FÂCHEUX
DE J. B. P. MOLIÈRE
REPRÉSENTÉE SUR LE
Théâtre du Palais Royal
Chez GUILLAUME DE LUYNE,
Libraire-Juré, au Palais, dans la Salle des
Merciers, à la Justice
M. DC. LXII.
AU ROI §
Sire,
J’ajoute une Scène à la Comédie, et c’est une espèce de Fâcheux assez insupportable, qu’un homme qui dédie un Livre. Votre Majesté en sait des nouvelles plus que personne de son Royaume, et ce n’est pas d’aujourd’hui qu’elle se voit en Butte à la furie des Épîtres dédicatoires. Mais bien que je suive l’exemple des autres, et me mette moi-même au rang de ceux que j’ai joués, j’ose dire toutefois à Votre Majesté, que ce que j’en ai fait, n’est pas tant pour lui présenter un Livre, que pour avoir lieu de lui rendre grâce du succès de cette Comédie. Je le dois, SIRE, ce succès, qui a passé mon attente, non seulement à cette glorieuse approbation, dont Votre Majesté honora d’abord la Pièce, et qui a entraîné si hautement celle de tout le monde ; mais encore à l’ordre qu’elle me donna d’y ajouter un caractère de Fâcheux, dont elle eut la bonté de m’ouvrir les idées elle-même, et qui a été trouvé partout le plus beau morceau de l’Ouvrage. Il faut avouer SIRE, que je n’ai jamais rien fait avec tant de facilité, ni si promptement, que cet endroit, où Votre Majesté me commanda de travailler. J’avais une joie à lui obéir, qui me valait bien mieux qu’Apollon, et toutes les Muses ; Et je conçois par là ce que je serais capable d’exécuter pour une Comédie entière, si j’étais inspiré par de pareils commandements. Ceux qui sont nés en un rang élevé, peuvent se proposer l’honneur de servir Votre Majesté dans les grands emplois ; mais pour moi, toute la gloire où je puis aspirer, c’est de la réjouir. Je borne là l’ambition de mes souhaits ; et je crois qu’en quelque façon ce n’est pas être inutile à la France, que de contribuer quelque chose au divertissement de son Roi. Quand je n’y réussirai pas, ce ne sera jamais par un défaut de zèle, ni d’étude ; mais seulement par un mauvais destin, qui suit assez souvent les meilleures intentions, et qui sans doute affligerait sensiblement,
sire,
De Votre Majesté.
Le très humble, très obéissant,
et très fidèle serviteur et sujet,
[AVERTISSEMENT] §
Jamais entreprise au Théâtre ne fut si précipitée que celle-ci ; et c’est une chose, je crois, toute nouvelle, qu’une Comédie ait été conçue, faite, apprise, et représentée en quinze jours. Je ne dis pas cela pour me piquer de l’impromptu et en prétendre de la gloire ; mais seulement pour prévenir certaines gens, qui pourraient trouver à redire, que je n’aie pas mis ici toutes les espèces de Fâcheux, qui se trouvent. Je sais que le nombre en est grand, et à la Cour, et dans la Ville, et que sans Épisodes, j’eusse bien pu en composer une Comédie de cinq Actes bien fournis, et avoir encore de la matière de reste. Mais dans le peu de temps qui me fut donné, il m’était impossible de faire un grand dessein, et de rêver beaucoup sur le choix de mes Personnages, et sur la disposition de mon sujet. Je me réduisis donc à ne toucher qu’un petit nombre d’Importuns ; et je pris ceux qui s’offrirent d’abord à mon esprit, et que je crus les plus propres à réjouir les augustes personnes devant qui j’avais à paraître ; et, pour lier promptement toutes ces choses ensemble, je me servis du premier nœud que je pus trouver. Ce n’est pas mon dessein d’examiner maintenant si tout cela pouvait être mieux, et si tous ceux qui s’y sont divertis ont ri selon les règles : Le temps viendra de faire imprimer mes remarques sur les Pièces que j’aurai faites : et je ne désespère pas de faire voir un jour, en grand Auteur, que je puis citer Aristote et Horace. En attendant cet examen, qui peut‑être ne viendra point, je m’en remets assez aux décisions de la multitude ; et je tiens aussi difficile de combattre un Ouvrage que le public approuve, que d’en défendre un qu’il condamne.
