Par le Sieur de R.
Chez ANTOINE DE SOMMAVILLE, au Palais
dans la petite Salle, l’Escu de France.
M. DC. XX XIIII.
AVEC PRIVILEGE DV ROY.
Édition critique établie par Fallom Tay dans le cadre d'un mémoire de master 1 sous la direction de Georges Forestier (2011-2012)
L’auteur §
Une vie mystérieuse §
Nous ne disposons que de peu d’éléments sur la vie de notre auteur. En effet, Rayssiguier et ses œuvres sont restés dans l’obscurité durant pratiquement trois siècles. Non seulement, ses œuvres n’ont pas pu traverser l’histoire, mais certaines se sont également vu attribuer leur paternité à d’autres dramaturges de la même époque. Ce fait singulier fut notamment l’apanage du grand Henry Lancaster. Cette méprise résulterait du fait que les deux auteurs avaient un même éditeur en la personne de Pierre David et que celui-ci aurait commis une erreur d’assemblage et de pagination qui serait due au fait que les deux auteurs avaient une signature identique.
Néanmoins, il faut souligner que lorsque Lancaster s’est rendu compte qu’il avait attribué à Du Ryer des poèmes de Rayssiguier, il a fait amende honorable en produisant sur Rayssiguier l’unique travail de recherche qui a permis de dissiper quelque peu cette zone d’ombre.1
Comme il le souligne, « à peu près tout ce que nous savons de lui est tiré de ses pièces de théâtre, et des dédicaces, avant-propos et poésies qui les accompagnent ».2 Nous ne connaissons donc ni sa date de naissance ni son prénom. Il serait né à Alby3, dans le Languedoc au début du XVIIe siècle dans une famille peu riche et aurait reçu une bonne éducation. Il aurait fait ses études à Castres puis à Toulouse et aurait été reçu avocat au barreau.4 Il aurait été le protégé d’Henri de Gondi, Cardinal de Retz ; car il fit savoir à Mlle de Ragny dans l’épitre dédicatoire de sa tragi-comédie Les amours d’Astrée et de Céladon, meslées à celles de Diane, de Silvandre et de Paris, avec les inconstances d’Hylas que son oncle, le Cardinal de Retz « avait été son bienfaiteur ».
À la mort de son mécène, il serait venu à Paris dans les années 1620 dans le but de faire fortune. À Paris, les choses ne se passèrent pas comme il l’aurait souhaité. En effet, il fut victime d’une succession d’événements peu réjouissants. Selon ses propos, il fut emprisonné à cause d’une « mégère » :
La prison ne me vient que du vice d’autruy.Et l’injustice est telle en ce siècle où nous sommesQu’au lieu de le punir, il trouve de l’apuy.5La détention fut pour lui extrêmement douloureuse :Toy qui me vois languir ou iamais la lumiereN’a peu bien separer les iours d’avec les nuits,O mon Dieu, mon Sauueur, escoute ma priere,Et d’vn œil de pitié regarde mes ennuis.6
À sa sortie de prison, il tomba amoureux d’une certaine Olinde7. Mais n’étant ni beau ni riche, selon les expressions de Lancaster, elle le quitta pour un rival plus aisé avec qui elle se maria.
Durant sa carrière littéraire, il a cherché le soutien du duc de Ventadour, du vicomte de Vieules et de Mademoiselle de Rohan. A-t-il trouvé du réconfort auprès de ces aristocrates ? Nous n’en avons aucune idée.
Il a lié des amitiés avec ses collègues du barreau, car il était avocat comme Du Ryer, Auvray, Corneille, Rotrou et d’autres auteurs dramatiques de sa génération. Rayssiguier fut un ami de Du Ryer car il reçut de lui deux poèmes flatteurs qui accompagnent sa Tragicomédie Pastorale et il lui en écrivit un autre intitulé Pour son amy du Ryer, Stances pour son Argenis.
Après 1636, on entendit plus parler de lui, et l’on ne sait s’il vécut encore plusieurs années à Paris avant de se retirer à Castres où il mourut le 25 avril 1660.
Sa carrière littéraire §
Rayssiguier et ses amis étant de la nouvelle génération, ils avaient une nette préférence pour les tragi-comédies et les pastorales. Leurs pièces sont plus longues que celles de leurs prédécesseurs, mieux adaptées au goût de la société élégante qui commencent à fréquenter le théâtre. Pour le style, ils imitent Théophile de Viau plutôt qu’Alexandre Hardy car le sien était jugé « rocailleux »8.
Rayssiguier semble avoir obtenu quelques succès dans sa carrière dramatique. Dans ses œuvres dont voici la liste, on retrouve quatre tragi-comédies pastorales, deux tragi-comédies urbaines et deux recueils poétiques.
- – Tragicomédie Pastorale, ou les amours d’Astrée et de Céladon sont meslées à celles de Diane, de Silvandre et de Paris, avec les inconstances d’Hilas. Paris, Nicolas Bessin, 1630 in-8 (privilège du 26 Janvier 1630) ; réimprimée par Pierre David, Paris, 1632, in-8.
- – Autres œuvres Poëtiques du mesme autheur, imprimées et réimprimées avec la pièce précédente.
- – Autres œuvres poetiques du Sieur de Rayssiguier. Paris, 1631, in-8, reliées avec la pièce suivante.
- – L’Aminte du Tasse, Tragi-comédie pastoralle accomodée au Théatre François. Paris, Auguste Courbé, 1632, in-8 (privilège du 15 Aout 1631 ; achevé d’imprimer du 30 Janvier 1632).
Cette adaptation a été considérée comme un chef-d’œuvre. C’est le premier ouvrage où l’on ait introduit des bergers sur le théâtre ; ce fut donc l’un des textes fondateurs du genre pastoral. L’engouement pour cette pastorale a été si universel qu’on l’a traduit de l’Italien en presque toutes les langues d’Europe.
- – La Bourgeoise ou la Promenade de S. Cloud. Paris, Pierre Billaine, 1633, in-8 (privilège du 17 Août).
- – Palinice, Circeine et Florice, tragi-comedie tirée de l’Astrée de Mre Honoré d’Urfé. Paris, Antoine de Sommaville, in-8 ; un exemplaire porte la date de 1633, d’autres celle de 1634.
- – La Célidée sous le nom de Calirie ou la générosité d’Amour. Paris, 1635, in-8, réimprimée, Paris, Toussaint Quinet, 1636, in-8, sous le titre d’Alidor et Oronte Tragi-comedie.
- – Les Thuilleries Tragi-comédie. Paris, Antoine de Sommaville, 1636 (privilège du 31 Décembre 1635 ; achevé d’imprimer du 3 Mars 1636).
Il a écrit aussi des poèmes liminaires dont deux ont été publiés avec sa propre Tragicomédie, un autre avec la Bourgeoise, un quatrième avec l’Argenis de Pierre Du Ryer. La règle des vingt-quatre heures n’est appliquée que dans l’Aminte et la Bourgeoise.
Après 1636, il disparut de la sphère littéraire. Malgré, le sort peu enviable que lui a réservé l’histoire, on peut néanmoins affirmer que :
Ses pièces ont eu le mérite de contenir en germe deux choses dont, plus tard, on s’est beaucoup servi : le conflit psychologique et l’actualité des lieux.9
Personnages et résumé de la pièce §
Les personnages §
Arimant : Oncle de Circeine et de Sileine, Amoureux de Florice.
Sileine : Frère de Circeine et Amoureux de Palinice.
Circeine : Amie de Florice et de Palinice.
