M. DCC. LXVIII.
de CARMONTELLE.
PERSONNAGES §
- MADAME RENAUD DU BOULOIR, avocat.
- MADAME DE RUPERT, veuve.
- LE CHEVALIER DE SAINT-RIEUL.
- LAPIERRE, laquais de Monsieur de Bouloir.
SCÈNE I. Monsieur de Bouloir, Lapierre. §
MONSIEUR DU BOULOIR.
Lapierre !
LAPIERRE.
Monsieur ?
MONSIEUR DU BOULOIR.
Est-il venu quelqu’un ?
LAPIERRE.
Oui, monsieur : cette veuve qui demeure ci près, Madame, Madame...
MONSIEUR DU BOULOIR.
Ah ! Madame de Rupert ?
LAPIERRE.
Oui, monsieur, et puis Monsieur le chevalier de Saint-Rieul.
MONSIEUR DU BOULOIR.
Saint-Rieul ?
LAPIERRE.
Oui, monsieur.
MONSIEUR DU BOULOIR.
Je ne le connais pas.
LAPIERRE.
Ils reviendront tous les deux. Ah ! Tenez, voilà déjà Monsieur le chevalier.
SCÈNE II. Monsieur du Bouloir, Le Chevalier. §
MONSIEUR DU BOULOIR.
Monsieur le chevalier, voulez-vous en vous donner la peine d’entrer ?
LE CHEVALIER.
Monsieur du Bouloir, je suis bien votre serviteur.
MONSIEUR DU BOULOIR.
Asseyez-vous donc, monsieur, s’il vous plaît.
LE CHEVALIER.
Monsieur, je suis capitaine d’infanterie, par conséquent très peu riche : mais j’avais un oncle qui devait l’être beaucoup, parce qu’il était l’aîné de notre famille et qu’il a toujours vécu dans la plus grande économie.
MONSIEUR DU BOULOIR.
Il est donc mort ?
LE CHEVALIER.
Oui, monsieur, il y a six mois. On m’a mandé qu’il n’avait rien laisse : c’est ce qui fait qui je ne me suis pas pressé de venir ; mais, comme il mangeait fort peu, je ne comprends pas ce qu’est devenu son bien.
MONSIEUR DU BOULOIR.
N’a-t-on pas fait un inventaire à sa mort ?
LE CHEVALIER.
Oui, monsieur, mais on n’a rien trouvé.
MONSIEUR DU BOULOIR.
En ce cas-là, monsieur, vous ne pouvez rien demander.
LE CHEVALIER.
Non, vraiment.
MONSIEUR DU BOULOIR.
Mais à qui a été le peu qu’il avait ?
LE CHEVALIER.
À sa veuve, car il n’a jamais eu d’enfants.
MONSIEUR DU BOULOIR.
À sa veuve ? Cela devient différent.
LE CHEVALIER.
Oui, monsieur, d’autant qu’elle est très avare.
MONSIEUR DU BOULOIR.
Il y a tout lieu de croire que c’est elle qui retient ce qui devait vous revenir de votre oncle.
LE CHEVALIER.
Je le crois comme cela.
MONSIEUR DU BOULOIR.
Mais son bien, de quelle nature était-il ?
LE CHEVALIER.
En très bonnes terres : mais tout cela a été vendu, et je crains qu’en l’attaquant elle ne réponde que tout a été dissipé du temps de mon oncle.
MONSIEUR DU BOULOIR.
C’est sûrement ce qu’elle répondra s’il n’y a point eu de remplacement des fonds provenus de la vente de ces terres.
LE CHEVALIER.
Je n’ai point d’argent à manger à plaider, ainsi je suis fort embarrassé.
MONSIEUR DU BOULOIR.
Vous devez l’être en effet.
LE CHEVALIER.
Voilà pourquoi je m’adresse à vous, monsieur, parce que vous êtes voisin de Madame de Rupert, et que...
MONSIEUR DU BOULOIR.
Quoi ! C’est Madame de Rupert ?
LE CHEVALIER.
Oui, monsieur, c’est la veuve en question.
MONSIEUR DU BOULOIR.