Il n’y a personne qui ne sache pour quelle réjouissance la Pièce fut composée ; et cette fête a fait un tel éclat, qu’il n’est pas nécessaire d’en parler ; mais il ne sera pas hors de propos de dire deux paroles des ornements qu’on a mêlés avec la Comédie.
Le dessein était de donner un Ballet aussi ; et comme il n’y avait qu’un petit nombre choisi de Danseurs excellents, on fut contraint de séparer les Entrées de ce Ballet, et l’avis fut de les jeter dans les Entr’Actes de la Comédie, afin que ces intervalles donnassent temps aux mêmes Baladins de revenir sous d’autres habits. De sorte que pour ne point rompre aussi le fil de la Pièce, par ces manières d’intermèdes, on s’avisa de les coudre au sujet du mieux que l’on put, et de ne faire qu’une seule chose du Ballet, et de la Comédie : mais, comme le temps était fort précipité, et que tout cela ne fut pas réglé entièrement par une même tête, on trouvera peut-être quelques endroits du Ballet, qui n’entrent pas dans la Comédie aussi naturellement que d’autres. Quoi qu’il en soit, c’est un mélange qui est nouveau pour nos Théâtres, et dont on pourrait chercher quelques autorités dans l’Antiquité ; et, comme tout le Monde l’a trouvé agréable, il peut servir d’idée à d’autres choses, qui pourraient être méditées avec plus de loisir.
D’abord que la toile fut levée, un des Acteurs, comme vous pourriez dire moi, parut sur le Théâtre en habit de Ville et s’adressant au Roi avec le visage d’un homme surpris, fit des excuses en désordre sur ce qu’il se trouvait là seul, et manquait de temps, et d’Acteurs pour donner à Sa Majesté le divertissement qu’elle semblait attendre. En même temps, au milieu de vingt jets d’eau naturels, s’ouvrit cette coquille, que tout le monde a vue ; et l’agréable Naïade qui parut dedans s’avança au bord du Théâtre, et d’un air héroïque prononça les Vers, que Monsieur Pellisson avait faits, et qui servent de Prologue.
PROLOGUE §
Personnages §
- Éraste.
- La Montagne.
- Alcidor.
- Orphise.
- Lisandre.
- Alcandre.
- Alcipe.
- Orante.
- Climène.
- Dorante.
- Caritidès.
- Ormin.
- Filinte.
- Damis.
- L’épine.
- La Rivière, et deux Camarades.
LES
FÂCHEUX,
COMÉDIE §
Acte Premier §
Scène PREMIÈRE §
Éraste
La Montagne
Éraste
La Montagne
Éraste
La montàgne
Éraste
La Montagne
Éraste
La Montagne
Éraste
La Montagne
Éraste
La Montagne
Éraste
La Montagne
Éraste
La Montagne
Éraste
La Montagne
Éraste
La Montagne
Éraste
La Montagne
Éraste, après avoir attendu.
La Montagne
Éraste
La Montagne
Éraste
La Montagne
Éraste
La Montagne, laissant tomber le chapeau.
Éraste
La Montagne
Éraste
Scène II §
Éraste
La Montagne
Éraste
La Montagne
Éraste
La Montagne, revenant.
Éraste
La Montagne, revenant.
Éraste
La Montagne, revenant.
Éraste
Scène III §
Lysandre
Éraste
Lysandre
Éraste
Lysandre
Éraste
Lysandre
Éraste
Lysandre
Éraste
Lysandre
Éraste
Lysandre
Éraste
Lysandre
Éraste
Scène IV §
La Montagne
Éraste
La Montagne
Éraste
Scène V §
Orphise
Éraste
Orphise, riant.
Éraste
Orphise
Éraste
Orphise
Éraste
Orphise
Scène VI §
Alcandre
Éraste, après avoir un peu demeuré sans parler.
La Montagne
Éraste
Fin du premier Acte.
