M. DC. XXXIX. AVEC PRIVILÈGE DU ROI.
De Mr de la CALPRENÈDE.
Extrait du Privilège du Roi. §
LOUIS PAR LA GRÂCE DE DIEU ROI DE FRANCE ET DE NAVARRE, À nos amés et féaux Conseillers les Gens tenant nos cours de Parlement, Maîtres des Requêtes, ordinaires de notre Hôtel, Baillifs, Sénéchaux, Prévôts, leurs Lieutenants, et à tous autres nos Justiciers et officiers qu’il appartiendra, Salut. Notre bien-aimé Augustin Courbé, Libraire à Paris, nous a fait remontrer qu’il a recouvert un manuscrit d’un livre intitulé, La mort des enfants d’Hérode, ou suite de Mariane, Par le sieur de la Calprenède, lequel livre il désirerait imprimer, s’il avait sur ce nos lettres nécessaires, lesquelles il nous a très humblement supplié de lui accorder. À ces causes nous avons permis et permettons à l’exposant d’imprimer, ou faire imprimer, vendre et débiter par tous les lieux de notre obéissance, en un ou plusieurs volumes ledit livre, en telle marge et caractères, et autant de fois qu’il voudra, durant l’espace de sept ans, entiers et accomplis, à compter du jour que ledit livre sera achevé d’imprimer pour la première fois. Et faisons très expresses défenses à toutes personnes de quelque qualité et condition qu’elles soient, de l’imprimer, faire imprimer, vendre ni distribuer en aucun lieu de ce Royaume, durant ledit temps et espace sous prétexte d’augmentation, correction, changement de titre ou autrement, en quelque sorte et manière que ce soit, à peine de quatorze cent livres d’amende, payables sans déport par chacun des contrevenants, et applicables un tiers à nous, un tiers à l’Hôtel Dieu de Paris, et l’autre tiers à l’exposant, confiscations des exemplaires contrefaits, et de tous dépends en dommages et intérêts. À condition qu’il en sera mis deux Exemplaires, en notre Bibliothèque publique, et un en celle de notre très cher et féal, le sieur Séguier, Chevalier, Chancelier de France, avant que de les exposer en vente ; à peine de nullité des présentes, du contenu desquelles nous vous mandons que vous fassiez jouir pleinement et pacifiquement l’exposant, et ceux qui ont droit de lui, sans qu’il leur soit fait aucun trouble ou empêchement. Voulons qu’en mettant au commencement ou à la fin de chaque volume un bref extrait des présentes, elles soient tenues pour signifiées, et que foi y soit ajoutée, et aux copies d’icelles, collationnées par un de nos amés et féaux Conseillers et Sénéchaux, comme à l’Original. Mandons aussi au premier notre Huissier ou Sergent sur ce requis de faire pour l’exécution des présentes tous exploits nécessaires, sans demander autre permission. Car tel est notre plaisir. Nonobstant oppositions ou appellations quelconques, et sans préjudice d’icelles, Clameur de Haro, Chartre Normande, et autres Lettres à ce contraires,
DONNÉ À Paris, le 1er jour de Mai, l’an de grâce, mil six cent trente neuf, et de notre Règne le Vingt-neuvième.
Par le Roi en son Conseil, Signé CONRART.
Les exemplaires ont été fournis, ainsi qu’il est porté par le Privilège.