Alcandre : Frère de Florice et Amoureux de Circeine.
Florice : Amie de Circeine et de Sileine.
Clorian : Frère de Palinice et Rival d’Alcandre.
Palinice : Amie de Florice et de Circeine.
Cerinte : Rival d’Arimant et Ami de Sileine.
Résumé de la pièce §
Acte I §
L’action commence in média-res.10 La sœur de Clorian, Palinice est aimée par Sileine, le frère de Circeine ; mais elle ne ressent rien pour lui. Aussi Sileine nuit-il à Clorian auprès de sa sœur Circeine qui est en outre aimée d’Alcandre, le frère de Florice que courtisent, tous les deux sans succès, Arimant, l’Oncle de Circeine et Cerinte.
Acte II §
Alcandre décide sa sœur à prêter l’oreille aux avances d’Arimant qui lui promet d’engager sa nièce à agréer l’amour de son fidèle et discret prétendant. L’obstacle est constitué par l’influence néfaste de Palinice sur son amie Circeine, autant que par l’amour ombrageux de Clorian, deux circonstances qui embarrassent la jeune fille, malgré l’exhortation de son oncle et tuteur, lequel finit néanmoins par la décider à signer une lettre écrite par lui à l’intention d’Alcandre.
Acte III §
L’effet immédiat et contradictoire de ce service rendu veut que Florice se trouve ainsi dégagée de toute obligation envers Arimant. Le dépit pousse alors ce dernier à revenir sur sa démarche précédente en recherchant le moyen de se venger d’Alcandre en raison de sa déconvenue. Il s’allie alors avec Clorian, dont il obtient qu’il substitue un billet de son cru à celui d’Alcandre dans le gant de Circeine et va voir celle-ci pour lui remettre son gant, autant que pour la persuader de la vanité et de l’indiscrétion prétendues de son amoureux d’élection.
Acte IV §
La ruse prend ; mais, restée soupçonneuse, Circeine part s’expliquer avec Alcandre qu’elle trouve dans la forêt, tout à la joie de son amour partagé. Le différend se clarifie entre eux et lorsqu’elle veut lui donner une preuve supplémentaire de son amour, Circeine remet à Alcandre au lieu de son billet, celui que Clorian lui a substitué. C’est au tour d’Alcandre de douter de cette dernière. Il s’emporte et s’éloigne pour aller défier au duel Clorian.
Acte V §
L’affrontement est évité de justesse par l’intervention de la compagnie entière, notamment de Circeine. Un autre aurait pourtant éclaté, mettant aux prises Cérinte et Arimant si tout le monde, et particulièrement Florice ne s’était entremis. Alors se décide un arrangement : on propose aux jeunes filles de choisir leurs amants. Ceci donne lieu à une série de déchirements et de drames personnels.
Finalement, dans un suspense factice, Florice s’offre à Cérinte, Circeine choisit Alcandre et Palinice consent à l’amour de Sileine. Dépités, Arimant et Clorian s’éloignent en maudissant leurs amours.
Génétique théâtrale : de l’Astrée à la pastorale dramatique §
Dans le premier tiers du XVIIe siècle les adaptations dramatiques de roman étaient un phénomène à la mode.11 Victime de son succès, l’Astrée jouissait de la préférence des adaptateurs dramatiques. Seront issues de cette vague d’engouement pour l’Astrée, les pièces suivantes : Cléomédon, d’abord appelée Rossyléon de Pierre du Ryer, L’Inconstance d’Hylas, tragi-comédie pastorale d’André Mareschal, Orante, tragi-comédie de Georges de Scudery.
Pour sa part, Rayssiguier en fit la matière de trois de ses tragi-comédies à savoir : la Tragicomédie pastorale où les Amours d’Astrée et Céladon sont melées à celles de Diane, de Silvandre et de Paris avec les inconstances d’Hylas ; Les Amours de Palinice, Circeine et Florice et La Célidée sous le nom de la Calirie ou de la Générosité d’amour.
Dans le cadre de Palinice, Circeine et Florice, Rayssiguier a opéré une adaptation partielle de l’Astrée. L’adaptation partielle est caractérisée par « un saut entre plusieurs passages du roman » ; sa matière étant « épisodique ou secondaire » dans l’œuvre source. En effet, cette histoire ne se rattache pas à celle d’Astrée et de Céladon mais plutôt à celle accessoire et parallèle d’Hylas.12
Pour ce faire, Rayssiguier a accordé dans un premier temps, un traitement particulier à la trame de l’histoire.
L’intrigue des Amours de Palinice, Circeine et Florice §
L’histoire des trois frères et sœurs dont il est question dans l’œuvre, se rapporte à l’histoire d’Alcandre, d’Amilcar, Circeine, Palinice et Florice relatée dans les épisodes de l’Astrée intitulés Histoire d’Alcandre, d’Amilcar, Circeine, Palinice et Florice (Partie IV, Livre IX) et Suitte de l’histoire de Circeine, de Palinice et de Florice (Partie V, Livre IV).13
Dans l’histoire originale, on se retrouve avec neuf frères et sœurs. Les trois femmes ayant chacune deux frères et les deux frères de chaque femme sont amoureux des deux autres. L’intrigue se révèle très embrouillée et très difficile à déchiffrer du fait de la complication et de l’enchevêtrement des relations qu’engendre cette multitude de prétendants. Ce propos de l’un des personnages (Florice) illustre assez bien la situation : « Nous mesmes, avons toutes les peines du monde à nous empescher de nous perdre dans cette confusion ».
Le dramaturge s’est alors donné pour mission de réduire la matière de l’intrigue afin d’obtenir un drame nettement plus concis. Dans l’Astrée, l’histoire se caractérise principalement par le nombre pléthorique des péripéties qu’on y retrouve. Nous avons relevé pas moins d’une dizaine d’événements brusques inscrits dans le récit-mère qui ne sont plus présents dans Les Amours de Palinice, Circeine et Florice.
Dans le premier passage (Histoired’Alcandre, d’Amilcar, Circeine, Palinice et Florice), on peut en recenser deux à savoir : la maladie de Circeine et le voyage d’Alcandre dans le but de régler des affaires de famille. Dans le second passage (Suitte de l’histoire de Circeine, de Palinice et de Florice), ils sont au nombre de dix :
- – Clorian se retrouve avec un rival en la personne d’Alcandre à son retour de la guerre.
- – Palinice accepte les avances du Prince Sigismond alors qu’elle n’est pas indifférente à Sileine.
- – Pour ne pas faire de l’ombre au Prince, Sileine accepte la situation et se tourne vers la jeune Dorise.
- – Rupture du Prince et de Palinice.
- – Elle voulut revenir vers Sileine mais ce dernier refusa.
- – Dépitée, elle épousa Rossiliandre et quitta la Cour.
- – Sileine recommence par la courtiser, alors qu’elle n’est plus libre.
- – Mort du mari de Palinice.
- – Voyage de Florice chez sa tante malade.
- – Accueil glacial de Florice à Lucindor lorsqu’il vint lui rendre visite chez sa tante.
Il est également intéressant de noter que dans l’Astrée, le lecteur se voit faire une sorte d’exposition « préliminaire » dans laquelle on lui donne des détails bien fournis sur la vie antérieure des protagonistes; il peut en déduire sans aucune ambiguïté que les jeunes gens impliqués dans le récit sont issus de la haute noblesse, grâce à la mention de leurs séjours réguliers à la Cour. Ceci semble assez flou chez Rayssiguier car il n’en parle pas. On apprend aussi au lecteur, dans la même présentation, que bien qu’étant amies toutes les trois, Palinice a quelque peu joué le rôle d’une mère de substitution par rapport à Circeine. Elle « ne pouvait se resoudre à désobliger Palinice, à qui elle avait de l’obligation ; à cause qu’elle avoit espousé son oncle ».14 Ce dernier étant le tuteur de Circeine.
