M. DC. LXVIII. AVEC PERMISSION.
PERMISSION. §
Je permets pour le Roi, à JEAN-BAPTISTE BOTTIER, d’imprimer la présente Tragédie, composée par Messire F. D’AURE, Curé de Minières ; et dédiée à Madame l’Abbesse de Malnouë. Fait ce 16 Août 1668.
BOUVIER.
CONSENTEMENT.
Soit fait suivant les conclusions du Procureur du Roi, les jour et an susdits.
MUSSARD.
MADAME, §
Je parais bien hardi, et devrais justement être accusé d’une insupportable témérité d’oser convier à la Tragédie une Vierge Professe d’un Monastère très réformé, clos et grillé très exemplairement. La sainteté de votre divine Retraite, l’austérité de vos voeux sacrés, et la rigueur de votre Clôture inviolable me pourrait reprocher une dernière effronterie, si j’ignorais, MADAME, quel Théâtre vous est odieux, quels Jeux vous dédaignez, quels spectacles vous sont en horreur.
Il est vrai que je suis encore à deviner les raisons pour lesquelles autrefois les Éliens permettaient aux Vierges la vue des Jeux Olympiques, qu’ils défendaient à toutes les Matrones : car bien que ce spectacle ne fût que de divers exercices de courage et de force, l’indécente posture des combattants devait apparemment en exclure aussi bien les unes que les autres, et même encor plus raisonnablement celles qu’on maintenait dans cette liberté, que celles qu’on retenait dans cet interdit. Les Sages sont d’accord, que l’Empereur Auguste (sous prétexte d’honneur) traita honteusement les anciennes Vestales, qui étaient les Vierges Professes de le Religion Païenne des Romains, pour leur avoir donné la liberté d’assister au Théâtre commun, avec expresse assignation de places de séance : aussi est-ce bien mal honorer les Vierges que de les exposer à la perte de ce qui les rend honorables, par l’assistance aux représentations lascives et impures qui sont ordinaires à ce lieu d’infamie.
Je viens vous convier, MADAME, au spectacle sacré d’un Théâtre Chrétien, où vous pouvez donner une assistance religieuse sans sortir de votre cellule, et sans distraire vos plus dévotes occupations des objets qui font votre Oratoire. Vous y verrez le vrai Dieu reconnu, adoré, déclaré, protesté par les témoignages d’esprit et de vérité, qui doivent lui être déférés de tous ses vrais adorateurs. Vous y reconnaîtrez un JESUS-CHRIST hautement médité, ardemment désiré, amoureusement recherché, chastement et virginalement embrassé. Vous y contemplerez les Saints courageusement combattants, et glorieusement triomphants. Enfin vous n’y trouverez que l’action d’une Cellule animée, d’un Oratoire vivant, d’un Sanctuaire mouvant, où votre âme pourra se contenter Chrétiennement ; votre vie se divertir dévotement, et tous vos mouvements se dresser et compasser religieusement.
Mais ce qui m’a porté, MADAME, à vous adresser particulièrement cette Pièce de Tragédie, c’est que m’étant en elle proposé de tracer le Tableau Poétique d’une Princesse qui abhorre le monde, qui méprise la Cour, qui fuit très volontairement et courageusement tous les attraits mondains d’un Sang illustre, d’une haute naissance, d’une condition relevée en toutes les circonstances qui peuvent rendre une Fille de cette qualité très digne et méritante d’être recherchée des plus hautes et considérables Alliances, laquelle consacre sa pure intégrité au pur Époux des Vierges, pour n’aimer plus que lui, ne penser plus qu’à lui, ne vivre et ne mourir qu’avec lui et pour lui. Pour m’en former l’idée je regardais en vous comme en sa vraie image, les traits plus vifs et naturels de ses perfections ; et c’est ce qui m’oblige à vous la rapporter, puisque c’est proprement de vous que je la tiens : car pour cette rencontre de rapport, je puis dire que comme il n’y a qu’un même mouvement de l’esprit au Portrait et à l’Original, j’ai eu même pensée de vous et de la Sainte que j’ai représentée, d’autant plus que servant de conduite et d’acheminement à cet Original, j’y prévois avec votre rapport, votre réduction, où doit enfin paraître en son entier, l’achèvement de vos mérites couronnés.
J’ajouterai encor, MADAME, sous votre bon plaisir, que comme pour tirer à l’heureuse considération de ma Sainte Princesse, vous avez des attraits ravissants d’adresse et de conduite ; j’ose espérer que vous aurez la bonté de conduire et relever par vos favorables entremises du spectacle de sa vie militante à celui de sa vue triomphante.
