SCÈNE II. §
ROGER.
1210 Odieuse clarté, je te soutiens encore,
Soucis qui me tuez, ennui qui me dévore,
Éternelles douleurs, regrets, peines, remords,
Me laissez-vous vivant après cent mille morts ?
Donc toutes vos rigueurs n’ont pas assez de force,
1215 Pour chasser cet esprit de sa débile écorce.
Mais pourquoi ferez-vous des efforts superflus,
Pour dépouiller du jour celui qui ne vit plus ?
S’il vivait, verrait-il sa chère Bradamante,
Au milieu des baisers, défaite et languissante,
1220 Repousser un Léon qui la tient en ses bras,
Et son ressentiment ne l’accablerait pas ?
Verrait-il un rival qu’aucun souci ne touche,
Former à tout moment sur cette belle bouche,
Sur ces mains, sur ces yeux quelque amoureux dessein,
1225 Sans lui mettre cent fois un poignard dans le sein ?
Et toutefois il vit, il le voit et l’endure,
Et même son devoir ne veut pas qu’il murmure.
Non, pour ne perdre point la gloire d’un bienfait,
Je ne me repens point du bien que je t’ai fait.
1230 Vis Léon, vis content, un long siècle d’années,
Le Ciel, selon tes voeux, fasse tes destinées,
Et verse désormais sur Bradamante et toi,
Tous les mêmes bonheurs que j’attendrais pour moi,
Et qu’il comble d’horreur le reste de ma vie,
1235 Si tes prospérités me donnent de l’envie.
Cependant me voici dans le profond du bois.
Le creux de ce rocher qui répond à ma voix,
Pourra bien, pour ce soir, me servir de retraite :
Mais sans aller plus loin, la voici toute prête.
1240 Ce mol et vert gazon se présente à propos
À ces membres mourants pour un peu de repos.
Qu’ils se reposent donc, puisqu’il les en invite,
Et que dorénavant ce soit leur dernier gîte.
Ce séjour me contente, et ce me semble assez beau, *
1245 Tout affreux comme il est, pour faire mon tombeau.
Terre, que je choisis pour dernière demeure,
Si jamais du destin l’influence meilleure,
Que celle qui t’afflige, en voyant mon trépas,
Fais que ma Bradamante adresse ici ses pas,
1250 Contrains-la de s’asseoir en cette même place,
Et là, si tu le peux, conte lui ma disgrâce.
Dis-lui que son Roger, ah ! Change de discours,
Enfin dis que Roger finit ici ses jours.
Ces arbres t’aideront, même si j’ai la force,
1255 Je graverai deux mots sur la prochaine écorce.
Que le dieu du hasard, et celui de l’Amour,
Pour me justifier, lui feront voir un jour.
Il grave sur l’écorce de l’arbre, et lit après l’avoir écrit.
Ici mourut Roger, qui se priva de vie,
Mais ne l’en blâmez pas,
1260 Son devoir le commande, et l’honneur l’y convie,
Pouvait-il s’excuser d’un si noble trépas ?
Que je serais heureux, si cette belle bouche
Vous prononçait un jour au pied de cette souche,
Et remarquait ma main, q’elle connaît assez,
1265 Sur ces mots que le temps aura presque effacés.
Mais je me flatte en vain contre toute apparence,
C’est commettre un péché d’avoir quelque espérance.
En l’état où je suis, je ne dois plus songer,
Qu’aux objets seulement qui peuvent affliger.
SCÈNE III. Léon, Roger. §
LÉON.
1270 Hélas, qui finira mes courses incertaines ?
Qui me retirera de mes recherches vaines ?
Et quel dieu charitable écoutera ma voix ?
Je me sens inspiré de visiter ce bois.
L’herbe de cet endroit me semble un peu foulée,
1275 Une certaine joie en mes sens s’est coulée :
Je suivrai ce sentier, de peur de m’égarer.
Je vois des pas formés, mais j’entends soupirer.