Mme de Rupert est très avare, et si elle a envie de vous frustrer je ne suis pas étonné qu’elle n’ait pas voulu placer ces fonds. Il pourrait très bien se faire, si l’on n’a point de connaissance d’acquisitions, de contrats, que tout ce bien ne soit qu’en argent ou en papiers.
LE CHEVALIER.
Et comment le savoir ?
MONSIEUR DU BOULOIR.
C’est très difficile, car c’est là le secret des avares et ils ne le confient à personne.
LE CHEVALIER.
Il n’y a donc aucune ressource ?
MONSIEUR DU BOULOIR.
Non, si vous êtes sûr qu’il n’y a ni fonds ni contrats que l’on connaisse.
LE CHEVALIER.
Ah ! Monsieur, je suis un homme perdu !
MONSIEUR DU BOULOIR.
Comment ! Ne pouvez-vous pas vivre dans l’emploi que vous avez ?
LE CHEVALIER.
S’il n’y avait que moi, ce ne serait rien : mais, n’ayant plus de ressources, plus d’espoir, d’avoir : rien de la succession de mon oncle, je vais faire le malheur d’une personne que j’aime... Ah ! Monsieur, elle en mourra de désespoir !
MONSIEUR DU BOULOIR.
Vous ne l’épouserez pas, et elle n’en mourra pas : il n’y a que vous à plaindre dans ce cas-ià.
LE CHEVALIER.
Si j’étais seul, j’aurais bientôt fini mon sort. Vous ne savez pas à quel point je suis malheureux : monsieur, mon état est affreux !
MONSIEUR DU BOULOIR.
Vous m’épouvantez.
LE CHEVALIER.
J’ai grand besoin de vos conseils, de vos secours... Je crains d’être poursuivi...
MONSIEUR DU BOULOIR.
Quelle affaire avez-vous ?
LE CHEVALIER.
Monsieur, en arrivant à Arras où nous sommes en garnison, j’y devins amoureux d’une demoiselle qui est réellement charmante.
MONSIEUR DU BOULOIR.
À Arras ?
LE CHEVALIER.
Oui, monsieur.
MONSIEUR DU BOULOIR.
J’y connais beaucoup de monde.
LE CHEVALIER.
Eh bien ! Monsieur, c’est la fille du receveur des tailles.
MONSIEUR DU BOULOIR, avec étonnement.
Mademoiselle de Piremont ?
LE CHEVALIER.
Oui, monsieur : son père est-il de vos amis ?
MONSIEUR DU BOULOIR.
Beaucoup.
LE CHEVALIER.
Ah ! Monsieur, ne nous trahissez pas, je vous en conjure !
MONSIEUR DU BOULOIR.
Achevez, achevez.
LE CHEVALIER.
N’ayant point de bien, je ne pouvais espérer de l’obtenir, mais cela ne put diminuer mon amour : j’espérais encore de mon oncle, quoiqu’il n’eut jamais répondu à toutes les lettres que je lui ai écrites lorsque j’appris sa mort, et en même temps qu’il ne m’avait rien laissé.
MONSIEUR DU BOULOIR.
Eh bien ?
LE CHEVALIER.
Les moyens que nous avions pris pour nous voir, Madeoiselle de Piremont et moi, nous ont plongé dans un abîme affreux.
MONSIEUR DU BOULOIR.
Comment ?
LE CHEVALIER.
1Elle est devenue grosse : la crainte d’être exposée à la colère de ses parents et son désespoir si je ne voulais l’en sauver en l’enlevant m’ont déterminé à m’enfuir avec elle à Paris, où nous sommes depuis huit jours, et tout prêts à mourir de misère si vous ne trouvez pas quelque moyen de nous en tirer.
MONSIEUR DU BOULOIR.
Monsieur, je n’abuserai pas de votre confiance en moi, et je ne vous ferai point de reproches sur le malheur où vous avez entraîné une malheureuse personne que vous dites que vous aimez. Mais savez-vous à qui vous parlez ?
LE CHEVALIER.
Monsieur...
MONSIEUR DU BOULOIR.