Cela permet de mieux comprendre l’emprise de Palinice sur Circeine. Cette exposition est donc supprimée par Rayssigier ainsi que les passages faisant état des activités d’entremetteurs des domestiques.
Pour ficeler la trame de sa pièce, Rayssiguier ne s’est pas seulement contenté de faire l’impasse sur certains éléments du récit, il en a ajouté d’autres de son propre cru dont voici le tableau synthétique.
Tableau des péripéties des Amours
Liste des évenements ajoutés à la pièce adaptée |
Ralliement d’Arimant à Clorian dans le but de se venger d’Alcandre qui n’a pas pu convaincre Florice de répondre à ses avances. Acte IV, Scène 3 |
Clorian subtilise et falsifie avec l’aide de Sileine une lettre adressée par son rival Alcandre à Circeine. Acte III, Scène 3 |
Duels avortés entre Clorian et Alcandre d’une part (Acte V, Scène 5) et entre Cérinte et Arimant d’autre part (Acte V, Scène 6). |
En ce qui concerne le dénouement, il a subit une transformation. En effet, dans l’Astrée, les jeunes filles s’en sont remises à l’Oracle pour le choix de leurs futurs époux alors que dans Les Amours, elles ont fait leur propre choix sans aucune assistance divine. Il en ressort alors que Rayssiguier a prélevé « des éléments narratifs clés dans le récit-source et les [a] remonté[s] dans un ordre différent, selon une trame personnelle, dans la pièce de théatre »15.
Le traitement des personnages §
À la suite de l’intrigue, les personnages ont également subi quelques modifications. Dans l’Astrée, on a :
*Palinice qui a deux frères, Clorian et Cérinte ;
Clorian aime Circeine
Cérinte aime Florice.
*Circeine qui a deux frères, Sileine et Lucindor ;
Sileine aime Palinice
Lucindor aime Florice.
*Florice qui a deux frères, Alcandre et Amilcar ;
Alcandre aime Circeine
Amilcar aime Palinice.
*Hylas : Ami d’Alcandre.
*Belisard : Domestique et confident d’Alcandre.
* Andronire : Domestique de Circeine.
*La Surveillante : Domestique-espionne de Circeine.
*Adamas : Le druide.
*Philis : La prêtresse.
Dans les Amours, on ne retrouve que sept de ces personnages en l’occurrence Palinice, Circeine, Florice, Alcandre, Clorian, Cérinte et Sileine. Rayssiguier a donc réalisé des amputations. Mais il ne s’est pas contenté de ces suppressions. Le fait de passer d’un genre à un autre implique que le dramaturge a changé les règles du jeu. En effet, en glissant du roman à la tragi-comédie pastorale, Rayssiguier a appliqué les principes dramaturgiques propres à ce genre.
Le volet tragi-comique illustre parfaitement le dispositif actoriel caractéristique du genre, basé sur l’exploitation des mêmes acteurs-types. Les personnages nobles sont largement représentés dans la tragi-comédie de ce début du XVIIe siècle. Certes, Rayssiguier ne précise pas le milieu social dont les personnages sont issus, mais il est facile de déduire qu’ils appartiennent à la noblesse car « ils se permettent de s’occuper à loisir d’amour, de fausses lettres (…). L’indice irréfutable de la condition sociale correspond à l’épée ou au duel »16 (Acte V, Scènes 5, 6).
Les relations amoureuses constituent le cœur d’une tragi-comédie en faisant partie intégrante de l’action principale. Lorsque la tragi-comédie présente un couple lié par une relation d’amour réciproque, ce sont les héros et ils forment le fil principal auquel appartient aussi le rival amoureux. Cependant, la définition de l’action principale se complique suivant le nombre de couples. « La relation amoureuse étant la pierre de touche dans l’organisation de l’action, les [trois] couples de l’histoire sont dignes du même intérêt »17 ; aucune n’étant subordonnée aux autres. Par conséquent, le concept de personnage principal n’est plus approprié dans ce cas précis. On a donc trois héros à savoir Alcandre, Sileine et Cérinte. Fidèles à la conception du héros tragi-comique, ils sont nobles mais ne disposent pas de puissance familiale et ne représentent pas de figure paternelle.
Le schéma actanciel de la tragi-comédie révèle « le corrolaire immédiat » du couple : le rival. Ce dernier est toujours en position actancielle d’opposant et a pour fonction de détruire le couple. Dans les Amours, on se retrouve alors face à trois rivaux : Clorian, Arimant et un troisième qui se révèle être fictif puisqu’il n’est que le fruit de l’imagination de Palinice en vue de rendre jaloux Sileine. Il a suffi que le texte présente Clorian et Arimant pour que « la parenté des sentiments » 18 qui les caractérise soit dévoilée. Ils ont tous les deux pour motivation l’amour qu’ils portent respectivement à Circeine et à Florice. Cette rivalité amoureuse se double d’une rivalité qualifiée de paternelle par Hélène Baby.19 Le rival paternel se trouve incarné par les membres de la famille du héros ou de l’héroïne. Ils ont la même fonction d’opposant à la différence que leur raison est souvent d’ordre égoïste. C’est le cas de Sileine qui soutient Clorian, s’érigeant ainsi contre la relation que sa sœur souhaite entretenir avec Alcandre, dans le but de rentrer dans les bonnes grâces de sa sœur Palinice. C’est également le cas du Vieil Arimant, tuteur et oncle de Circeine qui décide de se rallier à Clorian afin de se venger d’Alcandre qui n’a pas réussi à convaincre sa sœur Florice d’accepter ses avances.
Pris dans le référentiel des acteurs-types, le Vieil Arimant nous offre l’aspect comique de cette tragi-comédie. Il joue le rival-vieillard amoureux dont la dulcinée se voit obligée de :
[…] faire bon accueil à cette vieille souche,Dont l’œil pleure les dents qui manquent à la bouche,20
et que cette dernière utilise pour servir les desseins de son frère sans rien lui donner en retour, puisqu’elle trouve que :
Le feu ne sçauroit vivre avecque les glaçons,La vieillesse amoureuse est un monstre en nature,Si ce n’est qu’elle veuille aimer la sépulture.21
C’est le rôle comique à souhait ; celui dont le spectateur se délecte volontiers sans aucune once de compassion pour le vieil amoureux.
Qu’il soit amoureux ou paternel, le rival donne à affronter aux héros tragi-comiques des obstacles caractérisés par leur extériorité. Ces obstacles, présentés systématiquement comme fortuits, expliquent la prolifération de l’action tragi-comique. La fausse trahison causée par la falsification du billet doux d’Alcandre par Clorian, la ruine de la confiance réciproque entre Circeine et Alcandre en sont l’illustration. Face à ces obstacles, les héros réagissent généralement avec une agressivité plus ou moins feinte. Dans les Amours, aucun des deux duels n’a abouti, les protagonistes s’étant laissés dissuader trop facilement par leurs proches.
