Edme Boursault
M. DC. LXV.
AVEC PRIVILEGE DU ROY.
Édition critique établie par Vanessa Viola sous la direction de Georges Forestier (2003-2004)
Introduction §
Edme Boursault occupe une place importante au sein de la période classique. À la fois dramaturge, romancier, épistolier, journaliste ou encore poète, il permet une vue d’ensemble sur le XVIIe siècle. Adversaire de Molière, de Boileau et de Racine, Boursault prend part dans les querelles littéraires importantes de son époque. Sa vie, comme nous le verrons, est sinueuse car chaque sourire de la fortune est suivi d’un revers.
La pièce qui nous intéresse clôt la première période des œuvres comiques de la vie du dramaturge. Les Deux frères gémeaux ou les menteurs qui ne mentent point s’inspirent du théâtre antique de Plaute et exploitent la ressemblance entre deux frères jumeaux et les confusions que cette situation entraîne. La comédie s’articule autour d’un jeu d’hésitation sur l’identité des différents personnages. Initialement conçue en cinq actes, Boursault réduit la pièce à trois actes en effectuant quelques modifications, elle s’intitule désormais Les Nicandres ou les menteurs qui ne mentent point. Un véritable mystère entoure les circonstances du remaniement de cette pièce, on ne connaît pas la date précise de ces changements et les conditions de la représentation restent obscures.
Esquisse bio-bibliographique §
Sa vie §
Edme Boursault naît au début du mois d’octobre 1638 à Mussy-l’Evêque, dans une des premières familles de la région de Champagne. Son père, un ancien militaire1, néglige son instruction ; enfant, Boursault n’étudie pas le latin, ni le grec, ni même le français. Envoyé à Paris en 1651 par Sébastien Zamet, l’Evêque de Langres, il est désormais protégé par Pellisson et apprend rapidement la langue française, la poétique et la versification en devenant le disciple de Des Barreaux :
Il ne parloit que Franc-Champenois, & ne sçavoit que grossièrement la langue Françoise : Cependant en peu de mois ce jeune homme sçut de lui-même se tirer de cette barbarie ; & il parvint en moins de deux ans à pénétrer toutes les beautez & toutes les délicatesses d’une langue, qu’il a possedée dans la plus exacte & la plus parfaite pureté2.
Durant sa jeunesse, il écrit ses premières comédies et se lie d’amitié avec les frères Corneille dont il ne se séparera jamais : Thomas Corneille l’incite même à entrer à l’Académie malgré ses lacunes linguistiques : « Il n’est pas question d’une Académie Grecque, ou Latine ; mais d’une Académie Française. Et qui sait le Français mieux que vous3 ? » mais Boursault refusera. Cette première période de la vie de Boursault reste obscure pour les biographes qui l’ont étudiée, la grande naïveté et la bonne humeur du jeune dramaturge en rythment les différentes phases. On le décrit souvent ainsi :
Une grande vivacité d’esprit, une gaieté piquante dont l’étude n’avait pas altéré la saveur bourguignonne, une singulière facilité de parole et de phrases, et avec tout cela un fond sérieux d’honneur et de franchise multiplièrent promptement ses relations4.
Aux alentours de 1660, il devient secrétaire des commandements de la duchesse d’Angoulême5 qui était la veuve du fils naturel de Charles IX. Un an plus tard, elle lui demande de se rendre à Sens et de lui adresser un compte-rendu de son voyage, il est tant apprécié qu’on le sollicite désormais énormément pour écrire des gazettes de ce genre. C’est ainsi qu’il devient gazetier royal et perçoit une pension de deux mille livres avec « bouche à Cour ». Mais il perd rapidement ce privilège à cause d’une plaisanterie sur la barbe d’un capucin qui choque le confesseur de la Reine. Elle ordonne alors au Chancelier Séguier l’arrestation de Boursault, mais une fois en prison, le Chancelier autorise le dramaturge à écrire à ses protecteurs. Ce dernier envoie alors une lettre au Prince de Condé qui lui permet d’être libéré.
C’est à la même époque qu’il prend parti contre Molière dans la querelle de L’Ecole des femmes. Fréquentant le cercle Costar qui regroupe les ennemis de Boileau et de Molière, et influencé par Corneille et par les comédiens de l’Hôtel de Bourgogne, il croit se reconnaître dans le personnage de Lysidas, le poète dans la pièce de Molière. Il riposte alors avec Le Portrait du peintre ou la contre-critique de l’Ecole des femmes qui sera un échec. En 1666, il se marie avec Michelle Milley avec qui il aura onze enfants, le premier naît au mois de septembre 1669. Ses luttes ne sont pourtant pas terminées ; attaqué par Boileau dans Les Satires6, il répond par une nouvelle pièce intitulée La Critique des satires de M. Despréaux dont la représentation est interdite à cause de son titre, elle est imprimée en 1667 sous le nom de Satire des Satires. À partir de 1694, le nom de Boursault est remplacé par celui de Pradon et, près de dix-huit ans après le triste épisode des Satires, apprenant que Boileau prenait les eaux à Bourbon-l’Archambault et qu’il était à court d’argent, Boursault lui offrit une bourse de deux mille louis et le critique fût désormais plus indulgent avec le dramaturge. C’est ainsi qu’il déclara à Brossette le 1er avril 1700 : « Venons à M. Boursault qui est, à mon sens, de tous les auteurs que j’ai critiqués, celui qui a le plus de mérite7 ».
Boursault se penche ensuite sur l’instruction morale du fils de Louis XIV avec La Véritable étude des souverains, dédiée à Monseigneur le Dauphin qui plut beaucoup au Roi. Ce dernier décide de nommer le dramaturge sous précepteur du Dauphin mais ayant conscience de ses lacunes latines, Boursault décline cet honneur. En guise de dédommagement, il est nommé en 1672 receveur des tailles8 à Montluçon et s’établit ainsi quelque temps en Province. Son emploi consiste alors à récolter les impôts au nom du Roi. Mais son excès de bonté le fait révoquer de ses fonctions en 1688. Une fois à Paris, il a pour projet de faire revivre La Muze historique, interrompue depuis le mois de mars 1665, date de la mort de Jean Loret. Après quelques timides essais, il débute en 1691 un journal en vers, La Muse enjouée dans lequel théories littéraires et anecdotes se mêlent mais le Chancelier Boucherat lui retire subitement son privilège à cause d’une critique sur Guillaume III, Roi d’Angleterre, qui déplut à Louis XIV. Deux périodes distinctes apparaissent alors dans la vie de Boursault :
Il y a deux époques bien marquées dans sa vie. La première nous le montre très affairé, très répandu, fort occupé de fêtes, de voyages, de petits vers et d’aventures galantes. C’est le temps de ses premières pièces, du Médecin volant, des Nicandres, de ses premiers romans et des Lettres de Babet. C’est aussi le temps de ses fameux démêlés avec Molière et Boileau. Il a la verve, l’entrain, la bonne humeur, et aussi la naïve présomption de la jeunesse, et ne s’inquiète guère du lendemain. Dans la seconde époque, fixé à Montluçon, venant toujours plus rarement à Paris, plus recueilli, plus sédentaire, attentif à sa maison, préoccupé de l’avenir de ses enfants, plus que jamais attaché à la religion, tout son talent s’épure et ce qu’il écrit respire une sorte de gravité pieuse, qui va parfois jusqu’à la tristesse. Même il devient sermonneur, sans gronder pourtant, ni affecter des airs pédantesques, mais en homme convaincu, dont la sagesse est expansive et s’insinue doucement dans l’âme du voisin9.
Deux ans plus tard, il met en action des fables antiques dans sa nouvelle comédie, Esope à la ville, qui remporte un grand succès auprès du public parisien et qui sera traduite dans plusieurs langues étrangères. Ce triomphe l’incite à écrire la suite des aventures d’Esope, Esope à la Cour qui sera représenté après sa mort. On retrouve dans ses œuvres une progression à la fois poétique et morale car Boursault a débuté par un style d’écolier naïf pour aboutir aux leçons de sagesse qu’il délivre dans ses deux Esope. À la fin de sa vie, il reconnaît la grandeur de Molière en lui rendant hommage dans une épigramme posthume. Il meurt à Paris le 15 septembre 1701 d’une maladie subite et est enterré au cimetière des Théatins, ordre auquel son fils aîné, Chrysostome, appartenait.
Ses œuvres §
Boursault dramaturge §
Les œuvres théâtrales de Boursault ne sont pas particulièrement nombreuses par rapport aux dramaturges contemporains, seulement seize pièces, des farces, des comédies pastorales, héroïques, d’intrigues ou de mœurs mais aussi des tragédies. La grande diversité de son œuvre constitue un témoignage particulièrement intéressant sur les mœurs du XVIIe siècle. Les premières pièces de Boursault sont des comédies souvent oubliées par la postérité et considérées comme des essais. Ainsi, Le Médecin volant (1661), Le Mort vivant (1662) et Les Cadenas ou Le Jaloux prisonnier (1663) sont « des études de style, du style comique du temps. L’invention est confuse, la langue est un peu vulgaire ; çà et là cependant l’entrain, la bonne humeur, une certaine franchise de dialogue, annoncent des qualités aimables et un esprit bien doué10 ». Le Portrait du peintre ou la contre-critique de l’Ecole des femmes a été rédigé en réponse à Molière, cette satire met en scène des personnages qui discutent sur la représentation de L’Ecole des femmes. Boursault reproche principalement à Molière le réalisme de certaines scènes et le mélange du tragique et du bouffon. Cette pièce sera un véritable échec. En 1665, Les Deux frères gémeaux ou les menteurs qui ne mentent point représentent la dernière pièce de ses œuvres de jeunesse, nous en parlerons plus longuement par la suite.
Un an plus tard, Boursault s’inspire d’un poème de l’Abbé de Cérisy intitulé Les Yeux de Philis changez en astres pour écrire une pastorale. C’est en réponse aux attaques de Boileau que Boursault compose une autre comédie, La Satire des satires qui est imprimée en 1667 mais n’a jamais été représentée sur scène. Il écrit ensuite deux tragédies, la première Germanicus date de 1673, elle reçoit un grand succès auprès de ses contemporains mais dix ans plus tard, Marie Stuard n’est malheureusement pas aussi bien accueillie.
On découvre en 1683 dans La Comédie sans titre une réelle volonté d’enseigner la sagesse tout en divertissant. Comédie à tiroirs, la pièce se présente sous la forme d’une galerie de portraits ponctuée d’une série de tableaux comiques inspirée par le Mercure galant. Ironiquement, Boursault décide de ne pas lui donner de titre en réponse aux attaques faites par le fondateur du journal, Donneau de Visé. Ce dernier lui avait fait interdire de nommer sa pièce Le Mercure galant. Mais la comédie reçoit un très bon accueil de la part du public et reste encore appréciée de nos jours.
Phaéton est une comédie héroïque en vers libres qui date de 1691 mais qui n’a pas remporté le succès escompté. Trois ans plus tard, Les Mots à la mode en un acte, sont davantage appréciés par le public ; en fin observateur de son temps, Boursault exploite la manière de parler et de s’habiller de ses contemporains.
Il compose en 1694 les paroles d’un opéra commandé en secret par une dame qui voulait montrer cette pièce au Roi, mais la surprise échoue et Méléagre ne sera jamais mise en musique. Ce n’est pas la première fois que Boursault écrit une tragédie lyrique, en effet quatre ans plus tôt, La Fête de la scène (1690) était accompagnée de musique lors de sa représentation à Asnières.
En 1690, Esope à la ville est accueilli avec enthousiasme. Boursault s’inspire largement des Fables de La Fontaine, son succès l’encourage à écrire un second volet qui sera représenté seulement après sa mort. Esope à la Cour critique les travers et les ridicules des courtisans pendant le règne de Louis XIV.
Une seule édition de son théâtre est publiée du vivant de l’auteur mais elle a fait scandale car elle était précédée d’une lettre du Père Caffaro, supérieur du couvent des Théatins, qui approuve fortement le théâtre :
Faut-il aussi faire cesser la Comédie qui sert aux hommes d’un honnête divertissement, parce qu’on y représente des Fables avec bienséance & modestie, & qu’il se trouve quelqu’un qui ne peut pas les voir sans ressentir en soi les passions qu’on y représente11 ?
Cette préface a été beaucoup critiquée car elle remet en question la position de l’Église à cette période qui condamnait vigoureusement cette forme de divertissement.
