M. DC. LXXV. AVEC PRIVILÈGE DU ROI.
par Mr Racine
Par grâce et privilège du roi, donné à Saint-Germain-en-Laye le vingt-huitième jour de janvier 1675, signé par le Roi en son conseil DALENCE, il est permis au sieur Racine, trésorier de France, de faire imprimer, vendre et débiter par tel libraire ou imprimeur qu’il aura choisi, une pièce de théâtre par lui composée, intitulé Iphigénie; Tragédie : et ce pendant le temps et espace de dix années, avec défense à toute personne de quelque qualité ou condition qu’elle soient, d’en vendre ou d’en débiter aucun exemplaire, que de ceux qui auront été imprimés de son consentement, à peine de trois mille livres d’amende, confiscation des exemplaires, et autres peines, portées par le dit privilège.
Le dit Sieur Racine a cédé le droit du dit privilège à Claude Barbin, pour en jouir suivant le contenu en icelui.
Registré sur le livre de la communauté
Préface §
Il n’y a rien de plus célèbre dans les poètes que le sacrifice d’Iphigénie. Mais ils ne s’accordent pas tous ensemble sur les plus importantes particularités de ce sacrifice. Les uns, comme Eschyle dans "Agamemnon", Sophocle dans "Electra", et après eux Lucrece, Horace, et beaucoup d’autres, veulent qu’on ait en effet répandu le sang d’Iphigénie fille d’Agamemnon, et qu’elle soit morte en Aulide. Il ne faut que lire Lucrece au commencement de son premier livre,
Et Clytemnestre dit dans Eschyle, qu’Agamemnon son mari qui vient d’expirer, rencontrera dans les Enfers Iphigénie sa fille qu’il a autrefois immolée.
D’autres ont feint que Diane ayant eu pitié de cette jeune princesse, l’avait enlevée et portée dans la Tauride, au moment qu’on l’allait sacrifier, et que la déesse avait fait trouver en sa place ou une biche, ou une autre victime de cette nature. Euripide a suivi cette fable, et Ovide l’a mise au nombre des Métamorphoses.
Il y a une troisième opinion, qui n’est pas moins ancienne que les deux autres, sur Iphigénie. Plusieurs auteurs, et entre autres Stesichorus, l’un des plus fameux et des plus anciens poètes lyriques, ont écrit qu’il était bien vrai qu’une Princesse de ce nom avait été sacrifiée, mais que cette Iphigénie était une fille qu’Hélène avait eu de Thesée. Hélène, disent ces auteurs, ne l’avait osé avouer pour sa fille, parce qu’elle n’osait déclarer à Ménélas, qu’elle eut été mariée en secret avec Thesée. Pausanias rapporte te le témoignage et les noms des poètes qui ont été de ce sentiment. Et il ajoute que c’était la créance commune de tout le pays d’Argos.
Homère enfin le père des poètes a si peu prétendu qu’Iphigénie fille d’Agamemnon eut été ou sacrifiée en Aulide, ou transportée dans la Scythie, que dans le neuvième livre de l’Iliade, c’est à dire prés de dix ans depuis l’arrivée des Grecs devant Troie, Agamemnon fait offrir en mariage à Achille, sa fille Iphigénie, qu’il a, dit-il, laissée à Mycène dans sa maison.
J’ai rapporté tous ces avis si différents, et surtout le passage de Pausanias, parce que c’est à cet Auteur que je dois l’heureux personnage d’Eriphile, sans lequel je n’aurais jamais osé entreprendre cette tragédie. Quelle apparence que j’eusse souillé la scène par le meurtre horrible d’une personne aussi vertueuse et aussi aimable qu’il fallait représenter Iphigénie ? Et quelle apparence encore de dénouer ma Tragédie par le secours d’une déesse et d’une machine, et par une métamorphose qui pouvait bien trouver quelque créance du temps d’Euripide, mais qui serait trop absurde et trop incroyable parmi nous ?
