PAR Mr. DOUVILLE.
Chez TOUSSAINCT QUINET, au
Palais dans la petite Salle, sous la montée
de la Cour des Aydes.
M. DC. XLIII.
AVEC PRIVILEGE DU ROY
Édition critique établie par Farida María Höfer y Tuñón dans le cadre d'un mémoire de maîtrise sous la direction de Georges Forestier (1999-2000)
Introduction §
Bien que nous ayons franchi le seuil d’un nouveau millénaire, pour entrer désormais dans une époque souvent dite de la « globalisation », comment pourrions-nous être certains que l’échange culturel entre régions, pays et continents est déjà arrivé à son comble, et que nous ne sommes pas uniquement au point de départ d’une nouvelle identité culturelle, commune à tous les pays et aux citoyens du monde entier ? On devrait même se demander si un tel développement serait souhaitable, voire s’il ne serait pas déplorable surtout en Europe, si l’on considère qu’il y a toujours existé un échange interculturel et cela sous une forme très active qui enrichissait chaque peuple en même temps qu’elle respectait et garantissait leur diversité. Pensons à la vogue du baroque, née en Italie, du classicisme, apparu en France, ou du romantisme, qui commença en Allemagne et en Grande-Bretagne – mouvements qui parvinrent à influencer la littérature, les arts plastiques et la musique du reste de l’Europe. Pourtant les créations qui en résultèrent étaient d’une grande variété : grâce à la personnalité que chaque pays ou région gardait, le résultat d’une même influence a donné lieu à des créations très diverses, car fondées sur une identité particulière à la société respective.
Un tel échange eut aussi lieu au XVIIe siècle dans l’histoire du théâtre français, lorsque Antoine Le Métel d’Ouville, grand connaisseur de la langue et de la littérature espagnole, importa en France une nouvelle forme de comédie. Il traduisit des comedias espagnoles d’auteurs célèbres du Siècle d’Or, tels que Lope de Vega, Calderón de la Barca ou Montalván, les adapta aux règles du théâtre français, en préservant toujours leur originalité, et lança de cette manière un nouveau art d’écrire des comédies. Cette nouvelle mode de la « comédie à l’espagnole » attira aussi l’intérêt d’autres auteurs contemporains de d’Ouville, tels que Scarron et les frères Corneille, qui réussirent à perfectionner et à styliser cette forme importée de pièce de théâtre. Il en résulte un genre comique qui se distingue de son modèle original espagnol aussi bien que de tous les genres comiques français antérieurs. N'est-ce pas là une forme idéale d’échange culturel ?
Les Fausses Véritez est la deuxième comédie que d’Ouville adapta d’un modèle espagnol, et qu’il fit représenter en 1642. Nous nous proposons maintenant de présenter et d’étudier cette pièce de théâtre, qui n’atteint certes pas la perfection des comédies « à l’espagnole » de Pierre Corneille, exactement contemporaines, mais dans laquelle le lien avec le modèle espagnol demeure très présent et perceptible.
Antoine Le Métel sieur d’Ouville §
Sa vie §
La reconstitution de la vie d’Antoine Le Métel, sieur d’Ouville est difficile voire impossible à réaliser. Les sources dont nous disposons étant rares et quelquefois même contradictoires, nous ne pouvons en extraire que la trame de sa vie qui, dans son ensemble, restera enveloppée de mystères.
Déjà en ce qui concerne la date et le lieu de naissance du Sieur d’Ouville les informations qui nous sont parvenues sont très divergentes : il serait né en 1587 ou en 1588 à Caen ou à Rouen et mourut vraisemblablement entre 1655 et 1657 au Mans1. Il était le frère aîné de François Le Métel de Boisrobert et était issu d’une lignée d’avocats – ce qui permet de supposer qu’il poursuivit, lui aussi, au tout début une carrière de droit comme l’avait fait son frère. Puis il devint hydrographe, ingénieur et géographe et, selon James Wilson Coke, travailla à partir de 1621 au sein du gouvernement de Louis XIII où il devint plus tard « ingénieur et géographe du Roy ». Cependant, cette information n’est pas certifiée, car les recherches de Frederick de Armas sur les séjours de d’Ouville à l’étranger, concluent au fait que l’auteur semble avoir habité pendant cette période à l’étranger : sept ans à la cour d’Espagne, de 1615 à 1622, puis quatorze ans en Italie, de 1622 à 1636. En tous cas, les sept ans en Espagne sont attestés dans toutes les sources qui concernent sa biographie ; l’incertitude règne seulement concernant la date à laquelle ce voyage a été entrepris : Coke, pour sa part, le place entre 1630 et 16372, tandis qu’Henri Chardon propose les années 1640 à 1646, étant donné que c’est pendant cette époque que le comte de Dognon, avec lequel d’Ouville a été mis en relation, fit ses exploits navals autour de la Péninsule Ibérique3 – mais on y reviendra plus tard.
Il n’existe point de doute non plus sur le fait que d’Ouville ait été un passionné des langues étrangères et qu’il les maîtrisait parfaitement. Ce remarquable talent a même été mentionné dans une préface de son frère, qui le considéra comme :
l’homme de toute la France, qui parloit le mieux Espagnol, & qui connoissoit le plus parfaitement toutes les graces de cette Langue.4
Ainsi s’explique aussi le rôle de premier plan que d’Ouville a joué dans la diffusion en France de la littérature espagnole qu’il connaissait parfaitement. C'est surtout dans les années 1638 à 1650 qu’il faut situer la période pendant laquelle d’Ouville se dédia à la littérature, adaptant des pièces de théâtre de sources espagnole et italienne et traduisant des contes.
Grâce à son frère l’abbé de Boisrobert, qui maintenait de bonnes relations avec le Cardinal de Richelieu, d’Ouville entra au service de Louis Foucault, Comte de Dognon, qui devint un personnage d’importance pendant les années de la Fronde. Etant donné qu’il fit aussi de nombreuses campagnes navales entre 1640 et 1646 dans la Méditerranée en tant que vice-amiral, Henri Chardon situe à cette époque le séjour de d’Ouville en Espagne – comme on l’avait déjà mentionné plus en haut – précisant que le Comte a su sans doute profiter du talent d’Antoine dans son métier d’ingénieur-hydrographe aussi bien que des vastes connaissances de la langue espagnole de celui-ci5. Le fait de savoir si d’Ouville accompagna vraiment le Comte de Dognon dans cette campagne navale ou s’il n’avait pas plutôt effectué son séjour en Espagne auparavant demeure un mystère. En fait, les dates proposées par Armas et Coke semblent être plus justes que celles de Chardon étant donné que dans les années 1640 à 1646 notre dramaturge était déjà âgé de 53-60 ans – un âge peut-être trop avancé à l’époque pour participer à des batailles maritimes. Cependant rien n’exclut non plus l’hypothèse que d’Ouville ait effectué un deuxième séjour en Espagne pendant la période susmentionnée.
Selon Chardon, en tout cas, le Comte ne le récompensa pas de ses sept ans de service, ce qui contribua, entre autres, à ce que d’Ouville finisse ses jours dans une grande pauvreté et dépende de l’appui financier de son frère, qui dans une lettre à l’abbé Fouquet commenta :
Le pauvre Douville est mon frère.....Il porte le titre d’Hydrographe,D'Ingénieur, de Géographe ;Mais, avec ces trois qualités,Il est gueux de tous les côtés.Bref, il n’a plus d’autre ressource,Que celle qu’il trouve en ma bourse. 6
Il mourut entre 1655 et 1657 au Mans, ce qui confirme une notice de Tallemant de Réaux : « Il est mort au Mans et enterré aux Jardins de cette ville.7 »
Son œuvre §
Dans sa carrière littéraire, on peut considérer Antoine Le Métel d’Ouville comme dramaturge et conteur, mais surtout comme traducteur. Il débuta en 1637 avec sa tragi-comédie Les Trahisons d’Arbiran. Ensuite il se mit à adapter des pièces de théâtre de modèles espagnols à grand succès en Espagne, tels que Lope de Vega, Calderón de la Barca et Montalván, et il initia ainsi sur le théâtre français cette vogue de « comédie à l’espagnole », qui va atteindre son comble dans les années 1640.
Ses premières adaptations, L'Esprit follet [1638 / 1642] et Les Fausses Véritez [1641 / 1643], pour lesquelles deux pièces de Calderón de la Barca – La dama duende et Casa con dos puertas mala es de guardar – lui servirent comme sources, eurent un grand succès à Paris8. L'Absent chez soy [1643], imitation de El ausente en su lugar, de Lope de Vega, fut en revanche un grand échec, compensé cependant, un an plus tard, par La Dame suivante, pièce charmante qui enchanta le public de Paris autant que son modèle espagnol La doncella de labor de Montalván avait ravi auparavant le public d’au-delà des Pyrénées.
En 1646 d’Ouville se servit une dernière fois d’une comédie de Calderón, El astrólogo fingido, pour créer son Jodelet astrologue [1646] qui lui procura un grand succès à Paris. Les Frères Parfaict la considérèrent comme « plaisante » par ses situations mais lui reprochèrent une « expression assez froide »9.
Dans la même année parurent encore trois autres comédies de d’Ouville : La Coiffeuse à la mode [1646] – une comédie de mœurs à verve espagnole – présentait une action assez compliquée, mais selon Coke elle était considérée à l’époque comme une pièce très ingénieuse et elle eut un certain succès. Cependant les Frères Parfaict mentionnent : « elle [...] aurait eu d’avantage [de succès], si cette idée avoit été exécutée par un Poëte qui eût mieux connu le Théâtre que Monsieur d’Ouville10 ».
Profitant aussi de sa connaissance de la langue italienne, d’Ouville s’inspira également du théâtre italien. Ainsi la comédie Hortensio de Piccolomini lui fournit le sujet pour écrire Aymer sans savoir qui [1646] et la pièce Morti vivi du poète d’Oddi l’inspira pour créer Les Morts vivants [1646]. Les deux pièces furent accueillis avec un succès assez médiocre, d’une part parce que leurs intrigues étaient très difficiles à suivre pour le spectateur, et d’autre part parce que les caractères représentés manquaient de traits vraiment humains : le public ne pouvait pas s’y identifier. Les Frères Parfaict ajoutèrent aussi, en analysant ces pièces, qu’elles étaient très mal versifiées. Cela semble avoir été une faiblesse particulière à d’Ouville, car déjà dans un autre passage de leur Histoire du théâtre français ils remarquent que : « d’Ouville versifioit encore plus mal que son frère l’abbé », même s’ils ajoutent aussi qu’« il entendoit mieux la marche du théâtre & répandoit plus de comique dans son dialogue 11».
En 1650 parut la dernière pièce de d’Ouville, Les Soupçons sur les apparences. Cette tragi-comédie qui aborde des problèmes moraux, entraîna des jugements très divergents à l’époque et encore aujourd’hui. Ainsi les Frères Parfaict considéraient le sujet de la pièce comme très médiocre, et en comparant son intrigue avec celles des autres pièces du même auteur, ils osaient même se demander, si l’on pouvait vraiment attribuer cette tragi-comédie à d’Ouville12. En revanche James Wilson Coke parle d’une intrigue toute absorbante et de caractères très humains, et il classe cette pièce parmi les plus fortes de d’Ouville.
Outre son travail comme dramaturge, d’Ouville est aussi à considérer comme conteur. Ainsi parut en 1641 la première édition de ses Contes que Quinet éditera deux ans plus tard sous le titre Contes aux heures perdues du sieur d’Ouville, ou le Recueil de tous les bons Mots, Reparties, Equivoques, Brocards, Simplicitez, Naïfvetez, Gasconnades, et autres Contes facétieux non encore imprimez. Cet ouvrage, qui a été réimprimé plusieurs fois, fut souvent mis en rapport avec les contes de l’Italien Boccace, ce qui fait que les deux noms ont été associés dans diverses impressions postérieures telles que : Nouveaux contes en vers et en prose tirés de Boccace et d’Ouville [1678] et Nouveaux contes à rire de Boccace, de d’Ouville et autres personnes enjouées [1692].
A la fin de sa carrière littéraire, d’Ouville se dédia à la traduction de six novelas – des romans espagnols attribués à María de Zayas y Sotomayor. Elles parurent en plusieurs éditions sous le titre de Nouvelles amoureuses et exemplaires par cette merveille de son siècle doña María de Zayas y Sotomayor, traduites de l’Espagnol par Antoine de Methel, escuier, sieur d’Ouville, ingénieur et géographe du roy13.
Restent encore à mentionner les Nouvelles héroïques et amoureuses qui parurent après la mort de d’Ouville, en 1657, tout comme des traductions de Boisrobert qui, selon les historiens, devraient cependant être plutôt attribuées à son frère Antoine.
Une nouvelle mode : la comédie « à l’espagnole » §
Le développement de la comédie §
Après une renaissance de la comédie au XVIe siècle pendant laquelle des ouvrages de l’antiquité furent redécouverts, puis traduits et imités, ce genre disparut ensuite, faute d’un public adéquat14. Aussi la situation de la comédie en France aux alentours de 1600 est-elle caractérisée par le faible nombre d’œuvres écrites et représentées. Ce n’est qu’à partir de 1630 que la comédie parvient à renaître en attirant un nouveau public. En effet, si le théâtre avait été considéré jusqu’alors comme un divertissement populaire, indigne d’être fréquenté par la haute société qui préférait s’amuser en conversations et en bals, il attirait maintenant l’attention de cette couche sociale. Cette attention de la haute société s’est développée surtout grâce à l’intérêt déclaré par le Cardinal de Richelieu pour le théâtre. Celui-ci y voyait surtout un instrument de propagande, apte à transmettre sa stratégie politique. L'influence de Richelieu fut telle, qu’il réussit même à enthousiasmer le roi Louis XIII pour le théâtre, ce qui donna évidemment un prestige particulier à cette nouvelle forme de culture15.
Les premières pièces de Pierre Corneille ont joué certainement un rôle décisif dans la métamorphose que subit le théâtre et particulièrement la comédie à cette époque ; leur vivacité dans le dialogue, leur ironie et leurs intrigues ont diverti un public qui jusqu’alors avait décrié ce genre de théâtre, le considérant comme vulgaire. De même, les comédies sentimentales de Rotrou, caractérisées par des intrigues compliquées et rendues invraisemblables par de nombreux déguisements, plurent aux spectateurs. En effet, ces derniers étaient attirés précisément par l’ingéniosité de l’intrigue, qui engendrait des situations piquantes. Aussi, afin de renouveler les situations comiques, les dramaturges commencèrent à chercher leur inspiration dans le théâtre étranger, particulièrement d’au delà des Pyrénées16.
