M. DCC. XXIII. Avec Approbation et privilège du Roi.
de MONSIEUR L’ABBÉ NADAL, de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres.
. §
PRÉFACE. §
Cette fortune, qui, selon quelques-uns, préside à la destinée des pièces de théâtre, n’est autre chose que le concours des diverses circonstances qui en accompagnent les représentations. La disposition de celle-ci telle qu’elle a été faite d’abord, n’a point subsisté, et les principaux Rôles ont changé de main plusieurs fois.
Mlle Desmares était encore au Théâtre, lorsque je travaillais à ma pièce. C’est elle que j’avais en vue pour le rôle de Zoraïde ; et je perdis par sa retraite l’avantage de le voir jouer dans toute sa force, et j’ose dire dans toute la beauté que lui donnait la nouveauté du caractère de Zoraïde. Il me restait une grande ressource dans Mlle du Clos, et le Rôle de Salmone, quoique moins intéressant, a pris dans ses mains une supériorité qui n’est due qu’à elle-même.
Cette expression si vive des passions, qui s’est formée avec la gloire des Corneilles et des Racines, ces tons réglés sur les avis, ou plutôt sur les inspirations de ces deux grands Poètes, et consacrés, pour ainsi dire, sur la Scène, ont passé, par une heureuse tradition, jusqu’aux Actrices que je viens de nommer, et les grâces, la vérité et la précision qu’elles ont jetées dans leur jeu, chacune avec des dons du Ciel tout différents, ont achevé le modèle de la déclaration. Ce n’est point assez pour elles de plaire, elles ne se montrent que sous un aspect merveilleux, ou plutôt elles disparaissent en quelque sorte elles-mêmes, et l’illusion est complète. Le Spectateur ému se trouve transporté dans le lieu de la Scène, et ne voit plus en elles qu’Andromaque ou Hermione, Ariane ou Émilie.
Tel est l’effet de ces talents supérieurs qui enlèvent l’admiration du Public, ou du moins de la plus saine partie, dont le jugement ne peut être combattu que par ceux qui mettent le goût de la déclamation au rang des modes, et les mines à la place des grâces.
La date de la réception des Pièces, et les contestations survenues pour occuper le Théâtre, ont rejeté la représentation de la mienne dans une saison où l’on place rarement les Pièces saintes. D’ailleurs le Public était prévenu contre un sujet qu’il croyait doublé d’après M. de la Motte. C’est un Poète heureux, et d’une grande réputation ; mais je ne doute pas qu’il n’ait été le premier à détromper ses amis sur l’affectation qu’ils m’ont donnée, à traiter le même sujet que lui, et après lui. J’étais bien avancé dans ma Tragédie, lorsqu’il commençait la sienne dans le secret. Je m’en ouvris dans le temps à lui-même ; mais M. de la Motte fut plus modeste que moi ; il ne se vanta pas de son travail.
Le voile qui couvrait le nom, et la personne de l’Auteur de la première Tragédie des Maccabées, fut bientôt déchiré, et le respect des Mânes de M. Racine, dont quelques-uns voulaient que cette Pièce fût un ouvrage posthume, cessa dès la première représentation de tenir les esprits en suspens. On reconnut M. de la Motte à sa manière. Comme il a osé s’affranchir de l’imitation, et lutter successivement contre les plus grands Maîtres, il doit régner nécessairement dans tous ses Ouvrages un caractère singulier qui le décèle. Je vis alors, avec quelque satisfaction, que je pouvais ne me point rencontrer avec lui, et que si je n’avais point les mêmes ressources, qu’il trouvait dans son peu d’assujettissement aux incidents que le sujet fournit, je pouvais au moins profiter des beautés qu’il m’avaient laissées, et qu’il aurait pu tenir de la première main, c’est-à-dire, de l’esprit de Dieu même.
Le Chapitre de l’Écriture Sainte, où il est parlé particulièrement du plus jeune des Maccabées, sembla m’imposer la nécessité de mettre cet Enfant sur la Scène ; et afin que le Lecteur juge par lui-même, si j’ai été bien ou mal fondé, je le prie de trouver bon que je le renvoie au 7. Chap. du 2. Liv. des Maccabées.