MADAME,
Votre très humble,
très obéissant, et très obligé serviteur,
F. D’AURE, Pr. ind.
Censure Chrétienne du Théâtre Moderne. §
L’action du Théâtre passerait librement parmi les gens d’esprit pour un des plus nobles et considérables Exercices de ceux qui portent titre de Libéraux, si la raison (qui en est la mère et doit en être la maîtresse) prenait le soin de sa conduite dans les termes d’un usage légitime par ses dignes et dues circonstances. Je veux qu’elle travaille à contenter, et qu’elle se pare des grâces nécessaires à l’agrément des spectateurs, afin de les tirer plus efficacement à la fin que l’Art lui doit prescrire : mais que le délectable (ainsi qu’on le figure) soit le but, ou l’unique, ou même le principal de toutes les visées ; la raison me défend de l’avouer, par la force invincible des mêmes vérités qu’elle fournit à tous les Sages, pour combattre la secte infâme d’Épicure, en l’établissement de la volupté, pour fin des actions humaines, par la pure intention de ses premiers Auteurs, qui ne l’ont inventée que pour blâmer le vice et corriger les moeurs ; et par le mûr et solide jugement de le plus judicieuse République qui ait paru dans tout le Paganisme ; laquelle (au rapport de Plutarque) ne put jamais souffrir las Poètes écrivains des choses délectables et non pas salutaires ;
In Lason.
auquel sujet elle chassa de la Cité Archiloque, aussitôt qu’il y fut entré, pour avoir avancé par écrit une proposition, qu’elle estimait dérogeante à l’honneur ;
Le même, comme il faut ouïr les Poètes.
et à cette même fin interdit toutes sortes de Comédies et Tragédies, où des sujets lascifs et vicieux étaient représentés ; sans vouloir recevoir (ajoute le même Auteur) pour excuse (ce qu’allèguent nos Poètes modernes) que les Fables (ou sujets du Théâtre) n’étaient inventées que pour le délectable ; d’autant (répondaient-ils) que ce plaisir prétendu affaiblit, relâche et corrompt les esprits.
Les Chrétiens pourraient bien emprunter cette même réponse, pour la faire à Horace et aux autres gaillards de même Secte, si nous la tenions d’un des plus grands Docteurs de l’Église, enseignant de boucher les oreilles aux discours de ce genre, comme on dit que le prudent Ulysse fit aux chants des Sirènes, fermant une leçon si Chrétienne, de cet Épiphénomène ; Que la parole est un chemin ouvert pour conduire et tirer à l’oeuvre.
S. Basilius Homil. ad juvenes ; quomodo gentilium scriptis proficiant.
Quant à ce qui concerne Aristote, c’est le citer à contrepoil que lui attribuer ce lâche sentiment sur quelques mots détournés et pris à contresens ; comme il serait aisé de vérifier par les claires autorités de son raisonnement. Et si ce Philosophe eût eu cette pensée lorsqu’il donne à ce genre de Poésie les six parties qui sont son assortiment après la première, qu’il nomme la Fable, et qui est le sujet de l’action représentée, lui aurait-il assigné pour seconde et principale celle qu’il appelle les moeurs, comme il a fait plusieurs fois au quatrième de sa Poétique. Et on ne peut entendre par ce terme de moeurs, un pervertissement de la vraie Morale, tel qu’est celui de la Tragédie moderne, à moins que de lui faire donner un démenti à toute sa Doctrine.
Je veux qu’il ait dit que cette façon de Poésie est toujours délectable, en quoi il n’a fait qu’accommoder son sentiment à celui de son Maître, écrivant que la Tragédie est telle, qu’elle délecte extrêmement le peuple, et charme les esprits : mais il ne s’ensuit pas qu’elle apporte autre charme ou délectation, que celle de l’esprit, comme portent ses termes et ceux de son dit Maître. En quel sens plusieurs ont voulu relever Épicure de l’erreur qui lui est imposée, prenant sa volupté pour celle de l’esprit en tant que raisonnable.
Mais l’action du Théâtre moderne ne saurait pas souffrir cette exposition, elle est trop éloignée des mouvements gracieux portant à la vertu, trop sevrée des plaisirs de l’esprit, ou dépourvue des fruits délicieux de la vraie raison, puisqu’on n’y prétend point travailler pour les moeurs, et qu’on ne s’y propose qu’à délecter sans soin de profiter, qui n’est à bien prendre qu’à flatter le vice et chatouiller la sensualité : à quelle fin les Acteurs se gagent pour abuser, et les Spectateurs s’engagent pour être abusés. Il est vrai que les uns semblent agir avec plus de malice, et les autres souffrir avec plus de sottise ; mais l’action des uns n’est véritablement qu’une en réalité, avec la passion, avec la passion des autres ; puisque ceux-ci veulent être abusés, de même que ceux-là veulent les abuser. Et en cette concurrence d’abus, les abuseurs conviennent avec les abusés à faire un effort conjoint pour armer puissamment le sens contre la raison, lui ôtant la connaissance du vrai par un amusement de Fables erronées, et lui persuadant la fuite du bien par l’amorce sensuelle des vices et des moeurs corrompues.
