1764
Voltaire
AVERTISSEMENT DE MOLAND. §
Dans sa brillante jeunesse, Voltaire avait mis quinze jours à ébaucher Zaïre. Il ne lui en avait fallu que huit pour esquisser Rome sauvée, à cinquante-six ans. A soixante-huit ans, six jours lui suffisent pour mettre sur pied Olympie, ou la Famille d’Alexandre. Il écrit au cardinal de Bernis, le 26 octobre 1761 : « La rage s’empara de moi un dimanche, et ne me quitta que le samedi suivant. J’allai toujours rimant, toujours barbouillant ; le sujet me portait à pleines voiles. La pièce est toute faite pour un cardinal. La scène est dans une église, il y a une absolution générale, une confession, une rechute, une religieuse, un évêque. Vous allez croire que j’ai encore le diable au corps en vous écrivant tout cela. Point du tout, je suis dans mon bon sens. Figurez-vous que ce sont les mystères de la Bonne Déesse, la veuve et la fille d’Alexandre retirées dans le temple ; tout ce que l’ancienne religion a de plus auguste, tout ce que les plus grands malheurs ont de touchant, les grands crimes de funeste, les passions de déchirant, et la peinture de la vie humaine de plus vrai. »
Mais la révision fut longue, comme toujours. La nouvelle tragédie ne fut représentée sur le Théâtre-Français que le 17 mars 1764. « On va nous donner encore, écrit Fréron à l’abbé Gossart, une rapsodie tragique de Voltaire, intitulée Olympie, et tout le monde lui applique son titre : ô l’impie ! »
Voltaire feint de croire que le jeu de mots ne s’adresse qu’à la pièce : « O l’impie ! n’est pas juste, écrit-il à d’Alembert, car rien n’est plus pie que cette pièce ; et j’ai grand’peur qu’elle ne soit bonne qu’à être jouée dans un couvent de nonnes le jour de la fête de l’abbesse. »
Olympie fut assez favorablement accueillie ; elle eut dix représentations dans sa nouveauté.
Voltaire avait emprunté ce sujet au Cassandre de La Calprenède. « Il convenait au génie, dit Laharpe, d’oser nous montrer la fille d’Alexandre se précipitant dans les flammes du bûcher qui va consumer sa mère, et la dignité des personnages relevait encore cette action grande et tragique. Mais il eût fallu nous intéresser davantage à cet amour d’Olympie pour Cassandre et à celui de Cassandre pour Olympie, puisque au sacrifice de cet amour tient tout l’effet de ce dénouement funeste, puisque Olympie ne se jette dans le bûcher que pour ne pas épouser Cassandre, puisque Cassandre se tue de désespoir d’avoir perdu Olympie. Or, dès le premier acte, l’auteur les a placés tous deux dans des circonstances qui, rendant leur union impossible, ne permettent pas qu’on s’intéresse à un amour dont il n’y a rien à espérer. » Cette tragédie est celle peut-être que Voltaire, dans sa vieillesse, prit le plus à coeur. Il faut voir, dans la correspondance de l’année 1766, quelle joie lui cause le succès d’Olympie sur le théâtre de Genève ; le 3 novembre il écrit à d’Argental : « La troupe de Genève, qui n’est pas absolument mauvaise, se surpassa hier en jouant Olympie ; elle n’a jamais eu un si grand succès. La foule qui assistait à ce spectacle le redemanda pour le lendemain à grands cris. » Le 7 novembre, il écrit au même : « On est toujours fou d’Olympie à Genève, on la joue tous les jours. Le bûcher tourne la tête ; il y avait beaucoup moins de monde au bûcher de Servet, quand vingt-cinq faquins le firent brûler. »
Il y a, dans les Mémoires rédigés par Monsieur Coste sous le nom de Marie-Françoise Dumesnil, en réponse aux Mémoires d’Hippolyte Clairon, une anecdote à propos de cette dernière actrice et d’Olympie. Louis XV avait témoigné l’envie de voir les Grâces de Saint-Foix. La Comédie est mandée à Versailles pour jouer Olympie, et les Grâces comme petite pièce. Mais le roi avait conseil à neuf heures ; il ne fallait pas perdre de temps. Mlle Clairon jouait Olympie. Les actrices, notamment Mlle d’Oligny, qui jouaient dans les Grâces, devaient faire partie du cortège d’Olympie ; mais afin qu’elles n’eussent pas à changer de costume après la grande pièce, et que la petite pût commencer tout de suite, M. de La Ferté, intendant des menus-plaisirs, décida que les comédiennes seraient remplacées dans le cortège par des choristes de l’Opéra. Mlle Clairon : « Si l’on change quelque chose à la pompe théâtrale d’Olympie, je ne jouerai point. » Et, se retournant vers Mlle d’Oligny et ses compagnes : « Et vous, mesdemoiselles, je vous défends de vous laisser remplacer. » En vain Monsieur de La Ferté insiste ; Mlle Clairon répète son ultimatum : « Je ne jouerai point. » Il fallut laisser les comédiennes dans son cortège. La tragédie traîne en longueur. Louis XV s’impatiente il tire sa montre ; neuf heures sont sonnées ; il se lève et sort en disant à haute voix : « On m’avait promis les Grâces. » Tel était le ton qu’avaient pris, même à la cour, les fameuses actrices de cette époque.