À son oncle, au frère de Monsieur de Piremont.
LE CHEVALIER.
Ah ! monsieur, faites de moi ce qu’il vous plaira, mais je vous en supplie, ayez pitié de votre malheureuse nièce : qu’elle ne soit pas la victime de son imprudence. Je me jette à vos pieds.
MONSIEUR DU BOULOIR.
Monsieur, que faites-vous ? Asseyez-vous et écoutez-moi.
LE CHEVALIER.
Ah ! Monsieur...
MONSIEUR DU BOULOIR.
Les regrets ne feront rien à ce qui est arrivé : voyons le parti qui nous reste à prendre pour tout réparer. Il faut savoir s’il n’y a pas moyen de rien tirer de Madame de Rupert. Je crois en imaginer un. Vous connaît-elle ?
LE CHEVALIER.
Non, monsieur, je ne me suis point présenté à elle avant de savoir si j’avais droit de lui demander.
MONSIEUR DU BOULOIR.
À la bonne heure : si je ne réussis pas, je me charge de tout arranger vis-à-vis de mon frère, d’une façon ou d’autre. Je suis garçon, je ne veux point me marier, j’ai du bien, je le donnerai à ma nièce à condition qu’elle vous épousera.
LE CHEVALIER.
Quoi ! Monsieur !
MONSIEUR DU BOULOIR.
Point de remerciements...
SCÈNE III. Monsieur du Bouloir, Le Chavalier, Lapierre. §
LAPIERRE.
Monsieur, Madame de Rupert est là qui demande à vous parler.
MONSIEUR DU BOULOIR.
C’est justement elle que j’attendais. Monsieur le chevalier, entrez dans ce cabinet : vous en sortirez quand je vous appellerai.
LE CHEVALIER, voulant remercier Monsieur du Bouloir.
Monsieur, permettez...
MONSIEUR DU BOULOIR.
Ne perdons pas de temps. Entrez, entrez là-dedans.
Toi, Lapierre, quand je frapperai du pied, tu entreras en criant au feu, et tu diras qu’il est chez l’épicier qui demeure à côté de Madame de Rupert.
LAPIERRE.
Oui, monsieur.
MONSIEUR DU BOULOIR.
Tu te tiendras ici dessous : tu entendras bien ?
LAPIERRE.
Oh ! Ne vous embarrassez pas.
MONSIEUR DU BOULOIR.
Allons, fais entrer Madame de Rupert et ne dis rien à personne de cela.
LAPIERRE.
Non, non, monsieur. Madame, donnez-vous la peine d’entrer.
SCÈNE IV. Madame de Rupert, Monsieur du Bouloir. §
MADAME DE RUPERT.
Je ne sais, monsieur, si j’ai l’honneur d’être connue de vous ?
MONSIEUR DU BOULOIR.
Oui, madame, sûrement : j’ai cet honneur-là. Voulez-vous bien vous asseoir ?
MADAME DE RUPERT, s’asseyant.
Monsieur, je n’entends point du tout les affaires : j’ai très peu de bien, je suis une pauvre veuve, bien à plaindre ; le peu que j’avais mon mari l’a mangé.
MONSIEUR DU BOULOIR.
C’est très fâcheux, madame : il ne fallait pas y consentir. Pour une femme raisonnable comme vous, il est étonnant que vous ne l’ayez pas empêché.
MADAME DE RUPERT.
Monsieur, il est vrai, je l’aurais dit, mais un mari que l’on aime est toujours le maître. Je lui avais apporté en mariage deux cent mille francs.
MONSIEUR DU BOULOIR.
Et il ne vous reste plus rien ?
MADAME DE RUPERT.
Monsieur, je n’ai eu ni mes rep[***] ni mon douaire, et je suis réduite à vivre de très peu de chose.
MONSIEUR DU BOULOIR.
Mais il n’était pas dissipateur.
MADAME DE RUPERT.
Monsieur, non : du moins on ne le voyait pas, et il est vrai que ce n’est pas le luxe qui nous a ruinés, mais de mauvaises affaires qu’il a faites toute sa vie, parce qu’il n’y entendait rien et... qu’il a toujours été trompé par des fripons.