Boursault journaliste et romancier §
Ses gazettes étaient très appréciées au XVIIe siècle mais à ce jour elles ne sont toujours pas publiées. Boursault touche à l’ensemble de l’actualité, fait exceptionnel pour l’époque. Dans les années 1665-1667, il tente de succéder à Loret et rédige quelques vers burlesques sans grand succès. Ce n’est qu’après son loyal service envers la Duchesse d’Angoulême et après sa courte nomination en tant que gazetier de la Cour qu’il tente d’écrire, en 1691, La Muse enjouée. Ses chroniques sont à la fois politiques et littéraires, elles relatent les évènements des salons, de la vie royale et du quotidien de Paris. On peut alors considérer Boursault comme un des premiers journalistes, ses gazettes étant antérieures au Mercure Galant. Elles sont complétées par ses lettres qui retracent également les nouvelles de Paris et de Versailles. Rédigées entièrement en prose ou mêlées de vers, elles constituent un véritable témoignage de son époque. Louis-Marie-Armand de Simiane de Gordes, Duc-Evêque de Langres, avait chargé Boursault de lui adresser les anecdotes parisiennes afin d’égayer son diocèse. À la même époque, Boursault entretenait un commerce épistolaire avec Anne de Bavière, le Maréchal de Noailles ou encore le Prince de Condé. Rassemblées en trois volumes, elles ont été réimprimées plusieurs fois.
En 1666, le dramaturge s’exerce à l’art du roman épistolaire avec les Treize lettres d’une dame à un cavalier et, en 1669, les Lettres à Babet reçoivent un très bon accueil de la part de ses contemporains. Elles sont encore appréciées de nos jours. Puis, durant les années 1667 et 1672, Boursault se tourne vers la poésie avec L’Ode au Roy, A la Reyne et le sonnet Aux Hollandois mais préfère privilégier les romans. Ainsi, La Véritable étude des souverains, dédiée à Msg le Dauphin est un essai sur l’éducation d’un futur Roi selon les modèles gréco-romains et moyenâgeux. Il rédige par la suite deux romans passionnés sur un fond de décor historique : Artémise et Poliante (1670) et Le Marquis de Chavigny. La préface du premier est un compte-rendu critique de la première représentation de Britannicus, il lui apporte un nouvel adversaire, Racine, qui ne donne pas suite à ces attaques. En 1675, son roman Le Prince de Condé lui procure une renommée européenne. En deux tomes et teinté de notes espagnoles, Ne pas croire ce qu’on voit est le dernier roman de Boursault que l’on a souvent attribué à tord à Scarron.
La pièce §
Création et représentation §
Souvent dénigrée, cette pièce constitue une réelle prouesse pour quelqu’un qui n’avait pas suivi d’études classiques durant sa jeunesse. Le lexique est très recherché et l’auteur tente de créer son propre style. La pièce est construite sur le principe du dédoublement de l’identité des personnages. S’inspirant de Plaute, Boursault articule son intrigue autour du thème de la ressemblance. Sa version est totalement différente des Ménechmes, mais le point de départ reste le même. Deux frères jumeaux séparés depuis longtemps se retrouvent dans la même ville et sont successivement pris l’un pour l’autre. On ne peut pas considérer la pièce de Plaute comme la véritable source des Menteurs qui ne mentent point car les ressemblances entre les deux pièces sont infimes.
Shakespeare conserve le même plan que Plaute dans La Comédie des erreurs, imprimée en 1623. Les deux frères, appelés Antipholus, ne profitent pas de la situation, mais l’auteur complique l’intrigue en leur ajoutant deux valets jumeaux, les Dromions. Les méprises sont par conséquent plus nombreuses et plus complexes que dans les autres pièces. En 1632, Jean de Rotrou adapte la pièce de Plaute en conservant le même titre, Les Ménechmes, la même intrigue et les mêmes actions des personnages. Il ajoute à la pièce une intrigue amoureuse, celle de Ménechme Sosicle avec Erotie, mais elle reste très proche de sa source latine. Boursault ne suit pas cet exemple, il modernise à la fois le lieu et l’époque, Les Menteurs qui ne mentent point se déroulent à Paris dans les années 1660 et non plus à Epidamnum durant l’Antiquité. L’intrigue est dédoublée grâce à l’utilisation du principe de gémellité. Le thème de la ressemblance était déjà présent dans ses comédies antérieures. Dès sa première pièce, Le Médecin volant en 1661, Boursault met en scène un valet, Crispin, qui se fait passer pour un médecin afin d’aider son maître Cléon à épouser Lucrèce. Crispin fait croire ensuite qu’il est le frère de ce médecin : « Il me semble / Que ce frère en colère à peu près te ressemble12 » et joue de ces équivoques jusqu’à la fin de la pièce. Un an plus tard, Le Mort vivant est construit autour de fausses confusions créées volontairement par Fabrice pour se marier avec Stéphanie. Il incite son valet Gusman à utiliser sa ressemblance avec l’Ambassadeur d’Afrique – « Vous avez chacun mesme traits », « Les plus fins confondraient vos portraits13 » – et tente ainsi d’éloigner son rival Lazarille de celle qu’il aime. Puis en 1663, dans Les Cadenas, la ressemblance est une fois de plus employée dans le but de tromper un personnage, il s’agit du barbon Spadarille qui, aveuglé par la jalousie, a enfermé sa femme Olympie dans sa chambre. Aidée par son amant Cléandre, Olympie parvient à sortir de sa chambre et décide de se faire passer pour son propre sosie, qui serait la maîtresse légitime de Cléandre. Le stratagème réussit et le barbon finit par être enfermé dans cette même chambre à la fin de la pièce. Dans Les Menteurs qui ne mentent point, pour la première fois les personnages n’essaient pas de tromper quelqu’un. Il n’y a pas de complot, ni de feinte et l’originalité de la pièce réside dans le fait que tous les personnages croient justement qu’il y en a un.
La pièce en cinq actes n’a sûrement jamais été représentée sur scène, aucun document ne concerne cette représentation, seulement la seconde version, Les Nicandres ou les menteurs qui ne mentent point, est citée dans les textes. Elle est jouée à Paris par la troupe des comédiens de l’Hôtel de Bourgogne. Mais la date exacte de la première représentation est variable dans les ouvrages que nous avons consultés ; Sophie Wilma Deierkauf-Holsboer manque de précision sur ce point :
Peut-être pourrions nous ajouter la comédie, Nicandres, de Boursault, dans laquelle Crispin, à savoir Raymond Poisson, interprète un rôle semblable à celui des pièces créées à l’Hôtel de Bourgogne en 1663. Il n’est cependant pas impossible que cette farce ait été jouée au début 1664 dans la salle de la rue Mauconseil14.
Maupoint place approximativement la représentation de la pièce dans le cours de l’année 166415. Mais Pierre Mélèse est plus précis (sans nous donner ses sources)16, selon lui, Les Nicandres sont joués en cinq actes, au théâtre de l’Hôtel de Bourgogne, le dimanche 15 juin 1664. Or au XVIIe siècle, les premières représentations étaient toujours un vendredi mais Les Nicandres étant en trois actes, il est probable qu’ils accompagnaient une grande pièce en cinq actes un dimanche. Il est donc difficile de dater avec précision la première représentation de la pièce. Dans Le Mémoire de Mahelot, les décorateurs précisent que la pièce est jouée sur scène en trois actes mais rien ne confirme une représentation en cinq actes. Henry Carrington Lancaster fausse notre jugement dans sa note en datant la rédaction des Deux frères gémeaux ou les menteurs qui ne mentent point après celle des Nicandres :
Les Nicandres ou Les menteurs qui ne mentent point ou Les frères gémeaux, comédie de Boursault, représentée vers 1664, reprise le 25 septembre 1683. Il s’agit de l’édition de 1664 en trois actes. (…) Les éditions que j’ai pu trouver sont postérieures, en cinq actes. On y remarque, acte V, cour de prison ; V, 2, fenêtre grillée, III, 2, cartel ; V, 1, boîte à quêter ; V, 2, deux louis. Il n’y a pas de lettres. Le trousseau de clé appartient au sergent de la prison. Les premiers actes se passent dans la rue. On omet, III, 9, valise ; IV, 2, bouteille17.
Les éditions en cinq actes ne peuvent être postérieures à la version en trois actes mais obligatoirement antérieures. Lancaster commet la même erreur dans A History of French Dramatic Literature in the Seventeenth Century18, en pensant que Boursault aurait augmenté la pièce pour qu’elle soit en cinq actes alors qu’elle a été réduite. On note sept représentations supplémentaires des Nicandres au théâtre du Palais-Royal entre le mois de septembre et le mois de décembre 1683. Elle est jouée deux fois l’année suivante dont une à Chambord où elle accompagne Iphigénie, et les deux dernières représentations qu’on peut relever se déroulent en 1685.
Résumé de l’action §
Acte I §
La pièce s’ouvre sur les hésitations d’une jeune fille, Hipolite qui n’ose pas avouer son amour à celui qu’elle aime. Troublée, alors qu’elle tente de révéler timidement ses sentiments à Nicandre, sa suivante Jacinte, plus courageuse, le fait à sa place. En retour Nicandre lui déclare sa flamme, mais il a un frère jumeau et ne peut se marier sans l’accord de celui-ci. Il part donc immédiatement à sa recherche. Une jeune femme déguisée en homme arrive alors sur scène et explique sa colère à Hipolite et à Jacinte ; elle aussi aime Nicandre, il a promis de l’épouser deux mois auparavant à Lyon. Hipolite, influencée par Jacinte, commence à douter de celui qu’elle aime sans se rendre compte que l’homme dont parle Ismène est en réalité le frère jumeau de Nicandre et porte le même prénom.
Le second Nicandre, amant d’Ismène, vient d’arriver à Paris et est à la recherche de son frère. Il rencontre Hipolite et Jacinte qui le questionnent sur son amour lyonnais en pensant s’adresser à son frère. Ne cherchant pas à dissimuler la vérité, il avoue ses sentiments pour Ismène et ne comprend pas les raisons de la colère des deux jeunes femmes.
L’acte se clôt sur une dernière confusion : le second Nicandre rencontre Ragotin, le valet de son frère qui le prend pour son maître. La première erreur a ainsi entraîné une série d’erreurs secondes et c’est la ressemblance entre les deux frères jumeaux qui permet cette suite de quiproquos comiques.
Acte II §
Ismène calomnie le premier Nicandre qui ne la reconnaît évidemment pas, furieuse, elle lui remémore les moments passés mais il lui affirme ne l’avoir jamais aimée. Il rencontre alors Jacinte et réussit à la convaincre d’organiser une entrevue avec Hipolite afin de lui redire qu’il l’aime, ils se donnent rendez-vous dans une heure. Mais ce sera le second Nicandre qui viendra avec son valet Robin. Les quatre personnages se disputent car chacun d’entre eux parle d’un passé différent :
- – Jacinte pense que Nicandre est un menteur car il prétend aimer Ismène ;
- – Hipolite en veut à Jacinte de la ridiculiser et ne comprend pas les réactions de Nicandre ;
- – Robin, qui était avec le premier Nicandre et qui vient de recevoir un soufflet pour son impertinence, ne soutient pas son maître et le laisse se débrouiller sans l’aider ;
- – et enfin, le second Nicandre ne comprend pas les réactions des autres personnages envers lui.
Jacinte achève la discussion en donnant un soufflet à Robin, et les personnages se séparent sur ce malentendu. Isidore, encouragé par sa fille Hipolite, décide de venger l’affront que Nicandre a commis.
Acte III §
Ismène veut emprisonner Nicandre pour se venger de l’inconstance et de la fourberie qu’il a eues envers elle. Pour cela, elle a demandé à Ragotin, qui est devenu son valet, de porter à Nicandre une lettre le provoquant en duel dans un endroit où des archers l’attendraient. Ragotin va donner la lettre au premier Nicandre au lieu du second qui attend patiemment Jacinte et Hipolite, ne sachant pas que l’entretien a déjà eu lieu.
Le père d’Ismène, Eutrope surgit tout à coup et, aidé d’Isidore, ils se saisissent tous les deux du premier Nicandre qui réussit à s’enfuir et se réfugie chez Hipolite. Sans le vouloir, Robin fait tomber les deux hommes et, le second Nicandre apercevant de loin la scène, va se cacher lui aussi chez Hipolite. Finalement seul Robin est emprisonné en tant que complice de Nicandre.
Acte IV §
Le premier Nicandre rassure Hipolite en lui certifiant son amour, puis se rend au rendez-vous fixé par la lettre d’Ismène. En chemin, il rencontre Robin qui s’est échappé de prison et lui affirme que tout est arrangé.
Pendant que Robin tente de séduire Jacinte, le second Nicandre ressort de la maison d’Hipolite où il s’était réfugié. Robin et Jacinte l’accusent de fourberie mais Hipolite, entendant la discussion de sa fenêtre, prend part au conflit en faveur de Nicandre. Celui-ci ne comprend pas pourquoi Hipolite le défend et continue à clamer son amour pour Ismène. Une fois parti, Hipolite demande à Jacinte de faire arrêter Nicandre.
