M. DCC. XXXVIII. Avec Approbation et privilège du Roi.
de MONSIEUR L’ABBÉ NADAL, de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres.
APPROBATION. §
J’ai lu par ordre de Monseigneur le Garde des Sceaux, un Manuscrit qui a pour titre, Osarphis ou Moïse, Tragédie, et j’y ai remarqué, que les règles de la Poésie, auquel l’Auteur s’est assujetti, ne font rien perdre à la dignité du sujet ; et que dans les endroits où il a pu se donner le plus de liberté, il n’avance rien dont la plus grande délicatesse en fait de Moeurs et de Religion puisse être blessée.
Fait à Paris ce 3. Mai 1728.
LETTRE du R. PÈRE R. ** JÉSUITE, à l’Auteur d’Osarphis. §
Monsieur,
Des affaires pressées et des distractions importunes n’ont pu m’empêcher de lire Osarphis avec tout l’empressement qu’inspire un ouvrage reçu de votre main, et qui porte votre nom. Le plaisir que m’a donné cette lecture a égalé la curiosité et l’impatience que je tentais de la faire. Osarphis est un personnage de nouvelle espèce pour le Théâtre Français ; un Héros sans amour, un conquérant sans ambition, à qui la singularité de son caractère n’ôte rien du mérite propre à paraître avec éclat sur la Scène. Vous avez remplacé par les situations vives et intéressantes, par les grandes images, par les sentiments sublimes, par la forte expression de ces instincts précieux, que la nature grave si avant dans les bons coeurs et dans les âmes les plus élevées ; par le merveilleux enfin que fournit la Religion : vous avez, dis-je, remplacé par ces puissants ressorts le jeu des passions tendres ou cruelles, si nécessaire au commun des Poètes pour attacher et émouvoir le Spectateur.
La terreur et la pitié, ces deux grandes sources du vrai tragique, ne sont cependant pas négligées chez vous. La terreur commence avec la pièce et survit encor à l’action théâtrale et à la représentation. On retrouve partout, ramenée à propos, l’effrayante idée de ces désastres dont l’Égypte incrédule est menacée, et Moïse en quittant la scène ne fait qu’ajouter à ces terribles peintures de nouvelles horreurs.
Les périls réciproques de Moïse, d’Aron, et des Hébreux d’un côté, d’Aménophis et de Tharbis de l’autre, réunissent aux sujets de terreur ceux de la plus vive compassion ; et l’effet naturel de presque tous vos incidents, c’est d’effrayer ou d’attendrir, et de produire souvent ces deux effets à la fois.
Au plaisir que m’ont donné ces beautés, s’est joint encore celui de la surprise. Je ne parle point ici de ces surprises irrégulières et mal ménagées, ressource trop ordinaire de plus d’un Auteur pour soutenir l’intrigue mal digérée d’une pièce dont l’action languit et s’éteint dès les premiers Actes. Je ne parle pas même de celles qui sont le fruit du génie et l’art, qui naissent naturellement du fonds du sujet ou des incidents qu’on y a liés avec justesse. On en trouve chez vous de cette dernière espèce : mais ce n’est point à votre invention que je suis proprement redevable de celle qui m’a le plus frappé dans la lecture d’Osarphis. C’est à la peinture peu fidèle, qu’on m’avait tracée de cette pièce. Je ne crains point de vous l’avouer, on m’avait donné du rôle que vous faisiez jouer à votre Héros, une idée bien éloignée de la réalité.
Je m’attendais à vous voir démentir par la fiction, le portrait que les historiens sacrés et profanes nous ont laissé du Libérateur des Hébreux. Je comptais ne trouver dans le Héros de votre Tragédie qu’un homme, d’abord dominé par l’amour ou l’ambition, ou également en proie à ces deux passions ; et que le seul éclat des plus étonnantes merveilles, et les impressions de la grâce les plus fortes, avaient contraint en quelque sorte de se prêter aux desseins que la Providence avait formés sur lui ; et je craignais ce contraste, oserai-je le dire ? Non pour la Religion, dont les intérêts n’en pouvaient souffrir, mais pour votre ouvrage qui en eût été défiguré.
Des excès qui auraient précédé la vocation d’Osarphis, n’auraient point déshonoré la sainteté d’un Ministère qui en les faisant cesser leur aurait substitué les plus éclatantes vertus. Sa conversion eût été un triomphe de plus pour la Religion, un nouveau prodige égal à ceux que le Ciel avait mis en oeuvre pour fléchir l’opiniâtreté de l’indocile Égyptien, et animer la confiance des timides Hébreux. Cette supposition d’ailleurs n’aurait contredit ni le Pentateuque, ni Josèphe. Les éloges que l’un et l’autre donnent à la vertu de Moïse, ne regardent que le temps où il était le conducteur du peuple de Dieu. Leur silence sur ses moeurs avant cette époque, laissait en ce genre une libre carrière aux fictions propres à embellir votre sujet ; et sans déroger au respect dû à la révélation, ou à la fidélité qu’exige l’histoire, vous auriez pu, au besoin, répandre avec art quelques ombres sur le brillant portrait que l’une et l’autre tracent de votre Héros.
