DE MONSIEUR MONTFLEURY,
CONTENANT
SES PIECES DE THEATRE.Représentées par la Troupe des Comediens
du Roy à Paris.TOME SECOND.
Chez CHRISTOPHE DAVID, Quay
des Augustins, à l’Image S. Christophe.
M. DCCV AVEC PRIVILEGE DU ROY.
PAR M. DE MONTFLEURY.
Avant-propos §
Notre recherche a pour sujet Le Mary sans femme d’Antoine Jacob de Montfleury. A priori, nous sommes en présence d’une pièce oubliée, d’un auteur qui l’est tout autant... En effet, le nom de Montfleury a disparu des anthologies littéraires modernes et il faut chercher dans les ouvrages spécialisés sur le théâtre du XVIIe siècle pour voir apparaître son nom…
On se rend alors compte qu’Antoine Jacob de Montfleury fut un illustre dramaturge comique de son temps, grand rival de Molière, et que Le Mary sans femme, première comédie en cinq actes de l’auteur, remporta un franc succès au XVIIe et même au XVIIIe siècle.
Il est donc intéressant de s’attacher à la pièce : retracer son histoire, de la scène à l’édition ; étudier ses sources, mais aussi ses originalités, à l’aune des critères de l’époque ; pour essayer enfin de comprendre ce qui entraîna son succès, et son oubli aujourd’hui...
Antoine Jacob Montfleury (1639-1685) §
Un dramaturge oublié §
Antoine Jacob de Montfleury fut un grand dramaturge de la seconde moitié du XVIIe siècle. Bien que la postérité n’ait retenu que le nom de Molière, les deux écrivains furent contemporains et les dates de leurs productions se superposent : de 1660 à 1678, Antoine Jacob de Montfleury écrivit à peu près une pièce par an1, alors que la production théâtrale de Molière se concentra autour des années 1655 et 1673. La carrière de deux auteurs présente de curieuses ressemblances2, allant de pair avec de fortes rivalités.
Fils de Zacharie Jacob, célèbre comédien de la troupe de l’hôtel de Bourgogne, et mari de Marie-Marguerite Soulas, fille de Floridor, comédien non moins illustre de la troupe, Antoine Jacob de Montfleury fut intimement lié à la vie de l’hôtel de Bourgogne. En 1663, lorsque Molière se moque de Montfleury père dans l’Impromptu de Versailles, le raillant d’être « gros et gras comme quatre » et se moquant de sa déclamation boursouflée, c’est Antoine Jacob qui répond avec l’Impromptu de l’hôtel de Condé. Au-delà des rivalités personnelles, ce sont deux troupes qui s’affrontent, celle du Palais-Royal et celle de l’Hôtel de Bourgogne, cherchant à s’attirer les faveurs du public et créant l’émulation dans la vie théâtrale de l’époque.
Au regard de la postérité, Molière sort vainqueur de cette concurrence. Lancaster met en avant l’infériorité de Montfleury fils :
Lacking Molière’s genius, he had dramatic talent and he seems to have watched his rival closely in the hope of supplying the troupe of the Hôtel with comic material that might enable it to hold its own against its most successful competitor3.
Mais, c’est peut-être trop comparer le travail des deux dramaturges, quand l’un4 excelle dans la comédie de mœurs et de « caractère », l’autre5 est davantage tourné vers la comédie d’intrigue. L’œuvre d’Antoine Jacob de Montfleury ne doit donc pas être sous-estimée, et fit d’ailleurs l’objet de nombreuses études6.
Éléments biographiques §
L’avertissement aux lecteurs de l’édition collective de 17397 rassemble des informations sur Montfleury, père et fils. L’éditeur a fondé ses propos sur des témoignages de la fille8 et de la petite-nièce9 d’Antoine Jacob de Montfleury10.
Antoine fut baptisé le 22 septembre 163911. Aîné des six enfants que Zacharie Jacob eut avec Jeanne de La Chappe, « actrice, veuve et fille de comédiens12 », Antoine baigna très jeune dans l’univers théâtral, le pseudonyme qu’il emprunta à son père entraînant par la suite de nombreuses confusions : on en vint à attribuer à Montfleury père des pièces écrites par son fils13, et Antoine Jacob fut crédité d’une carrière de comédien, alors qu’il ne monta vraisemblablement jamais sur les planches14. Le mariage d’Antoine perpétua la tradition familiale puisque, le 5 février 1666, il épousa à son tour une jeune fille liée à la troupe de l’hôtel de Bourgogne, Marie-Marguerite Soulas, dont il aurait eu « au moins deux enfants »15.
Auguste Jal rapporte aussi qu’Antoine Jacob « demeurait rue des Deux-Portes et se disait « avocat » »16. En effet, il fut licencié en droit et reçu avocat au Parlement en 1660. Mais, la même année, il écrivit sa première comédie en un acte, Le Mariage de Rien, qu’il signa de son nom : « Antoine Jacob, advocat au parlement ». Il en écrivit une autre l’année suivante, Les Bestes raisonnables, et sembla alors définitivement abandonner le Barreau en faveur de l’écriture.
En 1674, l’échec de Trigaudin ou Martin Braillart annonça la fin de sa carrière dramaturgique. Il n’écrivit plus que deux pièces, en 1677 et 1678, Crispin Gentilhomme et La Dame médecin préférant se tourner vers une autre activité, la finance. En 1678, Colbert le chargea d’une mission diplomatique : recouvrir certains revenus que le Parlement de Provence devait au roi ; tâche dont il s’acquitta fort bien et qui lui aurait valu de recevoir une place dans les Fermes Générales si l’hydropisie ne l’avait pas emporté le 11 octobre 1685 à Aix.
Un auteur comique décrié §
Le théâtre d’Antoine Jacob de Montfleury est connu au XVIIe siècle et plusieurs de ses pièces rencontrèrent un vif succès. En 1669, La Femme juge et partie serait même venue contrebalancer le succès de Tartuffe, dont la troisième version venait enfin d’être autorisée17.
Les critiques littéraires, qui se sont attachés à l’œuvre de Montfleury, lui reconnaissent tous de grands talents comiques, une vivacité de style, des personnages plaisants et bien tracés... Mais, concernant la vraisemblance et la licence de son théâtre, les reproches fusent : « des crudités de langage, un malheureux penchant aux plaisanteries inconvenantes et d’un goût équivoque, une prédilection marquée pour les personnages qui, au fond, sont de francs coquins, une raillerie systématique des sentiments et des devoirs les plus respectables, enfin une rage de bouffonnerie qui ne s’arrête point à la limite où elle devient du cynisme, et qui n’a même pas l’air de soupçonner que cette limite existe. »18 Malgré l’accueil favorable des ses contemporains19, Montfleury fils pâtit de la mauvaise presse des critiques du XVIIIe siècle, choqués par la moralité douteuse de la « vieille comédie »20. Pourtant, il semble bien que le spectateur du XVIIe siècle prenait plaisir à assister aux représentations du théâtre de Montfleury, retrouvant des anecdotes de son temps ou des emprunts à la comédie espagnole.
La pièce que nous étudions, Le Mary sans femme, n’échappe pas à ces critiques : « Cette Comédie est écrite avec beaucoup de feu, bien conduite, et les scènes dialoguées dans le bon ton comique. Le sujet est riant mais il pêche du côté des bonnes mœurs, un homme qu’on démarie, et dont on donne la femme à celui qui l’a enlevée , n’est pas un tableau à présenter au Théâtre. »21
Pour juger par nous-mêmes de l’intérêt de la pièce, rappelons d’abord l’intrigue.
Argument du Mary sans femme §
Acte I §
La scène se passe à Alger. Zaïre, la servante de Célime, demande à des esclaves de venir divertir sa maîtresse (Scène 1). Les esclaves en question, Julie et Carlos, se lamentent, ainsi que leurs valets respectifs, Marine et Tomire, chacun trouvant un responsable à l’issue tragique de leur fuite d’Espagne. Finalement, Marine apprend à tous la possibilité d’être sauvés par Dom Brusquin, le mari trompé de Julie, grâce à une lettre qu’elle lui a adressée (Scène 2). Zaïre reparaît pour annoncer la venue imminente de Célime et les met en garde contre l’humeur maussade de sa maîtresse (Scène 3). Restée seule, Zaïre souhaite le mariage de Célime et Fatiman, le gouverneur d’Alger, union qui lui rendrait la liberté (Scène 4). Avant de voir les esclaves, Célime interroge sa servante sur le comportement des deux amants, Julie et Carlos (Scène 5). Julie et Carlos concertent sur la manière d’aimer des européens. Célime demande à Carlos de rester et lui apprend qu’elle l’aime et entend partager cet amour (Scène 6). Carlos est fort embarrassé (Scène 7). Tomire informe son maître que Dom Brusquin vient de débarquer au port d’Alger avec l’intention de récupérer sa femme. Carlos est désespéré et entraîne Tomire pour s’assurer des dires de son valet (Scène 8).
Acte II §
Dom Brusquin, maussade, lit la lettre de Marine. Son valet, Gusman, lui demande d’expliquer son humeur : Dom Brusquin fait alors part de ses peurs de cocuage, mais avoue aussi sa passion pour Julie qu’il veut récupérer contre rançon. Il souhaite tout de même s’assurer de la fidélité de sa femme auprès de Marine (Scène 1). Tomire amène Marine (Scène 2). Cette dernière éclate de joie devant Dom Brusquin qui lui promet une récompense. Il veut d’abord une explication de l’enlèvement et une assurance de la fidélité de Julie. Fatiman arrive et Marine se retire (Scène 3). Fatiman, accompagné de Stamorat, réclame 5000 ducats pour rendre Julie. Marchandage infructueux de Dom Brusquin. Fatiman sort voir Célime, avec des souhaits de mariage (Scène 4). Célime déclare à Fatiman qu’elle souhaite se marier : les chants de Carlos l’ont rendu amoureuse et pour remercier l’esclave elle demande à Fatiman de lui rendre la liberté. Zaïre est chargée d’annoncer la bonne nouvelle à Carlos (Scène 5). Restée seule avec Fatiman, Zaïre avoue la trahison de Célime : cette dernière aime Carlos bien que l’esclave soit insensible à ses avances. Zaïre doit dorénavant surveiller Célime et voit sa liberté d’autant mieux assurée (Scène 6). Julie cherche Carlos pour le prévenir de l’arrivée de Dom Brusquin et lui demander d’intercéder auprès de Célime. Carlos annonce à Julie qu’ils sont perdus puisque Célime est amoureuse de lui (Scène 7). L’arrivée de Dom Brusquin fait partir Carlos (Scène 8). Julie part aussi (Scène 9). Dom Brusquin se repent de son amour (Scène 10).
Acte III §
Stamorat prévient Fatiman que Dom Brusquin, en possession de la rançon, désire le voir pour récupérer sa femme. Fatiman diffère la rencontre et avertit Zaïre qu’il souhaite démarier Julie en faveur de Carlos et punir Célime par des chants qui la blessent (Scène 1). Célime, impatiente, vient à la rencontre de sa servante et apprend que Carlos a montré stupeur et tristesse à l’annonce de sa libération et qu’il semble bien amoureux de Julie. Elle demande à Zaïre d’aller chercher Tomire, qui est en vue, pour s’éclaircir sur cet amour (Scène 2). Alors qu’il allait annoncer la venue de Dom Brusquin à Fatiman, Tomire est interrogé sur son maître. Célime lui donne une bague et se dit au fait des aventures de Carlos que Tomire développe alors longuement : la qualité de noble de Carlos en Espagne, héritier d’un riche oncle avare et à la santé solide ; son amour pour Julie et l’enlèvement raté qu’il entreprit pour la sauver des bras de son nouveau mari... En contradiction avec le précédent discours de Zaïre, Tomire conte la joie récente de Carlos, due à la promesse de sa libération. Tomire veut informer son maître du contentement de Célime, mais elle s’y oppose, assurant qu’elle s’en chargera elle-même (Scène 3). Célime se fâche, soupçonnant Zaïre de la tromper (Scène 4). Stamorat se présente et offre un coffret de pierreries à Célime de la part de son maître. Cette dernière reçoit le cadeau froidement mais s’enchante à l’annonce d’un prochain concert des amants (Scène 5). Stamorat rapporte à son maître les réactions de Célime et Fatiman fait venir Dom Brusquin (Scène 6). Dom Brusquin demande sa femme contre son argent mais Fatiman lui annonce que leur marché a changé : Julie est libre et va prendre un nouvel époux ; la rançon de Dom Brusquin servira pour la noce. Jérémiades de Dom Brusquin qui finit par s’en aller. Stamorat est chargé par Fatiman de le surveiller (Scène 7). Célime arrive et s’inquiète de ne rien voir installé pour le concert promis. Fatiman l’informe de la venue des chanteurs (Scène 8). Le concert déplaît fortement à Célime qui veut s’en venger. Fatiman feint de s’inquièter de la réaction de Célime et promet de châtier les personnes qui l’offensent : ce sont Julie et Carlos, qu’elle veut voir séparés et punis (Scène 9). Julie implore la grâce de Fatiman. Celui-ci propose la mise en place d’un stratagème mais Zaïre doit continuer à duper sa maîtresse (Scène 10).
