M. DC. LXXXXIV.
Extrait du Privilège du Roi. §
Par lettres patentes du Roi, données à Paris le vingt-neuvième jour de juillet 1693. Signé BOUCHER ; il est permis au sieur Boursault, de faire imprimer par tel libraire ou imprimeur qu’il voudra choisir, une pièce de sa composition intitulée Les Mots à la Mode, pendant le temps et espace de huit années, à compter du jour qu’elle sera achevée d’imprimer : avec défenses à tous libraires, imprimeurs et autres, d’imprimer, faire imprimer, vendre ni débiter ladite Comédie, sous quelque prétexte que ce soit, même ’impression étrangère sans le consentement dudit exposant ou de ses ayant cause, à peine de confiscation des exemplaires contrefaits, de trois mille livres d’amende, et de tous dépens, dommages et intérêts, ainsi qu’il est plus au long porté par lesdites lettres.
Registré sur le livre de la communauté des libraires et imprimeurs de Paris, le 26 septembre 1693.
Signé, P. AUBOUYN, Syndic.
Et le dit sieur Boursault a cédé au sieur J. Guignard le droit qu’il a au présent privilège, suivant l’accord fait entre eux.
MONSIEUR, §
Le plaisir que vous avez eu à voir représenter cette petite Comédie, m’en a fait un si grand, que j’ai cru ne me pouvoir mieux acquitter de la grâce dont je vous suis redevable, qu’en vous en demandant une nouvelle. C’est, MONSIEUR, d’avoir autant d’indulgence à sa lecture que vous en eûtes à sa représentation ; et de ne me pas dire comme ce Prince a qui l’Arioste dédia ses oeuvres : Dove, diavolo, hai radunato tante coionarie ? Pour mettre dans leur jour toutes les extravagances de la mode, et toute l’impertinence des faux nobles j’ai été contraint de faire tant de caractères ridicules, que le mien, peut-être, n’est pas celui qui l’aura été le moins. Je m’en console, puisque vous y avez, pris du plaisir ; et je mets au nombre de mes bonnes aventures celle d’avoir diverti quelques moments un aussi galant homme que Vous l’êtes, qui n’est étranger en aucun endroit qu’il aille, et qui fait la délicatesse de toutes les langues de l’Europe, comme s’il était ni dans toutes les Cours où il s’est trouvé. Celle de France où l’on peut dire que cette délicatesse règne plus souverainement que dans aucune autre, a été surprise de vous entendre parler son langage avec plus de politesse que beaucoup de ceux qui la composent : et sans les intérêts dont votre Sérénissime République se repose sur votre capacité, et que vous soutenez, avec autant de fidélité que d’intelligence, le Roi même, qui jamais ne se méprend, vous eut pris pour un de ses Sujets. Je ne sais, MONSIEUR, de quel oeil une personne qui arrange ses mots avec une fi grande justesse, en verra ici de si bizarrement placés : mais je sais bien que je ne puis faire plus de honte aux François qui corrompent la pureté de leur langue naturelle par des expressions non seulement forcées, mais odieuses, qu’en la leur faisant voir parfaitement épurée dans la bouche d’un homme a qui elle est étrangère. Un Ancien disait, que savoir dans sa perfection la langue de son pays n’était pas un grand sujet de louange, mais que l’ignorer était un grand sujet de blâme : S’il ne Vous eût point donné d’éloge de ce que dans les moments de votre loisir Vous faites des vers où brillent toutes les grâces de la langue Italienne, il n’eût pu s’empêcher de vous en donner beaucoup de la facilité que Vous auriez à en faire en toutes sortes de langues, si le ciel qui Vous a fait naître pour les grandes choses ne Vous faisait préférer celles qui sont utiles à celles qui ne sont qu’agréables. Il est vrai, MONSIEUR, que c’est aux Ambassades glorieuses, aux négociations importantes, en un mot, au bien de votre Sérénissime République qu’un homme de votre mérite se doit tout entier : avec d’aussi heureuses dispositions que celles que vous avez, il n’y a point d’obstacles que votre courage ne surmonte point de difficultés que vos lumières n’aplanissent ; point de rang où la Noblesse de votre naissance ne puisse aspirer ; point d’emploi que la grandeur de votre génie ne puisse remplir. Celui que vous avez, auprès de Louis Le Grand, et dont vous vous acquittez, avec une satisfaction égale de l’État qui Vous envoie, et de celui ou Vous êtes envoyé, justifie assez, qu’il n’est rien dont vous ne soyez capable ; et si votre République vous a fait honneur en vous confiant ses intérêts auprès d’un si grand Monarque, vous ne lui en faites pas moins, puisqu’il avoue lui-même qu’elle ne pouvait faire un choix plus judicieux. Je n’ose, MONSIEUR, après un aveu qui vous est si glorieux, prendre la liberté de vous donner aucune louange : une bouche si auguste impose silence à toutes les autres ; et s’il m’est permis d’ouvrir encore la mienne, ce ne doit être que pour vous marquer avec combien de respect je suis,
Monsieur,
Votre très humble et très obéissant serviteur.