Mais ce que l’autorité semblait vous permettre, les lois du Théâtre vous l’interdisaient. Docile à ses règles vous avez sagement renoncé à un mélange qui, sans dégradé la vertu de Moïse, aurait déparé son rôle. Cette duplicité de moeurs dans le principal personnage, aurait produit une espèce de duplicité d’intrigue et d’action, et vous aurait conduit nécessairement à une conversion brusque, à un de ces dénouements postiches, sans préparations dans les moeurs, dans les incidents de votre pièce ; ouvrage enfin d’un miracle subit dont la machine est toujours employée bien plus pour suppléer à l’invention de l’Auteur et pour le tirer d’embarras, que pour décorer son héros ou intéresser le Spectateur.
Vous mettez, il est vrai, en oeuvre le miracle ; mais c’est en vous conformant à la nature de votre sujet où tout est miraculeux ; c’est en ajoutant habilement ensemble le merveilleux et le vraisemblable. Le Spectateur est dès les premières scènes préparé, sans les prévoir, aux prodiges qui couronnent les dernières. Fidèle au précepte d’Horace,
Servetur ad unum
Qualis ab incoepio processeris, et sibi constet ;
Votre héros toujours semblable à lui-même, soutient partout la dignité de son caractère. Les premiers traits d’Osarphis annoncent déjà Moïse, et l’on aperçoit d’avance dans le Monarque d’Égypte, les semences des vertus qui doivent former le Chef du peuple d’Israël. Ses qualités naturelles disposent insensiblement l’esprit du Spectateur, et en quelque sorte le coeur même de ce Héros, aux révolutions qu’y opèrent enfin la grâce de sa vocation par une gradation presque imperceptible, et comme de nuance en nuance, vous l’amenez à cette généreuse docilité qui lui fait sacrifier sa gloire et sa couronne à l’obscur espoir de devenir par les périls, les souffrances, les opprobres, le Libérateur d’une nation chérie de Dieu. Le spectateur se livre de lui-même aux transports de l’étonnement que causent ces merveilles, sans être arrêté par les embarras d’une surprise précipitée.
Ses desseins sur Tharbis ne sont point un écueil pour son héroïsme. Si Osarphis aspire à l’alliance de cette Princesse, c’est en Roi et non pas en Amant. Il ne vient point en Amadis ou en Héros de l’Astrée ramper à ses pieds, et démentir puérilement auprès d’elle, comme Alexandre auprès de Cléofile, ou Pyrrhus auprès d’Andromaque, cette fierté farouche qui dans tous les siècles, et même encore de nos jours, mêle ses hauteurs aux transports les plus tendres des Monarques les plus polis de l’Orient.
Mais pour tracer avec uniformité et avec décence le caractère de Moïse, ce n’était point assez d’en bannir les fadeurs et les ridicules, il fallait encore en exclure les passions et leurs fougues. Aussi n’ont-elles point de part chez vous aux sentiments qui font souhaiter à Osarphis d’unir son sort à celui de Tharbis, et de l’emporter dans le coeur de cette Princesse sur son rival Aménophis. Le seul intérêt d’État, la foi des Traités, la nécessité d’assurer à l’Égypte ses conquêtes en Éthiopie, et à Osarphis lui-même le Trône sur lequel il devait monter, sont les ressorts de ses empressements pour ce mariage. Pas la moindre étincelle d’amour, dans les procédés ou dans son langage. La raison règle ses goûts comme la politesse inspire ses manières et ses discours.
L’ambition ne le domine pas plus que l’amour. C’est méconnaître la nature de cette passion, que de confondre avec elle le désir qu’a Osarphis de monter sur le Trône, où l’ordre de la succession, les voeux de l’Égypte entière, et le succès de ses victoires l’appelaient. L’ambitieux est un homme qui cherche à étendre son autorité ou à élever son rang au-dessus des limites que la providence et l’ordre de la société semblent avoir prescrit à l’une et à l’autre. Osarphis éloigné de ces prétentions, borne les siennes à disputer à Aménophis une Couronne dont les titres les plus légitimes le mettaient en droit de s’assurer ; la vertu la plus pure permet de défendre un bien que la justice rend notre partage. Osarphis est donc partout un sujet propre à l’espèce d’héroïsme que la Religion fait enfin éclater chez Moïse.
L’uniformité, la vraisemblance, la décence ne sont point les seuls mérites de son caractère ; à ces traits qui forment les beautés régulières, vous unissez les sentiments et les situations qui y joignent les grâces. Que vous en faites éclore de nobles et d’élevées dans son rôle, et que cet enthousiasme qui règne dans le langage de l’Écriture se fait sentir avec énergie dans la bouche d’Aaron, de Jocabel et de Moyse !