MONSIEUR DU BOULOIR.
C’est très malheureux.
MADAME DE RUPERT.
Sa dernière passion, qui a achevé de nous ruiner, a été sa chimie. On lui avait fait accroire qu’il ferait de l’or, et l’on a mangé tout ce qu’il avait en opérations réitérées, et quand on a vu qu’il n’avait plus de bien, on l’a abandonné.
MONSIEUR DU BOULOIR.
Que vous reste-t-il donc ?
MADAME DE RUPERT.
Environ deux-mille francs de rente viagère, et voyez, monsieur, comment répondre avec ça à un neveu qui prétend que son oncle est fort riche. Il dit qu’il va arriver : je n’entends point les affaires et suis très inquiète.
MONSIEUR DU BOULOIR.
Mais le bien de votre mari était en contrats, en terres sans doute, ainsi que le vôtre ?
MADAME DE RUPERT.
Oui, monsieur, mais tout cela a été vendu.
MONSIEUR DU BOULOIR.
S’il ne reste rien en nature absolument, son neveu ne peut rien avoir.
MADAME DE RUPERT.
Non !
MONSIEUR DU BOULOIR.
Sûrement.
MADAME DE RUPERT.
On m’avait dit...
MONSIEUR DU BOULOIR.
Sur quoi voulez-vous qu’il vous attaque si vous êtes en règle ? Si vous avez fait un inventaire, vous le lui présenterez, et s’il veut se porter héritier, il faudra qu’il commence par vous donner tout ce qui vous revient.
MADAME DE RUPERT.
Vous avez bien de la bonté de me tranquilliser, mais ne me fera-t-il pas des frais, toujours ? S’il va me faire un procès sur ce qu’il me croit plus riche que je ne suis ?
MONSIEUR DU BOULOIR.
Quand il le gagnerait, si vous n’avez rien, il n’aura rien.
MADAME DE RUPERT.
En ce cas-là je ne le crains pas,
MONSIEUR DU BOULOIR.
Et vous avez raison.
MADAME DE RUPERT.
Monsieur, je vous ai bien de l’obligation de m’avoir tranquillisée : je sens que j’ai bien fait de venir vous consulter.
SCÈNE V. Madame de Ruppert, Monsieur du Bouloir, Lapierre. §
LAPIERRE, criant sans paraître.
Au feu ! Au feu ! Au feu.
MADAME DE RUPERT, effrayée.
Ah ! Mon Dieu ! Qu’est que c’est que cela ?
MONSIEUR DU BOULOIR.
Où allez-vous donc ? Attendez.
LAPIERRE, entrant.
Au feu ! Au feu ! Au feu.
SCÈNE VI. Madame de Rupert, Monsieur du Bouloir, La Chevalier, Lapierre. §
MONSIEUR DU BOULOIR.
Lapierre, qu’est-ce que c’est ?
LAPIERRE.
Eh ! Monsieur, c’est le feu qui est chez l’épicier ici près.
MADAME DE RUPERT, éperdue.
Ah ! Mon Dieu ! C’est à côté de chez moi. Je suis perdue !
MONSIEUR DU BOULOIR.
Non, non, madame, restez ici : nous allons voir à sauver vos effets.
MADAME DE RUPERT.
Eh ! Monsieur, ils seront perdu brûlés avant qu’on ait pu les découvrir !
MONSIEUR DU BOULOIR.
Nous les trouverons, monsieur, à moi.
MADAME DE RUPERT.
Non, monsieur, c’est dans l’épaisseur du mur, de l’argent, des papiers : laissez-moi aller je vous prie.
MONSIEUR DU BOULOIR.
Comptez sur moi.
MADAME DE RUPERT.
C’est toute ma fortune : il y a cent mille francs, messieurs.
MONSIEUR DU BOULOIR.
Tranquillisez-vous, ce ne sera peut-être rien.
MADAME DE RUPERT.
Eh ! Messieurs, je veux y aller absolument.
MONSIEUR DU BOULOIR.
Je vous dis que vous n’avez rien à craindre : vous voyez bien qu’on n’entend pas de bruit.
