M. DC. XXXXV. Avec Privilège du Roi.
MONSIEUR, Et très cher ami. §
Quoique ma plume se soit d’un premier abord occupée à décrire une ingratitude sans exemple, mon coeur néanmoins n’a pas été susceptible de cette mauvaise impression, il a véritablement conçu les sentiments d’un ingrat ; mais il s’en est déchargé par ma main sur le papier, et n’a retenu qu’une grande aversion pour un vice si détestable. La réflexion qu’il a faite sur la méconnaissance de Sélim, lui a fait désirer de fuir une semblable faute, pour s’exempter du blâme toujours inséparable de l’erreur : et se servant enfin du crime d’autrui à son avantage, il m’a inspiré de satisfaire à notre amitié, et de rendre ce que je dois à la passion que vous avez toujours eue pour moi. Comme les lettres ont fait naître cette tendresse de votre affection, je désire que les lettres me servent pour la reconnaître, et je croirai n’avoir pas inutilement travaillé dans tout le cours de mes études, si par elles je vous puis témoigner que je suis,
MONSIEUR,
Votre très humble et très affectionné serviteur et ami.
*****************
AU LECTEUR. §
LECTEUR, Accuse-moi de trop d’ambition, ou de peu de jugement, de mettre au jour une oeuvre imparfaite à ce point, je souffrirai librement ta censure, et sans me purger de l’un ou de l’autre, je dirai seulement que j’y suis obligé par des considérations, qui sont assez puissantes pour me faire mépriser quelque jugement que tu en fasses.
ARGUMENT §
BAJAZET Empereur de Turquie, après la défaite de Zizim son frère, et une paix générale qu’il établit partout son Empire, s’en vint à Andrinople chargé de dépouilles ; triompher et jouir du mauvais destin de ses ennemis. Mais comme son esprit défiant et soupçonneux au dernier point, ennemi de son repos, le pensant être de son malheur, ne peut laisser une paix à l’âme, que le corps s’était si heureusement procurée : il conçut aussitôt de l’ombrage de la fidélité d’un certain Geduces Achomat, Bassa, dont il avait épousé la fille ; et par les soins généreux duquel il avait gagné la Bataille contre Zizim. Ses yeux furent bouchés à l’éclat de ses vertus, et ses oreilles ouvertes à tous les faux rapports qu’on lui faisait de son infidélité. On a beau lui montrer les exploits fameux de ce grand homme en leur lustre, il a devant sa vue le bandeau fatal de la jalousie, qui l’empêche de connaître des actions si parfaites et si brillantes : ou je dirai avec plus de vérité que l’éclat des gestes guerriers d’Achomat l’éblouit : et comme il n’a pas l’esprit assez clairvoyant pour pénétrer à fond les justes et généreux desseins, il en considère seulement l’apparence et la superficie, il les regarde ; il les regarde comme une matière, à l’ambition qu’il pense être dans son coeur, et non pas comme des conquêtes et des victoires qui formaient le soutien de son Trône florissant : enfin de son bonheur il en conjecture la perte, et la ruine entière de son autorité.