Ce fut sous le prétexte d’une représentation de Jeux que les premiers Romains attentèrent le ravissement des Sabines, et le violemment de leur pudicité : et il n’est que trop vrai qu’aujourd’hui le Théâtre couve et trame de pareils attentats, et ne produit enfin que de mêmes effets. Ce qui fait différer les Jeux modernes de ces anciens, est, que ceux-là n’avaient pour fin qu’un mariage honnête, et que ceux-ci ne visent au contraire qu’à l’induction de diverses impuretés honteuses, sans se pouvoir ni couvrir ni parer d’aucun titre ou prétexte d’honneur et de justice.
C’est ce qui a fait si hautement crier les Saints Pères contre ce genre de Poésie, et qui a tiré ces grands mots de la plume de S. Jérôme : Les vers de ces Poètes, cette science séculière, cette pompe de paroles rhétoriciennes, sont la pâture du diable : Il n’y a point de satisfaction de vérité, point de réfection de justice ; les curieux de ces choses persévérèrent en la faim du vrai, et en la disette des vertus.
S. Hier in epist. de duobus filiis.
Ce qui a fait donner ce conseil salutaire à Saint Basile, qu’il faut prendre garde qu’étant chatouillé par la volupté du discours, nous n’avalions la corruption, comme de ceux qui façonnent artistement, et couvrent le venin dans le miel.
S. Basilius suprà loc. cit.
C’est ce qui a donné sujet à ce grand Patriarche, divin Censeur du Théâtre profane et dissolu, dressé par les faux Chrétiens de son temps, de faire entendre l’impossibilité du salut à ceux qui s’habituent à l’assistance de ses spectacles, par ces termes dorés : Que comme un lieu sujet au dégorgement d’une source qui ne décharge qu’une eau limoneuse et épaisse de boue, a beau être lavé et nettoyée, puisque le cours continuant de cette cause impure, reproduit aussitôt l’effet inévitable de son impureté : de même ceux qui vivent exposés aux sales impressions que leur dégorge le Théâtre, ont beau se laver du rapport qu’ils font de ses immondicités, puisque dans l’habitude de leur retour persévérant, étant soumis à la rechute de ce bourbier infect, leurs ordures deviennent plus fortes, plus épaisses, plus vilaines, et plus puantes.
S. Chr. Homil. 40 .
Si nous sommes Chrétiens, pouvons-nous recevoir ces avis sans gémir, sans pleurer, et sans détester l’étrange perversité du siècle malheureux où nous sommes réduits ? Auquel ou nous avons entièrement perdu la mémoire d’avoir (à la face de Dieu et de l’Église) promis et protesté de renoncer au diable, à ses pompes, et à ses oeuvres ; ou avec une dernière effronterie nous rétractons obstinément cette promesse et protestation, n’ayant plus grand plaisir qu’à vivre, qu’à nous paître, et à nous nourrir d’un entretien du tout contraire, et dûment nommé la pâture du diable.
Si la vue attentive des remarquables préjudices arrivés autrefois en la Police Romaine, par les Jeux et Actions Comiques et Tragiques, tira cette Sentence très vraie et très judicieuse de la bouche de tous les plus sages Romains (quoique Païens) que le voluptueux Théâtre de l’Édile Scaure, délicieusement imité par les Édiles ses successeurs, fit plus de tort à la Cité, que la proscription horrible du Dictateur Sylla, cruellement suivi par les Tyrans ses sectateurs ; tous ceux-ci ne s’étant portés qu’à chasser et bannir quelques vertueux Citoyens ; et ceux-là ne prenant plaisir qu’à séquestrer entièrement de la République les vertus mêmes civiles et morales.