L’acte s’achève sur la rivalité des deux jeunes femmes, Hipolite et Ismène, qui ont fait emprisonner les deux Nicandres. Cette rivalité fait écho à celle de leurs pères qui veulent chacun un mariage pour rétablir l’honneur de leurs filles.
Acte V §
Les confusions entre les deux jumeaux se poursuivent en prison où chacune des fiancées vient voir celui qu’elle aime et tombe sur son frère. La dernière scène fait apparaître les deux Nicandres face à face et résout tous les quiproquos, le premier Nicandre épousera Hipolite, le second, Ismène ; et Robin et Jacinte se marieront également.
L’intrigue §
La pièce qui nous intéresse est régulière dans son ensemble, elle suit le principe préétabli des comédies classiques, à savoir le schéma union, désunion et réunion des amants. Cette comédie est structurée par rapport à son dénouement qui se présente sous la forme de mariages. Elle débute sur le ton de la narration avec les confidences d’Hipolite, ce procédé qui nous donne l’impression de surprendre une conversation est fréquent à l’époque classique. Il permet d’exposer facilement les premiers éléments de l’intrigue et de mobiliser l’attention des spectateurs particulièrement turbulents à cette période. Conformément aux règles du XVIIe siècle, l’exposition est claire et ordonnée, elle s’étend sur le premier acte et contient toutes les informations nécessaires à la compréhension de la pièce.
L’intrigue repose sur une suite de quiproquos ; les obstacles sont extérieurs à la volonté des héros qui ne font que subir les confusions que leur ressemblance entraîne. Le premier malentendu (I, 4) entraîne une série d’autres équivoques qui rythment la pièce. Il y a deux sortes de méprises :
- – soit on croit parler à l’un des deux Nicandres alors qu’on s’adresse en réalité à son frère ;
- – soit on est en face de la bonne personne mais on lui reproche des actes qu’il n’a pas commis (ceux de son frère jumeaux).
Dans les deux cas les confusions deviennent comiques et constituent le véritable ressort de l’action. La tension est permanente mais cette cascade de quiproquos peut lasser le lecteur, d’ailleurs Victor Fournel n’hésite pas à qualifier la pièce de « perpétuel imbroglio, (d’)inextricable enchevêtrement de ressemblances et de confusions (qui) fatiguent l’esprit après l’avoir amusé19 ». En effet, l’utilisation intense des quiproquos peut perturber le spectateur et l’induire en erreur. Nous pouvons penser que ce sont en partie ces confusions qui poussèrent Boursault à réécrire sa pièce et à la simplifier. De plus, l’intrigue est dédoublée, il y a en effet deux intrigues principales articulées autour des deux Nicandres. Les domestiques imitent leurs maîtres et ce jeu de miroir produit des effets comiques tout au long de la pièce.
Le dénouement est rapide, en une scène les deux frères paraissent l’un à côté de l’autre et résolvent ainsi tous les quiproquos précédents. On peut se demander si lors de la représentation ce n’était pas un seul acteur qui jouait successivement les deux rôles tandis qu’au dénouement un figurant habillé et coiffé de la même façon venait déclamer les dernières répliques. Nous n’avons trouvé aucune information relatant les procédés précis de la représentation. La dernière scène s’inscrit comme le résultat logique de toutes les méprises dues au hasard. Cet achèvement est traditionnel car tous les personnages importants sont réunis sur scène et de plus, à l’instar de la majorité des comédies, la pièce se termine dans le bonheur avec un triple mariage.
Unités et conventions classiques §
Au niveau de la règle des trois unités, Boursault respecte l’unité de temps, on peut supposer que la pièce se déroule en moins de vingt-quatre heures car il n’est jamais question du lever ni du coucher du soleil et les rendez-vous que se fixent les personnages ne sont jamais espacés de plus d’une heure. En une seule journée les actions ne peuvent pas se multiplier mais on relève pourtant près d’une vingtaine de méprises. Boursault respecte l’exigence de vraisemblance requise à l’époque si l’on suit le système d’unification de l’action expliqué par Jacques Scherer dans son ouvrage20. Par contre il rompt avec ce même principe de vraisemblance en violant l’unité de lieu car les quatre premiers actes se déroulent sur une place parisienne, devant la maison d’Hipolite et le dernier se passe dans la cour d’une prison. Le public du XVIIe siècle aime reconnaître sur scène des endroits qu’il a l’habitude de voir tous les jours, ainsi l’action a lieu dans les rues de Paris. Le Cartel envoie Nicandre au Cours la Reine, promenade à la mode au XVIIe siècle, Ismène habite rue aux Ours, où il y a une enseigne représentant un dauphin, et Ragotin va chercher un nouveau maître devant les marches du Palais de Justice. Nous pouvons d’ailleurs relever une incohérence lorsque le dramaturge précise au bas de la liste des personnages que « la scène est en prison » alors que les quatre premiers actes ont lieu sur une place publique. Dans Le Mémoire des décorateurs de l’Hôtel de Bourgogne, une note précise qu’il faut « une prison où il y ait une fenestre ; un billet, une boitte, des jettons, des lestres, un trousseau de clefs21 » pour le dernier acte mais ne parle pas du carrefour où se rencontrent les personnages. Nous pouvons imaginer qu’il n’y avait qu’un seul décor tout au long de la pièce.
Selon les théoriciens de la période classique, le dramaturge doit respecter à la fois la vraisemblance et la bienséance, il doit adapter sa pièce en fonction de ces deux notions. Nous pouvons penser que le personnage d’Ismène rompt avec la première exigence car il paraît impossible à un spectateur de l’époque de ne pas reconnaître la voix ou le visage d’un personnage déguisé. Pourtant le public du XVIIe siècle accepte parfaitement ce type d’invraisemblance. Il tolèrera moins la suite de malentendus causée par la ressemblance exacte entre les deux Nicandres. Dans la seconde version de la pièce, Boursault supprime de nombreuses scènes d’équivoque qui devaient paraître invraisemblables à l’époque. Il considère important de respecter cette règle :
Je t’ai cent fois dit que ce qu’il y a de contraint dans une comédie fatigue ordinairement, et ne divertit jamais ; qu’une action, pour être belle, devait avoir beaucoup de vraisemblance ; et qu’un auditeur n’a pas la moitié du plaisir qu’il espérait, quand on représente des vérités qui ne devraient pas être véritables22.
Les corrections effectuées dans Les Nicandres ne participent pas totalement à cette exigence ; mais nous pouvons penser que le remaniement de la pièce est plutôt dû à la troupe des comédiens de l’Hôtel de Bourgogne qui lors de la lecture ont sûrement trouvé Les Deux frères gémeaux trop confus pour les représenter devant le public. Boursault a donc transformé sa pièce pour que les comédiens puissent la jouer sur scène.
Il est également important de ne pas choquer les goûts et les idées morales du public. Les Deux frères gémeaux ou les menteurs qui ne mentent point respectent cette convention dans l’ensemble mais le vocabulaire qu’utilisent les domestiques reste un écart par rapport à la tradition. Dans ce passage, Robin s’adresse à Jacinte sur un ton burlesque et incongru qui pouvait choquer le public des années 1660 :
A ton peste de bras qui n’a pas la main morteJe souhaite la galle, & qui mine ton corps ;A ta jambe une ulcere ; à ta cuisse une goutte ;Que de toy desormais tout chacun se dégouste ;Je souhaite à ton ventre une canine faim,Et que pas un mortel ne te donne du pain ;Loin d’avoir des appas, et des charmes qui brillent,Je souhaite à ton sein des tetons qui brandillent ;A ton bas de visage un menton fort pointu ;A tes dents une bresche à passer tout vestu23.
Ce passage a été supprimé dans Les Nicandres car Boursault a dû s’apercevoir qu’il n’était pas conforme aux exigences du classicisme. Il a essayé de réadapter sa pièce en prenant davantage en compte les demandes des spectateurs. On découvre déjà une réelle volonté de respecter la bienséance dans la première version avec le couple des vieillards. Eutrope et Isidore sont conscients du déshonneur et de l’outrage causés par les Nicandres et tentent de réhabiliter leurs filles :
Le mal-heur d’une fille émeut l’ame d’un pere ;Peut-etre est-elle grosse, et je sçay le moyen24…
Les aspects farcesques de la pièce peuvent également choquer le lecteur-spectateur du XVIIe siècle car les domestiques n’hésitent pas à rendre un mot équivoque en jouant sur son double sens et à faire ainsi des allusions obscènes.
Les personnages §
Nous étudierons les personnages suivant l’ordre dans lequel ils sont présentés dans la liste des acteurs, cet ordre reflète la société du XVIIe siècle. Dans la majorité des pièces de théâtre de l’époque, la classification des personnages est rigoureuse et est établie selon une pyramide sociale hiérarchisée : l’autorité en premier, puis les héros et leurs valets, et enfin les autres acteurs moins importants. Boursault respecte cette tradition et crée des personnages très différents les uns des autres. La diversité est réalisée à la fois dans la psychologie mais également dans la parlure de chacun d’entre eux. Il s’agit de « faire parler chacun (des) personnages non seulement en fonction d’une situation donnée, mais encore en fonction de sa condition, de sa classe sociale et de son caractère25 ». Il serait intéressant d’analyser ces personnages selon les mots qu’ils emploient et selon la façon dont ils les utilisent. Trois types distincts peuvent être remarqués dans la pièce, à savoir les vieillards instruits et réfléchis, les personnages nobles qui sont caractérisés par leur élégance et enfin les domestiques qu’on reconnaît immédiatement grâce aux tournures populaires qu’ils utilisent. Chacun de ces groupes possède un vocabulaire précis qui lui correspond, Boursault a mis en scène des couples qui représentent des types de personnes bien précis, on parlera de sociolecte car chaque groupe d’individus a des spécificités langagières qui lui sont propres.
Isidore et Eutrope §
Placés en tête de la liste des acteurs, les deux vieillards représentent l’autorité, mais une autorité tolérante qui ne cherche pas à empêcher les choix de leurs filles. Bien au contraire, ils les soutiennent et veulent rétablir l’honneur qu’elles ont perdu. Isidore est présenté dans la liste des personnages comme un homme savant, il se caractérise principalement par son idiolecte. Lui seul utilise la langue de cette façon et devient rapidement un ornement littéraire qui a pour seul but de faire rire. Stéréotype issu du théâtre antique de Plaute et des comédies érudites italiennes du XVIe siècle, il représente un type figé de personnage, celui du pédant comique. Il se présente lui-même comme un philosophe, usant de procédés rhétoriques, interpellant les « Dieux des Savants » et apostrophant les personnages de la mythologie romaine. De plus, son discours est ponctué de nombreux archaïsmes (v. 785 : vitupère, v. 897 : se mucer, v. 1239 : mes-huy…), et il n’hésite pas à utiliser le latin (v. 892 : in manibus vestris, v. 900 : in domum et v. 1580 : Ex abundantia cordis os loquitur). Il y a un grand écart entre Isidore et les autres acteurs de la pièce et c’est ce décalage qui crée des effets comiques et rend le pédant ridicule. Présent sur scène comme le père d’Hipolite, ses réflexions philosophiques sur les malheurs de sa fille s’opposent à la platitude d’Eutrope, le père d’Ismène. Le vocabulaire de ce dernier n’a rien d’exceptionnel mais reste tout de même plus recherché que celui des autres personnages de la pièce, il nous donne l’impression d’être présent en partie par opposition à Isidore dans le but de donner davantage de force à ce personnage.
Hipolite §
Hipolite et sa suivante occupent une place importante dans l’intrigue, ce sont elles qui débutent la pièce. On découvre rapidement qu’Hipolite est timide. Elle est troublée face à celui qu’elle aime et elle n’arrive même pas à lui avouer ses sentiments. Ce sera Jacinte, sa suivante, qui le fera à sa place et la sortira de l’embarras. Le caractère effacé d’Hipolite est destiné à donner plus d’importance à Jacinte qui obtient ainsi le premier rôle. De plus, Hipolite s’oppose à sa rivale Ismène par sa passivité, elle n’a qu’une seule peur, celle d’être outragée par celui qu’elle aime. L’aveu qu’elle a fait au premier Nicandre au début de la pièce lui a demandé beaucoup d’effort :
Je me sens interdite, et le charme qui brille…Quand on est inquiette, et qu’on est une fille…Le merite sublime a pour moy tant d’appas…J’ose… le trouble… et quoy, ne mentendez-vous pas26 ?