Le volet pastoral montre clairement que l’intrigue repose sur les histoires d’amours de couples de bergers et de bergères. Au sortir des guerres civiles et religieuses ayant émaillé le XVIe siècle, la société française aspirait à une vie paisible. C’est ce qu’elle a trouvé dans l’Astrée, grâce à sa peinture de mœurs plus douces et plus calmes. La pastorale, proposait donc ce climat harmonieux ; d’où son succès. Sur cette lancée, les bergers étaient considérés comme des modèles à suivre.
Les héros Alcandre, Sileine et Cérinte sont des amants exemplaires. Ces trois personnages ont fait preuve de loyauté dans la quête de leur amour. La pureté des sentiments qu’ils éprouvent les transforme en icones de vertu. En effet, selon Circeine :
Alcandre d’autre part m’a fait voir mille foisQu’un amour violent l’arrestoit sous mes loix,Avec tant de respect qu’il ne m’est pas possibleDe m’en ressouvenir qu’il ne me soit sensible.22
Le monde idyllique que représente la pastorale ne peut se concevoir sans ses bocages où l’on se languit d’amour. Dans la pastorale, l’amour est dans toutes les circonstances le maître à bord. Il n’y a « pas de sentiments qui ne dépendent de sa régie »23 . Les héros ont parfaitement intériorisé un modèle de comportement amoureux qu’ils ont en partage avec les héroïnes (Palinice, Circeine et Florice). « Les vrais amants échangent leurs qualités, l’amour véritable suppose nécéssairement réciprocité »24. Cette réciprocité peut être comprise comme étant la récompense de leur vie vertueuse. Elles savent donc reconnaître les personnes de valeur parce qu’elles en sont elles-mêmes. C’est la raison pour laquelle, Palinice a affirmé à l’intention de leurs prétendants :
Mes compaignes et moy chérissons vos plaisirs,Et nous accordons tout à vos chastes désirs.25
Ils évoluent sur une scène spiritualisée qui associe beauté physique et perfection morale. Avoir une âme de qualité va alors de pair avec une apparence physique avantageuse.
La bergère est également un modèle car elle jouit d’une indépendance qui faisait sans doute envie à l’époque. Dès qu’elle « prend la houlette, les contraintes aliénantes qui pesaient sur elle font place à la vérité de ses passions, ses intérêts prennent soudain le dessus sur les forces contraires »26. Dans la société pastorale, les parents ne contraignent pas leurs enfants à s’unir à quelqu’un qu’ils n’aiment pas. C’est ce qui explique le fait que les héroïnes ont fait leur propre choix à la fin de la pièce. Toute la troupe a accepté de bon cœur que « les uns seront aimez, les autres rejettez » et « que leur chois librement en dispose. »27 Jusqu’au dénouement, Rayssiguier a tenu à respecter les principes dramaturgiques d’une tragi-comédie pastorale.
Représentation de la pièce §
Comme Du Ryer et Auvray, Rayssiguier a vu représenter ses pièces à l’Hôtel de Bourgogne. Ce qui paraît tout à fait compréhensible, puisque la salle de la rue Mauconseil semble avoir privilégié les genres de la tragicomédie et de la pastorale.
Les frères Parfaict, sans aucune preuve ont affirmé que les Amours et Célidée « n’ont jamais été jouées publiquement », et que les Thuilleries, sont peut- être dans le même cas. Mais selon Lancaster, « la citation qu’ils donnent eux-mêmes de la préface de la première pièce prouve qu’elle a été écrite pour la scène ; la deuxième appartenait au répertoire de l’Hôtel de Bourgogne, comme le Mémoire de Mahelot l’indique ; la troisième a, sans doute, été représentée comme les autres. »28 De plus, Mahelot a dressé la liste des accessoires pour la représentation de sa Tragi-comédie Pastorale et de sa Célidée. La préface de L’Aminte indique que cette pièce a été jouée à l’Hôtel.
Certes, on ne retrouve pas les Amours dans Le Mémoire de Mahelot dans son état actuel. Mais cela ne signifie pas qu’il n’y était pas au XVIIe siècle. En se basant sur les représentations des pièces de l’époque ayant les mêmes caractéristiques génériques, on émettra des hypothèses de représentation et de mise en scène.
Organisation et déroulement de la séance théâtrale §
Au XVIIe siècle, les représentations théâtrales étaient saisonnières. « Les comédiens s’arrêtaient de jouer au moment de la période de Pâques, ce qui permet de distinguer deux grandes saisons du théâtre : l’été (de Pâques à la Toussaint), période creuse pour l’activité artistique, et l’hiver (de la Toussaint jusqu’à Pâques), temps de tous les divertissements dans la société de l’Ancien Régime »29 et le temps de création des nouvelles pièces. Fort de cette assertion, on peut se permettre de déduire que la pièce a été créée entre Novembre 1633 et Avril 1634 puisque les Amours de Palinice, Circeine et Florice ont été achevées d’imprimer en 1634.30
Au cours de cette même période, les représentations ne se faisaient pas tous les jours de la semaine. Les jours fastes étant mardi, vendredi et dimanche.31 Les séances avaient lieu durant l’après-midi, et probablement entre deux heures et quatre heures et demie32. Il était également de coutume que la salle soit ouverte une heure avant la représentation, afin d’éviter des attroupements et des bousculades à l’entrée. Il est de bon ton de mentionner qu’à l’époque, une séance théâtrale était un agencement de plusieurs formes spectaculaires. La séance incluait non seulement la représentation proprement dite, mais aussi deux harangues (l’une au début de la représentation et l’autre à sa clôture), des chansons et des danses nouvelles. Tout ceci dans le but d’épater et de fidéliser les spectateurs. En se référant à tout ceci, on peut poser l’hypothèse d’un déroulement type d’une séance à l’Hôtel de Bourgogne et l’appliquer ensuite aux Amours de Palinice, Circeine et Florice.
En amont, il y a eu probablement des cris publics et ou des affiches sur les murs de l’Hôtel et partout en ville afin de mettre la population parisienne au courant de cette nouvelle création. La première a certainement eu lieu un vendredi compris dans les mois de janvier et d’avril 1634 puisque les nouvelles pièces se créaient le vendredi afin que « la rumeur puisse se répandre en ville et les spectateurs sont généralement plus nombreux à la séance du Dimanche (la plus importante de la semaine, le dimanche étant chômé). »33
La séance a probablement commencé par l’apparition du comédien-orateur chargé de présenter brièvement Les Amours aux spectateurs (Harangue 1). Ensuite, la Troupe Royale montera sur scène pour la représentation. Cette dernière serait suivie successivement par la représentation d’une pièce annexe34, l’exécution par les comédiens de chansons et de danses nouvelles et le discours final du comédien-orateur (Harangue 2), censé être le remerciement de la troupe à la salle.
L’architecture et la scénographie de l’Hôtel de Bourgogne §
Construit en 1548 par la Confrérie de la passion, elle fut louée de façon permanente à la Troupe Royale à partir de 1629 jusqu’en 1680. La salle fut restaurée en 1647 après un incendie, ce qui implique qu’elle a eu un premier état. Malheureusement, ce premier état est mal connu. Notre pièce datant de 1634, elle a été donc représentée durant le premier état de l’Hôtel. On sait juste que la salle n’était pas séparée de la scène par un cadre de scène.