Je puis dire donc que j’ai été très heureux de trouver dans les Anciens cette autre Iphigénie, que j’ai pu représenter telle qu’il m’a plu, et qui tombant dans le malheur où cette amante jalouse voulait précipiter sa rivale, mérite en quelque façon d’être punie, sans être pourtant tout-à-fait indigne de compassion. Ainsi le dénouement de la pièce est tiré du fond même de la pièce. Et il ne faut que l’avoir vu représenter, pour comprendre quel plaisir j’ai fait au spectateur, et en sauvant à la fin une princesse vertueuse pour qui il s’est si fort intéressé dans le cours de la tragédie, et en la sauvant par une autre voie que par un miracle, qu’il n’aurait pu souffrir, parce qu’il ne le saurait jamais croire.
Le voyage d’Achille à Lesbos, dont ce héros ce rend maître et d’où il enlève Eriphile avant que de venir en Aulide, n’est pas non plus sans fondement. Euphorion de Chalcide, poète très connu parmi les Anciens, et dont Virgile et Quintilien font une mention honorable, parlait de ce voyage de Lesbos. Il disait dans un de ses poèmes, au rapport de Parthenius, qu’Achille avait fait la conquête de cette île avant que de joindre l’armée des Grecs, et qu’il y avait même trouvé une princesse qui s’était éprise d’amour pour lui.
Voilà les principales choses en quoi, en quoi je me suis un peu éloigné de l’économie et de la fable d’Euripide. Pour ce qui regarde les passions, je me suis attaché à le suivre plus exactement. J’avoue que je lui dois un bon nombre des endroits qui ont été les plus approuvés dans ma Tragédie. Et je l’avoue d’autant plus volontiers, que ces approbations m’ont confirmé dans l’estime et dans la vénération que j’ai toujours eu pour les ouvrages qui nous restent de l’Antiquité. J’ai reconnu avec plaisir par l’effet qu’à produit sur notre théâtre tout ce que j’ai imité ou d’Homère, ou d’Euripide, que le bon sens et la raison étaient les mêmes dans tous les siècles. Le goût de Paris s’est trouvé conforme à celui d’Athènes. Mes spectateurs ont été émus des mêmes choses qui ont mis autrefois en larmes le plus savant peuple de la Grèce, et qui ont fait dire, qu’entre les poètes, Euripide était extrêmement tragique, c’est à dire qu’il savait merveilleusement exciter la compassion et la terreur, qui sont les véritables effets de la tragédie.
Je m’étonne après cela que des Modernes aient témoigné depuis peu tant de dégoût pour ce grand poète dans le jugement qu’ils ont fait de son Alceste. Mais en vérité j’ai trop d’obligation à Euripide pour ne pas prendre quelque soin de sa mémoire, et pour laisser échapper l’occasion de le réconcilier avec ces messieurs. Je m’assure qu’il n’est si mal dans leur esprit, que parce qu’ils n’ont pas bien lu l’ouvrage sur lequel ils l’ont condamné. J’ai choisi la plus importante de leurs objections pour leur montrer que j’ai raison de parler ainsi. Je dis la plus importante de leur objections. Car ils la répètent à chaque page, et ils ne soupçonnent pas seulement que l’on y puisse répliquer.
Il y a dans l’Alceste d’Euripide une scène merveilleuse, où Alceste qui se meurt et qui ne peut plus se soutenir, dit à son mari les derniers Adieux. Admete tout en larmes la prie de reprendre ses forces et de ne se point abandonner elle-même. Alceste qui a l’image de la mort devant les yeux, lui parle ainsi,
J’aurais souhaité de pouvoir exprimer dans ces vers les grâces qu’ils ont dans l’original. Mais au moins en voilà le sens. Voici comme ces messieurs les ont entendus. Il leur est tombé entre les mains une malheureuse édition d’Euripide, où l’imprimeur a oublié de mettre dans le latin, à côté de ces vers un Al. qui signifie que c’est Alceste qui parle, et à côté des vers suivants un Ad. qui signifie que c’est Admete qui répond. Là dessus il leur est venu dans l’esprit la plus étrange pensée du monde. Ils ont mis dans la bouche d’Admete les paroles qu’Alceste dit à Admete, et celles qu’elle se fait dire par Charon. Ainsi ils supposent qu’Admete (quoiqu’il soit en parfaite santé) pense voir Charon qui le vient prendre. Et au lieu que dans ce passage d’Euripide, Charon impatient presse Alceste de le venir trouver ; selon ces Messieurs c’est Admete effrayé qui est l’impatient, et qui presse Alceste d’expirer de peur que Charon ne le prenne. Il l’exhorte,ce sont leurs termes, à avoir courage, à ne pas faire une lâcheté, et à mourir de bonne grâce, il interrompt les adieux d’Alceste pour lui dire de se dépêcher de mourir. Peu s’en faut à les entendre, qu’il ne la fasse mourir lui-même. Ce sentiment leur a paru fort vilain. Et ils ont raison. Il n’y a personne qui n’en fût très scandalisé. Mais comment l’ont-ils pu attribuer à Euripide ? En vérité, quand toutes les autres éditions où cet Al. n’a point été oublié, ne donneraient pas un démenti au malheureux Imprimeur qui les a trompés ; la suite de ces quatre vers et tous les discours qu’Admete tient dans le même scène, étaient plus que suffisants pour les empêcher de tomber dans une erreur si déraisonnable. Car Admete bien éloigné de presser Alceste de mourir, s’écrie "que toutes les morts ensemble lui seraient moins cruelles, que de la voir dans l’état où il la voit. Il la conjure de l’entraîner avec elle. Il ne peut plus vivre si elle meurt. Il vit en elle. Il ne respire que pour elle."
