M. DC. XCI. Avec approbation et Privilège du Roi.
EXTRAIT DU PRIVILÈGE DU ROI. §
Par Grâce et Privilège du Roi, donné à Versailles le 18 Janvier 1691 Signé par le Roi en son Conseil, GAMARD, il est permis à M. B. de faire imprimer, vendre et débiter, par tel Imprimeur ou Libraire quelle voudra choisir, une Pièce de Théâtre de sa composition, intitule Brutus, Tragédie, pendant le temps de six années, à compter du jour qu’elle fera imprimée pour la première fois, pendant lequel temps faisons très expresse inhibition et défense à toutes personnes de quelque qualité et condition qu’elles soient, de faire imprimer, vendre ni débiter par tout les lieux et terre de notre obéissance ladite Tragédie, d’autre édition que celle de l’exposant, ou de ceux qui auront droit d’icelle, à peine de quinze cent livres d’amende payable sans dépôt par chacun de contrevenant, de confiscation, des exemplaires contrefaits, et de tout dépens, dommages et intérêts, et autres peines portées plus au long par lesdites Lettres de Privilège.
Ladite M. B. a cédé son droit de Privilège à la Veuve de Louis GONTIER Marchande Libraire à Paris, pour en jouir suivant l’accord fait entre eux.
Regitré sur le Livre de la Communauté des Marchands Libraire et Imprimeur de Paris le 17 janvier 1691, suivant l’Arrêt, et Signé L. AUB0IN, Syndic.
Achevé d’imprimer le 8. Février. 1691.
MADAME, §
Si l’on était obligé de proportionner ses Ouvrages au mérite de ceux à qui on les dédie, j’aurais lieu de craindre votre colère, en mettant ici le nom de Votre Altesse Sérénissime ; Mais, MADAME, il faudrait se priver de la gloire de vous rendre ses hommages, pour peu qu’on apportât de cìrconspection sur ce point. L’étendue et l’élévation de votre esprit, laisseront toujours une distance infinie de vous aux Ouvrages qui vous seront présentez ; Et elles vont mettent dans la nécessité de pardonner les Dédicaces téméraires, Si vous avez quelque indulgence pour les commencements d’une Muse qui consacre ses prémices en vous les adressant, je serai trop heureuse d’avoir pu donner sans péril de vous déplaire, une marque publique du respect avec lequel je suis,
MADAME,
Votre ALTESSE SÉRÉNISSIME,
La très humble et très obéissante servante ***
PRÉFACE §
Je sais que la coutume des Préfaces que l’on met au devant des pieces de théâtre, est de réfuter, et même assez fièrement, ce qui a été dit contre la pièce ; je tâcherai à ne point suivre cet usage. On a fait des Critiques sur Brutus, je ne demande que la liberté de me défendre ; après quoi, si l’on n’est pas content de mes raisons, je passe condamnation.
Quelques-uns ont trouvé que j’avais un peu trop adouci le caractère de Brutus , et Plutarque à la vérité en parle comme d’un homme si barbare, qu’il n’est pas surprenant que nos excellents Auteurs aient négligé ce sujet. Pour moi je n’aurais pas eu la témérité de le prendre, s’ils nous en avaient laissé d’autres, et si d’ailleurs je n’avais vu dans Tite-Live de quoi me rassurer sur les sentiments de Brutus. Cet Historien dit qu’au travers de sa fermeté , on lui voyait une douleur profonde. Il s’agit alors de l’état, ou il parut en public, selon toutes les apparences, il se ménageait moins en particulier, et toute sa douleur éclatait. Je ne l’ai pas représenté dans le Sénat, ni exposé aux yeux du peuple, mais dans un lieu, et dans des temps où il pouvait laisser agir les mouvements les plus secrets de son coeur. Quand même j’aurais un peu changé le caractère de Brutus, je n’aurais fait que rapprocher de nos moeurs une action qui en est fort éloignée, qui est extraordinaire même dans les moeurs Romaine[s] ; et c’est ce me semble la pratique commune du Théâtre, que pourvu que l’on conserve l’essentiel des actions on est assez maître des motifs et des autres circonstances. Mais je crois pouvoir dire encore quelque chose de plus fort ; l’action de Brutus n’est point une action de vertu, si l’on peut soupçonner qu’il y entre de la férocité naturelle, il faut pour être héroïque qu’elle coûte infiniment.
