SCÈNE II. Darie, Ochus, Tissapherne. §
TISSAPHERNE.
Je n’attends que la mort. Seigneur, rendez l’épée.
DARIE.
Mon attente, grands Dieux, ne s’était pas trompée,
1485 Qu’est ceci Tissapherne ?
TISSAPHERNE.
Qu’est ceci Tissapherne ? Un ordre rigoureux.
DARIE.
Parle, faut-il mourir ? et suis-je assez heureux ?
Cette pitié stupide en est un témoignage,
Faut-il qu’un malheureux te donne du courage ?
Adieu, cher frère, Adieu, ta générosité
1490 Obtiendra quelque jour ce qu’elle a mérité.
Je m’en vais à la mort, et ma mort va t’apprendre
Quelles sont les grandeurs où tu voulais prétendre,
Que ces grandeurs ne sont que vanités que vent,
Mon malheur t’en fait voir un exemple vivant.
1495 Et sans en consulter une histoire étrangère
Tu profiteras mieux dans celle de ton frère :
Si jamais le malheur accompagnait ton sort,
Apprends par ma constance à défier la mort,
L’exemple opère mieux que ne font les paroles,
1500 Et l’on devient savant dans ces tristes écoles,
Que le plus heureux sache en sa félicité
Que la mort jugera si nous l’avons été :
Considère aujourd’hui quel est l’éclat d’un règne.
OCHUS.
Faut-il pour le savoir qu’un frère me l’enseigne,
1505 Et que son inconstance ait choisi ce sujet.
DARIE.
Tiens toujours à tes yeux ce déplorable objet,
Ce sont-là des appas dont l’âme est possédée,
Si les ambitieux s’en conservaient l’idée
Ils se modéreraient dans cette aveugle ardeur
1510 Qu’ils ont à rechercher une fausse grandeur
Souveraine grandeur que tout le monde envie
Dont le goût ne se perd qu’au sortir de la vie.
Malheureux est celui qui s’y laisse toucher,
Heureux, vraiment heureux, qui s’en peut détacher,
1515 Qui par un beau mépris veut prévenir tes suites,
Et qui te peut quitter avant que tu le quittes,
Inconstance du sort tu me vois résigné,
Juge par ce mépris qui de nous a régné ?
Tu m’enlèves un bien que je te voulais rendre,
1520 Et je tombe d’un rang d’où je voulais descendre.
Éclat trompeur qui fais l’aveuglement des Rois,
Vérité d’inconstance, apprends leur par ma voix
Que leur félicité n’est pas la souveraine,
Un même jour m’a vu sur le trône, en la chaîne,
1525 L’idole et le mépris de mes adorateurs,
C’est jusques au danger que suivent les flatteurs.
Insolente fortune, immortelle ennemie,
Tu veux à mes malheurs joindre encor l’infamie :
Infidèle, reprends ce dangereux bonheur,
1530 Je ne veux rien de toi, mais laisse moi l’honneur,
Tu te dois contenter que je sois misérable
Sans être ingénieux à me rendre coupable.
Souffre, fatal amour, que je meure innocent,
Et même sans me plaindre Aspasie y consent.
OCHUS.
1535 Quoi, Seigneur, pourrait-on vous condamner sans crime ?
DARIE.
Puis que mon Roi la veut ma mort est légitime.
SCÈNE IV. Artaxerxe, Darie, Ochus, Amestris, Tissapherne. §
ARTAXERXE.
M’assassiner, perfide, et tu m’oses attendre.
OCHUS.
Grâces, grâce, Seigneur.
ARTAXERXE.
Grâces, grâce, Seigneur. Et tu l’oses défendre :
Ciel, termine mes maux, c’est assez m’éprouver,
1550 Il y va de ta gloire à les voir achever,
Nous approchons tous deux de cette fin dernière,
Nous nous sommes lassez à faute de matière,
Ma constance est au bout, ta rage est à sa fin,
Consomme par ma mort ce malheureux destin :
1555 S’il faut que ta rigueur recommence à me suivre
Redonne moi des maux pour me faire revivre,
Et je te veux apprendre à me faire souffrir
Aux langueurs où je suis laisse moi sans mourir.