MADAME DE RUPERT.
Tout est peut-être volé.
MONSIEUR DU BOULOIR.
Tenez, voyez à la fenêtre : il n’y a pas la moindre apparence de feu.
MADAME DE RUPERT.
Ah ! Monsieur.
MONSIEUR DU BOULOIR.
Lapierre ! Qu’est-ce que c’est que ce feu ? Il n’y a rien, n’est-ce pas ?
LAPIERRE.
Non, monsieur, ce n’est rien.
MADAME DE RUPERT.
C’est-il bien vrai, mon garçon ?
LAPIERRE.
Oui, madame.
MADAME DE RUPERT.
Ah ! Mon Dieu ! Que j’ai eu de peur ! Je veux aller voir toujours.
MONSIEUR DU BOULOIR.
Madame, il n’y avait point de feu du tout, si vous voulez que je vous dise : ceci n’est qu’une plaisanterie et qui tournera sûrement à bien.
MADAME DE RUPERT, étonnée.
Comment ?
MONSIEUR DU BOULOIR.
Oui, j’étais pénétré de douleur de voir qu’une honnête femme comme vous était réduite à avoir si peu de quoi vivre, et, pour m’assurer que vous disiez vrai, je vous ai fait donner cette alarme.
MADAME DE RUPERT.
Quoi, monsieur, vous êtes capable de trahison pareille ?
MONSIEUR DU BOULOIR.
Madame, ce n’est pas un crime si grand que celui de vouloir retenir le bien d’autrui.
MADAME DE RUPERT.
Monsieur...
MONSIEUR DU BOULOIR.
Vous avez avoué, dans l’inquiétude où vous étiez, que vous aviez six cent mille francs en argent et en papiers.
MADAME DE RUPERT.
Moi ?
MONSIEUR DU BOULOIR.
Oui : il n’est plus temps de dissimuler, il faut nous en donner absolument la moitié.
MADAME DE RUPERT.
Mais, monsieur, c’est un dépôt.
MONSIEUR DU BOULOIR.
Eh bien ! Si c’est un dépôt, je m’en vais faire mettre le scellé chez vous et vous faire renfermer jusqu’à ce que ceux à qui il appartient se présentent : voyez, déterminez-vous.
MADAME DE RUPERT.
Monsieur, on n’use point comme cela de violence.
MONSIEUR DU BOULOIR.
Pardonnez-moi : on a ce droit vis-à-vis de ceux qui veulent nous ôter ce qui nous appartient. D’ailleurs, voilà monsieur, qui est le neveu ; de votre mari; il est le maître d’en user avec vous comme il lui plaira.
MADAME DE RUPERT.
Quoi ! Vous êtes le chevalier de Saint-Rieul ?
LE CHEVALIER.
Oui, madame.
MADAME DE RUPERT.
Où me suis-je fourée !
LE CHEVALIER.
Madame, consentez à ce que vous propose Monsieur du Bouloir : ceci sera un secret, si vous voulez.
MADAME DE RUPERT.
Mais, messieus, si j’ai dit six cent mille francs, il n’y a pas cela ; je me suis trompée.
LE CHEVALIER.
Eh bien ! Nous partagerons.
MADAME DE RUPERT.
Je ne vous donnerai jamais trois cent mille francs.
MONSIEUR DU BOULOIR.
En ce cas, on mettra le scellé comme je vous ai dit, et puis vous raurez que ce qui vous revient de droit.
MADAME DE RUPERT.
Allons, messieur, venez chez moi puisqu’il le faut absolument.
MONSIEUR DU BOULOIR.
Cela vaudra mieux que de plaider, madame.
MADAME DE RUPERT.
Ah ! Mon Dieu pourquoi suis-je venue, ici ?
LE CHEVALIER.
Quelles obligations ! Quels services!
MONSIEUR DU BOULOIR.
Vous êtes mon neveu. Finisse cette affaire sans perdre un instant : nous irons chercher ma nièce après, et j’aurai la satisfaction de faire votre bonheur à tous deux ; ne serai-je, pas bien récompensé. Allons, allons.