En cet état il songe à se défaire de Geduces, et pour plus facilement venir à bout de ce qu’il a projeté, il se résout de traiter splendidement tous ceux qui s’étaient le plus signalé dans sa dernière victoire : l’on peut penser qu’Achomat ne fut pas absent de ce magnifique festin, puisque c’était pour sa perte qu’il avait été entrepris ; il y fut donc en tête de tous les autres, et comme le Chef principal de cette Auguste troupe : là il fut permis de boire du vin (ce qui advient rarement en Turquie.) Et ces illustres guerriers, peu accoutumés à boire de cette liqueur, n’en eurent pas pris chacun deux ou trois fois, que leur tête remplie et offusquée des vapeurs, les fit retirer pour se reposer chacun chez soi. À la sortie de ce superbe banquet, il fit présenter une robe d’écarlate à chacun des assistants, hormis au pauvre Achomat, qui reçut une robe noire, présage assuré de son malheur présent. Sa conjecture ne fut point fausse ; l’Empereur le fait demeurer seul avec soi, et ayant fait quelque signal, se retira, et le fit étrangler par les Muets. Son trépas divulgué à Andrinople, les Janissaires firent une grande sédition, désirants venger une mort si injuste et si honteuse ; et entre autres l’Aga des Janissaires, grand ami du défunt, voulu soulever tous les soldats contre Bajazet : mais le tumulte fut étouffé dans son commencement, et ces Azamoglans quittèrent leur haine pour rentrer dans leur devoir. Bajazet avait eu trois fils avant que d’épouser la fille d’Achomat ; à savoir Sélim, Corchut, et Achmet. Le premier d’un naturel fort ambitieux, prit occasion du trouble, et se soulève contre l’Empereur, il résout de l’attaquer dans Andrinople, pour le combattre avec plus de facilité, vu que là il n’avait pas ses plus grandes forces ; Bajazet averti de cette partie, ne perd point temps, il va à Constantinople tout droit, avant que Sélim eut pu lever des gens de guerre, et l’attend, avec résolution de le faire mourir s’il a l’avantage sur lui. Son souhait en partie fut exécuté, et Sélim ayant perdu la bataille, est contraint de chercher son salut en fuyant, puisque dans sa poursuite il avait pensé perdre la vie : il s’en va chez le Roi de Tartarie son beau-frère, où pressé du remords de sa faute, il retourne à Constantinople, et se cache dans la maison de son frère Corchut, déguisé, pour ménager sa faveur auprès de l’Empereur. Voilà ce qui précède, le reste se lira peut-être plus agréablement dans les vers.
À MONSIEUR LE *****. §
Rondeau Burlesque.
LES PERSONNAGES. §
- BAJAZET, Empereur Turc, père de Sélim, de Corchut, et d’Achmet.
- LA SULTANE, Fille d’Achomat, femme de Bajazet.
- SÉLIM, fils de Bajazet.
- CORCHUT, fils de Bajazet.
- ACHMET, fils de Bajazet.
- IZAÏDE, maîtresse de Sélim.
- L’AGA DES JANISSAIRES, ami d’Achomat.
- HALY, Bassa, grand ami de l’Aga des Janissaires.
- HEZEGOGLIS, Bassa, confident de Bajazet.
- ESCLAVE DE SELIM.
- ESCLAVE DE HALY BASSA.
ACTE I §
SCÈNE I. §
LA SULTANE seule.
SCÈNE II. La Sultane, L’Aga des Janissaires. §
L’original porte La Sultane comme locuteur, préférons Un esclave.
UN ESCLAVE.
LA SULTANE.
L’AGA.
LA SULTANE.
L’AGA.
LA SULTANE.
L’AGA.
LA SULTANE.
L’AGA.
LA SULTANE.
L’AGA.
L’AGA.
LA SULTANE.
L’AGA.
LA SULTANE.
L’AGA.
LA SULTANE.
L’AGA.
LA SULTANE.
L’AGA.
LA SULTANE.
L’AGA.
LA SULTANE.
L’AGA.
LA SULTANE.
L’AGA.
LA SULTANE.
L’AGA.
LA SULTANE.
L’AGA.
SCÈNE III. §
LA SULTANE, seule.
SCÈNE IV. Corchut, La Sultane. §
CORCHUT.
LA SULTANE.
CORCHUT.
LA SULTANE.
CORCHUT.
LA SULTANE.
CORCHUT.
LA SULTANE.
CORCHUT.
LA SULTANE.
CORCHUT.
LA SULTANE.
CORCHUT.
LA SULTANE.
CORCHUT.
SCÈNE V. §
LA SULTANE seule.
ACTE II §
SCÈNE I. Corchut, Sélim. §
CORCHUT.
8SÉLIM.
CORCHUT.
SCÈNE II. §
SÉLIM, seul.
SCÈNE III. Sélim, L’Esclave de Sélim. §
L’ESCLAVE.
SÉLIM.
SCÈNE IV. Sélim, La Sultane. §
SÉLIM.
LA SULTANE.
SÉLIM.
LA SULTANE.
SÉLIM.
LA SULTANE.
SÉLIM.
LA SULTANE.
SÉLIM.
LA SULTANE.
SÉLIM.
LA SULTANE.
SÉLIM.
LA SULTANE.
SÉLIM.
LA SULTANE.
SÉLIM.
LA SULTANE.
SÉLIM.
LA SULTANE.
SÉLIM.
LA SULTANE.
SÉLIM.
LA SULTANE.
SÉLIM.