En Maître de l’art vous avez gardé les plus beaux traits pour la fin : les deux derniers Actes renchérissent sur les précédents. Le sort de Moïse demeure en suspend jusques au bout, le dénouement ne se présente qu’avec les derniers vers. Le reconnaissance de Moïse et de Jocabel, de Moïse et d’Aaron, de Moïse et d’Aménophis ; la simplicité et le naturel avec lequel ces incidents se développent ; la vision prophétique où l’avenir et toute la suite des desseins de Dieu se dévoile aux yeux de Moïse, le récit où il retrace à Aaron et à Jocabel ces sublimes objets ; sa renonciation à la possession de Tharbis et du Trône d’Égypte ; la générosité avec laquelle oubliant leurs injures il couronne des dons les plus magnifiques, et la résistance que cette Princesse avait opposée à ses recherches, et les complots et les trahisons d’Aménophis qui lui disputait le coeur de Tharbis et la Couronne d’Égypte ; la généreuse confiance avec laquelle en les rendant maîtres de l’Égypte il renonce aux précaution nécessaires pour mettre son sort et sa personne à l’abri de leurs ombrages et de leurs ressentiments : Tu me connais, Adieu ; poursuis-moi, si tu l’oses. La surprise a adroitement préparé ce que fait naître la prompte révolution du sort d’Aménophis ; et son rapide, mais naturel, passage des horreurs de l’échafaud à la félicité du Trône : tous ces traits remuent vivement le coeur d’un Spectateur né avec quelque élévation dans les sentiments.
L’obstacle le plus marqué que puisse, ce me semble, rencontrer une pièce de cette nature, aux succès qu’elle mérite, c’est que le personnage d’Osarphis a dans l’éclat et dans le rang que vous lui donnez, avant que d’en faire le chef des Israélites, quelque chose d’opposé au caractère que les préjugés d’éducation forment de Moïse dans un certain public. Le rôle de ce grand Législateur commence, pour eux, au temps où errant et fugitif, la crainte des persécutions auxquelles il eût été exposé en Égypte, le réduisit à garder les troupeaux de son beau-père Jéthro ; et son histoire sous ce point de vue n’offre d’autre idée à leur esprit, que celle d’un Pâtre élevé par le choix du Seigneur, du sein de la poussière à la plus sublime des dignités.
Une connaissance médiocre des Auteurs anciens rectifierait ce préjugé, et vous disculperait sans peine. Josèphe au livre second, chapitre cinquième de son histoire, vous a fourni tous les traits qui forment chez vous le portrait de Moïse conquérant, vainqueur des Éthiopiens, époux de Tharbis, fils adoptif de Thermutis. Vous avez puisé dans la même source les personnages du second ordre que vous mettez sur la Scène, et jusques aux noms que vous leur donnez. Tharbis, Thermutis, Jocabel sont les mêmes dans l’histoire que dans votre Tragédie.
Vous n’aviez pas même besoin du témoignage de Josèphe pour prêter à Moïse le rôle que vous lui faites jouer avant sa vocation, l’Écriture seule vous suffisait. Elle dit en termes exprès au chapitre 2. de l’Exode, que Moïse dans un âge formé, Adultum, avait été adopté comme fils par la fille de Pharaon : dès lors la fiction seule pouvait chez vous remplacer l’histoire sur les suites naturelles de cette adoption. Cet événement donne aux situations les plus brillantes où vous pouviez placer Moïse, toutes les vraisemblances qu’exige le Théâtre le plus régulier et le plus scrupuleux. Rien de plus naturel que de voir un homme d’un mérite distingué, fils adoptif d’une puissance Princesse, remplir les premières places, et à portée d’aspirer et de parvenir à tout, chez une nation où un esclave hébreu, un des ancêtres de Moïse, le vertueux Joseph, était quelque années auparavant sorti des cachots pour devenir en quelque sorte le Dieu de l’Égypte ; et dans les climats et l’imagination fougueuse des peuples, ne laisse qu’un pas à faire de la servitude au Trône, ou du Trône à la servitude.
Voilà, Monsieur, ce que je pense du fonds de votre pièce. Le détail de l’exécution offre encore un grand nombre de traits brillants et de vers heureux à mes justes éloges. Que n’ai-je autant de loisir pour en peindre toutes les beautés, que j’ai eu de plaisir à les sentir ! Si le Théâtre n’en présentait jamais que de semblables, les maîtres de la morale chrétienne, loin de le proscrire comme une source féconde de vices, le recommanderaient à leurs disciples comme une école des plus sublimes vertus.
Ne regardez point, Monsieur, ce jugement comme l’ouvrage de mon amitié ; il est le fruit de mon discernement. J’ai jugé de cette pièce par son propre mérite, et non par celui de l’Auteur. En donnant à votre personne tous les sentiments qui lui sont dûs de la part de ceux qui ont l’honneur de vous connaître aussi bien que moi, je me réserve toujours la liberté de la critique pour vos écrits, comme je prétends que vous en fassiez, à bien plus juste titre, usage pour les miens. Ces dispositions, bien loin qu’à augmenter le tendre attachement avec lequel j’ai l’honneur d’être,
Monsieur, À Poitiers, le 14. de décembre 1736.