Le décor est fabriqué en fonction du texte et « jusqu’à la fin des années 1630, décorateurs et comédiens mettent en œuvre une scénographie adaptée aux audaces d’une dramaturgie qui n’impose aucune limite à la spatialisation de l’action. »35
Le décor réunit sur la scène, l’ensemble des lieux de l’action. Le dispositif scénographique est en effet partagé en plusieurs compartiments appelés chambres. À l’époque de Mahelot, le dispositif était composé de cinq chambres présentées comme suit :
Autour d’un axe central, les chambres sont rangées selon trois plans en profondeur appelés décor en perspective, ancêtre de l’illusion optique que donne la vision 3D actuelle. Le plateau est surelevé par rapport au parterre ; ce qui permet aux spectateurs d’avoir une vue plongeante sur la scène. On a alors deux chambres au premier plan dont une côté cour (à droite du compartiment central) et l’autre côté jardin (à gauche), suivi de deux autres chambres au second plan obéissant au même agencement. Au troisième plan, se trouve, au fond du théatre, la cinquième chambre, occupant ainsi la position centrale.
La scénographie pastorale §
La pastorale dont « l’action se déroule traditionnellement dans une certaine indistinction spatio-temporelle, appelait une mise en œuvre de l’espace moins diversifiée que celle de la tragicomédie ». Pour représenter des pastorales à l’Hôtel de Bourgogne, le décorateur constituait le dispositif à cinq compartiments évoqué plus haut en recourant toujours aux mêmes types de chambres : la grotte, les rochers, la source ou la fontaine ou la rivière, l’arche de verdure et le bois (qui se confondaient souvent au jardin).
C’est que nous apprend Le Mémoire de Mahelot qui servait à consigner et à conserver tous les éléments techniques nécéssaires à la représentation des œuvres figurant au répertoire de la troupe lors de leur création ou de leur reprise. Chaque titre de pièce du répertoire était assorti d’une notice mentionnant les décors à planter et les accessoires à employer et un croquis représentant les décors à commander au peintre ou à prélever dans les réserves de la troupe.36 Ce qui laisse à penser que les comédiens de la Troupe Royale pouvaient utiliser à plusieurs reprises les mêmes éléments décoratifs.
Une comparaison, (…) des croquis figurant dans le répertoire établi par Mahelot ne permet guère d’en douter. Ainsi le myrte placé au centre de l’espace neutre dans le dispositif de l’Amarillis de Du Ryer ressemble fort à l’arbuste reproduit sur le croquis de l’Amaranthe de Gombauld ou celui de la Clorise de Baro.37
Partant des données fournies par Le Mémoire de Mahelot, à propos des pastorales représentées dans les années 1630, nous allons essayer de reconstituer la scénographie des Amours. N’oublions pas qu’à l’époque, les lieux fictionnels qui s’actualisaient sur scène se faisaient grâce au texte déclamé. Ce dernier indiquait, en effet, avec précision où se déroulait l’action, souvent après avoir annoncé où elle allait se transporter.38
En se basant sur ces éléments, on peut affirmer que l’acte I des Amours s’est déroulé dans un pré où coulait un ruisseau (scène 1 et 2) et un jardin (scène 5, 6, 7).
À l’acte II, on note un champ lexical qui renvoie de nouveau au jardin et au pré verdoyant : « orangers, fleurs, vergers, fontaines, ombrages » (scènes1 et 2).
À l’acte III, l’action se passe probablement dans un premier temps près d’un rocher, si on se fie à l’indication du lieu où Clorian a subtilisé la lettre d’Alcandre adressée à Circeine (scène1, scène 2). On suppose ensuite, un léger transfert du lieu de l’action, puisque Clorian affirme à Sileine qu’il « était dedans ce bois » lorsqu’il discutait avec ce dernier (scène 3, v. 884.). C’est précisément cette scène 3 qui nous a renseigné sur l’endroit où Clorian a ramassé la lettre car il a aussi dit qu’il la récupéré « auprès de cette masse rocheuse » (scène 3, v. 885).
L’acte IV voit ses actions se dérouler dans un bois (scènes 1 et 2) jouxtant un château, du fait que Circeine « descend du costé du chasteau » (scène 3, v.1094) et traversé par un cours d’eau, Clorian ayant décidé de l’attendre « au bord de cette eau » (scène 3, v.1095). La scène 4 se passe justement au bord de cette rivière ou de ce ruisseau.
L’acte V, pour sa part, a probablement pris ses quartiers dans un bois (scène 1) ou dans une forêt à en juger par la didascalie : « il lit les vers qui sont sur l’escorce » (scène 2, p. 87). Par contre en ce qui concerne les scènes 4, 5 et 6 de cet acte le texte ne livre aucune information précise à propos du lieu de l’action. Nous savons tout simplement que Palinice a suggéré d’ « envoyer leurs amis par toute la campagne » (scène 3, v.1392) à la recherche d’Alcandre et de Clorian, afin d’empêcher leur duel. On se dit, alors qu’il s’agit peut-être d’un bois ou d’une forêt. Le dénouement doit s’opérer dans le même endroit.
En se référant à la typographie des compartiments pastoraux, aux notices scénographiques des pastorales contemporaines aux Amours, notamment la Clorise, l’Amaranthe, les Amours d’Astrée et Céladon et bien d’autres 39, et au vu des lieux de l’action relevés dans la pièce, on peut oser dire que lors de la représentation des Amours, les spectateurs avaient, devant leurs yeux, cinq chambres à savoir les rochers (grotte), la rivière (souvent confondue avec le ruisseau, la fontaine ou la source), l’arche de verdure, le bois (souvent confondu avec la forêt et le jardin) et la maison.
Selon Le Mémoire de Mahelot, l’usage voulait que le dénouement se fît dans la chambre centrale située au fond du théâtre, car cela permettait au regard de tous les spectateurs, quelque soit leur emplacement dans la salle d’y avoir accès. On peut en déduire que la plantation du décor des Amours pourrait être comme suit :
-les deux chambres au premier plan: la maison en référence au château et les rochers ;
-les deux chambres au second plan : l’arche de verdure et la rivière. Ce choix est motivé par le fait qu’en « général, les trois chambres occupant le centre du dispositif scénographique » sont installées de manière à créer un ensemble tendant vers une certaine homogénéité »40 ;
-la chambre au centre du dispositif : le bois ou la forêt.
Nous nous proposons de faire une illustration sommaire de ce dispositif appliqué aux Amours.
L’arche de verdure Acte II, Acte V |
Le bois ou La forêt Acte I, Acte III, Acte IV, Acte V |
La rivière ou La source ou Le ruisseau ou La fontaine Acte I, Acte IV |
La maison (le château) Acte IV |
Les rochers et /ou La grotte Acte III |
Côté jardin Côté cour
La liste des accessoires §
Dans Le Mémoire on compte plusieurs listes d’accessoires pour la représentation des pastorales. Pour l’Amaranthe, les comédiens ont eu besoin « des dards, des Carquois, des Arcs, des flesches, des houllettes et deux Chappeaux de fleurs »41 pour la mettre en scène. Pour la Clorise, les accessoires sont « un arbre, ou l’on faict feinte de graver des Vers, un poignard, des Rossignols, de la Ramée (…) »42 Dans La folie de Turlupin43 et l’Astrée et Céladon44 il faut respectivement « un baston A picquer, des bœufs, deux Carquois, deux Arcs et une Calebasse, une petite bouteille, des dards, des houlettes, un baton a battre » et « un Mouton, deux petittes burettes, de terre, trois Chappeaux de fleurs, (…), des Arcs, des houllettes, des dards pour les bergers, et bergeres ».
La démarche analytique qui est la nôtre nous autorise à formuler l’hypothèse selon laquelle des dards45, des carquois, des arcs [utilisés probablement par les personnages qui ont décidé de se battre en duel (Acte V, Scène 5, 6)]46, des houlettes, des chapeaux de fleurs et un poignard [Alcandre en a probablement usé pour gravé les vers dans l’écorce (ActeV, Scène 2)] avaient servi à la représentation des Amours.
