M. DCCC. IX.
Par Messieurs [CHAZET,] MERLE et DESESSARTS.
AVERTISSEMENT. §
À BAS MOLIÈRE ! est un blasphème littéraire si étonnant, que nous avons cru devoir prévenir les personnes qui pourraient l’ignorer, que l’idée première de cet ouvrage nous a été fournie par une aventure arrivée à Rouen, et plus récemment à Paris, où deux ouvrages de Molière ont été outrageusement sifflés. Il n’a rien moins fallu que la publicité d’un pareil scandale, pour nous autoriser à mettre en scène un pareil sujet, et pour éviter le reproche qu’on aurait pu nous faire, de nous créer des fantômes, pour les combattre. Le public, qui a accueilli cet ouvrage avec bienveillance, a sans doute été plus touché de notre intention, que de son mérite. Nous ne nous dissimulons pas, au reste, que cette bluette n’a dû son succès qu’au nom de l’immortel génie que nous avons célébré, aux emprunts que nous lui avons faits, et au jeu remarquable des acteurs, auxquels le public et les journaux se sont plu à rendre justice.
PERSONNAGES. §
- MALINGRE, malade imaginaire, maître de café. M. Tiercelin
- LARIFFARDIÈRE, comédien, amant d’Adèle. M. Bosquier
- ADÈLE, fille de Malingre. Mlle. Aldégonde
- GÉRONTE, vieil avare, ami de Malingre. M. Dubois
- DRAMANTOUR, auteur de mélodrames, neveu de Géronte. M. Cazot.
- DE LAHAUSSE, moderne enrichi. M. Lefevre.
- TANTMIEUX, médecin. M. Blondin.
- DANDINVILLE, bourgeois. M. Liez
- ALAIN, garçon de café. M. Becquet
VAUDEVILLE EN UN ACTE. §
SCÈNE I. Malingre, à son comptoir ; Lariffardière, lisant un journal ; Dramatour, écrivant ; Lahausse, jouant aux échecs avec Dandinville. §
LARIFFARDIÈRE.
Alain , une demi-tasse.
ALAIN.
Voilà, monsieur, voilà. Versez à Molière.
DRAMANTOUR.
Toujours Molière ; on n’entend que ce nom, comme si mes pièces n’avaient pas un autre mérite que les siennes.
LAHAUSSE.
Monsieur Dramantour a raison : quand est-ce que vous faites enlever ce buste là, monsieur Malingre ?
MALINGRE.
Ma foi, Monsieur de Lahausse, j’attends, pour le déplacer quelqu’un...
LARIFFARDIÈRE.
Quelqu’un qui vaille mieux que lui ? Vous attendrez longtemps.
ALAIN.
Voilà votre demi-tasse.
MALINGRE.
Du premier au vint-neuf, vingt-neuf demi-tasses : quand me payerez-vous ?
LARIFFARDIÈRE.
Vous pouvez compter... sur ma bonne volonté.
MALINGRE.
Je ne payerai pas mon médecin avec votre bonne volonté.
LARIFFARDIÈRE.
Laissez donc votre médecin : vous n’êtes pas plus malade que moi.
MALINGRE.
Je ne suis pas malade ! Je ne suis pas malade ! Moi qui suis toute l’année entre les mains d’un médecin et de deux apothicaires : je ne suis pas malade !
LARIFFARDIÈRE.
Hé, renvoyez-les.
MALINGRE.
Mêlez-vous de payer vos créanciers, Monsieur de Lariffardière : moi je paye mes médecins, et je ne les renvoie pas.
LARIFFARDIÈRE.
Nous différons en cela, monsieur ; moi je renvoie mes créanciers, et je ne les paye pas.
LAHAUSSE.
Monsieur le comédien, songez donc qu’il y a ici des gens comme il faut... Vous faites un bruit à n’y pas tenir.
LARIFFARDIÈRE.
Monsieur, nous crions donc toujours.
LAHAUSSE.
Encore une lourde sottise...
LARIFFARDIÈRE.
DRAMANTOUR, travaillant.
Ma princesse paraît sur le donjon... L’aspect de la nature, de l’eau, du pain sec... Garçon.
ALAIN.
Monsieur.
DRAMANTOUR.
Une glace.
LAHAUSSE, jouant.
Qu’est-ce que c’est que çà, Monsieur Dandinville ?
DANDINVILLE.
C’est un fou.
DRAMANTOUR.
La dame est à côté de la tour ; le chevalier défend la dame, de peur d’un échec...
DANDINVILLE, à Dramantour.
Oh ! Que diable, Monsieur, ne parlez donc pas sur le jeu !
DRAMANTOUR.
Eh ! Peut-on s’occuper de votre jeu lorsqu’on est en proie aux sublimes conceptions du théâtre ?
LAHAUSSE.
Parce que Monsieur Dramantour fait des comédies...
DRAMANTOUR.
Des comédies, Monsieur ! Dites donc des mélodrames.
LARIFFARDIÈRE.