Votre très humble et très obéissant Serviteur, R. **, Jésuite.
PRÉFACE. §
Les Préfaces que l’on a accoutumé de mettre à la tête des poèmes dramatiques, ne roulent le plus ordinairement, que sur l’éclaircissement du sujet, sur la conduite de l’Auteur dans la confection de son ouvrage, sur la réponse aux objections qui se sont élevées dans le Public contre lui et enfin sur le plus ou moins de libertés qu’il a prises.
La Tragédie d’Osarphis n’a point été jouée, quoique reçue des Comédiens, et même avec acclamations et quoique approuvée d’un Censeur public. L’Auteur lui-même a respecté les considérations que le ministère a opposées à la représentation de la Pièce. Le respect des Sujets sacrés est si grand et si auguste, qu’il n’est presque pas possible de n’en pas abuser, et j’ai avancé moi-même dans la préface de Saül, la première de mes Tragédies, « Que ceux qui ont traité de sacrilège, la moindre altération des circonstances tant soit peu considérables de l’Écriture sainte, nous ont appris par leur exemple à négliger quelquefois leurs préceptes.»
Ce n’est pas que les considérations d’État ne puissent, sans blesser la Religion, porter le ministère public à glisser un peu sur cela et à se relâcher de sa première sévérité à l’égard des spectacles. Cette conciliation du moins à l’égard des Acteurs, ce qui revient à peu près au même, n’est pas sans exemple dans des conjonctures encore plus délicates. Dans les premiers temps du Christianisme, il était défendu à celles des comédiennes qui s’étaient converties à la foi, de continuer dans l’exercice de leur profession.
Des raisons de politique obligèrent Honorius et Théodose de lever cette difficulté, et l’on vit alors au sortir du Baptême reparaître sur la Scène plusieurs actrices que la sagesse et l’autorité des lois arrachait des bras même de l’Église. Ad proprium Officium summa instantia revocari decernimus.
Cette Préface de la Tragédie d’Osarphis, dès qu’elle n’a point été représentée n’est point susceptible de la même forme que celle des autres Préfaces. Je n’ai point à y répondre au Parterre, surtout à cette partie du Parterre, sur qui le plaisir et l’émotion prévalent quelquefois aux intérêts des moeurs : non que le Spectateur prenne le change sur cela autrement par une illusion momentanée, ni que le triomphe d’un Auteur qui se plaît à nous surprendre soit réel et durable : sa Pièce dépouillée de la représentation et exposée à une lecture froide et éclairée perd bientôt des avantages qu’elle doit bien moins au génie du Poète, qu’en général, à la corruption du coeur humain.
Je me renfermerai donc dans l’éclaircissement du titre de ma pièce, et dans la réponse à quelques objections particulières de personnes éminemment respectables, et qui en les faisant, n’ont eu pour principe que la délicatesse de leur piété et des vues d’une décence et d’une édification, qu’il est moins possibles aux Auteurs de sauver au Théâtre, qu’au Ministère de lui interdire de pareils sujets et d’abattre si j’ose ainsi parler, ces Autels que quelques Poètes élevèrent insensiblement à l’impudicité sous le nom de l’étendard même de la Religion.
Si je n’ai point donné à ma Pièce le nom de Moïse, c’est parce que ce nom Hébreu qui veut dire sauvé des eaux eût anticipé sa reconnaissance et découvert pour ainsi dire le secret de sa destinée et que d’ailleurs les Hébreux donnaient à Moïse avant sa reconnaissance le nom d’Osarziph ou d’Osardiph, que pour rendre plus doux et plus conforme au Pays, j’ai changé en celui d’Osarphis.
« On m’objecta d’abord que je me servais du nom de Juif, quoiqu’il n’eût été donné aux Israélites que beaucoup de Siècles après.» Je n’ignorais pas que ce n’était en effet que depuis la captivité, que le mot de Juif était devenu le nom général de la nation ; mais j’aurais cru pouvoir suivre l’usage. St. Paul lui-même sous le nom de Juifs et sans aucune distinction des temps, avait confondu toutes les Tribus, lorsqu’il avait dit nos natura Judai, et non ex gentibus. C’est dans ce même esprit que Racine fait dire à Joad dans Athalie :
N’êtes-vous pas toujours sur la montagne sainte
Où le Père des Juifs sur son Fils innocent
Leva sans murmurer son bras obéissant ?