Note sur la présente édition §
Il n’existe qu’une seule édition du Palinice, Circeine et Florice, tragi-comédie tirée de l’Astrée de Mre Honoré d’Urfé par le sieur de R exécutée en 1634 par les imprimeurs Jacques Bessin et Claude Griset pour le compte du libraire Antoine de Sommaville dont voici la description :
1 vol.VI-110 p; in-8°.
[I] : Titre
[II] : Verso blanc
[III-VI] : Epitre dédicatoire à MONSIEUR LE COMTE DE VIEULES
[1-110] : Texte de la pièce.
Il reste de cette édition deux exemplaires conservés dans des bibliothèques parisiennes. Pour l’établissement du texte, nous avons donc utilisé l’exemplaire (Yf-4809) qui se trouve à la Bibliothèque Nationale de France (BNF), et celui de la bibliothèque de l’Arsenal (8-BL-12663).
Les exemplaires datant tous deux du vivant de l’auteur sont identiques et présentent une même erreur de pagination à la page 106. En effet, sur les dites pages, il est marqué 160 au lieu de 106. On relève aussi une erreur sur le titre courant à la page 11 ; il est mentionné PALENICE au lieu de PALINICE.
L’édition originale compte quatre erreurs de composition qui ont un impact sur le sens du texte et que nous avons corrigées :
- – le personnage d’Arimant a pris en charge deux tirades successives (page 38)
- – le personnage de Clorian est mis à la place du personnage de Sileine (page 56)
- – le nom du personnage Florice est intégré au vers qui lui est destiné et le tout est attribué au personnage de Clorian. Cela donne « Les voilà sur Florice le point d’une action barbare » au lieu de « FLORICE/ Les voilà sur le point d’une action barbare » (page 96, v.1416)
- – les vers 1441 et 1442 sont dits par le personnage de Clorian en lieu et place de celui de Circeine (page 98)
Présentation de la page de titre :
PALINICE /CIRCEINE /ET/FLORICE. /TRAGI-COMEDIE. /Tirée de l’Astrée de Mre . Honoré d’Vrfé. / Fleuron du libraire /A PARIS, /Chez ANTOINE DE SOMMAVILLE / au Palais dans la petite Salle / à l’Escu de France. /Filet/ M. DC. XXX IIII. / AVEC PRIVILEGE DV ROY.
L’épitre et le texte de la pièce sont imprimés en italiques, à l’exception des noms de personnages et des didascalies. Conformément à l’usage actuel nous avons imprimé le texte en romain et les didascalies en italiques.
Nous avons conservé la graphie du XVIIe siècle (les pluriels et les participes passés se terminent en –ez, et les participes présents en –ans), à quelques exceptions près :
- – nous avons distingué, conformément à l’usage moderne, le i et le j, et le u et le v.
- – nous avons transformé le β en –ss- (épître, paβion ; v. 1 confeβés ; v. 53, 137, 1248, 1411, 1551 poβible ; v. 65 naiβance ; v. 136, 175, 542, 560, 800, 1019, 1191, 1489 auβi ; v.173, 1208 paβé ; v. 187, 195, 252, 577 auβi tost ; v. 223 impoβible ; v. 433, 728, 755, 791, 808, 1232, 1444, 1536 paβion ; v. 844, 1371, 1592 preβée ; v. 855 diβimule ; v. 894, 1018 laiβé ; v. 945 aβise ; v. 959 ceβé ; v. 1028 fuβiés; v. 1174 caβé ; v. 1190 obéiβés ; v. 1271 pouβe ; v. 1366, 1368 intéreβé).
- – nous avons transformé les voyelles surmontées d’un tilde en voyelle suivie d’une consonne nasale : v. 43 alcãdre ; v. 65 naissãce ; v. 129, 1455 mõstre (ez) ; v. 150 nõ ; v. 168, 184 rẽdre ; v. 281 ardemmẽt ; v. 284 commẽce ; v. 322 ornemẽs ; ;v. 326 cõmparable ; v. 583 souvẽt ; v. 610 cõmandemens ; v. 772 rencontrẽt ; v. 774 devãt ; v. 788, 1298, 1456 hõmes ; v. 811, 1529, 1554 amãs ; v. 875sentimẽs ; v. 887 sẽble, pourtãt ; v. 924 cherchõs ; v. 924 trõpe ; v. 929 courõs ; v. 944 mesloiẽt ; v. 1028 defẽdre; v. 1031 biẽ-tost ; v. 1031, 1327 mõ ; v. 1063 insolẽt ; v. 1084 tourmẽtez ; v. 1130 surprẽdre ; v. 1205, 1528 dõt ; v. 1212 nõmer ; v. 1214 tourmẽts ; v. 1230 momẽt ; v. 1234 dedãs ; v. 1286 cõme ; v. 1289 craignõs ; v. 1298 estrãges ; v. 1349 viennẽt ; v. 1354 detrõper ; v.1406 cherchẽt ; v. 1406 cõme ; v. 1410 tournõs ; v. 1423 mõtrent ; v. 1434 mescontẽs ; v. 1447, 1524 viẽt ; v. 1447 respõdre ; v. 1479 pourtãt ; v. 1486 cõstans ; v. 1528 tẽple ; v. 1582 verriõs ; v. 1607 tãt.
- – nous avons ajouté ou supprimé des accents diacritiques pour distinguer le ou conjonction du où adverbe et a verbe de à préposition.