Ma vie est une chaîne où tous les maux se suivent,
1560 Grands Dieux, n’est-ce qu’aux rois que ces malheurs arrivent ?
Et si par leurs grands soins vous êtes soulagez
Vous divertissez-vous à les voir affligez ?
Ciel, que ta providence est sanglante et sévère,
Le fils est-il le juge et le bourreau du père ?
1565 Je méritais la mort, juste persécuteur,
Mais fallait-il qu’un fils fût ton exécuteur ?
AMESTRIS.
Que votre majesté s’en rende mieux instruite,
La crédule vengeance est d’une longue suite,
Et fut-il criminel j’implore vos bontés,
1570 Les Dieux...
ARTAXERXE.
Les Dieux... Blâment en nous telles impunités,
Les Dieux en pardonnant peuvent changer les hommes,
Et si nous pardonnons, impuissants que nous sommes,
Nous sommes au péril d’un second attentat,
D’un ennemi mortel nous faisons un ingrat.
OCHUS.
1575 Le frère pour son frère, et le fils prie un père.
AMESTRIS.
La fille prie un père, et la soeur pour son frère,
Et si ces noms sacrez ne touchent qu’à demi
J’ose vous en prier par le nom d’ennemi,
Par le ressentiment qui porte à la vengeance,
1580 C’est de ce grand effort que se fait la clémence,
La victoire du sang n’a pas un tel éclat
Si la gloire s’accroît d’autant plus qu’on combat.
Nos neveux quelque jour.
ARTAXERXE.
Nos neveux quelque jour. Sauront que je préfère
L’éloge de vrai prince à celui de bon père,
1585 L’on paraît insensible à moins de s’animer,
Les maximes d’un Roi sont de se faire aimer,
Et celles d’un Tyran de faire qu’on le craigne,
Que l’avenir approuve ou condamne mon règne,
J’aime mieux approcher du Tyran que du Roi,
1590 Un Roi trop indulgent ne règne pas pour soi,
La clémence usurpant les droits de la justice
Sauvant un criminel s’en ferait protectrice,
Cette seule vertu qui fait les rois des Dieux
Par cette impunité les rendrait odieux,
1595 Sa mort.
AMESTRIS.
Sa mort. Votre bonté s’y peut elle résoudre ?
ARTAXERXE.
La justice consiste à ne pouvoir absoudre,
Point de pitié pour lui s’il en est convaincu.
OCHUS.
Ôtez ce seul moment il aura bien vécu,
En accuseriez-vous une âme infortunée,
1600 Nous sommes instruments de notre destinée,
Nous nous portons au mal avec aveuglement,
Et l’on ne se connaît qu’après l’événement.
ARTAXERXE.
Ce destin n’est en nous qu’un concours ordinaire,
Notre action est libre, et toute volontaire,
1605 C’est faiblesse d’esprit d’avouer qu’on ne peut,
La volonté se mène à tout ce qu’elle veut,
Le Ciel est innocent de cette tyrannie,
Ce n’est que liberté ce qu’on nomme génie,
Et le mauvais démon qu’on appelle fatal
1610 N’est que la volonté qui s’abandonne au mal.
OCHUS.
Il est bien malaisé qu’une âme se possède.
ARTAXERXE.
Se vouloir posséder en est le seul remède :
Perfide, tu te tais après un tel forfait,
Parle dénaturé, réponds, que t’ai-je fait ?
1615 Oses-tu soutenir, ou n’oses-tu défendre
L’éclatante action que tu viens d’entreprendre ?
Traître, cruel, ingrat, peux-tu m’envisager,
Je suis le même enfin que tu veux égorger ?
Non, je ne le suis plus, il n’est pas trop étrange
1620 Qu’un père soit changé lors que son fils se change :
Ce n’est pas le remords qui te rend si pensif,
Qui t’arrache de l’âme un sentiment si vif.