Cela ne m’a pas empêché d’ôter le mot de « Juifs, pour y substituer celui d’Hébreux ou d’Israélites : mais on m’a reproché que je mettais ceux-ci dans le nombre des Troupes qui servaient les Égyptiens : ce qui est entièrement, dit-on, contre les moeurs de cette Nation. » À quoi je réponds que les Israélites ne sont point ici un corps de cette Nation ; qu’il ne doivent être regardés que comme quelques particuliers d’entre les Hébreux, ou comme gens affidés que la prudence de Jocabel avait trouvé moyen de placer auprès de Moïse, pour plus grande sûreté de sa personne. Si le service des Troupes des Égyptiens eût souillé la Religion d’un Hébreu, comment concilier dans la personne de Moïse, le caractère de sa naissance et le commandement des Armées de Pharaon ? Que devenaient alors la délicatesse et la piété de Jocabel ? Et s’il faut s’appuyer d’un grand exemple, Mardochée, c’est-à-dire celui de tous les Juifs qui était le plus attaché aux moeurs de sa Nation, n’était-il pas un des principaux Officiers de la garde d’Assuérus ?
« D’ailleurs on ne veut pas que Moïse ignore sa naissance, son sort et sa Religion, sa mère, dit-on, était toujours auprès de lui, et peut-on supposer qu’elle ne l’en aurait pas instruit pour le garantir des fausses erreurs des Égyptiens. Il est bien dit dans l’Écriture qu’il était instruit dans la science des Égyptiens ; mais non pas qu’il fût imbu de leurs erreurs. La Providence qui avait destiné la mère de Moïse pour sa nourrice, ne l’avait fait qu’afin de lui apprendre de bonne heure sa Religion.» L’Écriture ne marque nullement à quel âge de Moïse sa mère lui apprit quels étaient son état et sa famille. C’est ce silence de l’Écriture qui m’a donné lieu de placer dans des convenances théâtrales ce détail d’instructions qui a dû exciter dans l’âme de Moïse tant de mouvements différents. Il m’a paru qu’il était de la dignité de la Religion que Dieu rompit le sceau qui doit avoir été mis d’abord sur les lèvres de Jocabel, et qu’il déterminât lui-même le moment de la reconnaissance qui a son fondement dans la vérité. J’ai pu à l’égard de cet incident me servir de tous mes avantages et former cet enchaînement de circonstances, qui si j’ose le dire, rend le moment de sa reconnaissance plus marqué et plus intéressant.
Voici un reproche sur lequel on a beaucoup appuyé, « rien n’est plus indécent, continue-t-on, à me dire que d’entendre parler Moïse des faux Dieux et de leur culte, quoique Moïse soit supposé ignorer son état et sa Religion.» Il paraît cependant dans les premiers Actes de la pièce avoir pris sur les instructions secrètes de Jocabel de grandes idées du Dieu d’Israël, il n’en parle qu’avec magnificence et dans le sublime de l’Écriture, et au contraire c’est toujours légèrement qu’il parle des faux Dieux des Égyptiens. J’ai cependant profité de l’observation et supprimé totalement les endroits où il échappait à Moïse de faire quelque mention du culte et des Dieux du Pays.
« Il n’est pas moins indécent, à ce qu’on ajoute, de voir représenter Moïse, le plus doux de tous les hommes, vindicatif, amoureux et ambitieux.» Il s’en faut bien que la difficulté de répondre à cette objection soit aussi forte que le reproche. Il est dit en effet que Moïse était le plus doux de tous les hommes erat enim Moïses vir mitissimus. L’Écriture par cet éloge exalte cette modération que Moïse garda dans le murmure élevé contre lui dans sa famille même, et qui cependant n’empêcha pas que Marie sa soeur ne fut frappée d’une lèpre terrible et ecce Maria apparuit candens lepra quasi nix. Ces mouvements d’ambition et de vengeance qui paraissent dans Moïse ne sont en lui que l’effet d’une prudence supérieure et d’une élévation de courage si digne des desseins de Dieu et de l’exécuteur de sa justice. Sans ces deux titres comment concilier en lui avec cet Esprit d’égalité et d’attendrissement qu’on lui donne, les grands exemples que nous avons de sa sévérité, la terre s’ouvre à sa prière et engloutir Coré et ceux de sa faction. Quel ordre sanglant ne donna point Moïse aux enfants de Lévi, et chacun d’eux ne crut-il pas avoir consacré l’épée qu’il enfonça dans le coeur de son fils ou de son frère. Dans quel étrange massacre n’engagea point l’exemple de Phinées, lorsque pour en exécuter les volontés il poignarda Zamri le Chef de la Tribu de Siméon. Mon intention n’a donc point été de faire Moïse ambitieux ou vindicatif. J’en ai ramené le caractère aux traits même dont il avait plu à Dieu de le former selon ses vues. J’ai encore moins songé à le faire amoureux. J’ai senti avant que de commencer ma Pièce de quel inconvénient il serait de donner au Législateur des Juifs le langage et les faiblesses d’un amant, quelque avantage même que je puisse prendre à ce sujet de la révolte de sa famille contre lui à l’occasion de son mariage avec une fille Éthiopienne. Propter uxorem ejus Æthyopissam.
« D’ailleurs continuait-on, le songe que vous lui supposez par avance ressemble trop à la vision qu’il eut dans le pays de Madian.»