Ces corrections concernent les vers suivants :
*où au vers 767
*ou au vers 949
*à aux vers 1000, 1120
*a au vers 1442
Nous avons corrigé les coquilles ci-dessous :
Epître, portee, presente, heroïques, generosité, delassent, agreable, derniere, epistre, agree, tiltres, tres / v. 1, 25, 87, 98, 101, 119, 141, 189, 228, 267, 416, 550, 595, 678, 761, 1006, 1032, 1199, 1347, frere / v. 11, separez / v. 14 n ont / v. 18 egal / v. 22, 121 agreable / v. 30 qu aux/ v. 40 sejour/ v. 61, 571, 828, 922, 1015, 1607 apres / v. 77 engagee/v. 78 obligee/ v. 81, 312, 599, agreer/ v. 94, 340, aupres/ v. 105, 131, 558, chere/ v. 116 agreez / v. 171esperer/ v. 201 inegal/ v. 207, 1578 depit/ v. 207, 1431, 1502 genereuse/ v. 208 aisement/ v. 219, 1385, frenesie/ v. 267, 1343, 1388, melancolie/ v. 273 reduire/ v. 315 mere /v. 320 guerir/ v. 357, 1462 temerité/ v. 415 esperance / v. 417 deplaire/ v. 420 a contraindre/ v. 433, 627, 888, 1568 extreme / v. 434 allegement / v.477 frequentez /v. 478, 479, desert/ v.482 Zephire/ v. 485legerement/ v. 497 de/ v. 513 allegé/ v. 517 pretend/ v. 518 les dieu / v. 519 eternité/ v.526 r’aviver / v. 538 de/ v. 544 de/ v. 546 paree / v. 547 doree/ v. 548, 1167, defauts/ v. 548 tresors/v. 551, 1038, niece /v. 554 melancolique /v. 563, 593, qu’ell’/ v. 565, 1024, pere/ v. 567 legitime/ v. 575 niepce/v. 582 ceste/ v. 597, 1606 desir/ v. 609 cett’/ v. 631 miserable/ v. 646, 1060, legeres/ v. 647 mensongeres/ v. 695 de/ v. 737 dedis/ v. 745 mortel’/ v. 790 discretion/ v. 792 bien-seance/ v. 794 qui/ v. 799 desesperés/ v. 804 chimeres/ v. 808 discrete, entierement/ v. 810 deportemens/ v. 815 recompencé/ v.840 qu elle/ v. 859 à lors/ v. 867 (didascalie) qui/ v. 918 rever/ v. 946 ou, puplier/ v. 952 né/ v. 983 ces/ v.985 poin/ v. 1019 l amour/ v. 1022, 1427, voila/ v. 1025 declarer/ v. 1028 defendre/ v. 1045 desobligeons/ v. 1061 desespere/ v. 1085 desobliger/v. 1091 r’appelez/ v. 1148 encore/ v. 1156 genie/ v. 1169 desire/ v. 1170 persecuter/ v.1170, 1335, colere/ v. 1188, 1450 espee/ v. 1200 veritable, donc/v. 1201, 1574 desormais/ v.1237 reproches/v. 1263 meriter/ v. 1265 ose/ v. 1277 secretaires/ v. 1298 deguisements/ v. 1317dedaigneuse/ v. 1318 vo’/ v. 1324, 1332 fidele/ v. 1325 cest, d’extrement/ v. 1327, defends/ v. 1331 l ame/ v.1336 put/ v.1350 inhumain/ v. 1365 resolu/ v. 1366, 1368 interessé/ v. 1373 legerement/ v. 1381proceder, fachée/ v. 1382, 1413, ceder/ v. 1385 deduit, interest/ v. 1412 possedions/ v. 1414, 1459 posseder/ v. 1415 separe/ v. 1421 separer, ou/ v. 1433 d endure/ v. 1437fidelement/v. 1443 esperance/ v. 1444 indifference/ v. 1451 dedire/ v. 1453 demon/ v. 1482 dernieres/ v. 1483 prieres/ v. 1507 prevaudra/ v.1528 l autel/ v. 1559 desadvantage/ v. 1578 medecins/ v. 1592 cét/ v. 1605 cherissons.
Nous avons conservé la ponctuation originale, sauf quand un changement s’imposait :
- – ils naissent. (v.1060)
- – une cause légère (v.1060)
- – qu’on me perd (v. 1425)
PALINICE
CIRCEINE.
ET
FLORICE.
TRAGI-COMEDIE.
Tirée de l’Astrée de Mre.Honoré d’Vrfé §
A
MONSIEUR
LE COMTE DE VIEULES §
MONSIEUR,47
Ce que la pluspart des escrivains font aujourd’huy par coustume, je le fay par devoir, et pour recognoistre selon ma portée, les honneurs que j’ay receu de vous, et l’accueil favorable qu’il vous a pleu de me faire. Je scay bien que l’ouvrage que je vous présente n’est pas digne de vous, et que des vers héroïques, où la générosité de quelque vaillant homme seroit descrite, vous plairoient beaucoup mieux, que des vers simples et nus, où l’on ne voit que des effets des passions amoureuses. Toutesfois puisque les plus grands hommes de la terre se délassent souvent dans la lecture de semblables œuvres, j’ay creu que vous auriés agréable de vous divertir quelques fois à lire celle icy, cependant que nostre grand Prince vous prepare des occasions où vous pourrés exercer vostre valeur, et ce courage invincible qui a tousjours mesprisé les dangers. Si j’avois entrepris de parler icy de la grandeur de vos mérites, de vos exploits, et des advantages que vous avez receu de vostre naissance, il me faudroit ouvrir trop de tombeaux, remettre devant les yeux de tout le monde les dernières calamitez de ma patrie, et au lieu d’une épistre entreprendre un gros volume : mais ce n’est pas le lieu, ny le temps de parler de choses si hautes. Et puis mon dessein icy n’est que de vous asseurer que je n’ay rien de plus cher, que les soins de vous plaire, et si ce petit travail vous agrée, je feray bien tost voir dans un autre, où j’auray plus de liberté de m’estendre, les tiltres glorieux que vos ancestres se sont acquis, et que vous avez plus advantageusement hérité de leurs vertus que de leurs biens. Je ne dis rien que je ne puisse faire aysément, ayant une matière si ample, et si noble, et un si beau subjet de vous tesmoigner que je veux estre toute ma vie,
MONSIEUR
Vostre très humble, et très
obeissant serviteur,
DE R.
LES AMOURS
DE PALINICE,
CIRCEINE ET FLORICE
TRAGI-COMEDIE
[ACTEURS] §
- [ALCANDRE]
- [ARIMANT]
- [CERINTE]
- [CIRCEINE]
- [CLORIAN]
- [FLORICE]
- [PALINICE]
- [SILEINE]
ACTE PREMIER §
SCENE PREMIERE §
FLORICE.
ALCANDRE.
FLORICE.
ALCANDRE.
FLORICE.
ALCANDRE.
FLORICE.
ALCANDRE.
FLORICE.
ALCANDRE.
FLORICE.
ALCANDRE.
FLORICE.
ALCANDRE.
FLORICE.
ALCANDRE.
FLORICE.
ALCANDRE.
FLORICE.
ALCANDRE.
FLORICE.
ALCANDRE.
FLORICE.
ALCANDRE.
FLORICE.
ALCANDRE.
ALCANDRE.
FLORICE.
ALCANDRE.
FLORICE.
ALCANDRE.
FLORICE.
ALCANDRE.
FLORICE.
SCEINE II §
CIRCEINE.
CIRCEINE.
FLORICE.
CIRCEINE.
FLORICE.
FLORICE.
CIRCEINE.
FLORICE.
CIRCEINE.
FLORICE.
CIRCEINE.
FLORICE.
CIRCEINE.
FLORICE.
CIRCEINE.
FLORICE tout bas.
CIRCEINE.
FLORICE.
CIRCEINE.
FLORICE.
CIRCEINE.
SCENE III §
CLORIAN Seul.
SCENE IIII §
PALINICE.
CLORIAN.
PALINICE.
CLORIAN.
PALINICE.
CLORIAN.
PALINICE.
CLORIAN.
PALINICE.
CLORIAN.
PALINICE.
CLORIAN.
PALINICE.
PALINICE Seule.
SCENE V §
CIRCEINE Seule.
SCENE VI §
ALCANDRE.
CIRCEINE.
ALCANDRE.
CIRCEINE.
ALCANDRE.
CIRCEINE.
SCENE VII §
PALINICE.
Circeine, et bien cette onde claireCIRCEINE.
PALINICE.
CIRCEINE.
PALINICE.
CIRCEINE.
PALINICE.
PALINICE.
ALCANDRE.
CIRCEINE.
ALCANDRE.
PALINICE.
CIRCEINE.
PALINICE.
CIRCEINE.
CIRCEINE Seule.
ACTE SECOND §
SCENE I §
CERINTE Seul.
SCENE II §
FLORICE.
CERINTE.
FLORICE.
CERINTE.
FLORICE.
CERINTE.
FLORICE.
CERINTE.
FLORICE.
CERINTE.
FLORICE.
CERINTE.
FLORICE.
CERINTE.
FLORICE.
CERINTE.
SCENE III §
ARIMANT Seul.
SCENE IV §
ALCANDRE voyant Arimant.
ARIMANT.
ALCANDRE.
ARIMANT.
ALCANDRE.
ARIMANT.