Acte IV §
Zaïre assure à sa maîtresse son entière fidélité et demande des éclaircissements sur ses agissements : Célime souhaite mettre Carlos dans une situation si inconfortable, qu’en désespoir de cause, il cèdera à son amour ; suffisamment dupe, Fatiman rompra ensuite ses fers (Scène 1). Fatiman se félicite, en présence de Célime, de voir enfin leur mariage se conclure mais cette dernière veut d’abord savoir si sa vengeance a été exécutée : Fatiman lui apprend l’emprisonnement de Carlos et avoue qu’il n’a pas eu la même rigueur pour Julie, voyant en elle un double de Célime. Cette dernière feint alors la jalousie et accuse Fatiman d’aimer l’esclave. Pour prouver son innocence, Fatiman devra chasser Julie en la rendant à son époux et bannir Carlos d’Alger en lui faisant prendre la mer. Avant toute exécution, Célime demande un entretien particulier avec l’esclave. Sceptique, Fatiman se cache pour comprendre les manigances de Célime. Restée avec Zaïre, elle l’avise qu’un navire anglais est prêt à leur faire quitter le port d’Alger le soir même et que, dans la situation à venir, Carlos finira bien par répondre à son amour (Scène 2). Carlos est amené à Célime : celle-ci lui démontre sa toute-puissance, lui fait un présent et lui demande, avant de partir, de suivre dorénavant les ordres de Zaïre s’il veut être sauvé (Scène 3). Seul avec Zaïre, Carlos s’inquiète de l’aide que celle-ci offre à Célime. C’est alors que Fatiman sort de sa cachette et promet de se venger. De plus, il voit que Célime a offert à Carlos le coffret de pierreries... Sa fureur augmente et le cadeau lui inspire un stratagème... Pour le moment, Zaïre doit donner toute espérance à Célime quant à l’amour de Carlos (Scène 4). Tomire arrive pour raconter les malheurs de Dom Brusquin qui s’est fait battre par la suite de Turcs et avertit de sa venue. Fatiman prévient Carlos qu’il doit rester caché (Scène 5). Dom Brusquin, amené par Stamorat à Fatiman. ne cesse de se plaindre. Il refuse toujours d’être présent au mariage de sa femme. Fatiman envisage son absence à condition qu’il signe un contrat de divorce dont il serait l’instigateur. Dom Brusquin refuse. Fatiman lui laisse alors une heure pour se résoudre, au-delà de ce délai, il sera condamné à l’esclavage et aux galères (Scène 6). Dom Brusquin se plaint toujours, en présence de Stamorat (Scène 7).
Acte V §
Retrouvailles de Marine et Tomire qui, pour mener à bien le plan de Fatiman, attendent Célime. Tomire a appris à Marine que l’oncle de Carlos est mort et que le frère de ce dernier vient payer leur rançon. Tomire profite aussi de l’attente pour conter fleurette. Marine le rabroue, arguant qu’elle n’a plus reçu de marques de tendresse depuis leur esclavage. Carlos explique son insensibilité par ses rudes conditions de vie mais ses sentiments n’ont jamais changé et Julie a même consenti au mariage des deux valets... Célime apparaît, conversant avec Zaïre (Scène 1). Célime s’inquiète des préparatifs du départ auprès de Zaïre qui la rassure. Elle voit Marine et Tomire qui feignent de se disputer au sujet de l’avenir de leurs maîtres : Carlos se verrait libre alors que Julie serait à nouveau livrée à Dom Brusquin. Célime jubile et s’emporte à la demande de Marine de la voir intervenir en faveur de sa maîtresse (Scène 2). Fatiman arrête Carlos devant Célime, dans son appartement (Scène 3). Fatiman menace Carlos de mort et Célime en demande la raison : l’esclave a été retrouvé en possession du coffret de pierreries, présent du gouverneur à Célime. La Dame prend sa servante à témoin pour expliquer qu’elle avait confié les diamants à Carlos afin qu’il les remette à un lapidaire pour les mettre en œuvre. Elle voulait ainsi faire une surprise à Fatiman en ne passant pas par son intermédiaire. Fatiman gracie donc l’esclave et Célime court le délivrer (Scène 4). Fatiman est au comble de l’agacement. Il entend venir Dom Brusquin (Scène 5). Dom Brusquin accepte de signer mais Stamorat lui apprend que sa résolution vient trop tard car l’heure est passée. Dom Brusquin parlemente et Stamorat se résout à aller voir son maître (Scène 6). Dom Brusquin se repent de sa conduite (Scène 7). En présence de Fatiman, Dom Brusquin s’engage à signer ce qu’on lui demande, à régler les frais du mariage, à être présent à la noce et à offrir, de sa main, sa femme à son futur époux (Scène 8). Fatiman engage Julie à présenter ses remerciements à Dom Brusquin et s’apprête à présenter le futur mari de Julie (Scène 9). Célime amène Carlos et invite Fatiman à rendre son époux à Julie avant qu’ils ne partent. Fatiman offre alors la main de Julie à Carlos. Fatiman accuse Célime de traîtrise et la condamne à paraître devant le Divan (Scène 10). Dom Brusquin s’étonne du mari que l’on donne à Julie mais Fatiman rappelle leur amour fidèle. Concert final et dernières jérémiades de Dom Brusquin (Scène dernière).
Représentation de la pièce §
Première représentation §
Nous n’avons pas plus d’informations sur la première représentation de la pièce que nous n’en avons sur la première édition22... Encore une fois, l’avertissement au lecteur de l’édition de 173923 est la principale source d’informations : selon l’ordre chronologique proposé, Le Mary sans femme aurait été représentée la première fois sur la scène du théâtre de l’hôtel de Bourgogne, après Les Bestes raisonnables mais avant Trasibule, ce qui fixerait la date de la première représentation entre les années 1661 et 1663.
Au XVIIe siècle, la représentation précédait toujours la publication de la pièce24. Le Mary sans femme ayant été publiée en 1663, selon les sources disponibles aujourd’hui, nous pouvons supposer que la pièce a été représentée, au plus tard, cette année-là. Si la représentation de la pièce ne peut être réellement mise en cause dans la mesure où elle a été éditée, nous pouvons cependant nous demander si elle remporta le succès suggéré par certains commentateurs25. En effet, nul journal, gazette ou autre répertoire consultable de nos jours, ne fait mention de la pièce avant 169526. Cependant, la gazette de Loret rendait rarement compte des spectacles avant 1663-64 ; ce sont ses successeurs, à partir de 1665, en particulier Robinet, qui se montreront plus attentifs à la vie théâtrale. La critique de l’époque était aussi, pour une large part, orale avec les salons mondains. L’absence d’analyse concernant Le Mary sans femme dans les moyens d’informations écrits de l’époque27 n’est donc pas gage d’échec.
Ce qui témoigne de la bonne réception de la pièce, c’est que, trente ans après sa création, Champmeslé eut l’idée de « raccommoder » la pièce et de l’ajouter au répertoire de la Comédie Française. D’ailleurs, grand bien en prit à l’acteur car, entre 1695 et 1761, Le Mary sans femme fut représentée soixante et onze fois28, ce qui est un succès appréciable.
La date de la première représentation du Mary sans femme sera donc plus ou moins éloignée de l’année 1663, date de sa première édition, en fonction du succès que nous lui attribuons29. Cependant, il est peu probable que la pièce éditée en 1663, fut représentée en 166130, et nous réduirons les dates possibles de sa première représentation aux années 1662 et 1663.
Propositions scénographiques §
Le Mémoire de Mahelot §
Nous n’avons pas de traces de la première représentation mais nous pouvons faire des hypothèses sur la scénographie de la pièce grâce au Mémoire de Mahelot.31. Ce document rapportait les pièces jouées par la Troupe Royale en précisant « dans une notice les décors et les accessoires nécessaires à leur représentation et en conservant un croquis du dispositif scénographique dans lequel elles pouvaient être données. »32 Il donnait aussi aux peintres, chargés de brosser les décors, les indications nécessaires pour réaliser les toiles. Pour résumer, le Mémoire de Mahelot était une « pièce d’archives à l’usage du décorateur, du comédien et du peintre, il servait à consigner et à conserver tous les éléments techniques nécessaires à la représentation des œuvres figurant au répertoire de la troupe lors de leur création ou de leur reprise. »33 Il faut ajouter que ce document doit être envisagé comme un aide-mémoire à usage interne à la troupe, et non comme une archive fournissant des indications scrupuleusement respectées...
Le Mary sans femme n’est pas mentionnée dans le Mémoire. Cette absence peut s’expliquer par les périodes théâtrales traitées par l’ouvrage. Lancaster et Deierkauf-Holsboer34 ne donnent pas les mêmes dates pour les diverses parties du Mémoire de Mahelot. Cependant, comme le met en avant Pierre Pasquier, il paraît plus intéressant de délimiter les périodes où la Troupe Royale avait pour répertoire la liste des pièces que de connaître les dates de rédaction du Mémoire : la première liste correspondrait à la fin de la saison 1633-1634 ou à une partie de la saison 1634-1635 ; la deuxième liste restituerait les pièces jouées par la troupe de 1673 à 1685. Quel que soit le degré d’incertitude accordée à ces dates, les premières représentations du Mary sans femme seraient suffisamment éloignées des deux périodes pour ne point y figurer.
Le choix du décor §
Le Mémoire de Mahelot présente deux scénographies bien distinctes, celle des années 1630 et celle de l’époque classique, et nous pouvons nous demander laquelle fut adoptée pour Le Mary sans femme.
Dans les années 1630, le décor de l’Hôtel de Bourgogne était agencé autour de cinq chambres : « deux côtés jardin, deux côté cour et une au centre du dispositif. »35 Une typologie des chambres se fait jour à l’étude des croquis de Mahelot. « Sept chambres [...] apparaissent fréquemment : la grotte, la maison, le palais, la pièce décorée (appelée par Mahelot « belle chambre »), le jardin et le bois (pas toujours nettement distincts), les rochers. Sept autres chambres sont moins fréquemment utilisées : la fontaine et la source (souvent confondues), la prison, le temple, le tombeau, la rivière et la mer (pas toujours distinctes), la tour (qui se fait quelquefois prison), l’arche de verdure. Enfin, Mahelot produit beaucoup plus rarement quelques autres chambres : la forteresse, la ruine, l’ermitage, l’échoppe et la tente. »36
Mais, en 1663, le décor unique et uni, décrit par Michel Laurent à l’Hôtel de Bourgogne dans les années 1670-1680, s’était déjà imposé au théâtre. Aux chambres multiples détaillées par Mahelot, s’est substitué le « palais à volonté » ou « salle de palais » pour la tragédie, et le carrefour urbain ou la pièce bourgeoise pour la comédie37.
Avec Le Mary sans femme, Montfleury semble influencé par la règle de l’unité de lieu recommandée par le modèle classique, mais il ne la respecte pas scrupuleusement. En effet, si Le Mary sans femme se déroule principalement dans un lieu, la salle principale de l’appartement de Célime, le décor est aussi obligé de prendre en compte le cabinet, lieu important pour l’intrigue de la pièce.