Je perce plus avant dans une âme surprise,
C’est d’avoir pu faillir cette illustre entreprise,
1625 Comme l’on se promet tout ce qu’on entreprend,
Ton malheur t’étourdit, le succès te surprend,
Avec trop de regret un repentir s’arrache,
Et la honte du crime approche trop du lâche,
C’est le dernier essai d’un traître malheureux
1630 De faire voir un coeur égal et généreux.
Défends, défends ton crime avec cette constance,
Ou si tu le pouvais montre ton innocence.
SCÈNE V. Artaxerxe, Darie, Ochus, Amestris, Tissapherne, Aspasie. §
ASPASIE.
Seigneur. Je viens mourir, accordez-moi ce don
Que mon sang pour le sien impètre le pardon,
1635 Apaisez-vous l’État par la mort d’Aspasie,
Et vengez-vous sur moi des malheurs de l’Asie,
Le Ciel s’est moins servi d’un fils que d’un amant,
Son amour n’est encor qu’un second instrument,
J’en étais le premier, j’ai choisi ce complice,
1640 Ainsi je dois mourir avec plus de justice,
De l’imputer aux Dieux leur juste volonté
Se sait justifier par notre liberté,
De condamner un fils son crime diminue.
Ainsi j’ai tout le crime, et j’en attends l’issue
1645 Qui n’est que cette mort que je viens demander,
Par vos mêmes rigueurs daignez me l’accorder,
C’est tout ce que pourra le sang d’une Étrangère
Que de pouvoir unir le fils avec le père :
Au moins s’il doit mourir, accordés moi son sort,
1650 Unissez deux amants par une même mort,
En vivants, en mourants, nous jurons de nous suivre,
Nous sommes trop unis pour nous pouvoir survivre,
Mourir c’est la faveur que j’espère aujourd’hui,
Et qu’il m’accordera de mourir avec lui.
DARIE.
1655 Vivez belle innocente, et je mourrai coupable,
Tout homme est criminel dés qu’il est misérable,
Dés qu’un Roi le soupçonne il se doit défier,
Et négliger les soins de se justifier :
Mais puis que mon malheur me ravit Aspasie,
1660 Pourrai-je en disposer malgré ma jalousie ?
J’ose la conjurer par cette même foi,
Par un serment si beau d’être toujours à moi,
De vouloir agréer l’amant que je lui donne,
Les Dieux firent ce choix, et son bonheur l’ordonne.
1665 Il se sert de ma mort comme d’un instrument
Trop heureux qu’elle serve à ce contentement.
ARTAXERXE.
L’innocent généreux, tu fais le magnanime,
L’on verra de quel front tu soutiendras ton crime.
Appelez Tiribaze.
DARIE.
Appelez Tiribaze. Ô Dieux, quel imposteur !
ARTAXERXE.
1670 Tu répondras, perfide, à cet accusateur.
DARIE.
Tiribaze m’accuse, ô juste providence !
Dieux, montrez aux méchants quel est votre puissance,
Et par la mort d’un traître étonnez ses pareils.
Lui m’y persuadait par des sanglants conseils,
1675 Et ce séditieux qui s’offrait pour complice
Invente pour me perdre un étrange artifice,
Et ne pouvant sur vous exercer sa fureur
Met pour perdre ce fils le père dans l’erreur.
Quoi, se laisser séduire au rapport d’un perfide,
1680 Sur un simple soupçon croire un fils parricide,
Et que pourrait de plus le jugement des yeux,
Un fils est-il moins cru qu’un esprit factieux ?
Ha ! Seigneur, c’est ici que son zèle vous trompe,
Votre facilité souffre qu’on la corrompe.
1685 Je complaisais au choix que vous en aviez fait,
L’un et l’autre, Seigneur, nous en verrons l’effet
Je prévois que le Ciel va montrer l’artifice,
Il veut que qui trahit lui même se trahisse.
OCHUS.
Il commence par moi de se manifester,
1690 Et cette perfidie est au point d’éclater :
Ô juste providence autant qu’épouvantable !