Sans doute, cela n’a rien de commun.
DRAMANTOUR.
Vous verrez le mien.
LAHAUSSE.
J’y serai.
MALINGRE et DANDINVILLE.
Nous y serons tous en dépit de Molière.
DRAMANTOUR.
Molière ! Il est passé de mode.
MALINGRE.
Un homme qui se moque des médecins et des pauvres malades.
DANDINVILLE.
Qui n’a rien de sacré ; qui ne respecte pas même les maris.
LARIFFARDIÈRE.
Qui a peint tout le monde.
DRAMANTOUR.
Six heures, messieurs. Au théâtre, au théâtre. Deux pièces de lui ! Il faut qu’il succombe : l’heure de la vengeance a sonné.
MALINGRE.
DRAMANTOUR.
DANDINVILLE.
ENSEMBLE.
Allons, messieurs, etc.
SCÈNE II. Malingre, Lariffardière. §
MALINGRE.
Ouf, je suis bien aise qu’on aille apprendre à vivre à cet impertinent Molière. Vous n’y allez pas, vous?
LARIFFARDIÈRE.
Vous lui en voulez donc beaucoup ?
MALINGRE.
Moi ? Je ne le connais pas ; mais tout mon café lui en veut.
LARIFFARDIÈRE.
MALINGRE.
Enfin, monsieur Dramantour n’est pas de votre avis ; et il doit se connaître en comédies ; il fait de si jolis mélodrames.
LARIFFARDIÈRE.
Malpeste ! On s’en aperçoit à sa conversation ; il y mêle des petits passages tirés de ses sombres compositions ; il ne parle que par échantillon de ses pièces.
MALINGRE.
Il y a de l’étoffe dans ce jeune homme-là. J’espère que, son oncle Géronte arrivant aujourd’hui, il épousera ma fille ce soir.
LARIFFARDIÈRE.
Ma foi, je vous le conseille.
Je saurai bien l’empêcher.
MALINGRE.
Comment ! Je vous supposais des intentions. Je croyais que vous aviez mis cette alliance dans votre tête. Est-ce que cela vous serait sorti de l’idée ?
LARIFFARDIÈRE.
Que voulez-vous ? Vous m’avez refusé ; cependant cela nous arrangeait tous les deux. Je vous devais déjà deux cent quinze francs ; j’espérais aussi vous devoir mon bonheur. Nous aurions été quittes. Vous me réfutez ; et, comme a dit Molière, il faut vouloir ce qu’on ne peut empêcher.
SCÈNE III. Les mêmes, Aalain. §
ALAIN.
Eh bien ! Où est donc Monsieur Dramantour ? Il demande quelque chose, et il s’en va ; il n’a donc pas de mémoire ?
LARIFFARDIÈRE.
C’est égal, c’est égal. J’en ai un, moi, et je m’en charge.
MALINGRE.
Prenez garde ; c’est que ce sera trop froid.
LARIFFARDIÈRE.
Voulez-vous en prendre votre part ?
MALINGRE.
Vous plaisantez, je crois !
SCÈNE IV. §
LARIFFARDIÈRE, seul.
Me voilà seul... Songeons un peu à nos affaires. Géronte, vieil avare, oncle de Dramantour, arrive ce soir... Diable ! C’est embarrassant... Heureusement Dramantour, mon rival, n’est point aimé... Si je pouvais tirer parti de tous ces caractères... Pourquoi pas ? Oui, je n’aurai point joué pendant dix ans les valets de comédie pour être arrêté par des originaux, Molière a joué tous les ridicules ; il me fournira mes moyens d’attaque... Malingre, malade imaginaire ; un médecin m’en fera raison. Il m’a refusé sa fille à cause de mes dettes ; monsieur de Lahausse, vous qui ne vous doutez pas que nous soyons parents, ceci vous regarde. Géronte, nouvel Harpagon... À moi, Scapin, avec tes fourberies.
SCÈNE V. Adèle, Lariffardière. §
ADÈLE.
Ah ! Monieur de Lariffardière, vous voilà.
LARIFFARDIÈRE, mangeant.
Elle est excellente.
ADÈLE.
Quoi ! Dans le moment où l’on va me forcer à épouser Monsieur Dramantour, vous n’avez pas l’air de me voir. Je vois bien que vous ne m’aimez pas.
LARIFFARDIÈRE, se levant.
Je ne vous aime pas !... Je ne vous aime pas! Eh ! Quelles preuves voulez-vous de mon amour ? Depuis six mois que je vous connais, ai-je manqué de venir un seul jour ici, prendre le matin ma tasse de chocolat ; à deux heures, d’y venir dîner ; et le soir, ne m’y revoyez-vous pas encore prendre le dernier repas de la journée ? Cruelle ! C’est pour vous, et je ne vous aime pas !...
ADÈLE.
Voilà bien votre caractère ; toujours prêt à plaisanter dans les choses les plus sérieuses.
LARIFFARDIÈRE.
Soyez tranquille ; on a toujours assez de temps pour se désoler. J’ai pour notre mariage certain projet.