Ce type de personnage correspond à l’idéal de la jeune femme du XVIIe siècle comme nous l’explique Jacques Scherer dans La Dramaturgie classique en France :
Les hommes ont le droit, dont ils usent largement, de déclarer leur amour aux femmes qui leur plaisent. Les femmes n’ont point ce droit. D’Aubignac affirme en termes catégoriques : « Il ne faut jamais qu’une femme fasse entendre de sa propre bouche à un homme qu’elle a de l’amour pour lui ». Pour tourner cette prohibition, mille subterfuges sont utilisés. Dans les cas les plus simples, l’aveu de l’amour d’une héroïne pour un héros peut se faire en trois étapes : l’héroïne avoue d’abord ses sentiments à une confidente, puis, en surmontant grand’peine sa pudeur, au héros lui-même, et enfin, ce qui est plus dur encore, à des tiers27.
Après s’être dévoilée timidement devant celui qu’elle aime, elle condamne elle-même son acte :
Je vous ayme ; ce mot est sans doute blasmable ;Il m’échape à regret, mais il est véritable28.
Elle ne comprend pas pourquoi il l’expose « à ce honteux mépris29 » et, vexée, elle répète plusieurs fois qu’on la croit « abusée » au début de l’acte IV. Hipolite est blessée dans son amour-propre mais s’efforce de garder du courage durant toute la pièce.
Ismène §
Plus fougueuse que sa rivale, elle n’a pas de suivante et parvient à se débrouiller seule. Loin de chez elle, déguisée en homme, elle réussit à retrouver Nicandre. On peut imaginer qu’elle représente l’image future d’Hipolite si Nicandre l’abandonne. Abusée, elle tente de connaître par tous les moyens les raisons de l’attitude de son amant et cherche à se venger pour rétablir son honneur. Ce personnage acquiert une valeur guerrière en triomphant des obstacles et grâce à la reconquête finale de son amant. Son courage est récompensé au dénouement.
Les deux frères jumeaux §
Jeunes premiers de bonne naissance, ils portent le même nom et se ressemblent en tous points. Sincères, ils respectent le code de l’honneur et de l’amitié. Cette obéissance est compréhensible au XVIIe siècle car ces valeurs occupent une place importante dans la société. Les Nicandres ne cherchent pas à tromper quelqu’un mais sont pris malgré eux dans de fausses situations. Il s’agit de « dire le vrai en disant le vrai qui paraît faux30 ». Cette situation fait naître le désarroi dans le cœur des deux personnages qui mènent désormais un combat intérieur :
La charmante Hipolite a pour moy de l’estime,Et je n’ose répondre au beau feu qui l’anime !A mon cruel serment tous mes sens occupez31…
Les héros sont placés devant un dilemme et luttent pour rester fidèles à leur parole. Il est très difficile de différencier les Nicandres l’un de l’autre, ils sont tous les deux amoureux et aveuglés par le serment qu’ils se sont fait. Mais le premier Nicandre s’inquiète de ne pas pouvoir épouser Hipolite et son frère se préoccupe davantage de la justice car il a peur d’être emprisonné à cause d’Ismène. Il se cache et cherche un refuge chez son ami Clidimace chaque fois qu’il n’est pas sur scène.
Jacinte §
Suivante d’Hipolite, sa première fonction est d’exposer le sujet, elle guide sa maîtresse et l’induit en erreur dès le début de la pièce. C’est elle qui avoue les sentiments d’Hipolite à sa place – « A quoy tant de façons ? Ma maitresse vous ayme32 » –, lui évitant ainsi d’enfreindre le principe de bienséance. Elle ne laisse pas le premier Nicandre se justifier auprès d’Hipolite sur son passé et sa promesse. Suspicieuse à l’égard de ce que ressent ce dernier, elle parvient à faire douter Hipolite. Son audace et sa hardiesse trompent le second Nicandre qui ne sait plus laquelle des deux jeunes femmes est au service de l’autre : « Dites-moy qui des deux est suivante ou maistresse33 ? » Ainsi, Jacinte est à la fois conseillère, intermédiaire et dame de compagnie, mais peut être aussi railleuse et effrontée. On lui découvre un penchant vers la grossièreté au fil du texte.
Robin §
Boursault a choisi de le placer avant Ragotin dans la liste des personnages alors que dans l’ordre logique il aurait dû être placé après. Ce choix ne peut être anodin. Robin est le valet du second Nicandre mais est davantage présent sur scène que le valet de son frère (181 répliques contre seulement 64 pour Ragotin). Il acquiert une importance croissante au fil des actes et finit par se marier avec Jacinte. Boursault accentue la différence entre les domestiques et les maîtres par le biais du lexique qu’il utilise. L’élégance dans les scènes entre les maîtres s’oppose à la familiarité et aux insultes des valets et de Jacinte. Cet écart apporte une véritable note comique au sein de la pièce. Robin emploie les mots « bigotte », « gaillarde », « donzelle », « peste de cagne », « cauteleuse pucelle », « tendron », « pauvre fille », « peste de Chienne », « friponne », « femelle insecourable », « sale beste », « fille mauvaise », ou encore « ma petite » pour parler des femmes et en particulier de Jacinte. Sur un ton burlesque, il n’hésite pas à proférer des imprécations envers celle qui lui plaît et à rompre plusieurs fois avec l’exigence de bienséance requise à l’époque. Ainsi il est « prest de (…) depuceler » Jacinte au dernier acte et conseille aux amoureux d’« aller dans une Chambre y conter (leur) vie ». Au début de la pièce, il parodie le discours amoureux de son maître et le discrédite totalement. Sa vision du mariage est particulièrement comique et s’oppose à celle de Nicandre :
Si je suis ton mary je reprendray ma bisque,Et dessus ton visage appliquant tous mes doitsPour un soufflet receu je t’en donneray trois34.
Son caractère malicieux lui permet de s’échapper de prison. Sa fidélité demeure le trait de caractère qui le différencie le plus de Ragotin.
Ragotin §
Type de personnage issu du Roman Comique de Scarron, il est récurrent dans les pièces classiques et a souvent des rôles de valet burlesque comme dans cette pièce. Son nom est le diminutif de « ragot » qui vient de « ragotter », synonyme de « quereller » à l’époque. Il garde cet aspect turbulent dans son caractère, à la fois effronté et familier avec son maître. D’ailleurs Ragotin n’hésite pas à trahir le premier Nicandre en devenant le valet d’Ismène. Il adopte une attitude plus sévère et plus fourbe que Robin, il décide immédiatement de se venger en changeant de maître : « Allons chercher fortune aux degrez du Palais35 ». Sa première réplique annonce le ton qu’il adoptera au cours de la pièce ; bas et populaire, son vocabulaire le place d’emblée dans la catégorie des domestiques. On découvre des effets de symétrie au fil du texte, la scène 10 du premier acte fait écho à la scène 6 du second. Dans les deux cas, des confusions sur l’identité de Nicandre ont lieu, les valets croient parler à leurs maîtres alors qu’ils s’adressent aux frères de ces derniers. Les deux scènes finissent de façon parallèle par l’exaspération des deux Nicandres et par les imprécations de leurs valets.
Les thèmes §
L’honneur et le mensonge §
La pièce s’articule paradoxalement autour de ces deux notions antithétiques. Elle est construite sur une série de faux mensonges, tous les personnages pensent que les Nicandres trompent les autres alors qu’ils restent fidèles à leurs principes. Les quiproquos sont tous involontaires et chaque personnage est mystifié à son tour. Il y a d’un côté les notions de respect, d’honneur et d’amitié, et de l’autre celles de tromperie, de mensonge et d’artifice. L’honneur est en effet une valeur importante dans la société du XVIIe siècle. Dans la pièce, aucun des deux Nicandres ne pense à rompre le serment fait avec son frère. Or, dans Les Ménechmes de Plaute, les jumeaux n’hésitent pas à profiter de la situation en s’amusant à corrompre l’honneur des femmes. Boursault s’écarte de cette conception antique et construit ses personnages autour de la sincérité pour se rapprocher de l’esthétique de son siècle.
Le courage occupe aussi une grande place au sein de la période classique, et Ismène ne l’oublie pas en envoyant son cartel :
Il a tant de courage et si peu de prudence,Qu’à sa seule valeur osant trop se fierDans le Cours de la Reyne il sera le premier36.
Elle parvient à piéger Nicandre grâce à son sens de l’honneur et à son courage, mais pourtant elle pense qu’il lui ment. Cette situation est paradoxale car Ismène se venge du déshonneur qu’elle a subi en utilisant l’honneur de son amant ; elle sait donc que Nicandre correspond à l’idéal de l’honnête homme du XVIIe siècle et retourne cette qualité contre lui-même. L’isotopie de la fourbe est filée tout au long du texte par les adjectifs « artificieux, embaleur, forfaicteur, fourbe, inconstant, infidelle, insolent, lasche, matois, perfide, suborneur, traistre, volage » et les substantifs ainsi que les verbes qui incluent l’acception de mensonge et de tromperie dans leur sens. De plus, la thématique du refus s’étend à l’ensemble de la pièce.
Déguisements et fausses apparences §
L’art de se déguiser est courant dans les pièces classiques, le XVIIe siècle marque l’apogée de ce phénomène. Boursault fait appel à deux formes distinctes de déguisements, l’une consciente et l’autre inconsciente. Le travestissement d’Ismène est parfaitement voulu et est donc conscient. Son but est de reconquérir l’homme qu’elle aime et qui l’a trahi. Ce changement de sexe est très fréquent au XVIIe siècle et s’accompagne d’une modification de l’apparence physique du personnage (voix et maintien). La transformation d’une femme en homme par amour et pour récupérer un amant volage ne produit pas d’effets comiques mais demeure le déguisement le plus utilisé dans les comédies de cette période. De plus, il est nécessaire qu’Ismène soit déguisée en homme car elle a traversé la France à cheval, elle arrive de Lyon, et il serait invraisemblable qu’une femme voyage seule pour effectuer un aussi long trajet. C’est donc pour des raisons de sécurité que son travestissement devient évident. Elle se présente tout au long de la pièce sous une apparence masculine pour des raisons pratiques, elle peut ainsi se promener à sa guise dans Paris et même avoir un valet à son service, mais pourtant elle se dévoile dès le départ devant Hipolite et sa suivante :
JACINTE.Ah ! Madame, voyezCe que c’est que nos yeux qui s’étoient fourvoyez ;Elle est fille, elle mesme elle s’est éclaircie ;Ah le joly garçon par la superficie !Qu’il est drosle !HIPOLITE.Elle est fille !ISMENE.Il est vray, je la suisEt ce que vous aymez est ce que je poursuis37.
Dans ce passage Ismène justifie son déguisement et avoue ainsi son désespoir face à sa nouvelle rivale. Elle dévoile son identité à cinq reprises durant la pièce, aux deux jeunes femmes en premier puis au mauvais Nicandre, à son père Eutrope, à Ragotin et enfin au Nicandre qu’elle aime. L’artifice ne peut pas être permanent ; au moment où le dernier acte se termine, la véritable situation doit être rétablie. Cette supercherie est enchâssée dans deux autres déguisements, ceux des Nicandres. Les deux frères jumeaux sont déguisés malgré leur propre volonté, leur ressemblance crée de véritables confusions mais ces déguisements restent inconscients. Toute l’intrigue se base sur cette contradiction de l’être et du paraître, la situation devient pathétique car l’union des deux couples est retardée par des obstacles factices. Les Nicandres sont pris dans une série de quiproquos et disent la vérité qui paraît pourtant fausse aux yeux de tous les personnages. Le titre oxymorique de la pièce annonce dès le début les confusions qui vont suivre.
Boursault a choisi de conserver une partie du titre de sa pièce quand il l’a réduite, on peut penser qu’il était ainsi plus facile de la reconnaître pour les lecteurs contemporains. Mais il n’est pas anodin que le dramaturge ait maintenu le titre oxymorique des Menteurs qui ne mentent point. Ce choix d’un titre paradoxal est courant au XVIIe siècle et sert à exciter la curiosité du public. Dans ces pièces, la leçon est toujours la même, les apparences sont trompeuses et il ne faut jamais croire ce qui paraît être vrai. Le jugement des personnages est obligatoirement faux et les héros mentent en apparence mais disent la vérité en réalité. Une dialectique sur le réel et l’illusion est filée tout au long des scènes pour aboutir au dénouement qui est la clé des contradictions.
Le rythme §
La pièce comprend davantage de scènes que la moyenne à l’époque classique, cinquante-sept au total. Un même personnage ne reste pas très longtemps sur scène, il laisse rapidement la place à un autre pour donner plus de vivacité. La pièce gagne en rapidité et en mouvements. De plus, les équivoques ponctuent le discours des personnages mais elles le rendent plus complexe, le lecteur-spectateur est rapidement perdu dans cet enchaînement de confusions. Boursault respecte consciencieusement les règles classiques en soignant les liaisons, l’enchaînement des scènes et les intervalles entre les actes.
