M. DCC. IX.
P. J. Crébillon
PRÉFACE §
Se louer ou se plaindre du public, style ordinaire des préfaces. Jamais auteur dramatique n’eut une plus belle occasion de suivre un usage que la vanité de ses confrères a consacré dès long-temps. En effet, je sais peu de pièces dont on ait parlé plus diversement que de celle-ci ; et il n’y en a peut-être point qui ait mieux mérité tout le bien et tout le mal qu’on en a dit. Mes amis d’une part; les critiques de l’autre, ont outré la matière sur cet article. C’est donc aux gens indifférents que ceci s’adresse, puisque ce sont ceux qui doivent être précisément à notre égard ce qu’on appelle publie. On me reproche des longueurs dans mes deux premiers actes, trop de complication dans le sujet. Je passe condamnation. La sortie d’Électre de dessus la scène, dans le premier acte, y laisse un vide qui le fait languir dans tout le reste. Une bonne partie du second tient plus du poème épique que du tragique : en un mot, les descriptions y sont trop fréquentes. Trop de complication ? A cela je n’ai qu’une chose à répondre : le sujet d’ÉLECTRE est si simple de lui-même, que je ne crois pas qu’on puisse le traiter avec quelque espérance de succès, en le dénuant d’épisodes. Il s’agit de faire périr les meurtriers d’Agamemnon : on n’attend pour cela que le retour d’Oreste. Oreste arrivé, sa reconnaissance faite avec sa soeur, voilà la pièce à son dénouement. Quelque peine qu’ait l’action à être une parmi tant d’intérêts divers, j’aime mieux encore avoir chargé mon sujet d’épisodes, que de déclamations. D’ailleurs, notre théâtre soutient malaisément cette simplicité si chérie des anciens : non qu’elle ne soit bonne , mais on n’est pas toujours sûr de plaire en s’y attachant exactement. Pour l’anachronisme qu’on m’impute sur l’âge d’Oreste; ce serait faire injure à ceux qui ont fait cette critique, que d’y répondre. Il faut ne pas entendre le théâtre, pour ne pas savoir quels sont nos droit! sur les époques. Je renvoie là-dessus à Xipharès, dans Mithridate ; à Narcisse , dans Britannicus Faire naître Oreste avant ou après le siège de Troie, n’est pas un point qui doive être litigieux dans un poème. J’ai bien un autre procès à soutenir contre les zélateurs de l’antiquité, plus considérable selon eux , plus léger encore selon» moi , que le précédent : c’est l’amour d’Électre ; c’est l’audace que j’ai eue de lui donner des sentiments que Sophocle s’est bien gardé de lui donner. Il est vrai qu’ils n’étaient point en. usage sur la scène de son temps ; que, s’il eût vécu du nôtre, il eût peut-être fait comme moi. Cela ne laisse pas d’être un attentat jusque-là inouï, qui a soulevé contre un moderne inconsidéré toute cette région idolâtre où il ne manque plus au culte qu’on y rend aux anciens, que des prêtres et des victimes. En vain quelques sages protestent contre cet abus: les préjugés prévalent; et la prévention va si loin, que tels qui ne connaissent les anciens que de nom, qui ne savent pas seulement si Sophocle était Grec ou Français, sur la foi des dévots de l’antiquité ont prononcé Hardiment contre moi. Ce n’est point la tragédie de Sophocle ni celle d’Euripide que je donne ; c’est la mienne. A-t-on fait le procès aux peintres qui depuis Apelles ont peint Alexandre autremeut que la foudre à la main ?