Écoutons si la voix jusqu’à nous parvenue,
Approchant de plus près, pourrait être connue.
ROGER.
1280 Non, ne t’afflige plus mon âme,
Nous voici déjà dans le port,
Possible crains-tu que la mort
Ne fasse pas mourir ta flamme,
Et que dans les enfers tu portes le flambeau,
1285 Qui te doit brûler au tombeau.
LÉON.
Il entre dans le bois.
Qu’à travers ces buissons je me fasse une voie,
J’entends déjà la voix, il faut que je le voie.
ROGER.
Ici ton malheur est extrême,
Que rien ne te peut secourir,
1290 Mais, lâche, voudrais-tu guérir,
Quand il dépendrait de toi-même ?
Pouvoir être un moment, et ne l’adorer pas,
N’est-ce point pis que le trépas
LÉON.
J’entrevois maintenant au pied de cette roche
1295 Un cavalier sur l’herbe, il faut que je m’approche.
ROGER.
Vous que j’ai toujours adorée,
Divine et charmante beauté,
Croyez que ma fidélité
Ne fut jamais plus assurée,
1300 Et quoique le devoir ait exigé de moi,
Je vous ai conservé ma foi.
Elle ne fut jamais plus forte,
Mais le Ciel me fit obéir,
Et me força de vous trahir,
1305 Pour suivre un devoir qui m’emporte.
Le devoir et l’amour firent également
Vos déplaisirs et mon tourment.
LÉON.
Ah, mon âme, à ce coup chasse toute ta crainte,
Cette blanche licorne, en cet écu dépeinte,
1310 La fait assez connaître, et sa taille et sa voix,
Courons donc de ce pas l’embrasser mille fois.
Ne précipitons rien, peut-être par sa bouche
J’apprendrai maintenant le regret qui le touche,
Et que pour me cacher, il prenait tant de soin,
1315 Il mettra tout dehors, se croyant sans témoin.
ROGER.
Je vous aime sans espérance,
Ma flamme ne voit point de jour,
Toutefois ma première amour
Ne reçoit point de différence.
1320 Le Ciel, qui peut changer votre condition,
Ne change point ma passion.
Je veux qu’un autre vous possède,
Vivez entre les bras d’autrui,
Je vous chéris avec lui :
1325 Mon mal me donne mon remède.
Vous êtes satisfaite, et je le suis aussi,
Puisque Amour me l’ordonne ainsi.
LÉON.
Non, non, je ne saurais supporter davantage,
Ces discours inconnus où son amour l’engage.
1330 C’est trop de patience avec tant d’amitié,
Et déjà sa douleur me transit de pitié.
Ha, mon frère, avouez que vous êtes coupable.
ROGER.
Hélas ! Quel importun trouble ce misérable !
Que dans ces lieux d’horreur tu viens mal à propos,
1335 Ne me refuse point ce reste de repos.
Adieu, poursuis tes pas, le Ciel te soit propice.
LÉON.
Est-il dans ces déserts tigre qui ne fléchisse ?
Retirons-le d’erreur, quoi ! M’éloignez de vous,
N’en dois-je point attendre un traitement plus doux ?
1340 Sont-ce là les accueils où l’amitié convie ?
ROGER.
Ha, Léon, quel démon ennemi de ma vie,
Vous conduit en ces lieux, plein d’horreur et d’effroi,
Où même il ne voit rien d’effroyable que moi.
LÉON.
Le désir de trouver, non pas cet effroyable,
1345 Mais mon fidel ami, ce cavalier aimable,
La moitié de ma vie, et l’auteur de mon bien,
Et sans qui désormais je n’espère plus rien.
ROGER.
Maintenant votre envie est à plein satisfaite,
Vous m’avez rencontré, vous voyez ma retraite.
1350 Savez-vous mon dessein ? C’est celui de mourir.
Que si votre amitié songe à me secourir,
Je n’en puis recevoir qu’un service agréable,
C’est de quitter bientôt ce bois épouvantable,
Me laisser en repos, et ne me troubler pas
1355 Dans le bien que le Ciel m’accorde à mon trépas.
LÉON.