Le dictionnaire Furetière peut nous éclairer quant à la composition de l’« apartement » : « Portion d’un grand logis où une personne loge, ou peut loger separément. Un apartement Royal est composé de chambre, antichambre, cabinet, & galerie. »38
Trois appartements sont mentionnés dans Le Mary sans femme : au vers 235, Célime autorise les amants à retourner dans leur appartement39 ; aux vers 653-654, Fatiman demande à Zaïre de venir dans son appartement, et non dans celui de Célime, l’instruire du complot de sa maîtresse40 ; aux vers 1414 et 1431, Célime est outrée par ce qui se passe dans le sien41.
D’autres lieux sont évoqués dans la pièce mais n’ont pas besoin de figurer sur scène : le port d’Alger42 où débarquent Julie, Carlos, Marine et Tomire, après leur enlèvement sur mer ; la mer43, lieu de tous les dangers et de l’isolement favorable à l’intimité amoureuse ; la prison44 où Julie et Carlos doivent d’abord être enfermés suivant la volonté de Célime, puis Carlos y est envoyé seul par Fatiman, accusé de vol de pierreries.
L’appartement de Célime est cependant le lieu unique où se déroule la pièce, et ce dernier pourrait être agencé comme le décrit Furetière : d’abord composé d’une salle qui sert de carrefour à toutes les rencontres, il comporte aussi un cabinet où Zaïre, puis Fatiman, se cachent pour espionner Célime45 ; une chambre est mentionnée par Zaïre au vers 12246 ; l’antichambre et la galerie ne sont pas évoquées.
On reconnaît dans l’usage du cabinet, une influence de la comédie à l’espagnole. Utilisé à l’origine pour des raisons d’ordre moral47, le cabinet séduit ensuite les adaptateurs français des comedias espagnoles, qui y voient un moyen idéal de bouleverser rapidement l’intrigue. Les décorateurs durent aménager « des chambres ouvrantes munies de portes commodément ouvrables, percées dans la cloison du fond du compartiment, voire dans certains cas, dans la cloison latérale. »48
Nous pouvons imaginer un décor assez simple pour Le Mary sans femme : une « salle de palais »49 peu caractérisée, agrémentée de trois portes : deux portes latérales figurant, d’un côté, une galerie qui communique avec le reste du palais, de l’autre côté, la chambre de Célime ; et une porte, au fond du compartiment, pour représenter le cabinet.
L’indication, « La scène est dans Alger », n’est pas gage d’un décor oriental. Le décor unique du théâtre classique avait tendance à gommer toute couleur locale50. De plus, le texte du Mary sans femme ne fait jamais mention de quelque exotisme du lieu51.
Les objets §
La présence d’objets scéniques n’est pas davantage précisée dans les didascalies du Mary sans femme52. Pourtant, la représentation de la pièce en nécessite un certain nombre53 : le billet envoyé par Marine et lu par Dom Brusquin à la scène 1 de l’acte II ; le coffret de pierreries offert dans un premier temps par Fatiman à Célime à la scène 5 de l’acte III, puis par Célime à Carlos à la scène 3 de l’acte IV, et qui réapparaît finalement à la scène 4 de l’acte V pour confondre Célime ; le blanc-signé54 (blanc-seing) que donne Dom Brusquin à Fatiman pour recouvrer sa liberté.
Ces objets scéniques sont porteurs d’une fonction dramatique et ont une incidence notable sur le cours de l’action. Suivant la typologie de Marc Vuillermoz55, le billet de Marine et le coffret de pierreries ont une « fonction motrice », le blanc-seing de Dom-Brusquin une « fonction résolutive ». Si le blanc-seing a une fonction « périphérique » dans la mesure où il apparaît à la fin de la pièce et ne résout que partiellement le sort de Dom Brusquin, le billet et le coffret ont une fonction fondamentale. En effet, le billet envoyé par Marine explique l’arrivée de Dom Brusquin à l’acte II de la pièce, décidé à récupérer sa femme en payant la rançon des corsaires. Ce billet va être source de malentendus pour Dom Brusquin : il est surpris par les explications rocambolesques de Marine56, ne comprend pas la froideur de Julie alors qu’il vient la libérer57, ni les négociations de Fatiman quand il lui offre l’argent58. Le coffret de pierreries est aussi propice à des situations fausses. Il passe du statut de présent amoureux (offert par Fatiman à Célime, puis par Célime à Carlos) à celui d’objet de vengeance : quand Fatiman s’aperçoit de la tromperie de Célime, il la tourmente en associant le coffret à la perte de Carlos59. Le retournement de situation dans la pièce s’accompagne donc du renversement de rôle de l’objet qui, d’« adjuvant », se transforme en « opposant » à l’encontre de Célime, pour reprendre une terminologie empruntée à l’analyse actancielle.
Il est fait allusion à des objets extra-scéniques dans la pièce : les fers60, le casaquin61, le gourdin62. L’éviction de ces objets de la scène peut être expliquée par les règles de bienséance en rigueur dans la deuxième moitié du XVIIe siècle : la simple référence aux fers est suffisante pour faire surgir dans l’imaginaire collectif la figure des esclaves enchaînés ; l’évocation du gourdin, quant à elle, rappelle déjà trop le registre de la farce pour permettre sa présence sur scène.
Les costumes §
La pièce demanderait aussi une certaine recherche vestimentaire... Mais, d’une part, Montfleury ne donne aucune indication quant aux costumes dans son texte, et, d’autre part, ses exigences n’auraient sûrement pas été respectées à une époque où les produits manufacturés étaient fort chers et entraînaient de grosses dépenses, parfois impossibles pour les comédiens. Les acteurs étaient donc souvent habillés à la mode de l’époque et la richesse, ou la pauvreté, de leur costume dépendait avant tout de leur bourse... Un turban sur la tête et une robe à la turque pouvaient démarquer les turcs des autres personnages. L’acteur jouant le rôle de Dom Brusquin devait être vêtu de manière plus outrancière pour expliquer la description de Tomire à la scène 8 de l’acte I63.
Nous avons déjà noté dans la scénographie du Mary sans femme des particularités qui marquent l’influence espagnole de la pièce. Une partie des personnages vient d’Espagne et la pièce se déroule sur le rivage de la Méditerranée opposé, à Alger. Quels autres éléments tendent à classer Le Mary sans femme dans les comédies à l’espagnole ?
Des influences multiples §
Une influence espagnole §
Absence d’une source identifiée §
Dans l’avis au lecteur de L’Ambigu comique64, Montfleury avoue avoir étudié des pièces espagnoles et avoir assisté à leurs représentations. L’avertissement aux lecteurs de 1739 ajoute qu’« il savoit & parloit si parfaitement l’Espagnol, que la feue Reine, dont il avoit l’honneur d’être connu, disoit que ceux mêmes du pays ne le parloient pas si bien que lui ; aussi a-t’il pris dans leurs auteurs quelques-uns des sujets qu’il a traités. »
En effet, dans les années 1640-1650, les œuvres de l’éclatant Siècle d’Or espagnol sont en vogue en France, chez le public cultivé, et les romanciers et poètes de l’époque connaissent la production littéraire de leurs voisins, au-delà des Pyrénées. Dans le domaine théâtral, Rotrou semble s’être le premier inspiré d’un dramaturge espagnol, Lope de Vega, avec La Bague de l’oubli qui serait une adaptation de Sortija del Olvido. À sa suite, les frères Le Métel, les frères Corneille et Scarron prirent leur inspiration dans beaucoup de pièces espagnoles.
Il est probable qu’Antoine Jacob de Montfleury se soit inspiré d’une pièce espagnole pour construire son intrigue mais ni Puibusque, ni Rohr n’ont pu identifier clairement cette pièce65. L’École des jaloux, où l’on retrouve le même personnage de mari jaloux, sous les traits de Santilanne, serait inspirée de l’Argel fingido de Lope de Vega. Victor Fournel ajoute que plusieurs autres pièces de Montfleury, dont Le Mary sans femme, « sont également tirées de l’espagnol, mais avec beaucoup de liberté, car Montfleury, esprit vif et souple, mettait le sceau de sa propre originalité sur ses imitations. »66 Nous n’avons pas fait davantage de recherches quant à l’hypothétique pièce espagnole qui aurait inspiré Le Mary sans femme. De plus, la production des comedias espagnoles a été particulièrement riche et toutes ces pièces ne sont pas arrivées jusqu’à nous. Enfin, il paraît plus pertinent de déterminer quelles sont les conventions d’écriture espagnoles présentes dans la pièce de Montfleury.
Présence des conventions d’écriture de la comedia §
Nous reconnaissons dans Le Mary sans femme les principaux ressorts de la comédie espagnole67 : une intrigue romanesque, relativement simple comparée à la comédie italienne68, lie des personnages passionnés, pour qui l’amour et l’honneur sont des valeurs fondamentales. Le comique est lié au personnage du valet, le « gracioso » espagnol, ou bien à un personnage de rustre, que ses habits, et ses discours désignés d’emblée comme un ridicule.
Ainsi, la situation du Mary sans femme n’est pas intrinsèquement comique et les personnages sont avant tout au service de l’action69. Les deux amants Carlos et Julie, réduits en esclavage chez les Turcs, sont persécutés par des êtres qui cherchent leur amour : Julie par Dom Brusquin, le mari trompé qu’elle a fui en quittant l’Espagne, Carlos par Célime, dame que le gouverneur d’Alger, Fatiman, souhaite épouser. On retrouve, avec quelques divergences, le schéma relationnel pentagonal de la comedia70.
La pièce du Mary sans femme ne décrit d’ailleurs pas la formation des couples : Julie et Carlos s’aiment avant le lever du rideau et nous assistons aux dangers que court leur amour. Ces risques tiennent plus aux valeurs que prônent les personnages qu’à des péripéties extérieures : l’amour des deux amants leur a fait fuir l’Espagne de manière précipitée, les menant à l’esclavage ; une passion aveugle anime Célime et lui fait entreprendre toutes sortes de manigances ; Dom Brusquin, quant à lui, est mu par un amour irraisonné pour Julie, et son honneur l’oblige à tenter de la récupérer ; l’honneur guide aussi Fatiman dans son désir de vengeance... Tout le romanesque et les grands sentiments de la comédie espagnole sont ici présents, bien que les grands sentiments de Dom Brusquin soient tournés en ridicule.
Ainsi, la comédie se caractérise non pas en fonction d’un critère thématique, mais « par la perspective de libération dans laquelle se trouve placé le spectateur. L’angoisse qui étreint celui-ci devant des actions éveillant la terreur et la pitié se mue dans la comédie en un sentiment de victoire jubilatoire résultant de l’évitement des situations anxiogènes. Il y a comédie, autrement dit, quand la transgression [...] débouche sur une issue positive ; [...] l’ordre des pères est renversé, les tabous sont brisés pour pouvoir laisser la place à un ordre nouveau, au printemps que célèbre joyeusement la comédie. »71Le Mary sans femme illustre bien ce renversement des rapports de forces : initialement, Julie et Carlos sont amoureux, mais ne peuvent jouir librement de leur amour en Espagne où Julie a été mariée par sa mère à Dom Brusquin, homme plus âgé et jaloux ; les amants tentent d’échapper à l’ordre social en fuyant mais ils sont rattrapés par l’esclavage des turcs, situation qui n’est pas davantage propice à leur amour ; pourtant, à la fin de la pièce, l’ordre initial est dépassé puisque Julie est démariée et épouse Carlos. Dans une certaine mesure donc72, la pièce « célèbre la victoire de l’audace contre les tabous et les interdits sociaux, [...] promesse d’un renouvellement salutaire. »73
C’est aussi sur le valet que retombe une partie de la charge comique, à travers le personnage de Tomire qui n’hésite pas à glorifier les bas plaisirs terrestres à la scène 2 de l’acte I74. Mais Tomire n’est pas le seul à déclencher le rire et sur ce point encore, Le Mary sans femme se rapproche de la comedia comique. En effet, l’homogénéité sociale des personnages, qui appartiennent à une noblesse moyenne et anonyme, dénués de charge politique, permet une extension maximale du rire : tous peuvent faire rire à leurs dépens75.