Antoine Le Métel d’Ouville fut le premier à en prendre l’initiative, lorsqu’il fit représenter en 1638 L'Esprit follet, adaptation d’une comedia de Pedro Calderón de la Barca, déclenchant ainsi la nouvelle mode de la « comédie à l’espagnole ». À partir de ce moment la comédie subit une grande évolution, qui aboutit à la composition de pièces de plus en plus régulières, d’intrigues mieux construites, qui ne manquaient pas d’ingéniosité et qui respectaient en même temps les bienséances, de dialogues amusants par leur invention verbale, et de personnages plus vifs et comiques. En conclusion l’influence espagnole aida la comédie à se développer pour devenir lentement un grand genre dans l’histoire du théâtre français.
La comedia en Espagne §
Le théâtre espagnol du Siècle d’Or se distingue de celui des autres pays européens par une richesse incomparable de textes : entre 10 000 et 30 000 pièces ont été écrites et représentées au cours du XVIe et XVIIe siècle – une production énorme17 !
À la fin du Moyen Age existaient deux formes primitives d’art théâtral – une forme religieuse et une forme mondaine – à partir desquelles se développèrent ensuite les deux genres principaux du théâtre du Siècle d’Or espagnol : d’une part les autos sacramentales, un théâtre religieux qu’on représentait à l’occasion de la Fête-Dieu, et d’autre part les comedias18 avec tous les sous-genres qui les accompagnaient sur scène19.
Le schéma fondamental des comedias est une histoire d’amour qui commence par une rencontre des couples potentiels, les lance dans une phase de confusion et débouche sur une fin heureuse avec un ou plusieurs mariages. Les protagonistes principaux sont les jeunes et nobles galanes, aussi bien que les belles damas, qui ont tendance à contrevenir aux règles de la société. Ces personnages contrastent avec les pères, qui incarnent le principe de l’autorité et de l’ordre. Cette couche sociale supérieure est complétée par les représentants du peuple : les criados et criadas (les valets) parmi lesquels se distingue surtout le gracioso. Celui-ci, héritier des traits de Sancho Pança, est auprès de son maître l’incarnation de la lâcheté, de la gourmandise et représente un certain bon sens égoïste et timoré.
Au contraire de la situation en France, où commençait à naître un intérêt pour le théâtre, afin de former une nouvelle institution de passe-temps culturel pour la cour et la haute société, l’Espagne était habituée depuis longtemps au théâtre, qui faisait partie de sa culture nationale. En outre, son public ne provenait pas d’une élite sociale ou culturelle distinguée, il s’agissait plutôt du simple peuple – du vulgo ignorante, comme le désignait Lope de Vega – qui cherchait dans le théâtre une distraction, un divertissement, et non pas une profonde réflexion sur la condition humaine.
Or, le théâtre en Espagne était fréquenté par tout le monde et tous les jours, dès lors l’usure des comédies était rapide et la demande de nouvelles pièces énorme20. Évidemment les auteurs étaient obligés de satisfaire les attentes du public et d’écrire constamment de nouvelles pièces. Et même si dans la plupart des comedias la structure est semblable, elles amusèrent toute l’Espagne pendant une longue période.
Les pièces adaptées §
La comédie « à l’espagnole » devint en France un genre reconnu pour lequel le public développa pendant une dizaine d’années un grand enthousiasme. En effet, après d’Ouville, un petit groupe d’auteurs se spécialisa dans l’adaptation de pièces d’origine espagnole, réussissant – chacun à sa manière – à créer des pièces d’une originalité particulière. Ainsi, Pierre Corneille s’inspira des comédies d’Alarcón et de Lope de Vega pour écrire Le Menteur et La Suite du Menteur, Scarron composa la quasi totalité de ses pièces à partir de modèles espagnols, et Boisrobert et Thomas Corneille trouvèrent également dans les ouvrages des auteurs d’outre-monts des sujets dignes d’être empruntés.
Grâce à la multitude de pièces dont disposait l’Espagne, la source d’inspirations était inépuisable pour les auteurs français. Cet avantage leur permettait le libre choix d’un sujet et une création facile et rapide21. Même la combinaison d’éléments de différentes pièces était possible et permettait une création plus personnelle22.
Il peut paraître étonnant de constater que les hommes de lettres français n’ont à aucun moment essayé de dissimuler ni les sources de leurs pièces ni les emprunts qu’ils avaient effectués en adaptant les comédies espagnoles en français. Au contraire, ils exposaient avec un certain orgueil ce qu’ils avaient réussi à créer d’un modèle à leur avis médiocre23. Surtout la technique de l’assimilation classique qui prétendait imposer à la comedia le schéma des unités, était très répandue.
Pourtant il ne s’agissait pas seulement de refaire une pièce espagnole en la soumettant à toutes les règles du théâtre français, mais de satisfaire aussi aux demandes du public, qui avait alors un faible pour l’exotisme qu’il attachait à l’Espagne et à ses mœurs. Pour cette raison un grand nombre de comédies adaptées conservent le titre exactement traduit de la pièce espagnole24, les personnages gardent leurs noms espagnols et l’action se déroule à Madrid ou à Tolède.
Certainement la comédie « à l’espagnole » fut une mode passagère qui, après avoir charmé tout un public pendant quelques années, disparut, laissant sa place à d’autres nouveautés et influences qui intervinrent dans l’histoire de la comédie française au XVIIe siècle. Pourtant il est curieux de constater comment la comedia, soupçonnée d’extravagance et d’irrégularité, a contribué néanmoins à définir et à former ce genre littéraire, qui, loin encore du comble de la gloire qu’il atteindra sous Molière, était alors devenu plus régulier et raisonnable qu’il ne l’avait été jamais auparavant.
La comédie Les Fausses Veritez et sa source espagnole §
La pièce de Calderón de la Barca §
En créant sa troisième pièce de théâtre après Les Trahisons d’Arbiran, tragi-comédie de 1637, et L'Esprit follet, comédie de 1642, Antoine Le Métel d’Ouville enrichit encore une fois ses idées en se basant pour sa nouvelle comédie sur une pièce de Pedro Calderón de la Barca. Il s’agit de Casa con dos puertas mala es de guardar25, œuvre de théâtre datant de 1629. Mais avant de comparer la pièce française avec sa source espagnole, il sera indispensable de mettre la pièce de Calderón dans son contexte historique et dramatique.
Les caractéristiques et les particularités du théâtre de Calderón §
Le développement que suivit la comedia en Espagne pour arriver à sa perfection – moment d’inspiration des dramaturges françaises – se fit en plusieurs étapes.
Ainsi, la première dizaine d’années du XVIIe siècle marque une spontanéité désordonnée dans la comedia qui reflétait de cette manière la licence des mœurs dans le « tout jeune Madrid ». Jusqu’en 1621, elle traite souvent des problèmes politiques contemporains sous forme historique, c’est-à-dire en référence à la manière dont ils furent jadis résolus . Dans les années 1620, la comedia abordait plutôt des questions morales et idéologiques pour se spécialiser à partir de 1630 dans des drames d’honneur, de jalousie, dans des comédies de saints, de magies, de caractères, de cape et d’épée...
C'est pendant cette époque que commença la première période de création de Calderón de la Barca26 et dans laquelle il se consacra surtout à cultiver des comédies divertissantes d’intrigue (enredo) ou de cape et d’épée (de capa y espada)27, un genre de comédie qu’il réussit à porter à sa perfection.
La mécanique des actions est ce qui caractérisait surtout l’œuvre de Calderón, le faisant aboutir de la sorte à une beauté parfaite : le dramaturge, partant d’une situation et d’un dénouement, crée entre ces deux pôles une intrigue pleine de logique, et ce sans manquer à l’élégance et au lyrisme. Ainsi, l’action semble évidente et ses péripéties vraisemblables et nécessaires. Cependant, Calderón ne s’arrête pas à la seule création extérieure de ses œuvres. On constate que dans le fond de tout sujet qu’il aborde, aussi superficiel et amusant qu’il puisse paraître à première vue, le poète traite des thèmes d’une profondeur qu’on n’aurait jamais soupçonnée.
Ainsi, lorsqu’il évoque dans ses comedias les vrais rapports entre les sexes, le fossé entre les générations, les relations ambiguës entre frère et sœur, entre père et fils, entre les amis..., Calderón révèle des problèmes propres à la société espagnole de l’époque : c’est-à-dire, la mise en question de la frontière entre l’autorité et la tyrannie, et plus concrètement la limitation de la liberté humaine qui en résulte.
On verra bien que Casa con dos puertas mala es de guardar correspond exactement à la problématique mentionnée : une fille, rigoureusement gardée par son frère aîné et renfermée dans des interdits qu’il lui a imposés, arrive à tourner ceux-ci de telle manière qu’elle réussit non seulement à se faire aimer par l’homme qui lui était interdit, mais aussi à bouleverser la vie amoureuse de son frère et son amie – à leur insu –, en créant des quiproquos et des malentendus.
Même si le sujet en soi attire plutôt l’attention sur la hardiesse, l’audace et l’astuce avec lesquelles la jeune fille mène le fil de l’intrigue – causant de nombreuses méprises – le problème de base posé reste la limitation de la liberté des jeunes filles de cette époque. En effet, l’honneur de leurs familles dépendait en partie de cette limitation.
L'intrigue dans Casa con dos puertas mala es de guardar §
Première journée §
Marcela est une jeune demoiselle d’Ocaña, sœur cadette de don Félix qui loge, chez lui, son ami don Lisardo, jeune homme d’Aranjuez. Par des raisons d’honneur28, don Félix se devait d’interdire à sa sœur tout contact avec cet ami. Mais attirée par sa curiosité, Marcela a su croiser son chemin et attirer son attention, de sorte que le jeune homme est tombé amoureux de cette femme voilée dont il ignore complètement l’identité et surtout sa parenté avec Félix.
Cependant un jour, au cours d’un rendez-vous, il demande à savoir qui elle est. Elle lui refuse tout renseignement et lui interdit de chercher son identité. Elle lui promet pourtant de se dévoiler à condition qu’il n’engage pas de recherches de son côté.
À sa rentrée Félix et Lisardo se racontent réciproquement leurs histoires d’amour. Marcela, qui se trouve en ce moment dans la chambre à côté, entend toute la conversation et craint que son frère devine son identité par les descriptions de Lisardo. C'est à ce moment-là que Celia arrive, interrompant de cette manière la conversation que Félix avait engagée avec Lisardo, pour lui demander de s’entretenir avec elle. Marcela, soulagée, décide de retrouver Lisardo pour le prévenir.
Celia, prétextant être venue pour s’informer sur l’état d’esprit de Félix, le convainc de rendre visite à sa maîtresse, Laura, pour taire ses soupçons au sujet de sa jalousie – source de leur querelle. En fait, Félix suit le conseil de Celia et une fois chez sa maîtresse, il essaie d’éclaircir la situation. Mais avant de pouvoir convaincre Laura définitivement de son innocence et de son amour fidèle, Fabio, le père de Laura arrive, ce qui fait que Félix est obligé de sortir par une deuxième porte, fixant un prochain rendez-vous pour le soir.
Deuxième journée §
Marcela rend visite à son amie Laura pour lui raconter ses sentiments à l’égard de Lisardo, mais aussi ses craintes par rapport aux possibles soupçons de son frère. Pour mettre Lisardo en garde, elle veut lui parler, ayant déjà organisé un rendez-vous avec lui dans la maison de Laura. Celle-ci voit de nombreux inconvénients, mais lorsque l’arrivée du jeune homme est annoncée, elle accepte à contrecœur la demande de son amie.
Marcela et Lisardo ont une brève conversation au cours de laquelle elle lui reproche d’avoir failli dévoiler leur secret. Lisardo, étonné de la voir au courant de cette conversation, la soupçonne d’être la maîtresse de son ami. Mais avant que Marcela ne puisse vérifier cette fausse impression, s’annonce l’arrivée de Fabio, le père de Laura, incident qui l’oblige à cacher Lisardo dans une chambre au fond de l’appartement. Sous le prétexte d’être venue rendre visite à Laura, Marcela se fait accompagner volontairement par Fabio chez elle, pour ainsi donner à Laura l’occasion de faire sortir son amant. Mais justement à ce moment arrive Félix pour son rendez-vous avec Laura. Celle-ci le presse de s’en aller en lui objectant la proche rentrée de son père ; en outre elle lui fait croire que la deuxième porte était fermée. Cependant, le père arrive avant que Félix ne puisse sortir. Coincé, il cherche à se dissimuler dans la chambre où l’on tient déjà Lisardo caché ; avant que Laura puisse réagir, il aperçoit un homme en entrouvrant la porte. Mais Félix est un homme qui respecte l’honneur d’une femme, c’est pourquoi il ne dit rien à son père et il s’en va plein de jalousie.
Alors que Fabio parle avec sa fille, Celia fait sortir Lisardo par la deuxième porte. Entre-temps, Félix, impatient de connaître l’identité de son « rival », rentre dans l’appartement de Laura et la surprend appelant cet homme qu’elle croyait encore dans sa maison. Cela cause une vive discussion entre les deux amoureux, discussion à l’issue de laquelle Félix quitte Laura.
Lisardo craignant, après cette étrange aventure, d’aimer la même femme que son ami, décide de quitter Ocaña et il charge son valet de tous les préparatifs pour le départ.
Parallèlement Marcela a appris par sa suivante l’intention de Lisardo et elle entre pleine d’indignation dans sa chambre. Celui-ci est très étonné de la voir au courant de ses projets et il avoue que c’est son identité méconnue qui l’oblige à quitter la ville. Pendant leur conversation, Félix fait son apparition, Marcela cherche alors rapidement à se cacher, ce qui confirme d’avantage les soupçons de son ami.
Cependant, Lisardo réalise le malentendu de la situation avec l’arrivée de Laura. Celle-ci vient pour convaincre Félix de sa fidélité en voulant éclaircir la confusion qu’il y avait eu chez elle. Marcela, qui est encore cachée dans la chambre à côté, suit la conversation ; craignant que son amie ne révèle son secret, elle traverse la salle voilée, causant ainsi l’étonnement de Félix et la jalousie de Laura, qui l’accuse maintenant de la trahir.
Troisième journée §
Félix vient parler à sa sœur. Lui révélant son problème, il lui demande de passer quelques jours chez Laura lui servant ainsi d’espion. Ensuite, elle reçoit la visite de Laura, qui, elle aussi, lui raconte son malheur et demande de pouvoir rester quelques jours dans sa maison pour contrôler les visites que reçoit Félix. Etant donné la convergence des deux demandes, Marcela propose à son amie de changer de maison et de suivante, et elle envoie rapidement la sienne annoncer le prochain rendez-vous à Lisardo pour le soir.