Justes dieux, qui croirait que l’amitié permette
Une tant inhumaine et barbare requête !
Quoi, mon plus cher ami, m’ose-t-il conjurer,
Que sans le secourir je le laisse expirer ?
1360 Que cent fois plus cruel, qu’une fière lionne,
Je sache son trépas, et que je l’abandonne.
Ô dieux, quelle pensée ! Hélas, remettez-vous,
Mon frère, reprenez des sentiments plus doux,
Chassez ce désespoir, dont j’ignore la cause,
1365 Que si pour l’adoucir il se peut quelque chose,
En présence des dieux je vous donne ma foi,
Et comme chevalier, et comme fils de Roi,
Que j’y perdrai mes biens, mes amis, et ma vie.
ROGER.
Que ma condition serait digne d’envie,
1370 Et que cette amitié dans une autre saison,
Me rendrait bien heureux avec juste raison :
Mais puisque mon malheur me la rend inutile,
Hélas, ne trouvez-vous plus ma prière incivile.
De si fortes raisons m’obligent au trépas,
1375 Que vous me faites tort de ne l’avancer pas.
Et si vous le saviez, vous avoueriez vous-même,
14
Qu’un extrême malheur veut un remède extrême,
Mon devoir me l’ordonne, et le Ciel l’a voulu.
LÉON.
Puisque dans ce dessein je vous vois résolu,
1380 Et que c’est vainement que je vous en conjure,
Nous courons donc tous deux une même aventure.
Je meurs avec vous, et le même destin,
Qui joignit nos deux coeurs, confondra notre fin.
ROGER.
C’est à ce coup, Léon, que vous perdrez l’envie,
1385 Qui vous rend si soigneux de conserver ma vie.
Il n’est, il n’est plus temps de rien dissimuler,
Apprenez en deux mots de quoi vous consoler,
Et soyez assuré qu’après ma découverte,
Vous serez le premier à désirer ma perte.
1390 Vous regrettez ma mort, vous la désirerez,
Vous m’en voulez distraire, et vous m’y pousserez.
Cet ami, que le Ciel fit votre redevable,
Qui tient le jour de vous, et qu’un sort favorable
Fit d’un si grand bienfait acquitter à demi,
1395 C’est votre plus cruel et plus grand ennemi.
En un mot c’est Roger, par cette connaissance
Vous savez mon amoure, mes faits et ma naissance.
Celle que vous aimez, ma liberté charma,
Et contre mon espoir, Bradamante m’aima.
1400 Sur un roc élevé dans le milieu des ondes,
Où le flot abîma nos troupes vagabondes,
Par la faveur du Ciel échoué sur le bord,
Un bienheureux vieillard m’en tira demi mort.
Et cet enfant du Ciel par sa sainte prière,
1405 M’ayant soudain remis en ma santé première,
Par ses sages discours me décilla les yeux,
Et me purgea l’esprit de l’erreur de nos dieux.
Quand Roland et Renaud sur le roc arrivèrent,
Qui contre leur attente en ce lieu me trouvèrent,
1410 Et m’ayant reconnu même changé de loi,
Tous deux pour Bradamante ils me donnent la foi.
Le frère me l’accorde, et sur cette espérance,
Abandonnant l’écueil nous repassons en France.
Charles nous caressa, la Cour nous fit honneur,
1415 Mais rien ne fut égal à mon premier bonheur.
Ah, que ce souvenir sensiblement me touche,
Je vois ma Bradamante, et de sa belle bouche
Je reçus cet arrêt si charmant et si doux,
Qui m’avait destiné pour être son époux.
1420 En un mot entre nous la parole donnée,
Me faisait espérer un heureux hyménée,
Quand le Ciel pour troubler nos bonheurs apparents,
Suscita contre nous ses avares parents.
L’éclat de vos grandeurs leur offusqua la vue.