Dans la comédie à l’espagnole, le spectateur est « moins [appelé] à rire qu’à sourire aux situations frivoles dans lesquelles sont pris les personnages. Pour son plus grand plaisir, il ne lui est pas demandé de succomber à l’illusion, mais bien plutôt d’apprécier le degré de sophistication avec lequel le code est manipulé par le spirituel auteur. »76 On retrouve ce même souci de connivence avec le public dans Le Mary sans femme, et Montfleury n’hésite pas à lui faire des clins d’œil : Dom Brusquin craint d’inspirer des auteurs de comédie77.
Mais le rire est bien présent dans Le Mary sans femme et certaines comedias pouvaient en effet être tournées vers le burlesque. Pourtant, à l’exemple de Molière, Montfleury semble s’être beaucoup inspiré des modes de son temps...
Thèmes en vogue dans la société galante de l’époque §
Nous ne pouvons nier à Montfleury la place de choix qu’il tient dans le retour de la « grande comédie » au XVIIe siècle. Le Mary sans femme est la première pièce en cinq actes du dramaturge, régulière et matière à représentation... En effet, depuis les années 1630, s’est amorcée une véritable réflexion sur le théâtre et des règles sont apparues dans un souci de vraisemblance et de pratique. L’anarchie qui régnait sur la scène française au début des années 1630 impose, par réaction, de fixer des limites spatiales, temporelles et dramaturgiques à des spectacles qui en étaient jusque-là dépourvus. D’où l’émergence de la règle des trois unités...
Au-delà de ces règles, la comédie de l’époque subit l’influence voisine des comédies à l’italienne et à l’espagnole d’une part, avec une forte place accordée au romanesque, et, d’autre part, la tradition du théâtre antérieur et de sa tragi-comédie. Mais Montfleury a souvent été accusé de s’inspirer de la farce et de flatter le goût du public de l’époque78.
Le schéma des forces en jeu dans ce type de comédie, comme le présente Michel Corvin dans Lire la Comédie79, est à l’œuvre dans Le Mary sans femme à plusieurs reprises : un sujet (Dom Brusquin) désire un objet (Julie) ; il rencontre des opposants (Fatiman) et bénéficie parfois de quelques soutiens (son valet Gusman, et Marine) ; si on se place du point de vue de Célime, un sujet (Célime) désire un objet (Carlos) ; il rencontre des opposants (Fatiman et Carlos) et bénéficie parfois de quelques soutiens (absents pour Célime). « Mais le sujet désirant est d’ordinaire en position de faiblesse (c’est un intrus) ; la tromperie va être son arme préférée pour arriver à ses fins. »80 Dom Brusquin et Célime sont en effet tous deux en position de faiblesse, lui en tant qu’étranger, elle en tant que femme, et la tromperie est la tactique que Célime emploie pour arriver à ses fins face à Fatiman.
Les thèmes principaux du Mary sans femme semblent être « la comédie du désir amoureux »81, thème premier et principal de la farce selon Pierre Voltz82 et le cocuage, « motif central de la vieille farce française »83. Ce thème central apparaît dès le titre de la pièce, et ne cesse de revenir dans le discours de Dom Brusquin84, telle la passion d’Arnolphe dans L’École des femmes85. Pourtant, au-delà d’un classement péremptoire du côté de la farce86, on peut reconnaître, dans les choix thématiques de Molière et Montfleury, le goût du public de l’époque, composé de mondains et de lettrés.
À l’instar des pièces de Molière87, Le Mary sans femme de Montfleury « met en jeu les rapports entre l’amour et le mariage, question qui, avec son corollaire obligé, la jalousie, faisait l’objet de conversations et de « questions galantes » dans les salons comme dans les grands romans contemporains, du Grand Cyrus (1649-1653) à la Clélie (1654-1660) des Scudéry en passant par La Prétieuse (1656-1658) de l’abbé de Pure. »88 Il est en effet question, dans la pièce de Montfleury, du mariage forcé de Julie, jeune fille espagnole, avec un « fâcheux », Dom Brusquin, et des péripéties qui la conduisent, avec son amant Carlos, à échapper au sort que leur imposent les valeurs rétrogrades de la société de l’époque. « Les Espagnols – dans le sillage du Curieux impertinent et du Jaloux d’Estrémadure de Cervantès – avaient développé, dans leurs nouvelles et dans leurs comédies, des histoires mettant en question l’éducation des filles et la vertu féminine, la jalousie et le soupçon masculins, et l’inutilité de l’enfermement des femmes, illustrant sans relâche le postulat d’Ovide : une femme n’est jamais mieux gardée que par sa vertu même ; l’enfermer, c’est la pousser à faillir. »89 Montfleury fait preuve d’une certaine libéralité dans l’adaptation de l’intrigue à la bienséance française : en effet, Julie est une femme mariée et la morale semble épargnée par le fait que le mariage n’a pas été consommé… Le dénouement du Mary sans femme recoupe aussi celui de L’École des Maris dans la mesure où Dom Brusquin se trouve dans la même situation ridicule que Sganarelle, signer le contrat de mariage de la jeune fille90, et se rend compte, mais trop tard, de son aveuglement sur lui-même et le monde91. On voit percer alors « la philosophie sceptique d’un La Mothe Le Vayer pour qui, le monde étant fait d’équivoques et les perceptions nous trompant, la qualité essentielle de l’individu gît dans le discernement et son défaut principal dans l’aveuglement. Pour procéder à ce discernement, il est nécessaire d’accepter les limitations de nos perceptions et de notre compréhension du monde, d’adopter en tout une perspective mesurée en se gardant avec soin de « l’opiniâtreté » et des idées arrêtées, et de faire modestement confiance (quoique sans excès) à ce qui nous entoure (sans quoi la vie ne serait plus possible) : on perçoit combien cette philosophie, lorsqu’elle touche à des questions aussi concrètes que la mode, l’éducation des filles ou la vie conjugale, s’adapte aisément aux idées et aux comportements privilégiés par la sociabilité mondaine. »92 Tout comme Molière, Montfleury s’inspire donc des questions en vogue dans la société galante de l’époque, et place « au centre de l’intrigue un personnage ridicule du fait de son refus des codes de conduite galants »93. Mais si Molière semble rompre clairement avec la tradition comique de l’époque, Montfleury y reste attaché avec une écriture marquée par la comédie espagnole, comme nous l’avons souligné précédemment.
On retrouve encore dans Le Mary sans femme le thème de la médecine, dénoncée comme imposture94, thème qui prend « appui sur une tradition substantielle – illustrée par Cornelius Agrippa (De incertudine et vantate scientiarum et artium, 1531), Montaigne (Essais, II, xxxvii, « De la ressemblance des enfants aux pères », et III, xiii, « De l’expérience ») et La Mothe Le Vayer (entre autres, la Prose chagrine, 1661, et le vingtième des Problèmes sceptiques, 1666) –, qui avait dénoncé la médecine comme une imposture, analogue à celle des sciences occultes dont tout le crédit repose sur la « faiblesse humaine ». »95
Enfin, Montfleury suit de près Molière dans l’art des jeux de mots et des paroles à double sens, confinant parfois à la vulgarité : le niveau de langue des valets est volontiers imagé et familier ; les insultes fusent96 ; les protagonistes ne finissent pas toujours leurs phrases, permettant à l’ambiguïté de se révéler97 ; les sous-entendus sexuels sont présents98 ; les mots ou les phrases se répètent99 ; des « ballets de paroles »100 se mettent en place101 ; les accumulations et les énumérations se rencontrent souvent102... Là encore, plus que des emprunts à la farce, nous pouvons y reconnaître des choix dramaturgiques liés au sujet traité, et le goût de la société mondaine de l’époque pour « une littérature de couleur médiévale »103.
Mais la pièce présente d’autres originalités, telle la place accordée à la Turquie, à la musique, et à la morale...
Originalités de la pièce §
Turqueries et Lingua Franca §
Goût littéraire pour l’Orient au XVIIe siècle §
L’intrigue de notre pièce se déroule, dans son intégralité, à Alger, qui fait partie de l’empire Ottoman au XVIIe siècle.
Le Mary sans femme n’est pas la première pièce de théâtre à se situer dans un pays oriental. Pierre Martino retrace la naissance de ce goût littéraire au XVIIe : « Ce fut [...] dans le dernier tiers du XVIIe siècle que le goût pour l’Orient, déjà apparu par quelques échappées104, se développa brusquement ; les voyages, le mouvement colonial, la propagande évangélique, les disputes des missions, l’intervention française dans la guerre austro-turque, tout cela fit, vers 1660, un concours remarquable de circonstances [...]. La mode fut d’abord à la Turquie. »105 On s’extasie devant l’accroissement fabuleux de l’empire turc et l’heure n’est pas à la raillerie106. Les dramaturges trouvent alors dans l’histoire turque des ingrédients propices à la tragédie107, et des péripéties108 dont les Italiens et les Espagnols s’inspirent pour leurs comédies. Montfleury apparaît donc comme précurseur dans la mesure où, avant Molière, il exploite l’univers turc dans une comédie.
Toujours est-il qu’en 1660, les spectateurs avaient reçu l’éducation théâtrale nécessaire pour comprendre les allusions aux mœurs orientales, et ils étaient habitués à l’utilisation de noms étranges tels Fatiman, Célime, Zaïre, Stamorat109... Montfleury ne traite pas des enjeux politiques souvent présents dans les tragédies antérieures, mais s’inspire tout de même d’une démesure dont l’Orient est le symbole : Célime est le stéréotype de la femme forte qui souhaite maîtriser sa destinée, Fatiman le représentant d’un pouvoir despotique pouvant démarier et marier qui bon lui semble.
Pourtant, l’exotisme de la pièce, qui affleure à travers les noms et quelques « mots turquesques »110, est stéréotypé et limité111 : si Montfleury s’inspire d’une réalité de l’époque, les Corsaires qui sillonnaient la Méditerranée et faisaient esclavages des voyageurs ou commerçants européens112, les turcs ne sont pas le sujet central de la pièce113. Ce ne sont donc pas les turcs qui font rire mais les situations de décalage où les européens sont empêtrés...
Les situations de décalage §
En effet, une vision négative de la Turquie, teintée d’un certain moralisme religieux, transparaît dans les discours des personnages : Marine parle de « Renegat » vers 100 ; Tomire s’emporte contre « ces chiens de Turcs » vers 114, la polygamie est souvent évoquée à travers le « Serail »114 et l’allusion à des comportements grossiers115. Le statut du mariage est au cœur de la pièce de Montfleury116, et Pierre Martino nous aide à retrouver l’idée que les français avaient de cette union en Orient : « La contrée était vraiment bénie : on y mariait les enfants à neuf ou dix ans, quelquefois à cinq ou six ! les parents étaient les premiers à chercher une concubine à leur fils, dès que celui-ci avait atteint sa seizième année ! Les hommes ne connaissaient pas avant la nuit du mariage la femme qu’ils épousaient ; mais la polygamie, loi religieuse, était là pour les consoler des désillusions possibles ; ils pouvaient recommencer plusieurs fois et renouveler, selon leurs désirs changeants, la recherche de leur idéal amoureux ; d’ailleurs les danseuses et les bayadères s’offraient pour les distraire de leurs amertumes matrimoniales. Si ces tristesses devenaient trop âpres, il leur était facile d’y mettre fin : le mariage n’avait rien de sérieux, n’étant « autre chose qu’un contrat civil que les parties peuvent rompre » Aussi que de divorces ! mais la loi avait prévu les repentirs, et il était parfaitement admis qu’on renvoyât et qu’on reprit sa femme sous le contrôle bienveillant du cadi, jusqu’à trois fois ; alors seulement le mariage devenait indissoluble. Les Français, au temps de la Régence, durent estimer que les hommes d’Orient jouissaient d’un bonheur bien enviable. Mais le principal de leurs imaginations exotiques alla vers les harems privés et les sérails royaux, dont on leur avait permis de gâter l’intimité par de hardis regards. »117
Dans Le Mary sans femme, le personnage de Dom Brusquin semble bien avoir envisagé l’image du harem, moins la possibilité du divorce...