Il ne sont pas plus heureux dans les autres objections. Ils disent, par exemple, qu’Euripide a fait deux époux surannés d’Admete et d’Alceste, que l’un est un vieux mari, et l’autre une princesse déjà sur l’âge. "Euripide a pris soin de leur répondre en un seul vers, où il fait dire par le Choeur, qu’Alceste toute jeune et dans la première fleur de son âge expire pour son jeune époux."
Ils reprochent encore à Alceste qu’elle a deux grands enfants à marier. Comment n’ont-ils point lu le contraire en cent endroits, et surtout dans ce beau récit, "où l’on dépeint Alceste mourante au milieu de ses deux petits enfants qui la tirent en pleurant par la robe, et qu’elle prend sur ses bras l’un après l’autre pour les baiser."
Tout le reste de leurs critiques est à peu près de la force de celles-ci. Mais je crois qu’en voilà assez pour la défense de mon auteur. Je conseille à ces messieurs de ne plus décider si légèrement sur les ouvrages des Anciens. Un homme tel qu’Euripide méritait au moins qu’ils l’examinassent puisqu’ils avaient envie de le condamner. Ils devaient se souvenir de ces sages paroles de Quitilien ; "Il faut être extrêmement circonspect et très retenu à prononcer sur les ouvrages de ces grands hommes, de peur qu’il ne nous arrive, comme à plusieurs, de condamner ce que nous n’entendons pas. Et s’il faut tomber dans quelque excès, encore vaut-il mieux pécher en admirant tout dans leurs écrits, qu’en y blâmant beaucoup de choses." Modestè tamen et circumspectio judicio de tantis viris pornuntiandum est, ne ( quod plerisque accedit ) damnent quae non intelligunt. Ac si necesse est in alteram errare partem, omnia eorum legentibus placere, quàm multa displicere paluerim.
ACTEURS §
- AGAMEMNON.
- ACHILLE.
- ULYSSE.
- CLYTEMNESTRE, femme d’Agamemnon.
- IPHIGÉNIE, fille d’Agamemnon.
- ERIPHILE, fille d’Hélène et de Thésée.
- ARCAS, domestique d’Agamemnon.
- EURYBATE, domestique d’Agamemnon.
- AEGINE, femme de la suite de Clystemnestre.
- DORIS, confidente d’Ériphile.
- TROUPE DE GARDES.
ACTE I §
SCÈNE PREMIÈRE. Agamemnon, Arcas. §
AGAMEMNON.
ARCAS.
AGAMEMNON.
ARCAS.
AGAMEMNON.
ARCAS.
AGAMEMNON.
ARCAS.
AGAMEMNON.
ARCAS.
AGAMEMNON.
SCÈNE II. Agamemnon, Achille, Ulysse. §
AGAMEMNON.
ACHILLE.
AGAMEMNON.
ACHILLE.
AGAMEMNON, à Ulysse.
ULYSSE.
ACHILLE.
AGAMEMNON.
ULYSSE.
ACHILLE.
AGAMEMNON.
ACHILLE.
AGAMEMNON.
ACHILLE.