Des récits sont alors nécessaires pour expliciter certaines situations qui ne se sont pas déroulées sur scène. Le premier est l’explication de Nicandre à propos de la parole qu’il a donnée à son frère. Les interruptions de Jacinte rendent le discours plus dynamique et plus naturel, Boursault refuse de lasser le public par de longues tirades inutiles. Ainsi, l’aveu de Nicandre est dédramatisé grâce à la discontinuité de son discours. En effet, Jacinte n’hésite pas à arrêter Nicandre à chaque réplique par des interjections (« Apres », « Pour cela », « Hé bien », « Qu’en est-il ? » « Est-ce tout ? », « A la fin ? », « Et qu’importe ? »38) qui finissent par exaspérer Hipolite. Nicandre parvient seulement à la fin de la scène à s’exprimer pendant douze vers à la suite grâce à l’intervention d’Hipolite. Le second récit se situe deux scènes après ce passage, Ismène expose avec fidélité les raisons de sa venue à Paris et établit les bases des futurs quiproquos. Le troisième et dernier récit est celui de Robin, il éclaircit la situation envers les spectateurs et fait monter la tension dramatique de la pièce en annonçant les problèmes qui vont suivre.
Une quinzaine de monologues de transition peuvent être relevés dans la pièce, ils participent à un désir constant de clarification de la part de l’auteur. Ils sont l’expression d’une émotion particulière (désespoir, haine, vengeance, etc.) et servent de liaison entre les scènes.
Le rythme est accéléré par plusieurs passages stichomythiques, c’est-à-dire de dialogues où chaque réplique est assez courte et de même longueur. Le discours devient rapide et coupé avec des phénomènes de répétitions :
ISMENE avec beaucoup de fierté.Hé bien cher Ragotin ?HIPOLITE avec beaucoup de fierté.Hé bien chere Jacinte ?RAGOTIN à Ismene parlant du premier Nicandre.Il est ensevely dans le grand Chastelet.JACINTE à Hipolite parlant du second Nicandre.En ma propre presence on l’a pris au colet.RAGOTIN.Je l’ay veu dans la Morgue, où je croy qu’il enrage.JACINTE.Pour apprendre à chanter on l’a mis dans la cage39.
Cet extrait révèle la rivalité entre les deux femmes, Boursault accentue l’effet comique en exagérant le souci de symétrie entre chaque réplique grâce aux interventions respectives de Ragotin et de Jacinte.
Le lexique §
Cette pièce se révèle être particulièrement intéressante au point de vue de l’analyse lexicale. Les domestiques se distinguent aisément de leurs maîtres par leur vocabulaire, ils utilisent un niveau de langue peu élevé et emploient fréquemment les jurons. Le pédant Isidore peut être mis à l’écart par rapport aux autres personnages de la pièce car, comme nous l’avons vu dans l’analyse des acteurs, il utilise un langage élaboré. Trop savante pour les autres personnages, la langue qu’Isidore emploie est mêlée de mots techniques, de latinismes et parfois même de termes archaïques. Le public de l’époque, et en particulier le parterre, devait avoir des difficultés de compréhension et Robin illustre bien ce problème à la scène 10 de l’acte IV :
En son chien de patois qu’est-ce qu’il baragouïne ?Ma mort est resolüe, il le dit en Hebreu.
L’ignorance du valet rend la situation comique mais prouve également le décalage entre le langage pédant d’Isidore et le lexique bas du domestique. Hana Baalbaki nous explique dans sa thèse que l’utilisation de la langue par Boursault est un procédé comique :
La prédominance des locutions proverbiales s’explique par le fait que Boursault est avant tout un auteur comique. Sa morale, il a réussi à la transmettre, non pas directement à travers les proverbes mais indirectement en ayant recours aux pointes, parfois féroces, des expressions proverbiales qui caractérisent un personnage et la situation dans laquelle il se trouve, et qui rendent son langage beaucoup plus vrai et naturel40.
En effet, Boursault attache une véritable importance à l’utilisation de la langue française et chaque discours d’un personnage est différent. Le travail du texte est largement influencé par Scarron et par le genre burlesque. Boursault décide de rompre l’unité de ton afin de surprendre le lecteur-spectateur et de le faire rire. Le comique naît le plus souvent de l’apparition dans le dialogue d’un langage particulier, mots étrangers ou jargons. Il utilise des mots familiers issus de la vie quotidienne du XVIIe siècle, par exemple « driller », « battre la semelle », « balotter », mais également des hypocoristiques c’est-à-dire des termes empruntés au langage enfantin comme « mon fanfan » ou « ma pouponne ». Quelques mots forgés apparaissent au fil du texte comme par exemple « démaistreser », « nicandré », ou « maîtricide ». Ces néologismes sont présents dans le but de renforcer le comique de la pièce. Ce dernier est crée à la fois par un décalage permanent entre les mots et la situation dans laquelle ils sont utilisés, mais également par un continuel effet de rupture. Les termes bas et les expressions proverbiales constituent la part la plus importante du langage des domestiques et détonnent par rapport au reste du discours. Robin adopte une attitude originale pour déclarer sa flamme à Jacinte. Il est à la limite de la vulgarité et parodie la déclaration que le premier Nicandre avait fait à Hipolite en employant les mêmes mots mais associés au langage familier :
ROBIN.Voy traistresse un Robin qui t’adore,Et qui pour t’avoir veuë un peu plus qu’il ne faut,N’est vestu que de toille, & s’il brusle de chaud.JACINTE.Je viens dire…ROBIN.Dy-moy, femelle insecourableSi l’on peut long-temps vivre, & brusler comme un Diable ;Et si tu n’agis pas d’une ingrate façonDe me voir estre braise, & que tu sois glaçon41.
Le comique de situation §
Les jeux de scènes participent au comique de la pièce et la rapprochent de la farce. Les personnages utilisent leurs corps pour faire rire le public, ainsi l’arrestation de Ragotin par les deux vieillards qu’il fait tomber constitue un motif d’hilarité42. De même, les deux soufflets que Robin reçoit sont amusants par leur effet de surprise43. Les didascalies renforcent cet effet comique, elles ajoutent des informations sur les comportements des personnages, par exemple Robin chante et montre sa joue à Nicandre aux vers 498 et 533 pour lui rappeler le soufflet qu’il a reçu. Mais elles apportent également des précisions sur les différents quiproquos qui se succèdent dans le texte, elles sont le seul moyen de différencier les deux Nicandres. Placée en tête d’une réplique, la didascalie nous précise s’il s’agit du premier ou du second Nicandre qui va parler, et permet ainsi de clarifier le texte. Le comique de situation s’associe au comique verbal, les jeux de mots sont fréquents et les domestiques emploient souvent les répétitions, ils interrompent les autres personnages et parodient leurs maîtres. En prison, Robin demande quelques louis à Ismène qui en profite pour le questionner sur les sentiments de Nicandre, mais Robin, intéressé par les pièces qui ne parviennent pas à tomber dans sa boîte, n’écoute pas les questions d’Ismène et pense qu’elle aussi parle des deux louis44. La confusion s’étend sur environ vingt vers et quand Robin réagit enfin, il ne pense pas à répondre aux interrogations de la jeune femme mais appelle immédiatement Nicandre pour qu’il s’explique lui-même. Ces différents procédés utilisés par les valets sont directement issus de la farce. Boursault s’est inspiré une fois de plus de l’esthétique déjà présente chez Paul Scarron, dramaturge qui fait pénétrer la farce dans la comédie et qui joue sur le contraste des tons et des styles au sein d’une même œuvre. Les jeux sur les différentes significations possibles d’une même expression rendent une scène comique et la dédramatise. Boursault joue sur le double sens des mots lors de l’arrestation de Robin45, le substantif « membre » employé au départ par le Sergent est mélioratif, il désigne la fonction honorable d’appartenir à la Justice mais Robin emploie ce même mot au sens propre et le rend alors péjoratif. Ce jeu de mot est repris à plusieurs reprises par le valet, une gradation est visible dans les différentes désignations et l’acte s’achève par le discours comique de Robin qui dénigre la fonction du Sergent, l’appelant « gigot de Justice » (v. 911).
D’une pièce à l’autre §
Boursault a simplifié la pièce très rapidement, les deux achevés d’imprimer sont identiques et aucun document ne prouve de date précise. De nombreux changements ont été effectués mais l’intrigue reste la même, la pièce s’intitule désormais Les Nicandres ou les menteurs qui ne mentent point. Dans l’unique réédition faite par ses enfants en 1725, son fils aîné, Chrysostome, précise :
Cette dernière Pièce fût d’abord représentée en cinq Actes (…) mais l’Auteur la trouvant trop longue, la réduisit à trois Actes, & en ôta tout ce qui lui parut de moins interressant ou de superflu. Elle en étoit plus vive, plus comique, & plus du goût du Public46.
Nous n’avons trouvé aucune trace de la représentation en cinq actes ; seule la seconde version est jouée à l’Hôtel de Bourgogne. Dans Les Nicandres, une épître est ajoutée en l’honneur de Barthélémi Hervart, intendant et contrôleur des finances sous Louis XIV. D’origine allemande, il a obtenu cet emploi en remerciement du service qu’il a rendu au jeune Roi en 1649. Il est parvenu à persuader l’armée allemande de ne pas suivre Turenne et les frondeurs et a ainsi obtenu une totale confiance de la part de Mazarin et de Louis XIV.
Boursault fait précéder le texte d’un « argument nécessaire » qui explique davantage l’enfance et la vie des deux frères jumeaux, l’exposition est par conséquence développée. L’auteur se justifie sur plusieurs points différents, il insiste tout d’abord sur « la qualité des personnes dont (il) parle », distinguant ainsi sa pièce de la farce. En effet, Boursault a choisi de supprimer de nombreuses allusions farcesques dans la seconde version. Il explique davantage les actions des personnages tout en soulignant les notions d’honneur et de bienséance. Enfin, il prévient le lecteur des futures confusions possibles entre les deux frères jumeaux et demande de l’indulgence face à cette nouvelle pièce ; on peut penser qu’il a toujours en tête les critiques des comédiens sur sa première version.