LA SULTANE.
SCÈNE V. §
SÉLIM, seul.
SCÈNE VI. L’Aga des Janissaires, Haly, L’Esclave de Haly. §
L’AGA.
HALY.
L’AGA.
HALY.
L’AGA.
HALY.
L’ESCLAVE.
L’AGA.
HALY.
L’ESCLAVE.
HALY.
ACTE III §
SCÈNE I. Haly, L’Aga. §
HALY.
L’AGA.
HALY.
L’AGA.
HALY.
L’AGA.
HALY.
L’AGA.
HALY.
L’AGA.
SCÈNE II. Sélim, L’Aga. §
SÉLIM.
L’AGA.
SÉLIM.
SÉLIM.
L’AGA.
SÉLIM.
L’AGA.
SÉLIM.
SCÈNE III. §
SÉLIM, seul.
SCÈNE IV. Izaïde, Sélim. §
IZAÏDE.
SÉLIM.
IZAÏDE.
SÉLIM.
IZAÏDE.
SÉLIM.
IZAÏDE.
SÉLIM.
IZAÏDE.
SÉLIM.
IZAÏDE.
SÉLIM.
IZAÏDE.
SÉLIM.
IZAÏDE.
SÉLIM.
IZAÏDE.
SÉLIM.
IZAÏDE.
SÉLIM.
IZAÏDE.
SÉLIM.
IZAÏDE.
SÉLIM.
IZAÏDE.
SÉLIM.
IZAÏDE.
SÉLIM.
IZAÏDE.
SÉLIM.
IZAÏDE.
SÉLIM.
IZAÏDE.
SÉLIM.
SCÈNE V. Bajazet, Haly, Herzegoglis. §
BAJAZET.
HERZEGOGLIS.
BAJAZET.
HALY.
BAJAZET.
ACTE IV §
SCÈNE I. Bajazet, L’Aga, Haly, Herzegoglis. §
BAJAZET.
L’AGA.
BAJAZET.
SCÈNE II. Bajazet, Haly, Herzegoglis. §
BAJAZET.
HALY.
BAJAZET.
HALY.
HERZEGOGLIS.
HALY.
HERZEGOGLIS.
BAJAZET.
HALY.
BAJAZET.
HALY.
BAJAZET.
SCÈNE III. L’Aga, La Sultane, Sélim, Achmet. §
SÉLIM.
LA SULTANE.
SÉLIM.
LA SULTANE.
L’AGA.
CORCHUT.
SÉLIM.
CORCHUT.
SÉLIM.
CORCHUT.
SÉLIM.
LA SULTANE.
SÉLIM.
L’AGA.
ACHMET, apercevant Sélim s’arrête.
CORCHUT, parlant à Sélim.
ACHMET, bas.
SÉLIM.
ACHMET, bas.
CORCHUT.
SÉLIM.
CORCHUT.
ACHMET.
SÉLIM; tirant son épée.
LA SULTANE.
SÉLIM, revenant.
LA SULTANE.
L’AGA.
SÉLIM.
ACTE V §
SCÈNE I. Sélim, Corchut, Haly, L’Aga. §
SÉLIM.
HALY.
CORCHUT.
SÉLIM.
HALY.
25SÉLIM.
L’AGA.
SÉLIM.
CORCHUT.
SÉLIM? parlant à l’Aga.
CORCHUT.
SÉLIM.
CORCHUT.
SÉLIM.
HALY.
SÉLIM.
HALY.
SÉLIM.
SCÈNE I.. §
CORCHUT, paraît environné de gardes.
SCÈNE III. Haly, Corchut. §
HALY.
CORCHUT.
HALY.
CORCHUT.
CORCHUT, ayant écrit la lettre.
HALY, parlant aux quatre Muets.
SCÈNE IV. Sélim, L’Aga. §
L’AGA.
SÉLIM.
L’AGA.
SÉLIM.
L’AGA.
SÉLIM.
L’AGA.
SÉLIM.
L’AGA.
SÉLIM.
L’AGA.
SÉLIM.
SCÈNE V. Sélim, Haly, L’Aga. §
SÉLIM.
HALY.
SÉLIM.
L’AGA, le repoussant.
SÉLIM.
L’AGA.
SÉLIM.
L’AGA.
SÉLIM, le prenant.
L’AGA.
HALY.