Quelques-uns m’ont reproché d’avoir traité de telle sorte l’intérêt de cet Enfant dans ma Pièce, que j’ai prétendu en faire entre les mains d’Antiochus, un moyen de juger Zoraïde, beaucoup plus puissant sur son esprit, que le salut même de son Amant, et que par conséquent je voulais que la tendre amitié l’emportât sur l’amour. Il n’a pas été question de pousser jusques là la tendresse de Zoraïde pour Azaël, et mon intention n’a été autre que de faire donner à Zoraïde la préférence à la Religion sur tout autre sentiment. Que son Amant périsse, et qu’il expire dans les tourments pour la gloire de son Dieu, c’est un sujet d’allégresse pour elle ; qu’Azaël cède à l’attrait des caresses d’Antiochus, et sacrifie sa Religion à l’espérance de tous les traitements dont on cherche à le flatter ; c’est pour elle le comble du désespoir, et pour la Nation c’est un opprobre éternel. Le sujet de ma Pièce est le triomphe de la Foi dans Israël ; tout est ramené à ce point. L’unité de l’action est dans la constance, et dans la mort de la Mère et des Enfants. Avec un objet de cette nature, il eût été contre la décence de jeter dans les moeurs de quelques-uns de mes Personnages, toute la vivacité de la galanterie, et toute la chaleur des sentiments. Si ceux qui sont répandus dans ma Pièce, édifient les sages, si la Majesté de la Religion y est soutenue, si je n’ai point altéré la magnificence des expressions de l’Écriture, si des morceaux détachés y font impression par les vérités et les images qu’ils renferment, je me consolerai d’avoir manqué d’y établir ce fond d’intérêts, qui met les passions dans son parti, et qui ne touche le coeur qu’en réveillant notre faiblesse.
Je ne répondrai point à l’objection qui m’a été faite sur le discours d’Antiochus au Peuple Juif ; on n’a qu’à lire dans Josèphe, si jaloux lui-même de la gloire et de la loi d’Israël, de quelle manière ce même Antiochus traite la Nation, et le culte des Juifs, et on verra combien j’en ai adouci le mépris et les menaces.
Il semble qu’il ne sera plus permis d’exposer sur la Scène les grandes vérités de la Religion ; et tout ce qui impose un certain respect doit nécessairement refroidir l’action de la Tragédie. On commence même à en violer dans les Pièces profanes les règles les plus essentielles. Tout est créé, jusqu’aux événements ; on n’observe plus ni moeurs, ni caractères ; les beautés qu’on y ramène sont toujours étrangères, et le langage des passions n’a nulle convenance personnelle : l’esprit s’y produit partout, et dans le sentiment même, les douleurs y sont brillantes, les vertus toujours lestes, les devoirs commodes et la Religion souple et ingénieuse ; et enfin, si j’ose le dire, c’est une espèce de mascarade, qui s’est introduite sur la Scène.
Personne n’ignore le reproche qui nous est fait au sujet de notre Poème Dramatique, et combien l’honneur du Théâtre est blessé, d’y voir régner l’amour comme l’intérêt le plus puissant : cet amour même a commencé insensiblement à sortir de ses bienséances austères que la gloire et la vertu lui ont prescrites : et c’est de là que l’Illustre Académicien (M. de Valincours), qui a fait l’Éloge de M. Despréaux, a pris occasion de dire, en parlant des Poésies de Régnier, Qu’il semblait de son temps que l’obscénité fût un sel nécessaire à la Satyre, comme on s’est imaginé depuis, que l’amour devait être le fondement, et pour ainsi dire, l’âme de toutes les Pièces de Théâtre.
MONSIEUR, §
Vous n’avez point ignoré les contestations qui se sont élevées sur quelques endroits de ma Tragédie. C’est à votre jugement que j’en appelle. J’ai cru devoir subordonner à la Religion l’amour et la nature même ; mais le langage que j’ai fait tenir à mes Héros ; a paru nouveau sur la Scène. Les Personnes du siècle n’ont pu regarder comme intéressantes ces situations, où il semble qu’il en coûte si peu pour sacrifier tout ce qu’il y a de plus cher dans la vie. Ce n’est que dans un coeur tel que le vôtre, que la vertu ouvre un asile à ces grands sentiments, que j’ai cherché à établir sur des événements connus, et sur d’illustres exemples. Ceux qui comme vous, MONSIEUR, sont entrés avec un si brillant succès dans la discussion des sentiments, et dans l’analyse des vertus, qui ont recherché, et trouvé les sources les plus pures de l’amitié et de la gloire, qui nous en ont tracé les préceptes et les règles dans ces excellents Traités, dont vous avez enrichi les Lettres ; et qui enfin n’ont donné aux actions héroïques d’autre dignité que celle des principes qui nous déterminent, savent mieux que les autres jusqu’à quel degré de courage, la Religion et la Foi sont capables de nous élever.
Aussi lorsque j’ai l’honneur de vous dédier ma Tragédie, ce n’est point par le désir seul de donner ce témoignage public de ma reconnaissance, à l’amitié dont vous m’honorer depuis si longtemps, l’intérêt de ma réputation me fait encore une nécessité de votre approbation et de vos suffrages, et c’est par là que je suis à portée d’opposer à mes Contradicteurs des lumières sûres, et des décisions respectables.