Lorsque la nuit approche, Lisardo va rencontrer sa maîtresse. Comme il vient d’une promenade avec Félix, celui-ci reconnaît la maison de Laura et pense maintenant que son ami est son rival. Entre-temps Lisardo et Marcela sont interrompus par la rentrée inespérée de Fabio, incident qui les oblige à s’enfuir rapidement. Lisardo confie sa maîtresse à Félix, sachant qu’il était resté dans la rue, tandis qu’il décide de rester avec son valet pour empêcher toute poursuite.
Une fois arrivé à sa maison, Félix fait de grands reproches à celle qu’il croyait être sa maîtresse, mais qu’il ne reconnaît pas dans l’ombre. Or, un instant avant que le valet amène la chandelle, Marcela réussit à se libérer des bras de son frère et à lui échapper, tandis que Laura, attirée par les voix qu’elle entendait à côté, entre en ce moment dans la chambre avec l’intention de surprendre Félix avec une autre femme. Ainsi, une fois la lumière allumée, chacun pense avoir découvert la trahison de l’autre. Mais le malentendu se dévoile lorsque Lisardo arrive et réclame sa maîtresse absente. C'est à ce moment que Laura éclaircit la situation cherchant Marcela, que Lisardo reconnaît immédiatement comme étant sa maîtresse. Or, Félix, soucieux de préserver l’honneur de la famille, décide alors de tuer sa sœur. C'est à ce moment que Lisardo demande à l’épouser – demande à laquelle Félix, enchanté, consent.
Le père de Laura arrive, en colère contre le ravisseur de sa fille, mais Félix apaise sa fureur lui demandant sa fille en mariage – une demande à laquelle il donne son consentement.
Traduction ou inspiration : une analyse de l’adaptation §
La reprise du sujet par d’Ouville §
La lecture de la pièce espagnole montre que d’Ouville a suivi avec une grande précision l’intrigue représentée dans Casa con dos puertas mala es de guardar. N'ayant fait à aucun moment appel à son imagination, soit pour créer de nouvelles situations, soit pour ajouter des idées personnelles au sujet de l’action, d’Ouville n’a, de ce fait, pas modifié le corps intérieur de la pièce espagnole. Peut-être lui paraissait-elle « parfaite » ?
Sa propre intervention se limite à la seule adaptation de la pièce au goût particulier du public français en substituant les noms espagnols des personnages par des noms français et en transposant le lieu de l’action des alentours de Madrid à Paris29. En outre, d’Ouville s’est certainement vu contraint de respecter les exigences dramatiques qui régnaient sur la scène française et qui l’obligeaient à supprimer quelques passages, afin d’alléger le fil de l’action.
La comparaison des intrigues : le fil général §
Le premier acte des Fausses Véritez – de la même façon que la première journée dans Casa son dos puertas mala es de guardar – est consacré à la présentation des personnages principaux, de leurs sentiments, leurs intérêts et intentions, permettant de cette façon au spectateur de reconnaître la particularité marquée de certains caractères. Dans le deuxième acte l’action commence vraiment : le stratagème organisé par Florimonde, de recevoir son galant dans la maison de son amie Orasie, provoque toute une cascade d’incidents et de quiproquos, enchaînés les uns aux autres et causant à la fin la séparation de Léandre et Orasie. Le troisième acte nous fait assister à une reprise de la situation de l’acte précédent, mais cette fois-ci sous forme inverse : les rôles trompeur-trompé se confondent et c’est encore une fois à cause de l’intervention de Florimonde, qui ne cherche qu’à agir conformément à ses intérêts, que toutes ces situations de méprise et de jalousie sont créées. Le quatrième acte consomme le dernier stratagème : le changement de maison et de suivante entre Florimonde et Orasie, qui culminera dans la confusion complète de leurs identités dans le cinquième acte, évoquant chez leurs galants, Lidamant et Léandre, des moments d’étonnement et d’angoisse, de désespoir et de jalousie. Ce n’est que dans les toutes dernières scènes, lors du rassemblement de tous les personnages, que la vérité se révélera, permettant enfin l’aboutissement d’un double mariage.
L'intrigue dans cette comédie est formée de deux « fils » d’action qui se croisent à plusieurs reprises et qui s’influenceront réciproquement au cours de la pièce.
Un « fil » se compose des démarches de Florimonde, qui rencontre à l’insu de son frère l’ami de celui-ci, et ce bien que le contact lui était interdit. Mais étant donné que Lidamant, qui ignore complètement la parenté entre son ami et sa maîtresse, a failli raconter l’histoire à Léandre, Florimonde se voit obligée de chercher un moyen pour rencontrer son amant et le prévenir de garder leur relation en secret.
Le deuxième fil d’action concerne le frère de Florimonde et sa maîtresse Orasie. Celle-ci, jalouse d’une ancienne maîtresse de Léandre, et surtout blessée dans son orgueil, avait fait venir son galant chez elle, et ce seulement dans le but d’obtenir satisfaction en recevant ses excuses. Cette dernière, attendrie par ses déclarations d’amour, finit par se réconcilier avec son galant. C'est à ce moment que les deux fils se croiseront pour la première fois pour continuer ensuite une influence réciproque et perpétuelle.
En fait, Florimonde, se voyant obligée de poursuivre son rôle d’« inconnue », reconnaît que sa maison est un lieu trop révélateur de son identité. Ainsi, elle trouve le moyen de dissimuler cet indice si manifeste de sa personnalité, en rapportant le rendez-vous à la maison de son amie Orasie. Celle-ci hésite évidemment, craignant une révélation fautive de la part de son père ou de Léandre, et c’est plutôt parce que Florimonde la met devant le fait accompli, qu’elle est contrainte de consentir à la demande de son amie. Pourtant elle ne s’imagine pas encore jusqu’à quel point elle sera impliquée dans cette intrigue. Elle y participera involontairement à partir du moment où Florimonde « usurpera » en quelque manière sa personnalité pour cacher la sienne.
Ainsi, Orasie ne sera pas seulement obligée de se sortir toute seule de l’embarras dans lequel son amie l’abandonne – car celle-ci lui laisse la tâche de faire sortir son amant de sa cachette sans être aperçu de personne –, mais en outre c’est la même Orasie qui portera aussi les conséquences des initiatives de son amie, lorsque ce galant sera aperçu par Léandre. La méprise qui en résulte bouleversera toute la vie sentimentale d’Orasie, qui, désespérée, cherchera dès lors à convaincre son propre amant d’une fausse apparence.
Plus tard Florimonde troublera aussi la vie et les intérêts de son frère : en traversant voilée et inconnue la salle où il discutait avec Orasie, elle provoque la jalousie de cette dernière et la fausse impression que Léandre la trompe. Par conséquent, on pourra constater que l’intervention de Florimonde, suivant ses intérêts à elle, a causé dans la relation d’amour entre Léandre et Orasie deux grandes méprises – méprises déclenchées par un « obstacle extérieur » qui leur reste inconnu. Or, il est d’autant plus amusant de remarquer que les deux amants se dirigent précisément vers Florimonde pour chercher à confirmer leurs soupçons : on pourrait parler, en quelques sorte, de « victimes » qui cherchent inconsciemment la « cause » de leur mal pour résoudre leur problème.
Quant à Lidamant, qui est en effet à l’origine des initiatives de Florimonde, il est à son tour victime de ses actions, mais cette fois-ci sur un plan moral. Craignant d’aimer la maîtresse de son ami, ses soucis se situent dans la mise en question de ses propres valeurs de courtoisie, et ce à l’égard d’un ami d’une part, par rapport à la femme qu’il aime d’autre part. En revanche, Léandre et Orasie s’interrogeaient concernant leurs comportements par rapport à leur relation.
Finalement, ce n’est qu’à partir du moment où la vérité resurgit, dévoilant de cette manière ce qu’on s’était évertué à dissimuler, que les autres personnages atteignent le même niveau de connaissances que celui de Florimonde, et par là même du public.
En effet, une lecture attentive de la pièce, permet de remarquer que celle qui détient la clé de toute l’action et le savoir sur tous les autres caractères, c’est Florimonde. Elle connaît, en tant que sœur, les relations amoureuses de son frère Léandre, elle connaît également, en tant que confidente, les sentiments de son amie Orasie, et enfin, grâce à la porte secrète qui unit sa chambre avec celle de Lidamant, elle est au courant de tout ce qui remplit la vie de ce dernier. Ainsi, son contrôle sur le système de relations entre les différents caractères de la pièce est total, ce qui lui donne un pouvoir d’intervention, et par là, même de contrôle sur le cours des événements.
En revanche, l’identité de Florimonde est plurielle dans la mesure où elle diffère suivant le point de vue de chaque personne. Ainsi, Lidamant sait seulement qu’elle est la femme inconnue qu’il aime, et que momentanément il associe avec la maîtresse de son ami. Pour Orasie, Florimonde est la confidente à laquelle elle rend un service risqué et à qui elle confie ses malheurs cherchant du secours. Mais elle confond son amie aussi avec sa « rivale » Iris, lorsque Florimonde sort voilée du cabinet de Lidamant et traverse la salle (III, 3). Enfin, Florimonde reste la petite sœur, sage et bien gardée, selon le point de vue de Léandre qui est convaincu de son innocence quand Orasie l’accuse d’être engagée dans toute l’histoire de malentendus. Cependant, il ne la reconnaît pas non plus en traversant la salle et l’associe avec une maîtresse quelconque de son ami Lidamant. Connue et méconnue – Florimonde est projetée dans des identités imaginaires qui contribuent à compliquer l’intrigue et à rendre sa compréhension difficile aux autres acteurs qui ne connaissent qu’un fragment de ce puzzle qu’est l’identité de Florimonde.
En revanche, le public est bien au courant des usurpations auxquelles Florimonde a recours. Dès le premier acte où il est témoin des premiers projets de cette héroïne, le spectateur devient complice de Florimonde : il a les mêmes connaissances qu’elle et il peut reconnaître évidemment ce que les autre personnages ignorent.
La comparaison des personnages §
Florimonde correspond au stéréotype de la fille bien gardée et surveillée sous l’autorité de son frère, mais qui au fur et à mesure a appris à développer une étonnante hardiesse et audace pour surmonter les interdits et réaliser ses intentions. Curieuse de savoir qui est l’homme dont le contact lui était interdit, elle tombe aussitôt amoureuse de ce galant ami de son frère et manifeste rapidement une violente passion :
C'est dans ce lieu charmant que sont nais nos amoursEt cette passion est si grande & si forteQue c’est chere Nerine un torrent qui m’emporte.30
Ensuite, c’est son caractère entreprenant et aventureux, ainsi que sa profonde passion qui l’incitent à conquérir cet homme, même en employant des stratagèmes téméraires. Mais ce qui marque surtout le caractère de Florimonde, c’est son indignation contre tout ce qui va à l’encontre de ses intentions. Cette attitude la rend en quelque sorte très égoïste – ce n’est pas par hasard que le mot « intérêt » sort à plusieurs reprises de sa bouche. En outre son comportement à l’égard de sa son amie, qui a du mal à maintenir en secret son histoire, ne fait pas preuve d’une grande courtoisie.
Cependant, Florimonde est un personnage qui reste dans la faveur du public: son égoïsme n’est pas conçu comme un défaut qui doit être puni ou ridiculisé à la fin de la comédie – comme ce sera le cas dans les comédies de Molière –, mais plutôt comme une révolte féminine qui surprend par son énergie et son astuce, et qui éveille la sympathie du spectateur vers la finesse d’une telle jeune fille.
De même que Florimonde, Orasie correspond également à ce genre de jeunes filles rusées dont l’amour inspire des résolutions bien audacieuses. Se faisant cruelle, elle ne veut pas avouer son désir de revoir Léandre ; c’est pour cette raison qu’elle se sert d’un stratagème pour le faire venir chez elle (I, 4-5 et 7). Cependant, cette attitude prouve en même temps que sa personnalité se caractérise par un amour-propre et une fierté assez marqués : céder ne fait pas partie de son vocabulaire. C'est ce qu’on pourra constater dans son entretien avec Léandre, qui a du mal à l’attendrir et à la convaincre quant à son innocence et à son amour (I, 7). Cette caractéristique était pourtant plus affirmée dans le personnage de la pièce espagnole, où Laura raisonne :
Yo no he de hablarle ; porque es triste cosa, es indigna acción darle yo a torcermis celos.31
Mais ce qui distingue surtout les deux héroïnes de la pièce de d’Ouville, c’est la responsabilité et la courtoisie dont Orasie fait preuve à l’égard de Florimonde. Jusqu’à la dernière minute elle respecte et dissimule le secret de son amie, même en dépit de sa propre relation amoureuse qui souffre fortement de ce malentendu provoqué par les initiatives de Florimonde.
En outre, Orasie ne représente pas seulement la femme passionnée et enflammée – elle montre aussi la facette de sa terrible jalousie et sa violente colère lorsqu’elle se croit trompée par son amant (III, 5-6). Cette « capacité » de violence dans l’amour la distingue de son amie et lui donne ainsi plus de maturité et d’expérience d’un point de vue sentimental.
Quant aux deux suivantes et en même temps confidentes de ces jeunes filles si audacieuses et entreprenantes, Nérine et Julie, leur rôle ne se limite pas seulement à leur prêter l’oreille lorsqu’elles racontent leurs histoires d’amour ou leurs malheurs.
Ainsi, Julie fait preuve d’un caractère très habile et rusé lorsqu’elle introduit Léandre chez sa maîtresse feignant avoir réalisé cette action à son insu – en effet Orasie ne désirait pas autre chose que de revoir son amant. En outre, elle est consciencieuse et rapide, profitant du bon moment pour faire sortir le galant de Florimonde de l’appartement d’Orasie. Cette sorte de scènes souligne que les suivantes dans les comedias espagnoles avaient une plus grande liberté d’agir et d’intervenir dans la vie de leurs maîtresses. Cette relation moins distante et basée sur une confiance plus étroite se manifeste aussi dans le fait que les servantes et les valets des comedias tutoyaient leurs maîtres au lieu de les voussoyer. D'Ouville changera évidemment cette habitude trop libérale en adaptant la pièce aux normes françaises.
Quant à Nérine, conformément à sa maîtresse, qui a moins de sens de responsabilité et qui est plus aventureuse et hardie qu’Orasie, elle représente alors la catégorie de suivante qui, ayant du bon sens, met sa maîtresse en garde contre les dangers qu’elle ne voit pas (III,2), qui lui donne des conseils lorsque celle-ci est désespérée ou préoccupée (I,1) et qui freine une euphorie trop audacieuse (IV,1).