Ce qui me doit faire sentir combien j’aurais hasardé en donnant un courage plus dur à Brutus, c’est la difficulté que quelques gens ont eue de goûter celui de Titus, qui vient s’accuser lui-même, et demander le supplice ; cependant la dureté qu’on a pour soi-même doit être plus aisément supportée que celle qu’on a pour les autres. Je prie que l’on considère que Titus a toute la vertu imaginable, que s’il s’oublie dans un instant, et dans des circonstances qui ne lui laissaient pas l’usage libre de sa raison, sitôt qu’il est revenu à lui-même, il doit avoir horreur du crime où il est tombé, qu’il sent un poids dont il faut qu’il se soulage ; qu’enfin il ne peut se réconcilier avec lui-même qu’en effaçant à ses propres yeux, comme à ceux des autres, par un aveu public de sa trahison, l’infamie de ce qu’il a fait.
Ceux qui ont trouvé de l’indignité à venir demander de mourir sur un échafaud, n’ont sans doute pas songé que cette honte même est ce qui fait sa gloire, puisqu’il la subit volontairement, parce qu’il l’a méritée, et qu’il veut servir d’exemple à ceux qui oseraient faire le même crime. Voila l’utilité de son action, je répète ici les mêmes choses, que j’ai dites dans la pièce, de qui auraient pu prévenir les Critiques, si l’on s’en était souvenu.
On sait jusqu’à quel excès allait l’amour de la patrie chez les Romains, n’y doit pas proportionner le repentir d’avoir fait contre-elle le plus grand de tous les attentats ? C’est ce que j’ai à répondre à ceux qui me disent qu’il n’y a point d’exemples de cela dans l’Histoire ; il n’y a point d’exemple aussi de la même faute dans un homme vertueux, et il me suffit d’avoir suivi le Génie des Romains ; j’ai eu la liberté d’imaginer un trait fondé sur ce caractère, et sur l’état particulier où se trouve Titus. On n’eût point désapprouvé qu’il se fut donné la mort dans le remords infini qu’il avait de sa faute mais il n’aurait point fait assez, puisqu’il y avoir quelque chose de plus à faire, et une moindre action n’aurait pas été capable d’attendrir Brutus, à qui il fallait trouver moyen de donner quelques sentiments naturels ; s’il ne devait pas être sensible pour son fils, il le devait du moins être à la vertu héroïque de ce fils.
On a pu remarquer que je lui donné beaucoup de dureté pour Tiberinus, il ne change point ensuite, quand il s’adoucit à la vue d’un courage digne du sien c’est le même sentiment sous, une autre forme. Il est vrai que je le fais parler également de ses deux fils dans le cinquième acte, mais il n’a pu séparer leurs intérêts, puisqu’ils étaient tombés dans la même faute ; et il est aisé, de voir que ce n’est que Titus qui attire toute sa pitié.
Il me reste quelque chose à dire sur Vindicius, pour ceux qui ne savent pas que c’est un trait historique qu’il fut affranchi, pour avoir découvert la conjuration qui se faisait pour Tarquin. Le même amour de la Patrie dont j’ai déjà parlé, suffit, ce me semble, pour justifier le soin que Titus prend de demander la liberté de cet esclave ; il était de l’intérêt de Rome qu’un si grand service ne demeurât pas sans récompense.
Valérie et Tiberinus ont été également attaqués, quoique tous deux nécessaires. Tiberinus ne pouvait être retranché de cette Tragédie, on sait trop que les deux fils de Brutus avaient conspiré. Tiberinus sert à donner de la jalousie à son frère, et à l’entraîner dans la conjuration ; s’il n’a pas un courage héroïque, il donne du relief à Titus. Il l’a fallu sacrifier à un Personnage plus important, et ce serait un grand défaut dans une pièce de théâtre, que tous les caractères fussent pareils. Il demande sa grâce, mais c’est à son père, et cette circonstance peut le rendre moins condamnable.
