M. DCC. LXIX.
APPROBATION §
J’ai lu par ordre de Monseigneur le Chancelier, un Drame intitulé Bélisaire, et je crois qu’on peut en permettre l’impression. À Paris, ce 12 Novembre 1768.
MARIN.
PRÉFACE. §
L’Histoire de Bélisaire, qui venait de paraître, faisait le sujet de la conversation entre des gens de lettres et de goût, rassemblés dans une Maison de Campagne pour y jouer la Comédie. Sous les fenêtres du salon où était la compagnie, on voyait les ruines d’un ancien Château, qui avait été autrefois le séjour des Maîtres du canton.
« Bélisaire, disait-on, n’est point susceptible d’être traité pour le Théâtre, par comparaison avec le roman de M. Marmontel. Le sujet, trop au-dessus du comique, ne comporte point assez de chaleur pour le tragique. Où mettrait-on la scène ? Quels acteurs introduire ? Quel événement de la vie de Bélisaire pourrait-on choisir ? Il y a longtemps qu’on a écrit qu’un aveugle mendiant ne pouvait devenir le héros d’une tragédie ».
D’Ozicourt, jeune homme à qui personne n’avait pris garde, parce qu’il n’avait pas encore parlé, fut presque le seul de la compagnie qui osa être d’un sentiment contraire. D’Ozicourt est triste et mélancolique ; des maladies longues et cruelles ont altéré sa santé et l’ont accoutumé de bonne heure à la solitude et à la réflexion. Il venait de perdre un Maître adoré(*), dont les bienfaits étaient toute sa fortune ; ce qui le rendait plus triste encore.
Je ne fus jamais, dit-il, à portée de suivre le théâtre, mais la lecture de Racine, dans ma solitude, a souvent suspendu ma douleur ; je ne suis point auteur, je n’ai encore fait que des chansons, et quelques vers à la louange du Prince bienfaisant que je pleure, et que ma Patrie regrettera longtemps. ( Il eut l’âme de Bélisaire ).
Nous sommes de telle nature, dit Sénèque, qu’il n’y a rien au monde qui se fasse tant admirer qu’un homme qui sait être malheureux avec courage : et si j’avais à mettre en action un événement de la vie de Bélisaire, ce serait sa justification. La Scène se passerait sous les ruines de ce portique que l’on voit d’ici, où aboutit cette avenue de chênes antiques. Il me semble qu’il ne s’agitait, en conservant les mêmes interlocuteurs du Roman, que de rapprocher quelques-unes des circonstances qui ont précédé, accompagné on amené cette justification. Et il détailla le plan d’un drame, tel, à peu près, qu’on le donne ici.
« Quoi ! se récria-t-on, dans une tragédie, un Soldat ! Des femmes mises comme celles du bas peuple ! Un Héros vêtu en quinze-vingt ! Cela n’est pas supportable. »
Oui, Messieurs, répliqua d’Ozicourt, un soldat : un soldat est un homme. Quel métier plus honorable que celui de défendre la Patrie ? Malheur au Gouvernement qui l’avilit trop, et au peuple qui le méprise... On a mis des bornes trop étroites à la scène tragique. Pourquoi n’y représenterait on pas tous les états de la vie humaine ? La Tragédie ne peut-elle avoir qu’un ton, qu’une nuance ? Pour nous émouvoir faut-il que ses héros, habillés comme vos danseurs, viennent d’un pas mesuré, sous les lambris dorés d’un Palais, parler à un froid et inutile confident de leur flamme, de leur vainqueur, de leur désespoir ? Sans ce costume singulier, les hommes n’ont-ils plus de droit à nos larmes ?
Je ne pense pas qu’il y ait une âme assez insensible, pour n’être pas touchée de l’extrême infortune d’un homme, quel qu’il soit ; à plus forte raison, si le premier homme de l’État et de son siècle, le protecteur et le défenseur du peuple et du trône, devient malheureux au point de ressembler à un Quinze-vingt, se trouvera-t-il quelqu’un allez vil pour plaisanter de la ressemblance ? Et l’aspect et les discours de sa femme et de sa fille, toutes mal vêtues qu’elles soient, ne retraceront à personne deux femmes de la halle.
Si Racine eût fait une tragédie sur ce plan, elle eût été aussi bien reçue que Bérénice ; mais que moi, homme vulgaire et inconnu, je hasarde une pareille entreprise, on me taxera de témérité ; les comédiens ne recevront point mon ouvrage, et j’en serai pour ma peine.
« C’est-ce qu’il faut essayer, lui répliqua-t-on. Si on ne joue pas votre pièce on pourra la lire. La carrière est libre, et il est permis à chacun d’y courir à ses risques et périls. » Quoiqu’un ouvrage soit médiocre, le public tient toujours compte à un jeune auteur des efforts qu’il fait pour l’amuser ».