MONSEIGNEUR, §
Vous aurez raison de dédaigner un devoir que je vous rends si tard, et de méconnaître celui qui semble s’intéresser si peu dans les obligations que tout ce Royaume vous a. Il est vrai Monseigneur, que je parais mauvais Français, et que je devais plutôt employer le peu que je sais à publier les bonheurs qui nous accompagnent depuis que le Ciel nous a mis sous votre protection, qu’à représenter les malheurs de Mithridate, d’Élisabeth, ou d’Hérode. Le ressentiment général m’obligeait sans doute à cette reconnaissance, et le soin de toute la réputation que je puis tirer de mes ouvrages m’en devait faire puiser la matière dans les merveilles d’une vie beaucoup plus illustre que les leurs. Mais Monseigneur, si votre bonté me permet de dire quelque chose pour ma justification je supplierai votre Éminence de considérer qu’Hector tua bien Patrocle, et brûla les Navires des Grecs, mais dut s’enfuir devant Achille, et quel heureux succès d’un dessein de peu d’importance ne nous doit point faire méconnaître, et nous porter aveuglément à des entreprises trop hautes, J’ai épousé les passions de mes Héros, et les ai traitées assez heureusement puisque votre Éminence s’y est divertie. Certes c’est le plus glorieux fruit que l’on pouvait jamais attendre, mais l’approbation que vous m’en daignâtes faire paraître ne m’ôta point la connaissance de mes forces, et j’ai toujours bien jugé qu’il m’était plus facile d’exposer la générosité de Mithridate qu’un rayon de la vôtre, et de traiter les maximes d’État d’Élisabeth, et d’Hérode que d’écrire les éminentes vertus de celui qui possédant toutes les bonnes qualités que ces deux âmes politiques ont possédées est exempt de toutes les mauvaises. Cette raison m’a toujours retenu et bien que je demeurasse muet parmi tant de personnes qui publiaient mes ressentiments et ceux de toute la France dans les leurs, e conservais toujours dans l’âme un zèle d’autant plus grand que je suis moins capable de l’exprimer, et m’étais formé une idée dont la hauteur m’a véritablement épouvanté. C’est une imprudence que d’attacher sa vue sur une lumière trop brillante dont l’éclat nous l’affaiblit insensiblement, et nous la ferait enfin perdre ; on défend aux esprits faibles la lecture de beaucoup de points importants pour leur salut ; mais trop relevés pour eux, et nous avons dans l’Église des choses de qui pour être sacrées l’attouchement ne nous est pas permis. Ceux qui jettent les yeux sur votre Éminence avec autre dessein que d’admirer simplement toutes ses actions tombent dans la même faute et sont des présomptueux de qui la chute est d’autant plus dangereuse qu’ils ont pris une volée trop haute. Il faut des Homère pour des Achille, des Virgile pour des Énée, et des Tasse pour des Godefroi, et de toutes les actions d’Alexandre je n’en trouve point de plus judicieuse que la défense qu’il fit, de faire son image à tout autre que Lisippus. Et certes Monseigneur, quand je considère les prodiges de votre vie, je ne crois plus qu’il soit au pouvoir des hommes d’écrire des choses si infiniment au-dessus d’eux, ils n’en peuvent parler que comme les Perses du Soleil ; et les plus prudents à l’imitation du Peintre couvriront sans doute d’un voile ce qu’ils ne pourront assez bien exprimer, aussi quelle satisfaction peut-on en tirer de ces veilles en mettant au jour ce que la postérité ne prendra que pour des fables puisque les merveilles qui leur fourniront de matière semblent aussi éloignées de la vérité qu’elles le sont de l’apparence, et du pouvoir des hommes. Qu’on laisse donc à la renommée ce que nous ne pouvons exécuter, ses cent bouches suppléeront à notre faiblesse, et toute l’Europe est une table où l’histoire de votre vie est gravée en des caractères éternels. C’est sur cet ample Théâtre que vous avez paru avec tant de pompe, et que vous avez obligé toute la terre à suspendre ses propres