Tableau comparatif de l’action des deux pièces §
Les Deux frères gémeaux | Les Nicandres | ||
Acte I | |||
Sc. 1 | Hipolite se confie à Jacinte sur les sentiments qu’elle éprouve envers Nicandre. | Même scène | |
Sc. 2 | Quand il arrive, elle lui demande de faire partir son valet, Ragotin. | Même scène | |
Sc. 3 | Jacinte dévoile ce que ressent Hipolite à Nicandre qui lui explique le serment qu’il a passé avec son frère. | Même scène | |
Sc. 4 | Jacinte pense que Nicandre est un menteur et le dit à Hipolite. | Même scène | |
Sc. 5 | Arrivée d’Ismène déguisée en homme qui raconte son passé à Lyon. | Même scène | |
Sc. 6 | Désillusions d’Hipolite. | Conseils de Jacinte. | |
Sc. 7 | Elle rencontre le 2nd Nicandre qui affirme n’aimer qu’Ismène. | Même scène | |
Sc. 8 | Jacinte menace le 2nd Nicandre. | Même scène | |
Sc. 9 | Il envoie Robin dans leur logis pour dire qu’ils ne rentreront pas ce soir et va voir Clidimace. | Même scène | |
Sc. 10 | Il rencontre Ragotin qui le confond avec son véritable maître. | Même scène | |
Sc. 11 | Ragotin décide de trouver un autre maître. | Même scène | |
Acte II | |||
Sc. 1 | Inquiétudes du 1er Nicandre. | Philippin est désormais le valet d’Ismène. | |
Sc. 2 | Dispute d’Ismène et du 1er Nicandre. | Ismène élabore son plan. | |
Sc. 3 | Incompréhensions du 1er Nicandre. | Elle rencontre le 1er Nicandre qui ne la reconnaît pas. | |
Sc. 4 | Le 1er Nicandre parvient à convaincre Jacinte d’organiser un rendez-vous avec Hipolite. | Équivalent à l’acte II, sc. 3 des Deux frères, avec en plus les sentiments du 1er Nicandre envers Hipolite. | |
Sc. 5 | Il regrette le serment qu’il a passé avec son frère. | Il rencontre Jacinte qui l’insulte. | |
Sc. 6 | Il rencontre Robin qui affirme être son valet, exaspéré, le 1er Nicandre lui donne un soufflet. | Équivalent de l’acte III, sc. 4 des Deux frères. Le cartel est donné au 1er Nicandre. | |
Sc. 7 | Incompréhensions de Robin. | II, 6 des Deux frères : Nicandre rencontre Crispin et lui donne un soufflet. | |
Sc. 8 | Robin rencontre le second Nicandre. | II, 7 des Deux frères. | |
Sc. 9 | Ils se disputent avec Hipolite et Jacinte, celle-ci finit par gifler Robin. | Même scène | |
Sc. 10 | Discussion entre Hipolite et Jacinte. | Équivalent III, 11 des Deux frères : arrestation de Crispin. | |
Sc. 11 | Hipolite demande à son père d’obliger Nicandre à l’épouser. | III, 12 des Deux frères. Il tente de convaincre le Sergent. | |
Acte III | |||
Sc. 1 | Ismène explique son plan au commissaire. | Le 2nd Nicandre est arrêté par l’ordre d’Hipolite. | |
Sc. 2 | Elle demande à Ragotin de porter le cartel à Nicandre. | Colère et incompréhensions du 2nd Nicandre. | |
Sc. 3 | Joie de Ragotin car il croit se venger. | V, 1 des Deux frères. Crispin et le 2nd Nicandre en prison. | |
Sc. 4 | Ragotin donne le cartel au 1er Nicandre. | Philippin apporte une lettre au 2nd Nicandre de la part d’Ismène. | |
Sc. 5 | Joie de Nicandre en pensant à sa future entrevue avec Hipolite. | Le 2nd Nicandre demande au geôlier s’il connaît Horace et part lui écrire une lettre pour qu’il les fasse sortir de prison. | |
Sc. 6 | Reproches et colère de Jacinte envers le 1er Nicandre. | V, 2 des deux frères. Crispin pense que Nicandre est jaloux. | |
Sc. 7 | Eutrope capture le 1er Nicandre. | V, 3 des Deux frères. Ismène interroge Crispin. | |
Sc. 8 | Isidore vient l’aider et reconnaît son ancien ami, le 1er Nicandre s’échappe et se réfugie chez Hipolite. | V, 4 des Deux frères. Le 1er Nicandre réaffirme aimer Hipolite. | |
Sc. 9 | Robin fait tomber Eutrope et Isidore, le 2nd Nicandre se cache chez Hipolite. | Arrivée d’Hipolite, le 1er Nicandre lui dit qu’il l’aime. | |
Sc. 10 | Eutrope et Isidore décident de faire arrêter Robin. | V, 12 des Deux frères. Dénouement. | |
Sc. 11 | Arrestation de Robin. | ||
Sc. 12 | Il tente de convaincre le Sergent de le laisser partir. | ||
Acte IV | |||
Sc. 1 | Déclaration du 1er Nicandre à Hipolite. | ||
Sc. 2 | Robin s’est échappé de prison, il rencontre le 1er Nicandre qui lui dit que tout est réglé. | ||
Sc. 3 | Interrogations de Robin. | ||
Sc. 4 | Il rencontre Jacinte. | ||
Sc. 5 | Puis le 2nd Nicandre. | ||
Sc. 6 | Hipolite défend le 2nd Nicandre qui lui redit qu’il aime Ismène. | ||
Sc. 7 | Elle demande à Jacinte de faire emprisonner Nicandre. | ||
Sc. 8 | Ismène et Hipolite s’interrogent sur les sentiments de Nicandre. | ||
Sc. 9 | Ragotin annonce l’arrestation de Nicandre aux jeunes femmes et Jacinte fait de même. | ||
Sc. 10 | Ismène dévoile sa véritable identité à son père. | ||
Sc. 11 | Eutrope et Isidore veulent rétablir l’honneur de leurs filles. | ||
Acte V | |||
Sc. 1 | Robin et le 2nd Nicandre sont en prison. | ||
Sc. 2 | Robin croit que Nicandre est jaloux du gain qu’il va récolter en mendiant. | ||
Sc. 3 | Ismène le questionne sur les sentiments de son maître. | ||
Sc. 4 | Le 1er Nicandre réaffirme aimer Hipolite. | ||
Sc. 5 | Colère de Robin envers le 1er Nicandre. | ||
Sc. 6 | Incompréhensions de Robin. | ||
Sc. 7 | Il déclare son amour à Jacinte et lui certifie que Nicandre est amoureux d’Hipolite. | ||
Sc. 8 | Robin et Jacinte rassurent Hipolite. | ||
Sc. 9 | Le 2nd Nicandre déclare aimer Ismène devant Hipolite. | ||
Sc. 10 | Arrivée d’Isidore. | ||
Sc. 11 | Arrivée d’Ismène, d’Eutrope et de Ragotin. | ||
Sc. 12 | Entrée du 1er Nicandre, tous les problèmes sont résolus. Retrouvailles et réconciliations. |
Les modifications §
La pièce débute exactement de la même façon que la précédente mais on s’aperçoit rapidement des changements de vocabulaire, les expressions recherchées comme « faire la sainte sucrée », « tenir son bon bout », « ficher la colle » ou encore « enfiler la venelle » sont simplifiées, voire le plus souvent effacées. La suppression du personnage d’Isidore confirme cette volonté d’épuration de la langue dramatique. Son rôle ne fait pas avancer l’action et se révèle par conséquent inutile, il entraîne la suppression de son double, Eutrope.
Boursault nous précise dans son argument nécessaire qu’il a négligé les derniers détails lors de l’impression de la pièce. Ainsi, la liaison entre les actes n’est pas soignée, durant les entr’actes la tradition veut qu’il se passe quelque chose et un personnage qui termine un acte ne doit pas ouvrir celui qui suit. Or Philippin ferme l’acte I par ses vociférations et débute l’acte II en expliquant les évènements qui se sont déroulés durant l’entr’acte. Désormais, il est au service d’Ismène, Boursault n’a pas respecté la tradition car il aurait dû placer devant le public un autre acteur.
Au niveau de l’appellation des personnages, les noms des valets sont modifiés. Robin devient Crispin, et Ragotin est remplacé par Philipin. Cette transformation est peut-être due aux changements exigés par la troupe des comédiens de l’Hôtel de Bourgogne qui a réadaptée la pièce pour la représentation. Lors de ses modifications, Boursault a alors rétabli les noms des personnages en fonction des rôles attribués habituellement aux comédiens. Sophie Wilma Deierkauf-Holsboer nous précise dans son analyse que le rôle de Crispin était interprété par Raymond Poisson, dit Belleroche. En effet, c’est Belleroche qui a créé le personnage de Crispin au théâtre en associant la bouffonnerie et l’habileté. Philipin possède une fonction burlesque davantage prononcée, ce personnage se caractérise le plus souvent par sa couardise grotesque et était habituellement joué par Claude Deschamps, dit de Villiers. Les deux rôles ont des connotations farcesques évidentes.
La psychologie des personnages est également modifiée, on relève une atténuation de la rivalité entre les deux jeunes femmes. Hipolite subit moins d’outrages que dans Les Deux frères gémeaux. Boursault choisit d’accentuer le désespoir d’Ismène en augmentant le temps de la séparation entre les deux amants. Six mois se sont écoulés depuis que Nicandre est parti alors que dans la première version, seulement deux mois sont passés. De plus, Nicandre n’a pas donné d’explication à Ismène sur son départ :
L’inconstant me quitta, je m’en vis méprisée,Et six mois sont passez sans que rien de sa partM’ait appris le sujet qui causa son départ.Je le cherche par tout, j’ay sur moy sa promesse,Et je veux l’arracher à toute autre Maitresse47.
Boursault accentue ainsi le désespoir de la jeune femme, il lui fait également écrire une lettre à Nicandre à la scène 4 du dernier acte48 qui prouve sa douleur. De plus, cette seconde version insiste davantage sur la restitution de l’honneur, Jacinte est agacée par cette valeur qui diminue les actions de sa maîtresse : « Hé mon Dieu, vostre honneur, ce n’est pas si grand chose49. »
Au point de vue du respect des unités, cette pièce enfreint la loi des vingt-quatre heures. À son arrivée en prison, Crispin rejoint son maître arrêté depuis peu, il confond alors l’emprisonnement du second Nicandre avec celle de son frère, qui s’est déroulée « hyer » :
On m’a dit comme chose certaine,Qu’on vous a prit finement dans le Cours de la ReyneDés hier50.
Selon Crispin, l’action se déroule alors en l’espace de deux jours.
De nombreuses informations sont ajoutées au fil du texte, Boursault a voulu éclairer son lecteur sur les points restés obscurs de la première version. Mais paradoxalement il ne s’est pas préoccupé du travail de l’imprimeur qui a glissé dans le texte des coquilles pourtant évidentes. Certaines répliques sont collées à gauche alors qu’elles devraient respecter la tradition de prosodie des alexandrins (voir aux vers 2, 234, 429 et 594) et s’aligner avec un décalage pour montrer qu’il s’agit bien du même vers. Nous avons relevé les autres coquilles dans la liste des rectifications du texte.
Édition des Deux frères gémeaux ou les menteurs qui ne mentent point §
Établissement du texte §
Nous avons suivi le texte de l’édition originale, disponible à la Bibliothèque nationale de France sous la cote Yf 3758, appartenant à un recueil factice.
Nicolas Pépingué, Thomas Jolly, Guillaume de Luynes et Gabriel Quinet se sont partagés le privilège mais a priori un seul tirage a été fait. Il existe quatre autres exemplaires de la même édition en format in 12 :
- – édité par Gabriel Quinet, cet exemplaire (Yf 4868) est disponible en ligne (http://gallica.bnf.fr) mais la numérotation des pages et l’organisation des feuillets sont aberrantes, il fait parti lui aussi d’un recueil factice ;
- – à la bibliothèque de l’Arsenal, on trouve un autre exemplaire sous la cote Rf 5578 mais qui est incomplet (116 p., éd. Gabriel Quinet) ;
- – disponible à la bibliothèque Mazarine (éd. Thomas Jolly), celui-ci fait parti d’un recueil factice de comédies dont la cote est 42 123. Les pages 113 à 116 sont remplacées par les pages 101 à 105 ;
- – le dernier exemplaire est conservé en Suisse, au Château d’Oron, (LFB 87 - éd. Thomas Jolly) mais nous ne l’avons pas consulté.
Description du volume §
Le volume que nous avons pris pour base se présente sous la forme suivante :
1 vol [VI] 120 p. - in 12° (avec erreur pour la page 70 écrite 60).
[I] LES / DEUX FRERES / GEMEAUX, / OU / LES MENTEURS / QUI NE MENTENT POINT. / COMEDIE / [fleuron du libraire] /A PARIS, / chez THOMAS JOLLY, au Palais, dans la petite / Salle des Merciers, à la Palme & aux / Armes d’Hollande. / [Trait de séparation] / M. DC. LXV. / AVEC PRIVILEGE DU ROY.
[II] Verso blanc
[III] Extraict du Privilège du Roy
[IV] Verso blanc
[V] Personnages
[VI] Verso blanc
1-120 Texte de la pièce
Principes d’annotations communs aux deux versions §
En raison de l’intérêt historique de la graphie, nous avons conservé celle de l’imprimeur de 1665, mais une modernisation nous est parue nécessaire dans le cas du ƒ qui a été remplacé par –s. Dans le but de faciliter la lecture, v et u, ainsi que i et j, initialement confondus, ont été distingués. Dans cette même optique, le tilde (~) a été remplacé par la consonne correspondante, -n ou –m selon les cas. Les majuscules ont été rétablies quand cela était nécessaire.
Lorsque un mot difficile apparaît à plusieurs reprises dans le texte, il est alors noté par un astérisque qui renvoie au lexique situé à la fin de l’ouvrage. Les notes en bas de page expliquent un point précis qui pourrait poser problème et servent à éclaircir le texte pour une meilleure compréhension grammaticale, lexicale et linguistique.
Chaque définition est suivie des initiales entre parenthèses du dictionnaire ou du précis de grammaire utilisé, elles correspondent aux différents ouvrages qui nous ont servi d’instruments de travail cités dans la bibliographie.
Nous avons uniformisé les points de suspensions conformément à la graphie traditionnelle du XXIe siècle et ajouté une virgule aux vers 84 et 1386 dans le but de faciliter la lecture du texte. Nous avons toutefois conservé la ligature -&- et gardé la graphie ainsi que la ponctuation originales.
Rectifications §
Nous avons rétabli l’accent diacritique pour distinguer « à » et « a », l’accent a été rajouté aux vers 1322 (a sa flâme) et supprimé au vers 1592 (on vous à cru). Nous avons également distingué « où » conjonction de subordination et « ou » adverbe, l’accent est ajouté au vers 448, et supprimé aux vers 482, 483 et 1230.