Si Dom Brusquin est celui qui exprime le plus violemment les stéréotypes orientaux, il est aussi, dans la pièce, le représentant du conservatisme social européen. Fort de son argent et de sa puissance en Espagne, Dom Brusquin est persuadé de pouvoir récupérer sa femme. Or, en se confrontant aux mœurs turques, il ne rachète pas sa femme, pire encore, celle-ci est démariée pour en épouser un autre ! Les normes sociales de l’Europe d’alors sont donc bafouées au profit d’une utopie barbaresque ! Paradoxalement, les amants peuvent réaliser leur amour grâce à l’esclavage, retournement de situation où l’on peut déceler l’empreinte baroque, mais aussi une orientation satirique qui sera très en vogue au XVIIIe siècle. C’est l’amour barbare qui est déçu dans la pièce : Célime est condamnée car elle ne respecte pas les règles de bienséance imposées par sa condition de femme turque...
La Lingua Franca §
La lingua franca intervient à deux moments dans la pièce : à la scène 2 de l’acte II, quand Tomire fait part de sa situation actuelle, et lors du concert final, à la scène dernière de l’acte V. Dans sa première apparition, l’usage de la lingua franca révèle une situation de décalage : Tomire, valet épanoui en Espagne, se trouve dépourvu de ses facultés quand il est confronté à la langue étrangère. Une fois encore, la confrontation avec l’étranger entraîne une perte de repères qui anéantit le pouvoir du personnage.
L’utilisation du turc de fantaisie est réapparue dans la dramaturgie comique française avec la Sœur118 de Rotrou, pièce elle-même imitée de La Sorella de Della Porta. Inspirée de la farce et de l’esthétique burlesque, la fantaisie verbale connaît un renouveau que Montfleury, ainsi que Molière, feront perdurer dans la seconde moitié du XVIIe siècle. Si Montfleury n’est pas l’initiateur de ces jeux verbaux, il en donne de très beaux exemples à travers ses pièces119 et précède même Molière dans l’utilisation du sabir turc120. Dans La Fantaisie verbale et le comique dans le théâtre français du Moyen Age à la fin du XVIIIe siècle, Robert Garapon caractérise la fantaisie verbale « par une allure gratuite, dégagée des servitudes utilitaires de la signification et de la communication. »121 Cette définition convient bien aux occurrences de la scène 2 de l’acte I : « Carachou », au vers 81, et « sursa cauvé sursa », au vers 85, ne faisaient sûrement pas plus sens pour le public français du XVIIe siècle, qu’il n’en fait aujourd’hui... La pièce est donc un bel exemple de la virtuosité avec laquelle Montfleury fait « jargonner ses personnages »122 , preuve aussi de l’habileté du dramaturge à manier le texte exotique.
Il est un autre domaine où Montfleury fait figure de pionnier par rapport à Molière : la place qu’il accorde à l’élément musical.
Place de la musique §
La musique jouée au théâtre au XVIIe siècle123 §
L’usage d’épisodes musicaux n’est pas une originalité au XVIIe siècle, mais il adopte une place marginale. Tradition théâtrale héritée de l’Antiquité124, les théoriciens de l’époque avancent le même constat : « la suppression des chœurs a eu pour conséquence la disparition de la musique au théâtre, ou plus exactement sa relégation dans les seuls intervalles d’actes »125. La musique, bien qu’enchâssée dans la pièce, avait alors une action dramatique autonome126. Ainsi, « les danses et chansons que l’on trouve dans maintes comedias, comiques ou tragiques, sont comme des pauses ou des parenthèses, et peuvent ne présenter aucun rapport de contenu avec l’action principale. »127 Cette « marginalisation » du medium musical est revendiquée par Corneille dans l’argument d’Andromède : « chaque Acte aussi bien que le Prologue a sa décoration particulière, et du moins une machine volante avec un concert de Musique, que je n’ai employée qu’à satisfaire les oreilles des spectateurs, tandis que leurs yeux sont arrêtés à voir descendre ou remonter une machine, ou s’attachent à quelque chose qui leur empêche de prêter attention à ce que pourraient dire les Acteurs, comme fait le combat de Persée contre le Monstre : mais je me suis gardé de faire rien chanter qui fût nécessaire à l’intelligence de la Pièce, parce que communément les paroles qui se chantent étant mal entendues des auditeurs, pour la confusion qu’y apporte la diversité des voix qui les prononcent ensemble, elles auraient fait une grande obscurité dans le corps de l’ouvrage, si elles avaient eu à instruire l’Auditeur de quelque chose d’important. »128
Si la musique a toujours fait partie de la représentation, avec des comédiens traditionnellement instruits à danser et à chanter129, son esthétique a été assez peu étudiée. Charles Mazouer donne un aperçu du lien qui unissait la parole poétique, la musique et la danse dans le théâtre musical, autour du personnage : « Le langage chorégraphique des pas, des postures et des mouvements s’ajuste au style et au rythme des airs musicaux (parfois évoqués par nos pièces) qui engendrent et soutiennent les danses. [...] Les formes musicales présentent une variété extrême, cherchant à produire leur effet par le seul prestige des instruments – dans les ouvertures, les ritournelles et autres « symphonies » –, prêtant leurs airs aux danseurs qui, en retour, complètent ou modifient la signification de la danse, s’alliant enfin, en une merveilleuse alchimie, avec les mots et les voix humaines pour produire la palette des chants et chansons, des récitatifs et des airs, duos, trios, des dialogues en musique, des petits et grands chœurs. Éléments orchestraux et éléments vocaux aident à décrire une situation, à peindre le personnage qui fait sien le chant, et sont capables de faire rire ou d’émouvoir puissamment. »130
L’originalité de Montfleury ne tient donc pas à l’utilisation d’ornements musicaux mais à la fonction accordée à ces épisodes. Nous envisagerons Le Mary sans femme dans une perspective musicologique avant d’étudier l’insertion des morceaux à l’intrigue. Nous rapprocherons cette dernière particularité à la technique dramatique du « théâtre dans le théâtre »131, procédé dramatique omniprésent à l’âge baroque132.
Perspective musicologique §
Edward Forman133 et John S. Powell134 ont privilégié la perspective musicologique dans l’étude des éléments musicaux du Mary sans femme.
L’édition de la pièce de 1705, texte sur lequel nous avons travaillé, ne contient pas d’informations quant à l’orchestration des éléments musicaux. L’usage était alors de faire jouer les musiciens sur scène. Edward Forman avance l’hypothèse selon laquelle « la troupe [de l’Hôtel de Bourgogne] disposait à cette époque de deux comédiens et de deux comédiennes, capables d’interpréter des rôles importants et de chanter sur scène. »135 Les acteurs représentant Julie et Carlos étaient donc capables de jouer eux-mêmes « des instruments portatifs – des luths, des théorbes ou des guitares »136. L’exotisme du dernier divertissement pouvait être rendu par « des instruments de percussion, des tambours, des tambourins et des castagnettes : il s’agit d’un exotisme tout à fait conventionnel, qui ajoute à des structures et des mélodies normales des effets périphériques, pris à la musique espagnole et bohémienne plutôt qu’arabe ou turque. »137 Concernant le concert final, Edward Forman propose une analogie avec un épisode du Jaloux invisible de Brécourt. Cette comparaison lui permet de présenter Robert Cambert comme le compositeur des éléments musicaux du Mary sans femme.
John S. Powell maintient la même hypothèse dans Music and Theatre in France 1600-1680, et offre davantage de précisions musicales puisqu’il a retrouvé deux partitions de la pièce138 :
The first song (‘O Giornata Fortunata’) appears notated in F4 bass clef and, judging by the words, it was probably sung by Fatiman. This is an air de mouvement accompanied by two obbligato parts notated in G1 clefs, in which the bassline appears to double as the vocal line and the basse continue [...]. There is nothing intrinsically exotic about this music, although obbligato oboes combined with tambourines, bells, and plucked lutes could invest it with an exotic flavour. The printed text reproduced above shows no line-break between the lyrics ‘Hà, hà, &c.’ and ‘Libertà’ : yet both musical sources show that ‘Libertà’ is the start of another song, sung by a soprano (C1), the lyrics of which are clearly intended for Julie. An ‘Air pour les Turcs’ follows (a gigue), and again imaginative instrumentation could convey a Turkish character. The lyrics change to French for the third song (‘O le bon pays que la Turquie’), and its music, notated in tenor clef (C4), seems intended for Carlos. Two dances, a ‘Gavotte’ and an ‘Entrée des Pantalons’, are followed by another French song for soprano (‘S’il ne falloit que passer la mer’), and a ‘Contredanse’ en rondeau concludes the finale.139
Cependant, au-delà de cette exploration musicologique, il est intéressant d’étudier comment les éléments musicaux sont intégrés à l’intrigue.
Une forme du théâtre dans le théâtre §
La pièce du Mary sans femme est jalonnée de trois concerts140, joués par Julie et Carlos, esclaves des turcs, dans le palais du gouverneur d’Alger141.
Outre leur structure d’intervention dans la pièce142, les épisodes musicaux ont une portée dramatique qui ne met pas en péril l’unité d’action. Au contraire, les liens entre les spectacles et l’intrigue de la pièce sont étroits : le premier divertissement musical expose les habitudes amoureuses des différents peuples européens et permet à Célime d’avouer son amour à Carlos143 ; le deuxième concert, offert par Fatiman à Célime, présente le refus de Carlos d’aimer Célime, tout en indiquant que Fatiman est au courant de l’infidélité de sa maîtresse. Le concert va donc modifier l’action principale en entraînant la fureur de Célime et ses souhaits de vengeance. On se retrouve là dans un cas de mise en abyme discursive : l’opéra chanté par Carlos et Julie est en parfaite adéquation avec ce que vivent les personnages dans la pièce ; la chanson reflète le refus amoureux de Carlos à l’égard de Célime, mais aussi celui de Julie à l’encontre de Dom Brusquin144. D’autre part, le rôle donné à la musique est intéressant145 puisque, conformément aux remarques de Corneille, le sens du concert est percé par Célime, et non par Fatiman qui est surpris de la vive réaction de sa maîtresse146. Comme le note Edward Forman, la « complication de l’intrigue aurait pu survenir autrement que par une scène musicale [...], mais la musique donne à Carlos la possibilité de menacer et de troubler Célime de façon quasi publique, et souligne la complexité des rapports entre Célime, Carlos et Fatiman – qui offre à Célime la belle voix de Carlos, qui lui appartient en quelque sorte. »147
À cette fonction instrumentale des concerts, il faut ajouter la fonction décorative qui paraît particulièrement prégnante dans la scène finale. En effet, c’est dans cette pièce finale que l’orientalisme est le plus présent : « tous ces dramaturges comptent sur la musique pour installer le spectateur dans une euphorie qui n’est pas dépourvue de sens : les vices des hommes et leurs violences, transformés déjà en spectacle comique, sont emportés dans un grand mouvement de folie et de gaieté qui en estompe singulièrement la gravité morale. »148
Au delà de la survivance du procédé du théâtre dans le théâtre, on peut donc voir dans l’utilisation de la musique une manière de plaire au public149 dans un souci décoratif autorisé par les règles classiques. Cette attirance pour le spectaculaire révèle le goût particulier du XVIIe pour ces comédies à insertions musicales, qui rivalisent souvent avec les comédies-ballets...
Influence du travail de Montfleury §
Dans son introduction à l’édition critique du Mary sans femme, Edward Forman met en avant le rôle important de Montfleury dans l’apparition de la comédie-ballet, lui accordant une place de précurseur dans le domaine. Bénédicte Louvat-Molozay partage la même opinion : « Il n’est pas impossible que Molière se soit inspiré de ce divertissement final pour écrire la turquerie du Bourgeois gentilhomme : le sabir est déjà présent dans le premier air et la pièce de Montfleury associe le chant à l’exotisme. De la même manière, c’est peut-être chez Montfleury que Molière trouve le modèle de l’opéra impromptu qu’interprètent les deux jeunes amants dans Le Malade imaginaire, et qu’Argan, à l’instar de Célime, interrompt lorsqu’il a compris le sens des paroles chantées. »150 John S. Powell révèle cette même influence de Montfleury chez Molière dans Le Sicilien, ou l’Amour peintre151 et Le Mariage forcé152.