intérêts pour regarder avec quelle prudence et quelle haute conduite vous démêlez les nôtres. C’est là qu’elle vous a vu comme un Ajax couvrir toute la France de votre Bouclier, et repoussant ses ennemis leur porter la terreur, la honte, et la ruine dans leurs terres. C’est par vous qu’elle a vu un jeune Alcide étouffer tant de monstres, et surmonter des difficultés sous qui le premier eut infailliblement succombé. Elle vous considère comme l’Ulysse de ce Diomède, sa main peut tout exécuter pourvu que votre tête le seconde, et tant que son courage et votre prudence seront unis, les Empires pendront à la pointe de son épée. Mais vous ne travaillez pas seulement pour la gloire, et dans le grand soin que vous prenez pour le succès de ses armes vous conservez celui de sa conscience, dans toutes ses actions, et les vôtres la justice éclate visiblement, et toutes vos entreprises ont des motifs si raisonnables que les plus religieux et sévères Casuistes ne les considèrent que comme des oeuvres méritoires. Aussi le zèle pour le service de Dieu que votre Éminence fait tous les jours paraître dans un État où la religion était très affaiblie attire visiblement les grâces du Ciel sur nos têtes, et je ne doute point, que ce ne soit à vos souhaits, qu’il a donné un Dauphin que nous n’osions plus espérer. La France doit ajouter cette faveur au nombre de celles qu’elle reçoit de votre protection, et demander ardemment à Dieu qu’il vous conserve pour le fils comme il vous a fait naître pour le père, avec cette grâce elle obtiendra l’Empire de l’Europe, et paraîtra plus triomphante sous le règne de ce Prince que la superbe Rome ne le fut sous celui d’Auguste. Il lira dans votre vie tout ce qui le doit instruire à bien régner, et quand le feu d’une bouillante jeunesse sera modéré par votre conduite il n’osera rien qu’il n’achève avec gloire, et facilité. Mais Monseigneur, où me suis-je insensiblement laissé emporté ; Je ne tiens plus dans mes premiers termes ; je viens de faire ce que je condamnais aux autres, et contre ma résolution j’ai avec témérité parlé de votre Éminence. Pardonnez Monseigneur, au zèle qui m’a aveuglé, croyez qu’il est très véritable que je suis d’une nation et d’humeur qui ne saurait feindre, et que l’état où vous êtes, bien qu’il doive obliger toute la terre à avoir de la complaisance pour vous, ne m’a rien fait dire contre mes vrais sentiments. Plût à Dieu que je vous en pusse donner des preuves, et qu’il me fut permis d’employer pour votre Éminence une vie que je perdrais glorieusement si j’avais l’honneur de la perdre pour son service. En attendant que le Ciel m’en fasse connaître les occasions, acceptez, Monseigneur, ce Politique que je vous offre, s’il eut des vices que vous détestez, il eut des vertus que vous estimez sans doute, et son courage et sa bonne conduite ont effacé une partie des taches de sa vie. Pardonnez-moi Monseigneur, la liberté que je prends de le mettre sous votre protection, et excusez la témérité que j’ai de me dire
Monseigneur
DE VOTRE ÉMINENCE, Le très humble très obéissant Et très fidèle serviteur,
LES ACTEURS §
- HÉRODE.
- ALEXANDRE, fils d’Hérode et de Mariane.
- ARISTOBULE, fils d’Hérode et de Mariane.
- PHÉRORE, frère d’Hérode*.
- ANTIPATRE, fils naturel d’Hérode.
- GLAPHIRA, princesse de Cappadoce, femme d’Alexandre.
- SALOME, soeur d’Hérode.
- RACHEL, damoiselle de Glaphira.
- DIOPHANTE, Secrétaire d’Hérode.
- MÉLAS, ambassadeur du Roi de Cappadoce.
ACTE I §
SCÈNE I. Glaphira, Alexandre. §
GLAPHIRA.
ALEXANDRE.
GLAPHIRA.
ALEXANDRE.
GLAPHIRA.
ALEXANDRE.
GLAPHIRA.
ALEXANDRE.
GLAPHIRA.
ALEXANDRE.
SCÈNE II. §
HÉRODE, parlant à Salomé, Phérore et Antipatre qui se retirent.
4SCÈNE III. Hérode, Alexandre. §
HÉRODE.
ALEXANDRE.
HÉRODE.
ALEXANDRE.
HÉRODE.
ALEXANDRE.
HÉRODE.
ALEXANDRE.
HÉRODE.
SCÈNE IV. Hérode, Phérore, Alexandre. §
HÉRODE.
PHÉRORE.
HÉRODE.
PHÉRORE.
HÉRODE.
ALEXANDRE.
HÉRODE.