Nous avons corrigé les éventuelles coquilles et les oublis de l’auteur :
Liste des personnages : durans
v. 7 : qui l’a comble d’ennuy
v. 22 : appperçois
v. 225 : cataplame
v. 256 : me remets
v. 309 : vien
v. 479 : aura-t’elle tout prest
II, 9 : ISMENE.
v. 563 : vo9
v. 615 : le coups
v. 696 : artendu
v. 702 : tu ne doute
v. 734 : pevatre
v. 738 : vo9
v. 759 : Appetez-vous
v.762 : qu’il le rende
v. 819 : ose-tu nous choquer
v. 849 : toutes choses réponde
v. 973 : l’orgne
v. 979 : Cy
v. 981 : faudra-t’il point
v. 1030 : telles
v. 1034 : ta carongne
IV, 5 : Le 2 NICANDRE
IV, 6 : NICANDRE . à Hipolite
v. 1102 : grace,
v. 1112 : à voç expliquer
v. 1278 : ou ferre la mule
v. 1281 : l’on y
v. 1304 : cy
v. 1313 : N’a-t’il point de regret
v. 1433 : en a-t’il l’ame atteinte
v. 1440 : Ayme-t’il Hipolite
v. 1582 : besongne
v. 896, 1519, 1577 : Nicander
LES DEUX FRERES GEMEAUX, OU LES MENTEURS QUI NE MENTENT POINT.
COMEDIE. §
PERSONNAGES. §
- ISIDORE, homme Sçavant, Pere d’Hipolite.
- EUTROPE, Pere d’Ismene.
- HIPOLITE, Parisienne, Amoureuse du premier Nicandre.
- JACINTE, Suivante d’Hipolite.
- ISMENE, Lyonnoise, vestuë en homme, Amante du second Nicandre.
- Le premier NICANDRE, Amant d’Hipolite.
-
Le second NICANDRE,
Amant d’Ismène.
Freres Gemeaux*, qui se ressemblent si fort, qu’on les prend à tous moments l’un pour l’autre, & qui se rencontrent fortuitement à Paris, sans que l’un ny l’autre le sçache ; où ils s’habillent par hazard tous deux d’une mesme façon. - ROBIN, Valet du second Nicandre.
- RAGOTIN, Valet du premier Nicandre durant le premier Acte, puis Valet d’Ismene.
- UN COMMISSSAIRE.
- UN SERGENT du Chastelet.
- DES ARCHERS muëts.
ACTE PREMIER. §
SCENE PREMIERE. §
HIPOLITE.
JACINTE.
HIPOLITE.
JACINTE.
HIPOLITE.
HIPOLITE
JACINTE
HIPOLITE
JACINTE
HIPOLITE
JACINTE
SCENE II. §
Le premier NICANDRE.
RAGOTIN.
Comme elle parle, écoutez,JACINTE.
Le premier NICANDRE.
JACINTE.
Le premier NICANDRE.
Le premier NICANDRE, à Ragotin.
RAGOTIN.
Le premier NICANDRE.
RAGOTIN.
Le premier NICANDRE.
RAGOTIN.
Le premier NICANDRE.
Le premier NICANDRE.
RAGOTIN.
Le premier NICANDRE.
RAGOTIN s’en allant.
SCENE III. §
HIPOLITE
Le premier NICANDRE.
HIPOLITE.
JACINTE.
JACINTE.
Le premier NICANDRE.
HIPOLITE.
JACINTE.
Dame, ô Dieux, je ne puisLe premier NICANDRE.
HIPOLITE.
Le premier NICANDRE.
HIPOLITE.
JACINTE.
HIPOLITE.
Le premier NICANDRE.
HIPOLITE.
Le premier NICANDRE.
JACINTE.
Le premier NICANDRE.
JACINTE.
Le premier NICANDRE.
JACINTE.
Le premier NICANDRE.
JACINTE.
Le premier NICANDRE.
JACINTE.
Le premier NICANDRE.
Le premier NICANDRE.
JACINTE.
Le premier NICANDRE.
JACINTE.
Le premier NICANDRE.
JACINTE.
HIPOLITE à Jacinte.
HIPOLITE.
Le premier NICANDRE.
Le premier NICANDRE.
HIPOLITE.
Le premier NICANDRE.
SCENE IV. §
HIPOLITE.
JACINTE.
HIPOLITE.
HIPOLITE.
JACINTE.
HIPOLITE.
JACINTE.
HIPOLITE.
JACINTE.
SCENE V. §
ISMENE vestuë en homme.
HIPOLITE.
ISMENE.
JACINTE.
ISMENE.
HIPOLITE.
ISMENE, bas.
HIPOLITE. [12]
ISMENE à Jacinte.
JACINTE.
ISMENE.
JACINTE.
ISMENE.
HIPOLITE.
ISMENE.
HIPOLITE.
JACINTE.
HIPOLITE.
ISMENE.
HIPOLITE.
ISMENE.
JACINTE à Hipolite.
HIPOLITE.
JACINTE.
HIPOLITE.
ISMENE.
SCENE VI. §
JACINTE.
HIPOLITE.
JACINTE.
HIPOLITE. [15]
JACINTE.
SCENE VII. §
HIPOLITE en raillant*.
Le second NICANDRE.
HIPOLITE.
Le second NICANDRE.
HIPOLITE.
ROBIN.
Le second NICANDRE.
[p. 16]Le second NICANDRE.
HIPOLITE.
Le second NICANDRE.
HIPOLITE.
JACINTE.
Un valet vousLe second NICANDRE.
HIPOLITE.
ROBIN.
HIPOLITE.
Le second NICANDRE.
HIPOLITE.
Le second NICANDRE.
ROBIN.
Le second NICANDRE.
ROBIN appelle son Maistre au coin du Theatre.
Le second NICANDRE.
ROBIN.
JACINTE.
Le second NICANDRE.
Le second NICANDRE.
HIPOLITE.
Le second NICANDRE.
HIPOLITE.
SCENE VIII. §
Le second NICANDRE arreste Jacinte, & luy dit.
JACINTE.
Le second NICANDRE.
JACINTE.
Le second NICANDRE.
JACINTE.
SCENE IX. §
ROBIN.
Le second NICANDRE.
ROBIN.
Le second NICANDRE.
ROBIN.
Le second NICANDRE.
ROBIN.
Le second NICANDRE.
ROBIN.
Le second NICANDRE.
ROBIN.
[p. 21]Le second NICANDRE.
ROBIN.
Le second NICANDRE.
[p. 22]ROBIN.
Le second NICANDRE.
ROBIN.
Le second NICANDRE.
ROBIN.
Le second NICANDRE.
ROBIN revient sur ses pas.
Le second NICANDRE.
SCENE X. §
RAGOTIN.
Le second NICANDRE.
RAGOTIN.
Le second NICANDRE.
RAGOTIN.
Le second NICANDRE.
RAGOTIN.
Le second NICANDRE.
RAGOTIN.
Le second NICANDRE.
Le second NICANDRE.
RAGOTIN.
Le second NICANDRE.
RAGOTIN.
Le second NICANDRE.
RAGOTIN.
Le second NICANDRE.
Je commence à beaucoup m’Le second NICANDRE.
RAGOTIN.
HéLe second NICANDRE
RAGOTIN.
Le second NICANDRE.
RAGOTIN.
Le second NICANDRE.
RAGOTIN.
Le second NICANDRE.
RAGOTIN.
Le second NICANDRE.
SCENE XI. §
RAGOTIN seul.
Fin du premier Acte.
ACTE II. §
SCENE PREMIERE. §
Le premier NICANDRE seul.
SCENE II. §
ISMENE en habit d’homme.
Le premier NICANDRE.
ISMENE.
Le premier NICANDRE.
Le premier NICANDRE.
ISMENE.
Le premier NICANDRE.
ISMENE.
Le premier NICANDRE.
ISMENE.
Le premier NICANDRE.
ISMENE.
Le premier NICANDRE.
ISMENE.
Le premier NICANDRE.
Le premier NICANDRE.
ISMENE.
Le premier NICANDRE.
ISMENE.
Le premier NICANDRE.
ISMENE.
Le premier NICANDRE.
ISMENE.
Le premier NICANDRE.
Le premier NICANDRE.
ISMENE.
Le premier NICANDRE.
ISMENE.
Le premier NICANDRE.
ISMENE.
SCENE III. §
Le premier NICANDRE seul.
SCENE IV. §
Le premier NICANDRE.
JACINTE.
Le premier NICANDRE.
JACINTE.
Le premier NICANDRE.
JACINTE.
Le premier NICANDRE.
JACINTE.
Le premier NICANDRE l’arrestant.
JACINTE.
Le premier NICANDRE.
JACINTE.
Le premier NICANDRE.
JACINTE.
Le premier NICANDRE.
JACINTE.
Le premier NICANDRE.
Le premier NICANDRE.
JACINTE.
Le premier NICANDRE.
JACINTE.
Le premier NICANDRE.
JACINTE.
Le premier NICANDRE.
Le premier NICANDRE.
JACINTE.
Le premier NICANDRE.
JACINTE.
Le premier NICANDRE.
JACINTE.
SCENE V. §
Le premier NICANDRE seul.
SCENE VI. §
ROBIN.
ROBIN.
Le premier NICANDRE.
ROBIN.
Le premier NICANDRE.
[p. 36]ROBIN.
Le premier NICANDRE.
ROBIN.
Le premier NICANDRE.
ROBIN.
Le premier NICANDRE.
ROBIN.
Le premier NICANDRE.
ROBIN.
Le premier NICANDRE.
Le premier NICANDRE.
ROBIN.
Le premier NICANDRE.
ROBIN.
Le premier NICANDRE.
ROBIN.
Le premier NICANDRE.
ROBIN.
Le premier NICANDRE.
ROBIN.
Le premier NICANDRE, en s’en allant.
Le premier NICANDRE.
SCENE VII. §
ROBIN seul.
SCENE VIII. §
[Le second NICANDRE]
ROBIN.
Le second NICANDRE.
ROBIN.
Le second NICANDRE.
ROBIN.
Le second NICANDRE.
ROBIN.
Le second NICANDRE.
ROBIN.
ROBIN.
Le second NICANDRE.
SCENE IX. §
JACINTE, sortant avec Hipolite.
Le second NICANDRE.
HIPOLITE à Nicandre.
Le second NICANDRE.
Le second NICANDRE.
JACINTE.
Le second NICANDRE.
JACINTE.
Le second NICANDRE.
JACINTE.
Le second NICANDRE.
[JACINTE.]
Le second NICANDRE.
ROBIN.
Le second NICANDRE.
ROBIN.
HIPOLITE à Jacinte.
[p. 43]JACINTE.
Le second NICANDRE.
ROBIN.
Le second NICANDRE.
ROBIN.
Le second NICANDRE.
ROBIN.
Le second NICANDRE.
ROBIN.
Le second NICANDRE.
ROBIN.
Le second NICANDRE.
Le second NICANDRE.
JACINTE.
HIPOLITE.
Le second NICANDRE.
HIPOLITE.
Le second NICANDRE.
HIPOLITE.
JACINTE.
ROBIN.
JACINTE.
ROBIN.
JACINTE luy donne un soufflet.
ROBIN.
JACINTE.
Le second NICANDRE.
ROBIN à Jacinte.
SCENE X. §
HIPOLITE.
JACINTE.
SCENE XI. §
HIPOLITE.
ISIDORE.
HIPOLITE.
ISIDORE à Jacinte.
JACINTE.
HIPOLITE.
HIPOLITE.
JACINTE.
ISIDORE.
HIPOLITE.
Fin du second Acte.
ACTE III. §
SCENE PREMIERE. §
ISMENE.
LE COMMISAIRE.
ISMENE.
[p. 50]LE COMMISSAIRE.
ISMENE.
LE COMMISSAIRE.
ISMENE.
SCENE II. §
RAGOTIN.
ISMENE.
RAGOTIN.
ISMENE.
RAGOTIN.
ISMENE.
RAGOTIN.
ISMENE.
RAGOTIN.
ISMENE.
RAGOTIN.
ISMENE.
RAGOTIN. [53]
ISMENE.
RAGOTIN.
ISMENE.
RAGOTIN.
Dites-moy donc sans donner deISMENE.
RAGOTIN.
ISMENE.
RAGOTIN.
ISMENE.
RAGOTIN.
RAGOTIN.
ISMENE.
SCENE III. §
SCENE IV. §
Le premier NICANDRE.
Le premier NICANDRE.
RAGOTIN.
Le premier NICANDRE.
Le premier NICANDRE.
RAGOTIN.
RAGOTIN.
Le premier NICANDRE.
RAGOTIN.
Le premier NICANDRE lit.
RAGOTIN.
Le premier NICANDRE.
RAGOTIN.
[p. 57]Le premier NICANDRE.