Le personnage de Léandre représente le typique caballero espagnol : galant passionné il assure ses sentiments à Orasie dans des déclarations lyriques qui abondent en hyperboles poétiques (I,7 et II,8). Mais une fois qu’il se sent trahi – ayant aperçu un homme caché dans l’appartement de sa maîtresse – il succombe à une grande angoisse et à un profond désespoir (II,10), avant de manifester sa jalousie par une extrême colère devant Orasie (II,14).
En outre, Léandre attache – conformément à l’homme modèle espagnol qu’il incarne – une très grande importance à l’honneur – honneur qu’il faut à tout prix respecter et préserver, que ce soit l’honneur à l’égard de sa famille, de la renommée ou de l’amitié. C'est pourquoi il n’est pas concevable que cet honneur soit compromis par qui que ce soit.
Le personnage de Lidamant sort du même registre chevaleresque que son ami : il est un galant passionné et s’enflamme facilement. Deux mots d’une inconnue suffisent pour qu’il tombe amoureux d’elle et qu’il lui fasse les plus belles déclarations d’amour32, même en ignorant son identité (I,2). Cela prouve également un caractère très aventureux qui se laisse entraîner par la curiosité de l’autre.
Pourtant Lidamant – lui aussi – respecte bien les obligations que lui dicte l’honneur. Ainsi, lorsqu’il croit aimer la maîtresse de Léandre, il exprime clairement sa position :
Je vous responds assez vous me pouvez entendre,Avant que d’estre à vous j’estois tout à Leandre,Et je mourrois plustost qu’en cette occasion,J'entreprinse jamais sur son affection.33
Et plus tard il préférera partir plutôt que de trahir son ami (III,1).
En revanche, il y a toute une dimension héroïque que d’Ouville a ôtée à ce personnage. En effet, par les récits de Lisardo dans la pièce espagnole, on apprend qu’il a participé à plusieurs batailles en tant que soldat, et, en outre, que cette relation avec l’inconnue est sa première, de sorte que son étonnement et ses hésitations sont mieux fondés dans la comédie de Calderón de la Barca.
Quant au valet Fabrice, il est le typique « gracioso » conventionnel de la comedia espagnole et il représente l’envers caricatural du « caballero », qu’il met ainsi en valeur34.
À l’opposé de son maître, Fabrice se montre lâche et peureux, tout en étant dépeint comme plus sincère et plus réaliste que son maître. Ainsi, disposé à prêter l’oreille, il voit les choses d’un point de vue moins passionné et sans sentimentalisme, conseillant à Lidamant de quitter ce pays :
Quittons donc ce pays puis qu’il vous importune,Ne sçauriez-vous ailleurs trouver vostre fortune ?Arrachez-vous, Monsieur, cette espine du sein.35
En outre, on reconnaît aussi cette typique veine superstitieuse, caractéristique des « graciosos », qui lui fait penser que « quelque demon » sert de valet à Florimonde ; et plus loin il mettra son maître en garde contre cette jeune fille qu’il considère comme :
[...] quelque CreatureQui par inventions cherche de vous tromper.36
Cependant, Fabrice exprime aussi son indignation lorsqu’il se sent abandonné et négligé par son maître, dès lors qu’il ne l’accompagne plus37.
En comparant la pièce source et Les Fausses Véritez, on peut constater que d’Ouville donne à Fabrice plus de respect envers son maître que son homologue Calabazas. Celui-ci n’hésite pas à faire des reproches à Lisardo lorsque celui-ci rentre trop tard à la maison38 ni à lui énumérer tous les maîtres qui lui seraient préférables seulement pour ne pas se sentir abandonné et superflu39.
Enfin le rôle de Tomire véhicule, en tant que père, une image d’autorité un peu tyrannique. Cependant dans cette comédie il incarne plutôt un personnage respectueux dont on craint l’arrivée dans les moments culminants (I,7 et II,1, 4-5, 8). Evidemment il se montre furieux lorsqu’il voit son honneur outragé par le ravisseur de celle qu’il croit être sa fille Orasie. Pour cette raison il apparaît chez Léandre, l’épée à la main, pour se venger du séducteur de sa fille (V,8). Pourtant, d’Ouville a omis dans sa pièce une scène du modèle espagnol qui montrait aussi la tendresse et la préoccupation paternelles que Fabio exprimait pour sa fille, la voyant dans un préoccupant état de tristesse et de mélancolie40. Cet aspect manque complètement dans la pièce française.
Les suppressions par rapport à la pièce espagnole §
Étant donné que d’Ouville a suivi linéairement l’intrigue de Casa con dos puertas mala es de guardar, il n’y a aucun changement particulier dans le sens ou le déroulement de l’action à constater.
Cependant, la suppression de nombreux passages, surtout lyriques, de la pièce espagnole fait disparaître des aspects importants des sentiments et de la psychologie des personnages.
Ainsi, en éliminant dans la pièce française les déclarations d’amour que Lisardo fait à Marcela au début de la comédie espagnole, ce galant perd une grande partie de son charme romantique qu’il exprimait dans une belle métaphore triple :
Difícilmente pudieraconseguir, señora, el solque la flor del girasolsu esplendor no siguiera ;difícilmente quisierael norte, fija luz clara ;que el imán no le mirara ;y el imán difícilmenteintentara que obedienteel acero lo dejara.Si sol es vuestro esplendor,girasol la dicha mía ;si norte vuestra porfía,piedra imán es mi dolor ;si es imán vuestro rigor,acero mi amor severo ;pues ¿cómo quedarme espero,cuando veo que se vanmi sol, mi norte y mi imán,siendo flor, piedra y acero ? 41
Malheureusement ce procédé de séduction est complètement omis dans le personnage de Lidamant.
L'aspect passionné du récit de Félix à son ami, concernant sa première rencontre avec Laura, est résumé par d’Ouville en deux simples vers :
[...] Une beauté divine,Un object plus qu’humain m’a desrobé le cœur42
Il est évident que la force d’expression est complètement réduite, et en deux lignes il est impossible d’exprimer toute l’émotion que son modèle espagnol ressentait et révélait.
En fait, cette vague de romantisme et de galanterie qui se manifeste dans les personnages masculins de la pièce espagnole forme aussi un contrepoids avec les attitudes des jeunes filles, plutôt fondées sur la finesse et l’audace aventureuse. Dans la pièce française cette opposition est forcément beaucoup plus attenuée.
Certes, ces longues tirades lyriques de la pièce espagnole auraient pu paraître à notre auteur trop poétiques pour être prononcées de façon vraisemblable sur le théâtre français43, cependant il faut mettre en considération que cette comédie compte d’innombrables situations invraisemblables que d’Ouville a bien repris sans avoir vu la nécessité d’effectuer quelque changement. Et c’est là la raison pour laquelle ses comédies sont considérées comme des traductions sèches et privées de leur essence en comparaison avec les œuvres de Corneille ou de Scarron qui introduisaient dans leurs adaptations des créations originales.
Ainsi, Ernest Martinenche remarque avec indignation, en parlant des auteurs comme d’Ouville, qu’« ils ne regardent leurs modèles qu’à la surface et n’en voient ni la couleur ni la force44 », et il en conclut :
Le sort commun à tous les copistes médiocres du drame espagnol est le fait de vouloir mettre plus d’ordre et de clarté dans son modèle en appliquant le moule étroit des unités et en le travestissant misérablement dans la gravité terne et monotone de leurs alexandrins. [...] Dépouillée de sa poésie et de son âme la « comedia » n’offre plus qu’une intrigue compliquée et romanesque et fait retomber notre théâtre dans l’ornière même à laquelle elle avait d’abord contribué à l’arracher.45
D'une manière très franche on apprend donc, que les espagnols observaient avec déception ce que les auteurs français faisaient de leurs œuvres, considérant leurs adaptations comme des reculs du progrès qu’ils avaient essayé d’engendrer dans le domaine du théâtre.
La dramaturgie externe de la pièce §
Les unités §
Le public français était habitué depuis plusieurs années à voir des pièces de théâtre « régulières », c’est-à-dire, respectant les unités, la liaison des scènes et la vraisemblance. Cependant, les comédies espagnoles ne répondaient plus, depuis Lope de Vega, à ces exigences. Les auteurs français étaient donc forcément obligés d’adapter l’intrigue aux exigences que la dramaturgie française leur imposait. Cette tâche n’était pas toujours facile à réaliser.
L'unité de temps §
Dans la comedia espagnole la conception du temps était différente de celle qui existait en France au XVIIe siècle. Lope de Vega, qui avait établi dans son Arte nuevo de hacer Comedias en este Tiempo les bases de l’art dramatique de son temps, explique au sujet de l’unité de temps :
No hay que advertir que passe en el PeríodoDe un sol, aunque es consejo de Aristóteles,Porque ya le perdimos el respetoquando mezclamos la sentencia TrágicaA la humildad de la baxaza Cómica ;Passe en el menos tiempo que se pueda,46
Ce passage montre alors que les principes étaient établis avec beaucoup plus de liberté et de flexibilité, permettant ainsi aux dramaturges espagnols de développer leur sujet dans le temps qui leur paraissait nécessaire. Cette liberté s’explique par le concept de « vraisemblance psychologique » : selon les dramaturges espagnols, il fallait disposer d’assez de temps pour faire naître et évoluer les passions de façon à ce qu’elles soient crédibles aux yeux du public47. Ainsi, on peut constater que dans la pièce de Calderón l’intrigue se déroule en deux jours48. Cependant, en adaptant cette pièce d’Ouville s’est efforcé de respecter les règles de la dramaturgie française. Restreignant l’action, il a réussi à ce que toute l’intrigue se déroule dans un délai de 24 heures : la pièce commence tôt le matin après le rendez-vous de Florimonde et Lidamant au Jardin des Tuileries et elle se termine tard le soir avec l’annonce d’un double mariage. En outre le texte souligne à plusieurs reprises que tous les événements se passent le même jour ; ainsi, Florimonde remarque devant Nérine :
Il faut trouver moyen si je puis aujour'huyDe revoir Lidamant & de parler à luy.49
Puis dans la scène suivante son frère lui raconte qu’il relatait son martyre à sa maîtresse « ce matin50 ».
L'unité de lieu §
En ce qui concerne l’unité de lieu, elle était impossible à réaliser en adaptant Casa con dos puertas mala es de guardar au théâtre français, car déjà le sujet de l’intrigue obligeait à maintenir deux lieux différents – la maison de Florimonde et celle d’Orasie. Pourtant d’Ouville a fait un gros effort de concentration de l’espace. Il a diminué de cinq à trois les lieux contenus dans la pièce espagnole. Ainsi, il a supprimé au début de la comédie le rendez-vous entre Marcela et don Lisardo à l’extérieur de la ville51 en la remplaçant par un récit rétrospectif de Florimonde à sa suivante dans sa chambre. En outre, il a transposé le dialogue entre Fabio, le père de Laura, et son valet dans la rue proche de sa maison52, lieu que d’Ouville était obligé de maintenir, puisque la fin du quatrième acte et le début du cinquième acte s’y déroulent.
L'unité d’action §
En adaptant les comedias espagnoles pour un public français, les dramaturges étaient aussi obligés de simplifier et de concentrer l’action dans leurs pièces pour que la cohérence de l’intrigue soit plus évidente et bien compréhensible pour le spectateur.
On remarquera donc que d’Ouville a aussi allégé l’action de Casa con dos puertas mala es de guardar en supprimant quelques scènes qui lui paraissaient superflues. Ainsi il a réduit, tout au début de la pièce, les deux récits de Félix et Lisardo, où ils se racontent leurs aventures depuis qu’ils s’étaient quittés à Salamanca à la fin de leurs études53. Dans Les Fausses Véritez on ne trouvera que la narration de leurs histoires d’amour actuelles54.
En outre, d’Ouville a supprimé les récits dans lesquels un personnage raconte à un autre le déroulement d’une scène à laquelle le spectateur a assisté si la réaction de l’autre personnage n’était pas d’importance pour le fil de l’intrigue55. C'est le cas lorsque Julie rentre chez Orasie et amène Léandre avec elle56 ; dans le texte espagnol, Celia raconte encore à sa maîtresse tous les détails de la conversation qui, cependant, n’attirent pas l’intérêt de cette dernière57.
En dernier lieu, on peut remarquer que d’Ouville a ôté tous les récits qui n’avaient aucun rapport avec les cours de l’action, comme c’est le cas du passage dans lequel le valet Calabazas – en rôle de « gracioso » – est ravi d’avoir reçu de son maître un habit : il lui mime la scène qu’il aurait dû jouer s’il avait été obligé d’aller chez un tailleur pour se faire faire un habit. C'est une scène qui a certainement amusé le public espagnol, mais qui peut parfaitement être omise58.
La liaison des scènes et l’équilibre des actes §
En ce qui concerne la liaison des scènes qui était de règle dans le théâtre français, d’Ouville n’a pas eu besoin de la rétablir particulièrement, car la pièce espagnole lui fournissait déjà un réseau d’intrigue suffisamment étroit. On serait tenté de dire que cette liaison des scènes est interrompue de temps en temps lorsqu’il y a un changement de lieu et de personnages dans un même acte. Mais étant donné que ces changements de lieu se limitaient normalement à deux endroits très proches l’un de l’autre – quelquefois il s’agit même de chambres contiguës dans une seule maison – et que les deux actions représentées se déroulent presque parallèlement, on ne peut pas considérer ces changements comme de véritables ruptures de liaison. En effet, telles séquences de scènes préparent normalement les retrouvailles de personnages qui auparavant n’étaient séparés que par un mur. Or, ce procédé permet de faire connaître au spectateur les sentiments et les idées respectives des acteurs et d’augmenter de cette manière la tension avant d’arriver à une péripétie dans l’action59.
En fait, les seuls changements que d’Ouville a effectués avaient plutôt fonction de créer cinq actes équilibrés60 et de définir les scènes conformément aux entrées et sorties des personnages, celles-ci figurant déjà dans le texte espagnol61.
Pourtant on remarquera que l’équilibre des actes ne se traduit que dans l’harmonie intérieure qui règne dans la répartition de l’action et de ses péripéties tout au long de la pièce. Quant à la forme extérieure de distribution des scènes, elle manifeste une disproportion étonnante. Ainsi, des trente-trois scènes que compte la pièce, quinze se trouvent concentrées au deuxième acte – autrement dit, presque la moitié ! Mais la longueur très réduite de ces quinze scènes62 révèle en même temps qu’il s’agit ici d’un acte dans lequel l’action se déroule à un rythme très rapide, ce que montre les nombreuses entrées et sorties des personnages dont les apparitions courtes et fréquentes font supposer une grande agitation et beaucoup de confusion.