ADÈLE.
Exécutez-le donc au plus tôt ; car vous êtes, en tout, d’une inconstance... Par exemple, depuis huit jours, avez-vous pensé un seul moment à me faire répéter un rôle.
LARIFFARDIÈRE.
Je n’ai pas beaucoup de temps ; mais je suis trop heureux de vous le consacrer. Mais, vous qui parlez, avez-vous seulement pensé à achever mon portrait ?
ADÈLE.
LARIFFARDIÈRE.
Je vais vous donner un bon moyen.
Mais voici votre père ; il ne faut pas qu’il nous trouve ensemble ; nous nous reverrons.
SCÈNE VI. §
MALINGRE, seul.
5Je ne puis pas me plaindre de cette ptisane-là, elle m’a fait bien de l’effet... Mettons mes comples en ordre, et voyons celui de Monsieu Calmant, mon apothicaire... Racine de patience... Celle-là il y a longtemps que je m’en sers... Casse, pour médecine... Le séné ne m’avait rien fait ; mais le docteur me répond de la casse... Voyons le total : Cinq et cinq, dix; dix et dix, vingt; pose... Hum... hum... Quatre-vingt-quatre francs... Ah ! Mon Dieu ! Que d’argent, sans compter l’opium, qui ne me fait pas fermer l’oeil, et mon médecin veut que je ferme les yeux là-dessus.
Et encore on me laisse, on m’abandonne. Je reste sur mes jambes, moi qui devrais être dans mon lit... Quelle maison ! Adèle... Adèle... Personne ne vient... Adèle.
SCÈNE VII. Malingre, Dramatour, Lahausse, Dandinville, Leriffardière, Tantmieux. §
CHOEUR.
MALINGRE.
Eh ! Messieurs, quel tapage faites-vous donc ? Vous ne songez pas à ma position.
DRAMANTOUR.
Que n’étiez-vous là ; deux pièces de Molière qu’on n’a pas laissé achever.
MALINGRE.
Ah ! Vous me comblez d’aise.
LAHAUSSE.
Bon !...
DRAMANTOUR.
LAHAUSSE.
LARIFFARDIÈRE.
LAHAUSSE.
Le docteur Tantmieux a bien fait son devoir.
TANTMIEUX.
Je ne devais pas ménager un auteur de mauvais ton.
LAHAUSSE.
Qui vivait dans un siècle reculé.
DANDINVILLE.
Dont les pièces fourmillent d’expressions triviales et indécentes. N’appelle-t-il pas les maris...
LARIFFARDIÈRE.
Voilà de vos arrêts, messieurs les gens de goût.
DANDINVILLE.
C’est bon, c’est bon, Monsieur de Lariffardière.
DRAMANTOUR.
Messieurs, n’oublions pas ce que l’amitié nous commande.
LARIFFARDIÈRE.
SCÈNE VIII. Tantmieux Malingre. §
MALINGRE.
Enfin, nous pourrons causer librement. Il y a longtems que vous n’êtes venu ?
TANTMIEUX.
J’ai tant d’affaires ; tant de gens à voir.
MALINGRE.
Et ce jeune homme, votre voisin, comment va-t-il ?
TANTMIEUX.
C’est une affaire finie.
MALINGRE.
Il va donc bien ?
TANTMIEUX.
Eh ! Non ; il est mort.
MALINGRE.
Vous aviez pourtant dit que vous le guéririez.
TANTMIEUX.
Aussi ai-je fait ; il est mort guéri. Mais parlons de vous ; comment cela va-t-il,depuis que je ne vous ai vu ?
MALINGRE.
Pas trop bien ; je dépéris visiblement sans que ça paraisse.
TANTMIEUX.
Tant mieux ; car vous sentez votre mal.
MALINGRE.
C’est que vos\isites sont si rares.
TANTMIEUX.
À présent j’aurai plus de temps à moi.
MALINGRE.
Comment ?
TANTMIEUX.
MALINGRE.
Ce que c’est que la docilité.
TANTMIEUX.
Mais à propos, où en est le mariage de votre fille ?
MALINGRE.
8Nous attendons Géronte, l’oncle du jeune homme. Adèle n’aime pas beaucoup son futur ; mais Monsieur Dramantour achalande beaucoup mon café.
TANTMIEUX.
Tant mieux, tant mieux. Mais voici quelqu’un.
SCÈNE IX. Les précédents, Géronte. §
GÉRONTE.
Eh ! Bonjour , mon vieil ami.
MALINGRE.
Comment c’est vous !... C’est un ami d’enfance ; il y a cinquante ans que nous ne nous sommes vus !
GÉRONTE.
Aussi, quel plaisir de se revoir ! Comme cela déride !...
MALINGRE.
Oui, mon ami, ça déride, et ça ne laisse pas que de rajeunir.
GÉRONTE, à Monsieur Tantmieux.
Monsieur, je vous salue.
MALINGRE.