Que peuvent aujourd’hui dire les vrais Chrétiens, de ce contagieux exercice des Païens (improuvé par eux-mêmes) alors qu’ils considèrent la sacrée sévérité de leur doctrine confondue en des farces et bouffonneries lascives ? Les Lois célestes de leur sainte profession violées par des relâchements profanes et impies ? Et l’École divine du Docteur qu’ils font mine d’entendre, de suivre et d’imiter, tenue par le diable, occupée en ses pompes, remplie de ses oeuvres ; et ainsi (par une détestable perfidie) trahie et prostituée à ses ennemis, par des écoliers et disciples sectaires de Judas, baisant et trahissant leur maître ? Que peuvent (dis-je) aujourd’hui dire les vrais Chrétiens, sinon que ces Douillets Professeurs du Théâtre Moderne, qui font gloire d’avoir pour fin le délectable, portent plus de dommage à le République Chrétienne par leurs complaisances lascives, que les plus cruels ennemis de la Foi ne lui ont jamais fait par leurs violentes persécutions : ceux-là par leurs tourments ont purifiés les âmes, ont accru leurs mérites, leur ont acquis des loyers et des couronnes, et ont enfin peuplé le Ciel de Saints : ceux-ci par leurs chatouillements corrompent les esprits, les surchargent de crimes, leur procurent des peines et des supplices, enfin comblent l’Enfer de perdus et de damnés ; puisqu’il n’est que trop vrai que de toutes les personnes qui s’exposent aux dangers reconnus de ce divertissement sensuel, il ne s’en trouve point qui n’en revienne moins vertueuse qu’elle n’y est allée ; que les unes y perdent (au moins mentalement) leur chasteté ; les autres la ramènent chancelante et penchante à sa chute : mais jamais l’innocence n’en n’est revenue dans son intégrité.
Voilà tout le profit qu’on y peut espérer, et qu’on y doit prétendre des leçons qui s’y font continuellement, des ruses, artifices, et moyens propres à combattre la vertu, renverser la raison, fortifier le vice, et introniser le sensualité.
C’est une vérité toute claire et constante, qu’un Poète est dans la crainte de paraître Chrétien, où le Théâtre Moderne est exposé par la production d’une Pièce qui porte l’air du Ciel, et soit vue capable de donner quelque sentiment de vertu, à moins que de risquer la perte du crédit qu’il peut avoir acquis ; et que ce fut assez à un des plus célèbres de ce temps, d’avoir introduit en cette Académie de corruption deux Actions Chrétiennes, parmi grand nombre de Profanes, pour jeter au rabais sa réputation, s’il ne l’eût relevée par la montre et les leçons d’un Docteur de Mensonge.
Je ne contredis pas à celui qui a dit, qu’il y a temps de rire et de pleurer. J’avoue que comme il faut bander l’arc et le luth pour s’en servir, il faut les relâcher pour ne pas rendre leur service inutile. Je ne conteste point la maxime de la raison naturelle, que tout ce qui travaille a besoin de repos ; et suis d’accord avec la théologie, laquelle ne fait point de difficulté de recevoir l’Eutrapélie dans les vertus morales. J’ajoute encore de surcroît, que l’une des plus honnêtes récréations convenantes à l’homme, est celle qu’il retire des Arts Libéraux, et en particulier de la Poésie, entre les genres de laquelle je conviens avec Platon et Aristote, que la Tragédie délecte et charme les esprits ; parce qu’étant remplie de l’action vivante et animée, elle est puissante de les tenir toujours en suspens par la gentillesse de ses inventions, l’intrigue de ses dénouements, et la continuelle attente de ses événements, où ils s’occupent délicieusement, sans avoir le loisir de rechercher en soi ni hors de soi des images ou des objets d’ennui, de chagrin et de tristesse.
Il n’est question que lui donner une fin plus Chrétienne que le seul délectable, et combler ses délices d’un assortissement d’honneur et de vertu qui ne nous rende point étrangers de nous-mêmes, couvrant honteusement le sacré caractère et le titre de gloire, qui doit paraître en nous exempt du démentir que lui peuvent donner particulièrement nos actions publiques.
Les inconvénients pernicieux qui rendent les Auteurs et Acteurs de cette Poésie comptables au grand Juge (qui est le vrai Agonothète des jeux et des récréations des Hommes) de toutes les pensées et actions criminelles qu’ils occasionnent ou causent en leurs spectateurs, m’a servi de motif pour faire voir un Théâtre Chrétien à des personnes vraiment Chrétiennes, qui m’en ont témoigné le désir, auquel le devoir m’oblige de complaire.
J’ai véritablement tâché de recréer les esprits dans les termes de l’art ; mais avec la conduite que la Morale humaine et la profession Chrétienne me prescrivent : et ma Scène parée de cette bienséance, pour être plus décente et plus pure, n’est pas moins récréative et divertissante aux personnes desquelles je veux l’attention, pour faire un jugement solide et raisonnable de mes intentions.