J’ai l’honneur d’être avec l’inviolable attachement que je vous dois,
MONSIEUR, Votre très humble et très obéissant Serviteur, l’Abbé Nadal.
PERSONNAGES. §
- ANTIOCHUS, Roi de Syrie.
- SALMONE, mère des Maccabées.
- MACCABÉE, l’aîné des sept Enfants de Salmone, amant de Zoraïde.
- ZORAÏDE, amante de Maccabée.
- AZAËL, dernier fils de Salmone.
- PHOSTIME, ambassadeur de Ptolémée, Roi d’Égypte.
- ÉLISE, confidente de Salmone.
- PHOEDIME, confidente de Zoraïde.
- MÉNÉLAÜS, juif, attaché au parti d’Antiochus.
- ACHAS, juif, confident de Ménélaüs.
- GARDES.
- TROUPE DE JUIFS.
ACTE I §
SCÈNE PREMIÈRE. Ménélaüs, Alcime. §
MÉNÉLAÜS.
ALCIME.
MÉNÉLAÜS.
ALCIME.
MÉNÉLAÜS.
ALCIME.
MÉNÉLAÜS.
SCÈNE II. Salmone, Maccabée, Élise. §
SALMONE.
MACCABÉE.
SALMONE.
MACCABÉE.
SALMONE.
SCÈNE III. Antiochus, Salmone, Maccabée, Ménélaüs, Alcime, Achas, Élise, Suite d’Antiochus, Troupe de Juifs. §
ANTIOCHUS.
SCÈNE IV. Antiochus, Ménélaüs. §
ANTIOCHUS.
MÉNÉLAÜS.
ANTIOCHUS.
SCÈNE V. Antiochus, Zoraïde, Phoedime. §
ANTIOCHUS.
ZORAÏDE.
ANTIOCHUS.
ZORAÏDE.
ANTIOCHUS.
ZORAÏDE.
ANTIOCHUS.
ZORAÏDE.
SCÈNE VI. §
ANTIOCHUS, seul.
ACTE II §
SCÈNE PREMIÈRE. Antiochus, Ménélaüs. §
ANTIOCHUS.
MÉNÉLAÜS.
ANTIOCHUS.
MÉNÉLAÜS.
ANTIOCHUS.
MÉNÉLAÜS.
ANTIOCHUS.
SCÈNE II. §
ANTIOCHUS, seul.
SCÈNE III. Antiochus, Salmone. §
SALMONE.
ANTIOCHUS.
SALMONE.
ANTIOCHUS.
SALMONE.
ANTIOCHUS.
SALMONE.
ANTIOCHUS.
SALMONE.
ANTIOCHUS.
SALMONE.
ANTIOCHUS.
SCÈNE IV. §
SALMONE, seul.
SCÈNE V. Salmone, Maccabée. §
MACCABÉE.
SALMONE.
MACCABÉE.
SALMONE.
MACCABÉE.
SALMONE.
MACCABÉE.
SALMONE.
SCÈNE VI. Salmone, Maccabée, Élise. §
ÉLISE.
SALMONE.
ÉLISE.
SALMONE.
ÉLISE.
SALMONE.
MACCABÉE.
ACTE III §
SCÈNE PREMIÈRE. Zoraïde, Phoedime. §
PHOEDIME.
ZORAÏDE.
PHOEDIME.
ZORAÏDE.
SCÈNE II. §
ZORAÏDE, seule.
SCÈNE III. Antiochus, Zoraïde, Gardes. §
ANTIOCHUS.
ZORAÏDE.
ANTIOCHUS.
ZORAÏDE.
ANTIOCHUS.
ZORAÏDE.
ANTIOCHUS.
SCÈNE IV. Antiochus, Zoraïde. §
ZORAÏDE.
SCÈNE V. Antiochus, Zoraïde, Maccabée. §
MACCABÉE, à part.
ANTIOCHUS.
ZORAÏDE.
ANTIOCHUS.
ZORAÏDE.
ANTIOCHUS.
ZORAÏDE.
MACCABÉE.
ZORAÏDE.
MACCABÉE.
ANTIOCHUS.
ZORAÏDE.
SCÈNE VI. Antiochus, Maccabée, Gardes. §
ANTIOCHUS.
MACCABÉE.
ANTIOCHUS.
MACCABÉE.
ANTIOCHUS.
MACCABÉE.
ANTIOCHUS.
MACCABÉE.
SCÈNE VII. Antiochus, Maccabée, Achas. §
ACHAS.