Vous vous portez toujours bien ; ce n’est pas comme moi, je ne sais pas ce qui m’arrive, mais je m’en vas, je décline, décline, décline...
GÉRONTE.
Parlons de mon neveu. On m’a dit qu’il faisait des vers ; je trouve que ça ne rime à rien.
GÉRONTE.
Ah ! Ah !
TANTMIEUX.
Un jeune homme qui monte Pégase.
GÉRONTE.
Oh ! Oh !
TANTMIEUX.
Un jeune homme qui brille dans les citations !
GÉRONTE.
Son procureur est donc bien content de lui ?
TANTMIEUX.
Son procureur ! Laissez donc.
GÉRONTE.
Eh bien ! Alors cela revient au même. Allons, que ce mariage se fasse ce soir.
MALINGRE.
Ce soir... Un instant ; si je suis malade, je ne serai pas à la noce.
GÉRONTE.
C’est votre faute aussi, et si vous n’étiez pas toujours entouré de médecins, qui vous ruinent le corps et la bourse.
TANTMIEUX.
Que voulez-vous dire, monsieur.
GÉRONTE.
Que j’ai vu dans une comédie de Molière, ou peut-être de Rabelais, je ne sais, qu’ils étaient fort tournés en ridicule.
TANTMIEUX.
En ridicule, monsieur, en ridicule !
SCÈNE X. Les mêmes, Lariffardière, derrière. §
GÉRONTE.
Entre nous, nous les connaissons.
TANTMIEUX.
Pensez-vous bien à ce que vous dites ?
LARIFFARDIÈRE.
On se dispute, écoutons.
GÉRONTE.
Je dis ce que je pense, et je pense comme Molière.
TANTMIEUX, en colère.
Molière est un sot, et vous un imperlinent, Monsieur Géronte.
MALINGRE, effrayé.
Monsieur Géronte.... Monsieur le docteur.
TANTMIEUX.
Apprenez qu’un homme dont le savoir est attesté sur un diplôme en parchemin...
GÉRONTE.
D’accord ; mais...
LARIFFARDIÈRE, à part.
Allez donc.
TANTMIEUX.
Qui a pris ses grades dans l’Université d’Orange.
GÉRONTE.
Cela est fort bien ; mais...
TANTMIEUX.
Qui du bachalauréat a passé au doctorat.
GÉRONTE.
Sans doute ; mais...
TANTMIEUX.
Ne doit pas être traité comme un ignorant.
GÉRONTE.
Je ne dis pas cela ; mais...
LARIFFARDIÈRE.
Courage.
MALINGRE.
Monsieur le docteur... Monsieur Géronte...
GÉRONTE.
Je n’ai point prétendu...
TANTMIEUX.
Et mérite d’être livré à la vengeance hippocratique.
MALINGRE.
GÉRONTE, en sortant.
Moi je me moque du reste.
SCÈNE XI. Malingre, Lariffardière. §
MALINGRE.
Ô mon Dieu ! Mon Dieu ! Quel malheur ! Faut-il que j’en sois la victime !... Maudite amitié, à quoi m’exposes-tu ?
LARIFFARDIÈRE.
Qu’avez-vous, Monsieur Malingre ? Vous paraissez fortement ému ; vous est-il arrivé qu’elqu’accident fâcheux ?
MALINGRE.
Mon ancien ami, Monsieur Géronte, se permet de dire devant mon docteur, que Molière a bien fait de s’égayer sur le compte de la médecine.
LARIFFARDIÈRE.
Il a osé !... Ciel ! Que m’apprenez-vous ! Il ne tremble pas du sort de Molière ? Savez-vous comment les médècins se sont vengés de lui ?
MALINGRE.
Que lui ont-ils donc fait ?
LARIFFARDIÈRE.
Ce qu’ils lui ont fait ? Rien.
MALINGRE.
Ô mon Dieu !
LARIFFARDIÈRE.
Il n’a pas pu en obtenir la plus petite saignée.
MALINGRE.
Ô Ciel !
MALINGRE.
Miséricorde !
LARIFFARDIÈRE.
Et, enfin, abandonné par eux, je ne conçois pas comment il ne s’en est pas tiré.
MALINGRE.
Ce qui m’arrive est aussi fâcheux. Monsieur Tantmieux a menacé Géronte et ses amis de toutes les maladies ; or , il est.... il était mon ami, et, d’après cela, je suis en danger.
LARIFFARDIÈRE.
Ma foi, par l’intérêt que je vous porte, je vous plains.
MALINGRE.
Monsieur Lariffardière, allez, je vous prie, trouver Monsieur Tantmieux, dites-lui que sans un dédit de trois mille francs qui me lie avec Monsieur Géronte, je ne le verrais plus.
LARIFFARDIÈRE.
Un dédit, j’en fais mon affaire. Quel homme est-ce que ce Géronte ?
MALINGRE.
LARIFFARDIÈRE.
MALINGRE.
LARIFFARDIÈRE.
MALINGRE.
LARIFFARDIÈRE.
MALINGRE.