En outre on constatera que bien que d’Ouville se soit efforcé de distinguer visiblement les actes par un changement de personnages (celui-ci coïncidant quelquefois aussi avec un changement de lieu), conformément aux exigences dramatiques de l’époque, cette impression n’est pas donnée pendant le passage du premier au deuxième acte. En effet, il y a un changement de personnages et de lieu après les premières quatre scènes – ce qui provoque forcément un grand décalage – mais l’acte continue avec l’introduction du personnage d’Orasie, qui restera jusqu’à la fin du premier acte sur scène et qui ouvrira aussi le deuxième acte. D'une part il est évident que d’Ouville était obligé d’intégrer le personnage d’Orasie pour compléter l’exposition, étant donné que celle-ci devait être composée d’un seul acte dans lequel tous les acteurs principaux apparaissent, présentant leurs caractères, leurs sentiments et leurs intérêts au public63. D'autre part, ce procédé contredisait complètement les règles de dramaturgie, que d’Ouville s’efforce pourtant de respecter. Ainsi, la réapparition d’Orasie au début du deuxième acte ne peut donc être justifiée que par une action que ce personnage aurait réalisé pendant l’entr'acte. Celle-ci pourrait être dans ce cas le fait d’avoir reçu son père, dont l’arrivée s’annonçait à la fin du premier acte, même s’il n’y a aucune indication dans le texte qui puisse soutenir cette hypothèse.
La reconstitution du décor §
Le Mémoire de Mahelot et Laurent est considéré normalement comme une bonne source pour obtenir des informations sur les pièces de théâtre du répertoire de l’Hôtel de Bourgogne et leur mise en scène. Cependant, on sait que le manuscrit de Mahelot ne dépasse pas l’année 1634 et que l’auteur inconnu qui a repris ce travail, avant Laurent, ne donne qu’une énumération des titres sans fournir des précisions concernant la mise en scène des pièces jouées à cette époque, c’est-à-dire, entre 1634 et 1647.
Malheureusement notre pièce de d’Ouville coïncide justement avec cette période lacunaire, de sorte que les conditions de représentation des Fausses Véritez nous restent inconnues. Ce fait nous oblige donc à supposer un décor dont l’authenticité ne peut évidemment pas être garantie.
Etant donné que Les Fausses Véritez comptent trois lieux différents : la maison de Florimonde et Léandre, la maison d’Orasie et la rue, il est certain que le décor a dû être conçu en compartiments. Ainsi, on pourrait s’imaginer d’un côté de la scène trois chambres : la chambre de Florimonde et celle de Lidamant – les deux liées par une porte qui permettrait, au début de la pièce, que Florimonde écoute les conversations dans la chambre de Lidamant64, puis qu’elle y puisse entrer65 – en plus une autre petite chambre servant de cachette à Florimonde lorsqu’elle parlait à Lidamant dans son cabinet et que son frère arriva66.
De l’autre côté de la scène on pourrait s’imaginer l’emplacement de la maison d’Orasie comportant, quant à elle, une seule salle, mais nécessaire-ment trois portes : la porte d’entrée principale donnant à la rue, une deuxième porte justement à l’autre côté de la chambre et répondant sur une autre rue supposée67, et, au fond de la chambre, une troisième porte à laquelle répondrait le cabinet où se tient Lidamant caché pendant une grande partie du deuxième acte68.
Finalement, on peut supposer que la rue, le troisième lieu, était placée justement entre les deux maisons.
On remarquera par la distribution si précise des lieux de l’action qu’elle était d’une très grande importance pour une bonne représentation de la pièce. Cependant cette dépendance de l’action et du lieu suppose certainement un problème. Sachant que les dimensions de la scène de l’Hôtel de Bourgogne étaient réduites, les compartiments devaient être par conséquent assez étroits, causant ainsi aux acteurs une grande limitation de leurs mouvements. Certes, l’on sait que les acteurs à l’époque avaient l’habitude de jouer la plupart du temps au milieu de la scène, renseignant le spectateur sur le lieu de l’action seulement par leur première apparition dans le compartiment concerné. Pourtant ce procédé ne semble pas avoir été facile à réaliser dans notre pièce de théâtre, étant donné que les scènes se suivent à un rythme rapide provoquant des changements de lieu fréquents.
Ainsi, à l’exception des scènes un peu plus longues – qui sont généralement les scènes de discussion entre deux personnages – la pièce a dû être jouée dans les petits compartiments.
Traitement thématique §
La hardiesse des jeunes filles §
Orasie et Florimonde ressortissent à ce type de jeunes filles qui étaient jalousement surveillées par leur père ou leur frère. Ceux-ci se voyaient chargés de garder une jeune fille de tout danger afin de maintenir leur vertu et leur renommée impeccables avant d’être données en mariage. Par conséquent, ils contrôlaient attentivement l’ambiance qui les entourait, prévenant de cette façon toute tentation qui pourrait se présenter.
Ainsi, Tomire s’étonne dans sa première apparition que la deuxième porte soit ouverte :
Depuis quand Orasie ouvre t’on cette porte,Qu'on tient tousjours fermée.69
Et plus loin, Orasie met Léandre en garde contre la stricte surveillance de son père, qui, comme elle dit,
[...] a tantost fermé tant il est soubçonneuxLa porte de derriere, ô qu’il est ombrageux,Il emporte la clef, montrant de cette sorteAsseuré le passage à l’autre afin qu’il sorte.Il ne fait tous les jours qu’entrer & que sortir...70
On apprend également de la part de Florimonde que son frère aussi la garde très attentivement et qu’il s’inquiète de tout soupçon qui puisse naître (I,1). En outre, le fait qu’il interdise à Florimonde de voir Lidamant pendant sa visite dans leur maison souligne aussi son obsession de ne vouloir tacher ni l’honneur de la famille ni celui de sa sœur.
Cependant, cette haute surveillance ne fait que développer dans l’esprit des jeunes filles une ingéniosité qui les rend capables de contourner les interdictions sans être aperçues. Florimonde réussit à échapper à cette rigide surveillance en se levant tôt le matin, et elle arrive à multiplier les rendez-vous avec Lidamant à l’insu de son frère (I, 1). Grâce à son astuce elle sait profiter des avantages qu’une situation peut présenter : ainsi, elle se montre très volontaire à servir son frère en tant qu’espionne (IV, 2), organisant en même temps un deuxième rendez-vous dans la maison de son amie (IV, 3).
Orasie, quant à elle, jouit d’une plus grande confiance de la part de son père ; ainsi, son absence lui offre l’occasion idéale pour dissiper le malentendu précédent avec Léandre (III, 5-6), ou pour s’installer dans l’appartement de Florimonde afin de contrôler les visites que son amant reçoit (IV, 3).
En conclusion, la rigide surveillance à laquelle ces deux jeunes filles sont soumises, ne fait qu’éveiller en elles un sens de l’autonomie qui les rend audacieuses et entreprenantes.
La jalousie §
Les nombreux malentendus qui se développent dans la suite de la pièce sont l’une des conséquences qu’entraîne le stratagème initial de Florimonde. Et c’est de ces malentendus que naît la jalousie, donnant lieu à la méprise, l’amertume et la violence. Cependant la jalousie ne concerne que Léandre et Orasie ; elle sera le moteur d’action pour ces deux personnages, dont la motivation ne consiste que dans le désir de détromper le partenaire de sa fausse impression.
Le point de départ pour les problèmes de ce couple est la jalousie qu’un témoignage d’Iris – l’ancienne maîtresse de Léandre – a causée à Orasie. Pressé de détromper Orasie de ce faux témoignage et de la convaincre de son amour et de sa fidélité, le jeune homme lui rend visite. Pourtant, la présence de l’amant de Florimonde dans la maison d’Orasie renverse la situation, entraînant le mépris et la jalousie de Léandre. Et la situation changera encore une fois, lorsqu’Orasie rend visite à son amant pour se justifier et pour éclaircir le malentendu, et que Florimonde, en tant que femme inconnue et masquée, traversera la salle.
On ne s’étonnera pas de constater que les moments de jalousie proviennent des interventions de Florimonde qui pourtant contribuent à augmenter la tension dans la pièce avec les scènes piquantes qui en résultent. En revanche Saint-Marc Girardin, qui analysa profondément Les Fausses Véritez, arrive à la conclusion que :
[...] la jalousie n’a pas le temps de se développer, gênée et étouffée qu’elle est par la multiplicité des incidents.71
Effectivement la combinaison des deux fils de l’action qui décrivent les deux relations oblige d’Ouville à changer à plusieurs reprises de lieu pour assurer l’enchaînement rapide et plaisant qui donne son mouvement à cette comédie. C'est pour cette raison que Léandre et Orasie doivent exprimer leurs sentiments dans un moment précis et limité. Mais le fait que la jalousie puisse paraître « étouffée » résulte plutôt de la limite de temps à laquelle cette pièce était soumise en suivant la règle de l’unité de temps72. En revanche la jalousie est un élément qui accompagne l’action jusqu’à la fin, et même si elle n’a pas l’occasion de se dégager dans sa plénitude, comme c’était le cas dans la comédie de Calderón, elle s’enflamme avec une grande facilité à de nombreux reprises. C'est bien la puissance de ce sentiment qui fournit une grande part du comique de cette pièce.
L'honneur et l’amitié §
Le phénomène de l’honneur et de l’amitié représentant les valeurs suprêmes de la société du XVIIe siècle, se manifeste aussi dans cette comédie. Le respect et l’importance attachés à ces valeurs se reflète à plusieurs reprises dans le texte.
La problématique initiale est elle-même basée sur l’obéissance au code de l’honneur : afin de pouvoir recevoir son ami sans tacher l’honneur familial, Léandre interdit à sa sœur tout contact avec son hôte. Cependant, Florimonde transgresse cette interdiction par curiosité et ses rendez-vous avec l’ami de son frère, qui ignore complètement cette parenté, ont fait naître un amour passionné entre ces deux jeunes gens. En effet, Florimonde se sait aimée par Lidamant, mais elle craint en même temps que la révélation de toute la vérité puisse détruire sa relation, comme elle dit à Nérine :
Tu ne sçais pas encor, & c’est ce qui m’affligeJusqu’à quel point d’honneur l’amitié nous oblige.C'est un lien trop fort, je sçay que LidamantEst plus parfaict Amy qu’il n’est fidelle Amant.Son amitié Nerine est pure & trop sincerePour me vouloir servir au deceu de mon frere [...]73
Effectivement, l’amitié l’emporte sur l’amour, et Lidamant confirme cette hiérarchie des valeurs en disant clairement à Florimonde :
Je vous responds assez vous me pouvez entendre,Avant que d’estre à vous j’estois tout à Leandre,Et je mourrois plustost qu’en cette occasion,J'entreprinse jamais sur son affection... 74
Ainsi les sentiments d’amour sont considérés comme émotionnels et irrationnels, surtout lorsqu’ils précèdent le mariage ; en revanche l’honneur et l’amitié sont des valeurs constantes. C'est pour cette raison aussi que Léandre les défend jusqu’à la dernière instance : il est prêt à verser du sang en tuant sa sœur, qui par sa coquetterie et son inconduite avait taché cet honneur. Selon sa conception : « Il faut oster la vie, à qui m’oste l’honneur.75 »
Cette conviction pouvait probablement surprendre un public qui n’était pas familiarisé avec les mœurs espagnoles et les violences auxquelles un honneur sourcilleux pouvait porter les héros de la comedia. Heureusement l’initiative de Lidamant, qui, étant amoureux de Florimonde, la demande en mariage, peut sauver l’honneur familial.
De même l’on attachait une haute considération à l’amitié. Elle était un lien très fort qui unissait deux amis jusqu’au point de se mettre l’un à la disposition de l’autre, et de s’exposer même à des dangers et à la mort. C'est pour cette raison que Léandre, après avoir appris les aventures qui sont arrivées à son ami dans la maison de sa bien aimée, insiste pour l’accompagner, lui assurant son appui en tant qu’ami :
On n’abuse jamais d’un veritable AmyCeluy là ne l’est point qui ne l’est qu’à demy.Quoy qu’il puisse arriver durant cette entreveue,Sçachez que vous aurez un Amy dans la rue,Qui pour vous seconder a le cœur assez fort,Et qui vous defendra mesme jusqu’à la mort.76
Cependant, Léandre n’est pas non plus un personnage infaillible. Même s’il semble être celui qui respecte et garde le plus les valeurs de la société, il se trouve – lui aussi – face à une situation dans laquelle ses sentiments risquent de l’emporter sur ses convictions : convaincu que sa maîtresse le trahit et que Lidamant est son rival, il n’est plus capable de contrôler sa jalousie et la violence de ses sentiments. Désespéré, il met en question toutes les valeurs auxquelles il avait attaché une grande importance auparavant :
Que fais-je justes Dieux ? la colere m’emporteViens-je pas de donner parole à Lidamant ?Mais qu’importe l’honneur, qu’importe le sermentQuand on brusle d’amour, qu’on meurt de jalousie,Non non, je veux tout perdre en perdant Orasie,La perdre ? justes Dieux le pourrai-je souffrir...77
Ce n’est que Fabrice et la suite des événements qui détournent Léandre de ce moment de faiblesse, empêchant ainsi qu’il commette une faute. En effet, de cette façon d’Ouville a repris un point de satire que Calderón de la Barca avait déjà abordé dans sa comédie, montrant que l’homme n’est pas toujours infaillible face aux règles que la société lui impose, et qu’il est quelquefois victime de ses propres sentiments.
Comique et style de la pièce §
Le comique §
La source du comique dans cette pièce se trouve surtout dans l’influence de l’élément romanesque sur l’intrigue. Une intrigue compliquée et singulière, une action remplie d’aventures imprévues, des fausses portes, des changements de logements afin de déconcerter les prétendants – on reconnaît là les ressorts ordinaires de l’école romanesque qui régnait en souveraine dans la comédie espagnole, et qui était capable de créer les situations les plus amusantes et extraordinaires.
Nous nous limiterons à mentionner les situations les plus représentatives du comique de cette pièce. Parmi elles figure la scène dans laquelle Florimonde, cachée dans une chambre à côté, entend la conversation entre Lidamant et son frère. Le comique de cette scène résulte de l’impuissance croissante qu’exprime l’héroïne à l’égard du développement de cette conversation dans laquelle elle ne peut pas intervenir. Son désespoir ne se manifeste pas seulement par son commentaire à part :
Justes Dieux qui pourroit advertir Lidamant.Ah ! qu’il m’obligeroit à present de se taire,Il pourroit bien donner du soubson à mon frere.78
mais aussi par ses gestes79.