ALCANDRE.
ARIMANT.
ALCANDRE.
ARIMANT.
ALCANDRE.
ARIMANT.
ALCANDRE.
ARIMANT.
Adieu c’est m’SCENE V §
SILEINE.
PALINICE.
SILEINE.
PALINICE.
PALINICE.
SILEINE.
PALINICE.
SILEINE Seul.
ACTE TROISIEME §
SCENE I §
ARIMANT.
CIRCEINE.
ARIMANT.
CIRCEINE.
ARIMANT.
CIRCEINE.
ARIMANT.
CIRCEINE.
Vers d’Alcandre à Circeine
ARIMANT.
CIRCEINE.
ARIMANT.
CIRCEINE.
ARIMANT.
CIRCEINE.
ARIMANT.
CIRCEINE.
ARIMANT.
CIRCEINE.
ARIMANT.
CIRCEINE.
ARIMANT.
CIRCEINE.
ARIMANT.
CIRCEINE.
ARIMANT.
CIRCEINE.
ARIMANT.
CIRCEINE.
CIRCEINE.
CIRCEINE.
ARIMANT.
CIRCEINE.
SCENE II §
CLORIAN.
CERINTE.
CLORIAN.
CERINTE.
CLORIAN.
CIRCEINE s’en allant.
CLORIAN Seul.
SCENE III §
SILEINE.
CLORIAN.
SILEINE.
CLORIAN.
CLORIAN
SILEINE.
J’ay long- temps contesté si je devois recevoir les excuses de Sileine, après m’avoir si souvent offencée, et je m’estois desja resoluë de ne l’escouter plus, quand les asseurances que Clorian m’a donnée de sa répentance, m’ont obligée à luy accorder le pardon qu’il me demande, à condition que s’il retombe dans sa première faute, il ne doit espérer plus rien en Palinice.
SILEINE.
CLORIAN.
SILEINE.
CLORIAN.
SILEINE.
CLORIAN.
Sileine on les sçait dans un jour,SILEINE.
CLORIAN.
SILEINE.
CLORIAN.
SILEINE.
CLORIAN.
SILEINE.
CLORIAN.
ACTE QUATRIESME §
SCENE I §
CERINTE.
ARIMANT.
CERINTE.
ARIMANT.
CERINTE.
ARIMANT.
CERINTE.
ARIMANT.
SCENE II §
FLORICE Seule.
ARIMANT.
CERINTE.
ARIMANT.
CERINTE.
FLORICE.
ARIMANT.
CERINTE.
FLORICE.
ARIMANT.
CERINTE.
FLORICE.
ARIMANT.
CERINTE.
FLORICE.
ARIMANT.
FLORICE.
ARIMANT.
FLORICE.
ARIMANT.
FLORICE.
ARIMANT.
CERINTE.
FLORICE.
CERINTE.
FLORICE.
CERINTE.
ARIMANT.
CERINTE S’en allant.
ARIMANT.
SCENE III §
CLORIAN.
ARIMANT.
CLORIAN.
CLORIAN.
ARIMANT.
CLORIAN.
ARIMANT.
CLORIAN.
CLORIAN.
ARIMANT.
ARIMANT.
CLORIAN.
SCENE IIII §
CIRCEINE.
CLORIAN l’arrestant.
CIRCEINE.
CLORIAN.
CIRCEINE.
CLORIAN.
CIRCEINE.
CLORIAN.
CIRCEINE.
CLORIAN.
CLORIAN s’en allant.
CIRCEINE seule.
SCENE V §
FLORICE.
ARIMANT.
CERINTE.
FLORICE.
ARIMANT.
CERINTE.
FLORICE.
ARIMANT.
CERINTE.
FLORICE.
ARIMANT.
CERINTE.
ARIMANT.
CERINTE.
ARIMANT.
CERINTE.
FLORICE.
ARIMANT.
FLORICE.
CERINTE.
FLORICE.
CERINTE.
ARIMANT.
ACTE CINQUIESME §
SCENE I §
ALCANDRE Seul.
SCENE II §
CIRCEINE.
ALCANDRE.
CIRCEINE.
ALCANDRE.
CIRCEINE.
ALCANDRE.
CIRCEINE.
Lettre de Circeine à Alcandre.
La discrétion et l’honneteté d’Alcandre m’obligent en fin à l’asseurer que ses services me sont agréables, qu’il vive donc content après cette asseurance, et qu’il sçache que j’estime trop ses mérites, pour ne vouloir pas qu’il continuë d’aimer Circeine. [p. 85]
ALCANDRE.
CIRCEINE.
ALCANDRE.
CIRCEINE l’arrestant.
ALCANDRE.
Ah ! que plustost ceCIRCEINE.
ALCANDRE.
CIRCEINE.
ALCANDRE.
CIRCEINE.
ALCANDRE.
CIRCEINE.
ALCANDRE.
CIRCEINE.
ALCANDRE.
ALCANDRE.
ALCANDRE.
CIRCEINE.
ALCANDRE.
CIRCEINE.
ALCANDRE.
CIRCEINE seule.
SCENE II §
FLORICE.
PALINICE.
FLORICE.
PALINICE.
SCENE III §
CIRCEINE.
FLORICE.
PALINICE, parlant à Circeine.
CIRCEINE.
FLORICE.
PALINICE.
CIRCEINE.
FLORICE.
PALINICE.
CIRCEINE.
PALINICE.
CIRCEINE tout bas.
FLORICE.
CIRCEINE.
PALINICE parlant à Florice, et s’en allant tous deux.
CIRCEINE.
Elles sont enSCENE IIII §
SILEINE.
CIRCEINE.
CERINTE.
CIRCEINE.
SILEINE.
CIRCEINE.
CERINTE.
CIRCEINE.
FLORICE.
SILEINE.
CERINTE.
SCENE V §
ALCANDRE.
CLORIAN.
FLORICE.
PALINICE.
SILEINE.
CERINTE.
ALCANDRE.
CLORIAN.
CERINTE.
SILEINE.
CIRCEINE.
ALCANDRE.
CLORIAN.
CIRCEINE.
ALCANDRE.
CLORIAN.
CIRCEINE.
CERINTE. parlant à Florice
FLORICE.
SCENE VI §
ARIMANT.
SILEINE.
ARIMANT.
ALCANDRE.
FLORICE.
PALINICE.
CLORIAN.
ALCANDRE.
CERINTE.
J’en suis fort satisfaict.CIRCEINE.
ARIMANT.
ALCANDRE.
PALINICE.
FLORICE.
CIRCEINE.
CERINTE.
FLORICE.
SILEINE.
[p. 102]PALINICE.
SILEINE.
FLORICE.
CLORIAN.
FLORICE.
ARIMANT. tout bas
CERINTE. tout bas
FLORICE. Continuant
ARIMANT.
CERINTE.
FLORICE.
ARIMANT.
CIRCEINE.
ALCANDRE.
CIRCEINE.
ALCANDRE. tout bas
CIRCEINE.
ALCANDRE. tout bas
CIRCEINE.
CIRCEINE.
CLORIAN. tout bas
ALCANDRE.
CIRCEINE.
CLORIAN.
ALCANDRE.
CLORIAN.
ARIMANT.
CLORIAN.
ARIMANT.
CLORIAN. s’en allant
SILEINE.
FLORICE.
PALINICE.
SILEINE.
CIRCEINE.
CERINTE.
PALINICE.
SILEINE.
PALINICE.
SILEINE.
ALCANDRE.
PALINICE.
CERINTE.
FIN