Il ne sera pas à son aise ; mais ceci m’a tout troublé , et je me sens... Allez trouver Monsieur Tantmieux ; c’est une affaire très pressante, très pressante.
LARIFFARDIÈRE.
Allez, allez, et laissez-moi faire.
SCÈNE XII. Adèle, Lariffardière. §
LARIFFARDIÈRE.
Les circonstances me favorisent ; il faut en profiter.
ADÈLE.
Mon père a l’air bien ému.
LARIFFARDIÈRE.
Je suis fort tranquille.
ADÈLE.
D’abord, s’il me fait épouser M. Dramantour...
LARIFFARDIÈRE.
Nous serons deux, monsieur mon rival.
ADÈLE.
Il serait si aisé avec du caractère.
LARIFFARDIÈRE.
On peut s’en tirer avec de l’esprit.
ADÈLE.
Mais mon père n’en a pas.
LARIFFARDIÈRE.
Enfin, mon parti est pris.
ADÈLE.
J’y suis décidée. Je sais bien qui est-ce qui m’instruira.. .
LARIFFARDIÈRE.
Surtout ne disons rien à Adèle... Ah ! Vous voilà.
ADÈLE.
Ah ! C’est vous. Ah ! Monsieur, je vous y prends, c’est bien joli, de vouloir me cacher vos secrets.
LARIFFARDIÈRE.
Mais j’ai cru, ma chère amie.
ADÈLE.
Comme s’ils n’étaient pas à moi comme à vous.
LARIFFARDIÈRE.
D’accord ; mais...
ADÈLE.
Lorsque l’on s’aime, peine et plaisir doivent ctr-e en commun.
LARIFFARDIÈRE.
Je sens tout cela comme vous... Mais voici justement Monsieur de Lahausse ; j’ai besoin d’être seul avec lui. Adieu, mon Adèle.
ADÈLE.
Adieu , puisque vous ne voulez pas que je sache... Je me soumets...
Mais j’écouterai.
SCÈNE XIII. Lariffardière, Lahausse. §
LAHAUSSE.
Tous nos amis sont d’accord, et on n’entendra plus parler de Molière.
LARIFFARDIÈRE, à part.
Tu ne demanderais pas mieux.
LAHAUSSE.
Encore ce comédien.... Attaquer Monsieur Jourdain.
LARIFFARDIÈRE.
Oui. Je vois que Monsieur Jourdain vous tient au coeur.
LAHAUSSE.
C’est bon, c’est bon... Qui est-ce qui lui parle ?
LARIFFARDIÈRE, à part.
Je t’y ferai bien venir.
Mais Monsieur de Lahausse, il n’y a rien de commun entre vous et ce bourgeois.
LAHAUSSE.
Il est certain qu’il y a de la différence.
LARIFFARDIÈRE.
Votre famille est connue, et...
LAHAUSSE.
Il n’y a pas de doute que...
LARIFFARDIÈRE.
Il y a toujours quelque chose qui distingue les gens de votre sorte.
LAHAUSSE.
Les gens de ma sorte... Ce garçon-là a des expressions... Vous trouvez donc ma tournure...
LARIFFARDIÈRE.
On n’a pas l’air distingué comme vous.
LARIFFARDIÈRE.
Ah ! Monsieur, je n’oserai pas avec un homme de votre rang.
LAHAUSSE.
De mon rang !... Un demi-bol.
LARIFFARDIÈRE.
En vérité, vous me comblez ; je n’ai jamais vu de seigneur...
LAHAUSSE.
De seigneur... Le bol entier. Je ne regarde pas à la dépense, lorsque je rencontre des personnes aussi respectueuses pour les gens comme moi.
LARIFFARDIÈRE.
Je sais les apprécier, et leur rendre la justice qu’ils méritent. D’ailleurs, monsieur, je n’oublirai jamais que j’ai connu monsieur votre père.
LAHAUSSE, à part.
Il a connu mon père !... Hum !... Où diable veut-il en venir ?
LARIFFARDIÈRE.
C’était un homme fort estimable, un coeur si pur ; qui faisait valoir lui-même les terres des autres.
LAHAUSSE.
Oui, oui, il aimait beaucoup la campagne.
LARIFFARDIÈRE.
Il y passait sa vie au milieu des troupeaux, qu’il gardait lui-même, comme dans l’âge d’or... Vous aviez un oncle aussi, ce me semble ?
LAHAUSSE.
Oui, je crois me rappeler...
LARIFFARDIÈRE.
Il se consacrait à l’instruction de la jeunesse. On l’appelait le Magister du village... C’était mon père, monsieur.
LAHAUSSE, à part.
Ah ! Dieux ! Maudite rencontre !
Quoi ! Vous seriez ?...
LARIFFARDIÈRE.
Eustache Desvignes, ton cousin ; la nature ne te le disait pas ?
LAHAUSSE.
Certainement... Mon cher cousin.
Que la peste t’étouffe.
LARIFFARDIÈRE.