Une autre sorte de comique résulte des confidences qu’un des personnages fait à un autre évoquant chez celui-ci des fausses conclusions. Or, lorsque Léandre raconte à Lidamant comment il a aperçu un rival dans la maison de sa maîtresse, celui-ci reconnaît sa propre aventure et en déduit être le supposé « rival » de son ami (III,4). Mais plus tard il est assuré d’aimer une autre femme que la maîtresse de Léandre, c’est pour cette raison qu’il raconte son histoire d’amour à son ami et lui montre aussi la maison de sa bien-aimée, sans rien craindre. Évidemment l’ami sait très bien que c’est la maison de sa propre maîtresse, de sorte que son désespoir ne provoque que le rire d’un public omniscient, qui connaît l’erreur et le malentendu dont le personnage est la victime.
Le principal caractère comique de cette pièce provient donc du sujet même : les stratagèmes et les malentendus qui en résultent, et dont le spectateur est au courant. Pour cette raison, il rit de la dupe, en appréciant également l’ingéniosité du trompeur.
Pour autant il ne faut pas oublier le personnage de Fabrice, qui réincarne le typique « gracioso » de la comédie espagnole. Celui-ci, après avoir justifié à son maître l’importance que sa présence peut avoir dans une situation de danger (IV, 4), doit être détrompé d’une manière burlesque. En effet, sa réaction peureuse face au danger et le désespoir auquel il succombe montrent son incapacité dans le combat, dévoilant qu’il n’est pas le chevalier qu’il prétendait être80. Cependant, le comique de ce personnage se trouve aussi dans sa simplicité, provoquant un peu de compassion de la part du spectateur.
Le style §
La rapidité du rythme de l’action est une des caractéristiques des Fausses Véritez81. La précipitation des événements oblige les personnages à agir conformément à leur intuition et sans réflexion aucune82. Ce phénomène favorise certainement les invraisemblances latentes de la pièce, qui échappent ainsi à l’attention des spectateurs : peu importe que Florimonde ne soit pas reconnue ni par son amie ni par son propre frère lorsqu’elle traverse la salle (III, 6).
Les quelques longues tirades se limitent au début de la pièce et ce sont des récits des personnages qui apportent des informations antérieures à l’action présentée, et qui sont indispensables pour que le spectateur puisse comprendre l’intrigue de la pièce83. C'est surtout dans ces passages que les métaphores et les paraboles abondent.
En revanche, les situations de jalousie et de colère se caractérisent par des répliques très brèves, des ripostes du tac au tac :
ORASIE.
Aurez-vous bien le front de me nier aussiQu'une femme masquée estoit n’aguere icy ?LEANDRE.
Je ne la cognoy point.ORASIE.
J'ay moins de cognoissanceDe cét homme cent fois.LEANDRE.
Ah l’extreme impudence ?Vous le sçavez tres bien, car vous l’alliez nommer.ORASIE.
Adieu, perfide, adieu, n’osez pas presumerQue jamais je vous parle, ou que je vous regarde.LEANDRE.
Prenez garde Orasie.ORASIE.
A quoy prendray-je garde.LEANDRE.
Ah ! c’est trop mal traiter un homme comme moy,Dont la plainte est si juste...84
Cette forme de répliques en quasi stichomythie augmente la tension et provoque en même temps l’amusement du spectateur qui sait que la jalousie des deux personnages n’est pas fondée.
Un pareil moment d’amusement se produit à nouveau lorsque la scène de jalousie de Léandre est reprise plus tard avec les rôles inversés : Orasie reprend textuellement les reproches que lui avait fait Léandre un moment auparavant :
Que veut dire cela, Leandre ? quelle honte ?Le beau raisonnement, l’excuse à vostre conteEst en ce que j’ignore, où je ne comprens rien,Et la faute consiste en ce que je sçai bien.Quoy doncques voulez vous que le bien que j’ignoreVainque ce que je sçais & voulez vous encore,Que mon bien soit douteux, & mon mal asseuré ?85
La symétrie dans le double emploi de ce passage accompagné de l’inversion des rôles ne fait que traduire sous forme stylistique le ridicule de l’accusation qu’Orasie et Léandre se font réciproquement.
Les influences de la comédie de d’Ouville sur des oeuvres postérieures §
Il est curieux de constater que le sujet de Casa con dos puertas mala es de guardar, que d’Ouville avait mis sur la scène française, ne fut pas oublié. En effet, on compte plusieurs influences sur des œuvres postérieures à celle de d’Ouville : d’une part, son frère reprit le même sujet quelques années plus tard dans sa comédie L'Inconnue, et d’autre part Thomas Corneille créa une pièce de théâtre, Les Engagemens du hazard, suivant partiellement le même thème. En outre, des influences sur L'Ecole des femmes de Molière ont été observées – même si elles restent contestées.
L'Inconnue de Boisrobert §
Les Fausses Véritez furent représentées pendant la saison 1641/164286. À peine 5 ans plus tard, en 1646, apparut sur la scène française la version très semblable de l’abbé de Boisrobert87. Celle-ci fut d’ailleurs tirée de la même source espagnole. Considérant l’intrigue dans la comédie de son frère comme profitable, Boisrobert décida d’en faire sa propre version. En effet, il justifie son choix dans la dédicace de sa pièce, qu’il destina au Cardinal Mazarin, en disant :
je me hazardois de vous présenter ce dernier Ouvrage, qui est tout plein de surprises agréables, & qui a fait tant de bruit sous un autre titre, sur tous les Théatres d’Espagne & d’Italie.88
Certainement Boisrobert prit comme base d’écriture le texte espagnol de Calderón de la Barca, dont il conserve quelques passages que d’Ouville avait supprimés dans son adaptation – telle que la scène d’ouverture représentant le rendez-vous de Lisardo et Marcela, ou une autre scène dans laquelle le père de Marcela se montre préoccupé voyant l’état de tristesse de sa fille89.
D'ailleurs, il est évident que Boisrobert se servit aussi de la pièce de son frère – en tant que traduction – puisqu’on peut remarquer quelques similitudes avec cette dernière90.
En outre, L'Inconnue compte aussi quelques créations propres à l’imagination et à la plume de l’auteur. Celui-ci semble avoir développé avec soin le personnage du valet Filipin : en fait, il le rapproche dans ses attitudes et caractéristiques plus de l’image de son prototype Sancho Pança que Calderón de la Barca et d’Ouville ne l’avaient fait auparavant91. De même la suivante Lise représente ici un caractère encore plus fort et plus autonome92. En revanche, les personnages principaux ne sont pas aussi vifs et spontanés que dans les deux autres comédies93.
En outre, en lisant L'Inconnue, on remarque que l’intrigue et ses péripéties manquent de cohérence et de logique. L'omission de quelques petits détails et surtout la compression trop étroite du sujet crée d’une part des difficultés de compréhension pour le spectateur, et empêche d’autre part un développement convenable des situations de confusion et de jalousie, aussi bien que de passion. Par conséquent, la pièce abonde d’invraisemblances flagrantes.
En revanche, la versification de la pièce de Boisrobert manifeste une plus grande maîtrise de l’auteur dans ce domaine, en effet, les vers sont plus fluides et les expressions plus élégantes et correctes qu’ils ne l’étaient dans la comédie de d’Ouville94.
Sur le succès de L'Inconnue on ne sait rien de précis95. Les frères Parfaict, un siècle plus tard, n’en savent pas plus que nous, ils se limitent à dire que :
Cette Comédie est comique par le fond, mais froide par la façon dont l’Auteur l’a rendue. Au reste, il y a un rôle de valet qui ne seroit pas sans mérite, si l’Auteur lui avoit donné plus d’étendue.96
Les Engagemens du hazard de Thomas Corneille §
Presque en même temps que Boisrobert, en 1647, Thomas Corneille écrit sa comédie Les Engagemens du hazard97, qu’il prétend avoir composée sans avoir connaissance de L'Inconnue.
En fait, Corneille s’était inspiré tout d’abord d’une autre pièce de Calderón de la Barca, Los Empeños de un acaso, qui lui avait fourni aussi le titre pour sa comédie. Cependant, une première représentation par la troupe de l’Hôtel de Bourgogne montra que le sujet n’arriva pas vraiment à intéresser le public, de sorte que Corneille – lui aussi insatisfait de son œuvre, la considérant comme « peu consistante » – ne la fit pas imprimer. Il la retoucha pourtant en rajoutant à l’intrigue déjà construite celle de Casa con dos puertas mala es de guardar, lui paraissant très semblable à celle de Los Empeños de un acaso. De cette manière, Corneille créa une combinaison des deux œuvres : l’action resta celle de sa première pièce d’inspiration avec la seule différence que les deux personnages principaux, Elvire et don Fadrique, vivent aussi les aventures relatées dans Casa con dos puertas mala es de guardar, avec toutes ses complications, avant que la pièce ne se termine, comme dans la pièce d’origine, par un mariage.
Or, même si les frères Parfaict écrivirent curieusement à propos de cette comédie :
Le sujet de l’Inconnue de l’Abbé de Boisrobert, & celui des Fausses vérités de d’Ouville, sont rassemblés dans la Piéce des Engagemens du hazard. Cette double intrigue en forme une dans celle-ci.98
on pourra seulement constater, en lisant cette pièce, quelques similitudes avec les comédies de d’Ouville et de Boisrobert, qui se limitent d’ailleurs à l’acte quatre. À vrai dire, le fil de l’action est complètement différent. On peut même dire que la combinaison des deux pièces de Calderón de la Barca et de leurs intrigues respectives, déjà pleines de quiproquos, donne un résultat un peu confus. Les événements et les coïncidences si nombreux, rassemblés en une seule pièce, rendent la compréhension quelquefois difficile et l’action assez invraisemblable.
Pourtant cette deuxième version des Engagemens du hazard eut plus de succès que la première. Selon Lancaster l’attention qu’on porta à cette pièce doit être attribuée à sa ressemblance avec L'Inconnue de Boisrobert, qu’on avait jouée presque à la même époque99. Les frères Parfaict considérèrent cette comédie comme :
très-passable, & peut-être la meilleure de son temps. On y trouve de la conduite, des situations, de l’intérêt, & un comique, qui sans être du burlesque de celui [de] Scarron, n’en est que plus agréable au goût des personnes qui sçavent mettre le prix aux Ouvrages Dramatiques.100
Effectivement, Corneille développa un personnage de valet amusant, avec beaucoup de verve et de franc-parler, et cela sans négliger pour autant une caractérisation convenable des autres personnages principaux.
Les parallèles avec L'École des femmes de Molière §
Le rôle que Les Fausses Véritez auraient pu jouer en tant que source d’inspiration pour la création de L'École des femmes de Molière est très contesté.
D'un côté Roger Guichemerre croit voir dans la comédie de d’Ouville « une source non négligeable du théâtre de Molière101 », et il justifie son hypothèse à partir de trois situations extraites des Fausses Véritez qui montrent des similitudes avec cette première grande comédie de Molière102.
En premier lieu, il relève la confidence que Lidamant fait de sa bonne fortune à son ami Léandre, l’homme auquel il ne devrait précisément rien dire, puisqu’il s’agit du frère de la jeune Florimonde sur laquelle celui-ci veille jalousement (I,2). Cette scène est comparable à celle où Horace raconte ses succès galants à Arnolphe (I,4).
En deuxième lieu, il note la révélation par Lidamant de la rue et de la maison de sa bien-aimée : elle déclenche chez Léandre une grande confusion et un grand trouble puisqu’il reconnaît la maison comme étant celle de sa propre bien-aimée et en déduit que son ami est son rival. De même, Horace révèle à Arnolphe la maison dans laquelle habite sa maîtresse et qui est celle de son interlocuteur même.
Finalement, Guichemerre renvoie à la même péripétie amusante qui amène le dénouement dans les deux pièces : Lidamant, ainsi qu’Horace, est surpris pendant le rendez-vous avec sa maîtresse. Il l’enlève et la confie à son ami – son apparent « rival » – qui l’attend dans la rue. Celui-ci, croyant avoir en son pouvoir sa propre maîtresse, lui fait des reproches et l’accuse d’infidélité (V, 4 et 6). Une situation analogue se trouve dans L'École des femmes où Horace, après avoir été surpris avec Agnès chez elle, la confie à Arnolphe, qui fait des reproches à celle-ci (V, 2 et 4).
Ces situations analogues amènent Guichemerre à en déduire que leur similitude ne peut pas être une seule coïncidence et que Molière a dû s’inspirer de la pièce de d’Ouville en l’imitant consciemment.
En revanche, Claude Bourqui, qui étudia profondément les possibles inspirations de Molière dans son œuvre, Les Sources de Molière, rejette pourtant, dans son travail, Les Fausses Véritez comme source possible pour L'École des femmes.
Ainsi, il justifie cette exclusion en montrant que dans la première situation proposée par Guichemerre le frère de Florimonde ignore complètement l’identité de la bien-aimée de son ami et qu’il n’oserait jamais penser qu’il puisse s’agir de sa propre sœur. En revanche, dans la pièce de Molière, Arnolphe sait très bien qu’il s’agit d’Agnès, et le comique de la scène repose précisément sur ses réactions immédiates.
Concernant le deuxième cas, Bourqui souligne que le trouble d’Arnolphe se justifie par le fait que la maison en question est vraiment la sienne et que la femme dont on lui parle est également la sienne. Dans Les Fausses Véritez la situation est différente : Léandre constate que son ami rend visite à sa maîtresse dans la maison qu’il reconnaît comme étant celle de sa propre maîtresse, de sorte qu’il soupçonne que son ami est son rival.
Et dans la troisième situation on confie à Léandre une femme qu’il croit être sa maîtresse, tandis qu’Arnolphe sait avec assurance qu’il est en possession d’Agnès.
Par conséquent, Claude Bourqui conclut concernant le point de vue de Roger Guichemerre :
[...] au-delà de son manque de fondement, l’hypothèse de Guichemerre doit être récusée par les impasses dans lesquelles elle nous amène. [...] Les péripéties qui, selon Guichemerre, auraient été tirées des Fausses Véritez consistent en des détails d’intrigue malaisément détachables de l’appareil complexe dont elles font partie et encore plus malaisément greffables sur d’autres appareils complexes.103
En effet, une lecture attentive respectant le contexte des passages respectifs proposés, montre que les similitudes entre Les Fausses Véritez et L'École des femmes ne sont que des situations voisines, trop faibles pour maintenir l’hypothèse établie par Roger Guichemerre.