La vision que je donne à Moïse est en effet la même qu’il eut dans le Pays de Madian sur la montagne d’Horeb, je n’ai fait que me servir en cela du privilège de la Poésie. J’ai rapproché les temps et les lieux. Cette supposition n’a rien pris sur le caractère de Moïse ni sur la dignité de l’événement.
« On a fini par me mander comment je prétendais accorder le dénouement de ma Pièce avec la fuite de Moïse dans le Pays de Madian après avoir tué quelques Égyptiens pour la défense des Hébreux.»
J’ai pris ma réponse dans Josèphe 2 c. 5.
Le soupçon que les prêtres Égyptiens donnèrent à Pharaon de l’ambition de Moïse lui fit connaître le danger où il était et le porta en même temps à prendre le parti de la retraite. C’est sur ce passage de Josèphe que j’ai pris les motifs secrets de sa sortie d’Égypte, j’ai cru même devoir sauver à sa gloire le meurtre de l’Égyptien qu’il ensevelit dans le sable, et c’est assez de l’intrigue et du mouvement des ennemis de Moïse, pour donner au vrai dénouement de ma Pièce, le caractère de cette vraisemblance qui est une des plus grandes ressources de l’art et la Rivale même de la vérité.
À l’égard de la liberté de traiter les sujets sacrés et d’en exposer les mystères avec attachement aux règles prescrites, j’ai surtout devant moi les exemples de deux de nos poètes que l’on doit regarder comme les plus grandes lumières du Théâtre Français. La grâce elle-même dans la Tragédie de Polyeucte n’agit-elle pas en spectacle pour la conversion de Pauline ?
Je vois, je sais, je crois, je suis désabusée,
De ce bienheureux sang tu me vois baptisée.
Ce n’est point la douleur que par là je fais voir ;
C’est la grâce qui parle et non le désespoir.
L’Esprit Saint ne parle-t-il pas sur la Scène, dans cette énumération prophétique où Joad s’écrie dans Athalie,
Mais d’où vient que mon coeur frémit d’un saint effroi ?
Est-ce l’esprit de Dieu qui s’empare de moi ?
C’est lui-même, il m’échauffe, il parle, mes yeux s’ouvrent ?
Après de pareilles autorités, j’ai estimé pouvoir traduire le Législateur des Juifs sur le Théâtre. Il ne me reste plus qu’à ajouter ici, que toutes les parties essentielles de mon sujet sont tirées de l’Histoire de Josèphe, des Annales de Cedrenus, et de l’Épître de St. Paul aux Hébreux ; que je ne me suis servi même qu’avec circonspection des inductions naturelles des faits et du silence de l’Écriture ; que je n’ai fait que rapprocher sous le même coup d’oeil le gloire de toutes les vertus militaires de Moïse et le merveilleux de la révélation Judaïque, et que, si j’ose le dire, c’est avec quelque sorte de magnificence que j’ai rendu le sacrifice que la foi a fait dans la personne de Moïse, de toutes les richesses et toute la gloire de l’Égypte.
MADAME, §
Je ne puis mettre la Tragédie d’Osarphis sous une protection plus éclatante que celle de Votre Altesse Sérénissime, mais je ne puis aussi lui rien présenter qui soit plus digne d’Elle, qu’un concours d’événements dont l’Esprit Saint lui-même a réglé la disposition.
Oui Madame, dans ces grands traits de l’accomplissement du Très-haut, Votre Altesse Sérénissime, adorera le bras qui par tant de ressorts cachés conduit le secret de nos destinées ; et dans l’enchaînement des parties du Poème, aussi bien que dans la préparation de ses incidents, Elle trouvera quelque trace de l’ancien Tragique, qui ne saurait manquer de faire son impression sur Elle, par l’analogie secrète du merveilleux en tout genre avec une âme telle que la sienne, c’est à dire une âme de premier ordre. C’est là, Madame, le principe de cette justesse qui règne dans toutes vos idées ; de ce goût qui se porte rapidement sur toutes choses, et avec une précision aussi juste que si elle était le fruit d’une longue méditation : de là ce feu d’une imagination également brillante et réglée, ces traits de vivacité toujours nouveaux, ces images si riantes et auxquelles pour être sublimes, l’enjouement même ne devient point un obstacle ; de là cet Esprit d’ordre et d’arrangement dans l’exécution des vues les plus vastes ; ces ressources de génie, qui dans les conseils les plus importants naîtraient des difficultés même, et s’entrouvriraient toujours les voies les plus simples.
Avec de pareils avantages, et surtout lorsqu’ils se trouvent mêlés à la splendeur du sang, qu’il est beau à votre Altesse Sérénissime, de ne se souvenir de tout ce qu’elle est, et de tout ce qui entre dans la dignité de son caractère, que pour se communiquer aux autres avec plus de bonté, que pour leur aider même à lui plaire, que pour leur rendre doux et léger le joug de la subordination, tourner en sentiments les respects qui lui sont dûs, et ne régner parmi tout ce qui l’approche, que par le charme de l’humeur, et les grâces de l’Esprit !