Écoute, Grégoire ; tu as fait fortune, tu as oublié tes parents ; c’est l’usage. Je suis toujours resté gueux ; je me souviens des miens ; c’est tout naturel. Tu as besoin d’un nom, j’ai besoin d’argent ; je puis t’ôter l’un, tu peux me donner l’autre. Arrangeons-nous.
LAHAUSSE.
Comment l’entendez-vous ?
LARIFFARDIÈRE.
Je vais me marier ; il me faut cent louis ; tu me le donneras, et, par reconnaissance, j’aurai l’air de ne t’avoir jamais connu.
LAHAUSSE.
Non, parbleu pas.
Aimes-tu mieux signer au contrat comme mon cousin ; au fait, cela me conviendrait assez.
LAHAUSSE.
Attendez un peu... Si vingt-cinq louis...
LARIFFARDIÈRE.
Ah ! Fi donc ! Fi donc, l’honneur de t’appartenir ; non, non.
LAHAUSSE.
Que diable... Arrangeons-nous... Voyons, trente louis.
LARIFFARDIÈRE.
LAHAUSSE.
LARIFFARDIÈRE.
LAHAUSSE.
LARIFFARDIÈRE.
LAHAUSSE.
LAHAUSSE.
Allons, je vais les chercher ; voilà un parent qui m’est bien cher !
LARIFFARDIÈRE.
Et d’une ; ah ! Molière, Molière ! Que je te remercie. Voici Monsieur Géronte, l’oncle de mon rival ; comme il vient à propos.
SCÈNE XIV. Géronte, Lariffardière. §
GÉRONTE, à part.
Mon neveu, Dramantour, n’était pas chez lui ; la notaire était sorti ; où diable peuvent-ils être. Cet homme me regarde bien. J’espérais les rencontrer l’un ou l’autre ; mais à qui en veut donc cet homme ?
LARIFFARDIÈRE, à part.
À toi, et tu paieras ton dédit. Monsieur ?
GÉRONTE.
Est-ce à moi que cela s’adresse ?
LARIFFARDIÈRE.
Oui, monsieur ; pardon de mon importunilé ; mais vous me paraissez un homme respectable, serviable, équitable, et vous me serez favorable.
GÉRONTE, à part.
Voudrait-il me demander de l’argent.
LARIFFARDIÈRE.
Il s’agit d’un malheureux. Donnez-moi...
GÉRONTE.
Impossible.
LARIFFARDIÈRE.
GÉRONTE.
LARIFFARDIÈRE.
Il ne s’agit pas d’argent ; mais d’un conseil.
GÉRONTE.
Je suis à vous. J’en donne aussi très volontiers.
LARIFFARDIÈRE, pleurant.
Eh bien ! Sachez que j’ai un ami... Ah ! Un jeune homme qui a un oncle, qu’il aime... Ah ! Qu’il aime, qu’il aime... Ah, ah , ah !
GÉRONTE.
Ne pleurez pas tant ; voyons.
LARIFFARDIÈRE.
Un joli garçon , aimant à rire ; mais sage, rangé, qui aime les plaisirs, les fêtes, le bal, la comédie, pourvu qu’il ne lui en coûte rien.
GÉRONTE.
C’est bien ; après, après.
LARIFFARDIÈRE.
Et ce jeune homme s’endette par économie, et ne paie pas par arrangement.
GÉRONTE.
Comment, par arrangement ?
LARIFFARDIÈRE.
Sans doute , il place son argent à gros intérêts, et il fait attendre ses créanciers : il a beaucoup d’ordre.
GÉRONTE.
J’aime les jeunes gens comme ça. Quel est le nom de votre ami ?
LARIFFARDIÈRE.
On l’appelle Dramantour ; homme d’esprit, de talent.
GÉRONTE, à part.
C’est mon neveu.
Vous ne sauriez croire combien cela m’intéresse. Eh bien !
LARIFFARDIÈRE.
Ah, ah , ah !
GÉRONTE.
Comment, ah , ah ! Lui serait-il arrivé quelque malheur.
LARIFFARDIÈRE.
Ah ! Monsieur ; ah ! Monsieur.
GÉRONTE.
Eh bien !
LARIFFARDIÈRE.
Eh bien ! Il est en prison.
GÉRONTE.
En prison ! Et pourquoi ?
LARIFFARDIÈRE.
Parce que ses créanciers n’ont pas voulu entrer dans ses arrangements ; ayant su qu’il était au spectacle, car il y va...
GÉRONTE.
De grâce, achevez.... Et apprenez que je suis son oncle.
Ciel ! Vous, son oncle... Ô destin ! Ô nature ! Voilà de tes coups... Sachez donc, qu’ayant appris qu’on l’attendait tous les soirs, il sortait par une petite porte de derrière, pour éviter la cohue, et c’est là qu’on s’est saisi de lui.
GÉRONTE.
Pourquoi diable sortir par cette porte. Est-ce qu’il n’y en a pas une autre ?
LARIFFARDIÈRE.