Il serait souhaitable que les Poètes du temps, si curieux de travailler avec tant d’étude et de soin pour éviter un Car, et quelque menue dissonance, relevassent les yeux, et dressassent ces beaux feux à leur centre, pour les tirer à une fin plus haute : et véritablement les battements de mains et applaudissements populaires, sont de trop petites récompenses d’un travail si pénible et si considérable. Si ces prétentions ne servaient que de borne à leur ambition, leurs actions seraient étroitement logées ; cette vaine fumée d’apparence d’honneur est trop légère et passagère, pour servir de couronne à leurs mérites, et de terme solide à des actions qui devraient aspirer à l’immortalité. Si par l’exactitude rapportée à polir et rechercher l’entier achèvement de leurs Ouvrages, ils présument avec cet ancien Peintre d’avoir peint pour l’Éternité, ils sont bien hors de compte : leurs Peintures ne sont que pour le temps, et pour le temps bien court et bientôt périssable, s’ils ne travaillent point pour une fin plus haute et plus étendue, en laquelle ils ont moyen de concourir avec Dieu même, pour la fin qu’il a eue dans ses oeuvres, qui est sa propre gloire.
Enfin, j’exclus de mon Théâtre les Profanes, les Païens, et les étrangers de la Foi, curieux de se paître de Fables et de Mensonges, obstinés à leur perte par l’attache du pur libertinage, et du seul délectable. Le Théâtre à la mode les chatouillera mieux à leur gré, puisqu’ils n’ont envie que de rire dans le Temps, à peine de pleurer dans l’Éternité. Je veux bien divertir, et suis content que mes Auditeurs rient et se récréent, moyennant que leurs coeurs ne s’ouvrent et ne tendent que du côté du Ciel : qu’ils dansent d’allégresse, moyennant que leurs sauts les portent en avant, sans démarcher ou faire des faux pas ; à quoi je convie les Vierges, les Enfants, les vrais Chrétiens, les Âmes pures, les Coeurs religieux, capables des délices du Ciel et des avant-goûts du Paradis.
Pour le contentement de tous ces Auditeurs, je n’ai pas voulu mettre en jeu des Vers pompeux et une Poésie enflée, que nos Versificateurs appellent forte, et d’autres ampoulée et piaffante, du genre que le Satyrique nomme Spumasum et cortice pingui, condamné aux Vers de Néron et de plusieurs autres Poètes anciens ; dans l’habitude duquel on fait parler un Berger en Roi, une Fille en Soldat, un Valet en Docteur. J’ai appris que la perfection de l’Art consiste à bien imiter la Nature ; que ses plus beaux attraits sont ceux qui sont produits de la naïveté : que l’excellence de la Peinture se fait voir aux purs traits de la carnation, plutôt qu’aux ornements fardés d’une vaine draperie ; et que ce fameux Peintre corrigea d’un soufflet son apprentif, qui croyait avoir bien représenté la beauté d’Hélène, pour avoir chargé son portrait d’affiquets et de joyaux ; lui disant qu’il l’avait fait riche, mais non pas belle, divitem non pulchram. Je me contente de donner à mes Vers leur rythme entière, à mes Actes leur façon régulière, et la forme achevée au sujet de ma Pièce ; et le tout dans son flux naturel, sans fard et sans contrainte.
Au reste, je puis dire que je ne prétends pas en censurant les autres, éviter leurs censures ; il me suffit d’avoir pour garants de mes propositions avancées, Dieu, les Saints et les Sages, et Chrétiens et Païens ; étant d’ailleurs content de souffrir le reproche des fautes qu’on pourra m’imputer (sauf celle de fausse croyance) d’autant que je suis sûr de me connaître, et ne dédaigne pas d’être connu d’autrui, puisque je sais pour qui et pourquoi je travaille.
VIRGINIBUS, PUERISQUE CANO.
ACTEURS §
- DIPNÉ, Infante d’Irlande.
- LE ROI, Père de l’Infante.
- GERBERNE, Gouverneur et Directeur de l’Infante.
- GELASE, Mari de la Nourrice de l’Infante.
- AMBROKELE, Nourrice de l’Infante.
- MOGALE, Ministre d’État du Royaume d’Irlande.
- NÉARQUE, Patron du Vaisseau du Roi.
- ANTELME, Membre de la Maison du Roi.
- INDULPHE, Membre de la Maison du Roi.
- LUGTACE, Membre de la Maison du Roi.
- TROPHIME, Irlandais naturel, habitué à vivre à Ghelé en Flandres.
- ARGANTE, Habitant de Ghelé, ami de Trophime.
- ARMIDE, Cabaretier de Ghelé.
- DEUX LARRONS.
ACTE I §
SCÈNE I. §
TROPHIME.
SCÈNE II. Argante, Trophime. §
ARGANTE.
TROPHIME.
ARGANTE.
TROPHIME.
ARGANTE.