Que de considérations puissantes pour assurer à votre Altesse Sérénissime, les hommages sincères de tous ceux qui cultivent les Belles Lettres, et dans la profession est de discuter, si j’ose ainsi parler, ces qualités intérieures où Dieu, selon sa parole éternelle, a attaché la principale gloire des filles des Rois. Déjà, Madame, il vous a fait trouver le prix de tant de vertus, dans la personne d’un jeune Prince qui dès sa première campagne est devenu l’amour des Troupes. Elles ont dit de lui devant Kehl, ce qui avait été dit de son Aïeul à Steinkerque : Conti, le magnanime Conti accourut y planter un Drapeau entre le feu de l’ennemi et le nôtre, il se fit longtemps remarquer et presque seul, parmi la foudre et les éclairs, et le soldat alors s’écria, qu’il voyait dans les flammes l’âme du grand Condé. Son petit-fils marche à pas de Géant sur ses traces et lui-même vient de recueillir, dans le Prince qui lui est né, la plus précieuse rétribution que le Ciel puisse accorder à une race auguste et belliqueuse.
Au reste, Madame, de quel heureux présage ne doit point être pour moi cette conformité qui se trouve entre la destinée de ma Pièce et celle de son Héros ? Une Princesse du sang des Sésostris l’a sauvé des périls où venait de l’exposer la proscription générale de tous ceux de son âge : ce même Enfant vient en quelque sorte se reproduire aux pieds de votre Altesse Sérénissime, et son salut ne dépend que de ses augustes regards ; puisse-t-elle en jeter de favorables, sur le berceau où il est renfermé et qui le tient encore flottant parmi les Roseaux du Nil !
Je suis avec tout le respect et toute la soumission que je dois,
MADAME, de V. A. Sérénissime, Le très humble, et très obéissant Serviteur, l’Abbé Nadal.
ACTEURS §
- MOÏSE, sous le nom d’Osarphis, fils de Jocabel et cru fils de Thermutis Reine d’Égypte.
- AMÉNOPHIS, Roi d’Égypte, frère de Thermutis qui avait usurpé la Couronne sur lui.
- JOCABEL, Mère de Moïse, autrement, d’Osarphis.
- THARBIS, Reine de Sepa et Amante d’Aménophis.
- AARON, autre fils de Jocabel et frère d’Osarphis.
- PHANÉS, grand Prêtre d’Osiris.
- ISÉRIDE, Confidente de Jocabel.
- ISMÈNE, Confidente de Tharbis.
- ASAPH, Confident d’Osarphis.
- GARDES.
ACTE I §
SCÈNE PREMIÈRE. Aménophis, Phanés. §
AMÉNOPHIS.
PHANÈS.
AMÉNOPHIS.
PHANÈS.
AMÉNOPHIS.
PHANÈS.
AMÉNOPHIS.
PHANÈS.
AMÉNOPHIS.
PHANÈS.
AMÉNOPHIS.
PHANÈS.
AMÉNOPHIS.
PHANÈS.
SCÈNE II. Jocabel, Phanés, Iséride. §
PHANÈS.
JOCABEL.
PHANÈS.
SCÈNE III. Jocabel, Iséride. §
JOCABEL.
ISÉRIDE.
JOCABEL.
ISÉRIDE.
SCÈNE IV. Jocabel, Aaron, Iséride. §
JOCABEL.
AARON.
JOCABEL.
AARON.
JOCABEL.
AARON.
JOCABEL.
AARON.
JOCABEL.
AARON.
JOCABEL, à part.
SCÈNE V. Jocabel, Osarphis, Aaron, Iséride, suite d’Osarphis. §
OSARPHIS, après avoir fait signe à ceux de sa suite de se retirer.
JOCABEL.
OSARPHIS.
JOCABEL.
OSARPHIS.
AARON.
OSARPHIS.
AARON.
OSARPHIS.
JOCABEL.
OSARPHIS.
JOCABEL.
OSARPHIS.
ACTE II §
SCÈNE PREMIÈRE. Tharbis, Ismène. §
THARBIS.
ISMÈNE.
THARBIS.
ISMÈNE.
THARBIS.
SCÈNE II. Tharbis, Osarphis, Ismène. §
OSARPHIS.
THARBIS.
OSARPHIS.
THARBIS.
OSARPHIS.
SCÈNE III. Osarphis, Ismène, Asaph. §
ASAPH.
OSARPHIS.
ASAPH.
SCÈNE IV. Osarphis, Phanés, Asaph, Assistants de la Cérémonie. §
PHANÈS.
OSARPHIS.
PHANÈS.
OSARPHIS.
PHANÈS.
OSARPHIS.
PHANÈS.
OSARPHIS.
PHANÈS.
SCÈNE V. Aménophis, Phanés. §
PHANÈS.
AMÉNOPHIS.
PHANÈS.
AMÉNOPHIS.
PHANÈS.
AMÉNOPHIS.
PHANÈS.
SCÈNE VI. Tharbis, Aménophis. §
AMÉNOPHIS.