C’est Valérie qui découvre la conjuration par le moyen de son esclave ; et si son rôle n’a pas paru avoir assez de mouvement, peut-être cela vient en partie de ce que j’en avais retranché une scène que je redonnerai, sans oser cependant décider si j’ai eu raison de l’ôter, ou de la remettre.
PERSONNAGES. §
- BRUTUS, Consul.
- VALÉRIUS, Consul.
- TITUS, Fils de Brutus.
- TIBÉRINUS, Fils de Brutus.
- OCTAVIUS, Envoyé de Tarquin.
- AQUILIUS, Parent de Tarquin.
- VALÉRIE, Soeur de Valérius.
- AQUILIE, Fille d’Aquilius.
- PLAUTINE, Confidente de Valérie.
- ALBINE, Confidente d’Aquilie.
- MARCELLUS, Confident de Titus.
ACTE I §
SCÈNE PREMIÈRE. Brutus, Valérius. §
BRUTUS.
VALÉRIUS.
BRUTUS.
SCÈNE II. Brutus, Valérius, Octavius. §
OCTAVIUS.
BRUTUS.
VALÉRIUS.
OCTAVIUS.
BRUTUS.
OCTAVIUS.
BRUTUS.
OCTAVIUS.
SCÈNE III. Brutus, Valérius. §
BRUTUS.
VALÉRIUS.
BRUTUS.
VALÉRIUS.
SCÈNE IV. Brutus, Titus, Tibérinus. §
BRUTUS.
TITUS.
BRUTUS.
TITUS.
BRUTUS.
TIBÉRINUS.
TITUS.
BRUTUS.
SCÈNE V. Titus, Marcellus. §
TITUS.
MARCELLUS.
TITUS.
MARCELLUS.
TITUS.
SCÈNE VI. Valérie, Plautine. §
VALÉRIE.
PLAUTINE.
VALÉRIE.
PLAUTINE.
VALÉRIE.
PLAUTINE.
VALÉRIE.
PLAUTINE.
VALÉRIE.
ACTE II §
SCÈNE PREMIÈRE. Octavius, Aquilius. §
OCTAVIUS.
AQUILIUS.
OCTAVIUS.
AQUILIUS.
OCTAVIUS.
AQUILIUS.
OCTAVIUS.
AQUILIUS.
OCTAVIUS.
SCÈNE II. Aquilius, Aquilie. §
AQUILIE.
AQUILIUS.
AQUILIE.
AQUILIUS.
AQUILIE.
AQUILIUS.
AQUILIE.
AQUILIUS.
AQUILIE.
AQUILIUS.
AQUILIE.
AQUILIUS.
AQUILIE, seule.
SCÈNE III. Aquilie, Albine. §
ALBINE.
AQUILIE.
ALBINE.
AQUILIE.
SCÈNE IV. Aquilie, Titus. §
TITUS.
AQUILIE.
TITUS.
AQUILIE.
TITUS.
AQUILIE.
TITUS.
AQUILIE.
TITUS.
AQUILIE.
TITUS.
AQUILIE.
TITUS.
AQUILIE.
SCÈNE V. Aquilie, Albine. §
AQUILIE.
ALBINE.
SCÈNE VI. Aquilie, Tibérinus. §
TIBÉRINUS.
AQUILIE.
TIBÉRINUS.
AQUILIE.
TIBÉRINUS.
AQUILIE.
TIBÉRINUS.
AQUILIE.
TIBÉRINUS.
SCÈNE VII. §
AQUILIE.
ACTE III §
SCÈNE PREMIÈRE. Titus, Aquilie. §
AQUILIE.
TITUS.
AQUILIE.
TITUS.
AQUILIE.
TITUS.
AQUILIE.
TITUS.
AQUILIE.
TITUS.
AQUILIE.
TITUS.
AQUILIE.
TITUS.
AQUILIE.
TITUS.
AQUILIE.