Un traître malgré soi se déclare coupable.
Méchants qui ressentez ces secrets mouvements
Reconnaissez les Dieux à de tels jugements.
1695 Dieux, j’adore en tremblant votre sainte justice,
Perdez l’auteur du crime avant que le complice,
Que j’apprenne en mourant qu’un traître est déjà mort.
Il est temps, justes Dieux, de se faire un effort,
De retirer le fléau de cette Monarchie,
1700 Mes voeux sont écoutez, la Perse est affranchie,
Tu vas servir d’exemple à ces grands criminels
Qui pensent échapper à des yeux éternels :
Enfin l’heure est venue où tu dois rendre compte,
Le supplice pourra ce que n’a pu la honte.
1705 Cruel, songe au dessein de perdre encor le fils,
Et repasse en mourant tous les maux que tu fis,
Il n’est plus de détours ton âme va paraître,
Le Ciel va découvrir tous les secrets d’un traître,
Les Dieux n’auront pas eu l’aveuglement du Roi.
TISSAPHERNE, de retour.
1710 Seigneur, ce traître est mort.
ARTAXERXE.
Seigneur, ce traître est mort. Dieux, éclaircissez-moi,
Et si vous travaillez à révéler les crimes,
Montrez si mes soupçons sont faux ou légitimes.
TISSAPHERNE.
Seigneur, cet accident vous ouvrira les yeux,
L’on y voit la justice et la bonté des Dieux,
1715 Je l’ai trouvé mourant avec si peu de vie
Qu’à peine il m’informa de sa damnable envie,
Mille convulsions dont il fut excité
Montraient sur le dehors le dedans agité
Je reconnus le Ciel à ce triste spectacle,
1720 Lui-même fut forcé d’avouer ce miracle,
Et contraignant son âme à quelque repentir,
S’écria, Justes Dieux, vous vous faites sentir,
Et me dit d’un accent à me rendre sensible :
Par ma tragique fin mon crime t’est visible,
1725 En vain je voudrais taire un crime si connu,
La mesure est comblée, et le moment venu,
Ma vie était cachée elle se manifeste,
J’emploie à cet effet tout le temps qui me reste,
Puis que je suis forcé par un tourment nouveau
1730 D’être mon délateur, mon juge, et mon bourreau.
Tu vois en moi l’auteur des malheurs de la Perse,
Celui qui diffama le règne d’Artaxerxe,
Et qui se prévalant du souverain emploi
Abusa si longtemps des faveurs de son Roi.
1735 Le même dont la vie est si plaine de crimes
Qu’il fit autant de maux qu’il avait de maximes.
Te redirai-je en fin les desseins que je fis
De perdre et mère et frère, et le père et les fils,
De vouloir ruiner toute cette famille,
1740 Et d’usurper l’Empire en épousant la fille.
Celui qui si longtemps a vu régner son sort
Sans obstacle en sa vie en trouve dans sa mort.
Le Ciel par mon trépas soulage ma patrie,
Et de ma violence a délivré Darie.
1745 Ochus m’a découvert, éclaircis-moi ce point,
Tu ne le dis que trop en le disant point.
Je sais sa perfidie avant même ta vue,
Et ma mort avancée en est la juste issue.
Je confirme en mourant tout ce qu’il aura dit,
1750 Il fallait que ma mort lui donnât du crédit.
Je meurs, va dire au Roi que j’ai fait mon supplice,
Que je vais rendre compte à quelque autre justice,
Son fils est innocent : à ce mot indigné
Que pour le proférer le Ciel l’eut épargné,
1755 Il cacha ce remords qui lui venait de naître,
Et par un second coup voulut mourir en traître.
Le Ciel ne permit pas qu’il en fut convaincu,
Et voulait qu’il mourût comme il avait vécu.
OCHUS.
La justice du Ciel connaîtra de son crime,
1760 Cette même équité vous laisse une victime,
Sa providence ainsi ne vous dérobe rien,
Et de deux criminels le Ciel choisit le sien.