Non, monsieur ; c’est pour cela qu’il l’a choisie.
GÉRONTE.
Maudits créanciers !
LARIFFARDIÈRE.
Il s’agit de le tirer de leurs mains ; et vous seul pouvez...
GÉRONTE.
Voici ce qu’il faut faire... Dites-lui que je l’aime beaucoup...
LARIFFARDIÈRE.
Ah ! Le cher oncle !... Le cher oncle !
GÉRONTE.
Dites-lui qu’il trouve un répondant, et qu’il vienne se jeter dans mes bras.
LARIFFARDIÈRE.
Ami malheureux, le ciel m’est témoin que si j’étais en fonds, cher Pylade, tu serais délivré par Oreste.
GÉRONTE.
Cet homme-là lui est bien attaché. Eh bien ! Monsieur Preste, combien faudrait-il ?
LARIFFARDIÈRE.
Une misère, mille écus.
GÉRONTE.
Mille écus ! Ah ! Mon Dieu !
LARIFFARDIÈRE.
Eh ! Monsieur, pour une si petite somme, vous, son oncle, voulez-vous lui faire manquer un mariage qui doit placer sur sa tête...
GÉRONTE.
Quoi donc ?
LARIFFARDIÈRE.
Quarante mille francs au moins.
GÉRONTE.
Cela est fort bien... Mais mille écus.
LARIFFARDIÈRE.
Il vous les rendra.
GÉRONTE.
Ah ! Bath.
LARIFFARDIÈRE.
Avec les intérêts.
GÉRONTE, sortant une bonne.
Vous croyez... Je les ai là en or. Mais m’en séparer sitôt.
LARIFFARDIÈRE.
SCÈNE XV. Lariffardière, Géronte, Dramatour. §
LARIFFARDIÈRE, à Dramantour.
J’ai mis vos affaires en bon train. Convenez de tout. J’ai menti à votre oncle : ne me démentez pas, et comptez sur moi.
DRAMANTOUR.
Diable m’emporte si je sais ce qu’il veut dire ; mais c’est égal.
SCÈNE XVI. Géronte, Dramatour. §
DRAMANTOUR, à part.
Voici mon oncle. Ici, la tirade de la reconnaissance.
Ô mon oncle inattendu ! C’est vous que le destin prospère précipite dans mon sein !
GÉRONTE.
Mon cher neveu, que je suis aise de t’embrasser ! On t’a donc laissé sortir de prison sur parole ?
DRAMANTOUR, embarrassé.
Oui, mon oncle... Mais au reste....
GÉRONTE.
Oreste, il m’a tout conté ; mais une autre fois, ne sors plus par cette maudite porte.
DRAMANTOUR.
Oui, mon oncle.
GÉRONTE.
Cela parait te faire de la peine : parlons de ton mariage ; cela te plaira mieux.
DRAMANTOUR.
Sans doute.
Ma phrase de la confidence. C’est sur Adèle ; c’est sur cet objet de mes plus tendres affections que repose la base de tout mon avenir, embelli par le prisme de l’espérance.
GÉRONTE.
Ah ! Elle est donc jolie, ta future ?
DRAMANTOUR.
Tenez, la voici, suivie du respectable vieillard de qui elle tient le jour.
SCÈNE XVII. Les précèdents, Malingre, Adèle. §
MALINGRE.
Approchez, approchez, Adèle ; vous avez toujours fait ce que je vous ai dit, et je vais vous dire ce qu’il faut faire.
ADÈLE.
Mon père, je ferai ce que vous me direz.
MALINGRE.
Ce sera très bien fait.
GÉRONTE.
Et c’est fort bien dit.
MALINGRE.
Cela voit toujours du même oeil que moi.
GÉRONTE.
Je lui en fais mon compliment.
DRAMANTOUR, à part.
Ici ma tirade sentimentale.
Adèle, non, le ciel peut sur moi exercer sa colère ; je brave les traits du destin, quelle que soit sa rigueur ; le bonheur qui m’attend près de vous sera l’égide de mon âme. Ange tutélaire, je connais l’héroïsme des femmes ; comptes sur ma franchise : je ne suis pas l’homme à trois visages ; et j’ose espérer que vous ne serez, jamais la femme à deux maris...
ADÈLE.
GÉRONTE, à part.
Hum , si le reste n’est pas intelligible, ceci me parait assez clair.
MALINGRE.
Comment, vous ne savez pas ce que signifie le discours de monsieur ! Qu’est-ce que cela signifie, mademoiselle ?
ADÈLE.
Cela signifie, mon père, que s’il s’agit d’aimer monsieur...
MALINGRE.
Il s’agit de l’épouser.
DRAMANTOUR.
Elle me refuse !
Ici mon couplet du tyran.
Eh quoi ! Ni mes prières ni mon désespoir ne peuvent attendrir votre coeur formé par l’insensibilité... Eh bien ! Cruelle, craignez tout de ma juste fureur. Holà, gardes...
Ce n’est pas ça ; j’ai été trop loin.