BOURSAULT.
AU LECTEUR. §
Un petit Livre intitulé, Les Mots à la Mode, que l’on vend chez Barbin, et qui a eu toute la réputation qu’il mérite, m’inspira la pensée de faire cette Comédie. Quelque débit que ce livre ait eu, je crus qu’il ne ferait pas tout l’effet que son Auteur s’était proposé, si l’on ne pesait un peu plus sur ceux qui se rendent ridicules par des façons de parler aussi extravagantes que les personnes qui ont l’impertinence de les inventer, et je ne doutai point que le théâtre étant un miroir plus grand que la boutique d’un libraire, ceux qui s’y verraient, ne s’aperçussent mieux de leurs défauts. Le succès a justifié ma pensée : le plaisir qu’on a pris, et qu’on prend encore tous les jours à voir cette bagatelle est une preuve que les portraits quoiqu’un peu outrés, y font ressemblants ; et qu’au moins les auditeurs y reconnaissent leurs voisins, si leur amour propre les empêche de s’y reconnaître eux-mêmes. Si cette pièce paraît un peu libre, ce n’est pas à moi qu’il s’en faut prendre; c’est aux libertés que l’on se donne, et qui vont si loin, qu’il semble qu’on se fasse un mérite de joindre l’effronterie au luxe par les noms odieux dont les femmes salissent leurs ajustements. Les vers que je mets dans la bouche du seul personnage raisonnable que j’y introduis, font assez connaître l’intention que j’ai eue ; et qu’en faisant rire, je cherche plus à corriger les moeurs qu’à les corrompre. Tout ce qu’on a prêché et tout ce qu’on a écrit contre le luxe des coiffures, effarouche et ne corrige point : la morale austère se fait moins aimer, qu’elle ne se fait craindre ; et qui veut qu’on profite de ses leçons, doit donner envie de les entendre. En un mot, il faut prendre l’âme par son faible, et tâcher de la conduire à la vertu par un chemin qui ne la rebute pas. Rien ne fait mieux revenir les gens du ridicule qu’ils ont, que de leur en faire dans autrui une peinture qui les divertisse : le plaisir qu’ils trouvent à s’en moquer, leur fait appréhender de donner le même plaisir à d’autres; et c’est un joug qui les arrête d’autant mieux, qu’il ne leur est imposé par personne. Je me flatte qu’il en sera ainsi des Mots à la Mode : ce qu’on sent de joie à voir jouer publiquement ceux qui les affectent deviendra un frein pour s’abstenir désormais de les redire ; et pour peu que le sexe ait encore de pudeur, il fera scrupule de la blesser par des termes dont il ne se peut servir sans faire soupçonner leur conduite. Le grand défaut de cette petite Comédie est que les auditeurs ne l’ont pas trouvée assez longue, ce qui m’a fait ajouter à l’impression plusieurs vers qui n’ont pas été dits sur le théâtre ; et qui, à ce que je crois, donneront une nouvelle satisfaction à ceux qui ont trouvé du plaisir à la voir représenter.
LES PERSONNAGES §
- MONSIEUR JOSSE, Noble, auparavant orfèvre.
- MADAME JOSSE, sa femme.
- NANNETTE, fille de Monsieur et de Madame Josse.
- BABET, fille de Monsieur et de Madame Josse.
- MONSIEUR BRICE, Avocat, frère de Madame Josse.
- MONSIEUR DU RUS, frère Noble, auparavant parfumeur.
- MONSIEUR DE L’ORME, frère Noble, auparavant parfumeur.
- MAROTE POUSSINEAU, fille d’un marchand.
- MADAME BRICE, bouchère, mère de Madame Josse.
- MONSIEUR GRIFFET, commissaire.
- NICODEME, jardinier.
- ADRIENNE, femme de Nicodème.
- NICOLE, servante.
- CHAMPAGNE, laquais.
- DES ARCHERS.
SCÈNE PREMIÈRE. Monsieur Josse, Monsieur Griffet. §
MONSIEUR JOSSE.
MONSIEUR GRIFFET.
MONSIEUR JOSSE.
MONSIEUR GRIFFET.
MONSIEUR JOSSE.
MONSIEUR GRIFFET.
MONSIEUR JOSSE.
MONSIEUR GRIFFET.
MONSIEUR JOSSE.
MONSIEUR GRIFFET.
MONSIEUR JOSSE.
MONSIEUR GRIFFET.
SCÈNE II. §
MONSIEUR JOSSE, seul.
SCÈNE III. Monsieur JOSSE, Madame JOSSE. §
MADAME JOSSE.