Le texte de la présente édition §
Il n’existe qu’une seule édition des Fausses Véritez, exécutée en 1643 par Toussainct Quinet. En voici la description :
In-4°, 2 ff. non chiffrés, 131 pages.
[I]LES / FAVSSES / VERITEZ / COMEDIE. / PAR Mr DOVVILLE. / [feuilleton du libraire] / A PARIS, / Chez TOVSSAINCT QVINET, au / Palais dans la petite Salle, sous la montée / de la Cour des Aydes. / M. DC. XLIII. / AVEC PRIVILEGE DV ROY.
[II][Verso blanc]
[III]Extraict du Priuilege du Roy.
[IV]PERSONNAGES,
– 131 pages : le texte de la pièce, précédé d’un rappel du titre en haut de la première page.
L'achevé d’imprimer est daté du 28 janvier 1643.
Bibliothèque nationale de France : Yf 645, Rés. Yf 316, 545, 1343.
Bibliothèque de l’Arsenal – département des Arts du spectacle : Rf 6610, Bl 3485 [format in-4°], et Gd 459, 41706 [format in-8°].
Établissement du texte §
En règle générale nous avons conservé l’orthographe de l’édition originale, à quelques réserves près :
– nous avons modernisé «∫ » en « s » et « ß » en « ss ».
– nous avons distingué « i » et « u » voyelles de « j » et « v » consonnes, conformément à l’usage moderne.
– nous avons décomposé les voyelles nasales surmontées d’un tilde en un groupe voyelle – consonne.
– nous avons introduit les accents diacritiques chaque fois qu’il était nécessaire afin de distinguer « où », adverbe de lieu, de « ou », conjonction de coordination, et « à », préposition, de « a », verbe.
– nous avons corrigé quelques erreurs manifestes (cf. liste de rectifications ci-dessous).
– nous avons respecté la ponctuation d’origine, sauf lorsqu’elle nous paraissait évidemment erronée (cf. liste de rectifications).
On peut constater que la liste des corrections effectuées est très longue. En effet, le texte de l’édition originale présentait non seulement des fautes d’orthographe, mais surtout des fautes d’impression, se manifestant, entre autres, dans l’apparition d’apostrophes fautives et dans l’omission de deux vers. Ces négligences dans la présentation imprimée de la pièce confirment certainement le moindre cas que l’on faisait de la comédie par rapport avec la tragédie. Le statut de celle-ci étant considéré comme supérieur, elle fut traitée avec beaucoup plus de respect par les imprimeurs. Dans ce sens Les Fausses Vérités reflètent à nouveau la hiérarchisation.
De cette unique édition existent au moins deux différentes émissions, mais elles ne se distinguent que dans l’orthographe de seureté au vers 1635 et dans la ponctuation du vers 1641.
Cette comédie est entièrement en alexandrins à l’exception du vers 39 qui ne possède qu’onze syllabes ; nous avons corrigé afin de rétablir le rythme métrique, nous renvoyons à la note correspondante.
En outre, on constatera qu’en deux occasions un vers a été omis : les vers 247 et 570 manquent d’un vers correspondant qui ferme leur rime. Il s’agit apparemment d’une faute d’impression présente dans toutes les émissions de l’édition originale.
En ce qui concerne le style d’écriture de d’Ouville, il ne peut pas être considéré comme très brillant. Un grand nombre de passages est difficile à comprendre à cause d’une syntaxe imprécise et très lourde, et que l’auteur peine à ajuster avec le cadre de l’alexandrin – un tel passage se trouve aux vers 1267-1276 :
Il brusle comme vous de desir de sçavoirQuel est ce Cavalier qu’il croit qu’il vous vient voir, [...]Feignant que nous avons eu quelque pique ensemble,J'entends mon frere & moy, tellement qu’il me sembleQu'il seroit à propos, si vous venez icyQue pour vous y servir, je m’y trouvasse aussy.
De même des corrections apparemment effectuées par l’imprimeur sont fautives et rendent la compréhension du texte difficile (cf. vers 81-83).
Les passages « identiques » à ceux de la source de cette pièce, la comédie de Calderón de la Barca Casa con dos puertas mala es de guardar, sont très abondants. Dans l’annotation qui accompagne le texte nous nous sommes bornés à faire les rapprochements qui s’imposaient.
Le problème de la dédicace §
Bien que d’Ouville ait annoncé dans l’épître de sa pièce précédente, L'Esprit follet, son intention de dédier sa comédie des Fausses Véritez à une dame, dont l’identité n’est pourtant pas précisée, cette épître n’est pas apparue. Néanmoins Lancaster propose – conformément aux informations d’Yvonne Green – Madame de Saincte Marie, Suzanne d’Espinay comme dédicataire104.
Rectifications §
Nous donnons ci-dessous la liste des erreurs et coquilles qui ont été corrigées dans le texte que nous proposons :
Privilège du roy §
ligne 4:ntitulée
ligne 6: d imprimer
ligne10:qu il
Pièce §
Nous avons corrigé « ou » en « où » dans les vers : 14, 96, 169, 276, 330, 444, 477, 496, 532, 601 (didascalie), 684, 699, 751, 752, 755, 784, 820, 852, 872, 963, 986, 1035, 1079, 1246, 1315, 1358, 1359, 1360, 1364, 1462, 1464, 1466, 1503, 1569, 1570, 1723.
Nous avons corrigé « à » en « a » dans les vers : 42, 113, 412, 590, 727, 801, 843, 862, 921, 932, 1215, 1232, 1234, 1235, 1401, 1464, 1674, 1682.
Nous avons corrigé « a » en « à » dans les vers : 27, 260, 354, 434, 702, 811, 914, 937, 1195, 1210, 1489 (2e didascalie), 1492 (didascalie), 1526, 1541, 1733, 1760, 1779.
Acte I : Vers 22 qu’el / 36 charmãt / 38 m’en porte / 44 ny / 45 curiositê / 47 Cy / 48 laict / 49 dont / 54 l’evé / 61 tout / 82 qué j’eu / 85 quelle / 106 Ma / 114 Converty / 115 ma / 118 Me s’entant / 122 aimãt / 140 j’ettant / 144 s’en / 164 N'y / 169 adroitté / 174 plusieursfois / 175 je m’ettois / 177 Lidamañt / 186 l’istoire / 189 t’enmeine / 194 maistresse souvent, / 204 Sçache-lé, ennuits / 209 offencee / 210 pensee / 211 Où, advenir / 216 n’y / 221 donne / 231 j’asprehendois / 242 se / 247 d’y / 252 surprếndre / 253 t’on / 254 l’anguy / 255 là / 271 j’ais / 275 dont / 277 Qu'elle / 279 & / 295 voulez vous / 299 dont / 304 abusèe / 305 ma / 307 surprit / 313 au / 325 l’angage / 336 cõfondre / 339 n’aist / 342 à par soy / 343 qui / 345 offrãdes / 346 Possons / 355 Jl / 356 dés / 366 j’adore / 385 joy
Acte II : Vers 390 (didascalie) d’orasie / 394 t’elle / 396 j’euse / 402 la bas / 417 s’eust / 420 voulu / 425 A lors / 426 je fu / 428 ly / 431 ma / 439 afin / 450 Je / 459 cõme / 464 des / 484 roproche / 509 nõ / 518 la / 539 tãtost / 566 J'euse / 568 n’y / 595 touts / 606 la / 624 la / 627 la haut / 629 m’estõne / 635 hair / 645 asseurãce / 650 ausquels / 654 dicy / 658 n’oseroiẽt, l’entreprẽder / 667 ma / 669 pusse / 670 mescraser / 691 meschãt / 704 m’on d’eceu / 710 mõ / 727 dont / 731 mẽtir / 741 je vient
Acte III : Vers 753 Qu'elle / 755 D'ou, n’aist / 758 tu regarde / 770 capricè / 780 Ma / 782 entẽder / 784 Venoiẽt, chãbre / 787 n’y / 789 troublee / 804 sur touts / 805 n’aist / 810 N'y / 812 dãs / 828 bijarre / 839 Au / 845 la / 849 d’estourner / 851 ma / 853 (didascalie) reñtre / 909 Commẽt / 915 qu’avez vous / 920 dõner / 921 cõmet / 923 la / 932 quelle / 934 visité / 934 J'i / 942 ilz / 943 t’eu / 962 suprenant / 974 vueille / 977 hõme / 979 peut-estre / 980 la / 988 chãgons / 989 my, cõtraindre / 991 dont / 992 la bas / 995 emmeyne / 997 ouir / 1009 laudace / 1021 tous / 1037 biẽ / 1040 considerer / 1065 cõmuns / 1072 Vueilleis-je / 1081 qui / 1085 prefidie / 1094 A / 1114 (didascalie) voñt
Acte IV : Acte IIII / vers 1115 c’est / 1117 estõnez / 1127 poussee / 1128 ma / 1139 ny / 1141 men hardi / 1159 la bas / 1170 la / 1171 longs, la dessus / 1192 quelle / 1193 La / 1197 biẽ, cét / 1200 des / 1205 amãte / 1206 quelle / 1213 qu’y / 1222 raisõ / 1230 Quelle / 1234 allors / 1237 La dessus / 1243 cõtents / 1273 feignãt / 1274 sẽble / 1276 my / 1279 des / 1288 lé / 1291 ma / 1303 & / 1306 demãder, mõ / 1311 viẽt / 1314 touts / 1316 m’anqueroit / 1362 la dedans / 1363 asseuerment / 1366 N'y / 1414 celle / 1418 Quãd / 1420 Carfour.
Acte V : Vers 1422 circonstance / 1424 seul / 1429 sui / 1448 marchõs / 1449 la / 1454 Toubeau / 1456 lé / 1471 dãs / 1473 la / 1475 outré / 1489 Toubeau / 1492 (didascalie) bas a leandre / 1497 (didascalie) en entrañt / 1518 dõnez / 1520 cõme / 1525 meschãt, affrõte / 1536 viẽt / 1561 serace, Garnds / 1577 r'en / 1582 Est-tu / 1594 lé / 1602 Qu'elle / 1613 ouir / 1637 (didascalie) à / 1649 trõpe / 1656 mõ / 1661 pẽsiez / 1667 pers / 1685 m’enti / 1688 des / 1689 emmenee / 1699 venir / 1703 faut / 1711 qu’elle / 1712 intherest / 1737 rõprons / 1747 touts / 1756 intherest / 1757 Vueilley-je / 1758 dedãs / 1762 commẽt, Leãdre / 1770 Qu'elle / 1784 dont / 1787 touts, d’eux / 1788 cõble
Rectifications dans la ponctuation §
[ . , ] – vers 165, 295, 363, 369, 1104, 1383, 1565, 1566, 1607, 1725
[ . ø ] – vers 312, 350, 605, 698, 948, 976, 1144, 1161, 1183, 1210, 1270, 1298, 1400, 1435, 1451, 1492, 1519, 1655, 1746 (didascalie)
[ . ? ] – vers 49, 959, 1030
[ , . ] – vers 148, 164, 179, 192, 244, 365, 417, 419, 668, 760, 810,1036, 1152, 1203, 1291, 1382, 1423, 1470, 1544, 1606
[ , ø ] – vers 781, 839, 1217, 1380, 1667
[ , ? ] – vers 1362
[ ø . ] – vers 35, 44, 53, 58, 61, 141, 156, 299, 304, 314, 345, 535, 550, 587, 599, 641, 816, 865, 867, 869, 950, 995, 1029, 1033, 1041, 1051, 1075, 1110, 1115, 1124, 1130, 1192, 1255, 1376, 1401, 1432, 1436, 1492, 1546, 1723
[ ø , ] – vers 78, 131, 140, 167, 177, 207, 228, 254, 274, 283, 286, 287, 288, 296 (2x), 306, 318, 319 (au 1er hémistiche), 328, 392 (au 1er hémistiche), 436, 455, 500, 516, 530, 539, 547, 557, 558 ( au 1er hémistiche), 595, 606, 624, 635, 669, 673, 715, 721, 782, 819 (au 1er hémistiche), 824, 988, 1033, 1057 (didascalie), 1142, 1157, 1214, 1284, 1322, 1379, 1474, 1521, 1580, 1622, 1735, 1746 (didascalie)
[ ø ;] – vers 1017 (au 1er hémistiche)
[ ø ? ] – vers 1154, 1283, 1284, 1675
[ ø ! ] – vers 1425
[ ? . ] – vers 430, 1031, 1155, 1363
[ ? , ] – vers 958, 1288
[ ? ø ] – vers 48, 70, 1488, 1659
[ ? ! ] – vers 956, 1236
[ ! ?] – vers 1582
Les Fausses Vérités
Comédie. §
Extraict du Privilege du Roy. §
PAR grace & Privilege du Roy donné à Paris le 21. de Juillet 1642. Signé par le Roy en son Conseil, LE BRUN, Il est permis à Toussaincts Quinet, Marchand Libraire à Paris, d’imprimer ou faire imprimer vendre & distribuer une piece de Theatre intitulée Les Fausses Veritez, Comedie du sieur Douville, & ce durant le temps de cinq ans, à compter du jour que ladite piece sera achevée d’imprimer, & deffenses sont faites à tous Imprimeurs & Libraires d’en imprimer vendre & distribuer d’autre impression que de celle dudit Quinet, ou ses ayans causes, sur peine aux contrevenans de trois mille livres d’amende, confiscation des exemplaires & de tous despens dommages & interests, ainsi qu’il est plus au long porté par lesdites lettres qui sont en vertu du present extraict tenus pour bien & deuement signifiées.
Achevé d’imprimer pour la premiere fois le vingt-
huictiesme Janvier 1643.
PERSONNAGES. §
- FLORIMONDE. Damoiselle Parisienne, Amoureuse de Lidamant, & sœur de Leandre.
- NERINE. Suivante de Florimonde.
- LIDAMANT. Gentilhomme de Languedoc, amy de Leandre, Amoureux de Florimonde.
- LEANDRE. Amy de Lidamant, frere de Florimonde, & Amoureux d’Orasie.
- ORASIE. Damoiselle Parisienne, fille de Tomire, & Amoureuse de Leandre.
- JULIE. Suivante d’Orasie.
- TOMIRE. Vieillard, Pere d’Orasie.
- FABRICE. Serviteur de Lidamant.
- LISIS. Serviteur de Tomire.
ACTE I. §
Scene première §
FLORIMONDE.
NERINE.
FLORIMONDE.
NERINE.
FLORIMONDE.
NERINE.
FLORIMONDE.
[p. 3]NERINE.
FLORIMONDE.
NERINE.