Et qui faillit être puni ? Ce fut Fréron, qui inséra dans son journal une plainte de Saint-Foix, et qui n’évita d’aller en prison que par l’intercession du roi de Pologne.
AVERTISSEMENT DE L’ÉDITION DE KEHL. §
Cette tragédie parut imprimée en 1763. Elle fut jouée à Ferney, et sur le théâtre de l’électeur palatin. Monsieur de Voltaire, alors âgé de soixante-neuf ans, la composa en six jours.
C’est l’ouvrage de six jours, écrivait-il à un philosophe illustre, dont il voulait savoir l’opinion sur cette pièce. L’auteur n’aurait pas dû se reposer le septième, lui répondit son ami. Aussi s’est-il repenti de son ouvrage, répliqua Monsieur de Voltaire ; et quelque temps après il renvoya la pièce avec beaucoup de corrections.
Olympie a été traduite en italien et jouée à Venise, sur le théâtre de San-Salvatore, avec un grand succès.
PERSONNAGES §
- CASSANDRE, fils d’Antipatre, roi de Macédoine.
- ANTIGONE, roi d’une partie de l’Asie.
- STATIRA, veuve d’Alexandre.
- OLYMPIE, fille d’Alexandre et de Statira.
- L’HIÉROPHANTE ou grand-prêtre, qui préside à la célébration des grands mystères.
- SOSTÈNE, officier de Cassandre.
- HERMAS, officier d’Antigone.
- PRÊTRES.
- INITIÉS.
- PRÊTRESSES.
- SOLDATS.
- PEUPLE.
ACTE I §
SCÈNE I. Cassandre, Sostène. §
CASSANDRE.
SOSTÈNE.
CASSANDRE.
SOSTÈNE.
CASSANDRE.
SOSTÈNE.
CASSANDRE.
SOSTÈNE.
CASSANDRE.
SCÈNE II. Cassandre, Sostène, Antigone, Hermas. §
ANTIGONE, à Hermas, au fond du théâtre.
CASSANDRE, à Antigone.
ANTIGONE.
CASSANDRE.
ANTIGONE.
CASSANDRE.
ANTIGONE.
CASSANDRE.
ANTIGONE.
CASSANDRE.
ANTIGONE.
CASSANDRE.
ANTIGONE.
CASSANDRE.
ANTIGONE.
CASSANDRE.
ANTIGONE.
CASSANDRE.
ANTIGONE.
CASSANDRE.
ANTIGONE.
CASSANDRE.
ANTIGONE.
CASSANDRE.
ANTIGONE.
CASSANDRE.
ANTIGONE.
CASSANDRE.
ANTIGONE.
CASSANDRE.
ANTIGONE.
CASSANDRE, à part.
ANTIGONE.
CASSANDRE.
SCÈNE III. Antigone, Hermas, dans le péristyle. §
HERMAS.
ANTIGONE.
HERMAS.
ANTIGONE.
SCÈNE IV. Cassandre, Olympie. §
CASSANDRE.
OLYMPIE.
CASSANDRE.
SCÈNE V. Antigone, Hermas, dans le péristyle. §
ANTIGONE.
HERMAS.
ANTIGONE.
HERMAS.
ANTIGONE.
HERMAS.
ANTIGONE.
ACTE II §
SCÈNE I. L’Hiéronphante, les Prêtres, Les Prêtresses. §
L’HIÉROPHANTE.
UNE PRÊTRESSE.
L’HIÉROPHANTE.
SCÈNE II. L’Hiérophante, Prêtres, Prêtresses, Statira. §
L’HIÉROPHANTE, à Statira.