MONSIEUR JOSSE.
MADAME JOSSE.
MONSIEUR JOSSE.
MADAME JOSSE.
MONSIEUR JOSSE.
MADAME JOSSE.
MONSIEUR JOSSE.
MADAME JOSSE.
MONSIEUR JOSSE.
MADAME JOSSE.
MONSIEUR JOSSE.
MADAME JOSSE.
MONSIEUR JOSSE.
MADAME JOSSE.
1SCÈNE IV. Monsieur Josse, Madame Josse, Nannette, Babet. §
MONSIEUR JOSSE.
NANNETTE.
MONSIEUR JOSSE.
NANNETTE.
MONSIEUR JOSSE.
BABET.
MONSIEUR JOSSE.
NANNETTE.
BABET.
MONSIEUR JOSSE.
NANNETTE.
BABET.
MONSIEUR JOSSE.
NANNETTE.
BABET.
MONSIEUR JOSSE.
NANNETTE.
BABET.
MONSIEUR JOSSE.
BABET.
MONSIEUR JOSSE.
NANNETTE.
MONSIEUR JOSSE.
NANNETTE.
BABET.
NANNETTE.
BABET.
NANNETTE.
BABET.
NANNETTE.
BABET.
MONSIEUR JOSSE.
MADAME JOSSE.
MONSIEUR JOSSE.
MADAME JOSSE.
MONSIEUR JOSSE.
SCÈNE V. Madame Josse, Nannette, Babet. §
MADAME JOSSE.
BABET.
MADAME JOSSE.
NANNETTE.
MADAME JOSSE.
SCÈNE VI. Monsieur Brice, Madame Josse, Nannette, Babet. §
MADAME JOSSE.
MONSIEUR BRICE.
MADAME JOSSE.
MONSIEUR BRICE.
MADAME JOSSE.
MONSIEUR BRICE.
MADAME JOSSE.
MONSIEUR BRICE.
NANNETTE.
SCÈNE VII. Champagne, Madame Josse, Monsieur Brice, Nannete, Babet. §
CHAMPAGNE.
MADAME JOSSE.
CHAMPAGNE.
BABET.
MONSIEUR BRICE.
MADAME JOSSE.
MONSIEUR BRICE.
MADAME JOSSE, à ses filles.
SCÈNE VIII. Monsieur du Rus, Monsieur de l’Orme, Madame Josse, Monsieur Brice, Nannette, Babet. §
MADAME JOSSE.
MONSIEUR DU RUS.
MONSIEUR DE L’ORME.
NANNETTE.
MADAME JOSSE.
MONSIEUR DU RUS.
MONSIEUR DE L’ORME.
MONSIEUR DU RUS.
MADAME JOSSE.
MONSIEUR BRICE.
MONSIEUR DE L’ORME.
MONSIEUR BRICE.
MONSIEUR DU RUS.
MADAME JOSSE.
MONSIEUR DE L’ORME.
MADAME JOSSE.
MONSIEUR BRICE.
MONSIEUR DU RUS.
MONSIEUR BRICE.
MONSIEUR BRICE.
MONSIEUR DU RUS.
MONSIEUR BRICE.
MONSIEUR DE L’ORME.
MONSIEUR BRICE.
SCÈNE IX. Champagne, Madame Josse, Monsieur de Rus, Monsieur de l’Orme, Monsieur Brice, Nannette, Babet. §
CHAMPAGNE.
MADAME JOSSE.
CHAMPAGNE.
MADAME JOSSE.
SCÈNE X. Marote, Madame Josse, Monsieur de Rus, Monsieur de l’Orme, Monsieur Brice, Nannette, Babet. §
MAROTE.
NANNETTE.
MAROTE.
NANNETTE.
MAROTE.
MADAME JOSSE.
MAROTE.
BABET.
MAROTE.
MADAME JOSSE.
MAROTE.
NANNETTE.
MAROTE.
MADAME JOSSE.
MAROTE.
SCÈNE XI. Madame Josse, Monsieur du Rus, Monsieur de l’Orme, Nannette, Monsieur Brice, Babet. §
MONSIEUR DE L’ORME.
MADAME JOSSE.
MONSIEUR DU RUS.
BABET.
NANNETTE.
MONSIEUR DU RUS.
MADAME JOSSE.
9 10MONSIEUR BRICE.
MONSIEUR DE L’ORME.
MADAME JOSSE.
SCÈNE XII. Madame Brice, Madame Josse, Monsieur du Rus, Monsieur de l’Orme, Monsieur Brice, Nannette, Babet. §
MADAME JOSSE.
MADAME BRICE.
MADAME JOSSE.
MONSIEUR DU RUS.
MADAME BRICE.
NANNETTE.
MADAME BRICE.
MONSIEUR BRICE.