FLORIMONDE.
NERINE.
FLORIMONDE.
NERINE.
FLORIMONDE.
[p. 5]Scene II. §
LIDAMANT.
LEANDRE.
LIDAMANT.
[p. 6]LEANDRE.
LIDAMANT.
LEANDRE.
LIDAMANT.
FLORIMONDE bas à Nerine.
LEANDRE.
LIDAMANT.
LEANDRE.
[p. 9]LIDAMANT.
FLORIMONDE bas.
LEANDRE.
LIDAMANT.
LEANDRE.
LEANDRE.
Scene III. §
JULIE à Leandre.
LEANDRE bas à Lidamant.
LIDAMANT.
Scene IV. §
LEANDRE.
JULIE.
LEANDRE.
JULIE.
LEANDRE.
JULIE.
LEANDRE.
LEANDRE.
JULIE.
LEANDRE.
JULIE.
LEANDRE.
JULIE.
LEANDRE.
Scene V. §
FLORIMONDE,
NERINE.
FLORIMONDE.
NERINE.
FLORIMONDE.
[p. 17]Scene VI. §
Scene VII. §
[p. 18]JULIE.
JULIE
ORAZIE seule.
LEANDRE.
JULIE.
ORAZIE.
JULIE.
LEANDRE.
ORAZIE.
LEANDRE.
Moderez ceORAZIE.
LEANDRE.
ORAZIE.
LEANDRE.
ORAZIE,
LEANDRE.
ORAZIE.
LEANDRE.
ORAZIE.
LEANDRE.
ORAZIE.
LEANDRE.
ORAZIE.
LEANDRE.
ORAZIE.
LEANDRE.
ORAZIE
ORAZIE.
Fin du premier Acte.
ACTE II. §
Scene première. §
ORASIE.
FLORIMONDE.
ORAZIE.
FLORIMONDE.
FLORIMONDE.
[p. 27]ORASIE.
FLORIMONDE.
ORASIE.
FLORIMONDE la retenant.
ORASIE.
FLORIMONDE.
ORASIE.
FLORIMONDE.
ORASIE,
FLORIMONDE.
ORASIE.
FLORIMONDE.
ORASIE.
FLORIMONDE.
ORASIE
FLORIMONDE.
ORASIE bas.
ORASIE.
Scene II. §
NERINE,
FLORIMONDE.
ORASIE.
FLORIMONDE.
ORASIE.
FLORIMONDE.
Scene III. §
NERINE.
LIDAMANT.
FLORIMONDE.
LIDAMANT.
FLORIMONDE.
LIDAMANT.
FLORIMONDE.
LIDAMANT.
FLORIMONDE.
LIDAMANT.
[p. 34]FLORIMONDE.
LIDAMANT.
Scene IV. §
JULIE bas à Florimonde.
FLORIMONDE bas à Julie.
JULIE.
LIDAMANT.
FLORIMONDE.
LIDAMANT se cachant.
FLORIMONDE.
Scene V. §
ORASIE.
FLORIMONDE.
ORASIE.
Scene VI. §
TOMIRE.
ORASIE.
JULIE bas.
ORASIE.
FLORIMONDE.
ORASIE bas à Florimonde.
[p. 38]FLORIMONDE.
TOMIRE à Florimonde.
FLORIMONDE.
TOMIRE.
ORASIE bas à Florimonde.
TOMIRE.
FLORIMONDE.
Scene VII. §
ORASIE.
JULIE.
ORASIE.
JULIE ouvre & dit bas.
Scene VIII. §
LEANDRE.
ORAZIE.
LEANDRE.
ORASIE.
LEANDRE.
ORASIE.
TOMIRE derriere le Theatre.
ORASIE.
LEANDRE.
ORASIE
LEANDRE
ORASIE.
LEANDRE.
ORASIE bas,
LEANDRE.
ORASIE l’empeschant d’entrer.
ORAZIE bas.
LEANDRE
ORASIE.
LEANDRE en luy mesme.
ORASIE.
LEANDRE.
Scene IX. §
TOMIRE.
LEANDRE.
ORASIE bas,
TOMIRE.
LEANDRE.
TOMIRE.
Scene X. §
LEANDRE seul en la rue.
Scene XI. §
JULIE seule.
LIDAMANT.
JULIE.
LIDAMANT.
JULIE
LIDAMANT.
Scene XII. §
LEANDRE seul en la rue.
Scene XIII. §
ORASIE seule.
Scene XIIII. §
LEANDRE.
ORASIE surprise bas.
LEANDRE.
ORASIE bas.
LEANDRE.
LEANDRE.
ORASIE bas,
LEANDRE.
ORASIE bas.
LEANDRE.
ORASIE.
LEANDRE.
ORASIE.
LEANDRE se promenant.
[p. 50]ORASIE.
LEANDRE.
ORASIE.
LEANDRE.
[p. 51]ORASIE.
Scene XV. §
JULIE.
LEANDRE.
JULIE bas.
ORASIE.
LEANDRE,
ORASIE.
LEANDRE.
ORASIE.
LEANDRE.
ORASIE le retenant.
LEANDRE.
[p. 53]ORASIE
LEANDRE
ORASIE.
JULIE bas.
ORASIE.
Fin du second Acte.
ACTE III. §
Scene première. §
[FABRICE.]
LIDAMANT.
FABRICE.
LIDAMANT.
LIDAMANT.
FABRICE.
LIDAMANT.
FABRICE.
LIDAMANT seul.
FABRICE rentre.
[p. 58]Scene II. §
NERINE.
FLORIMONDE.
NERINE.
FLORIMONDE.
NERINE.
FLORIMONDE.
Scene III. §
LIDAMANT.
[FABRICE.]
LIDAMANT.
FABRICE.
FLORIMONDE.
LIDAMANT.
FLORIMONDE.
FABRICE.
FLORIMONDE.
LIDAMANT.
FLORIMONDE.
LIDAMANT.
FABRICE
FLORIMONDE.
LIDAMANT,
FLORIMONDE.
[p. 63]LIDAMANT en luy mesme.
Scene IV. §
LEANDRE.
LIDAMANT.
LEANDRE.
[p. 64]LIDAMANT.
LEANDRE.
LIDAMANT.
LEANDRE
LIDAMANT.
[p. 65]LEANDRE.
LIDAMANT bas.
LEANDRE.
[p. 66]LIDAMANT.
LEANDRE.
LIDAMANT bas.
LEANDRE.
LIDAMANT bas.
LEANDRE.
LIDAMANT.
LEANDRE.
Scene V. §
FABRICE.
LEANDRE.
LIDAMANT,
LEANDRE.
LIDAMANT en luy mesme.
ORASIE à Lidamant.
LEANDRE.
ORASIE au mesme.
LIDAMANT bas en s’allant.
Scene VI. §
ORASIE
LEANDRE
ORASIE.
LEANDRE,
LEANDRE.
ORASIE.
LEANDRE.
ORASIE.
LEANDRE.
ORASIE.
LEANDRE.
ORASIE.
LEANDRE.
ORASIE,
LEANDRE.
ORASIE.
LEANDRE.
LEANDRE.
[p. 73]ORASIE.
LEANDRE.
ORASIE.
LEANDRE.
ORASIE.
LEANDRE.
ORASIE le retenant.
LEANDRE.
ORASIE.
[p. 75]LEANDRE.
ORASIE.
LEANDRE.
ORASIE.
[p. 76]LEANDRE.
ORASIE.
LEANDRE.
ORASIE.
LEANDRE.
ORASIE.
ORASIE.
LEANDRE.
ORASIE.
LEANDRE.
ORASIE.
LEANDRE.
ORASIE.
LEANDRE.
[p. 78]ORASIE.
Fin du troisiesme Acte.
ACTE IV. §
Scene première. §
FLORIMONDE.
NERINE.
FLORIMONDE.
NERINE.
FLORIMONDE.
NERINE.
FLORIMONDE.
NERINE.
Scene II. §
FLORIMONDE.
LEANDRE.
FLORIMONDE.
LEANDRE.
FLORIMONDE.
LEANDRE.
[p. 82]FLORIMONDE.
LEANDRE.
FLORIMONDE
LEANDRE,
FLORIMONDE.
LEANDRE
FLORIMONDE.
LEANDRE.
FLORIMONDE.
LEANDRE.
FLORIMONDE.
Scene III. §
FLORIMONDE.
ORASIE.
FLORIMONDE,
ORASIE.
FLORIMONDE.
ORASIE.
FLORIMONDE.
ORASIE
FLORIMONDE.
ORASIE.
FLORIMONDE.
ORASIE.
FLORIMONDE,
ORASIE.
FLORIMONDE.
ORASIE.
FLORIMONDE.
ORASIE.
FLORIMONDE.
JULIE.
Scene IV. §
LIDAMANT.
LIDAMANT.
FABRICE.
FABRICE.
LIDAMANT.
FABRICE,
LIDAMANT.
FABRICE
LIDAMANT.
FABRICE.
LIDAMANT.
FABRICE.
LIDAMANT,
FABRICE.
[p. 93]LIDAMANT.
Scene V. §
NERINE.
FABRICE.
NERINE
LIDAMANT.
NERINE.
FABRICE,
LIDAMANT.
FABRICE.
LIDAMANT.
FABRICE.
Scene VI. §
LEANDRE.
LIDAMANT.
LEANDRE.
LIDAMANT.
LEANDRE.
LIDAMANT à Fabrice.
FABRICE bas.
Scene VII. §
Lisis soustenant Tomire sous les bras.
TOMIRE.
LISIS.
TOMIRE.
LISIS.
TOMIRE.
LISIS.
[p. 98]TOMIRE.
LISIS.
TOMIRE.
LISIS.
TOMIRE.
LISIS.
Fin du quatriesme Acte.
ACTE V. §
Scene première. §
LEANDRE de nuit.
LIDAMANT.
Dedans ces dependancesLEANDRE.
LEANDRE.
LIDAMANT.
LEANDRE
FABRICE bas caché derriere eux.
LIDAMANT.
FABRICE.
LEANDRE.
FABRICE,
LIDAMANT.
LIDAMANT.
FABRICE,
LEANDRE l’espée à la main.
FABRICE
LIDAMANT.
FABRICE.
LIDAMANT.
LEANDRE.
LIDAMANT.
LEANDRE.
LIDAMANT,
LEANDRE.
LIDAMANT.
LEANDRE.
LEANDRE.
LIDAMANT.
LEANDRE bas.
LIDAMANT.
LEANDRE
LIDAMANT.
LEANDRE.
LIDAMANT.
[p. 104]LEANDRE.
LIDAMANT.
LEANDRE.
LIDAMANT.
LEANDRE bas.
LEANDRE.
LIDAMANT.
JULIE à la fenestre.
LIDAMANT à Leandre.
JULIE.
LIDAMANT.
LEANDRE bas.
JULIE.
LIDAMANT bas à Leandre,
LIDAMANT.
LIDAMANT.
LEANDRE.
JULIE à la porte.
LIDAMANT.
LEANDRE.
JULIE.
LIDAMANT en entrant.
Scene II. §
LEANDRE.
FABRICE.
LEANDRE.
FABRICE.
LEANDRE.
FABRICE.
Scene III. §
TOMIRE derriere le Theatre.
LEANDRE
FABRICE,
Tomire derriere le Theatre.
Penses tu donc eviter monLidamant sort avec Florimonde entre ses bras dans l’obscurité.
TOMIRE.
LIDAMANT.
FLORIMONDE.
FLORIMONDE.
LIDAMANT.
FLORIMONDE.
LIDAMANT.
FLORIMONDE.
LIDAMANT.
LIDAMANT.
LIDAMANT.
LEANDRE.
LIDAMANT.
LEANDRE.
LIDAMANT.
Scene IV. §
LEANDRE en l’obscurité dans la rue.
FLORIMONDE bas.
LEANDRE.
FLORIMONDE bas.
LEANDRE.
FLORIMONDE bas.
Scene V. §
TOMIRE dans la rue.
LIDAMANT l’espée à la main.
TOMIRE.
FABRICE.
LIDAMANT.
FABRICE.
TOMIRE.
[p. 114]LISIS prend Fabrice.
FABRICE pris.
TOMIRE.
FABRICE.
TOMIRE.
TOMIRE.
FABRICE presentant son espée.
[p. 115]TOMIRE.
FABRICE.
TOMIRE.
FABRICE.
TOMIRE.
FABRICE,
TOMIRE.
FABRICE.
TOMIRE.
[p. 116]Scene VI. §
LEANDRE
Un valet derriere le Theatre.
Orasie dans la Chambre de Florimonde
LEANDRE à Florimonde.
LEANDRE à Florimonde.
FLORIMONDE bas.
LEANDRE à Florimonde.
ORASIE à Nerine.
LEANDRE à Florimonde.
ORASIE bas à Nerine.
NERINE,
ORASIE bas à Nerine.
LEANDRE.
Un valet derriere le Theatre.
FLORIMONDE bas.
Florimonde s’eschappe de ses mains & dit bas.
LEANDRE.
FLORIMONDE bas.
LEANDRE.
ORASIE bas.
FLORIMONDE bas.
LEANDRE.
LEANDRE.
ORASIE bas.
LEANDRE.
ORASIE.
LEANDRE.
ORASIE.
LEANDRE.
ORASIE.
LEANDRE.
ORASIE
LEANDRE
ORASIE.
LEANDRE frappe à la porte de sa sœur.
FLORIMONDE, ouvre, entre, & dit bas.
LEANDRE.
FLORIMONDE.
ORASIE.
FLORIMONDE l’interrompant.
LEANDRE.
ORASIE.
[p. 125]NERINE.
LIDAMANT derriere le Theatre.
LEANDRE.
FLORIMONDE bas.
Scene VII. §
LIDAMANT.
LEANDRE luy montrant Orasie qui se cache.
LIDAMANT.
LEANDRE luy monstrant Orasie.
LEANDRE
LIDAMANT.
ORASIE prenant Florimonde par le bras.
LIDAMANT.
ORASIE à Leandre.
LEANDRE l’espée à la main.
FLORIMONDE en fuyant.
LIDAMANT retenant Leandre.
LEANDRE.
LIDAMANT l’espée à la main.
LEANDRE.
[p. 129]LEANDRE.
LIDAMANT à Florimonde.
FLORIMONDE.
Scene VIII. §
TOMIRE.
LIDAMANT.
TOMIRE l’espée à la main.
LEANDRE le retenant.
TOMIRE.
LEANDRE.
LEANDRE.
TOMIRE.
ORASIE à Leandre.
NERINE.
LEANDRE.
Fin de la Comedie des Fausses veritez de Monsieur Douville.