STATIRA, , couverte d’un voile qui accompagne son visage sans le cacher, et vêtue comme les autres prêtresses..
7L’HIÉROPHANTE.
STATIRA.
L’HIÉROPHANTE.
STATIRA.
L’HIÉROPHANTE.
STATIRA.
L’HIÉROPHANTE.
STATIRA.
L’HIÉROPHANTE.
STATIRA.
L’HIÉROPHANTE.
STATIRA.
L’HIÉROPHANTE.
STATIRA.
L’HIÉROPHANTE.
STATIRA.
L’HIÉROPHANTE.
STATIRA.
L’HIÉROPHANTE.
STATIRA.
L’HIÉROPHANTE.
STATIRA.
L’HIÉROPHANTE.
SCÈNE III. Statira, Olympie. §
STATIRA.
OLYMPIE, effrayée.
STATIRA.
OLYMPIE.
STATIRA.
OLYMPIE.
STATIRA.
OLYMPIE.
STATIRA.
OLYMPIE.
STATIRA.
OLYMPIE.
STATIRA.
OLYMPIE.
STATIRA.
OLYMPIE.
STATIRA.
OLYMPIE.
STATIRA.
OLYMPIE.
STATIRA.
SCÈNE IV. Statira, Olympie, L’Hiérophante. §
L’HIÉROPHANTE.
STATIRA.
L’HIÉROPHANTE.
STATIRA.
L’HIÉROPHANTE.
STATIRA, courant embrasser Olympie.
OLYMPIE.
STATIRA.
OLYMPIE.
L’HIÉROPHANTE.
OLYMPIE.
STATIRA.
OLYMPIE.
L’HIÉROPHANTE.
OLYMPIE.
SCÈNE V. Statira, Olympie, L’Hiérophante, un prêtre. §
LE PRÊTRE.
L’HIÉROPHANTE.
SCÈNE VI. Statira, Olympie. §
STATIRA.
OLYMPIE.
STATIRA.
ACTE III §
SCÈNE I. Cassandre, Sostène, dans le péristyle. §
CASSANDRE.
SOSTÈNE.
CASSANDRE.
SOSTÈNE.
CASSANDRE.
SCÈNE II. Cassandre, Sostène, L’Hiérophante sortant du temple. §
CASSANDRE.
L’HIÉROPHANTE.
CASSANDRE.
L’HIÉROPHANTE.
CASSANDRE.
L’HIÉROPHANTE.
CASSANDRE.
L’HIÉROPHANTE, s’en allant.
CASSANDRE.
L’HIÉROPHANTE.
L’HIÉROPHANTE.
SCÈNE III. Cassandre; Sostène, Statira, Olympie. §
CASSANDRE.
OLYMPIE, se jetant dans les bras de sa mère.
CASSANDRE.
STATIRA, se dévoilant et se retournant vers Cassandre.
CASSANDRE.
STATIRA.
CASSANDRE.
STATIRA.
CASSANDRE.
STATIRA.
CASSANDRE.
STATIRA.
OLYMPIE.
STATIRA.
CASSANDRE.
SCÈNE IV. Statira, Olympie. §
STATIRA.
OLYMPIE.
STATIRA.
SCÈNE V. Statira, Olympie, Antigone. §
ANTIGONE.
STATIRA.
ANTIGONE.
STATIRA.
ANTIGONE.
OLYMPIE.
ANTIGONE.
STATIRA.
OLYMPIE.
STATIRA.
ANTIGONE.
SCÈNE VI. Statira, Olympie. §
STATIRA.
OLYMPIE.
STATIRA.
OLYMPIE.
STATIRA.
OLYMPIE.
STATIRA.
OLYMPIE.
STATIRA.
OLYMPIE.
STATIRA.
OLYMPIE.
STATIRA.
OLYMPIE.
STATIRA.
OLYMPIE.
STATIRA.
OLYMPIE.
STATIRA.
OLYMPIE.
STATIRA.
OLYMPIE.
STATIRA.
OLYMPIE.
STATIRA.
OLYMPIE.
STATIRA.
OLYMPIE.
ACTE IV §
SCÈNE I. Antigone, Hermas, dans le péristyle. §
HERMAS.
ANTIGONE, en sortant.
SCÈNE II. Antigone, Hermas, Cassandre, Sostène. §
CASSANDRE, arrêtant Antigone.
ANTIGONE.
CASSANDRE.
ANTIGONE.