THARBIS.
AMÉNOPHIS.
THARBIS.
SCÈNE VII. §
AMÉNOPHIS, seul.
SCÈNE VI.I. Aménophis, Phanés. §
PHANÈS.
AMÉNOPHIS.
ACTE III §
SCÈNE PREMIÈRE. Osarphis, Asaph. §
ASAPH.
OSARPHIS.
ASAPH.
OSARPHIS.
SCÈNE II. Osarphis, Aaron. §
OSARPHIS.
AARON.
OSARPHIS.
AARON.
OSARPHIS.
SCÈNE III. Tharbis, Osarphis. §
OSARPHIS.
THARBIS.
OSARPHIS.
THARBIS.
OSARPHIS.
THARBIS.
SCÈNE IV. §
OSARPHIS, seul.
SCÈNE V. Osarphis, Asaph. §
OSARPHIS.
ASAPH.
OSARPHIS.
ASAPH.
OSARPHIS.
ASAPH.
OSARPHIS.
SCÈNE VI. Jocabel, Osarphis, Iséride. §
JOCABEL.
OSARPHIS.
JOCABEL.
OSARPHIS.
JOCABEL.
OSARPHIS.
JOCABEL.
OSARPHIS.
JOCABEL.
OSARPHIS.
JOCABEL.
OSARPHIS.
JOCABEL.
OSARPHIS.
JOCABEL.
SCÈNE VII. Osarphis, Jocabel, Iséride, Asaph. §
ASAPH.
OSARPHIS.
ACTE IV §
SCÈNE PREMIÈRE. Jocabel, Iséride. §
JOCABEL.
SCÈNE I.. Jocabel, Osarphis, Iséride. §
OSARPHIS.
JOCABEL.
OSARPHIS.
JOCABEL.
OSARPHIS.
JOCABEL.
OSARPHIS.
JOCABEL.
OSARPHIS.
JOCABEL.
OSARPHIS.
JOCABEL.
OSARPHIS.
JOCABEL.
OSARPHIS.
JOCABEL.
OSARPHIS.
JOCABEL.
OSARPHIS.
JOCABEL.
OSARPHIS.
JOCABEL.
OSARPHIS.
JOCABEL.
OSARPHIS.
JOCABEL.
OSARPHIS.
JOCABEL.
OSARPHIS.
JOCABEL.
OSARPHIS.
JOCABEL.
OSARPHIS.
JOCABEL.
OSARPHIS.
JOCABEL.
OSARPHIS.
JOCABEL.
OSARPHIS reprend un son grave dans les trois vers suivants.
JOCABEL.
SCÈNE III. Jocabel, Osarphis, Iséride. §
ISÉRIDE.
OSARPHIS.
JOCABEL.
SCÈNE IV. Osarphis, Asaph. §
OSARPHIS.
ASAPH.
SCÈNE V. Tharbis, Osarphis, Ismène. §
THARBIS.
OSARPHIS.
THARBIS.
OSARPHIS.
THARBIS.
OSARPHIS.
THARBIS.
OSARPHIS.
THARBIS.
SCÈNE VI. §
OSARPHIS, seul.
ACTE V §
SCÈNE PREMIÈRE. Jocabel, Aaron. §
AARON.
JOCABEL.
AARON.
JOCABEL.
AARON.
JOCABEL.
AARON.
JOCABEL.
AARON.
JOCABEL.
AARON.
JOCABEL.
SCÈNE II. Jocabel, Osarphis, Aaron. §
OSARPHIS.
AARON.
OSARPHIS.
JOCABEL.
AARON.
OSARPHIS.
JOCABEL.
OSARPHIS.
SCÈNE III. Osarphis, Jocabel, Asaph. §
ASAPH.
OSARPHIS.
SCÈNE I.. Jocabel, Osarphis, Aaron. §
OSARPHIS.
JOCABEL, en s’en allant.
SCÈNE V. Aménophis, Osarphis, Asaph, Pamène, Gardes. §
AMÉNOPHIS.
OSARPHIS.
AMÉNOPHIS.
OSARPHIS.
AMÉNOPHIS.
OSARPHIS.
SCÈNE VI. Osarphis, Aménophis, Tharbis, Phanés, Ismène, Asaph, Gardes. §
THARBIS.
PHANÈS.
THARBIS.
OSARPHIS.
AMÉNOPHIS.
THARBIS.
OSARPHIS.
THARBIS.
AMÉNOPHIS.
OSARPHIS.
AMÉNOPHIS.
OSARPHIS.
PHANÈS.
OSARPHIS.
AMÉNOPHIS.
OSARPHIS.
AMÉNOPHIS.
OSARPHIS.
AMÉNOPHIS.
OSARPHIS.
AMÉNOPHIS.
THARBIS.
PHANÈS.
AMÉNOPHIS.
OSARPHIS.
SCÈNE DERNIÈRE. Tharbis, Aménophis, Phanés, Pamène, Gardes. §
PHANÈS.
AMÉNOPHIS.