TROPHIME.
ARGANTE.
TROPHIME.
ARGANTE.
TROPHIME.
ARGANTE.
TROPHIME.
ARGANTE.
TROPHIME.
ARGANTE.
TROPHIME.
ARGANTE.
TROPHIME.
ARGANTE.
SCÈNE III. Armide, Argante, Trophime. §
ARMIDE.
ARGANTE, à Trophime.
TROPHIME.
ARMIDE.
ARGANTE.
TROPHIME.
ARMIDE.
ARGANTE.
ARMIDE.
TROPHIME.
ARMIDE.
TROPHIME.
ARMIDE.
ARGANTE.
ARMIDE.
TROPHIME.
ARGANTE.
TROPHIME.
ARMIDE.
ARGANTE.
ARMIDE.
ARGANTE.
TROPHIME.
ARGANTE.
TROPHIME.
ARGANTE.
TROPHIME.
ARGANTE.
ARMIDE.
ARGANTE.
TROPHIME.
ARGANTE.
ARMIDE.
SCÈNE IV. Gerberne, Armide. §
GERBERNE.
ARMIDE.
GERBERNE.
ARMIDE.
GERBERNE.
ARMIDE.
GERBERNE.
ARMIDE.
GERBERNE.
SCÈNE V. Armide, Gerberne, Deux Larrons les mains liées, avec chacun une Corbeille suspendue aux bras. §
PREMIER LARRON.
SECOND LARRON.
PREMIER LARRON.
SECOND LARRON.
PREMIER LARRON.
SECOND LARRON.
ARMIDE, à Gerberne.
GERBERNE.
ARMIDE.
PREMIER LARRON.
SECOND LARRON, à Armide.
ARMIDE.
PREMIER LARRON.
GERBERNE.
ARMIDE, à Gerberne.
GERBERNE.
PREMIER LARRON.
SECOND LARRON, à Armide.
PREMIER LARRON.
GERBERNE.
PREMIER LARRON, s’en allant.
SECOND LARRON, à Armide.
ARMIDE, rendant les corbeilles à Gerberne.
GERBERNE.
ARMIDE.
TROPHIME.
ARMIDE.
ARGANTE.
TROPHIME.
ACTE II §
SCÈNE I. Dipné Infante, Ambrokele Nourrice. §
DIPNÉ.
AMBROKELE.
DIPNÉ.
AMBROKELE.
DIPNÉ.
AMBROKELE.
DIPNÉ.
AMBROKELE.
DIPNÉ.
AMBROKELE.
DIPNÉ.
AMBROKELE.
DIPNÉ.
AMBROKELE.
DIPNÉ.
AMBROKELE.
DIPNÉ.
AMBROKELE.
DIPNÉ.
AMBROKELE.
DIPNÉ.
AMBROKELE.
DIPNÉ.
AMBROKELE.
DIPNÉ.
AMBROKELE.
DIPNÉ.
AMBROKELE.
DIPNÉ.
SCÈNE II. §
DIPNÉ, seule.
SCÈNE III. Gélase, Dipné. §
GELASE.
DIPNÉ.
GELASE.
DIPNÉ.
GELASE.
DIPNÉ.
GELASE.
DIPNÉ.
GELASE.
GELASE.
DIPNÉ.
GELASE.
DIPNÉ.
SCÈNE IV. §
DIPNÉ, seule.
SCÈNE V. Dipné, Ambrokele. §
AMBROKELE.
DIPNÉ.
AMBROKELE.
DIPNÉ.
AMBROKELE.
DIPNÉ.
AMBROKELE.
DIPNÉ.
DIPNÉ.
AMBROKELE.
DIPNÉ.
AMBROKELE.
DIPNÉ.
AMBROKELE.
DIPNÉ.
AMBROKELE.
DIPNÉ.
DIPNÉ.
AMBROKELE.
DIPNÉ.
AMBROKELE.
DIPNÉ.
AMBROKELE.
DIPNÉ.
AMBROKELE.
DIPNÉ.
AMBROKELE.
DIPNÉ.
AMBROKELE.
DIPNÉ.
AMBROKELE.
DIPNÉ.
AMBROKELE.
DIPNÉ.
SCÈNE VI. Gerberne, Gélase, Dipné, Ambrokele. §
GERBERNE.
GELASE.
GERBERNE.
GELASE.
GERBERNE.
DIPNÉ.
GERBERNE.
AMBROKELE.
GERBERNE.
AMBROKELE.
GELASE.
GERBERNE.
GELASE.
DIPNÉ.
GERBERNE.
DIPNÉ.
GELASE.
AMBROKELE.
ACTE III §
SCÈNE I. Néarque, Trophime. §
NÉARQUE.
