÉLIPS, se mettant à genoux devant le Roi.
ÉDOUARD.
ÉLIPS.
ÉDOUARD.
ÉLIPS.
ÉDOUARD.
ÉLIPS.
ÉDOUARD.
SCÈNE DERNIÈRE. Édouard, Mortimer, Isabelle, Le Comte de Varvic, Élips, Le Duc de Nolfoc, Le Comte de Clocestre. §
ÉDOUARD.
ISABELLE.
MORTIMER.
ÉDOUARD.
MORTIMER.
ÉDOUARD.
ISABELLE.
ÉDOUARD.
ISABELLE.
ÉDOUARD, parlant au Capitaine des Gardes.
ÉLIPS.
ÉDOUARD.
ÉLIPS.
ÉDOUARD.
LE COMTE DE WARWICK.
LE DUC DE NORFOLK.
LE COMTE DE GLOUCESTER.
ÉDOUARD.