Dussent les Grecs encore fondre sur un rebelle, je dirai que, si j’avais quelque chose à imiter de Sophocle, ce ne serait assurément pas son Électre ; qu’aux beautés près, desquelles je ne fais aucune comparaison, il y a peut-être dans sa pièce bien autant de défauts que dans la mienne. Loin que cet amour dont on fait un monstre en soit un, je prétends qu’il donne encore plus de force au caractère d’Électre, qui a dans Sophocle plus de férocité que de véritable grandeur : c’est moins la mort de son père qu’elle venge, que ses propres malheurs. Triste objet des fureurs d’Ègisthe et de Clytemnestre, n’y a-t-il pas bien à s’étonner qu’Électre ne soit occupée que de sa vengeance ? Ne faire précisément que ce qu’on doit, quand rien ne s’y oppose en secret, n’est pas une vertu ; mais vaincre un penchant presque toujours insurmontable dans le coeur humain , pour faire son devoir, en est une des plus grandes. Une princesse dans un état aussi cruel que celui où se trouve Electre, dira-t-on, être amoureuse ! Oui, amoureuse. Quels coeurs sont inaccessibles à l’amour ? Quelles situations dans la vie peuvent nous mettre à l’abri d’une passion si involontaire? Plus on est malheureux, plus on a le coeur aisé à attendrir. Ce n’est point un grand fonds de vertu qui nous garantit de l’amour; il nous empêche seulement d’y succomber. Il y a bien de la différence , d’ailleurs , de la sensibilité d’Électre à une intrigue amoureuse. Les soins de son amour ne sont pas de ces soins ordinaires qui font toute la matière de nos romans : c’est pour se punir de la faiblesse qu’elle a d’aimer le fils du meurtrier de son père, qu’elle veut précipiter les moments de sa vengeance, sans attendre le retour de son frère. Enfin, selon le système de mes censeurs , il ne s’agit que de rendre Electre tout-a-fait à plaindre : je crois y avoir mieux réussi que Sophocle , Euripide , Eschyle , et tous ceux qui ont traité le même sujet. C’est ajouter à l’horreur du sort de cette princesse, que -d’y joindre une passion dont la contrainte et les remords ne font pas toujours les plus grands malheurs. Le seul défaut de l’amour d’Électre , si j’en crois mes amis qui me flattent le moins , c’est qu’il ne produit pas assez d’événements dans toute la pièce ; et c’est en effet tout ce qu’on peut raisonnablement me reprocher sur ce chapitre.
PERSONNAGES §
- CLYTEMNESTRE, veuve d’Agamemnon, et femme d’Égisthe.
- ORESTE, fils d’Agamemnon et de Clytemnestre, roi de Mycènes, élevé sous le nom de Tydée.
- ÉLECTRE, soeur d’Oreste.
- ÉGISTHE, fils de Thyeste, et meurtrier d’Agamemnon.
- ITYS, fils d’Égisthe, mais d’une autre mère que Clytemnestre.
- IPHIANASSE, soeur d’Itys.
- PALAMÈDE, gouverneur d’Oreste.
- ARCAS, ancien officier d’Agamemnon.
- ANTÉNOR, confident d’Oreste.
- MÉLITE, confidente d’Iphianasse.
- GARDES.
ACTE I §
SCÈNE I. §
ÉLECTRE, seule.
SCÈNE II. Électre, Arcas. §
ÉLECTRE.
ARCAS.
ÉLECTRE.
ARCAS.
ÉLECTRE.
SCÈNE III. Électre, Itys. §
ÉLECTRE.
ITYS.
ÉLECTRE.
ITYS.
ÉLECTRE.
SCÈNE IV. Clytemnestre, Électre, Itys, Gardes. §
CLYTEMNESTRE.
ITYS.
CLYTEMNESTRE.
SCÈNE V. Clytemnestre, Électre, Itys. §
CLYTEMNESTRE.
ITYS.
CLYTEMNESTRE.
SCÈNE VI. Clytemnestre, Électre. §
CLYTEMNESTRE.
ÉLECTRE.
CLYTEMNESTRE.
ÉLECTRE.
SCÈNE VII. Égisthe, Clytemnestre, Électre. §
ÉLECTRE.
ÉGISTHE, à Clytemnestre.
ÉLECTRE.
ÉGISTHE.
SCÈNE VIII. Égisthe, Clytemnestre. §
CLYTEMNESTRE.
ÉGISTHE.
SCÈNE IX. Clytemnestre, Iphianasse, Mélite. §
IPHIANASSE.
CLYTEMNESTRE.
SCÈNE X. Iphianasse, Mélite. §
IPHIANASSE.
MÉLITE.
IPHIANASSE.
MÉLITE.
IPHIANASSE.
ACTE II §
SCÈNE PREMIÈRE. Tydée, Anténor. §
TYDÉE.
ANTÉNOR.
TYDÉE.
ANTÉNOR.
TYDÉE.
ANTÉNOR.
TYDÉE.
ANTÉNOR.
TYDÉE.
ANTÉNOR.
TYDÉE.
ANTÉNOR.
TYDÉE.
ANTÉNOR.
TYDÉE.
ANTÉNOR.
TYDÉE.
SCÈNE II. Iphianasse, Tydée, Mélite, Anténor. §
IPHIANASSE.
TYDÉE.
IPHIANASSE.
TYDÉE.
IPHIANASSE.
TYDÉE.