Outre cette influence musicale, rappelons aussi la place de pionnier qu’a eue Montfleury dans l’utilisation de la lingua franca, frayant la voie à Molière et Lully pour l’écriture du Bourgeois gentilhomme. Ainsi, d’après Edward Forman, Montfleury « est non seulement le premier auteur à mettre cet élément au premier plan en y consacrant la scène culminante de son œuvre, il est non seulement le premier à l’associer à la musique, mais encore il est le premier à manier si habilement le texte exotique que le sens s’en dégage très clairement. »153
Outre ces originalités, l’auteur sut s’attacher aux idées de son époque avec des thématiques qui parcourent les œuvres de ses contemporains : Thomas Corneille avait déjà traité du lien entre la voix et l’amour dans Le Charme de la voix ; la valeur thérapeutique de la musique est étudiée dans La Folle Gageure de Boisrobert et Molière revient aussi sur ce thème dans Le Malade imaginaire.
Au regard de l’influence de Montfleury sur le théâtre du XVIIe siècle, et surtout chez Molière, considéré comme le plus grand dramaturge comique de son temps, nous pouvons nous étonner du peu de place que la postérité a laissée à l’auteur... Les critiques formulées à son égard tournent souvent autour de la moralité. Aussi, nous paraît-il important de revenir sur ce point.
Discrédit de la pièce lié à la morale §
Si Le Mary sans femme ne peut être assimilée à une farce, la moralité de la pièce reste cependant douteuse puisque c’est un amour extraconjugal qui triomphe... Rappelons la condamnation des frères Parfaict pour qui le sujet du Mary sans femme « pêche du côté des bonnes mœurs ». On comprend alors que Montfleury ait été assez mal considéré par les critiques, et ce dès le XVIIe siècle154. Plus qu’un discrédit individuel, l’auteur a pâti de la réputation de la farce dont il était censé s’inspirer, et plus largement du discrédit de la comédie, genre dans lequel il excellait.
En effet, « dès le XVIIe siècle, une comédie est une œuvre mineure. [...] Presque ignorée et souvent méprisée par les doctes dans leur réflexion sur les règles du théâtre, la comédie se voit privée de l’accession au statut de genre « régulier » [...]. Le genre [...] est presque toujours défini « en creux », par opposition à la tragédie, ou se voit assigner les mêmes buts : peindre la nature, instruire et plaire, respecter la bienséance. »155. Si Montfleury a structuré sa pièce de telle sorte qu’elle soit régulière156, son utilité morale ne fut pas concluante pour beaucoup de critiques qui l’étudièrent. Alors qu’il faut « peindre d’après nature » et que Molière fût justement apprécié dans son aptitude à peindre les « caractères », la portée psychologique des personnages de Montfleury paraîtra plus faible...
Pourtant, toutes ces condamnations sont liées à un regard normatif hérité du classicisme : la comédie est jugée à l’aune de sa vraisemblance et non de sa fonction première, divertir. Or, à l’épreuve de la scène, Le Mary sans femme rencontra un véritable succès de 1695 à 1761. Il paraît donc important de mettre en lumière le manuscrit qui servit de support aux comédiens de cette époque.
Le manuscrit §
Les variantes au niveau de l’intrigue §
Comme nous le verrons dans la « Note sur la présente édition », les textes du manuscrit découvert dans la collection Soleinne, et celui de l’édition collective de 1705, présentent des différences : l’orthographe et la ponctuation ne sont pas les mêmes, mais surtout, certains éléments de l’intrigue sont changés. Afin que ces modifications apparaissent plus clairement à la lecture du manuscrit, nous les avons soulignées, puis mises en évidence dans un tableau comparatif entre les deux textes157.
Une première remarque s’impose : alors que le texte de l’édition de 1705 présente cinq actes équilibrés158, le manuscrit développe des parties plus inégales159. En effet, si les premiers actes sont similaires dans les deux versions, des différences apparaissent rapidement : dans le manuscrit, à la scène 3 de l’acte II, Dom Brusquin présente la récompense qu’il accorde à Marine pour sa loyauté ; à la scène dernière de l’acte V, la mariage des valets, Marine et Tomire, est célébré… Mais la principale source de changements entre les deux intrigues est due à la présence du coffret dans le texte de l’édition de 1705160, alors qu’il n’en est pas question dans le manuscrit. La disparition de cette péripétie remodèle l’histoire puisque l’objet ne sera plus preuve de la trahison de Célime et ne permettra pas de la confondre et de l’accuser. Dans le manuscrit, le discours est davantage présent : à la scène 7 de l’acte II, Zaïre avoue à Fatiman l’amour de sa maîtresse quand ce dernier l’interroge sur l’humeur chagrine de Célime161 ; le deuxième concert apparaît plus tôt dans la pièce162 et le sujet, moins offensant pour Célime, anticipe clairement la suite avec l’annonce de la séparation avortée des amants ; Dom Brusquin se montre plus bavard, surprenant les amants à la scène 11 de l’acte II, puis à la scène 5 de l’acte III, et renouvelant à chaque fois son intention de récupérer Julie ; la scène de jalousie163 de Célime à Fatiman, au sujet de Julie, n’est pas motivée par la colère, comme dans le texte de l’édition de 1705164, mais elle intervient en réponse au questionnement de Fatiman sur les raisons qui lui font différer son mariage ; à la scène 5 de l’acte IV, Carlos rapporte à Julie le discours qui a fait fléchir Fatiman en leur faveur.
Le remaniement de la pièce est important. Si le manuscrit date de la fin du XVIIe siècle165, comme nous l’avons avancé dans la « Note sur la présente édition », et le texte de l’édition de 1705 est bien celui de l’auteur166, la comparaison de deux versions pourrait mettre en lumière une évolution de la dramaturgie entre 1663 et 1695.
Témoin de l’évolution des codes dramaturgiques §
Tout d’abord, nous tenons à rappeler que le texte de théâtre n’est pas stable : « il évolue en permanence au gré d’actualisations scéniques successives, au contact des exigences dictées par les conditions de production et de réception du spectacle. Forme contingente stabilisant parfois arbitrairement un certain état de la représentation, historiquement daté, la pièce imprimée est certes une mémoire du spectacle, mais une mémoire tronquée, biaisée, sélective, qui tend à apostasier, sous la bannière unique de l’intention de l’auteur, la multiplicité d’influences qui concourent à l’établissement d’un texte dramatique composite et collectif. »167 Ainsi, dans un article sur « Les Manuscrits de théâtre »168, Jean-Marie Thomasseau distingue treize états des écrits de théâtre. Le manuscrit que nous avons retranscrit serait à identifier comme « texte « jouet » [sic] et rejoué »169, ou « texte tiers » d’après la terminologie de Martial Poirson170. Un tel document nous permet d’évaluer les modifications apportées au texte à l’épreuve de la représentation, en fonction des exigences et des possibilités de la scène, du travail des interprètes, de la réaction du public, de la censure…
Un souci de simplification de l’intrigue transparaît à la lecture du manuscrit : les péripéties sont limitées au profit du discours qui éclaircit les faits et gestes de chacun des personnages171. Cette tendance peut être imputée à l’esthétique classique, qui cherche à unifier davantage l’action dramatique dans sa recherche de vraisemblance172, mais aussi à l’impératif pratique de la représentation.
Cette simplification se lit dans la description des lieux : alors que le cabinet était présent dans le texte de l’édition de 1705, il disparaît dans le manuscrit, marquant une épuration du décor.
Le goût pour le composite est moins prégnant : la lingua franca disparaît du divertissement final ; l’usage des pièces musicales est plus conformiste173…
Ce choix d’unification se manifeste aussi dans le dénouement : le mariage des deux amants, Julie et Carlos, est doublé de celui de leurs valets, comme il est d’usage dans de nombreuses comédies ; le personnage de Célime n’apparaît pas à l’avant-dernière scène de la pièce, évitant d’apporter une touche sombre à la conclusion heureuse de la comédie174.
De manière générale175, on remarque une recrudescence d’indications scéniques176 : dans le manuscrit, des détails sont donnés sur l’instrumentation177, sur les protagonistes du divertissement final178, sur la façon de parler des personnages179 ou sur leur manière d’agir180…
Plus qu’une nouvelle écriture, ce manuscrit est une ré-écriture, une re-création, qui permet d’éclairer différemment l’œuvre initiale du Mary sans femme en apportant des modifications issues de la scène et du parti pris de certains comédiens181.
Note sur la présente édition §
Il nous a été impossible de retrouver un exemplaire de l’édition originale du Mary sans femme. Edward Forman, qui a déjà publié une édition critique de la pièce182, a rencontré la même difficulté. Pourtant, la pièce aurait été représentée et imprimée entre 1660 et 1664. En effet, l’avertissement tiré de l’édition de 1739 du Théâtre de Messieurs de Montfleury183 propose une liste chronologique des pièces d’Antoine Jacob Montfleury : Le Mary sans femme serait la première comédie en cinq actes en vers de l’auteur, et aurait été imprimée à la suite des Bestes raisonnables184 mais avant Thrasibule185. Il paraît donc vraisemblable que Le Mary sans femme fut publiée en 1663 comme le rapporte de nombreux ouvrages, et non pas en 1666 chez Pépingué, comme le note Lancaster186. La date de 1663 apparaît aussi dans le Répertoire du Théâtre de l’Hôtel de Bourgogne, depuis 1620 jusqu’à sa fermeture en 1680187 figurant dans la Bibliothèque Dramatique de Monsieur Soleinne. Enfin, Sophie Wilma Deierkauf-Holsboer188 situe la représentation du Mary sans femme durant l’année 1664, mentionnant quarante-neuf reprises à la Comédie Française189.
Nous n’expliquons pas la disparition des exemplaires de l’édition originale de la pièce. Victor Fournel note, concernant Le Mari sans femme de Montfleury, « l’une de ses pièces les plus rares en édition originale. Beauchamps ne l’indique pas dans la liste qu’il a donnée des productions de l’auteur, et ni La Vallière, ni le catalogue Soleinne ne décrivent la première édition. Elle a été recueillie dans les Œuvres de M. Montfleury, 1705, 2 vol. in-12190 ». Le rédacteur de la collection Soleinne, Paul Louis Jacob, précise dans la présentation du Théâtre d’Antoine Jacob de Montfleury191 : « Ces éditions originales sont aussi rares que celles de Corneille et de Molière. Pont-de-Vesle n’avait pu en découvrir que deux. « Ces pièces étant devenues extrêmement rares, dit l’éditeur de 1698, parce que les éditions qui en ont été faites en France ont été entièrement vendues, de sorte qu’on n’en a pu trouver des exemplaires qu’entre les mains des personnes les plus curieuses auxquelles il a fallu recourir. » La rareté de ces éditions vient de ce que les comédies de Montfleury furent jouées en France aussi souvent que celles de Molière, quoique, ou plutôt, parce qu’elles étaient fort libres. Les pièces les plus rares de son théâtre sont le Mari sans femme, Thrasibule, l’Escole des filles (Par., N. Pépingué, 1666), et le Gentilhomme de la Beauce (Paris, Ribou, 1670). » Cependant, cette démonstration ne paraît pas convaincante dans la mesure où d’autres pièces de théâtre du XVIIe siècle ont eu beaucoup de succès et des exemplaires de leur édition originale restent consultables aujourd’hui...
Cette absence rend difficile l’établissement du texte du Mary sans femme puisqu’on ne peut confronter les éditions disponibles à la première édition. Or, il faut rappeler que c’est souvent cette première édition qui fait l’objet d’une relecture et de corrections de la part de l’auteur.