ACTE II §
SCÈNE I. Aristobule, Antipatre. §
ARISTOBULE.
ANTIPATRE.
7ARISTOBULE.
ANTIPATRE.
ARISTOBULE.
ANTIPATRE.
ARISTOBULE, seul.
SCÈNE II. Alexandre, Aristobule, Glaphira. §
ALEXANDRE.
ARISTOBULE.
ALEXANDRE.
GLAPHIRA.
ALEXANDRE.
GLAPHIRA.
ALEXANDRE.
ARISTOBULE.
ALEXANDRE.
SCÈNE III. Antipatre, Diophante. §
ANTIPATRE.
DIOPHANTE.
ANTIPATRE.
SCÈNE IV. Hérode, Salomé. §
HÉRODE, dans sa chambre.
SALOMÉ.
HÉRODE.
11SALOMÉ.
SCÈNE V. Hérode, Antipatre, Diophante, Salomé. §
HÉRODE.
ANTIPATRE.
HÉRODE.
DIOPHANTE.
HÉRODE.
SCÈNE VI. Hérode, Alexandre, Aristobule. §
HÉRODE.
ALEXANDRE.
HÉRODE.
ARISTOBULE.
HÉRODE.
ACTE III §
SCÈNE I. Glaphira, Salomé. §
GLAPHIRA.
SALOMÉ.
GLAPHIRA, bas.
13SALOMÉ.
GLAPHIRA.
SALOMÉ.
GLAPHIRA.
SCÈNE II. §
SALOMÉ, seule.
SCÈNE III. Hérode, Mélas. §
HÉRODE.
MÉLAS.
HÉRODE.
SCÈNE IV. Antipatre, Hérode, Diophante, Mélas. §
ANTIPATRE.
HÉRODE.
ANTIPATRE.
DIOPHANTE.
HÉRODE.
MÉLAS.
ANTIPATRE.
MÉLAS.
ANTIPATRE.
HÉRODE.
ACTE IV §
SCÈNE I. Hérode, Alexandre, Aristobule, et les Juges. §
HÉRODE, dans un trône au milieu des Juges.
ALEXANDRE.
17HÉRODE.
ARISTOBULE.
HÉRODE.
ALEXANDRE.
ARISTOBULE.
HÉRODE.
SCÈNE II. Hérode, Glaphira, Alexandre, Aristobule, Mélas. §
HÉRODE.
GLAPHIRA.
ALEXANDRE.
GLAPHIRA.
HÉRODE.
ALEXANDRE.
GLAPHIRA.
ALEXANDRE.
GLAPHIRA.
ALEXANDRE.
GLAPHIRA.
ALEXANDRE.
GLAPHIRA.
RACHEL.
ALEXANDRE.
HÉRODE.
MÉLAS.
HÉRODE.
GLAPHIRA.
ALEXANDRE.
GLAPHIRA.
ALEXANDRE.
ACTE V §
SCÈNE I. Alexandre, Aristobule dans sa prison. §
ALEXANDRE.
ARISTOBULE.
ALEXANDRE.
ARISTOBULE.
ALEXANDRE.
SCÈNE II. Alexandre, Aristobule, Diophante, avec des gardes. §
ARISTOBULE.
DIOPHANTE.
ARISTOBULE.
DIOPHANTE.
ALEXANDRE.
DIOPHANTE.
ALEXANDRE.
ARISTOBULE.
ALEXANDRE.
DIOPHANTE.
ARISTOBULE.
SCÈNE III. Glaphira, Hérode, Salomé, Antipatre. §
GLAPHIRA.
HÉRODE.
GLAPHIRA.
HÉRODE.
GLAPHIRA.
SCÈNE IV. Hérode, Antipatre, Salomé. §
HÉRODE.
ANTIPATRE.
HÉRODE.
SALOMÉ.
HÉRODE.
SCÈNE V. Glaphira, Rachel, Glaphira, dans sa prison, auprès des corps d’Alexandre, et Aristobule. §
GLAPHIRA.
RACHEL.
GLAPHIRA.