IPHIANASSE.
TYDÉE.
IPHIANASSE.
SCÈNE III. Tydée, Anténor. §
TYDÉE.
SCÈNE IV. Égisthe, Tydée, Anténor. §
TYDÉE.
ÉGISTHE.
TYDÉE.
ÉGISTHE.
TYDÉE, à part.
ÉGISTHE.
TYDÉE.
ÉGISTHE.
TYDÉE.
ÉGISTHE.
TYDÉE.
ÉGISTHE.
TYDÉE, à part.
ACTE III §
SCÈNE I. §
TYDÉE, seul.
SCÈNE II. Électre, Tydée. §
TYDÉE, à lui-même.
ÉLECTRE, à part.
TYDÉE.
ÉLECTRE.
TYDÉE.
ÉLECTRE.
TYDÉE.
ÉLECTRE.
TYDÉE.
ÉLECTRE.
TYDÉE.
ÉLECTRE.
TYDÉE.
ÉLECTRE.
TYDÉE.
SCÈNE III. Iphiniass, Tydée, Mélite. §
IPHIANASSE.
TYDÉE.
IPHIANASSE.
TYDÉE.
IPHIANASSE.
SCÈNE IV. §
TYDÉE, seul.
SCÈNE V. Palamède, Tydée. §
TYDÉE.
PALAMÈDE.
TYDÉE.
PALAMÈDE.
TYDÉE.
PALAMÈDE.
TYDÉE.
PALAMÈDE.
TYDÉE.
PALAMÈDE.
TYDÉE.
PALAMÈDE.
TYDÉE.
PALAMÈDE.
TYDÉE.
PALAMÈDE.
ORESTE.
PALAMÈDE.
ORESTE.
PALAMÈDE.
ORESTE.
ACTE IV §
SCÈNE I. §
ÉLECTRE, seule.
SCÈNE II. Oreste, Électre. §
ÉLECTRE, à part.
ORESTE.
ÉLECTRE.
ORESTE.
ÉLECTRE, lit.
ORESTE.
ÉLECTRE.
ÉLECTRE.
ÉLECTRE.
ÉLECTRE.
ÉLECTRE.
ÉLECTRE.
ÉLECTRE.
ORESTE.
SCÈNE III. Oreste, Électre, Palamède, Anténor. §
ORESTE.
PALAMÈDE.
SCÈNE IV. Oreste, Électre, Palamède. §
ORESTE.
ÉLECTRE, à Palamède.
PALAMÈDE.
ÉLECTRE.
PALAMÈDE.
ÉLECTRE.
PALAMÈDE.
ORESTE.
PALAMÈDE.
SCÈNE V. Oreste, Électre. §
ORESTE.
ÉLECTRE.
ACTE V §
SCÈNE I. §
ÉLECTRE.
SCÈNE II. Électre, Itys. §
ITYS.
ÉLECTRE.
ITYS.
ÉLECTRE, à part.
ITYS.
ÉLECTRE.
ITYS.
ÉLECTRE.
ITYS.
ÉLECTRE.
ITYS, se jetant à ses genoux.
ÉLECTRE.
SCÈNE III. Électre, Itys, Iphianasse. §
IPHIANASSE.
ITYS.
SCÈNE IV. Électre, Iphianasse. §
ÉLECTRE, à elle-meme.
IPHIANASSE.
ÉLECTRE.
SCÈNE V. Électre, Iphianasse, Arcas. §
ARCAS.
IPHIANASSE.
SCÈNE VI. Oreste, Électre, Iphianasse, Arcas, Gardes. §
ORESTE.
IPHIANASSE.
ORESTE.
IPHIANASSE.
ORESTE, à ses gardes.
SCÈNE VII. Oreste, Électre, Palamède, Aarcas, Gardes. §
ORESTE.
PALAMÈDE.
ORESTE.
PALAMÈDE.
ORESTE.
PALAMÈDE.
ORESTE.
PALAMÈDE.
ORESTE.
PALAMÈDE.
ORESTE.
SCÈNE VIII. Clytemnestre, Oreste, Électre, Palamède, Aarcas, Anténor, Mélite, Gardes. §
ORESTE.
ÉLECTRE.
CLYTEMNESTRE.
ORESTE.
CLYTEMNESTRE.
SCÈNE IX. Oreste, Électre, Palamède, Anténor, Arcas, Gardes. §
ORESTE.
ÉLECTRE.
ORESTE.
PALAMÈDE, le désarmant.
ORESTE.