GÉRONTE.
Mon neveu, on ne vous aime pas ; il faut prendre votre parti, et que Monsieur Malingre paye le dédit.
MALINGRE.
Le dédit, je ne le payerai pas.
GÉRONTE.
Vous le payerez, ou vous nous épouserez.
MALINGRE.
Je ne... Si mon médecin ne m’avait pas défendu de me mettre en colère....
SCÈNE XVIII. Les précédents, Lariffardière, Tantmieux. §
LARIFFARDIÈRE.
Allons, courage, Monsieur le docteur.
TANTMIEUX.
MALINGRE, tombant dans un fauteuil.
Ah ! Ah ! De grâce, Monsieur le docteur.
TANTMIEUX.
Je suis inflexible... Allez, vous n’êtes pas digne d’être malade.
MALINGRE.
Faut-il mourir ?.... Je me recommande à vous.
LARIFFARDIÈRE.
Allons, voyons, Monsieur Tantmieux, composons.
TANTMIEUX.
S’allier avec une famille qui a encouru la haine de la médecine !
GÉRONTE.
Bath, bath, nous n’avons jamais eu de médecins dans notre famille, et nous n’en sommes pas moin» morts bien portants.
DRAMANTOUR.
Ici mon... imprécation... barbare ! Non, tes menaces ne peuvent rien sur moi. Soutenu par ma vertu, je te braverai dans les fers : qui méprise la mort, ne craint point.... un médecin.
TANTMIEUX.
Monsieur Malingre, vous me résistez !
MALINGRE.
Mais Monsieur le docteur , c’est que ce dédit.
LARIFFARDIÈRE.
Ne vous inquiétez pas. J’aime votre fille; je lui plais.
MALINGRE.
Vrai ?
ADÈLE.
Oui, mon père.
LARIFFARDIÈRE.
Et je paye le droit.
MALINGRE.
Depuis que vous êtes sorti, il vous est donc survenu des rentrées.
LARIFFARDIÈRE.
Monsieur Géronte, donnez-moi l’écrit, et je vais vous satisfaire. C’est bon. Voilà les mille écus bien comptés dans cette bourse.
GÉRONTE.
C’est la bourse de tantôt.
LARIFFARDIÈRE.
La même, Monsieur Géronte, la même.
GÉRONTE.
Et les dettes de mon neveu ?
LARIFFARDIÈRE.
Vous les payerez avec cet argent là.
GÉRONTE, à part.
Je commence à m’apercevoir... Il m’attrape... Mais je rattrape mon argent.
DRAMANTOUR.
Nous sommes les jouets d’une conspiration ténébreuse.
GÉRONTE.
Ah ! Bath, avec tes phrases.
SCÈNE XIX ET DERNIÈRE. Les précèdent, Lahausse, Dandinville. §
DANDINVILLE.
Après vous, monsieur.
LAHAUSSE.
C’est très bien. Monsieur de Lariffardière, voilà vos cent louis.
LARIFFARDIÈRE.
Je vous remercie bien, mon cher cousin.
TOUS.
Quoi ! Ton cousin !
LARIFFARDIÈRE.
Oui, je l’étais ; mais il ne s’en souviens plus.
LAHAUSSE.
C’est affreux, monsieur ; d’après nos conventions, vous deviez vous taire.
GÉRONTE.
Comme ce monsieur s’est laissé jouer ! Ah ! Ah ! Voilà bien un autre Monsieur de Jourdain !
LARIFFARDIÈRE.
Et vous qui parlez, n’est-ce pas avec votre argent que vous vous êtes payé le dédit ?
LAHAUSSE.
Ah ! Ah ! Vous êtes bien plus crédule que le Géronte des Fourberies de Scapin.
TANTMIEUX.
Et vous Monsieur Dramantour, petit Trissotin, comme il vous a attrapé ! Ah ! Ah ! Ah !
DRAMANTOUR.
Et c’est vous, Monsieur Purgon, qu’il a fait agir auprès du malade imaginaire ; et s’il en était permis de rire. Ah ! Ah ! Ah !
MALINGRE.
Qu’appelez-vous malade imaginaire ? J’aime mieux être malade imaginaire , que...
DANDINVILLE.
C’est bon, c’est bon ; mais il a respecté les maris, et je suis le seul qui ne suis pas...
LARIFFARDIÈRE.
Non, non, Monsieur Dandinville ; il y en a beaucoup comme vous.
ADÈLE.
Mon ami, vous n’avez pas voulu faire des jaloux vous les avez joués tous.
LARIFFARDIÈRE.
Ils ont sifflé Molière, et Molière s’est vengé.
TANTMIEUX.
Oui, oui ; il faut convenir qu’à certains égards il a du bon.
VAUDEVILLE. §
LARIFFARDIÈRE.
TOUS.
TANTMIEUX.
LAHAUSSE.
DRAMANTOUR.
DANDINVILLE.
MALINGRE.
GÉRONTE.
ADÈLE, au Public.
LARIFFARDIÈRE.