Ballet du Premier Acte §
Première Entrée §
Deuxième Entrée §
Acte II §
Scène Première §
Éraste
Scène II §
Alcipe
Éraste
Alcipe
Éraste
Alcipe
Éraste
Alcipe
Éraste
Scène III §
La Montagne
Éraste
La Montagne
Éraste
La Montagne
Éraste
La Montagne
Éraste
La Montagne
Éraste
La Montagne
Éraste
La Montagne
Éraste
La Montagne
Éraste
La Montagne
Éraste
La Montagne
Éraste
Scène IV §
Orante
Climène
Orante
Climène
Orante
Éraste
Orante
Éraste
Orante
Climène
Éraste
Orante
Climène
Orante
Climène
Orante
Climène
Orante
Climène
Orante
Climène
Orante
Climène
Orante
Éraste
Climène
Éraste
Scène V §
Éraste
Orphise
Éraste
Orphise
Éraste
Scène VI §
Dorante
Éraste
Dorante, le retenant.
Éraste
Dorante
Éraste
Dorante
Éraste
Fin du deuxième Acte.
Ballet du Second Acte §
Première Entrée §
Deuxième Entrée §
Troisième Entrée §
Quatrième Entrée §
Acte III §
Scène Première §
Éraste
La Montagne
Éraste
La Montagne
Éraste
La Montagne
Éraste
Scène II §
Caritidès
Éraste
Caritidès
Éraste
Caritidès
Éraste
Caritidès
Éraste
Caritidès
Éraste
Caritidès
Éraste
Caritidès
Éraste
Caritidès
Éraste
Caritidès
Éraste
Caritidès
AU ROI.
SIRE,
Votre très humble, très obéissant, très fidèle, et très savant sujet et serviteur Caritidès, Français de nation, Grec de profession ; Ayant considéré les grands et notables abus, qui se commettent aux inscriptions des enseignes des Maisons, Boutiques, Cabarets, Jeux de Boule, et autres lieux de votre bonne Ville de Paris ; en ce que certains ignorants compositeurs desdites inscriptions, renversent, par une barbare, pernicieuse et détestable orthographe toute sorte de sens et raison, sans aucun égard d’Étymologie, Analogie, Énergie, ni Allégorie quelconque ; au grand scandale de la République des Lettres, et de la nation Française, qui se décrie et déshonore par lesdits abus et fautes grossières, envers les Étrangers, et notamment envers les Allemands, curieux lecteurs, et inspectateurs desdites inscriptions.
Éraste
Caritidès
Éraste
Caritidès continue :
Supplie humblement Votre Majesté de créer, pour le bien de son État, et la gloire de son Empire, une Charge de Contrôleur, Intendant, Correcteur, Réviseur, et Restaurateur général desdites inscriptions ; et d'icelle honorer le suppliant, tant en considération de son rare et éminent savoir, que des grands et signalés services qu'il a rendus à l'État, et à Votre Majesté, en faisant l'Anagramme de votre dite Majesté en Français, Latin, Grec, Hébreu, Syriaque, Chaldéen, Arabe…
Éraste, l’interrompant
Caritidès
Éraste
Scène III §
Ormin
Éraste
Ormin
Éraste
Ormin
Éraste
Ormin
Éraste
Ormin
Éraste
Ormin
Éraste
Ormin
Éraste
Ormin
Éraste
Scène IV §
Filinte
Éraste
Filinte
Éraste
Filinte
Éraste
Filinte
Éraste
Filinte
Éraste
Filinte
Éraste
Filinte
Éraste
Filinte
Éraste
Filinte
Éraste
Filinte
Éraste
Filinte
Éraste
Filinte
Éraste
Scène V §
Damis
Éraste
Damis
La rivière
Damis
La rivière, l’attaquant avec ses compagnons.
Éraste, mettant l’épée à la main.
Damis après leur fuite.
Éraste
Damis
Éraste
Damis
Scène VI §
Orphise, venant avec un flambeau d’argent à la main.
Damis
Orphise
Éraste
Damis
Éraste
L’Épine
Éraste
Fin