Il promit, si sa santé et le temps le lui permettaient, d’en faire l’essai. Ce travail a rempli un loisir qui lui est à charge, faute d’emploi. La pièce est faite et voilà son histoire.
On la soumet ici aux lumières des connaisseurs, dépouillée de toute l’illusion du théâtre : c’est à eux de juger si le sujet en est digne, et de lui assigner son genre. Il présente cette simplicité d’action qui a été si fort du goût des anciens ; des situations intéressantes ; des tableaux neufs et touchants ; des passions grandes et fortes ; une morale sublime ; enfin, tout s’y ressent de cette tristesse majestueuse, qui fait, ( selon Racine, ce grand Maître ) tout le plaisir de la Tragédie.
Les détails auraient exigé une main plus habile, et une connaissance plus profonde du théâtre ; mais on sait qu’un essai ne doit pas être un chef-d’oeuvre. Quant au style, on s’est efforcé de le rendre naturel ; et il vaudrait peut-être mieux tomber au-dessous, que d’employer un style trop poétique, dont l’enflure ne convient ni au sentiment, ni à la passion.
(*) Stanislas I, Roi de Pologne, Duc de Lorraine.
PERSONNAGES §
- JUSTINIEN, Empereur.
- BÉLISAIRE.
- ANTONINE, Femme de Bélisaire.
- EUDOXE, Fille de Bélisaire.
- TIBÈRE, Amant d’Eudoxe.
- BESSAS, Ancien Officier de l’Empire, exilé.
- LE ROI DES BULGARES.
- UN SOLDAT.
- UN ENFANT, qui conduit Bélisaire.
- PLUSIEURS ESCLAVES.
- SUITE DE L’EMPEREUR.
- TROUPE de BULGARES.
ACTE I §
SCÈNE I. Antonine, Eudoxe. §
ANTONINE, malade, s’appuyant sur Eudoxe.
EUDOXE.
ANTONINE.
EUDOXE.
ANTONINE.
EUDOXE.
ANTONINE.
EUDOXE.
ANTONINE.
EUDOXE.
ANTONINE.
EUDOXE.
ANTONINE.
EUDOXE.
ANTONINE.
EUDOXE.
ANTONINE.
EUDOXE, qui s’est rapprochée de sa mère.
ANTONINE.
EUDOXE.
ANTONINE.
EUDOXE, vivement.
ANTONINE, pendant qu’Eudoxe examine le char.
EUDOXE, avec la plus grande émotion.
ANTONINE.
SCÈNE II. Antonine, Eudoxe, Tibère. §
TIBÈRE, à part.
ANTONINE.
TIBÈRE.
ANTONINE.
EUDOXE.
TIBÈRE.
EUDOXE.
ANTONINE.
TIBÈRE, à part.
ANTONINE.
EUDOXE.
TIBÈRE.
ANTONINE.
TIBÈRE.
EUDOXE.
TIBÈRE.
EUDOXE.
ANTONINE.
EUDOXE.
ANTONINE.
TIBÈRE, à part.
SCÈNE III. §
BESSAS, seul, les suivant des yeux, même quand elles ont disparu.
SCÈNE IV. Bessas, Un esclave. §
BESSAS.
L’ESCLAVE.
BESSAS.
L’ESCLAVE.
BESSAS.
L’ESCLAVE.
BESSAS.
L’ESCLAVE.
BESSAS, après avoir rêvé un moment.
ACTE II §
SCÈNE I. §
UN SOLDAT, seul paraissant tour à tour inquiet, triste, agité.
SCÈNE I.. Bélisaire, Un soldat, Un enfant qui conduit Bélisaire. §
BÉLISAIRE.
LE SOLDAT.
BÉLISAIRE.
LE SOLDAT.
BÉLISAIRE.
LE SOLDAT.
BÉLISAIRE.
LE SOLDAT.
BÉLISAIRE.
LE SOLDAT.
BÉLISAIRE.
LE SOLDAT.
BÉLISAIRE.
LE SOLDAT.
BÉLISAIRE.
LE SOLDAT, à part.
SCÈNE III. Bélisaire, Un enfant. §
BÉLISAIRE.
SCÈNE IV. Bélisaire, Antonine, Eudoxe, Tibère. §
EUDOXE, sans voir Bélisaire.
TIBÈRE, soutenant Antonine.
EUDOXE, le cherchant des yeux.
ANTONINE.
EUDOXE, l’apercevant, se laisse tomber sur Tibère.
BÉLISAIRE.
ANTONINE.
BÉLISAIRE, assis sur un morceau de colonne, Eudoxe à ses pieds.
ANTONINE.