MADAME BRICE.
BABET.
MADAME BRICE.
MONSIEUR DE L’ORME.
MADAME BRICE.
MONSIEUR BRICE.
MADAME BRICE.
MONSIEUR DU RUS.
MADAME JOSSE.
NANNETTE.
BABET.
MONSIEUR DE L’ORME.
MADAME JOSSE.
MADAME BRICE.
SCÈNE XIII. Monsieur Josse, Madame Josse, Madame Brice, Monsieur Brice, Monsieur Griffet, Nannette, Babet. §
MONSIEUR JOSSE.
MADAME BRICE.
MONSIEUR JOSSE.
MADAME JOSSE.
MONSIEUR JOSSE.
MADAME BRICE.
MONSIEUR JOSSE.
MADAME JOSSE.
SCÈNE XIV. Nicole, Monsieur Josse, Madame Josse, Monsieur Brice, Monsieur Griffet, Nannette, Babet. §
NICOLE.
MADAME JOSSE.
SCÈNE XV. Nicodème, Adrienne, Monsieur Josse, Madame Josse, Madame Brice, Monsieur Brice, Monsieur Griffet, Nannette, Babet, Nicole. §
MONSIEUR JOSSE.
NICODEME.
MONSIEUR BRICE.
NANNETTE.
MONSIEUR JOSSE.
NICODEME.
MADAME JOSSE.
MONSIEUR JOSSE.
MADAME JOSSE.
MONSIEUR JOSSE.
MONSIEUR GRIFFET.
MONSIEUR JOSSE.
MADAME JOSSE.
MONSIEUR JOSSE.
MADAME JOSSE.
MONSIEUR JOSSE.
MADAME JOSSE.
MONSIEUR JOSSE.
MONSIEUR GRIFFET, lit.
« Mémoire de la Défense que j’ai faite en galanteries ».
MONSIEUR JOSSE.
MONSIEUR GRIFFET.
MADAME BRICE.
MONSIEUR JOSSE.
MONSIEUR GRIFFET.
MONSIEUR BRICE.
MONSIEUR JOSSE.
NICODEME, bas.
MONSIEUR GRIFFET.
MONSIEUR JOSSE.
MADAME BRICE.
MONSIEUR BRICE.
MADAME JOSSE.
MADAME BRICE.
MONSIEUR GRIFFET.
MONSIEUR JOSSE.
ADRIENNE.
MONSIEUR JOSSE.
MADAME BRICE.
NICODEME.
ADRIENNE.
ADRIENNE.
NICODEME.
MADAME JOSSE.
MONSIEUR GRIFFET.
MONSIEUR JOSSE.
MONSIEUR GRIFFET.
MADAME BRICE.
MONSIEUR JOSSE.
ADRIENNE.
NICODEME.
21MONSIEUR JOSSE.
ADRIENNE.
MONSIEUR BRICE.
MONSIEUR GRIFFET.
MONSIEUR JOSSE.
MADAME BRICE.
MADAME JOSSE.
MADAME BRICE.
MONSIEUR GRIFFET.
MADAME BRICE.
MONSIEUR GRIFFET.
MONSIEUR JOSSE.
NICOLE.
MONSIEUR JOSSE.
NICOLE.
MONSIEUR JOSSE, à Monsieur Griffet.
MONSIEUR GRIFFET, à Madame Josse.
MADAME JOSSE.
MONSIEUR JOSSE.
NANNETTE.
MONSIEUR JOSSE.
BABET.
NANNETTE.
BABET.
NANNETTE.
BABET.
NANNETTE.
BABET.
NANNETTE.
MONSIEUR JOSSE.
MADAME JOSSE.
NICODEME.
ADRIENNE.
MONSIEUR GRIFFET.
MADAME BRICE.
MONSIEUR JOSSE.
MONSIEUR BRICE.
MADAME JOSSE.
MONSIEUR BRICE.
MADAME BRICE.
MONSIEUR JOSSE.
MONSIEUR GRIFFET.
MONSIEUR JOSSE.
MONSIEUR GRIFFET.
MADAME JOSSE.
MONSIEUR GRIFFET.
MONSIEUR BRICE.
MONSIEUR JOSSE.
NICODEME.
MONSIEUR JOSSE.
NICODEME, à Adrienne.
ADRIENNE.
NICODEME.
MONSIEUR BRICE.
MADAME JOSSE.
MONSIEUR JOSSE.
MADAME JOSSE.
MONSIEUR JOSSE.
MADAME JOSSE.
MADAME BRICE.
31ADRIENNE.
NICODEME.
MONSIEUR BRICE.
MADAME JOSSE.
MONSIEUR BRICE.
MADAME JOSSE.
NANNETTE.
BABET.
MONSIEUR JOSSE.
MADAME BRICE.
NICODEME, aux Auditeurs.