1425 Que votre vertu leur eût été connue,
Qu’elle eût sans autre égard borné leur passion,
Je les eusse excuses dans leur ambition.
Soudain piqué d’amour, de colère et de honte,
Et ne pouvant souffrir qu’un rival me surmonte,
1430 J’abandonnai la Cour avec un fort dessein,
D’aller, sans retarder, vous transpercer le sein,
De me perdre ou vous perdre au milieu de la Grèce.
L’impatient désir d’exécuter me presse,
Je passe en Bulgarie, où je vis à l’abord
1435 Des spectacles d’horreur, de carnage et de mort.
Là je vis de courroux et de rage enflammées,
Se heurter fièrement deux puissantes armées,
Qui nagèrent d’abord dans leur sang répandu.
Le combat demeura quelque temps suspendu,
1440 Mais les Bulgariens à la fin vous cédèrent,
Leur Roi demeura mort, leurs troupes reculèrent,
Lorsque par un soldat du succès averti,
J’embrasse contre vous le plus faible parti,
Et vous cherche partout, plein de haine et de rage.
1445 Il serait superflu d’en dire davantage,
Et comment à son tour votre troupe céda,
Vous savez mieux que moi tout ce qui succéda.
Ma prise, ma prison, et votre courtoisie,
Et que d’un tel bienfait j’eus l’âme si saisie,
1450 Que l’amitié chassant la haine hors de mon sein,
Je conçus de l’horreur pour mon premier dessein :
Et ne veux réparer cette damnable envie,
Q’en cherchant les moyens de vous donner ma vie.
Maintenant, ô Léon, que vous me connaissez,
1455 Pourquoi m’épargnez-vous si vous me haïssez ?
Que vous sert au côté cette inutile épée,
Que du sang odieux jusqu’aux gardes trempée,
Vous ne vous délivrez d’un si grand ennemi ?
S’il ne meurt par vos mains, il ne meurt qu’à demi.
1460 Vous n’êtes point cruel en le privant de vie,
Puisque le droit le veut, et qu’il vous y convie.
Quoi, vous doutez encore, et ne connaissez pas
L’avantage pour vous qui suivra mon trépas.
Bradamante est à moi, sa parole est donnée,
1465 Et ma mort seulement peut rompre l’hyménée.
J’ai beau quitter mes droits, j’ai beau vous la céder,
Nul, tant que je vivrai, ne la peut posséder.
Faites-moi donc mourir, ou souffrez que je meure,
Et puisque en votre endroit la fortune est meilleure.
1470 Allez jouir des biens que le Ciel vous promet,
Et goûter des douceurs tandis qu’il le permet.
LÉON.
Ne trouvez pas mauvais de voir sur mon visage,
De mon étonnement un si grand témoignage.
Certes, cette nouvelle à l’abord m’a surpris,
1475 Et ce nom de Roger a saisi mes esprits.
Non pas qu’il ait changé l’amour que je vous porte,
Son ardeur au contraire en est beaucoup plus forte :
Et ce nom même au lieu de la diminuer,
M’oblige davantage à la continuer.
1480 Il est vrai que Roger m’a donné de la haine,
Autant que son amour m’a procuré de peine,
Et que j’ai souhaité sa ruine et son mal,
Comme on peut souhaiter la perte d’un rival.
Mais si j’eusse d’abord reconnu sa personne,
1485 Il eût reçu de moi le coeur que je lui donne ;
Et quand dans la prison il se fût découvert,
Il n’en eût ressenti que ce qu’il a souffert.
J’adore la vertu partout où je la trouve.
Que s’il en eût voulu quelque meilleure preuve,
1490 J’atteste devant Dieu, que j’aurais fait pour lui,
Ce qu’avecque raison je veux faire aujourd’hui.