ANTIOCHUS.
SCÈNE VIII. Antiochus, Phostime, Achas, Suite d’Antiochus, Suite de Phostime. §
PHOSTIME.
ANTIOCHUS.
PHOSTIME.
ANTIOCHUS.
PHOSTIME.
ANTIOCHUS.
PHOSTIME.
ANTIOCHUS.
PHOSTIME.
ANTIOCHUS.
PHOSTIME.
SCÈNE IX. Antiochus, Achas. §
ACHAS.
ANTIOCHUS.
ACTE IV §
SCÈNE PREMIÈRE. Antiochus, Achas. §
ANTIOCHUS.
ACHAS.
ANTIOCHUS.
ACHAS.
ANTIOCHUS.
SCÈNE II. Antiochus, Azaël, Achas, Gardes. §
AZAËL.
ANTIOCHUS.
AZAËL.
ANTIOCHUS.
AZAËL.
ANTIOCHUS.
AZAËL.
ANTIOCHUS.
AZAËL.
ANTIOCHUS.
AZAËL.
ANTIOCHUS.
AZAËL.
SCÈNE III. Antiochus, Achas. §
ANTIOCHUS.
SCÈNE IV. Antiochus, Zoraïde, Achas, Phoedime. §
ZORAÏDE.
ANTIOCHUS.
ZORAÏDE.
ANTIOCHUS.
ZORAÏDE.
ANTIOCHUS.
SCÈNE V. Zoraïde, Phoedime. §
ZORAÏDE.
SCÈNE VI. Zoraïde, Maccabée, Phoedime. §
ZORAÏDE.
MACCABÉE.
ZORAÏDE.
MACCABÉE.
ZORAÏDE.
MACCABÉE.
ZORAÏDE.
MACCABÉE.
ZORAÏDE.
MACCABÉE.
ZORAÏDE.
MACCABÉE.
ZORAÏDE.
MACCABÉE.
ZORAÏDE.
MACCABÉE.
ZORAÏDE.
MACCABÉE.
ZORAÏDE.
MACCABÉE.
ZORAÏDE.
MACCABÉE.
ZORAÏDE.
SCÈNE VII. Salmone, Zoraïde, Maccabée, Phoedime. §
ZORAÏDE, à Salmone.
SALMONE.
ZORAÏDE.
SALMONE.
SCÈNE VIII. Antiochus, Salmone, Zoraïde, Maccabée, Phoedime, Gardes. §
ANTIOCHUS.
MACCABÉE.
ZORAÏDE.
ANTIOCHUS.
ZORAÏDE, à Maccabée.
SCÈNE IX. Antiochus, Salmone, Zoraïde, Maccabée, Achas, Phoedime, Gardes. §
ACHAS.
MACCABÉE.
SALMONE.
ZORAÏDE.
MACCABÉE.
ACTE V §
SCÈNE PREMIÈRE. Antiochus, Achas. §
ANTIOCHUS.
ACHAS.
ANTIOCHUS.
ACHAS.
ANTIOCHUS.
SCÈNE II. Antiochus, Salmone. §
ANTIOCHUS.
SALMONE.
ANTIOCHUS.
SALMONE.
ANTIOCHUS.
SALMONE.
ANTIOCHUS.
SALMONE.
ANTIOCHUS.
SALMONE.
SCÈNE III. Antiochus, Salmone, Azaël, Gardes. §
AZAËL.
SALMONE.
AZAËL.
SALMONE.
AZAËL.
SALMONE.
AZAËL.
SALMONE.
AZAËL.
SALMONE.
AZAËL.
SALMONE.
AZAËL.
SALMONE.
ANTIOCHUS.
SALMONE.
ANTIOCHUS.
AZAËL.
AZAËL.
SALMONE.
AZAËL.
ANTIOCHUS.
AZAËL.
ANTIOCHUS.
SALMONE.
ANTIOCHUS.
SALMONE.
AZAËL.
SALMONE.
AZAËL.
SCÈNE IV. §
ANTIOCHUS, seul.
SCÈNE V. Antiochus, Alcime. §
ALCIME.
ANTIOCHUS.
ALCIME.
ANTIOCHUS.
SCÈNE VI. Antiochus, Zoraïde, Alcime. §
ZORAÏDE.
ANTIOCHUS.
ZORAÏDE.
ANTIOCHUS.
SCÈNE VII. Antiochus, Zoraïde, Phoedime, Alcime, Gardes. §
ACHAS.
ANTIOCHUS.
SCÈNE VIII. §
ZORAÏDE, seule.
SCÈNE IX ET DERNIÈRE. Zoraïde, Phostime. §
PHOSTIME.
ZORAÏDE.