TIBÈRE, à part, en les regardant.
BÉLISAIRE.
ANTONINE.
EUDOXE.
BÉLISAIRE.
EUDOXE.
BÉLISAIRE.
ANTONINE, à Tibère.
BÉLISAIRE.
TIBÈRE.
BÉLISAIRE.
TIBÈRE.
BÉLISAIRE.
TIBÈRE.
BÉLISAIRE.
TIBÈRE.
BÉLISAIRE.
TIBÈRE.
BÉLISAIRE.
TIBÈRE.
BÉLISAIRE.
TIBÈRE.
ANTONINE.
EUDOXE.
ANTONINE.
EUDOXE.
TIBÈRE.
EUDOXE.
ANTONINE.
EUDOXE, essuyant ses larmes.
TIBÈRE.
BÉLISAIRE.
ANTONINE.
TIBÈRE, à Antonine.
EUDOXE.
ANTONINE.
TIBÈRE, les regardant aller.
SCÈNE V. Bessas, Un esclave. §
BESSAS.
L’ESCLAVE.
ACTE III §
SCÈNE I. Justinien, Tibère. §
TIBÈRE.
JUSTINIEN.
TIBÈRE.
JUSTlNIEN.
TIBÈRE.
JUSTlNIEN.
TIBÈRE.
JUSTlNIEN.
TIBÈRE.
JUSTlNIEN.
SCÈNE I.. Justinien, Bélisaire, Tibère. §
BÉLISAIRE, marchant en tâtant.
JUSTlNIEN.
BÉLISAIRE.
TIBÈRE.
BÉLISAIRE.
JUSTlNIEN, avec saisissement.
BÉLISAIRE.
JUSTlNIEN.
BÉLISAIRE.
JUSTlNIEN.
BÉLISAIRE.
JUSTlNIEN.
BÉLISAIRE.
JUSTlNIEN.
BÉLISAIRE.
JUSTlNIEN.
BÉLISAIRE.
JUSTlNIEN.
BÉLISAIRE.
JUSTlNIEN.
BÉLISAIRE.
TIBÈRE.
SCÈNE III. Justinien, Bélisaire, Tibère, Eudoxe. §
EUDOXE.
BÉLISAIRE.
TIBÈRE, à l’Empereur.
BÉLISAIRE.
TIBÈRE.
BÉLISAIRE, à Eudoxe.
SCÈNE IV. Justinien, Tibère. §
JUSTlNIEN.
TIBÈRE.
JUSTlNIEN.
TIBÈRE.
JUSTlNIEN.
TIBÈRE.
JUSTlNIEN.
TIBÈRE.
JUSTlNIEN.
TIBÈRE.
JUSTlNIEN.
TIBÈRE.
JUSTlNIEN.
TIBÈRE.
SCÈNE V. Justinien, Bessas. §
BESSAS.
JUSTlNIEN.
BESSAS.
SCÈNE VI. Justinien, Bessas, Tibère. §
TIBÈRE.
JUSTlNIEN.
BESSAS, à part.
ACTE IV §
SCÈNE I. §
EUDOXE, seule.
SCÈNE II. Bélisaire, Eudoxe. §
BÉLISAIRE.
EUDOXE.
BÉLISAIRE.
EUDOXE.
BÉLISAIRE.
EUDOXE.
BÉLISAIRE.
EUDOXE.
BÉLISAIRE.
EUDOXE.
BÉLISAIRE.
EUDOXE.
BÉLISAIRE.
EUDOXE, se jetant dans les bras de son père.
BÉLISAIRE.
EUDOXE.
BÉLISAIRE.
EUDOXE.
BÉLISAIRE.
EUDOXE.
BÉLISAIRE.
EUDOXE.
BÉLISAIRE.
SCÈNE III. Bélisaire, Eudoxe, Plusieurs esclaves armés de poignards. §
UN ESCLAVE.
BÉLISAIRE.
BÉLISAIRE.
UN ESCLAVE.
SCÈNE IV. Bélisaire, Eudoxe dans un coin, Le Roi des Bulgares, Le Soldat qu’on a déjà vu, Troupe de Bulgares qui remplissent le fond du Théâtre. §
LE SOLDAT.
LE ROI DES BULGARES.
BÉLISAIRE.
LE ROI DES BULGARES.
EUDOXE.
BÉLISAIRE.
LE ROI DES BULGARES.
EUDOXE.
LE ROI DES BULGARES, à ses Gardes.
EUDOXE.
SCÈNE V. Bélisaire, Le Roi des Bulgares, Bulgares. §
LE ROI DES BULGARES.
BÉLISAIRE.
LE ROI DES BULGARES.
BÉLISAIRE.
LE ROI DES BULGARES.
BÉLISAIRE.