AGAMEMNON.
ACHILLE.
SCÈNE III. Agamemnon, Ulysse. §
ULYSSE.
AGAMEMNON.
ULYSSE.
AGAMEMNON.
SCÈNE IV. Agamemnon, Ulysse, Eurybate. §
EURYBATE.
AGAMEMNON.
EURYBATE.
AGAMEMNON.
EURYBATE.
AGAMEMNON.
SCÈNE V. Agamemnon, Ulysse. §
AGAMEMNON.
ULYSSE.
AGAMEMNON.
ACTE II §
SCÈNE PREMIÈRE. Eriphile, Doris. §
ERIPHILE.
DORIS.
ERIPHILE.
DORIS.
ERIPHILE.
DORIS.
ERIPHILE.
DORIS.
ERIPHILE.
DORIS.
ERIPHILE.
DORIS.
ERIPHILE.
ERIPHILE.
SCÈNE II. Agamemnon, Iphigénie, Eriphile, Doris. §
IPHIGÉNIE.
AGAMEMNON.
IPHIGÉNIE.
AGAMEMNON.
IPHIGÉNIE.
AGAMEMNON.
IPHIGÉNIE.
AGAMEMNON.
IPHIGÉNIE.
AGAMEMNON.
IPHIGÉNIE.
AGAMEMNON.
IPHIGÉNIE.
AGAMEMNON.
IPHIGÉNIE.
AGAMEMNON.
IPHIGÉNIE.
AGAMEMNON.
IPHIGÉNIE.
AGAMEMNON.
IPHIGÉNIE.
AGAMEMNON.
IPHIGÉNIE.
AGAMEMNON.
SCÈNE III. Iphigénie, Eriphile, Doris. §
IPHIGÉNIE.
ERIPHILE.
IPHIGÉNIE.
SCÈNE IV. Clytemnestre, Eriphile, Doris. §
CLYTEMNESTRE.
ERIPHILE.
CLYTEMNESTRE.
SCÈNE V. Iphigénie, Eriphile, Doris. §
IPHIGÉNIE.
ERIPHILE.
IPHIGÉNIE.
ERIPHILE.
IPHIGÉNIE.
ERIPHILE.
IPHIGÉNIE.
ERIPHILE.
IPHIGÉNIE.
ERIPHILE.
IPHIGÉNIE.
SCÈNE VI. Achille, Eriphile, Doris. §
ACHILLE.
IPHIGÉNIE.
SCÈNE VII. Achille, Eriphile, Doris. §
ACHILLE.
ERIPHILE.
ACHILLE.
ERIPHILE.
ACHILLE.
SCÈNE VIII. Eriphile, Doris. §
ERIPHILE.
ACTE III §
SCÈNE PREMIÈRE. Agamemnon, Clytemnestre. §
CLYTEMNESTRE.
AGAMEMNON.
CLYTEMNESTRE.
AGAMEMNON.
CLYTEMNESTRE.
AGAMEMNON.
CLYTEMNESTRE.
AGAMEMNON.
SCÈNE II. §
CLYTEMNESTRE, seule.
SCÈNE III. Achille, Clytemnestre. §
ACHILLE.
SCÈNE IV. Achille, Clytemnestre, Iphigénie, Eriphile, Doris, AEgine. §
ACHILLE.
IPHIGÉNIE.
ERIPHILE.
ACHILLE.
ERIPHILE.
ACHILLE.
SCÈNE V. Clytemnestre, Achille, Iphigénie, Eriphile, Arcas, AEgine, Doris. §
ARCAS.
ACHILLE.
CLYTEMNESTRE.
ARCAS, à Achille.
ACHILLE.
ARCAS.
CLYTEMNESTRE.
ACHILLE.
ARCAS.
CLYTEMNESTRE.
ACHILLE.
ARCAS.
ACHILLE.
CLYTEMNESTRE.
IPHIGÉNIE.
ERIPHILE.
ACHILLE.
ARCAS.
CLYTEMNESTRE.
IPHIGÉNIE.
CLYTEMNESTRE.
IPHIGÉNIE, à Achille.
ARCAS.
CLYTEMNESTRE.
ACHILLE, la relevant.
CLYTEMNESTRE.
SCÈNE VI. Achille, Iphigénie. §
ACHILLE.