Il semble vous remettre en la mort du complice
De quoi faire éclater une égale justice,
1765 Montrez à votre tour qu’on ne vous peut tromper,
Qu’aux rois non plus qu’aux Dieux rien ne peut échapper.
Mettons, mettons au jour ce tragique mystère,
Qu’on apprenne qu’Ochus a voulu perdre un frère :
Ce traître avait prévu mon mécontentement,
1770 Il me vint confirmer dans ce ressentiment,
Il m’offrit la Couronne au prix d’un parricide,
Mon âme à ce dessein lui parut trop timide,
Je vis sa défiance, il en vit le danger,
Et sans montrer sa crainte offrit de me venger,
1775 La suite a témoigné quelle était sa malice.
DARIE.
Et ce qu’il attendait de ce double artifice,
Ce traître me jugea plus propre à son dessein,
Et voulait s’assurer d’une seconde main,
Il trouva dedans moi la même répugnance,
1780 Enfin je fus l’objet de toute sa vengeance,
Et j’attirai sur moi le châtiment de tous,
Trop heureux en mourant d’être immolé pour vous.
AMESTRIS.
Ce grand aveuglement se dissipe et se lève,
Seigneur, ouvrés les yeux l’enchantement s’achève :
1785 Ce traître que le Ciel n’eut pu faire tomber
Sous sa propre ruine a voulu succomber.
ARTAXERXE.
Oui, le charme se lève, et je revois sa vie,
Elle me paraît toute en sa dernière envie,
Peine mal compensée, ha ! Favorable sort,
1790 Ce traître m’assura que tu voulais ma mort,
Et pour mieux appuyer ce funeste artifice
Il osa soutenir qu’il était ton complice,
Et que par sa prudence il était du dessein,
Craignant que ta fureur ne prît une autre main,
1795 Je pris aveuglement la première apparence
Comme Amant je te cru capable de vengeance.
J’étais si prévenu de sa fidélité
Que je m’étonne encor de t’avoir écouté.
Mon généreux Darie, accorde moi ma grâce,
1800 Ton innocence attend que je lui satisfasse :
Nomme quelques faveurs qui valent ce pardon,
Que ne peut mériter la force de ce don,
Je te rends Aspasie, elle doit satisfaire.
DARIE.
C’est à moi d’implorer cette grâce d’un père.
ARTAXERXE.
1805 Notre amour fut injuste en son commencement,
Nous étions bien punis par cet événement,
Tous deux nous méritons qu’on nous fît cette injure,
Toi pour l’avoir aimée, et moi pour mon parjure :
Mais le Ciel a fait voir qu’il agissait pour vous,
1810 Reprends ton Aspasie, et vous ce cher époux.
ASPASIE.
Seigneur, j’ai toujours cru que le Ciel en dispose,
Et qu’il change à son gré ce que l’homme propose,
Que c’était un Hymen que le Ciel avait fait,
Et dont l’homme ne peut qu’en suspendre l’effet.
ARTAXERXE.
1815 Ochus, je te pardonne, et vous faites lui grâce.
ASPASIE.
J’en conjure mon Prince.
DARIE.
J’en conjure mon Prince. Il faut que je l’embrasse.
OCHUS.
Ha ! de grâce, Seigneur, révoqués un tel don,
La faute accable moins que ne fait le pardon.
DARIE.
Le Roi veut oublier l’intérêt de Darie.
OCHUS.
1820 Ciel, après cette grâce il faut que je te prie,
Ordinaire secours de tous les impuissants,
Qui prodigue tes biens pour quelque peu d’encens :
Accorde à ces amants la plus heureuse vie,
Et de tant de plaisirs éloignes-en l’envie.
DARIE.
1825 Vous généreuse soeur, que pourrai-je pour vous ?
AMESTRIS.
Ochus a fait des voeux dont les miens sont jaloux,
Si mes voeux s’attachaient à sa même prière,
Et j’ose me flatter que j’étais la première
Si le Ciel doit répondre à mes seconds souhaits
1830 Qu’il jure à vos amours une éternelle paix.