RAGOTIN.
Le premier NICANDRE.
RAGOTIN.
SCENE V. §
Le premier NICANDRE seul.
SCENE VI. §
JACINTE.
Le premier NICANDRE.
JACINTE.
Le premier NICANDRE.
JACINTE.
Le premier NICANDRE.
JACINTE.
Le premier NICANDRE.
SCENE VII. §
EUTROPE.
JACINTE.
EUTROPE.
JACINTE.
Le premier NICANDRE à Jacinte.
EUTROPE.
JACINTE appelle à une fenestre.
Le premier NICANDRE.
SCENE VIII. §
JACINTE.
EUTROPE.
Le premier NICANDRE. [F, 61]
JACINTE.
EUTROPE.
Le premier NICANDRE.
ISIDORE en bas.
JACINTE.
Le premier NICANDRE tenu par les deux bras.
EUTROPE.
EUTROPE.
ISIDORE.
EUTROPE.
ISIDORE.
EUTROPE.
ISIDORE.
EUTROPE.
EUTROPE.
Le premier NICANDRE.
SCENE IX. §
ROBIN chargé d’une Valise.
EUTROPE.
Le second NICANDRE.
SCENE X. §
EUTROPE.
ROBIN.
EUTROPE.
ISIDORE.
ROBIN.
ROBIN.
EUTROPE.
ROBIN.
ISIDORE.
ROBIN.
SCENE XI. §
ROBIN.
LE SERGENT.
ROBIN.
JACINTE.
ISIDORE.
EUTROPE.
EUTROPE.
ROBIN.
EUTROPE.
ROBIN à Isidore.
ISIDORE.
ROBIN à Jacinte.
JACINTE.
ROBIN.
JACINTE.
ROBIN.
JACINTE.
LE SERGENT.
EUTROPE.
ROBIN.
JACINTE.
ISIDORE.
EUTROPE.
JACINTE.
LE SERGENT saisissant Robin.
ROBIN.
EUTROPE.
ROBIN.
ISIDORE au Sergent.
EUTROPE.
SCENE XII. §
ROBIN au Sergent.
LE SERGENT.
ROBIN.
LE SERGENT.
ROBIN.
Fin du troiziesme Acte.
ACTE IV. §
SCENE PREMIERE. §
HIPOLITE.
Le premier NICANDRE.
HIPOLITE.
Le premier NICANDRE.
Le premier NICANDRE.
HIPOLITE.
Le premier NICANDRE.
HIPOLITE retourne sur ses pas.
Le premier NICANDRE.
SCENE II. §
ROBIN avec une Bouteille à la main.
Le premier NICANDRE.
ROBIN.
Le premier NICANDRE.
ROBIN. [75]
Le premier NICANDRE.
ROBIN.
Le premier NICANDRE.
ROBIN.
Le premier NICANDRE.
ROBIN.
Le premier NICANDRE.
ROBIN.
Le premier NICANDRE.
ROBIN.
Le premier NICANDRE.
Le premier NICANDRE.
SCENE III. §
ROBIN seul.
SCENE IV. §
ROBIN.
JACINTE.
JACINTE.
ROBIN.
JACINTE.
ROBIN.
JACINTE.
ROBIN.
SCENE V. §
Le second NICANDRE sortant de la maison d’Isidore.
JACINTE appercevant tout à coup Nicandre.
Le second NICANDRE.
ROBIN.
Le second NICANDRE à Jacinte.
Le second NICANDRE.
JACINTE arrestant Nicandre par le bras.
JACINTE.
Le second NICANDRE.
ROBIN à Nicandre.
Le second NICANDRE.
ROBIN.
Le second NICANDRE.
ROBIN.
Le second NICANDRE.
ROBIN.
Le second NICANDRE.
JACINTE.
SCENE VI. §
JACINTE.
HIPOLITE.
JACINTE.
ROBIN.
JACINTE.
ROBIN.
Le second NICANDRE.
HIPOLITE.
Le second NICANDRE.
ROBIN.
Le second NICANDRE.
ROBIN.
Le second NICANDRE.
Le second NICANDRE à Hipolite.
HIPOLITE.
ROBIN à Nicandre.
JACINTE à Hipolite.
ROBIN.
Le second NICANDRE.
ROBIN.
Le second NICANDRE.
ROBIN à Hipolite.
HIPOLITE.
Le second NICANDRE.
HIPOLITE.
Le second NICANDRE.
HIPOLITE.
Le second NICANDRE.
HIPOLITE.
ROBIN à Nicandre.
Le second NICANDRE.
ROBIN.
Vous en venez, vous devez le sçavoir.HIPOLITE.
Le second NICANDRE.
HIPOLITE.
Le second NICANDRE.
HIPOLITE.
Le second NICANDRE.
HIPOLITE.
Le second NICANDRE.
SCENE VII. §
HIPOLITE.
JACINTE.
HIPOLITE.
SCENE VIII. §
ISMENE revenant du Cours, où elle a fait saisir le premier Nicandre.
ISMENE.
HIPOLITE.
ISMENE.
HIPOLITE.
ISMENE.
HIPOLITE.
ISMENE.
HIPOLITE.
ISMENE.
HIPOLITE.
HIPOLITE.
SCENE IX. §
ISMENE avec beaucoup de fierté.
HIPOLITE avec beaucoup de fierté.
RAGOTIN à Ismene parlant du premier Nicandre.
JACINTE à Hipolite parlant du second Nicandre.
RAGOTIN.
JACINTE.
RAGOTIN.
JACINTE.
RAGOTIN.
JACINTE.
HIPOLITE à Ismene.
ISMENE.
HIPOLITE.
ISMENE.
HIPOLITE.
ISMENE.
HIPOLITE.
ISMENE.
HIPOLITE.
ISMENE.
HIPOLITE.
RAGOTIN.
JACINTE.
JACINTE.
RAGOTIN.
JACINTE.
RAGOTIN.
JACINTE.
RAGOTIN.
JACINTE.
RAGOTIN.
JACINTE.
SCENE X. §
ISIDORE.
ISMENE.
RAGOTIN.
ISMENE.
RAGOTIN.
ISMENE.
ISIDORE à Jacinte.
JACINTE.
ISMENE.
RAGOTIN à Ismene.
EUTROPE.
ISMENE.
EUTROPE.
RAGOTIN à Ismene.
ISMENE à Eutrope.
HIPOLITE à Isidore.
ISIDORE.
HIPOLITE.
ISMENE.
[p. 93]EUTROPE.
ISIDORE.
HIPOLITE à Ismène.
ISMENE.
JACINTE à Ismene.
JACINTE.
Adieu donc filleRAGOTIN à Jacinte.
JACINTE.
RAGOTIN.
Fin du quatriesme Acte.
ACTE V. §
SCENE PREMIERE. §
Le second NICANDRE.
ROBIN.
Le second NICANDRE.
ROBIN.
ROBIN.
Le premier NICANDRE.
ROBIN.
Le second NICANDRE.
ROBIN.
Le second NICANDRE.
ROBIN.
Le second NICANDRE.
ROBIN.
[p. I, 97]Le second NICANDRE.
ROBIN.
Le second NICANDRE.
ROBIN.
Le second NICANDRE.
SCENE II. §
ROBIN seul.
SCENE III. §
ROBIN.
ISMENE.
ROBIN.
ISMENE.
ROBIN.
ISMENE.
ROBIN.
ISMENE.
ISMENE.
ROBIN.
ISMENE.
ROBIN.
ISMENE.
ROBIN parlant des Louys qu’il ne peut avoir.
ROBIN parlant des Louys.
ISMENE.
ROBIN parlant de Louys.
ISMENE.
ROBIN songeant à ce qu’Ismene dit.
Le premier NICANDRE, à une fenestre grillée.
ROBIN.
Le premier NICANDRE.
Le premier NICANDRE.
ROBIN
Le premier NICANDRE.
ROBIN.
Le premier NICANDRE.
ROBIN.
Le premier NICANDRE.
ROBIN.
Le premier NICANDRE
ISMENE à Robin.
SCENE IV. §
ISMENE.
Le premier NICANDRE.
ISMENE.
Le premier NICANDRE.
ROBIN à Nicandre.
Le premier NICANDRE.
Le premier NICANDRE.
ROBIN.
ISMENE.
Le premier NICANDRE.
ROBIN.
Le premier NICANDRE.
ISMENE.
[p. 104]Le premier NICANDRE.
ISMENE.
Le premier NICANDRE.
ROBIN.
ISMENE.
Le premier NICANDRE.
ISMENE.
SCENE V. §
ROBIN.
Le premier NICANDRE.
ROBIN.
Le premier NICANDRE.
SCENE VI. §
ROBIN seul.
Et toy, le Bourreau te décoleSCENE VII. §
ROBIN appercevant Jacinte.
JACINTE.
ROBIN.
JACINTE.
ROBIN.
JACINTE.
ROBIN.
JACINTE.
ROBIN.
JACINTE.
ROBIN.
JACINTE.
ROBIN.
ROBIN.
La DôneJACINTE.
ROBIN.
SCENE VIII. §
JACINTE.
HIPOLITE.
ROBIN.
HIPOLITE.
ROBIN.
JACINTE.
ROBIN.
SCENE IX. §
Le second NICANDRE.
ROBIN.
Le second NICANDRE.
ROBIN à Jacinte.
JACINTE.
HIPOLITE.
Le second NICANDRE.
JACINTE.
JACINTE.
ROBIN.
JACINTE.
JACINTE.
ROBIN.
HIPOLITE.
Le second NICANDRE.
HIPOLITE.
ROBIN.
Le second NICANDRE.
ROBIN.
HIPOLITE.
JACINTE.
HIPOLITE.
Le second NICANDRE.
JACINTE à Robin.
ROBIN.
HIPOLITE.
Le second NICANDRE.
HIPOLITE.
JACINTE.
SCENE X. §
HIPOLITE.
SCENE XI. §
ISMENE.
HIPOLITE.
Le second NICANDRE à Eutrope.
ISMENE.
Le second NICANDRE.
ROBIN.
Le second NICANDRE.
ISMENE.
ROBIN.
HIPOLITE à Isidore.
EUTROPE.
ISMENE.
HIPOLITE.
Le second NICANDRE.
HIPOLITE.
ISMENE.
Le second NICANDRE.
ISMENE.
Le second NICANDRE.
ISMENE.
Le second NICANDRE.
JACINTE.
RAGOTIN.
ROBIN.
ROBIN.
Le second NICANDRE.
ROBIN.
Le second NICANDRE.
ROBIN.
SCENE DERNIERE. §
Le premier NICANDRE.
ROBIN.
Le second NICANDRE.
Le second NICANDRE.
Le premier NICANDRE.
Le second NICANDRE.
Le premier NICANDRE.
ROBIN.
ISMENE.
HIPOLITE.
Le premier NICANDRE.
Le second NICANDRE à Ismene.
ISMENE.
Le premier NICANDRE.
JACINTE.
[p. 119]ROBIN.
Le second NICANDRE.
Le premier NICANDRE.
Le second NICANDRE.
ISMENE.
HIPOLITE.
EUTROPE.
ISIDORE.
Le premier NICANDRE.
JACINTE.
ROBIN.
JACINTE.
ROBIN.
JACINTE.
ROBIN.
JACINTE.
ROBIN.
JACINTE.
ROBIN aux deux Nicandres.
FIN.
Extraict du privilege du Roy. §
Par Grace et Privilege du Roy, donné à Paris le dernier Octobre 1664. Signé, Par le Roy en son Conseil, GUITONNEAU. Il est permis à Nicolas Pepingué, Imprimeur et Marchand Libraire à Paris, d’imprimer, faire imprimer, vendre et debiter une Piece de Theatre, intitulée, Les Deux Freres Gemeaux, ou les Menteurs qui ne mentent point, pendant le temps & espace de sept années, à commencer du jour que ladite Piece sera achevée d’imprimer pour la premiere fois ; Et deffenses sont faites à toutes personnes de quelque qualité & condition qu’elles soient, d’imprimer, ny faire imprimer, vendre & debiter ladite Piece sans le consentement de l’Exposant, ou de ceux qui auront droict de luy, à peine de trois mil livres d’amende, confiscation des exemplaires, despens, dommages & interests, ainsi que plus au long il est porté audit Privilege.
Et ledit N. Pepingué a associé audit present Privilege Thomas Jolly, Guillaume de Luynes, & Gabriel Quinet, pour en joüir suivant l’accord fait entr’eux.
Registré sur le Livre de la Communauté, suivant l’Arrest de la Cour. Signé E. MARTIN, Syndic.
Achevé d’imprimer pour la premiere fois
Le 5. Decembre 1664.
Les Exemplaires ont esté fournis.