LE ROI DES BULGARES.
BÉLISAIRE.
LE ROI DES BULGARES.
BÉLISAIRE.
LE ROI DES BULGARES.
BÉLISAIRE.
LE ROI DES BULGARES.
BÉLISAIRE.
LE ROI DES BULGARES.
BÉLISAIRE.
LE ROI DES BULGARES.
BÉLISAIRE.
LE ROI DES BULGARES.
BÉLISAIRE.
SCÈNE VI. LE ROI DES BULGARES, TROUPE DE BULGARES. §
LE ROI DES BULGARES.
SCÈNE VII. Le Roi des Bulgares, Justinien, et Bessas enchaînés, Tibère, Troupe de Bulgares. §
UN BULGARE.
LE ROI DES BULGARES.
TIBÈRE.
LE ROI DES BULGARES.
TIBÈRE.
UN BULGARE, en montrant Tibère.
LE ROI DES BULGARES.
ACTE V §
SCÈNE I. Antonine, Eudoxe. §
ANTONINE.
EUDOXE.
ANTONINE.
SCÈNE II. Eudoxe, Justinien et Tibère enchaînés, Troupe de Bulgares. §
EUDOXE.
UN BULGARE.
EUDOXE.
LE BULGARE.
EUDOXE.
TIBÈRE.
EUDOXE.
TIBÈRE.
EUDOXE.
JUSTINIEN, s’éloignant d’Eudoxe.
TIBÈRE.
EUDOXE.
JUSTINIEN.
TIBÈRE, passant du côté de l’Empereur.
JUSTINIEN.
TIBÈRE.
JUSTINIEN.
TIBÈRE.
JUSTINIEN.
TIBÈRE.
EUDOXE.
SCÈNE III. JUSTINIEN, BÉLISAIRE, TIBÈRE, BULGARES. §
BÉLISAIRE, à un Bulgare qui lui a parlé pendant le dernier couplet d’Eudoxe.
LE BULGARE.
TIBÈRE.
BÉLISAIRE, aux Bulgares.
TIBÈRE, à Justinien.
JUSTINIEN.
TIBÈRE.
SCÈNE IV. Justinien, Béisaire, Tibère. §
JUSTINIEN.
BÉLISAIRE.
JUSTINIEN.
BÉLISAIRE.
SCÈNE V. Justinien, Bélisaire, Tibère, Le Soldat qui a déjà paru. §
LE SOLDAT, à Tibère.
JUSTINIEN.
LE SOLDAT.
JUSTINIEN.
TIBÈRE, aux vieillards.
JUSTINIEN, à part en s’en allant.
SCÈNE VI. §
BÉLISAIRE, croyant être avec le père de Tibère.
SCÈNE VII. Jusitnien, Bélisaire. §
JUSTINIEN.
BÉLISAIRE.
JUSTINIEN.
BÉLISAIRE.
JUSTINIEN.
BÉLISAIRE, se levant avec transport, dans l’instant que Justinien va le frapper.
SCÈNE VIII. Jusitnien, Bélisaire, Tibère. §
TIBÈRE.
BÉLISAIRE.
TIBÈRE.
BÉLISAIRE.
JUSTINIEN.
BÉLISAIRE.
JUSTINIEN, à part.
BÉLISAIRE.
TIBÈRE, à Justinien.
JUSTINIEN, serrant Bélisaire dans ses bras.
BÉLISAIRE.
JUSTINIEN.
TIBÈRE.
BÉLISAIRE.
SCÈNE IX. Justinien, Bélisaire, Tibère, Antonine, Eudoxe. §
ANTONINE.
TIBÈRE.
ANTONINE, à Justinien qu’elle croit être le père de Tibère.
EUDOXE.
ANTONINE, se saisissant de l’épée de Tibère, qui la soutient.
TIBÈRE, la lui ôtant.
SCÈNE DERNIÈRE. Les acteurs de la scène précédente, Suite de l’Empereur. §
JUSTINIEN, à ses Gardes.
ANTONINE, soutenue par Tibère et par Eudoxe.
BÉLISAIRE.
TIBÈRE.
BÉLISAIRE.
JUSTINIEN.
BÉLISAIRE.
JUSTINIEN.
BÉLISAIRE.
JUSTINIEN.
BÉLISAIRE.
JUSTINIEN.
TIBÈRE.
BÉLISAIRE.
TIBÈRE, va relever Eudoxe.
BÉLISAIRE.
ANTONINE, à part dans le plus grand abattement.
BÉLISAIRE.
EUDOXE, effrayée des mouvements d’Antonine.
TIBÈRE.
BÉLISAIRE.
EUDOXE.
ANTONINE.
BÉLISAIRE.
ANTONINE.
BÉLISAIRE.