La collection Soleinne contient un manuscrit de la pièce (neuvième portefeuille, numéro 3068) consultable à la Bibliothèque Richelieu (cote Manuscrits Français 9268). Dans le catalogue de la collection, le manuscrit est ainsi présenté : « Le Mari sans femme, com. 5. v. (écrit du dix septième siècle). » Cette pièce est environnée de manuscrits du XVIIIe siècle mais aucune date ne figure sur le manuscrit et ne permet de le dater. Les conservateurs du département manuscrits de la Bibliothèque Nationale de France à Richelieu, s’accordent tout de même pour dater le manuscrit du XVIIIe siècle, après étude de la calligraphie.
Nous avons donc décidé de travailler à partir de ce manuscrit et d’un exemplaire du Mary sans femme provenant d’une édition française, qui est le premier recueil de l’ensemble des pièces de Montfleury192. Ce dernier ouvrage se trouve à la Bibliothèque Richelieu, département des arts du spectacle (cote 8-RF-6552) et a fait l’objet d’une reprographie.
Le choix de ces deux textes a été dicté par les divergences qu’ils présentent. Alors que les textes des différentes éditions du Mary sans femme sont similaires, celui du manuscrit de la collection Soleinne présente des scènes sensiblement distinctes.
Pourquoi ces différences ? La remarque d’Alexandre Joannidès, dans la table alphabétique des pièces193 de la Comédie Française, peut nous éclairer : « Mari sans femme (le), comédie en cinq actes, en vers, par Montfleury. – 3 octobre 1695. – Th. de l’Hôtel de Bourgogne, 1663. (« Raccommodée » par Champsmeslé pour la reprise à la Comédie-Française). » Champsmeslé aurait donc retravaillé la pièce de Montfleury et donné une autre version de la pièce qui pourrait être celle du manuscrit de la collection Soleinne.
Il est aussi intéressant de noter, avec Lancaster194, que la Bibliothèque Dramatique de Monsieur Soleinne contenait un second manuscrit de la pièce : « MS. [...] Dom Brusquin, ou le mari sans femme. Comédie (de Montfleury, réduite à 3 personnages), en 3 actes et en vers. Le tout en un vol. in-8, sur pap., écrit du 18e siècle, v. br. »195 Le texte manuscrit, sur lequel nous avons travaillé, pourrait être aussi une première étape au remaniement de la pièce de Montfleury en trois actes.
Nous ne partageons donc pas l’hypothèse d’Edward Forman, selon laquelle « la version préparée par Champmeslé pour la reprise de 1695, et imprimée dans les Œuvres de Montfleury, [...] correspondait suffisamment à la version originale de la pièce pour justifier la décision de la publier sous le nom de l’auteur196. »
À la première lecture, outre des divergences d’intrigue, les deux exemplaires présentent une orthographe et une ponctuation très différentes. En effet, l’orthographe varie beaucoup au XVIIe et au XVIIIe siècles au gré des « modes » et des nouvelles éditions de l’Académie. Ces modifications orthographiques ne portent pas de préjudice au texte dans la mesure où elles signalent la même lexie ou le même son. En revanche, il est plus délicat de toucher à la ponctuation d’un auteur car elle fait davantage partie de son style. Force est de constater ici que la ponctuation du Mary sans femme est très différente entre le manuscrit et l’exemplaire de l’édition collective, le manuscrit ne portant que très peu de marques de ponctuation. Ces variations de ponctuation sont donc d’autant plus préoccupantes qu’aucun exemplaire de l’édition originale ne permet de trancher. De plus, la ponctuation du XVIIe siècle a une fonction essentiellement orale, surtout au théâtre, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui197. Devant cette difficulté, nous ne corrigerons, dans l’exemplaire de 1705, que les ponctuations manifestement fautives. Quant au manuscrit, nous avons choisi de ne modifier ni la ponctuation, ni l’orthographe, dont l’usage est différent de celui utilisé dans le monde de l’édition. Nous avons seulement mis en avant les modifications significatives qui existent avec l’édition de 1705, en les soulignant. Afin que la lecture soit plus aisée, nous avons aussi mis en italique quelques didascalies, comme l’exigent les normes éditoriales.
L’exemplaire de l’édition française du recueil de l’ensemble des pièces de Montfleury dans lequel apparaît Le Mary sans femme, se présente dans un format in-12 en deux volumes. La pièce se trouve dans le deuxième volume.
La page de titre se présente de la manière suivante :
LES/ ŒUVRES/ DE MONSIEUR/ MONTFLEURY,/ CONTENANT/ SES PIECES DE THEATRE./ Représentées par la Troupe des Comediens/ du Roy à Paris./ TOME SECOND./ [fleuron du libraire]/ A PARIS,/ Chez CHRISTOPHE DAVID, Quay/ des Augustins, à l’Image S. Christophe./ [filet]/ M. DCCV./ AVEC PRIVILEGE DU ROI.
Nous avons corrigé les erreurs d’impression suivantes :
v. 28 « ou » : où
v. 56 vers manquant :
éd. 1696 : « Mais plûtôt c’est sur toi qu’il faudroit se vanger, »
éd. 1739 : « Mais plûtôt c’est sur toy qu’il s’en faudroit venger, »
v. 105 « . » remplacé par « , »
v. 123 « & vous y concerter » : & vous y concerter,
v. 158 « Q ’a-t’elle » : Qu’a-t’elle
v. 163 « vousattendoient » : vous attendoient
v. 182 « Ils se taisent » : « Ils se taisent, »
v. 192 « aidät » : aidât
v. 204 « . » remplacé par « ? »
v. 206 « De ce qu’en ces climats l’Amour met en usage, Madame. » : Madame au vers suivant
v. 221 « aillerus » : ailleurs
v. 240-241 point rétabli après ZAIRE
v. 292 « Vous me rendrez tantôt réponce . adieu, Carlos. » : Adieu
v. 303 « Qu’es-ce encore » : Qu’est-ce encore
v. 309 « . » remplacé par « ... »
v. 337 « faite » : faire
v. 398 « demangaison » : demangeaison
v. 405-412-519 point rétabli après DOM BRUSQUIN
v. 421 « ? » remplacé par « ... »
v. 440 « Venir jusqu’icy ! » : Venir jusques icy !
v. 453 « dequoy » : de quoy
v. 485 « eût t’on » : eût-on
v. 497 « d Alger » : d’Alger
v. 513 « l’un a l’autre » : l’un à l’autre
v. 547 « C’à » : Çà
v. 556 « . » remplacé par « , »
v. 564 « tu l’aime » : tu l’aimes
v. 571 vers manquant : Ainsi, nous ne pouvons trop exiger pour rendre.
v. 587 « me ures » : mesures
v. 607 « vals » : vais
v. 645 « tu las » : tu l’as
v. 650 « elle ta » : elle t’a
v. 659 « en vainCarlos » : en vain Carlos
v. 689 « front » : fronts
v. 729-728 suppression « D’une »
v. 779 « Ainsi, si vous voulez bien me dispenser, Madame » : Ainsi, vous voulez bien me dispenser, Madame
v. 785 « hazard ; » : nazard
v. 813 « Julie. » : Julie,
v. 879 « Ca » : Ça
v. 931 « sçait ; » : sçait,
v. 968 « De deux Amans heureux une Scène » : De deux Amans heureux, une Scéne
v. 1097 « là » : la
v. 1101 « bonc » : bon
v. 1128 « Restez-vous. » : Restez, vous.
v. 1181 « le Mary tres-indigne. » : le Mary tres-indigne,
v. 1189 « suisje » : suis je
v. 1238 « gardez-là » : gardez-la
v. 1243 vers manquant : Et pour ne le pas voir, il n’en sera pas moins.
v. 1284 « Qui conque » : Quiconque
v. 1306 « Faman » : Fatiman
v. 1370 « ! » remplacé par « ... »
v. 1375 « j’en ay vû tout l’apprêt ? » : j’en ay vû tout l’apprêt.
v. 1396 « qu’es ce » : qu’est ce
v. 1461 « tu n’ignore » : tu n’ignores
v. 1522 L’édition de 1739 rétablit ce vers ; STAMORAT à Fatiman : « Il est prêt à signer tout ce que l’on voudra. ».
v. 1556 « ? » remplacé par « ... »
v. 1557 « En Galere » attribué à Dom Brusquin rétabli dans la bouche de Fatiman
v. 1622 « Rin grasciar » : Ringrasciar
Nous avons relevé les diérèses suivantes :
[ia] : vv. 508-819-912-928-936-1446-1465-1541
[ie] : vv. 151-152-684-700-812-825-909-910-914-926-930-1018-1184-1185-1277-1398-1426-1427-1490-1553-1563
[iœ] : vv. 134-237-238-745-993-1014-1086-1593
[io] : vv. 419-942-1300-1463
[iã] : vv. 114-195-604-631-694-695-712-751-876-1020-1053-1601
[ie˜] : vv. 95-512
[iõ] : vv. 14-110-145-233-253-267-268-377-378-517-518-554-644-789-790-909-1077-1231-1248-1332
[wi] : v. 658
Le Mary sans femme. Comédie. §
ACTEURS. §
- DOM BRUSQUIN D’ALVARADE, Gentilhomme Espagnol.
- JULIE, Dame Espagnole.
- CARLOS, Amant de Julie.
- FATIMAN, Gouverneur d’Alger.
- CELIME, Dame Turque.
- ZAIRE, Naine Esclave de Celime.
- MARINE, Suivante de Julie.
- TOMIRE, Valet de Carlos.
- GUSMAN, Valet de Dom Brusquin.
- STAMORAT, Turc.
- SUITE de Turcs198.
ACTE PREMIER. §
SCENE PREMIERE. §
SCENE II. §
JULIE
CARLOS.
TOMIRE.
MARINE.
CARLOS.
QuelsMARINE.
CARLOS.
JULIE.
CARLOS.
JULIE.
CARLOS.
JULIE.
MARINE.
TOMIRE.
TOMIRE.
MARINE.
JULIE.
MARINE.
CARLOS.
MARINE.
CARLOS.
MARINE.
CARLOS.
MARINE.
CARLOS.
TOMIRE.
SCENE III. §
ZAIRE.
JULIE.
Nous vous en rendonsZAIRE.
SCENE IV. §
SCENE V. §
CELIME.
ZAIRE.
CELIME.
ZAIRE.
ZAIRE à part.
CELIME.
ZAIRE.
ZAIRE.
CELIME.
ZAIRE.
SCENE VI. §
CELIME seule.
CARLOS.
CELIME.
CELIME aprés qu’on a chanté.
ZAIRE.
CELIME.
ZAIRE.
CELIME.
CARLOS.
CELIME.
CARLOS.
CELIME.
CARLOS.
CARLOS.
CELIME.
CARLOS.
CELIME.
CARLOS.
CELIME.
ZAIRE cachée.
SCENE VII. §
CARLOS seul.
SCENE VIII. §
TOMIRE.
CARLOS.
TOMIRE.
[N]CARLOS.
TOMIRE.
CARLOS.
CARLOS.
TOMIRE.
CARLOS.
TOMIRE.
TOMIRE.
CARLOS.
TOMIRE.
CARLOS.
TOMIRE.
CARLOS.
TOMIRE.
CARLOS.
TOMIRE.
CARLOS.
TOMIRE.
CARLOS.
Fin du premier Acte.
ACTE II. §
SCENE PREMIERE. §
D. BRUSQUIN lisant.
GUSMAN.
D. BRUSQUIN.
GUSMAN.
D. BRUSQUIN.
GUSMAN.
D. BRUSQUIN.
GUSMAN.
D. BRUSQUIN.
GUSMAN.
D. BRUSQUIN.
GUSMAN.
GUSMAN.
D. BRUSQUIN.
GUSMAN.
D. BRUSQUIN.
SCENE II. §
TOMIRE.
MARINE.
TOMIRE à D. Brusquin.
D. BRUSQUIN.
TOMIRE.
SCENE III. §
D. BRUSQUIN.
MARINE.
D.BRUSQUIN.
MARINE.
MARINE.
D. BRUSQUIN.
MARINE.
D. BRUSQUIN.
MARINE.
D. BRUSQUIN.
D. BRUSQUIN.
MARINE.
D. BRUSQUIN.
[Nw]MARINE.
D. BRUSQUIN.
MARINE.
D. BRUSQUIN.
MARINE.