IPHIGÉNIE.
ACHILLE.
IPHIGÉNIE.
ACHILLE.
IPHIGÉNIE.
ACHILLE.
IPHIGÉNIE.
ACHILLE.
SCÈNE VII. Clytemnestre, Iphigénie, Achille, AEgine. §
CLYTEMNESTRE.
ACHILLE.
IPHIGÉNIE.
ACHILLE.
CLYTEMNESTRE.
IPHIGÉNIE.
ACHILLE.
ACTE IV §
SCÈNE PREMIÈRE. Eriphile, Doris. §
DORIS.
ERIPHILE.
DORIS.
ERIPHILE.
DORIS.
ERIPHILE.
DORIS.
ERIPHILE.
SCÈNE II. Clytemnestre, AEgine. §
CLYTEMNESTRE.
SCÈNE III. Agamemnon, Clytemnestre, AEgine. §
AGAMEMNON.
CLYTEMNESTRE.
AGAMEMNON.
CLYTEMNESTRE.
AGAMEMNON.
CLYTEMNESTRE.
AGAMEMNON.
SCÈNE IV. Iphigénie, Agamemnon, Clytemnestre, AEgine. §
CLYTEMNESTRE.
AGAMEMNON.
IPHIGÉNIE.
AGAMEMNON.
CLYTEMNESTRE.
SCÈNE V. §
AGAMEMNON, seul.
SCÈNE VI. Achille, Agamemnon. §
ACHILLE.
AGAMEMNON.
ACHILLE.
AGAMEMNON.
ACHILLE.
AGAMEMNON.
ACHILLE.
AGAMEMNON.
ACHILLE.
AGAMEMNON.
ACHILLE.
AGAMEMNON.
ACHILLE.
AGAMEMNON.
ACHILLE.
SCÈNE VII. §
AGAMEMNON, seul.
SCÈNE VIII. Agamemnon, Eurybate, Gardes. §
EURYBATE.
AGAMEMNON.
SCÈNE IX. Agamemnon, Gardes. §
AGAMEMNON.
SCÈNE X. Agamemnon, Clytemnestre, Iphigénie, Eriphile, Eurybate, Doris, Gardes. §
AGAMEMNON.
CLYTEMNESTRE.
IPHIGÉNIE.
AGAMEMNON.
SCÈNE XI. Eriphile, Doris. §
ERIPHILE.
DORIS.
ERIPHILE.
ACTE V §
SCÈNE PREMIÈRE. Iphignéie, AEgine. §
IPHIGÉNIE.
AEGINE.
IPHIGÉNIE.
AEGINE.
IPHIGÉNIE.
SCÈNE II. Achille, Iphigénie. §
ACHILLE.
IPHIGÉNIE.
ACHILLE.
IPHIGÉNIE.
ACHILLE.
IPHIGÉNIE.
ACHILLE.
IPHIGÉNIE.
ACHILLE.
IPHIGÉNIE.
SCÈNE III. Clytemnestre, AEgine, Eurybate, Gardes. §
CLYTEMNESTRE.
EURYBATE.
CLYTEMNESTRE.
IPHIGÉNIE.
CLYTEMNESTRE.
IPHIGÉNIE.
CLYTEMNESTRE.
IPHIGÉNIE.
SCÈNE IV. Clytemnestre, AEgine, Gardes. §
CLYTEMNESTRE.
AEGINE.
CLYTEMNESTRE.
AEGINE.
CLYTEMNESTRE.
SCÈNE V. Clytemnestre, AEgine, Arcas, Gardes. §
ARCAS.
CLYTEMNESTRE.
SCÈNE DERNIÈRE. Ulysse, Arcas, AEgine, Gardes. §
ULYSSE.
CLYTEMNESTRE.
ULYSSE.
CLYTEMNESTRE.
ULYSSE.
CLYTEMNESTRE.