TROPHIME.
NÉARQUE.
TROPHIME.
NÉARQUE.
TROPHIME.
NÉARQUE.
TROPHIME.
NÉARQUE.
TROPHIME.
NÉARQUE.
11TROPHIME.
NÉARQUE.
TROPHIME.
NÉARQUE.
TROPHIME.
NÉARQUE.
TROPHIME.
NÉARQUE.
TROPHIME.
NÉARQUE.
TROPHIME.
NÉARQUE.
TROPHIME.
SCÈNE II. Trophime, Antelme. §
TROPHIME.
ANTELME.
TROPHIME.
ANTELME.
TROPHIME.
ANTELME.
TROPHIME.
ANTELME.
TROPHIME.
ANTELME.
TROPHIME.
ANTELME.
TROPHIME.
ANTELME.
TROPHIME.
ANTELME.
TROPHIME.
ANTELME.
TROPHIME.
ANTELME.
TROPHIME.
ANTELME.
TROPHIME.
ANTELME.
SCÈNE III. Indulphe, Antelme, Trophime. §
INDULPHE.
ANTELME.
INDULPHE.
TROPHIME.
INDULPHE.
TROPHIME.
INDULPHE.
TROPHIME.
INDULPHE.
TROPHIME.
INDULPHE.
TROPHIME.
INDULPHE.
TROPHIME.
INDULPHE.
TROPHIME.
INDULPHE.
TROPHIME.
INDULPHE.
TROPHIME.
INDULPHE.
TROPHIME.
INDULPHE.
TROPHIME.
INDULPHE.
TROPHIME.
INDULPHE.
TROPHIME.
ANTELME.
INDULPHE.
TROPHIME.
INDULPHE.
TROPHIME.
INDULPHE.
SCÈNE IV. Indulphe, Lugtace, Trophime, Antelme. §
INDULPHE.
LUGTACE.
TROPHIME.
LUGTACE.
TROPHIME.
LUGTACE.
INDULPHE.
LUGTACE.
TROPHIME.
LUGTACE.
TROPHIME.
LUGTACE.
INDULPHE.
TROPHIME.
ANTELME.
TROPHIME.
ANTELME.
SCÈNE V. Néarque, Armide, Trophime, Antelme. §
NÉARQUE.
ARMIDE.
TROPHIME.
NÉARQUE.
ARMIDE.
NÉARQUE.
ARMIDE.
NÉARQUE.
ARMIDE.
NÉARQUE.
ARMIDE.
NÉARQUE.
ARMIDE.
NÉARQUE.
ANTELME.
NÉARQUE.
ANTELME.
NÉARQUE.
TROPHIME.
NÉARQUE.
ANTELME.
NÉARQUE.
SCÈNE VI. Néarque, Trophime. §
NÉARQUE.
TROPHIME.
NÉARQUE.
TROPHIME.
NÉARQUE.
TROPHIME.
NÉARQUE.
TROPHIME.
NÉARQUE.
TROPHIME.
NÉARQUE.
TROPHIME.
NÉARQUE.
TROPHIME.
ACTE IV §
SCÈNE I. Le Roi, Mogale. §
LE ROI.
MOGALE.
LE ROI.
MOGALE.
LE ROI.
MOGALE.
LE ROI.
MOGALE.
LE ROI.
MOGALE.
LE ROI.
MOGALE.
SCÈNE II. Le Roi, Néarque, Mogale. §
LE ROI.
NÉARQUE.
LE ROI.
NÉARQUE.
LE ROI.
NÉARQUE.
LE ROI.
NÉARQUE.
LE ROI.
NÉARQUE.
LE ROI.
MOGALE.
SCÈNE III. Le Roi, Indulphe, Lugtace, Mogale, Néarque. §
LE ROI.
INDULPHE.
LE ROI.
INDULPHE.
LE ROI.
INDULPHE.
LE ROI.
INDULPHE.
NÉARQUE.
INDULPHE.
LE ROI.
LUGTACE.
LE ROI.
LUGTACE.
MOGALE.
LE ROI.
NÉARQUE.
LE ROI.
SCÈNE IV. Mogale, Indulphe, Lugtace. §
MOGALE.
20LUGTACE, à Indulphe bas.
MOGALE.
INDULPHE.
LUGTACE, à Indulphe bas.
MOGALE.
LUGTACE, bas.
MOGALE.
LUGTACE, bas.
MOGALE.
LUGTACE, à Indulphe bas.
MOGALE.
LUGTACE, bas.
MOGALE.
LUGTACE, bas.
MOGALE.
INDULPHE, à Lugtace bas.
LUGTACE.
MOGALE.