D. BRUSQUIN.
MARINE.
D. BRUSQUIN.
MARINE.
D. BRUSQUIN.
MARINE.
D. BRUSQUIN.
MARINE.
D. BRUSQUIN.
D. BRUSQUIN.
D. BRUSQUIN.
MARINE.
D. BRUSQUIN.
MARINE.
D. BRUSQUIN.
MARINE.
D. BRUSQUIN.
MARINE.
D. BRUSQUIN.
Je voudrois bien avant que deMARINE.
MARINE.
D. BRUSQUIN.
MARINE.
D. BRUSQUIN.
MARINE.
D. BRUSQUIN.
MARINE.
MARINE.
D. BRUSQUIN.
MARINE.
D. BRUSQUIN.
MARINE.
SCENE IV. §
D. BRUSQUIN à part.
STAMORAT salüant Fatiman.
D. BRUSQUIN salüe Fatiman à sa mode, & les Turcs l’examinent.
FATIMAN.
D. BRUSQUIN.
FATIMAN.
D. BRUSQUIN.
FATIMAN.
D. BRUSQUIN.
FATIMAN.
J’y consens, je voy bien que tesD. BRUSQUIN.
FATIMAN.
FATIMAN.
D. BRUSQUIN.
FATIMAN.
D. BRUSQUIN.
FATIMAN.
D. BRUSQUIN.
FATIMAN.
D. BRUSQUIN.
FATIMAN.
D. BRUSQUIN.
FATIMAN.
D. BRUSQUIN.
SCENE V. §
FATIMAN.
CELIME.
FATIMAN.
CELIME.
FATIMAN.
CELIME.
CELIME.
FATIMAN.
CELIME.
FATIMAN.
CELIME.
FATIMAN
CELIME.
FATIMAN.
CELIME.
ZAIRE.
CELIME.
SCENE VI. §
FATIMAN.
ZAIRE.
FATIMAN.
ZAIRE.
FATIMAN.
ZAIRE.
FATIMAN.
ZAIRE.
FATIMAN.
ZAIRE.
FATIMAN.
ZAIRE.
Tantôt cachée auFATIMAN.
ZAIRE.
FATIMAN.
ZAIRE.
SCENE VII. §
JULIE.
JULIE.
CARLOS.
JULIE.
CARLOS.
JULIE.
CARLOS.
JULIE.
CARLOS.
SCENE VIII. §
D. BRUSQUIN.
JULIE.
D. BRUSQUIN.
CARLOS.
SCENE IX. §
D. BRUSQUIN.
JULIE en s’en allant.
SCENE X. §
D. BRUSQUIN seul.
Fin du second Acte.
ACTE III. §
SCENE PREMIERE. §
STAMORAT.
FATIMAN.
STAMORAT.
FATIMAN.
SCENE II. §
ZAIRE.
CELIME.
ZAIRE.
CELIME.
ZAIRE.
ZAIRE.
CELIME.
ZAIRE.
CELIME.
ZAIRE.
ZAIRE.
CELIME.
ZAIRE.
CELIME.
ZAIRE.
SCENE III. §
TOMIRE.
CELIME.
TOMIRE.
CELIME.
TOMIRE.
CELIME.
TOMIRE.
CELIME.
TOMIRE.
CELIME.
TOMIRE.
CELIME.
TOMIRE.
TOMIRE.
CELIME.
TOMIRE.
CELIME.
TOMIRE.
CELIME.
TOMIRE.
CELIME.
TOMIRE.
CELIME.
TOMIRE.
CELIME.
TOMIRE.
CELIME.
TOMIRE.
CELIME.
TOMIRE
CELIME.
TOMIRE.
CELIME.
TOMIRE.
CELIME.
TOMIRE.
CELIME.
ZAIRE.
TOMIRE.
CELIME.
TOMIRE.
SCENE IV. §
CELIME.
ZAIRE.
CELIME.
SCENE V. §
STAMORAT.
CELIME.
STAMORAT.
CELIME.
SCENE VI. §
FATIMAN.
STAMORAT.
FATIMAN.
SCENE VII. §
D. BRUSQUIN.
FATIMAN.
D. BRUSQUIN.
FATIMAN.
D. BRUSQUIN.
FATIMAN.
D. BRUSQUIN.
FATIMAN.
D. BRUSQUIN.
FATIMAN.
D. BRUSQUIN.
FATIMAN.
D. BRUSQUIN.
FATIMAN.
D. BRUSQUIN.
D. BRUSQUIN.
FATIMAN.
D. BRUSQUIN.
FATIMAN.
D. BRUSQUIN.
QuelFATIMAN.
D. BRUSQUIN.
FATIMAN.
FATIMAN.
D. BRUSQUIN.
FATIMAN.
D. BRUSQUIN.
D. BRUSQUIN.
FATIMAN.
D. BRUSQUIN.
FATIMAN.
D. BRUSQUIN.
FATIMAN.
D. BRUSQUIN.
FATIMAN.
D. BRUSQUIN.
FATIMAN.
SCENE VIII. §
CELIME.
FATIMAN.
SCENE IX. §
FATIMAN.
CARLOS.
CELIME aprés qu’on a chanté.
FATIMAN.
CELIME.
CELIME.
FATIMAN.
CELIME.
FATIMAN.
CELIME.
FATIMAN.
CELIME.
SCENE X. §
JULIE.
FATIMAN.
Fin du troisiéme Acte.
ACTE IV. §
SCENE PREMIERE. §
CELIME.
ZAIRE.
CELIME.
ZAIRE.
CELIME.
ZAIRE.
CELIME.
ZAIRE.
ZAIRE.
CELIME.
Dans ses cruelsZAIRE.
CELIME.
ZAIRE.
CELIME.
ZAIRE.
SCENE II. §
FATIMAN.
CELIME.
FATIMAN.
CELIME.
FATIMAN.
CELIME.
FATIMAN.
FATIMAN.
CELIME.
FATIMAN.
CELIME.
FATIMAN.
CELIME.
FATIMAN.
CELIME.
FATIMAN.
CELIME.
FATIMAN.
CELIME.
FATIMAN.
CELIME.
FATIMAN à part en s’en allant.
CELIME.
ZAIRE.
CELIME.
ZAIRE.
CELIME.
ZAIRE.
CELIME.
ZAIRE.
SCENE III. §
CELIME.
CARLOS.
CELIME.
SCENE IV. §
CARLOS.
ZAIRE.
FATIMAN.
ZAIRE.
FATIMAN.
CARLOS.
SCENE V. §
TOMIRE.
FATIMAN.
TOMIRE.
FATIMAN à Carlos.
TOMIRE.
Le voilà plaisamment consterné.SCENE VI. §
D. BRUSQUIN.
STAMORAT.
D. BRUSQUIN.
STAMORAT.
FATIMAN à D. Brusquin.
D. BRUSQUIN.
FATIMAN.
D. BRUSQUIN.
FATIMAN.
D. BRUSQUIN.
FATIMAN.
D. BRUSQUIN.
FATIMAN.
D. BRUSQUIN.
FATIMAN.
D. BRUSQUIN.
FATIMAN.
D. BRUSQUIN.
FATIMAN.
D. BRUSQUIN.
FATIMAN.
D. BRUSQUIN.
FATIMAN.
STAMORAT.
FATIMAN.
SCENE VII. §
D. BRUSQUIN.
STAMORAT.
D. BRUSQUIN.
ACTE V. §
SCENE PREMIERE. §
TOMIRE.
MARINE.
TOMIRE.
MARINE.
TOMIRE.
MARINE.
TOMIRE.
MARINE.
TOMIRE.
MARINE.
TOMIRE.
MARINE.
TOMIRE.
MARINE.
TOMIRE.
MARINE.
TOMIRE.
MARINE.
SCENE II. §
CELIME.
ZAIRE.
CELIME.
ZAIRE.
CELIME.
ZAIRE.
CELIME.
ZAIRE.
CELIME.
ZAIRE.
CELIME.
ZAIRE.
CELIME.
TOMIRE.
CELIME.
CELIME.
MARINE.
CELIME.
MARINE.
TOMIRE
CELIME à Zaïre bas.
MARINE.
CELIME bas à Zaïre.
TOMIRE.
CELIME bas à Zaïre.
MARINE.
CELIME.
ZAIRE.
SCENE III. §
FATIMAN, montrant Tomire aux Turcs.
CELIME.
ZAIRE.
SCENE IV. §
CELIME bas.
FATIMAN.
CELIME bas.
FATIMAN.
CELIME.
FATIMAN.
CELIME.
FATIMAN.
CELIME.
FATIMAN.
CELIME.
FATIMAN.
CELIME.
FATIMAN.
CELIME.
FATIMAN.
ZAIRE.
FATIMAN.
CELIME.
ZAIRE.
CELIME.
CELIME.
FATIMAN.
CELIME.
FATIMAN.
CELIME.
SCENE V. §
FATIMAN.
SCENE VI. §
D. BRUSQUIN.
STAMORAT.
D. BRUSQUIN.
STAMORAT.
D. BRUSQUIN.
STAMORAT.
D. BRUSQUIN.
STAMORAT.
D. BRUSQUIN.
STAMORAT.
SCENE VII. §
D. BRUSQUIN.
SCENE VIII. §
D. BRUSQUIN.
FATIMAN.
D. BRUSQUIN.
FATIMAN.
D. BRUSQUIN.
FATIMAN.
D. BRUSQUIN.
FATIMAN.
D. BRUSQUIN.
FATIMAN.
D. BRUSQUIN.
FATIMAN.
D BRUSQUIN.
FATIMAN.
D. BRUSQUIN.
FATIMAN.
D. BRUSQUIN.
FATIMAN.
SCENE IX. §
FATIMAN.
JULIE.
D. BRUSQUIN.
FATIMAN.
D. BRUSQUIN.
FATIMAN.
D. BRUSQUIN.
SCENE X. §
CELIME.
FATIMAN.
CELIME.
FATIMAN.
CELIME.
FATIMAN.
CELIME.
FATIMAN.
CELIME.
SCENE DERNIERE. §
CARLOS.
FATIMAN.
Non, n’ayez nulD. BRUSQUIN.
FATIMAN.
D. BRUSQUIN.
JULIE.
D. BRUSQUIN, aprés qu’on a dansé.
FIN.
Glossaire §
Ordre chronologique des pièces de théâtre de M. de Montfleury. §
Le Mariage de Rien, Comédie en vers de huit syllabes, en un Acte, 1660.
Les Bêtes raisonnables, Comédie en vers, en un Acte, 1661.
Le Mari sans Femme, Comédie en vers, en cinq Actes, 1663.
L’Impromptu de l’Hôtel de Condé, Comédie en vers, en un Acte, 1663.
Trasibule, Tragi-Comédie, 1663.
L’École des jaloux, ou le Cocu Volontaire, Comédie en vers, en trois Actes, 1664.
L’ École des Filles, Comédie en vers, en cinq Actes, 1666.
La Femme Juge et Partie, Comédie en vers, en cinq Actes, 1669.
Le Procès de la Femme Juge et Partie, Comédie en vers, en un Acte, 1669.
Le Gentil-Homme de Beauce, Comédie en vers, en cinq Actes, 1670.
La Fille Capitaine, Comédie en vers & en cinq Actes, 1672.
L’Ambigu Comique, ou Les Amours de Didon et d’Énée, Tragédie en trois Actes, en vers, mêlée de trois Intermédes comiques, 1673.
Le Comédien Poete, Comédie en vers, en cinq Actes, de moitié avec M. Corneille de l’Isle, 1673.
Trigandin ou Martin-Braillard, Comédie en vers, en cinq Actes, 1674.
Crispin, Gentilhomme, Comédie en vers, en cinq Actes, 1677.
La Dame Médecin, Comédie en vers, en cinq Actes, 1678.
La Dupe de soi-même, Comédie en vers, en cinq Actes, sans date & peut-être non représentée.
Édition 1705 | Manuscrit et remarques | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Acte I |
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Acte I |
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Acte II |
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Acte II |
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Acte III |
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Acte III |
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Acte IV |
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Acte IV |
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Acte V |
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Acte V |
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