TITUS.
AQUILIE.
TITUS.
AQUILIE.
TITUS.
AQUILIE.
SCÈNE II. §
TITUS, seul.
SCÈNE III. Titus, Tibérinus. §
TITUS.
TIBÉRINUS.
TITUS.
TIBÉRINUS.
TITUS.
TIBÉRINUS.
SCÈNE IV. §
TITUS, seul.
SCÈNE V. Aquilius, Titus. §
AQUILIUS.
TITUS.
AQUILIUS.
TITUS.
AQUILIUS.
TITUS.
AQUILIUS.
TITUS.
AQUILIUS.
TITUS.
ACTE IV §
SCÈNE PREMIÈRE. Valérie, Plautine. §
VALÉRIE.
PLAUTINE.
VALÉRIE.
PLAUTINE.
VALÉRIE.
SCÈNE II. Brutus, Valérie. §
BRUTUS.
VALÉRIE.
BRUTUS.
VALÉRIE.
BRUTUS.
VALÉRIE.
BRUTUS.
VALÉRIE.
BRUTUS.
SCÈNE III. Brutus, Valérius, Valérie. §
BRUTUS.
VALÉRIUS.
BRUTUS.
VALÉRIUS.
BRUTUS.
VALÉRIUS.
BRUTUS.
VALÉRIE.
BRUTUS.
VALÉRIUS.
BRUTUS.
VALÉRIUS.
SCÈNE IV. Brutus, Valérie. §
VALÉRIE.
BRUTUS.
scène V. Brutus, Valérie, Tibérinus avec des gardes. §
TIBÉRINUS.
BRUTUS.
TIBÉRINUS.
VALÉRIE.
BRUTUS.
TIBÉRINUS.
BRUTUS.
TIBÉRINUS.
BRUTUS.
TIBÉRINUS.
BRUTUS.
SCÈNE VI. Brutus, Titus, Valérie. §
BRUTUS.
TITUS.
BRUTUS.
TITUS.
BRUTUS.
TITUS.
BRUTUS.
TITUS.
VALÉRIE.
BRUTUS.
TITUS.
BRUTUS.
TITUS.
BRUTUS.
VALÉRIE.
TITUS.
BRUTUS.
TITUS.
VALÉRIE.
BRUTUS.
TITUS.
BRUTUS, à ses gardes.
SCÈNE VII. Titus, Valérie. §
TITUS.
VALÉRIE.
TITUS.
VALÉRIE.
TITUS.
VALÉRIE.
TITUS, seul.
SCÈNE VIII. Titus, Aquilie. §
TITUS.
AQUILIE.
TITUS.
AQUILIE.
TITUS.
AQUILIE.
TITUS.
ACTE V §
SCÈNE PREMIÈRE. Valérie, Plautine. §
VALÉRIE.
PLAUTINE.
VALÉRIE.
SCÈNE II. Valérie, Plautine, Marcellus. §
MARCELLUS.
VALÉRIE.
MARCELLUS.
VALÉRIE.
SCÈNE III. Brutus, Valérie, Plautine. §
VALÉRIE.
BRUTUS.
VALÉRIE.
SCÈNE IV. §
BRUTUS, seul.
UN GARDE.
BRUTUS.
SCÈNE V. Brutus, Valérius. §
BRUTUS.
VALÉRIUS.
BRUTUS.
VALÉRIUS.
BRUTUS.
SCÈNE VI. §
BRUTUS.
SCÈNE VII. Brutus, Titus. §
BRUTUS.
TITUS.
BRUTUS.
TITUS.
BRUTUS.
TITUS.
BRUTUS.
TITUS.
BRUTUS.
SCÈNE VIII. Titus, Marcellus. §
TITUS.
MARCELLUS.
TITUS.
SCÈNE IX. Valérie, Valérius. §
VALÉRIE.
VALÉRIUS.
VALÉRIE.
SCÈNE DERNIÈRE. Valérius, Valérie, Plautine. §
PLAUTINE.
VALÉRIE.
VALÉRIUS.
PLAUTINE.
VALÉRIUS.