INDULPHE.
SCÈNE V. Mogale, Argante, Trophime, Indulphe, Lugtace. §
MOGALE.
ARGANTE.
MOGALE.
ARGANTE.
MOGALE.
ARGANTE.
MOGALE.
ARGANTE.
MOGALE.
ARGANTE.
TROPHIME.
ARGANTE.
MOGALE.
ARGANTE.
MOGALE.
TROPHIME.
MOGALE.
TROPHIME.
MOGALE.
TROPHIME.
MOGALE.
INDULPHE.
MOGALE.
LUGTACE.
MOGALE.
LUGTACE.
INDULPHE.
TROPHIME.
ARGANTE.
MOGALE.
ACTE V §
SCÈNE I. §
DIPNÉ seule, le Crucifix en main.
SCÈNE II. Le Roi, Dipné. §
LE ROI.
DIPNÉ, à la Croix.
LE ROI.
DIPNÉ, à la Croix.
LE ROI.
DIPNÉ.
LE ROI.
DIPNÉ.
LE ROI.
DIPNÉ.
LE ROI.
DIPNÉ.
LE ROI.
DIPNÉ.
LE ROI.
DIPNÉ.
LE ROI.
DIPNÉ.
LE ROI.
DIPNÉ.
LE ROI.
DIPNÉ.
LE ROI.
DIPNÉ.
LE ROI.
DIPNÉ.
LE ROI.
DIPNÉ.
LE ROI.
DIPNÉ.
LE ROI.
DIPNÉ.
LE ROI.
DIPNÉ.
LE ROI.
DIPNÉ.
LE ROI.
DIPNÉ.
LE ROI.
DIPNÉ.
LE ROI.
DIPNÉ.
LE ROI.
DIPNÉ.
LE ROI.
DIPNÉ.
LE ROI.
DIPNÉ.
LE ROI.
DIPNÉ.
LE ROI.
DIPNÉ.
LE ROI.
DIPNÉ.
SCÈNE III. Gerberne, Dipné, Le Roi. §
GERBERNE.
DIPNÉ.
GERBERNE.
DIPNÉ.
GERBERNE.
DIPNÉ.
GERBERNE.
LE ROI.
GERBERNE.
DIPNÉ.
GERBERNE.
DIPNÉ.
GERBERNE.
LE ROI.
GERBERNE.
LE ROI.
GERBERNE.
LE ROI.
GERBERNE.
LE ROI.
GERBERNE.
LE ROI.
GERBERNE.
LE ROI.
GERBERNE, à Dipné en s’en allant.
LE ROI.
DIPNÉ, en ravissement.
LE ROI.
DIPNÉ.
LE ROI.
DIPNÉ.
LE ROI.
DIPNÉ.
LE ROI.
DIPNÉ.
LE ROI.
DIPNÉ.
LE ROI.
DIPNÉ.
LE ROI.
DIPNÉ.
SCÈNE IV. Mogale, Dipné, Le Roi. §
MOGALE.
DIPNÉ.
MOGALE.
DIPNÉ.
MOGALE.
DIPNÉ.
MOGALE.
DIPNÉ.
DIPNÉ.
LE ROI.
MOGALE.
DIPNÉ.
MOGALE.
LE ROI.
MOGALE.
LE ROI.
DIPNÉ.
LE ROI.
MOGALE.
LE ROI.
DIPNÉ.
LE ROI.
DIPNÉ.
LE ROI.
DIPNÉ.
LE ROI.
DIPNÉ.
LE ROI.
DIPNÉ.
LE ROI.
DIPNÉ.
LE ROI.
DIPNÉ.
LE ROI, la tue.
DIPNÉ, tombant morte.
LE ROI, jetant sa dague, que les gardes prennent.
SCÈNE V. Ambrokele, Gélase, Le Roi, Mogale. §
AMBROKELE.
GELASE.
LE ROI.
AMBROKELE.
LE ROI.
AMBROKELE, à la Princesse.
GELASE, à la Princesse.
AMBROKELE.
GELASE.
LE ROI, à Mogale.
MOGALE.
LE ROI.
SCÈNE VI. Dipné en une nuée de gloire, Le Roi, Gélase. §
DIPNÉ.
LE ROI.
DIPNÉ.
LE ROI.
DIPNÉ.
LE ROI.
DIPNÉ.
LE ROI.
DIPNÉ.
LE ROI.
DIPNÉ.
LE ROI.
DIPNÉ.
LE ROI.
DIPNÉ.
LE ROI.
DIPNÉ.
LE ROI.
DIPNÉ.
LE ROI.
DIPNÉ.
LE ROI.
DIPNÉ.
LE ROI.