Oui, si vous ne m’eussiez par cette méfiance
Dérobé le bonheur de votre connaissance,
Et caché votre nom mieux que votre vertu,
1495 Jamais en ma faveur vous n’eussiez combattu.
Je n’aurais point souffert qu’on vous eût contesté
15
Celle qu’imprudemment je vous avais ôtée,
Et que je vous redonne avec un repentir
Des maux que mon erreur vous a fait ressentir.
1500 Venez donc la revoir, puisque amour vous l’ordonne,
Et que votre victoire avec lui vous la donne.
Elle est vôtre, et pas un ne vous la peut ôter,
Que si l’avare Aymon vous la veut contester.
La moitié de la Grèce est assez spacieuse,
1505 Pour saouler l’appétit d’une âme ambitieuse,
L’Empire d’Orient nous laisse assez pour tous.
ROGER.
Ces excès de bonté n’appartiennent qu’à vous,
Il n’est qu’un seul Léon qui se vainque soi-même.
Ô qu’en ses actions votre gloire est extrême,
1510 Que vous méritez bien un si rare bienfait,
Et que le Ciel est juste au présent qu’il vous fait.
Non, il n’est qu’un Léon digne de Bradamante,
Qu’il la possède donc, qu’elle vive contente,
Et goûte désormais des douceurs avec lui,
1515 Que la faveur des dieux leur promet aujourd’hui.
LÉON.
Quoi donc, vos premiers voeux sont encore si fermes !
De grâce, cher ami, changeons, changeons de termes,
Et ne retenez rien de l’horreur de ces bois,
S’il vous faut conjurer pour la dernière fois.
1520 Je ne vous parle point de l’amitié passée,
Puisque de votre esprit elle est presque effacée :
Mais par la passion qui vous conduit ici,
Que cette passion vous en retire aussi.
Ne me refusez pas cette dernière grâce.
ROGER.
1525 Il n’est rien que pour vous mon amitié ne fasse,
Mais vous ravir un bien par une lâcheté,
Que votre courtoisie a si bien mérité.
Ne bâtir mon bonheur que sur votre ruine,
Ah, Léon, seulement ce penser m’assassine.
1530 Vous m’offrez un poignard pour vous percer le sein,
Et je dois consentir à ce lâche dessein ;
Hé, quelle opinion avez-vous de mon âme ?
Non, non, vivez heureux au sein de votre Dame.
Bradamante est à vous, le Ciel le veut aussi.
1535 Et le Ciel m’est témoin que je le veux aussi.
LÉON.
Si ce point seulement vous défend de me suivre,
Rien plus ne vous défend d’espérer et de vivre.
Ne considérez plus Léon, ni son amour,
Puisqu’en vous connaissant il a perdu le jour.
1540 Non, non, je n’aime plus, et ne tiens Bradamante,
Vos intérêts à part, que pour indifférente.
Eût-elle plus d’appas, je suis sans passion.
Que si vous lui gardez un peu d’affection,
Et si dans votre coeur sa belle image empreinte,
1545 Dans l’horreur de ces bois n’est pas encore éteinte.
Je vous conjure ici par ce premier pouvoir,
Et par tous vos serments de la venir revoir.
Elle vous le commande, et je vous en conjure.
ROGER.
Que deviendra mon âme au combat qu’elle endure ?
1550 Les larmes d’un ami, l’amour et le devoir,
Pour ébranler un coeur ont beaucoup de pouvoir.
Bien, vous avez vaincu mon ange tutélaire,
Me voici désormais résolu de vous plaire.
Mais je proteste encor, comme j’ai protesté,
1555 Que vous me contraignez à cette lâcheté,
Et que je tiens de vous une seconde vie.
LÉON.
C’était moi seulement qui vous l’avais ravie.
Mais puisque je me vois au comble de mes voeux,
Allons, allons revoir un climat plus heureux.
1560 Allons ravir la cour, et surtout Bradamante,
Qui, comme je l’ai vécu, se meurt dans cette attente.
Ôtons-lui le sujet qu’elle a de me haïr.
ROGER.
Allons, je ne vivrai que pour vous obéir.