ANNEXES §
Liste des oeuvres théâtrales de Jean Racine §
Le corpus théâtral de Jean Racine se compose de douze pièces : onze tragédies et une comédie. Cette production se partage dans le temps en deux parties : la première et principale se situe entre les débuts avec "La Thébaïde" (1664) et le la polémique de "Phèdre" (1677), la seconde concerne les deux tragédies religieuses d’Esther (1689) et d’Athalie (1691) commandées par Mme de Maintenon. Les deux premières tragédies ont été représentées par le troupe de Molière au théâtre du Palais-Royal puis Racine confia ses pièces à la troupe de l’Hôtel de Bourgogne et se brouilla avec Molière. Son unique comédie fut représentée à l’Hôtel Guénégaud et ses dernières tragédies au Collège de Saint-Cyr jouées par les pensionnaires devant Louis XIV. Les sujets des tragédies sont tirés de la mythologie grecque (La Thébaïde, Andromaque, Iphigénie, Phèdre), de l’histoire antique grecque (Alexandre) ou romaine (Britannicus, Bérénice, Mithridate), ou de l’histoire récente proche-orientale (Bajazet). Esther et Athalie sont inspirées des livres éponymes de la Bible. La comédie des Plaideurs ironise sur la justice de son temps.
La Thébaïde ou les rère ennemis (1664), représentée pour le première fois le 20 juin 1664 au Théâtre du Palais-Royal
Alexandre le Grand (1665), représentée pour le première fois le 4 décembre 1665 au Théâtre du Palais Royal.
Andromaque (1667), représentée pour le première fois le 17 novembre 1667 à l’Hôtel de Bourgogne.
Les Plaideurs (1668), représentée pour le première fois le 28 mai à l’Hôtel Guénégaud.
Britannicus (1669), représentée pour le première fois le 13 décembre 1669 à l’Hôtel de Bourgogne.
Bérénice (1670), représentée pour le première fois le à l’Hôtel de Bourgogne.
Mithridate (1673), représentée pour le première fois le à l’Hôtel de Bourgogne.
Bajazet (1672), représentée pour le première fois le 1er janvier 1672 à l’Hôtel de Bourgogne.
Iphigénie, représentée pour le première fois le 18 août 1674 à l’Hôtel de Bourgogne.
Phèdre (1677), représentée pour le première fois le 1er janvier 1677 à l’Hôtel de Bourgogne.
Esther, représentée pour le première fois le 26 janvier 1689 au Collège de Saint-Cyr.
Athalie, représentée pour le première fois le 17 novembre 1691 au Collège de Saint-Cyr.
PLAN DU PREMIER ACTE D’IPHIGÉNIE EN TAURIDE. §
SCÈNE I. §
IPHIGÉNIE, une captive grecque.
Iphigénie vient avec une captive grecque, qui s’étonne de sa tristesse. Elle demande si c’est qu’elle est affligée de ce que la fête de Diane se passera sans qu’on lui immole aucun étranger.
Tu peux croire, dit Iphigénie, si c’est là un sentiment digne de la fille d’Agamemnon. Tu sais avec quelle répugnance j’ai préparé les misérables que l’on a sacrifiés depuis que je préside à ces cruelles cérémonies. Je me faisais une joie de ce que la fortune n’avait amené aucun Grec pour cette journée, et je triomphais seule de la douleur commune qui est répandue dans cette île, où l’on compte pour un présage funeste de ce que nous manquons de victimes pour cette fête. Mais je ne puis résister à la secrète tristesse dont je suis occupée depuis le songe que j’ai fait cette nuit, J’ai cru que j’étais à Mycène, dans la maison de mon père : il m’a semblé que mon père et ma mère nageaient dans le sang, et que moi-même je tenais un poignard à la main pour en égorger mon frère Oreste. Hélas ! Mon cher Oreste !
LA CAPTIVE.
Mais, Madame, vous êtes trop éloignés l’un de l’autre pour craindre l’accomplissement de votre songe.
IPHIGÉNIE.
Et ce n’est pas aussi ce que je crains ; mais je crains avec raison qu’il n’y ait de grands malheurs dans ma famille : les rois sont sujets à de grands changements. Ah ! Si je t’avais perdu, mon cher Oreste, sur qui seul j’ai fondé mes espérances! car enfin j’ai plus sujet de t’aimer que tout le reste de ma famille : tu ne fus point coupable de ce sacrifice où mon père m’avait condamnée dans l’Aulide ; tu étais un enfant de dix ans. Tu as été élevé avec moi, et tu es le seul de toute la Grèce que je regrette tous les jours.
LA CAPTIVE.