CASSANDRE.
ANTIGONE.
CASSANDRE.
ANTIGONE.
SCÈNE III. Cassandre, Antigone, Hermas, Sostène ; l’Hiérophante sort du temple précipitamment, avec les Prêtres et les Initiés, qui se jettent avec une foule de peuple entre Cassandre et Antigone, et les désarment. §
L’HIÉROPHANTE.
CASSANDRE.
ANTIGONE.
CASSANDRE.
L’HIÉROPHANTE.
ANTIGONE.
SCÈNE IV. Cassandre, Sostène, dans le péristyle. §
CASSANDRE.
SOSTÈNE.
CASSANDRE.
SOSTÈNE.
CASSANDRE.
SOSTÈNE, apercevant Olympie.
CASSANDRE.
SCÈNE V. Cassandre, Olympie. §
OLYMPIE, courbée sur l’autel sans voir Cassandre.
CASSANDRE.
OLYMPIE.
CASSANDRE.
OLYMPIE.
CASSANDRE.
OLYMPIE.
CASSANDRE.
OLYMPIE.
CASSANDRE.
OLYMPIE.
CASSANDRE.
OLYMPIE.
CASSANDRE.
OLYMPIE.
CASSANDRE.
OLYMPIE, la retirant avec transport.
CASSANDRE.
OLYMPIE.
CASSANDRE.
SCÈNE VI. Cassandre, Olympie, Sostène. §
SOSTÈNE.
CASSANDRE.
OLYMPIE.
CASSANDRE.
SCÈNE VII. §
OLYMPIE.
SCÈNE VIII. Olympie, L’Hiérophante, Prêtres, Prêtresses. §
L’HIÉROPHANTE.
OLYMPIE.
L’HIÉROPHANTE.
OLYMPIE.
L’HIÉROPHANTE.
OLYMPIE.
L’HIÉROPHANTE.
OLYMPIE, tombant entre les bras d’une prêtresse.
L’HIÉROPHANTE.
OLYMPIE, se relevant.
L’HIÉROPHANTE.
OLYMPIE.
L’HIÉROPHANTE.
OLYMPIE.
ACTE V §
SCÈNE I. Antigone, Hermas, dans le péristyle. §
HERMAS.
ANTIGONE.
HERMAS.
ANTIGONE.
HERMAS.
ANTIGONE.
HERMAS.
ANTIGONE.
SCÈNE I. Antigone, Hermas, L’Hiérophante, Prêtres, s’avançant lentement ; Olympie, soutenue par les prêtresses ; elle est en deuil. §
HERMAS.
ANTIGONE.
OLYMPIE.
ANTIGONE.
SCÈNE III. Olympie, L’HHiérophante, Prêtres, Prêtresses. §
OLYMPIE.
L’HIÉROPHANTE.
OLYMPIE.
L’HIÉROPHANTE.
OLYMPIE.
L’HIÉROPHANTE.
OLYMPIE.
L’HIÉROPHANTE.
OLYMPIE.
L’HIÉROPHANTE.
OLYMPIE.
L’HIÉROPHANTE.
OLYMPIE.
L’HIÉROPHANTE.
OLYMPIE, à l’Hiérophante.
LA PRÊTRESSE.
OLYMPIE, à l’Hiérophante.
L’HIÉROPHANTE.
SCÈNE IV. Olympie, sur le devant ; Les Prêtresses, en demi-cercle au fond. §
OLYMPIE.
SCÈNE V. Olympie, Cassandre, Les Prêtresses. §
CASSANDRE.
OLYMPIE.
CASSANDRE.
OLYMPIE.
CASSANDRE.
OLYMPIE.
SCÈNE VI. Olympie, Cassandre, Antigone, Prêtresses. §
ANTIGONE.
OLYMPIE.
CASSANDRE.
ANTIGONE.
OLYMPIE.
ANTIGONE.
CASSANDRE.
OLYMPIE.
ANTIGONE.
OLYMPIE.
CASSANDRE.
OLYMPIE.
SCÈNE VII. Olympie, Cassandre, Antigone, L’Hiérophante, Prêtres, Prêtresses. §
LA PRÊTRESSE INFÉRIEURE.
OLYMPIE, à Cassandre.
CASSANDRE.
OLYMPIE.
TOUS ENSEMBLE.
CASSANDRE, courant au bûcher.
LES PRÊTRES.
ANTIGONE.
CASSANDRE.
L’HIÉROPHANTE.
ANTIGONE.