Mais, madame, quelle apparence qu’il sache l’état où vous êtes ? Vous êtes dans une île détestée de tout le monde : si le hasard y amène quelque Grec, on le sacrifie. Que ne renoncez-vous à la Grèce ? Que ne répondez-vous à l’amour du prince ?
IPHIGÉNIE.
Eh ! Que me servirait de m’y attacher ? Son père Thoas lui défend de m’aimer ; il ne me parle qu’en tremblant; car ils ignorent tous deux ma naissance, et je n’ai garde de leur découvrir une chose qu’ils ne croiraient pas ; car quelle apparence qu’une fille que des pirates ont enlevée dans le moment qu’on l’allait sacrifier pour le salut de la Grèce fût la fille du général de la Grèce ? Mais voici ce prince.
SCÈNE II. Le fils de Thoas, Iphigénie, la captive grecque. §
IPHIGÉNIE.
Qu’avez-vous prince ? D’où vient ce désordre et cette émotion qui vous reste ?
LE FILS DE THOAS.
Madame, je suis cause du plus grand malheur du monde. Vous savez combien j’ai détesté avec vous les sacrifices de cette île : je me réjouissais de ce que vous seriez aujourd’hui dispensée de cette funeste occupation ; et cependant je suis cause que vous avez deux Grecs à sacrifier.
IPHIGÉNIE.
Comment, Seigneur ?
LE FILS DE THOAS.
On m’est venu avertir que deux jeunes hommes étaient environnés d’une grande foule de peuple contre lequel ils se défendaient. J’ai couru sur le bord de la mer; je les ai trouvés à la porte du temple, qui vendaient chèrement leur vie, et qui ne songeaient chacun qu’à la défense l’un de l’autre. Leur courage m’a piqué de générosité. Je les ai défendus moi-même ; j’ai désarmé le peuple : et ils se sont rendus à moi. Leurs habits les ont fait passer pour Grecs : ils l’ont avoué. J’ai frémi à cette parole; on les a menés malgré moi à mon père : et vous pouvez juger quelle sera leur destinée. La joie est universelle, et on remercie les Dieux d’une prise qui me met au désespoir. Mais enfin, Madame, ou je ne pourrai, ou je vous affranchirai bientôt de la malheureuse dignité qui vous engage à ces sacrifices. Mais voici le roi mon père.
SCÈNE III. Thoas, le fils de Thoas, Iphigénie, la captive grecque. §
THOAS.
Quoi ! Madame, vous êtes encore ici ! Ne devriez-vous pas être dans le temple pour remercier la déesse de ces deux victimes qu’elle nous a envoyées? Allez préparer tout pour le sacrifice, et vous reviendrez ensuite, afin qu’on vous remette entre les mains ces deux étrangers.
Iphigénie sort.
SCÈNE IV. Thoas, le fils de Thoas. §
Le prince fait quelque effort pour obtenir de son père la vie de ces deux Grecs, afin qu’il ne les ait pas sauvés inutilement. Le roi le maltraite, et lui dit que ce sont là les sentiments qui lui ont été inspirés par la jeune Grecque; il lui reproche la passion qu’il a pour une esclave.
LE FILS DE THOAS.
Et qui vous dit, seigneur, que c’est une esclave ?
THOAS.
Et quelle autre qu’une esclave aurait été choisie par les Grecs pour être sacrifiée ?
LE FILS DE THOAS.
Quoi ! Ne vous souvient-il plus des habillements qu’elle avait lorsqu’on l’amena ici ? Avez vous oublié que les pirates l’enlevèrent dans le moment qu’elle allait recevoir le coup mortel ? Nos peuples eurent plus de compassion pour elle que les Grecs n’en avaient eu : et au lieu de la sacrifier à Diane, ils la choisirent pour présider elle-même à ses sacrifices.
Le prince sort déplorant sa malheureuse générosité, qui a sauvé la vie à deux Grecs, pour la leur faire perdre plus cruellement.
SCÈNE V. Thoas, Le Confident. §
THOAS.
Le roi témoigne à son confident qu’il se fait violence en maltraitant son fils.
Mais quelle apparence de donner les mains à une passion qui le déshonore ? Allons, et demandons tantôt à la déesse, parmi nos prières, qu’elle donne à mon fils des sentiments plus dignes de lui.